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Le moment du départ
La fameuse boulette du bousier, qu'il pousse avec obstination, constituée d'excréments paraît-il. Cette idée de rester conscient jusqu'à l'ultime moment de la vie, de se voir mourir. A chaque fois que tu pousses cette idée vers son extrême, tu découvres un nombre de failles logiques qui te mettent en rogne. Les occasions de perdre la tête aux abords de la mort pour un être normalement constitué ne sont elles pas nombreuses voire majoritaires sur celles de rester lucide... Il n'y a qu'à regarder autour de toi. A un moment les gens se perdent puis ils finissent par disparaître. Cette ténacité à vouloir rester lucide contre vents, marées et autres possibilités d'amnésie est probablement la même qui te place à la table pour écrire. Mais quand sait-on vraiment que l'on a perdu la boule ? On peut tout à fait s'imaginer lucide comme dans un rêve et s'être perdu de vue depuis déjà des décennies ... Et aussi n'est- t'il pas erroné de penser qu'à l'heure fatidique une force inconnue nous ramène soudain à nous-mêmes comme pour avoir le temps de dire adieu au monde ou à soi-même ? Et peut-être qu'écrire est une tentative renouvelée chaque jour de vivre ce moment là précisément, ce fameux moment.|couper{180}
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Tout savoir
Une pensée qui revient de temps à autre, peut-être un fantasme assez dangereux, n'est-ce pas cette idée qu'une fois mort on saura tout dans le détail. C'est à dire que dans notre non-vie, dès que notre attention se portera sur une question la réponse surgira immédiatement sans l'intermédiaire fastidieux du temps et du doute. Ensuite tu te demandes si tu as vraiment envie de tout savoir ainsi, quelle pourrait en être l'utilité et surtout si la douleur est la même une fois mort que celle endurée par toute certitude apprise parfois cruellement de notre vivant. Peut-être qu'il s'agit durant notre existence justement de prendre de bonnes habitudes, de ne jamais chercher à tout savoir, de laisser la plus grande part au hasard comme à l'incertitude,ce qui est assez confortable finalement. Et peut-être que c'est exactement cela le paradis, se créer un enclos, à l'image d'un jardin duquel le savoir ne serait pas totalement exclus, mais ne serait guère qu'un passe temps sans dangerosité, que l'on ne gratterait qu'à la façon des jardiniers , en surface, afin d'aérer les sols.|couper{180}
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Le même
Au fond tu es toujours le même, cette réflexion avant de t'endormir et qui surgit comme une évidence, le genre d'évidence que l'on ne voit pas tellement elle est évidente justement. Mentalement tu es revenu en arrière dans des situations nombreuses de ta vie et c'est comme si la poussière s'envolait dans un film au ralenti mettant à nu ce même. Un voyage dont on ne saurait dire la durée ni même le commencement, sauf peut-être une attention à cette singularité sur le seuil du sommeil. tu as toujours été le même être dans le fond, sauf qu'il semble difficile de l'exprimer avec des mots, cela relève plus d'une sensation étrange, une certitude soudaine de retrouver son visage- encore qu'il ne s'agit de rien de physique, mais d'une silhouette éventuellement, et ce malgré toutes les vicissitudes traversées. Et tu n'étais plus ce pauvre bougre de plus de soixante ans, tu ne semblais plus vraiment avoir d'âge mais tout de même il te semble que tu es plutôt jeune, éternellement jeune. Tu t'es souvent posé cette question si les fantômes existent et que toi-même en devienne un, quelle apparence aurais- tu. Et il t'a souvent paru faux que l'on puisse apparaître dans l'état où nous aurions quitté cette vie. Mais peut-être existe-t'il aussi une sorte de libre arbitre pour les spectres, et, si on pouvait choisir, décider de notre apparence pour surgir tout à coup face aux vivants ; ceci ne te semble au demeurant pas si loufoque que cela puisse le paraître à première vue. D'un autre côté si c'est une apparition destinée aux vivants, possible que eux nous voient tels qu'ils se souviennent de nous. Il pourrait même y avoir une sorte de double apparition celle du mort et l'autre projetée par le vivant à partir de l'image fixe d'un ultime souvenir du défunt. Mieux, celle entre toutes qui pour des raisons éminemment intimes personnelles sera retenue. Et peut-être que parfois les deux visions coïncident... sont la même.|couper{180}
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ébauche de Virginia Woolf
encore une ébauche, il faut ensuite respecter les temps de séchage de l'huile, quelques jours à plusieurs semaines, mais j'espère être prêt pour l'exposition spéciale sur les femmes qui aura lieu en mars. huile sur toile 30x30cm janvier 2023|couper{180}
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ébauche de Colette
pour fêter son 150 ème anniversaire mais là c'est vraiment une ébauche janvier 2023 huile sur toile 30x30|couper{180}
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la ponctuation
Ce que tu imagines être une carence, s'explique soudain différemment. Souvent tu t'arraches le peu de cheveux qui te reste sur le crâne à propos d'un point, d'une virgule, d'un oubli de majuscule. Et bien sûr tu t'infliges des petits coups de pinceau sur les doigts, ta distraction ancienne à propos des règles de ponctuation te revient aussitôt. Mais la distraction n'est-elle pas une forme de résistance ? Et dans un tel cas comment résister à une chose que l'on ne connaît pas ? donc bien sûr que tu connais la ponctuation, tu la connais même que trop bien, et donc possible que tu cherches à t'en évader souvent par de nombreux subterfuges, par tous les moyens. Tu peux te dire manque de clarté comme désir d'obscurité en raison de ce que cette apparente clarté cause d'aveuglement.|couper{180}
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parabole
Kafka et les paraboles, il se sera arrangé pour qu'aucune ne soit explicable raisonnablement, que toutes débouchent sur la possibilité d'une interprétation contradictoire, d'une controverse. La parabole aujourd'hui n'est plus qu'une antenne sur un toit, accrochée à une façade. Quant au mode de pensée prophétique il aura été totalement évincé. Peut-être que dans cette modernité littéraire qu'une partie des intellectuels ( juifs ou d'origine d'ailleurs pour la plupart ) accordent à Kafka, on peut découvrir la nostalgie de ce mode de pensée constitué d'énigmes insolubles, de paraboles, de prophéties ne prophétisant que de l'incompréhensible, d'une explication parallèle, à la fois épouvantable et merveilleuse de la réalité devenue de nos jours cette peau de chagrin. Finalement je décide de ne pas reprendre ce portrait, que rajouter de plus, aucune idée ne vient, une manière de finir avec un *parce que * portrait de Franz Kafka janvier 2023 huile sur toile 30x30 cm.|couper{180}
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stimuler
un seul stimuli parmi tous, fait éclore la fleur au moment exact où sa plénitude le nécessite. Ce stimuli est une configuration unique à un moment donné dans une temporalité, semblable à un accord de musique qui ébranle tout l'invisible pour qu'un extrait de lui parvienne au visible. Ressentir cette éclosion, c'est se positionner sur la même fréquence. Une guérison peut advenir exactement ainsi. Maintenant tu prends l'exemple de la fleur mais beaucoup de choses sont semblables. Tout ce qui se tient dans l'invisible jusqu'à ce qu'on le voit soudain.|couper{180}
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symbole lémurien
Ta résistance à l'engouement actuel envers le développement personnel comment te l'expliques-tu, sinon par cette apparente facilité, due à des formules, des mantras à ressasser, les œillères grâce auxquelles il serait indispensable de se réfugier dans une pensée positive, ce qui te paraît aussitôt erroné sans que tu n'en comprennes au début la raison. Sans doute pour avoir toi aussi traversé ces formations, étudié les rouages, les trucs, les combines, tout un artisanat de la manipulation à des fins décevantes. Vouloir être heureux notamment tu te demandes encore ce que cela signifie sinon imaginer toujours un ailleurs pour ne pas regarder en face une réalité bien plus complexe que seulement basée sur la joie le bonheur ou la tristesse la désespérance. Une réalité amputée, une réalité réduite à une binarité insupportable. Cela demande un effort incroyable quand tu y repenses aujourd'hui de parvenir à s'extraire de cette binarité. L'effort nécessaire pour voir ces deux aspects confondus et être soudain, grace justement à ce mélange, cette confusion, ce chaos apparent, être en mesure d'en extraire une fréquence une couleur un son. Aussi quand tu tombes sur cette vidéo de Luc Bodin, attiré par la miniature qui représente ce vieux symbole lémurien, tu hésites. Tu te dis quelle soupe va t'il donc servir en prenant appui sur l'imaginaire, quelle manipulation encore derrière les apparences. Tu visionnes la vidéo qui ne t'explique pas grand chose que tu ne saches déjà. Puis tu passes sur une toile que tu as apprêtée quelques jours avant. Tu fermes les yeux, tu vides toutes tes pensées et tu laisses venir ce qui doit venir. Quelques heures plus tard tu reçois un mail étrange, une vidéo qui évoque le parcours d'un kyné non- voyant avec en pièce jointe son bouquin Etre, Énergie, Fréquences. Il s'agit de Jean-Claude Biraud que tu ne connais pas. Il te faut à peine deux heures pour avaler le bouquin. Surprise de constater les mêmes émotions éprouvées autrefois qu'à la lecture de Castaneda. Mais présentées cette fois d'une façon scientifique, raisonnable, argumentée avec preuves à l'appui. Ce qui te scotche n'est pas tant le contenu de ce livre cependant, par intuition le seul fait que tu comprennes tout immédiatement est déjà étonnant en soi mais ce n'est pas cela l'information que tu en retireras. C'est la ténacité de l'homme poussé par sa curiosité, son désir de comprendre, par une attention à certaines choses dont nul à part lui n'est en mesure d'établir des passerelles, des liens et de les présenter ainsi surtout. Et aussi une grande leçon d'humilité car il n'hésite à aucun moment à s'adresser aux autres, à des personnes travaillant chacune dans une spécialité, au risque de se faire traiter d'hurluberlu ce qui n'arrive en fait jamais. C'est exactement cette partie manquante que tu relèves soudain dans ton parcours, le fait de ne jamais oser t'adresser aux autres, de persister quelque soient les difficultés nombreuses rencontrées à rester seul, à creuser dans cette solitude qui t'a toujours parue essentielle, incontournable. Bien sûr tu as lu des milliers de livres, bien sûr tu as rencontré des milliers de personnes, mais tu n'as jamais osé parler de tes recherches, tu n'as jamais chercher à les confronter, à les valider ou invalider. Tu regardes ton tableau ce matin, tu peux y retrouver la croix lémurienne, mais déformée par des forces étranges, comme par une volonté encore vivace de fabriquer tes propres symboles tels que tes filtres les adaptent à partir d'une réalité établie, une réalité qu'on ne serait impunément remettre en question. Puis le soir lecture des derniers cahiers de Kafka, cette histoire de bûcherons joyeux qui reste en suspens, des paragraphes qui soudain s'achèvent par un parce que. Et pour parachever l'ensemble la lecture de deux ou trois witz, de Biro, quelques velléités d'identification avec le personnage du bouffon que tu laisses tomber car le sommeil t'emporte. Quelques minutes plus tard tu relis et cette coïncidence, l'homonymie entre Biraud et Biro, ADAM BIRO, l'auteur du dictionnaire amoureux de l'humour juif. janvier 2023 huile sur toile 80x80|couper{180}
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attentif
Dans le train 1986 Ils te demandèrent d'être attentif, se plaignirent que tu ne le serais jamais assez ; que ton attention ne se dirigerait jamais assez sur ce qu'ils auraient désiré, aimé, voulu ; mais malgré toute ton incompréhension, puis ta bonne volonté et enfin la peur d'être battu, tu n'y pouvais rien, ton attention résistait de toutes ses forces — si l'on peut accorder à celle-ci une volonté, un désir d'autonomie. Et c'est devenu une norme pour toi pendant longtemps, des années, que celle d'être moqué, rabroué, puni, puis de te culpabiliser à cause de cette carence, cette faute d'attention à cette sphère de préoccupations considérée comme essentielle pour eux. On te traita de nombreux noms, on cru à un handicap, à une tare causée par une défaillance génétique, et la seule thérapie à leur disposition fut la brimade, l'humiliation, les stations prolongées dans des placards à balai, dans l'obscurité de la cave sous la maison, des privations de toutes sortes et qui, au lieu de te remettre dans un droit chemin, provoquèrent tout le contraire. Un cercle vicieux qui dura longtemps, bien après que tu sois parti de la maison, un schéma que tu transportas avec toi et que progressivement tu te mis à examiner puisqu'il parut être, à certains moments de ton existence, ton seul bagage. Ce prisme logé quelque part sur ta zone frontale, et qui arbitre encore aujourd'hui les élans de ton attention vers ce que peu de personnes ne regardent jamais, ce dont ils déclarent ne pas voir, ne pas être intéressés de voir. Le réseau invisible à la plupart, d'un ensemble de coïncidences, susceptible de provoquer des émotions troublantes, un déséquilibre, celui-là même dont naissent des pensées inédites, étonnantes, voire loufoques, à la manière d'un contre-poids. Lorsque tu tombes sur les ouvrages de Carlos Castaneda quelle surprise de constater qu'il existait des gens qui s'étaient intéressés à ce prisme de l'attention. Tu n'étais donc pas tout seul et ce fut un soulagement véritable. La notion de point d'assemblage que Don Juan enseigne au chercheur, au savant imbu de sa science, de son cartésianisme , autant dire victime d' une ignorance totale de ce réseau d'informations précité , t'a entrainé sur la voie chamanique dont tu ne t'es plus jamais écarté.C'est à dire en résumé, accepter ta différence en tout premier lieu, accepter que ton attention se dirige vers ce vers quoi nul ne la dirige jamais, accepter la solitude infinie qui découle d'une telle acceptation, puis avaler de petites pierres, des petits cailloux, jour après jours pour t'habituer à la souffrance que ces corps étrangers provoquent en pénétrant ton gosier, ton intérieur, jusqu'à ce qu'ils finissent par en faire partie totalement, devenir ton intimité et celle-ci en retour, en échange, devenir la leur.|couper{180}
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les rêves, la vie.
Ce sketch des Inconnus te revient ce matin, Tourner manège. avec la réplique devenue culte Simone est-ce que tu baises. Ce rire déclenché tout à coup, rire nerveux au début, on ose à peine, puis d'un coup beaucoup plus franc lorsqu'on voit les autres autour se tenir les côtes. On se vautre soudain en chœur dans la gadoue. Le rêve en prend un bon coup. Ce rêve qui ne serait pas le pastiche d'une émission à la con, mais une émission à la con lui-même et qui tourne en boucle, qui nous tient enfermé dans cette boucle pour que nous n'ayons surtout jamais envie de nous en évader. Simone sait faire un tas de choses convenables, mais la question essentielle pour l' abruti qui s'adresse à elle, et auquel pas difficile de t'identifier... oui oui tout cela est très bien , mais est-ce que tu baises ?|couper{180}
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puer de la gueule et faire propre
dessin numérique 2021 Dans le fond tu n'es pas différent de madame Verlaine, elle dit qu'il pue de la gueule ce type là, ce Rimbaud, en plus d'avoir des puces, et pour être poète, elle veut bien mais c'est quand même louche. C'est affaire de congruence comme on le dit aujourd'hui. Être poète et puer de la gueule il y a quelque chose qui ne va pas. Et toi tu le penses aussi bien sûr. Comment peut-on écrire des merveilles et en même temps être si sale ? Ça ne t'aura jamais échappé, pas besoin d'attendre la vidéo qui t'inspire ce texte tout à coup. Déjà gamin la saleté te paraissait le préambule obligé à toute merveille à venir. Il fut un temps, très lointain où tu vénérais la saleté car elle possédait une fonction initiatique. Que s'est-il passé depuis, quand es- tu tombé dans l'obsession partagée d'apparaître propre ? de devenir une madame Verlaine toi aussi ? Et bien tu as traversé le temps mon cher, tu as découvert la douche, le savon, le mariage et surtout tu sais désormais que tu n'es pas Rimbaud, que tu ne l'as jamais été , tu ne le seras jamais. https://youtu.be/QYSipaI4btw|couper{180}