Bilan d’une exposition

Il n’y a pas de petite exposition même si parfois suivant le temps, la température, la digestion, l’abus de cigarettes, il m’arrive de l’oublier. J’avais déjà écrit un billet en mai 2019 que j’ai relu tout en réfléchissant à cette exposition qui vient de s’achever ce weekend dans le village où j’habite.

C’est vrai qu’à priori je n’accordais pas vraiment d’importance à cette exposition qui ne nécessitait pas d’effort exagéré. Et dont je pensais aussi qu’elle n’attirerait pas vraiment de public dans ce coin perdu de l’Isère.

J’avais simplement fait une sélection des œuvres de Voyages Intérieurs encore une fois, plus ramassée car le local est de taille modeste. Il y avait aussi un impératif de luminosité interne des toiles que j’avais pris en compte en remarquant l’éclairage, car celui-ci était chiche, diffusé par des spots encastrés dans le faux plafond.

J’ai donc choisi tout de même, de prendre ou de rejeter en fonction de ces critères principalement. Sinon la logistique est déjà en place. Textes, blablas, cv, documents PDF divers et mon livre Propos sur la peinture dont le stock s’écoule doucement, sans précipitation exagérée non plus. ( je mets un lien pour les curieux(ses) on ne sait jamais ça ne mange pas de pain)

Bref je suis encore d’accord avec moi-même sur le fait qu’il n’y a pas de "petite" exposition car j’ai été agréablement surpris par la qualité des échanges avec les visiteurs lors des quelques permanences que mon emploi du temps chargé m’a permis d’assurer.

Du coté de mon épouse le bilan est assez positif d’après ce qu’elle m’a remonté. Peut-être de nouvelles inscriptions aux cours notamment. Des propositions d’expositions également dans d’autres lieux de la région. Et puis tout de même quelques toiles vendues, principalement de petits formats.

J’avais même posé quelques vieux tableaux en solde en indiquant avec une pancarte "vide atelier" à moindre prix, mais personne ne s’est rué sur ceux-ci. Comme quoi proposer des soldes est aussi un bon indicateur du type de public qui passe. Un ami m’a même dit que j’avais mis des prix tellement bas qu’il n’en avait pas acheté pour que je puisse ne pas m’en séparer et revenir sur ma position dans d’autres lieux à venir.

Ce qui évidemment me fait revenir sur le problème du prix des œuvres. Enfin problème qui n’en est plus un vraiment désormais. Car mes prix sont fixés sur l’indice de ma frustration à voir partir les toiles susdites. Pour certaines j’ai tellement peu de frustration qu’il ne me reste juste la notion du temps passé et du matériel pour ne pas les donner.

Gaston est venu et m’a encore parlé de ses maladies pendant un bon moment et de ses séances d’auto hypnose que j’appellerais plutôt une méthode Coué. Il m’a pris deux petites toiles ce qui fera donc trois œuvres en tout puisque nous avons échangé l’une avec un de ses collages qui m’avait bien plus dans sa dernière expo.

Ces amis peintres, des localités voisines de la mienne, ne se prennent pas la tête. Ils sont en retraite pour la plupart et ce n’est donc pas l’argent qui les fait courir les lieux d’expos. Ce que je trouve très sain à les fréquenter. Ils ne pratiquent pas des prix exorbitants, échangent entre eux de bons plans, donnent parfois des avis critiques des uns sur les autres mais tout cela reste globalement bon enfant, pas méchant pour deux ronds. Depuis que j’ai lâché Facebook et Instagram, je me suis rapproché d’eux je crois. Car le bon sens veut qu’il semble inutile de vouloir constituer un réseau virtuel lorsqu’on n’est même pas fichu d’en constituer un réel, authentique avec de vrais gens.

J’ai de moins en moins envie de fournir d’efforts pour faire des courbettes et des ronds de jambes. Du coup, je me rends rarement dans les manifestions autour de chez moi, je reviens à l’état quasi sauvage.

Je ne peux pas dire que je n’apprécie pas les gens, ce n’est pas cela. S’ils se taisent la plupart du temps ça se passe très bien. D’ailleurs moi-même vis à vis de moi-même je remarque aussi cela. Quand je ne me parle pas trop ça va nettement mieux. Je ne sais pas si c’est conjoncturel ou bien si j’ai pris un nouveau tournant réellement, celui de l’économie de paroles pour me diriger vers plus d’action, plus de faire dans mon atelier principalement.

En tous cas je tiens le siège, je l’occupe toute la journée sans broncher. Parfois je peins, d’autres fois je balaie, d’autres fois encore j’effectue des recherches dans mes innombrables boites et cartons, pour faire du tri surtout, encore que je ne jette jamais rien, mais je les mets de coté je fabrique des tas dans les tas , j’étudie ma frustration à les imaginer hors de l’atelier, je place des prix à mon temps passé que je considère souvent comme autant de temps perdu, certainement à tort pour garder tout de même en moi une vraie douleur lorsque toutes les autres se seront dissipées et que je me croirai sage, tiré d’affaire ou sur mon lit de mort.

La température semble remonter légèrement, ce qui me fait parfois penser au printemps surtout le matin lorsque j’entends les premiers oiseaux chanter et le coq au loin. Des déchirures de temps, soudaines qui me replongent dans une sorte de bain de jouvence même si j’ai passé une nuit blanche.

Le printemps, chaque année supplémentaire qui passe renforce l’espoir d’y parvenir en pas trop mauvais état, d’en profiter encore éperdument.

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre