Essai sur la fatigue
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Carnets | janvier 2025
17 janvier 2025
Il n’y a rien. Pas d’idée, pas de phrase. Juste le vide. Je regarde l’écran, la fenêtre. Il fait nuit. J’attends. Rien ne bouge. Les mots ne viennent pas. Je cherche, je force un peu, mais tout reste bloqué. Chaque fois que je commence une phrase dans ma tête, elle s’efface. Ce n’est pas la première fois que ça arrive. Ce ne sera pas la dernière. Et chaque fois, le doute revient. Stupeur et tremblements. Je me demande si ça reviendra, si je vais pouvoir continuer. Aller, un peu de drama, histoire d’exalter mes globules sanguins slaves. Mais je reste. Je connais la musique. J’attends encore un peu. Je pose une phrase. "Il n’y a rien." Voilà la phrase. Elle flotte. Elle baigne comme un vieux mégôt dans une flaque de café froid. Je la regarde. Elle ne s’enfonce pas sous la surface. Elle surnage. Ça pourrait être une île. Une autre arrive. Elles ne se répondent pas vraiment. Ce sont des îles isolées, le début d’un archipel, ou ce qu’il reste d’un continent englouti. Je les observe. D’autres affleurent de ce prétendu néant. Elles s’accrochent l’une à l’autre. Le vide recule un peu. Tout commence comme ça. Pas avec des idées claires. Pas avec des mots précis. Seulement avec un geste. Celui d’écrire une phrase, même si elle vacille. Puis une autre. C’est tout. Le rien, on le fuit. On le prend pour une impasse. Mais ce n’est pas ça. C’est un espace. Un endroit où quelque chose peut naître. Il ne faut pas le forcer. Juste rester. Laisser les mots venir. Je pense à Beckett. "Fail again. Fail better." Ce n’est pas une leçon. C’est une méthode. Recommencer. Accepter que rien ne soit parfait. Écrire mal. Écrire quand même. Perec fait ça aussi. Il regarde les objets, les gestes simples, ce qui ne semble pas compter. Il commence par rien. Et ce rien devient quelque chose. Les jours comme aujourd’hui, je fais pareil. Je n’attends pas l’inspiration. Je ne cherche pas la phrase juste. J’avance dans le brouillard. Je pose des mots. Ils ne me paraissent pas bons. Tant pis. Ce n’est pas important. Ce qui compte, c’est qu’ils soient là. Qu’un acte soit posé. Au bout d’un moment, ça change. Rien de spectaculaire. Ce n’est pas rapide. Ce n’est pas extraordinaire. Il faut évacuer cette idée d’extraordinaire, je crois. La chasser, plisser un peu les yeux. Quelque chose bouge. Les phrases s’alignent. Comme les déchets que l’on voit flotter dans un bassin. Ce n’est pas pour rien qu’on dit que les choses qui se ressemblent s’assemblent. Il faut des heures à ne rien faire, des jours, des années, peut-être une vie entière pour voir ça. Les choses s’assemblent par nature. Les phrases aussi. Elles trouvent leur rythme. Elles poussent. Je ne sais pas comment ça arrive. Ça vient juste parce que je décide de résister à la résistance. Je regarde le texte. Il tient debout. Pas comme je l’aurais voulu. Pas comme je l’avais imaginé. Mais il est là. Je pose une phrase. Il n’y a rien. Et cette fois, je sais que c’est faux.|couper{180}
Carnets | janvier 2025
9 janvier 2025
Reprise des cours aujourd'hui. La chatte ne vient plus dans l'atelier. Elle qui, l’année dernière, dormait sur une chaise, parfaitement immobile, indifférente aux discussions, aux rires, aux éclats de voix,. Elle a trouvé un petit coin tranquille dans la remise. Je ne sais pas si c’est le bruit, ou cette tension dans l’air que tout le monde semble ressentir sans jamais la nommer. Une tension qui pèse dans chaque recoin, même dans les lieux où elle n’a rien à faire : un cours de peinture, une réunion associative, un coin de coworking. Peut-être que nous non plus, nous ne savons plus où aller. Les tiers lieux, autrefois, avaient un sens. Ils n’étaient pas des refuges ou des parenthèses, mais des bastions. Des lieux où les gens se rassemblaient non pas pour oublier le monde, mais pour le changer. Des bars populaires où l’on décidait des grèves, des mutuelles où l’on organisait la solidarité face aux accidents de la vie, des coopératives où l’on apprenait à se passer de ceux qui nous exploitaient. Ces lieux sentaient la sueur, le tabac froid, le café bon marché. Ils n’avaient rien de design ou d’inspirant. Mais ils vibraient d’une colère qui n’avait rien de stérile. Une colère qui, transformée en action, devenait une force collective. Aujourd’hui, quand je vois un attroupement, j’ai peur. Pas peur qu’il se passe quelque chose de grave, mais peur que ce soit pire : qu’il ne se passe rien. Que cet attroupement ne soit qu’un simulacre, une mise en scène vide de sens. Les attroupements d’aujourd’hui ne se forment pas autour de chats écrasés, mais autour d’idées polies jusqu’à en devenir inoffensives. La charité, par exemple. Cette charité qui donne à certains le sentiment d’être des sauveurs et aux autres celui d’être des objets de pitié. Ou encore ces initiatives de coworking, où chacun travaille pour soi dans une illusion de collectif. Ou alors ce sont des prétextes à vociférer, à danser sur les cadavres, à célébrer à peu près tout et n'importe quoi et dans le même temps cracher sur son contraire. Peut-être que j’ai peur parce que je me reconnais dans cette bande d’individualistes forcenés. Parce que moi aussi, je me cache sans doute à ma façon derrière des mots. Et sans doute est-ce pire puisque je le fais tout à fait lucidement. La chute des tiers lieux, celle qui a commencé dans les années 1980, n’est pas seulement une histoire de désindustrialisation ou de politiques néolibérales. C’est une histoire de fracture. Dire que j'ai embrassé des inconnus un certain mois de mai 1981... ça me fait drôle d'y repenser. À mesure que les usines fermaient et que les quartiers ouvriers perdaient leur cohésion, l’État a trouvé une nouvelle stratégie : déléguer. Sous prétexte de subventions, il a transformé les espaces collectifs en lieux de gestion des problèmes sociaux. Les associations ont pris le relais des services publics, mais sous des conditions strictes, avec des moyens dérisoires. C’est là que tout a basculé. Les tiers lieux sont devenus des espaces de charité et de gestion, et non plus des lieux d’émancipation. Dans les associations où j’ai enseigné, je l’ai vu de mes propres yeux. La résistance à payer, même une cotisation dérisoire. Cette idée que tout doit être gratuit, que tout est dû, mais que rien ne doit engager. Un professeur de peinture, là-bas, gagne moins qu’une femme de ménage à l’heure. Ce n’est pas une plainte. C’est un fait. Et c’est un fait qui dit tout. Quand le confinement de 2020 a interdit les rassemblements, j’ai pensé que quelque chose venait de mourir pour de bon. Pendant des mois, il était interdit de se voir, de se parler, même maladroitement. On a fermé les portes des espaces qui existaient encore, fragiles et imparfaits. Quand elles ont rouvert, ce n’était plus pareil. Dans mes cours de peinture, je vois ces tensions remonter à la surface. Les élèves arrivent avec leurs pinceaux, leurs toiles, leur silence. Ils veulent peindre, échapper un moment aux fractures du quotidien. Mais à chaque cours, ou presque, quelque chose explose. Une remarque, un soupir, une frustration. Je me souviens de cette élève, un jour. Elle s’est arrêtée au milieu de son tableau et a dit, presque en riant : « Ma zone de confort, c’est ça. Ce désespoir. » Le vent s’est levé juste après. L’auvent a claqué avec une force qui semblait répondre à sa phrase. Personne n’a bougé. On est restés là, figés, comme si quelque chose venait de nous traverser. Et la chatte, elle, n’est jamais revenue. Les tiers lieux manquent. Pas les espaces qu’on appelle ainsi aujourd’hui, avec leurs brochures bien léchées et leurs hashtags de campagne. Mais les vrais, ceux qui donnaient un cadre aux tensions, un sens à la colère. Sans eux, tout flotte. La violence surgit dans les endroits les plus improbables : dans un cours de peinture, dans une file d’attente, dans un regard qui s’attarde trop longtemps. Parfois, je me dis que je dramatise. Que tout ça n’est qu’un reflet de mes propres frustrations, de mes propres peurs. Mais quand je vois ces attroupements, ces silences, ces éclats, je ne peux m’empêcher de penser qu’il nous manque quelque chose. Quelque chose qui ressemblait à ces lieux où l’on pouvait tout poser sur la table, sans crainte. Ces lieux où l’on pouvait être humain, pleinement, sans performance ni masque.|couper{180}
Carnets | janvier 2025
02 janvier 2025
Peinture : Gérard Garouste Achevé de lire hier le code Houellebecq de Thierry Crouzet et comme j'avais aussi lu Voyager dans l'invisible de Charles Stépanoff , il m'a semblé intéressant de noter la connexion établie par ces deux événements dans un article dans la rubrique Lectures. Vraiment sans prétention aucune. Ou peut-être si finalement. La prétention de dire j'ai lu ton votre livre et j'en tire d'après ma petite expérience telle conclusion puis je l'ai envoyé à T.C. Je ne sais pas s'il connaît le travail de cet anthropologue. Certainement que si. Thierry Crouzet connaît beaucoup de choses, pas que l'informatique et le vélo. En tous cas j'ai passé un moment à lire ce bouquin, sans me lasser ce qui est rare désormais. Puis passé un bon moment à chercher un modèle d'intelligence artificielle que je pourrais installer sur mon vieux coucou. J'ai piqué un peu de RAM sur le disque dur pour me créer un espace SWAP car le minimum pour GPT-J est 16 Giga de mémoire vive. Pour le moment ça charge encore au moment où j'écris ces lignes à la vitesse de 11 Mb/s. Est ce que j'écris pour autre chose qu'écrire. C'est toujours la question qui revient. Assisté au bilan de F.B et me suis trouvé largué. Je prends l'excuse de l'âge à chaque fois mais je pourrais tout autant prendre la paresse, le manque d'estime de moi en tant qu'être humain, le vide encombrant qui m'habite, etc etc. Deux filles du bureau sont venues avant hier pour me dire que la continuité des cours était compromise car l'association n'a plus de budget. Les subventions se font de plus en plus rares et chiches. Ce qui m'oblige à me réintéresser à mon dossier de retraite qui traine depuis des mois. Mais enfin, viens de finir de solder mes dettes avec la CIPAV, 1500 euros en deux mois. Ce qui fait qu'ils m'ont bien mis sur la paille. Et il y aura sans doute encore la même somme à payer fin janvier pour l'URSSAF. Je n'en peux plus. Impression d'être un tapin que toute l'administration enfile à la queue leu leu, et c'est en plus moi qui paie. Il ne me reste que — j'allais dire. Il me reste heureusement la littérature et la peinture. Encore que j'ai déserté l'atelier ces derniers jours. Trop froid et bien trop coûteux à chauffer. Les notes d'électricité aussi sont une forme de sanction, comme le prix des péages, des caddies, du moindre bouquin sur lequel je lorgne et que peux pas m'acheter. 2025 commence aussi pauvrement finalement que 2024. Juste un peu plus fatigué, désabusé. Il faut dire que j'ai réduis considérablement la voilure concernant mon implication tant urbaine que sociétale. Je ne vois plus grand monde. A part mes élèves. Je ne raconte pas ma vie à mes élèves. Enfin, si peu. le fil conducteur est la solitude et l'écart qu'elle produit de plus en plus au fur et à mesure des années. Il me parait impossible de penser pouvoir revenir en arrière, retrouver une vie sociale. Ce n'est pas que je n'aime pas les gens, je ne crois pas les détester à ce point. Non je m'ennuie la plupart du temps à les écouter. ils ne prennent pas de risques, suivent une routine bien huilée en serrant les fesses de trouille, pour un peu j'aurais parfois envie d'essayer de me flanquer un grain de chenevis dans le dérrière pour savoir si je suis capable moi aussi de faire mon petit litre d'huile. Il fait grand froid. Je n'ai encore pas dormi de la nuit tant j'ai bidouillé pour trouver une nouvelle organisation à ce site. A la fin du compte j'ai effacé tout le site local, c'est l'organisation en amont qu'il faut repenser de A à Z. le mot rubrique est un faux ami. J'ai pensé à Thématique plutôt. Problème c'est qu'il va falloir convertir les groupes de mots clés en quelque chose qui a une tête de rubrique. Encore tenté par les URL propres puis je me suis dit non, j'avais déjà trop galéré comme ça, j'ai décidé de tout effacer. Par contre j'ai écrit un script python qui me crée un site spip en quelques secondes. Pas peu fièr. J'ai tout loisir désormais d'effacer à gogo. Aujourd'hui je n'ai vu personne. Je ne suis pas sorti, je n'ai rien dépensé. La chatte est synchro elle s'est refugiée dans la remise sous un tas de cartons, je l'ai prise dans les bras pour l'emmener dans la maison mais elle n'avait pas envie de voir du monde non plus. Pas même moi. Elle n'était pas obligé, elle. Cinq minutes plus tard sa queue fouettait l'air, fiche moi donc la paix, laisse moi rêver tranquille.|couper{180}
Carnets | novembre 2024
06 novembre 2024
Le mieux est de dire non, de n’accepter aucun compromis—sans fermer les yeux pour autant. Il est préférable de les garder mi-clos, effaçant ainsi les détails superflus qui ne servent qu’à disperser l’attention. Le sommet de l’art consiste à ne surtout pas en parler, même si atteindre cet état de volonté extrême ou d’abandon total n’est jamais chose facile au jour le jour. Le mot clé réside justement là, dans ce quotidien si souvent perçu comme insoutenable par mode ou par effet de groupe. C’est dans ce quotidien que la volonté et l’abandon jouent leur partition corrosive. Il s’agit de refuser, de nier. Au début, on se force, tel un ressort que l’on comprime, jusqu’à ce qu’il se relâche et que l’on glisse dans un élan d’abandon. Le monde fourmille de mouvements, et mon esprit en est tout autant agité, sans qu’une interaction soit nécessaire. Rien de transitif ici. Le monde poursuit ses rêves et ses cauchemars, et moi les miens. L’illusion du levier perd toute importance, il n’y a plus rien à soulever. Bien au contraire, il faut descendre, marche après marche, s’accrochant à la rampe, pourvu que l’on ait encore la présence d’esprit de l’apercevoir. Lorsque le silence tombe et que, là-bas, les immeubles s’effondrent lentement, les yeux toujours mi-clos, une question surgit : y a-t-il encore quelqu’un pour émerger des décombres, une silhouette, peut-être plusieurs ? Et ce désir même de les apercevoir doit être refusé, car cela adoucit l’âpreté de notre disparition imminente. Sans autrui, comment pourrait-on vraiment disparaître ?|couper{180}
Carnets | novembre 2024
3 novembre 2024
J. a gagné un séjour lors d'un jeu concours, quelques jours à passer dans un hôtel de luxe, un forfait de 1000 euros à dépenser . Il nous l'offre et S. décide que nous irons à Saint-Raphaël. Nous y voici. Ce qui ne m'enchante pas. Mais je ne dis rien, je pense juste que la situation est surréaliste. En outre, parvenus au terme de ce séjour peu envie d'en relater les détails. En me réveillant de bonne heure il fallait que j'écrive ce genre de vacherie. Pour quelle raison, difficile de le savoir vraiment, mais il semble que ce soit encore et toujours l'idée ou l'impression, le sentiment de l'écart qui prédomine. Le refus chronique de se rejouir des soi- disant bonnes fortunes. Ecrire des vacheries serait-il une motivation ? Vacherie si violente selon l'idée que je m'en ferais par avance qu'elle ne pourrait jamais se dire de vive voix. Dommage de pas savoir les dire en Grec ou en latin, dans une langue morte. Donc je les écris en douce et en français, langue de tous les jours, et je ne les relis plus après cela- mort et enterré - le fiel, comme le djinn dans son flacon. Mais se retrouver devant un paysage et ne pas trouver les mots. D'ailleurs paysage ou n'importe quoi ou qui d'autre, rester muet dans cette sorte de stupeur proche de l'idiotie. Ne pas trouver les mots, quoi dire, comment nommer. C'est à priori la pire malédiction avant d'en découvrir le potentiel inouï, l'étendue infinie des merveilles. Insupportable merveilleux, effroyable à souhait comme il se doit. C'est à cet instant que je découvre cette fonction dans Google Photos. On prend une photographie d'une chose innommable, on choisit l'option Lens, et l'on se trouve tout à coup avec des mots, la plupart du temps inconnus et dont on prendra soin de tout oublier une fois l'application refermée.|couper{180}
Carnets | septembre 2024
03 septembre 2024
La réalité que nous vivons est-elle une simulation ? Ce fragment interroge les limites de la perception et du réel, à travers des observations où le flegme fait face à l'absurde, avec un brin d'humour noir.|couper{180}
Carnets | septembre 2024
2 septembre 2024
Dans un monde où tout semble programmé, où la fatigue et les mots d'ordre rythment le quotidien, il y a ceux qui résistent. Ce texte explore la tension entre conformité et singularité, la lutte pour se distinguer tout en restant connecté aux autres, et la quête d'un équilibre fragile entre réel et imaginaire. À travers cette réflexion, l'auteur questionne la place de l'intuition et de la perception dans un univers où les réponses semblent toutes faites.|couper{180}
Carnets | septembre 2024
1er septembre 2024
La fatigue et le dégoût deviennent des révélateurs d'une vérité plus profonde dans ce texte introspectif. À travers des souvenirs d'enfance liés à la nourriture et à la vie familiale, l'auteur explore le lien entre la faim, le dégoût et la recherche de sens dans un monde où la course au quotidien semble sans fin. Que reste-t-il de cette quête une fois la fatigue installée ?|couper{180}
Carnets | août 2024
30 août 2024
Retour au gribouillis L’intelligence lui faisant défaut, ou exigeant de sa part un trop grand effort, ou les deux, il tourne à vide. Il lui faut une occupation, l’oisiveté étant la mère de tous les vices. Dessiner et écrire sont les premiers mots qui lui viennent quand il s’agit de s’occuper. Sauf qu’il ne sait pas vraiment comment s’y prendre. On lui a dit qu’il dessinait mal quand à l’écriture il vaudrait mieux que tu évites, tu n’y connais rien, et puis il faut une certaine maturité pour écrire, plus tard quand tu seras grand, peut-être, si tu ne changes pas d’avis d’ici là. Fâché par la situation, il a prit une feuille de papier et il gribouille, parce que le gribouillis c’est l’enfance de l’art se dit-il. Il est épuisé, il refuse tout en bloc, il ne veut plus rien entendre. Il gribouille. Ici est le lieu de l’origine, celui du dessin comme de l’écriture. Imaginaire de la lecture On l’a fait s’asseoir, assis-toi ici et ne bouge plus. Il a du mal, surtout au niveau des jambes. C’est nerveux. Calme-toi. Maintenant parle moi de ton envie de lire, parce que nous voyons bien qu’il y a un problème. Tu n’arrètes pas de dire que tu veux lire, mais tu passes ton temps à regarder des vidéos idiotes. Tu t’en rends compte j’espère. C’est comme si tu voulais gravir une montagne et que tu creusais un trou pour t’enfouir dedans, tu espères quoi trouver la mer au fond du trou , la Chine ? Tout ça est effectivement du chinois, ou de l’hébreu pour moi. La montagne et la mer ne sont que des mots, ils ne veulent rien dire que ce qu’on m’impose de vouloir en dire. Laissez-moi tranquille ! je préfère gribouiller. Au moins dans mon désordre la montagne et la mer ont un sens, et peu importe que ce soit le même que soleil et terre. Origine du refus Tu as le diable dans la peau. c’est ce qu’on ne cesse de lui dire de lui rappeler. Il est effrayé par cette remarque. Il s’enferme dans les toilettes. Ici sans doute peu de chance que le diable vienne le déranger. En même temps qu’il essaie de se rassurer il sent que son raisonnement n’est pas très solide, il doute, le diable peut-il lui tomber dessus ici aussi ? il n’en est plus du tout certain, l’insécurité envahit le monde entier. Puis il réfléchit encore plus loin, si le diable est partout, que veut dire la phrase tu as le diable dans la peau, qui signifie qu’il serait le seul à vivre cet inconvénient. Depuis il a décidé de tout refuser en bloc de ce que les adultes lui disent. Il n’en croit plus un seul mot. Pour occuper la place vide à l’intérieur de lui désormais, cette place que tous cherchent à remplir avec choses qui lui paraissent stupides ou inutiles, il prend une feuille de papier, un crayon et il gribouille. Suite logique Même dans ce lieu dit d’aisance tout est susceptible de mal tourner. On peut se retrouver constipé ou au contraire être victime de colliques, de diarhées. Mais malgré tout on y retourne, c’est une nécessité biologique. Donc ce sera un second chez lui en quelque sorte, en attendant que ça vienne, que le diable lui tombe réellement dessus ou que Dieu le sauve, il va dessiner et écrire comme ça lui chante et tant pis si ça ne veut rien dire, si ça ne représente rien, si ça ne ressemble à rien. Il s’enfuit dans la non représentation des choses volontairement peu à peu. Un trésor caché dans la merde Plus tard quelqu’un a dit que la merde était chaude, qu’elle était confortable, qu’on pouvait être une autruche et s’en sentir tout à fait bien. C’est ne pas tenir compte de la logique. On ne se met pas dans la merde par plaisir ou par goût. C’est qu’on ne peut pas faire autrement, c’est le seul endroit qu’il nous reste. On n’arrive pas à imaginer surtout un autre lieu que celui-là. Avec le temps ce n’est pas que l’on s’habitue à la douleur, pas plus qu’à l’odeur, mais comme on n’ a rien d’autre à faire qu’à explorer ce lieu, on y découvre forcément des choses. Peut-être que dans cet isolement on trouve une sorte d’issue aux grands problèmes de la société, peut-être qu’on parvient à envisager celle-ci sous un autre angle. Un lieu propre si l’on veut en apparence et qui peut même faire envie de s’y rendre, comme on se rend après une défaite, un combat sans espoir. Peut-être qu’une forme de compassion peut aussi advenir d’un tel constat. Ils sont dans la merde mais ils ne le savent pas.( Sans doute qu’il faut aussi dépasser la vanité de penser à ce genre d’imbécilité) . La société n’est pas une sinécure c’est la vérité mais c’est tout même un espace plus vaste qu’un cabinet de toilettes, de plus ça ne sent pas toujours mauvais, il ne faut pas tout voir en noir.|couper{180}
Carnets | août 2024
29 août 2024
Espace carré, temps circulaire. Un mur semble absent formé de rien de vide de nuit et d’air « Cette quatrième surface est en quelque sorte pratiquée dans l’air, elle permet aux paroles de se faire entendre, aux corps de se laisser regarder, on l’oublie par conséquent aisément, et là est sans doute l’illusion ou l’erreur. En effet, ce qu’on prend ainsi trop facilement pour l’ouverture d’une scène n’en est pas moins un panneau déformant, un invisible et impalpable voile opaque qui joue vers les trois autres côtés la fonction d’un miroir ou d’un réflecteur et vers l’extérieur (c’est-à-dire vers le spectateur possible mais par conséquent toujours repoussé, multiple) le rôle d’un révélateur négatif où les inscriptions produites simultanément sur les autres plans apparaissent là inversées, redressées, fixes. » Nombres P. Sollers. Parvenu là dans la pièce, il s’asseoit encore une fois à sa table ronde, il a prit soin auparavant d’ouvrir la fenêtre. Parvenu ici dans la chambre, il ouvre la fenêtre en grand puis s’asseoit à la table rectangulaire pour écrire sur un cahier d’écolier. Il referme soigneusement la porte de la chambre, se dirige vers le mur nord, ouvre la fenêtre qui donne sur un mur aveugle, puis il s’asseoit à sa table, ouvre son cahier d’écolier, la main qui tient le crayon en suspens. Il relève la tête, son regard se dirige vers la fenêtre. Au delà de celle-ci, au-dessus du mur aveugle, un rectangle de ciel bleu. « D’après un passage des Rites de Tsheou, le magistrat chargé de la surintendance de la divination avait dans ses attributions la surveillance des règles posées par les trois livres appelés Yi, ou des Changements. Le premier de ces trois livres était intitulé Lien shan, Chaîne des montagnes, c’est-à-dire succession ininterrompue de montagnes. Ce titre provenait de la classification adoptée des hexagrammes, dont le premier figurait « la montagne sur la montagne » ; le symbole adopté était les nuages émanant des montagnes. Le second était intitulé Kouei mang, Retour et Concèlement, parce qu’il n’était aucune question qui ne pût y être ramenée et que toutes s’y trouvaient cachées et contenues. Le dernier avait pour titre Tsheou [1] yi, Changements dans la révolution circulaire, ce qui exprimait que la doctrine du livre des changements s’étend à tout et embrasse toutes choses dans son orbe. Cette explication des titres de ces trois ouvrages est personnelle à son auteur et n’est appuyée sur aucun texte faisant autorité ; elle n’est plus admise par personne ; je la crois cependant plus près de la vérité que les autres, qui vont suivre. » Yi King P.- L.- F. PHILASTRE (1881) Alternance du récit et du commentaire. Trois pans à l’imparfait et un bloc au présent en italique, à la façon d’une note de bas de page directement incluse dans le fil du récit. Si on dispose de blocs supplémentaire autre que par convention quatre, on sort alors du carré, d’un espace à quatre dimensions – on sort de quelque chose de connu. En Chine les nombres ont plus un pouvoir descriptif servant à situer plus qu’à compter. D’ailleurs à l’origine quand on place des cailloux dans un sac dans la méthode dite terme à terme, on réalise moins un calcul qu’une situation. Il se trouve que dix moutons sont remplacés par des cailloux, l’affaire est dans le sac. Le chiffre cinq marque un passage chez les mayas, après l’inscription de points on parvient à une ligne d’horizon. Ensuite tout ce qui se situe au-dessus de l’horizon, six sept huit neuf traite d’une aventure génétique. C’est à dire d’une évolution, jusqu’à la décimale, le neuf étant l’ultime étape de la série- quelque chose se renouvelant. L’effort de faire des petits paquets de dix pour s’aventurer dans l’inconnu que représente l’innombrable. Et aussi ces carrés- calqués sur ceux de la page de ce cahier d’écolier- que l’on dessine, dont on renforce les contours, enfant , en ajoutant des diagonales et croix à l’intérieur. Dans un carré un flocon de neige. Sauf qu’on ne dépasse pas le huit- l’infini- ainsi. La méthodologie du carré barré est mieux adaptée pour parvenir à l’horizon d’un évènement ( cinq). Je compte sur mes dix doigts pour arriver à deux mains ( demain) mais difficile d’être carré, je tourne en rond. Cela vient-il du fait que je suis plus constitué de temps que d’espace ? La notion d’empan- la largeur de la main, la largeur de l’esprit, directement reliée aux nombres. Ce blocage vis à vis des mathématiques, des chiffres et des nombres, provient- c’est l’histoire qu’il s’inventa- d’un passage intempestif de l’arithmétique à l’algèbre. Mais peut-être que c’est faux, qu’au delà de cette invention, il cherche à réutiliser les chiffres comme le font les chinois, les anciennes civilisations. Non pour calculer des sommes, des profits, mais pour simultanément situer l’existence des choses et des êtres qui l’entourent et lui-même vis à vis de ces choses et de ces êtres. Pour tenter d’élucider la quadrature du cercle. Le cercle du temps inscrit dans le carré de l’espace et vice versa. Peut-être se disait-il : le hasard n’est qu’un synonyme de ce que représente les lois de la génétique. Dans le mot génétique, le génie, l’esprit, les eaux. Et cette réminiscence soudaine, à quel point les lois terrestres changent alors que la loi maritime ne change pas. L’idée que la mer est reposante en cela que les lois dans son espace restent immuables. Le fait que le profit s’empare du vocabulaire de l’eau. La banque dérivé de bank- berge, rive, canalise le flow, le flux, le contrôle. La délivrance d’une femme qui accouche et delivery la livraison d’un produit, le certificat de livraison et de naissance. Ainsi on passe d’une préoccupation de situer les choses dans le monde à leur comptabilité, à leur accumulation, à la propriété, au pouvoir. Et tout l’ésotérisme lié aux termes de droit et de comptabilité. Encore une fois les initiés et les ignorants. Les ignorants étant aussitôts exploités par les sachants. S’enfermer entre quatre murs pour écrire. La page blanche, un espace rectangulaire aussi, mais peut-être que celui qui écrit se confond avec l’un des côtés de ce rectangle, celui le plus proche du clavier, le côté bas de l’écran. Et cette image de F. qui dans une vidéo nous montre l’acquisition d’ un nouvel écran ( vertical ) supplémentaire. On peut donc imaginer qu’il y a bien un soucis de situation avant toute chose, avant toute réflexion. Le fait de ne pas réussir à s’installer- même temporairement- dans une situation crée une fatigue, une érosion, une usure. Avoir de la suite dans les idées, expression en relation avec ce mot de situation. Où est-ce que je me situe dans la suite de ces idées, dans le déploiement d’une seule de ces idées ? Si je n’arrive pas à le savoir, la fatigue me tombe dessus, une confusion s’installe, je baisse les bras d’avoir trop essayé de résoudre cette énigme sans disposer d’un savoir nécessaire à cette fin. C’est pour cette raison que le 1 est en début de série, le B A – BA. 1 engendre 2 qui ensemble engendrent le 3 etc. La mise à mort de la représentation doit se laisser représenter ; le refus du récit passe obligatoirement par le récit ( pileface.com) Encore une fois me voici perdu à la fin de cette séance d’écriture. Prise de conscience d’une surchage cognitive dans le texte qui est le reflet de celle présente dans ma caboche. Ce qui fait qu’au bout du compte suis crevé en imaginant la somme de travail encore à produire pour clarifier ces textes. En cela il ne s’agit que d’un gigantesque brouillon, un salmigondis. Cela n’apporte au monde qu’un peu plus de confusion dont il n’a pas besoin. Mais finalement si ce blogue, ce journal ne servent qu’à parvenir à cette prise de conscience ce ne serait pas si tragique. A ce moment là une source possible de la fatigue vient de cette surcharge déposée par l’écriture dans l’écriture. Peut-être qu’une période de calme, de silence est la suite logique de ce mouvement. Jusqu’à ce que l’écriture reprenne, débarrassée d’un trop plein, du fantasme de l’infini, proche d’une toute puissance, laissant place à un espoir de clarté.|couper{180}
Carnets | août 2024
28 août 2024
Le jour existe encore dans mon souvenir où toute la fragilité du monde est ma seule force, ma révolte. Plus la nuit avance, plus je perçois au loin sa lueur qui peu à peu disparaît. Comme si j’avais laissé tomber. Comme si la bête devait avoir le dessus au final. La défaite étant inscrite dès l’origine, quand Noon à son zénith attribue à chaque heure une partie du corps d’Osiris pour qu’Horus s’en repaisse. L’après-midi, afternoon, voilà les ombres qui s’agrandissent, on se rejoue à nouveau le spectacle de l’angoisse et du désir. Puis vient enfin le soir, la nuit, et tout sombre dans le sombre. (Ces envolées poétiques, si agaçantes soient-elles, parergon de je ne sais quel ergon). Et si le parergon ne servait qu’à témoigner de la présence de l’œuvre sans qu’on ne voie jamais celle-ci, quel fou rire. On se tiendrait les côtes, et l’on dirait comme je les ai tous bien eus. eux étant soi comme toujours. Et cette immense tristesse de sortir de la ville vide, d’une ville fantôme, devenu moi fantôme. Parfois, je m’en prends encore à de vieux espoirs, ces vieillards si agaçants qu’on a envie de les battre. Tout ça est de ta faute, je te le dis à toi, à toi aussi, et encore à toi. Enfantillages. Le cœur est encore lourd d’un écho, d’un poids qu’on croit avoir porté, comme soudain il serait vide sans une telle résonnace, et comme on craint à l’avance la légèreté d’une telle décision. S’en détacher, s’en foutre. Personne ne naît jamais nulle part, tout le monde est engendré, nous l’avons oublié. L’oxygène nous manque, et nos mains ne savent plus compter sur nos 10 doigts – ni dire deux mains, demain. L’aleph marche en tête en tirant sa lourde charge – toutes les lettres mortes – comme un bœuf sa charrue sur un sol stérile. Le geste auguste du semeur n’est plus qu’une peinture écaillée. La lassitude rend triste à en mourir. Les eaux d’en haut, les eaux d’en bas, la porte par laquelle passer pour te rejoindre- gaité- les bras m’en tombent esprit, feu follet. Avec raison ils diront bien ce qu’ils voudront, bons chevaux avancez droit dans vos sillons. Les regarde désormais s’éloigner au loin, la musique s’amenuise et les mots qui sortent de ma bouche gèlent en plein été.|couper{180}
Carnets | août 2024
27 août 2024
Enfin osé recopier tous les textes écrits durant l’atelier pour les coller dans le modèle offert par F. Cependant, les ai ajoutés à la suite de cet essai sur la fatigue. Au total, un bien long document de 310 pages, divisé en 49 chapitres. Qu’en faire maintenant ? Je ne vais certainement pas envoyer ça. Plusieurs idées me viennent pour utiliser cette matière. D’abord, j’ai pensé relire l’ensemble pour élaguer un peu les passages trop personnels, supprimer les redites, corriger à nouveau l’orthographe, la grammaire, la ponctuation, essayer au maximum de rester au présent de l’indicatif. À partir de là, créer un PDF et publier ce document sur Amazon tel quel, de façon à obtenir un ISBN. Je crois qu’ensuite, on peut modifier le manuscrit et le rééditer autant de fois qu’on le veut à condition de ne pas changer le titre, voire la couverture (à vérifier). Cela me fera un livre que je pourrai ensuite commander pour moi seul, et à partir de cet objet à portée de main, si je peux dire, le feuilleter autant que je le veux pour en extraire des passages – ce serait donc ça le vrai livre ensuite, quelque chose de réduit, d’épuré. Je me rends compte que les titres des chapitres ne fonctionnent pas du tout. Réfléchir à cette table des matières est un véritable travail, car cela demande de relire et relire encore jusqu’à trouver une cohérence, une logique interne des différents fragments qui m’échappe encore. Je ne peux m’appuyer pour l’instant que sur cette idée vague, la thématique de la fatigue. Laisser reposer peut aussi être une option. Laisser ce texte tel quel et passer à autre chose. Trouver un autre terme que la fatigue, qui, à force de me le ressasser, finit par tout envahir. Or, la rentrée arrive, il me faut revenir à la préparation des cours et des ateliers. La retraite n’étant pas encore validée, il faut toujours penser à l’argent, aux factures, etc. L’art de me mettre tout seul des bâtons dans les roues, il faut creuser ça. Cela fait deux ans que je retarde le moment de prendre cette retraite, que je me trouve un tas de mauvaises raisons pour traîner, reporter, rater la rédaction notamment de ce fameux dossier. En fait, que peut-il bien y avoir après la retraite ? Pas grand-chose, me serine une voix intérieure. Les jeux sont faits, plus qu’à préparer la fin. Ce qui est grotesque, évidemment. Mais si grotesque cela soit, ça continue à se dire en tâche de fond : la retraite puis la mort, point final. Comme si je n’allais plus rien faire une fois que j’aurais mis le doigt dedans. L’engrenage, une image de moulin écrabouillant du grain ou des olives. Ne subsiste qu’une idée d’essence, cette affreuse notion de l’essentiel comme toujours. Un essentiel qui viendrait de la vie en absence de toute volonté de ma part. J’écris mal, la concentration n’est déjà plus la même, sensation de fatigue accompagnée de négligence, et, en même temps, sans savoir si c’est bien ou mal, une absence de pudeur, de précaution.Un laisser aller ? -Peut-être une forme encore larvée de cette urgence qui n’a jamais cessée depuis mes tout premiers jours et contre quoi je ne dispose que de l’inertie et de cette étrange forme de paresse pour y résister. Dans cinq jours, un cycle complet, 365 jours durant lesquels – chaque jour – un texte aura été publié sur ce site. Cinq jours, le temps de rédiger sans doute une conclusion et de pénétrer vraiment dans le travail. Il faut que j’arrive à mieux m’organiser, à trouver une place pour continuer le journal si j’estime encore en avoir besoin, et parallèlement m’enfoncer dans plus de discrétion, plus de silence pour vraiment écrire cet essai sur la fatigue, aller peut-être au bout du bout de cette fatigue qui me conduit déjà, je le sens, à un autre degré de solitude. lecture de cet article sur Diacritik : Parfois, je veux juste toucher – Chroniques, 2024 (14)Lecture d’un article de G.B sur le site « diacritik » juste après avoir écrit ce texte. Ce qui me donne immédiatement envie de me rendre à la salle de bain et de me tirer la langue. Dernier voyage à I. pour remettre la clef. Reconnaitre les visages, un effort, et plus encore de placer un nom dessus. Attéré par la vitesse à laquelle l’oubli progresse. Ou alors autre hypothèse il se passe tant de choses à la seconde dans ma caboche que pas la possibilité de conserver la mémoire, ou encore plus rien du tout ne m’intéresse vraiment, je ne retiens plus rien. Prisonnier en soi-même. Comme le génie de la lampe d’Aladin. Mon père était ainsi, refusant de voir les gens, il les jaugeait en moins de cinq secondes, puis leur tournait le dos. Il m’avait jaugé ainsi depuis belle lurette. Aujourd’hui ne peux rien faire d’autre que lui donner raison. Génie et génétique, ou encore selon l’expression habituelle là où il y a de la gène etc. De plus en plus de mal en tous cas à faire semblant, à faire comme si tout était normal. A partir de ce constat deux solutions, tourner les talons dès que je sens l’agacement monter ou bien -si vraiment je ne peux faire autrement – montrer que je suis l’individu le plus ridicule que je connaisse pour qu’eux tournent les talons.|couper{180}