Atelier d’écriture, ce que j’en pense

Plusieurs fois je me suis demandé pourquoi déjà en général je me demande pourquoi quand j’ai la trouille quand je n’ai pas confiance vraiment et surtout en moi avant j’aurais eu honte d’écrire une telle phrase avec tous ces je mais si je le fais désormais c’est qu’il y a une raison il y a toujours une raison c’est parce qu’on veut dire ce que j’en pense

il faut penser pour être penser et dire ce que l’on pense mais ça dépend beaucoup de la manière dont tu le dis car les classes existent encore comme les boites les catégories le bien le mal le beau le laid tout le monde pense à partir de ça.

mais j’en pense quoi vraiment dans le fond de cet atelier d’écriture je pense que ça donne l’impression de combler quelque chose un trou peut-être un vide un manque encore un reliquat du manque obsession depuis toujours il manque quelque chose quelque chose n’est pas achevé ou pas fini si je n’avais pas ce manque comme on se sentirait autrement on penserait beaucoup moins ça c’est sur serait on plus heureux pour autant ce n’est pas dit

je lance des mots en l’air juste pour voir ce que ça fait lancer des mots en l’air est ce qu’ils s’envolent un peu plus haut ou bien ils s’écrasent au sol comme de la merde je ne sais pas je lance des mots en l’air ils viennent d’où tous ces mots parfois je crois qu’ils viennent de moi et je deviens la grenouille de la fable qui veut se faire aussi grosse qu’un bœuf ce qui a peu de choses près ressemble à ce jeu de gonfler d’eau des capotes anglaises des ballons de baudruche jusqu’à ce que ça éclate

ils viennent d’où ces mots est-ce important capital de le savoir on veut désormais tout savoir élucider les mystères et c’est comme l’eau et l’air que se passera t’il quand on aura tout élucidé de l’eau et l’air et des mystères qu’on aura tout élucidé ou asséché je ne sais pas mais ça ne me parait pas être une sinécure à venir je pense aux petits enfants à l’avenir ça ne me dit rien de bon, mais sans doute est ce une manie de vieux de ne jamais rien voir de bon dans l’avenir on a l’impression que toujours les choses vont en empirant mais en fait les choses ne vont pas elles sont immobiles c’est nous qui allons et venons vers les choses qui tournons autour qui tentons de les saisir mais les choses se dérobent toujours c’est le même manque à combler cet écart entre les choses et nous en général

on croit qu’on le comble en le remplissant d’un tas d’idées de choses mais l’idée n’a jamais été la chose et ne le sera jamais.

J’apprécie l’atelier d’écriture j’ai l’impression d’apprendre des choses mais quelles sont ces choses ce n’est pas important c’est décidé depuis le début je crois j’ai de la bouteille je ne suis pas naif totalement mais j’avais besoin de voir ce qu’était un atelier d’écriture je n’aurais pas été tranquille si je ne l’avais pas fait si je n’avais pas tenté le coup si je n’avais pas un peu sué sang et eau comme d’habitude pour essayer de me rapprocher de la chose mais seulement de mon idée de la chose

et cette chose il faut bien le dire ne me lasse pas d’être surpris et étonné car j’ai l’impression que je ne suis pas le seul à douter de l’idée qu’on se fait des choses ici dans cet atelier on essaie de le dire autrement plus finement peut etre

Bientot je crois qu’on sera tous chinois d’une manière ou d’une autre on ne pourra plus faire un pet de travers on sera fait comme des rats dont il faut comprendre une chose, il faut la comprendre vraiment c’est pas l’histoire qui compte c’est pas la bio, c’est pas le je ce ne l’est plus ça le sera de moins en moins à part si on veut finir sa vie entre quatre murs

non du recul comme pour les peintres sera nécessaire dans l’avenir pour utiliser les mots a bon escient l’air de rien comme si l’on passait maitre dans l’art subtil du code des messages cryptés des messages que les obsédés de l’ordre et du petit doigt sur la couture du pantalon ne peuvent pas lire ni comprendre car ça ne les intéressera pas ils n’y verront que du futile, du pas grave, de l’anodin de l’inoffensif surtout

voilà une tache bien ardue mais tellement passionnante lancer en l’air des mots comme des pétales de fleurs qui font exploser cervelles et cœurs les libère les envolent pas du tout comme j’écris moi à présent qui vit encore dans une liberté qui jour après jour s’effrite et s’évanouie

ce que j’en pense c’est bien c’est bien qu’il y ait encore des gens qui s’intéressent aux mots à leur mode d’emploi celui que l’on déploie aux yeux de tous et puis cet autre qu’il faut aller chercher dans l’entre deux dans le glissement de soi le glissement de l’étoffe sur la peau des mots et ensuite le soir une fois qu’on a bien mis les doigts dans le cambouis qu’ils sont tout luisant et gras éprouver le plaisir de prendre le savon de Marseille ou d’ailleurs pour se frotter les mains une main contre l’autre main comme si la main retrouvait l’autre main comme si ces deux là se retrouvaient enfin les frotter et les rincer sous le jet d’eau du robinet puis se les essuyer au torchon qui pendouille dans l’attente sous l’évier

reprendre le cours de sa vie ensuite l’air de rien personne ne peut comprendre autour ce que j’en pense je ne le dis pas vraiment je crois je ne dis rien je lance un mot ou deux en l’air parfois pour voir mais ça ne donne rien c’est comme si j’avais lancé des mots en l’air et qu’ils retombaient au sol comme de la merde

ça fait pitié pour eux surtout pour moi je m’en fous ça fait pitié car on devine que dans cette merde la merde des mots que personne n’entend les mots écrasés comme des merdes au sol il y a un ferment qu’il suffirait de planter des graines l’air de rien dedans pour qu’un tas de choses monstrueuses puissent germer de la merde de ces mots qu’on n’a pas su écouter ou lire.

ce que j’en pense ça me renforce dans l’idée que je n’ai pas besoin d’un atelier d’écriture pour lancer des mots en l’air, mais plutôt pour les attraper au vol tous ces mots que moi non plus je n’entends pas je n’écoute pas lorsqu’on les dit et pourtant je peux vous garantir que j’ai de l’oreille et de l’œil, c’est plus la fatigue des fois qui m’aveugle la fatigue et l’ennui de voir des mots si familiers désormais se renvoyer la balle comme dans un jeu de massacre.

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre