import

import

nus

Adam et Eve MARCANTONIO FRANCESCHINI tout ôter, les habits mettre ce corps à nu. Pas de ruse, pas d'artifice, de chemise , de jour de nuit, rien. se retrouver nu et voir on a tant changé. vieilli par le temps qui passe voir la réalité, elle est nue elle aussi|couper{180}

nus

import

Écrire dans le peu

tache jaune sur fond bleu ( collection privée) avant le peu il y a le beaucoup pour dire ça ne veut rien dire. ça commence comme ça. il ou elle a dit ça ne veut rien dire.quelque chose à été dit, il y a de ça très longtemps, mais ça ne voulait rien dire. C’est ce qu’ils ont dit. Dire autre chose à partir de ça c’est difficile. quand on dit quelque chose et que ça ne veut rien dire c’est difficile d’en rajouter. on doit digérer ça. c’est violent. on est en colère. on est triste. on sent que quelque chose d’important s’est passé. que ce quelque chose est encore dans le présent. son écho ne s’en va plus. l’écho persiste. ça ne veut rien dire est ce quelque chose qui est en train de se passer continuellement et contre quoi on a du mal à résister. Il faudrait pouvoir se taire, dans le silence total peut-être que l’écho diminue. On espère qu’il disparaisse. Mais non, il ne disparaît pas. il est toujours là. il arrive qu’on on soit pris de remords de regret, dans le silence. parfois on se sent mal dans le silence aussi. on découvre la honte d’avoir dit quelque chose qui ne veut rien dire. et la violence persiste elle étouffe. la conclusion est qu’on se dit peut-être ils ont raison qu’on n’avait peut-être rien à dire dans le fond. On a juste dit quelque chose pour dire quelque chose voilà tout. On l’a dit comme on pouvait, c’est un effort de dire. c’est fatiguant de dire. dire comme ça pour en être. mais on se rend compte que si on voulait en être c’est bien parce qu’au tout début on n’en est pas. on veut en être parce qu’on éprouve la sensation bizarre troublante, malheureuse de ne pas en être. on se retrouve tout à coup dans cette urgence de vouloir à tout prix en être. et à tout prix c’est dire des choses qui ne veulent rien dire pour dire au moins ça à défaut de toute autre chose. Pour essayer de s’en sortir et d’en être enfin, c’est difficile aussi. on imagine que l’on aurait pu dire autre chose. ça aurait peut-être tout changé. mais non c’est trop tard car ce qui est dit est dit. on a dit quelque chose qui ne voulait rien dire.ils ont dit mais ce que tu dis est rien, tu es rien. et c’est à partir de ce moment précis que l’on se retrouve dans cet espace, dans le peu à dire. Mais même ce peu est difficile à dire. on n’ose plus le dire. On n’ose plus rien dire. on s’accroche à ce peu qui reste, on le garde pour soi pour ne pas qu’il disparaisse, et soi avec. le peu est un espace étroit. La contrainte fabrique cet espace. Une contrainte choisie ou non choisie aide à cette découverte qu'est l'espace du peu. Dans cet espace il est difficile de s'exprimer. il est difficile de trouver les mots. Les mots ne veulent plus dire ce qu'ils disaient avant que l'on pénètre dans le peu. On se rend compte d'un peu avant le peu. , mais c'était un peu que l'on ignorait, on ne savait pas, on croyait que le peu c'était du beaucoup.Ce beaucoup soudain ne veut plus rien dire. On se rend compte que ce que l'on pensait être beaucoup est une illusion, le beaucoup est sans doute du peu que l'on évite de voir. Puis une fois qu'on le sait, une fois que l'on est dans le peu, on ne peut plus s'en échapper. Bien sûr on voudrait s'en échapper, c'est le réflexe habituel, on connaît la musique. On s'échappe du peu en imaginant le beaucoup. Mais on ne peut plus, on a compris. On est face à la peur. On ne sait pas quoi faire non plus de cette peur. On aimerait retrouver d'anciennes bravoures, mais on sait ce qu'elles valent. On n'y croit plus beaucoup.une fois dans le peu, une fois qu'on est bien sûr qu'on y est, on fait avec lCe qu'on nomme le peu est peut-être dû même ordre que ce qu'autrefois on nommait le beaucoup. Le peu et le beaucoup sont peut-être des mots dont on se sert faute d'autres mots. On s'accroche à des mots comme à des bouées quand on est en plein naufrage. essai d'un poème dans le peu le peu et le beaucoup se nomment aussi désir et peur un couple parmi les couples danse le tango dans un concours idiot le dernier debout crevé mais toujours souple et souriant désignons le vainqueur petit quart d’heure de gloire acclamons les danseurs entre poire et fromage ah ça il ne l’ont pas volé le prix gagné un pathétique hommage l’offrande ultime des nerfs à la grande foire aux esclaves dommage ou misère vertigos à gogo ou peut-être le dire ainsi un espace tout petit presque intolérable, se plier en quatre pour y entrer. On y étouffe. On y suffoque. On se plaint beaucoup. Au debut. c’est un corps. le peu à dire c’est le corps qui se découvre c’est le corps nu qui se réfugie quand il a peur s’habille se dissimule honteux dans le beaucoup. aujourd’hui ce peu à dire|couper{180}

Écrire dans le peu

import

Loup

Une immense toile raconte tout. Elle est au grenier. Je ne peux la transporter dans les expositions je ne possède pas de véhicule assez grand. Je l'ai nommée le voyage des loups, c'est une toile du genre monochrome , légèrement beige ou terre de sienne par endroit. Au début j'étais parti avec une idée de steppe, une steppe qui s'étend à l'infini, format portrait, avec des zones de relief que l'on devine, des montagnes très lointaines, toujours quelque chose qui semble barrer une partie de l'horizon dans de nombreux tableaux. Au bout du compte la steppe a presque totalement disparue. Il ne reste que tous les obstacles qui se seront interposés pour ne plus la voir. Ces obstacles souvent immenses eux aussi sur ma route. Tellement permanents, peut-être que leur fonction d'ailleurs et de m'empêcher de voir cet horizon, de ne me concentrer toujours que sur eux ces obstacles. Dans ce but de ne jamais voir le moindre horizon. Ce combat pour tenter de rejoindre l'horizon toujours perdu d'avance, on le sait et on y va malgré tout, parce qu'il faut cette idée pour avancer, c'est tout. Etions nous nombreux à courir ensemble, de moins en moins au fur et à mesure du temps. Puis, à la fin quelque chose est seul. Le vieux loup doit partir quand ses forces l'abandonnent, il quitte la horde pour s'en aller mourir dans l'écart. Peut-être que ce n'est plus le voyage des loups dans ce cas, c'est le voyage du loup. Ce qu'il traverse encore de paysage pour atteindre la fin du voyage. En fait il a eut deux toiles sur le même sujet, la plus grande est au grenier, la seconde a été recouverte et j'ai peint un autre tableau par dessus faute de toile. Heureusement j'ai eu la présence d'esprit de les photographier. Il y a donc eut un constat à un moment donné, des gestes volontaires ou non, ou des indices, des signes provenant du dehors - mais qu'est-ce que le dehors sinon une invention du dedans et vice versa… indiquant que je ne devais pas exposer tout ça. Peut-être trouvé-je cela prémonitoire et c'est pour cette raison qu'inconsciemment j'ai du tout faire pour pas qu'on ne la voit Je me souviens de l'énergie avec laquelle j'ai peint ces deux tableaux simultanément , dans une transe avec très peu de moyens. Je dansais en peignant. j'étais un loup qui dansait avec les loups. Puis les choses sont ce qu'elles sont. Je suis désormais un vieux loup qui sort du paysage, paysage qui ne fut constitué je crois que pour mieux le cerner, comprendre la prison, s'en évader. je suis un vieux loup sans horizon ou débarrassé de l'obsession de l'horizon. Et je me fiche des prémonitions elles sont aussi semblables que tous les horizons.|couper{180}

Loup

import

Rêve

Réveillé par un rêve. Des vampires. Décor : La nuit, à la campagne. Des corps sont enterrés dans un talus. On les a enterrés là car on soupçonne qu'ils sont des vampires, qu'ils peuvent le devenir. On passe près de ces tombes et soudain la terre remue. Un cadavre se redresse. Mais c'est une femme d'une soixantaine d'année, elle est en pleine forme, un peu de rose aux joues. Dans l'autre tombe, même scénario un homme cette fois , plus jeune la quarantaine ; genre BG au même âge, enfin c'est l'idée ou le souvenir qu'il m'en reste au moment ou j'essaie de me souvenir , une poignée de main chaleureuse. Bouillante quasiment, mais rien d'effrayant, il suffit d'ôter la main à temps.. Ensuite un peu flou, je ne sais plus si tout le village est contaminé, tout le monde devient vampire ou s'ils sont dévorés les uns après les autres ou mordus. tout ce dont je me souviens c'est de m'être réfugié en hauteur, dans un arbre pour observer ce rêve ; comme tout cela parait vrai tellement vrai, mais ce n'est qu'un rêve me suis-je dit, et de ça je me souviens parfaitement.|couper{180}

Rêve

import

Ralentir

Photo de Doug Morris sur Pexels.com ( encore un test de mise en page ) R e n d r e plus l e n t le d é r o u l e m e n t de quelque chose en diminuer l ' i n t e n s i t é Le temps tient en quelques mots. e s p a c e r les mots les uns des autres ralentirait- t'il Le temps. Le mot qui revient le plus souvent tente de gagner du temps mais en perdra Combien de l' ETRE dans vitesse et dans l e n t e u r Le même nombre ! Comment est-ce possible quand deux nombres ne peuvent être identiques Il doit y avoir un TRUC QUI M'ECHAPPE|couper{180}

Ralentir

import

traduire interpréter

Imagine que toutes les voyelles soient illisibles, pour résumer mon propos : mgnquttlsvllssntllsbls, pour rsmr n n mt mn prps ou encore que toutes les consonnes disparaissent ou eoe ue oues es ooe iaaie Alors un effort sera requis pour lire, un autre type d'effort Exercice relever l'idée principale de chaque paragraphe et la mettre en relief comme titre Lire pour réapprendre à douter du sens des mots On s'arrêterait plus longtemps sur chaque mot, sur chaque unité syntaxique, on construirait des hypothèses, supputerait, échangerait des avis, commenterions sans doute à la lettre près ce qui est écrit. De plus nul ne serait assuré d'avoir raison, impossible de découvrir de déterminer un sens définitif. Il y aurait une démultiplication de la signification, une progression par annulations, espoirs et renoncements successifs , choix et décisions que le temps finalement balaierait, on ne pourrait plus assurer une position stable, définitive à l'idée même de signification. Autrement dit l'un dirait blanc un autre aussitôt dirait noir, puis encore un autre découvrirait le gris, et la foule de tous ceux qui suivent toutes ces variations infimes d'un gris à l'autre. Une échelle de gris s'étendant à l'infini dans deux directions que l'on supposerait opposées. Mais qui ne le sont que par convention. Noir et blanc ne sont-ils pas des mots proches de simples convention, des raccourcis ? On ne serait plus certain de rien, nous ne serions que doute et questionnement. Est-ce mieux ou pire que la certitude, ce n'est pas la question. une autre dynamique de la pensée nous rapprocherait de la notion d'infini Lire, commenter, rencontre avec l'infini et le fini c'est à dire un infini ne se créant que par le commentaire du commentaire, chacun annulant le précédent pour pouvoir exister un bref instant avant d'être, lui aussi, irrémédiablement effacé par un qui suivra. Ainsi lire un livre écrit en langue inconnue, mais traduit, interprété devrait être abordé dans toutes ses différentes versions successives. Et ne pas oublier de songer que même si l'on parvient à tout lire, à se faire la moindre idée sur l'ensemble. celle-ci la notre ne sera qu'un commentaire de plus, une traduction personnelle s'ajoutant à toutes les autres. La peinture c'est aussi de l'hébreu Concernant la peinture telle que tu la pratiques cela commence toujours par de l'hébreu. Et bien sûr on ne peux pas dire que tu parles vraiment cette langue. Admettons tout de même que les premiers coups de pinceau soient de l'hébreu ou toute autre langue étrangère, n'importe quelle langage finalement, ou tous mélangés c'est à dire l'inconscient au stade où il ne peut être déchiffrer. Tu réalises ton tableau ainsi en toute inconscience du moins en premier lieu. Quelque chose, une pulsion, un mouvement, une volonté de déposer quelque chose sur la surface de la toile parce que tu penses à tort ou à raison que tu ne peux le déposer nulle part ailleurs. Quand tu emploies le verbe réaliser tu peux être partiellement conscient que ce terme possède un lien, si ténu soit-il, avec la Réalité . Peut-on scinder cette réalité en divers lieux et temps ? La nature de la Réalité est-elle divisible, sécable comme cela nous arrange ? un lieu, un endroit pour déposer l'envers. Ne le déposes- tu pas ce que tu installes dans ta peinture, dans ce que tu écris - partout- et sans même en prendre conscience ? Peut-être parce que partout est soudain proche de nulle-part. Que nulle part crée un vertige. Alors il faut un quelque part. Un endroit pour déposer l'envers. Mais entre partout-nulle part et ici sur la toile ou la page tu sens un petit écart, une distance, un espace. Quelle est la nature de cet étrange espace ? La nature du feu ignore le dedans et le dehors. Il est cet espace entre la toile et ce que tu fais tous les jours en dehors de celle-ci. Le crois-tu vraiment ou bien ce cloisonnement est-il utilisé comme excuse ou raison pour tenter de t'expliquer à toi-même un malentendu ? Peut-être même cet espace est-il nécessaire pour réactualiser ce malentendu, surtout afin que ce dernier persiste ; car il te sert de moteur pour ce que tu nommes la création. Le dedans et le dehors seraient alors des conventions, grâce ou à cause de leur frottement imaginaire surgit l'étincelle, la flamme, le feu. Le dedans et le dehors, deux silex, deux morceaux de bois. Puis la peinture, l'écriture ne sont que brindilles et feuilles, matériel nécessaire pour la prise, réceptacles qui permettent la naissance ou renaissance de la flamme, du feu. Elle est si étrange la nature du feu. Il s'allume, dure, s'éteint, mais se rallume. Une fois mais pas une, mais mille et pourtant la même toujours, celui-ci ayant fait son ouvrage de cuire, de bruler, de réchauffer, devient braise puis cendres, oubli à seule fin que la faim revienne, le froid, la peur, le désir. La connaissance n'est-elle pas une ignorance augmentée ? On est loin de faire les choses pour obtenir quelque chose de concret comme la gloire ou la richesse. On serait là pour étudier une sorte de métaphysique de la peinture, de l'écriture, de la vie tout bêtement. Cela a t'il le moindre intérêt, pas sûr non plus. Peut-être que ça permet de passer le temps. D'en faire autre chose. De créer un temps à soi, ce que l'on nomme généralement une solitude. Mais qui est un terme inapproprié car en créant ce temps il semble que l'on puisse remonter à une origine du temps tout entier et donc, d'y apercevoir l'autre pris dans son temps à lui. Tous les autres tous les temps Tous les autres et temps sans la moindre exception. On ne peut pas intervenir pour autant. On reste observateur. On acquiert cette connaissance mais on ne peut s'en servir comme pouvoir, c'est à dire en disant moi je sais. On se rend bien compte que l'on ne sait rien. Peut-être même que cette connaissance n'est constituée que par ce cheminement, cette découverte progressive de notre ignorance du comment dire l'ignorance clairement. Car elle n'est pas triste elle n'est pas déprimante pour utiliser un mot d'aujourd'hui. Non elle crée de l'espace cette ignorance. C'est à cela sans doute qu'on la reconnaît le mieux. Ainsi l'ignorance peut avoir elle aussi une définition double à minima, Elle peut tout autant être bêtise qu'intelligence. C'est une difficulté à surmonter celle de saisir que tout peut s'inverser ainsi selon celle ou celui qui traduit interprète pour lui-même, à partir de sa propre expérience, le moindre mot. La solitude est cet écart de compréhension qui sort la compréhension de son lieu et temps habituel. On se retrouve alors avec une compréhension inédite. Qu'en faire alors sinon peindre écrire ou tout autre chose qui permettra de la fixer pour une durée indéterminée quelque part. Peut-être avant tout pour l'examiner comme on examine une nouvelle espèce de plante ou d'insecte, peut-être aussi pour découvrir des émotions qui se passent de langage, une langue universelle en fin de compte mais enfouie si profondément, recouverte par les individualités, l'air du temps qu'on a parfois peine à croire qu'elle ne soit pas pur fantasme, imagination. Le doute alors revient le feu s'éteint le vent emporte les cendres et une attente se crée à nouveau, un désir à l'état brut qui cherche à naître. Le désir c'est comme le feu, il possède sa nature on ne peut ni la modifier ni la définir car on sent bien que l'on franchirait une limite qui ne nous appartient pas. On sombrerait dans la folie, ou la raison. Autrement dit une certitude qui n'a aucune raison d'être sinon provoquer le doute.|couper{180}

traduire interpréter

import

presque rien

encore un tableau constitué de presque rien. huile sur toile 30x40 cm février 2023|couper{180}

presque rien

import

Possédé

Le corps est un espace qui, si rien ne l'irrigue, finit par devenir un espace disponible à tous les ectoplasmes errants, les démons, les djinns, les créatures gluantes et idiotes qui nous guettent sans relâche. Quand le foie ne reçoit plus assez d'oxygène, ou les reins ou la prostate, voire le cœur, tout se barre en sucette. C'est pourquoi il faut tous les jours faire quelques pas pour s'aérer. 1000 serait un minimum d'après les vieux sages chinois. Et surtout lire beaucoup, énormément, intensément. La lecture est un acte qui redonne vie au corps tout entier, qui l'aére de fond en comble tout autant qu'une bonne randonnée. Mais pratiquer les deux est excellent. Le pire serait de rester immobile le cul collé à sa chaise et de rêvasser dans le vide en regardant les mouches s'accoupler. Pourtant c'est bien ce qui m'est arrivé. Je peux dire que je suis resté assis sur cette chaise pendant trente ans pas moins. C'est une métaphore bien sur, les chaises s'usent et parfois on est bien forcé d'en changer. Durant toutes ces années pas un seul livre lu, pas une seule promenade, rien. Métro boulot dodo. Quelle chance de trouver une place assise en tous ces lieux. Mais peu à peu j'ai livré mon corps, mon esprit et peut-être même mon âme immortelle à tous les dangers. Et j'ai résisté plutôt mollement quand l'infernal et toute sa clique a commencé à m'envahir. J'ai acheté une télévision, je me suis mis à fréquenter des filles faciles, je me suis mis me resservir un second verre chaque soir, j'ai opté pour des métiers où il s'agissait de ne jamais trop réfléchir, j'étais à gauche je me suis rapproché du centre sans aucune méfiance pour soudain parvenir je ne sais comment à l'extrême, encore que je ne me souvienne plus si elle fut de droite ou de gauche. Elle était juste extreme... Et si j'ai pu m'échapper de toutes ces possessions démoniaques, m'exorciser moi-même de ce cauchemar en position assise où allongée, car parfois c'est vrai j'étais si fatigué, éreinté par toutes ces attaques invisibles que je devais m'allonger ... bref, si je suis encore là à vous raconter tout cela, c'est que j'ai eu une chance de cocu comme on dit , ou alors les anges gardiens existent. Suis-je le seul dans mon cas, je ne le pense pas. Je suis même persuadé que de plus en plus de personnes sont où seront exactement dans la même situation. possédés par tous les démons de l'enfer, et autre incubes et succubes. Comment m'en suis-je sorti ? difficile à dire. Mais risquons tout de même que c'est encore l'ennui qui m'aura permis de me lever de cette chaise. C'est grâce à l'ennui comme n'importe quelle nonne carmélite que j'ai accueilli soudain la grâce. Elle surgit brusquement à la fin d'une belle après-midi d'été. j'étais encore assis quelque part bien sur, peut-être au jardin du Luxembourg à contempler bêtement le jet d'eau du bassin central. Une femme à côté de moi s'est levée de sa chaise en fer et à abandonné un livre de Paul Ricoeur. Auteur inconnu à l'époque. J'ai ouvert le bouquin le sang a reflué dans tout mon corps, l'espace en moi a fait à peu de chose près le bruit d'un pet foireux ou d'un ballon de baudruche qui éclate. bref une flatulence. Tous les démons sont sortis à la queue leu leu dégoûtés soudain, et c'est exactement ainsi que j'ai enfin pu reprendre ma vie en main, enfin la chaise, pour m'appuyer sur les accoudoirs , me lever et finalement apprendre à me promener un livre à la main.|couper{180}

Possédé

import

épuiser le sens

Exercice pour épuiser le sens. Changer l'ordre des mots, contredire chaque proposition par une autre. Sortir du sens ordinaire, d'une surface. N'a pas penser pour autant que la profondeur est plus sensée, jouer avec surface et profondeur sans jamais y tomber, s'y installer. On peut partir une fois encore de n'importe quoi. Je vais acheter du pain. Quelqu'un a t'il faim. Une envie de tartines beurrées. ce quelqu'un qui est-il, est-ce moi ou ce qui s'écrit lorsque j'écris je vais acheter du pain. Est-il possible que quelque chose d'autre que moi puisse écrire je vais acheter du pain. un personnage qui emprunte le pronom personnel je mais qui n'est soit pas vraiment moi soit pas du tout. Je pourrais écrire quelqu'un va acheter du pain. Acheter ce n'est pas donné, un échange s'opère, il faut de l'argent et il faut aussi que l'on sache où trouver le pain. Et cela semble si évident que contre un peu d'argent on puisse soudain obtenir une baguette ou un pain de quatre livres. Est-ce vraiment évident... il faudrait pouvoir remonter dans le temps, parvenir à la toute première fois où quelqu'un a dit ou a pensé je vais acheter du pain. Forcément une époque où existait à la fois l'argent et le pain. Des recherches mèneraient quelque part dans le temps. On pourrait aussi l'inventer complètement, vers moins 5000 avant Jésus Christ je vais acheter du pain. C'est un nouveau produit, un type a inventé ça entre le Tigre et L'Euphrate. A moins que simultanément de nombreux types l'aient inventé pratiquement en même temps en différentes points de la planète. Comme on aurait inventé le feu ou la ou la première blague. Ne pourrais-je pas dire je vais acheter du pain au Pérou par exemple, sous le règne de tel ou tel obscur empereur dont le nom s'est perdu dans l'oubli. Par contre la recette du pain non, elle n'est pas perdue. N'est-ce pas miraculeux que je puisse écrire je vais acheter du pain à Lima ce 14 février à 7 h dans divers calendriers dans différents temps, et différents lieux. Cela signifie que je est toujours là quelque part, que des échanges entre lui et les autres existent depuis des temps immémoriaux aussi bien que ce produit constitue de farine et d'eau qu'est une simple miche, un pain de quatre livres. Donc on peut désormais penser au blé, aux céréales en général, au goût que peut avoir ce pain que j'achète de tous temps en tous lieux. Du pain blanc, noir, blond, gris, peut-être même de différentes couleurs qui ne sont plus usitées aujourd'hui. La bible parle bien du pain mais jamais de sa couleur vraiment. Toute une vision colorée du produit se sera perdue. N'est-ce pas un petit désastre quand on y pense. Je vais acheté du pain ou le pain. ce n'est pas non plus tout à fait la même chose. J'achète un pain non plus. ce serait n'importe lequel. Changeons l'ordre. Ce pain que je vais acheter. Je le vois il m'attend sagement sur l'étagère, virtuellement car je ne sais pas encore si la boulangère prendra ce pain imaginaire ou le pain d'à côté. Elle me donnera alors un autre pain, ce pain là où un pain inattendu. Peut-être sera t'il bon ou peut-être moins que celui espéré quelques minutes auparavant. bref voilà tout ce que l'on pourrait dire juste avec le simple fait d'aller acheter son pain. Juste en prenant un peu de temps pour y penser. Pour que cet action si simple si habituelle si ordinaire nous place soudain dans une toute autre dimension que cet acte tellement ordinaire banal d'aller acheter son pain.|couper{180}

épuiser le sens

import

sens commun sens unique

Lyon est une ville tellement mystérieuse. La première chose qui me surpris lorsque je voulu prendre ma voiture pour me rendre à ce nouveau job, c'est l'incroyable nombre de rues à sens unique. Notamment à partir du quartier de la Guillotière pour se rendre à Montplaisir. J'ai dû m'y reprendre plusieurs fois avant de découvrir l'itinéraire alambiqué qui fut le seul d'ailleurs que j'empruntais par la suite malgré mes différentes tentatives d'évasion ou d'exploration. Le seul qui reponde à la fois à quelques critères importants : un trajet court, efficace, sans bavure. D'autant que les places de parking sur le lieu du travail étaient rarement disponibles. Il fallait arriver tôt au moment où d'autres qui vivaient là se rendaient dans d'autres lieux par d'autres itinéraires laissant enfin une place libre. Lyon est à l'image de sa circulation complexe. On ne rencontre pas ici les gens de but en blanc, il est nécessaire de passer par la cérémonie des réseaux, être soudain invité, rencontrer d'autres convives, échanger quelques mots généralement prudents, réitérer l'opération parfois plusieurs fois, jusqu'à ce que l'on sorte à un moment ou un autre le fameux agenda pour prendre une date Ce qui m'a évidemment fait drôle, car j'ai une sainte horreur des agendas, de l'emploi du temps en général. Sauf en situation professionnelle bien sûr, car on ne peut pas y couper. Les lyonnais sont méfiants de nature, ils ne se lient pas facilement, il faut du temps, de la patience, un peu d'obstination à vouloir aller vers les gens, tout ce dont je ne dispose pas naturellement. De plus en tant qu'ancienne capitale des Gaules, la ville ainsi que ses habitants, du moins ceux que j'ai rencontrés, ont à peu près le même genre de sentiment envers la véritable capitale que les vaudois pour la France voisine.Ils aimeraient en être mais ils n'en sont pas vraiment. Ils sont tiraillés par des contraires. C'est pour cette raison sans doute que l'on trouve dans la ville des ponts qui portent le même noms que ceux de Paris, et même une tour Eiffel un peu ridicule sur la colline de Fourvière, dont la Basilique n'a rien elle à envier en mocheté au fichu Sacré-Coeur. J'ai mis du temps à m'habituer à la ville comme à ses habitants. De là à les aimer vraiment il me faudra encore du temps probablement. Disons aussi qu'effectuer une telle gymnastique pour approcher l'amour ou l'amitié est en contradiction avec ma paresse naturelle, pour résumer. Paresse qui n'est pas un défaut, ou du moins pour être franc qui ne l'est plus. Déchiffrer la paresse, s'approcher d'elle suffisamment et l'écouter aura été je crois l'une des aventures les plus précieuses de ma vie. C'est même à partir de ce jour béni que j'ai décidé de ne plus trop m'attarder dans le sens commun, comme dans les voies sans issues, et de m'équiper d'un GPS pour éviter les sens uniques.|couper{180}

sens commun sens unique

import

interpreter

-c'est une maladie chez toi que de toujours vouloir tout interpréter. -c'est une maladie chez toi de tout avaler sans prendre le temps de mâcher. réplique t'il du tac au tac. C'est deux là s'étaient trouvés. Je sirotais une bière en terrasse, c'était la fin de journée, La place de l'Odeon était le dernier bastion de lumière, les environs, dans quoi je me tenais, silhouette anonyme parmi les anonymes sombraient peu à peu dans la pénombre. Mais soudain ces deux voix m'ont extirpé de ma torpeur. Il y a aujourd'hui des décennies que j'ai du noter cette petite scène. Je croyais l'avoir totalement oubliée. Et ce matin à propos de quelques pièces de monnaie pour aller acheter du pain- j'en achete toujours beaucoup trop- tout m'est revenu d'un coup.|couper{180}

interpreter

import

grondements

huile sur toile 40x50 2018. Je n'entends plus les grondements des chiens. cette déchirure. ce divertissement. cette distraction. le livre que je lis les a effacés. Toute l'attention est tournée sur elle-même et va à l'être. l'attention attentive à l'attention. fixité. Immensité. un temps se recompose par la lecture, une parole visible avant de l'entendre . Patience et impatience enlacées. ADN. hélicoïdal. puis tout à coup le chat miaule. croquettes. L'intention du chat. Plus forte que l'obstination humaine à vouloir déchiffrer les voyelles entre les consonnes. Mais le mouvement lui-même est signe de guérison.|couper{180}

grondements