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Bâcler le boulot

Est-ce que je peux ralentir le temps, le langage ce flux de mots si j'ai la sensation d'en être le prisonnier plus ou moins conscient et consentant et qui accepte son statut de prisonnier, car c'est un statut, le seul possible. J'éprouve toujours cette sensation désagréable de bâcler tout ce que je fais. Comme si bâcler était une tentative pour dépasser la fulgurance. Pour essayer en vain toujours d'en tenir les rennes, la diriger un pauvre instant. En vain et peut-être qu'il faut que ce soit vain justement. Pour pouvoir me dire sans relâche recommence. La vanité est ce moteur du recommencement. Sans elle je plongerais dans l'achèvement. C'est pourquoi j'ai toujours ce vecteur paradoxal, bâcler pour achever plus vite que l'achèvement véritable. tenter de battre tout achèvement de vitesse. Autrefois c'était la même sensation avec l'alcool, avec le sexe, c'est encore le cas avec le tabac. Une urgence pour vaincre une urgence. Une course effrénée comme un souvenir de la toute première cavalcade dans l'utérus pour atteindre absolument l'ovaire, pour crever en tant que simple spermatozoide effaré d'être déjà si seul dans la course à la vie à la mort. Et cet autre souvenir lié au moment enfin où l'ovaire m' accueille salut champion tu as gagné le droit de disparaître pour que la chimie organique utilise tes cellules tes molécules pour fabriquer autre chose, ce fœtus. La suite ne serait alors qu'une répétition, on aurait simplement plus de temps en apparence pour se rendre compte. Il serait même demandé de suivre des protocoles, des règles, de mesurer son pas pour parvenir au trou, à un autre ovaire encore, devenir encore un matériau utilisé par l'univers pour créer de nouveaux monstres et ainsi de suite ad vitam aeternam , amen. Bâcler ce serait tenter de dire un peu quelque chose, s'opposer, ou dire bon aller ça suffit qu'on en finisse c'est vraiment trop chiant ce film dont on connaît déjà la fin. Bâcler ce serait comme une caricature de ce que tout le monde s'oblige justement à ne pas faire pour ne pas crever.|couper{180}

Bâcler le boulot

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histoires

huile sur toile 70x70 cm disponible à la vente. l'histoire. Pourquoi je bute sur ce mot comme sur le mot sujet ou le mot thème. Parfois j'essaie de changer de mot, intrigue, démarche, ça ne donne pas grand chose de mieux. Certains mots ont le pouvoir de paralyser. L'exhortation qui se dissimule sous ces mots. Et dont le but est d'obtenir une garantie que l'on écrit ou peint vraiment quelque chose et non rien. Ai-je envie de raconter des histoires. Ce que signifie vraiment cette action, ce boulot. C'est avant tout mentir. Tu racontes des histoires est cette expression entendue en boucle dans l'enfance. Cela signifie que ce que tu racontes c'est n'importe quoi, ça ne tient pas debout, c'est débile, d'aucune importance, peanuts. Voilà peut-être le noeud du problème avec le mot histoire et qui continue à me poursuivre 63 ans après. Comme si, à chaque fois que j'ai l'intention de raconter une histoire , je me heurte à mon insignifiance fondamentale, que toute histoire ne peut qu'être que du vent, une connerie. Que nul n'y croira, et. au bout du bout même pas moi puisque j'ai été vérolé par ce programme, que j'en suis conscient. Maintenant si je prends les choses depuis un autre point de vue , les histoires que les autres ne cessent de raconter, aux autres, à eux-memes, est-ce que je les prends par réflexivité par dessus la jambe. Du fait qu'on ne prenne pas les miennes au sérieux. Possible. Simple réflexe. Souvent inconscient. Toutes les histoires se ressemblent à peu de choses près. C'est la forme, la façon de les raconter, qui déclenche un intérêt ou pas. L'histoire est également un lieu, un espace dans lesquels une lutte sans merci s'effectue et dont le but est de vouloir gagner en crédibilité sur ce que l'on nomme la,réalité , à défaut d'épater qui que ce soit, d'intéresser l'autre. Vouloir faire son intéressant est aussi une phrase qui remonte à loin. Mais pourquoi voulais-je me rendre interessant en racontant des inepties, se sera t'on posé cette question, pas vraiment, au bout de quelques répétitions, ce comportement singulier ne doit plus l'être, il faut lui coller une étiquette pour être tranquille, pour que la vie ou le spectacle continue. Tu es menteur voilà. Raconter une histoire, un mensonge, à bien y réfléchir posséde cette fonction de vouloir résister à l'inéluctable, c'est à dire la gifle, l'insulte, l'humiliation. Cette peur d'être battu ou puni toujours présente à chaque instant de la journée. Et pour essayer de reculer ce moment je racontais des histoires, comme je m'en racontais aussi à moi-même. Sont-ce les mêmes, non, mais leur fonction est identique, c'est à dire créer un espace où exister parce qu'ailleurs je n'ai pas d'identité véritable. s'inventer des histoires pour ne plus voir cette réalité de n'avoir aucune existence, de n'être qu'un vide, voilà le type de réalité que j'ai dû regarder en face avant de détourner le regard pour survivre sans doute. Et aussi cette difficulté pour continuer à dire le mot parents au lieu de bourreaux ou gros cons. Ce qui n'est pas tout à fait la même chose mais qui revient au même, puisque le doute ne cesse plus de s'interposer dans la relation. Est-ce que ce sont des monstres ou bien de parfaits imbeciles. Est-ce que je suis une victime idiote ou bien un gamin plus intelligent que ces deux adultes. Est-ce sans danger de briser ce tabou. J'ai toujours oscillé entre ces deux pôles dans à peu près toutes les situations de ma vie. Que ce soit dans le travail, dans mes relations sentimentales, dans la peinture et bien sûr dans l'écriture. Ce doute est toujours présent et je pense qu'il m'accompagnera dans la tombe. Quand j'entends la plupart des gens me dire il faut avoir confiance en toi après tout cela, je comprends surtout qu'ils veulent que je choisisse un personnage et que je m'y tienne, surtout pour que ça les arrange, qu'ils puissent compter sur moi en même temps qu'ils m'ont deja affublé du chiffre zéro. Toujours eu cette impression que rajouter un 0 à une unite c'était bien plus symbolique que de trouver une astuce pour dépasser le chiffre 9. Maintenant voilà entend-je , on compte autrement, il y a le 1 et le zéro. Bien sûr zero ne peut être que toi. ensuite on te remplacera par 9 chiffres pour parvenir à 20, et ainsi de suite jusqu'à la saint Glinglin. Tu n'auras donc qu'une existence éphémère, avant d'être remplacé par tous ces chiffres, Mais il faut que l'on puisse compter sur toi. C'est à dire t'ensevelir systématiquement sous des chiffres. L'écriture pourrait être considérée aussi comme du chiffre. Dans ce cas écrire c'est continuer à faire ce job que l'on m'a attribué, continuer à m'ensevelir proprement en essayant d' y mettre les formes. Parfois j'y arrive d'autres fois non. Faire exploser la forme voilà un désir qui n'est pas innocent et qui dépasse la notion d'histoire, ou qui se heurte à elle tout simplement. Ai-je vraiment fait le tour de ma difficulté avec l'histoire. Je n'ai pour l' instant qu' énoncé des faits tels que je les ai perçus. Est ce que ces faits mis bout à bout constituent une histoire, probablement. Cette histoire c'est la mienne et je ne peux que la considérer anecdotique.Elle n'ajoute ni ne retranche rien au monde. C'est une histoire vaine, un lieu vain extirpé d'un espace vide. Mais par quoi, sinon le langage seulement. Les mots surgissent , s'ajoutent à d'autres, sans but, sans raison autre que d'écrire encore un nouveau texte et rien de plus. hier achèvement d'une toile qui était en suspens depuis quelques mois, comme je m'y suis pris, juste trouver le bon bleu légèrement violacé pour unir les formes disparates.|couper{180}

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Le double voyage #04 | parlons étapes

d'après une idée de François Bon, atelier d'écriture , et un ouvrage commun Carol Dunlop et Julio Cortázar Les Autonautes de la cosmoroute A moins d'être tenu par le temps comme un chien en laisse, et de ne pas pouvoir pisser, car sans arrêt les contingences financières prennent le pas sur les biologiques, prendre le temps de faire une halte, de respirer est souhaitable dans tout voyage. Je dirais même dans toute activité humaine. Il n'y a que les robots qui semblent ne pas en faire, mais même eux suivent des routines informatiques collées les unes au bout d'autres et ces points de colle ne sont rien d'autre que des étapes si on y réfléchit. Rien n'est jamais continu dans ce bas-monde, tout n'est que diastole et systole. entre les deux , un vide, un suspens, une étape . Je me souviens de cette année 1983 oú l 'hiver fut très rude à tout point de vue. D'abord parce j'avais démissionné de ce boulot de vendeur de bagnoles en porte en porte. j'avais remis les clefs de la Fuego flambant neuve que le patron m'avait confiée pour aller faire bisquer tous les prolos des cités entre Boissy Saint Léger et Brunoy. Grand secteur . dans lequel j'officiais, spécialisé dans le porte à porte. Déjà en matière d'étape, j'en connaissais un rayon. Des journées truffées de noms de rues, des numéros de bâtiments d'étages , de portes , des noms de toutes origines rédigés , fidèles comme j'entendais ou lisais en prononçant à haute voix par phonème ou onomatopées tout cela noircissait les pages de mon agenda en moleskine noir grand format. La veille je prenais rendez- vous par l'entremise de madame pour rencontrer monsieur l'après midi parfois mais souvent le soir . Je rencontrais une porte fermée, et il fallait décaler de façon habile une nouvelle visite pour économiser énergie, temps et carburant , la vente c'est cela, une affaire de ténacité, de patience et d'entregent sans oublier un peu de jugeote. A cette époque chaque journée était comme un voyage, on savait à quelle heure on partait, en principe 7h du matin, mais le retour était aussi incertain qu'un bulletin météo. On pouvait même être surpris de rentrer de bonne heure si on s'était bien défendu question timing. Il y eut ainsi des jours miraculeux où je remportais la vente d'une R20 au cinquième à 19h puis de cavaler derechef au septième et refourguer une Twingo à 20h. c'est ce que j'appelais "tôt" à cette époque. Des journées jackpot dirait- t'on ? Non. Ce n'était pas de la chance, c'était le timing, le fruit d'une sacrée organisation menée étape par étape , voilà tout. De la jugeotte. Le matin était alloué à la prospection de nouveaux clients ou la visite de réguliers, on ne se mettait pas en tête de vendre le matin, pas du tout. On prenait des notes,des numéros de téléphone , on exposait des faits, des documentations techniques, on exhibait et remettait prospectus et carte de visite puis on goûtait toutes sortes de breuvages, thé, café, chocolat chaud ; parfois accompagné de petits gâteaux. Les ménagères qui m' accueillaient étaient plutôt aimables , elles semblaient même contentes de discuter le bout de gras. On ne parlait voiture qu'en préambule, juste pour avoir une raison, un prétexte d'entrer. Il n'était pas rare qu'on en vienne à des sujets plus terre à terre, comme par exemple la perte de boulot du mari, les enfants qui étaient intenables , "Dieu merci il y a l'école" , un feuilleton policier que la dame ou son mari appréciait, les soucis de santé de tout acabit, la délinquance, la peur, la drogue, les bris de glaces, les vols. les odeurs de pisse dans les cages d'escalier. Les sujets pouvaient s'étendre à l'infini mais, je ne passais jamais plus d'une heure maxi par appartement. Il faut un minimum de cadre à tout. Durant la conversation je cochais mentalement des cases pour savoir s'il serait pertinent de revenir ou de laisser tomber en attendant, pour les pauvres bougres, des jours meilleurs. La journée du vendeur en porte à porte est un voyage. Avec de nombreuses étapes toutes plus étonnantes les unes que les autres. Il serait ardu de toutes vouloir les décrire d'ailleurs. Notamment celles du début d'après-midi quand la somnolence nous guette , on aurait envie d'aller se garer quelque part loin des cités, dans un bois, près d' un champ de colza et de piquer un roupillon, ou celles qui arrivent autour de cinq à sept quand la concupiscence , l'ennui, la lubricité s'y mettent. De ces étapes il me reste des souvenirs de papier peint, de moquette, d'odeur de proutt de chien, du ragoût qui bout dans la cambuse , tout cela mélangé à des odeurs de parfum bon marché ; des photographies en noir et blanc et en couleur pour agrémenter le vide d'un mur ou d'une vie, la tête d'un petit chien sur une commode avec son faux marbre qui dit toujours "oui oui" comme ceux que l'on met sur la plage arrière d'une berline ; des tâches de moisissures qui attaquent les plafonds, des odeurs de javel dans les hall d'immeuble, des crampes dans les mollets quand les ascenseurs tombent en panne, et quelques moments de tendresse d'amitié, de complicité comme des fleurs de lotus surnageant toute cette merde ambiante. J'étais mal à l'aise de gagner ma vie sur le dos de ces gens. Pourtant j'étais un bon vendeur, on me l'a souvent dit. Mais quelque chose m'empêcha. Une tristesse je crois. Bref c'est comme ça que je suis arrivé à la fin de cette expérience, un voyage avec beaucoup d'étapes, un calvaire même certains jours et dont je n'ai pas fait grand chose à par me le ruminer de temps à autre, en aparté. Comme tous les autres voyages. 2. Donc c'est l'hiver 83 au vingtième siècle et on me prête cette 2CV poussive pour faire Paris- Avignon parce que ma petite amie a trouvé un boulot la- bas, on ne pouvait plus payer le loyer de la Bastille et, du coup, j'avais réuni quelques affaires que j'avais flanquées dans le coffre. Puis j'avais tiré le plus que je pouvais à la banque avant d'être interdit bancaire et roule ma poule. Pour économiser je n'avais pas pris l'autoroute mais la RN7. Par contre pas possible de mettre le chauffage ce qui fait que du côté de Péage de Roussillon vers 22 h au bord de la cryogenisation j'ai opté pour l'autoroute à Chanas, mon plan était de rouler jusqu'à trouver une station service , de boire un petit café, de rester au chaud quelques minutes le temps de me réchauffer puis de repartir. Il y a de nombreuses aires d'autoroute entre Chanas et Avignon et certaines ne comportent pas de lieu de vie pour se réchauffer, juste un parking où des gros- culs viennent se garer pour roupiller, et des gogues. Ces aires là, je les évitais. Parfois je me demandais si j'allais tenir le coup d'une station à l'autre car elles sont éloignées d'une cinquantaine de kilomètres en moyenne. c50 bornes interminables Je me souviens que pour me donner du cœur au ventre je pensais à jacques London, à ses bouquins sur le Grand-Nord, au courage des chiens et des hommes pour affronter le blizzard et la nuit. Je rigolais quand même de conduire cette putain de 2CV sans chauffage. Le genre de truc qui n'arrive qu'à toi je me disais... c'est à l'antépénultième étape que j'ai rencontré un type qui faisait le plein à côté de moi, il caille vachement que je dis tout haut en me frottant les mains pendant que l' essence dévale dans le réservoir. Problème de chauffage il dit , j'acquiesce. Il s'amène , ouvre le capot avant, bouge un truc et il dit c'est normal que t'as pas de chauffage t'es en position été. J'ai eut l'air con mais j'étais joyeux en même temps. J'ai tout de même pris le temps de boire un petit café à la station. Tellement content et crevé aussi que je me suis arrêté à toutes les stations qui restaient jusqu'en Avignon. Le chauffage m'avait tellement réchauffé que désormais il fallait que je lutte contre l'endormissement.|couper{180}

Le double voyage #04 | parlons étapes

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A l’arrache

tableau 35x45 huile sur toile , 250 euros quand il sera sec. et beaucoup plus quand je serai célèbre. Pas la peine d'avoir un stock de stratégies toutes plus inutiles les unes que les autres. Pour être lu il suffit d'écrire puis de trouver un moyen de publier ce que l'on écrit. Wordpress est une solution comme une autre, moins chiante pour un éditeur que si je lui adressais 5 ou 6 e-mail tous les matins. Je finirais par en user un joli nombre et on m'enverrait valdinguer dans la boîte à caca. Je ferais pareil à leur place . Publier tous les jours oblige à tenir la distance c'est avant tout une discipline, les conséquences ensuite, il faudrait y réfléchir mais il me semble qu'elles seront propres à chaque vecteur de publication que ce soit le blog, les forum, d' autres réseaux comme twitter ou facebook peu importe. On pourrait s'illusionner en cherchant à bâtir une stratégie ou plusieurs pour chaque espace de publication mais à la vérité ce n'est pas important. Ce qui compte c'est le contenu de ces textes surtout voilà. On ne peut pas proposer des textes comme des tomates c'est certain, tout le monde sait trouver des tomates parce que tout le monde sait à quoi ressemble une tomate, il y en a de plus jolies que d'autres, dés qui viennent de France et cela fera plaisir à certains bouffeurs de tomates qu'elles soient du terroir, alors que d'autres ne regarderont que le prix au kilo et les sous qu'il leur reste dans leur porte-monnaie : c'est la vie, c'est le marché au tomates et à tout le reste. Rien à y redire. Ou alors tellement que ce n'est pas opportun ici. Par contre comment tu sais quel livre choisir quand tu as envie de lire ? Bon tu peux dire il y a le genre, j'aime lire de la science fiction, du polar, de l'exotique, du porno, des nouvelles, des gros lives de 800 pages, des tragédies grecques, des blagues dans Pif... mon Dieu tu as le choix, tellement que des fois tu ne sais plus que choisir. Du coup tu as le magazine Que choisir et toc ! Sauvé pour autant ? franchement non. Donc essayer de coller à un genre fini par enfermer d'une certaine façon tout un monde dans un genre. Écrivain, éditeur et lecteur. Ce peut-être pertinent si tu cherches à attirer un type précis de lecteur. Comme toi tu te fous totalement de toutes ces choses, puisque tu écris ce qui te passe par la tête tu te retrouves parfois dubitatif Tu te demandes. Quel genre de lecteur lit mes putains de textes à la con ; et parfois l'idée peut couler de source qu'ils soient tous aussi cons ces lecteurs de lire des choses aussi connes, ça c'est quand t'es dubitatif, c'est à dire en gros 99, 9 % du temps. Mais ce ne sont que jours gris, moroses, ternes et dont la raison pourrait se loger que dans la qualité , souvent médiocre de la nourriture avalée la veille. Enfin s'il faut surveiller sur la qualité du riz des patates et des pâtes qu'on bouffe pour être de bonne humeur, ce serait encore trop artificiel, pourquoi pas des pilules de bonheur pendant qu'on y est ( je sais que ça existe, mon copain le Délesteur en vend des pas chères si ça vous change ) cherchez Grégoire Falque ou Délesteur dans les 3000 textes écrits sur ce blog. Non je crois qu'il faut y aller selon sa propre nature encore une fois, c'est à dire à l'arrache pour ce qui me concerne. Ça veut dire quoi à l'arrache, et bien c'est s'epouiller de tout l'inutile, c'est à dire tout ce qui ne serait pas écrire une matière consistante et non l'habituelle soupe ou diarrhée voilà tout. Ensuite calculons : 00,01% sur 8 milliards de terriens c'est loin d'être peanuts. Et , plus terre à terre , si j'analyse les chiffres de ce blog ça fait même carrément le buzz, pas loin de 40% sur 266 abonnés c'est énorme ! Donc quand j'atteindrai à un pourcentage de 99, 9 % c'est que j'aurai progressé, je serai assuré que mes textes sont lus, qu'ils sont dignes d'intérêt pour un nombre suffisant de lecteurs et à ce moment là , bien sûr, preuves à l'appui je dirai : Messieurs les éditeurs à vos chéquiers ! En attendant je continue, j'essaie des trucs, j'explore, tant qu'en plus ça m'amuse c'est assez bien comme ça.|couper{180}

A l'arrache

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Il faut que ça colle

Les fragments c'est bien, c'est comme un vase Ming éparpillé sur le lino. Mais comment tu sais que c'est un vase Ming au fait ? Tu le sais voilà tout va pas chercher. Tu veux vérifier que tu n'as pas tort, c'est sans doute ça le piége. Vouloir avoir raison. Tu tiens encore à ça, ok pas de soucis, remonte une fois sur le manège, t'auras pas l'air con sur les chevaux de bois. L'enfance n'est jamais conne voyons. Eh madame eh monsieur, t'as pas de la colle plutôt qu'un pompon, j'ai un vase Ming à recoller. Musique de fête foraine.|couper{180}

Il faut que ça colle

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bien écrire mal écrire

Des modes, des mots d'ordre, l'éphémère, et pas grand chose de plus. Bien ou mal écrire est d'une binarité crasse. C'est comme bien peindre ou mal peindre. Ça ne veut plus rien dire vraiment sinon essayer de poser des bornes au milieu d'un désert. Non rien de tout ça n'a d'intérêt. Il faut trouver le point d'eau voilà l' essentiel, ce lieu où jaillit le langage comme il se présente à soi. Ensuite est-il besoin de se munir d'une pelle, de creuser un trou dans le sable plus ou moins profond ? C'est affaire de fatigue et d'espoir, surtout d'imagination dans un premier temps. La première eau n'est pas de l'eau c'est un ramassis de boue, de déchets de scories, de la merde. Qui étancherait sa soif avec ça, des animaux, des gens pressés de boire, de se désaltérer. Des gens qui ne connaîtront jamais la satisfaction de trouver le juste goût de l'eau, c'est à dire cette union indéfectible entre leurs propres molécules et celles de ce mystère qu'est la langue qui coule naturelle claire et vive. Dans le fond des choses, au fond du trou du cul obscur des choses, écris comme tu peins désormais, c'est à dire écris n'importe comment, n'importe quoi, ne te soucie pas des on dit, des racontars de l'air du temps. Que personne ensuite ne comprenne, pas même toi, c'est cela qu'il s'agit de dépasser, la limite de la compréhension est comme la constante de Plank. Tu n'es pas obligé de buter dessus tout le temps. Ensuite qu'on ne t'accueille pas dans les grands raouts t'en fous, pas ça qui compte n'est-ce pas, tu t'y emmerderais, tu picolerais, tu dirais des obscenités, tu plairais pile à ce genre particulier de femmes dont tu n'as plus du tout envie d'entendre parler ou à ces gros cons qui d'un coup surpris par ton extravagance te donneraient du génie par-ci ou par là, et tout ça te dégoûterait, tu vomirais forcément en te tirant par la porte de service après leur avoir montré ton cul. C'est pour cela qu'être vieux est une putain de bénédiction, non. Suffit de mettre une ou deux petites choses bien à plat pour démarrer comme il faut une journée. Pas compliqué, creuser seulement un peu et voilà le travail.|couper{180}

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Implacablement bleu

Gas Edward Hooper Dans le premier paragraphe de la première page de Pas d'orchidées pour miss Blandish. René Raymond, alias James Hadley Chase colle un adverbe. A moins que ce ne soit son traducteur mais pas des moindres puisque qu'il s'agit de Marcel Duhamel le créateur de la Série Noire chez Gallimard. Cependant après réflexion eut-il écrit le ciel était bleu au lieu d'implacablement bleu, il est clair que l'effet est différent. Donc cette histoire de foutre en l'air tous les adverbes Ils ( René, Marcel, les deux ) s'en tamponnent le coquillard allègrement. Et du coup je lui, leur donne raison. Il y a ainsi des règles qu'un écrivain doit se faire un point d'honneur à contourner, à faire sauter - essentiellement pour le plaisir de les contourner, de commettre un petit attentat. C'est aussi une façon d'imposer sa voix, son grain, ne serait-ce qu'à soi-même en priorité. Ensuite se souvenir que ce bouquin fut écrit en six week-end à la fin de l'été 1938 , que ce fut son premier livre, que celui-ci fit un tabac. Deux millions d'exemplaire s'il vous plaît... Il fut même remanié plus tard par l'auteur ( 1962) car il estima qu'il ne correspondait plus à l'esprit du temps, ce qui est un gage de conscience professionnelle comme d'intelligence éditoriale. Ça ne veut pas dire que l'on peut user des adverbes pour se mettre en avant, se distinguer, se faire remarquer. Bien qu'aujourd'hui on insiste tellement sur la modération en tout que l'on aurait bien envie d'exagérer rien que pour contredire, moquer certains slogans.|couper{180}

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Gide et Simenon

Gide admirait Simenon qui ne lui rendait pas. D'ailleurs les romans de Gide n'ont plus tant de popularité qu'autrefois, il faudrait comparer les chiffres de vente des libraires pour valider cette intuition. Cette admiration qu'il osa même déclarer dans certaines lettres à Simenon, est un peu dégoûtante. Cet aveu d'impuissance finalement à écrire des bouquins populaires. Des bouquins qui rapportent. Une sorte de gratitude onctueuse, melliflue, comme s'il se transformait en porte parole des éditeurs, remerciant l'auteur de Maigret d'aider à financer - surtout- les pertes dues aux faux monnayeurs C'était du temps où il y avaient encore des éditeurs dignes de ce nom, ils sont devenus de plus en plus rares. Sans compter toutes les arnaques de la soi disant édition qui ne prend pas de risque, fait payer les auteurs chaque impression. Je crois qu'il n'y a pas à opposer les littérateurs et les romanciers à part si je tiens absolument à conserver cette sorte d'amertume de ne pas avoir su choisir mon camp dès le départ, de m'être à ce point fourvoyé. Le pragmatisme je n'en manquais pas pourtant, tous ces jobs merdiques le prouvent, si j'avais considérer qu'écrire des romans populaires était juste un job comme un autre, un métier, un artisanat au lieu de rêver à une inaccessible étoile qui par simple définition reste inaccessible. Mais avec des si on mettait Paris en bouteille. Donc ce que je crois c'est que pas mal de littérateurs ont juste cette difficulté à bâtir l'architecture d'un véritable récit, qu'ils s'abusent eux mêmes avec ce qu'ils nomment le style Sauf que le style véritable est le fruit d'un travail sur l'intrigue, j'en deviens de plus en plus convaincu. sinon ce n'est qu'un effet de style ce n'est que du vent de la poudre aux yeux, un truc pour se goberger dans l'entre- soi d'une élite. De la masturbation voilà tout.|couper{180}

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La bonne distance pour ne pas se rater

un petit livre qui fut le livre de chevet de Cartier- Bresson et longtemps aussi le mien. Combien de personnes essaient d'en finir à chaque instant, et combien se loupent parce qu'elles n'ont pas suffisamment réfléchi à la balistique comme à la distance nécessaire pour ne pas se rater. Pas rare que le noeud de la corde soit trop lâche, que la chaise sur laquelle on grimpe pour se pendre soit trop lourde, que l'on ai pas pris soin de calculer non plus plus une fois suspendu en l'air la bonne hauteur, qu'il,y ait trop de mou , que l'on ne retombe pas comme une merde au sol. Pareil pour les armes de poing, si on est surpris par le recul et que la balle au lieu de pénétrer en plein front nous arrache seulement une oreille. Ou encore pourquoi ne pas prendre cette précaution minimum d'aller consulter avant de se tirer une balle dans le cœur . Il arrive même parfois , plus souvent qu'on le croit de s'abîmer un poumon pour rien ; simplement parce qu'on porte à droite et non à gauche ce foutu muscle cardiaque. La bonne distance n'est sûrement qu'un coup de chance si on ne s'entraîne pas à la chercher. C'est tout à fait pareil pour le bon moment. Se détruire nécessite autant de connaissances en musique qu'en peinture. Le recul suffisant du peintre et l'oreille sans faille du musicien seuls sont des aides précieuses ; tout le reste n'est que pur amateurisme. Il faut aussi une ville pour bien s'entraîner, des rues à arpenter, avec de chaque côté un nombre suffisant de vitrines qui s'échangent notre reflet, prendre le temps d'observer à quel point ce reflet ne cesse jamais d'être mensonger. Nécessaires aussi des passants dans cette ville. Des regards que l'on croisera et dont les yeux ternes sans vie ne nous renverront rien, à part notre propre néant. Il faudrait prendre un plan, et tracer au jour le jour avec à chaque fois une couleur différente, les parcours, toute cette prétendue errance que l'on effectue soi disant au hasard dans cette ville. Devenir à la fois chercheur et rat blanc de laboratoire. Ensuite que faire de tout cela sinon se flinguer le plus proprement possible, en évitant d'emmerder qui que ce soit, c'est du domaine de l'art. Donc on peut utiliser tout une série d'objets dont la principale caractéristique est d'être létale, l'écriture est aussi l'un de ces objets sans aucun doute. La seule difficulté est le temps que l'on voudra bien lui accorder jour après jour pour s'exercer à ne plus trembler, à ne plus ruminer, à se rendre à l'essentiel, c'est à dire s'ôter de là, devenir à jamais indisponible à quiconque. Faut s'exercer c'est tout, tenir la distance jusqu'à ce qu'elle soit bonne, irrévocable.|couper{180}

La bonne distance pour ne pas se rater

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Rentrer dans le dur

En même temps que j'essaie de trouver une cohérence à tous ces textes j'essaie d'en trouver une autre ; une cohérence m'établissant en tant qu'individu, ou personne, en éprouvant aussi cette sensation, qui à force sera devenue suspecte, qu'il est temps de renoncer au rapprochement permanent que j'effectue avec Ulysse qui ne veut pas dire son nom au Cyclope, autrement dit : renoncer à la ruse, à l'artifice. D'accepter ma destinée, bonne ou mauvaise qu'elle importance. Je ne sais si c'est sage, j'aimerais que ce le soit, ou complètement fou, et alors ce serait un tribu à payer parmi tant d'autres que d'être frappé par cette folie, qui ne signifierait alors qu'une forme d'abdication vis à vis d'une croyance, d'une illusion ou d'une vérité prétendument insupportable. Ne pas être en mesure de supporter sa propre vérité voilà bien la meilleure raison de devenir cinglé. Et je crois que je préférais devenir le dernier des gueux plutôt que de faire preuve d'un tel abandon, d'une telle lâcheté, d'avoir l'air d'être ce que je ne suis pas, même et sans doute parce que j'ai déjà pratiqué cette lâcheté durant une grande partie de ma vie, par mimétisme, parce que dans le fond je désirais comprendre comment on peut s'avilir soi-même à ce point , parvenir à se perdre totalement. l'expression rentrer dans le dur correspond parfaitement à ce désir. et je n'arrive pas à m'ôter de l'esprit cette statue de Giacometti l'homme qui marche c'est comme si je me trouvais près de lui et que je le regardais faire, retirer un à un sans pitié mais avec un vrai coeur, les morceaux de glaise, d'argile qui seront devenus superflus pour accéder à la représentation de cette dureté paradoxalement si émouvante. N'ai-je pas justement eu peur de cette image de dureté que je possède en moi pour ne cesser de l'enrober de mensonges, d'artifices, imaginant sans doute naïvement qu'elle pouvait effrayer les autres tout autant que moi-même ? Accepter cette dureté dans mes textes les réduirait sans aucun doute et ce serait une piste intéressante à suivre à seule fin de valider cette intuition. Maintenant que ce soit littéraire ou artistique je m'en fous complètement. Je crois qu'une grande partie de ce que l'on nomme art désormais n'est plus qu'un malentendu. L'idée même du concept m'agace aussitôt qu'elle surgit comme un jeu intellectuel directement issu à la fois de l' ennui comme de l'ignorance, l'art n'est pas dans la tête mais dans la main, dans la manière, dans la forme et cette forme pour être la plus juste ou authentique c'est à dire vivante éternellement, doit provenir de l'émotion, du cœur. Évidemment cela paraît puéril dit ainsi, mais c'est aussi une chose entendue pour moi désormais que la naïveté doit effectuer deux tours et que tous ceux qui ne reste qu'au premier ne peuvent rien saisir du second. Il faut être rentré dans le dur plusieurs fois dans une vie pour accéder à ce second tour de manège.|couper{180}

Rentrer dans le dur

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Matière et forme

La hantise de disparaître ne disparaît jamais, elle s'accroche à des prétextes, des raisons plus ou moins fumeuses, des émotions douteuses ; ainsi, ce matin, je me mets à penser à ce blog qu'aucun de mes proches ne lit, ne lira probablement jamais et tout du moins comme je le souhaiterais- mais quel souhait ? je n'en sais rien, je prévois seulement d'avance que tout tombera de travers. Donc qu'adviendrait- t'il si je disparais et est-ce si grave que l'on ne sache jamais ce que j'y aurais déposé ; la gravité de cette préoccupation me semble ridicule, presque obscène, elle ne correspond pas à ma conduite habituelle ; j'ai toujours éprouvé cette sensation de fatalité qu'une chose faite était faite et qu'il n'y avait pas à revenir sur celle-ci, qu'ensuite cet acte et surtout ses conséquences continueraient leur cheminement sans moi, que je n'étais rien d'autre qu'un intermédiaire, un maillon lambda d'une longue chaîne, et qu'il m'était foncièrement impossible de mesurer vraiment les conséquences -bonnes ou mauvaises - du moindre de mes actes. Disons que j'ai toujours eu un doute sur les adjectifs bon et mauvais et que je n'ai construis ce doute qu'à l'appui de ma propre expérience, ce qui ne peut bien sûr pas être utilisé pour en extraire une règle ou une loi valable pour tous. Le dicton un mal pour un bien m'est resté, gravé dans la mémoire car je l'ai beaucoup entendu dans mon enfance de la bouche de ma grand-mère paternelle. En y réfléchissant aujourd'hui c'est certainement une sorte de pansement , de mantra, une prière qui ne se dit pas comme telle mais que l'on invente afin de ne pas sombrer quand on traverse des périodes difficiles et c'est un euphémisme quand j'essaie de réunir les quelques bribes de son histoire, de toutes les histoires des membres de ma famille. Alors oui dans une telle configuration, se dire qu'un mal peut devenir un bien laisse un peu d'espoir, ou permet de passer le temps, de mieux patienter en attendant des jours plus sereins. Et si , me plaçant comme mon propre lecteur je tentais d'éprouver le moindre plaisir, le moindre intérêt à me relire c'est aussi cette question qui arrive presque aussitôt que j'imagine ma mort. Entrer soudain dans la peau d'un lecteur qui ne me connaît pas, qui ne sait rien de moi, qui n'éprouve aucune compassion, aucune sorte de pitié envers ce texte qui défile comme un rouleau infini sans queue ni tête. Sans complaisance , ce genre de complaisance notamment qui permet de s'identifier au narrateur, voire à l'auteur tant la confusion est toujours présente ou possible ; que retirer d'un tel flot de mots sinon qu'il n'est qu'un flot et sans doute rien de plus. Est ce que l'on cherche à décrypter les rivières les fleuves les ruisseaux non, évidemment que non. Et par ces périodes apocalyptiques combien de rivières , de fleuves, de ruisseaux disparaîtront encore, dans une évaporation due à la sécheresse, aux canicules qui se succèderont bien après que je sois en train de bouffer les pissenlits par leurs racines. Il y a des sujets bien plus graves que la survie de ce blog, évidemment, sauf que c'est un sujet tout de même qui mobilise mon attention, mon énergie, mon temps durant une part importante mes journées. C'est peut-être alors sur ce point que je suis seulement en mesure d'agir, me redonner du temps pour créer autre chose, probablement la même si j'y réfléchis, mais sous une autre forme. Je suis aussi en train de sortir d'une sorte de fascination concernant cet atelier d'écriture, heureusement que je possède encore cette sauvagerie permanente qui me fait toujours détester à un moment ou à un autre ce que je révère très puérilement dans un premier temps. Détester d'ailleurs est désormais un mot trop fort, j'ai beaucoup vieilli pour perdre encore une énergie précieuse dans toute détestation. Non c'est plus une sorte de recul soudain, un réflexe de peintre pour le coup, qui m'entraîne vers une relecture du tableau, et alors je pèse le pour, le contre, les écailles me tombent soudain des yeux et je souris de cette puérilité tout à coup, avant de passer à autre chose. Je reste admiratif du travail produit, de l'énergie dépensée, de la richesse incroyable du contenu qui est présentée, et en même temps c'est un business, il ne faut jamais perdre cela de vue. Et puis il faut toujours revenir à l'intention, au pourquoi j'ai soudain décidé de participer à cet atelier, au debut c'était pour soutenir ce projet, et ce l'est toujours rien ne change sur ce point, mais ce n'était pas pour publier mes textes ou me distinguer, ni même, surtout pas, appartenir à une communauté d'auteurs. Disons que beaucoup de choses sont entrées en résonance avec mes préoccupations, elles sont toujours actuelles, mais participer ensuite à ce que j'ai vite tendance a nommer la comédie heurte quelque chose en moi, et je ne sais si c'est une fierté, une vanité, de l'orgueil ou simplement le fait que je sois tellement axé sur mes propres textes, ma solitude, mes propres difficultés, que je ne parvienne pas à pénétrer dans cette sphère avec un point de vue ludique, ou de divertissement voire simplement amical. Sans doute que je prends cette affaire d'écriture beaucoup trop au sérieux, ce qui n'est qu'un reliquat de religiosité mal placé ou mal digéré. Est-ce que je cherchais quelque chose que je ne possède pas déjà en me bouchant les yeux, certainement, et je ne vois qu'une affaire de forme sur laquelle je bute encore et toujours. J'ai été tenté d'abandonner le récit , l'histoire, d'explorer cette méthode, cet ensemble de protocoles, de me cantonner au langage lui-même, à ces jeux formels qui ne sont pas inintéressants bien sûr, mais qui me laissent tout de même sur ma faim. C'est assez séduisant du reste mais comme tout ce qui est séduisant il manque quelque chose, peut-être la même chose que j'ai pu relever dans la peinture quand si vite elle me séduit, derrière cet effet "flash" il manque l'émotion, le vivant. La forme et le fond toujours ce vieux débat et leurs adeptes dans chaque camp. Personnellement ce serait ni l'un ni l'autre ou l'un et l'autre. Lire un roman qui me déroule une histoire ne me satisfait qu'en partie si je détecte trop rapidement les astuces littéraires habituelles, et lire des textes qui ne seraient que purement formels comme pour expulser toute une tradition classique du récit, mettre en avant une soi disant nouveauté ou originalité ne me satisfait guère non plus. Je ne crois plus à la nouveauté ni à l'originalité, voilà pourquoi. Dans les deux cas je m'ennuie assez vite. Et c'est là justement que je suis ce lecteur sans compassion ni pitié, je referme le livre, et j'essaie d'écrire le mien, celui qui me manque justement parmi tous les livres et qui toujours m'échappe, doit m'échapper pour que je continue à courir après.|couper{180}

Matière et forme

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l’insupportable

insupportable la profusion de jambon de saucisses de lard et de choux qui se trouva soudain comme une montagne placée dans cette grande assiette sous ton nez, au restaurant La forge, à Montparnasse cet hiver 2012, et pourtant tu t'efforças de tout avaler jusqu'au bout, de ne rien laisser car il eut été tout aussi insupportable de ne pas faire ainsi, quel gâchis pour toi cela aurait représenté ; mais ton fantasme de choucroute fut réglé définitivement depuis ce jour précis où tu fus pris en sandwich par cette double sensation, ce paradoxe de l'insupportable que tu t'obstines toujours à vouloir supporter. Insupportable cette femme dont l'intérieur dénote avec l'extérieur, dont la vulgarité t'atteint immédiatement en plein cœur alors que dans cette affaire là il n'était pas nécessaire d'en avoir, sinon du cœur au ventre, du cœur à l'ouvrage du cœur dans les reins, ce genre de cœur pour rester solide ne pas sombrer dans on ne sait quelle révoltante mollesse. Et pourtant tu as pris le temps de tout écouter, toute la vulgarité, et surtout ces sentiments bon marché gros comme des immeubles de cité, et peux-tu me dire ce qui t'aura tant touché chez elle qui ne fut pas exactement chez toi, que tu aurais pu repousser de vive voix tout en laissant libre cours à ta propre vulgarité, si ce n'est ton orgueil, ou peut-être admet-le ta fierté, l'impression de pouvoir toujours tout supporter surtout ce qui vient et s'annonce comme étant l'insupportable. insupportable cette journée semblable à toutes les autres mais que tu supportes ne sachant pas faire autre chose que de supporter l'insupportable, il s'en faudrait de peu parfois que tu ne puisses résister à l'envie d'envoyer tout promener, de partir dans la rue, de t'asseoir là, de devenir un de ces clochards que le monde méprise pour se sentir être le monde tel qu'il est , tel qu'il doit être et continuer d'être, insupportable bien sûr ; et pas sûr que la sélection s'effectue vraiment sur le fait de le supporter pour en être, ou bien de s'en éloigner définitivement en demeurant là assis immobile à le regarder, sans le voir, passer.|couper{180}

l'insupportable