carnet 04

5h03. Ce qui vient aussitôt le réveil. Un exercice qui m’est familier. Mais étrangement alors que j’ai lu la proposition hier soir peu avant de m’endormir, une absence totale d’attention au réveil. Il faut dire que j’ai été réveillé par des voix de l’autre côté de la cloison. Un homme criait à une femme sale pute et on entendait la femme pleurer. Mon épouse était réveillée elle aussi. J’ai regardé le radio réveil pour lire l’heure, 4h29 du matin. Impossible de me rendormir. Ensuite le rituel m’a conduit à la cafetière, puis à l’atelier où j’ai allumé ma première cigarette, et réfléchi à cette nouvelle page de carnet.

Ce genre de texte, les moments où on est encore à moitié endormi, pas encore tout à fait dans la réalité que l’on recomposera très rapidement par la suite, je me heurte à un problème en y pensant. Où les retrouver. Ce qui met encore une fois l’accent sur l’une de mes difficultés majeures : l’organisation pratique de ce blog. Il aurait fallu que je place un mot clef pour pouvoir effectuer ce genre de recherche par la suite. Ce qui entraîne aussi cette pensée qu’il est temps de tout relire, et sans doute aussi de réécrire, chose que je me suis interdit de faire jusqu’ici. Tout simplement par que je ne trouvais pas de motivation suffisante pour le faire. Mais une configuration de petits événements semble désormais s’être mise en place pour m’indiquer que le moment est venu. La lecture d’un texte dans lequel Carver évoque sa rencontre avec John Gardner, son prof d’écriture à l’université. Ce qu’il en retire. Et aussi cette pensée qu’écrire ainsi, jour après jour, sans jamais rien désirer publier est une sorte de faux-fuyant. La pensée de plus en plus quotidienne que je pourrais claquer sans prévenir est là elle aussi bien sur. Et dans ce cas, si toutefois mes proches désiraient mettre le nez dans mon ordinateur comment leur faciliter la tâche. Cette pensée aussi qu’une atmosphère très particulière me préviendrait lorsque le moment sera venu. Qu’il me serait possible de lire les signes juste le matin même. Récurrence de cette pensée ou désir.

Donc une exploration commence, et ce billet reste ouvert jusqu’à ce soir 18h pour jouer le jeu. J’ajouterai ce que je suis parvenu à désensevelir du magma.

Moment où l’on sort d’un rêve, le même qui revient au fur et à mesure des années : titre du texte « à la niche »

Autre texte titre « les idées claires » juste le début

La toute première fois où je me suis trouvé confronté à ce genre d’exercice, ces phrases qui arrivent on ne sait d’où au réveil, Kafka ou Paul Bowles. Plutôt le second dans la lecture « d’un thé au Sahara »

6h23 découverte d’un autre texte faisant référence au même rêve une tentative théâtrale

Et aussi celui-ci miracle du dodormil

La difficulté de se relire. Quelque chose de désagréable surgit presque aussitôt à la lecture de certains textes. Le ton principalement avec lequel ils ont été écrits. Le fait de ne plus s’y reconnaître des jours, des mois, des années après. Mais pourquoi faudrait-il s’y reconnaître. Plutôt considérer qu’ils ont été écrits par un autre. Peu importe que cet autre soit un type distingué, un voyou, un débile, un écrivain de pacotille, une brute épaisse. Il faut repenser l’effort des débuts , celui nécessaire pour inscrire sur le papier le traitement de texte quoique ce soit. Respecter cela. Ensuite chercher à comprendre pourquoi ça ne colle pas avec la perception du jour. Et en quoi cette perception prévaudrait tout à coup sur une autre. Se serait-on soudain amélioré. Ou bien n’est-ce encore qu’une nécessaire illusion afin de continuer.

7h52. Je ne supporte pas de me dire c’est raté. Mais je me le dis régulièrement. Comme on gratte une croûte. Retrouver une plaie à vif. Ainsi par exemple cet exercice. Il est raté. Ensuite je me demande pourquoi est-ce que tu dis ça et je commence à louvoyer. J’adore ce mot Louvoyer. Quelle est cette compagne qui l’utilisait à mon égard sans égard. Peut-être bien toujours la même. Le fait de ne pas être loupé. Elle ne me loupait pas. Tu passes ton temps à louvoyer. Normal pour un loup ai-je envie de rétorquer aujourd’hui. Donc j’ai encore une possibilité de rattrapage si je fais une sieste. C’est ce que moi j’appelle louvoyer. Chacun sa définition.

9h15. Un souvenir qui arrive comme une mouche dans la bière. J’étais très jeune, avant mes 10 ans et mes parents m’avaient envoyé en colonie de vacances à Bourg d’Oisans en montagne. Première fois que j’avais la possibilité de monter sur des skis. Je n’ai jamais réitéré depuis lors. La monitrice nous avait réunit dans une salle assez vaste pour que nous nous présentions chacun notre tour. Quand vint mon tour je ne sais pas ce qui m’a pris j’ai dit je suis Clemenceau. Le mot me plaisait mieux que mon vrai nom je crois. Et puis je croyais que tout cela n’était qu’une sorte de jeu que c’était pour rire. D’ailleurs tout le monde a rit. Sauf moi.

9h58. Ce que cache le sourire merci à la lectrice, au lecteur à qui l’a fait remonter dans la file des textes lus ce jour.

10h39. Cet exercice entre rien et rien on peut tout à fait le faire dans un autre cadre. Une tartine de pain frais et une barre de chocolat, et hop même chose. Cette dérive soudaine qui surgit avec le goût, la saveur. Si puissante que la pensée en est pour un temps anesthésiée.

Se relire. On croit souvent, enfin moi je crois, que c’est pour aller vers moi plus clairement. Pour s’empêcher de biaiser. Mais aller vers moi cela pourrait tout à fait dire dire aller vers l’autre. c’est juste atteindre à une fréquence particulière où ce que l’on nomme particularité s’évanouit.

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre