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la planque

note autobiographique d'Alonso Quichano carnet 25 février 1999 ..."La nécessité de ne pas avancer à visage découvert, de toujours éprouver le besoin de se cacher comme un voyou poursuivi par la police. Police dont les effectifs sont bien plus nombreux qu'on le pense. La police est dans chaque regard, elle est la norme, la morale, la cohérence, il s'agit de ne donner aucune indication de distance, celle que l'on aura prise pour se frayer un chemin comme en cavale. D'où la nécessité de la planque, un refuge, un lieu où l'on pourra reprendre son souffle. Mais d'une logistique assez lourde. Nécessitant des fonds. L'idiotie est beaucoup moins coûteuse à mettre en place. L'idiotie excellente planque. Mais il y en a d'autre, la gentillesse têtue, la bienveillance acharnée, l'érudition affichée, la grossièreté voire la vulgarité. Rare que dans ces lieux on viennent me surprendre, me déranger. Une planque ne peut suffire, il est plus intéressant qu'elles deviennent multiples. Tout un réseau de planques comme un maquis. Un roman pourrait-il permettre dans un premier temps d'établir un inventaire de ce réseau. De revisiter chacune de ses planques. les raisons pour lesquelles on les a trouvées, choisies, puis délaissées au profit d'une ou de plusieurs autres, et ce toujours au bord d'être épinglé ? Une cartographie du protagoniste en cavale. Qui nécessite par ricochet cet autre personnage, l'inspecteur, le commissaire, une traductrice en langue française, un auteur qui n'arrive jamais à recoller les morceaux et qui n'avance que par intuition sans jamais prendre le temps de les développer, un écrivain habile qui lui connaît le métier et qui suit peu à peu l'enquête en sachant trier l'utile et le superflu et qui au final damera le pion au voyou incompétent.... " ( petite note sur le personnage de la traductrice ) ..."La traductrice serait espagnole, mais elle connaît le français, elle est parfaitement bilingue. Âgée entre 30 et 40 ans. Divorcée, sans enfant. Elle vient de trouver un travail à Barcelone. Il faudrait que l'action se situe au futur bien après les faits. Le matériel sur lequel elle s'appuie pour progresser dans l'elucidation de l'énigme, des carnets et des cassettes audio fournis par la tante du protagoniste principal. La question centrale qu'elle est elle ? voilà ce qui manque l'énoncé du problème.. Pourquoi ce type tue ces femmes, pourquoi se planque t'il, est-ce que chacun de ces meurtres ne lui sert pas d'élément déclencheur pour sortir d'une planque à la recherche d'une autre, et au bout du compte réduire la possibilité de se planquer quand toutes les planques auront été ainsi détruites, ou mises à jour ?|couper{180}

la planque

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Ambiguïté entre ordre et désordre.

Mario Vargas Llosa, écrivain péruvien naturalisé espagnol est devenu immortel le 9 février, et ça ne plait pas à tout le monde. Surtout en raison de ses positions politiques, disons conservatrices, mais aussi parce qu'il fait partie des nombreux transfuges passés du communisme au libéralisme. Que l'on change de veste comme d'opinion est bien évidemment un élément souvent rédhibitoire. La confiance s'en trouve régulièrement meurtrie. Mais pas la littérature en tous cas aux derniers nouvelles ce n'est pas certain. L'ambiguïté caractérise l'homme en général, mais elle semble particulièrement insupportable lorsqu'il s'agit des hommes de lettres. Louis-Ferdinand Céline se serait abstenu d'écrire des pamphlets anti juifs, sa carrière littéraire s'en serait-elle amoindrie ou améliorée ? Et si Borges avait protesté ouvertement contre l'arrivée de Videla au pouvoir en Argentine dans les années 70, serait-il plus lu encore qu'il ne l'est ? Pour ne citer que ces deux auteurs sud-américains pointés du doigt par une bien pensance qui ne se rend pas compte qu'elle l'est devenue à peu de chose semblable à celle contre laquelle elle protestait hier, ou aujourd'hui. En France aussi nous avons nos ambiguïtés. Dans de nombreux domaines d'ailleurs. Je pense encore à ma propre indignation envers Gabriel Matzneff qui décrit dans ses ouvrages autobiographies ses relations intimes avec des enfants des jeunes filles... On se souviendra aussi de Robert Brasillach, de Drieu La Rochelle, de Morand, Biraud, et leur collaboration avec le régime nazi. La plupart condamnés à mort à la libération. Mais leurs ouvrages sont toujours disponibles dans les bibliothèques voire en librairie. Dernier exemple en date dont je me souviens la réédition du livre d'Hitler Mein Kampf, soi-disant à des fins universitaires.Et régulièrement les mêmes tolés. Ce que cela peut vouloir dire, n'est-ce pas tout autant ambiguë qu' humain, c'est que la littérature se situe à un degré supérieur à celui sur lequel se trouvent ceux qui la fabriquent. On peut juger les hommes suivant les époques, les morales de celles-ci certes mais il y a tout de même une entité mystérieuse qui rassemble leurs ouvrages en fin de compte. Est-la culture , le mot me parait court. Je parlerais plutôt d'une compassion, d'une bienveillance, qui est sans doute un reliquat d'un vieil enseignement humaniste. Car imaginons que l'on condamne à disparaître tous ces ouvrages, qu'on ressente soudain l'envie pressante d'un autodafé gigantesque, je crois que nous aurions perdu alors vraiment tout humanisme. Nous serions exactement cette bien pensance nouvelle qui mélange tout à sa guise pour fabriquer une culture lamentable, une culture exsangue, une culture qui ne nourrit plus son homme.|couper{180}

Ambiguïté entre ordre et désordre.

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Résonance

fréquence de résonance (http://meteosat.pessac.free.fr/Cd_elect/perso.wanadoo.fr/f6crp/elec/ca/freqre.htm Note autobiographique d'Alonso Quichano Carnet 24 février 1999 ..."Occupation. Occupation d'une durée. La musique. occupation d'un espace-temps grâce au placement de notes et de silences. Musique contemporaine. Apparent chaos. l'oreille pénètre dans un espace inconnu, essaie de refabriquer une cohérence, Tente par les outils habituels : ressemblance, répétition, résonance de tirer quelque chose du n'importe quoi d'origine. Une sensation. musique contemporaine, meurtre contemporain, une relation dans la recherche d'un nouveau cadre esthétique ? L'oreille ordinaire est assassinée, déroutée soudain parce ce qu'elle nomme de façon habituelle, automatique, musique, ce qui la pénètre porte le même label mais est inédit, la surprend, elle tente de résister, puis vacille, meurt. L'oreille meurt à elle-même. Silence plus ou moins long. Puis elle s'éveille à nouveau extirpée du néant par une résonance. Résonance qui relie l'ancien au nouveau, le connu et l'inconnu. Elle prend appui sur ce phénomène de résonance pour peu à peu s'ouvrir, éclore dans un espace-temps modifié.Tendre l'oreille aux bruits de la ville. tendre l'oreille dans des espace-temps non habituels. Tendre l'oreille durant un meurtre, associer ainsi tous les sons, les silences perçus dans ce même instant. Le meurtre contemporain comme la musique contemporaine, proposent la possibilité de recomposer l'instant d'une manière inédite, et d'être tout autant inédit soi-même.Deux étapes pour la création. un, on est attentif. On repère une nouvelle organisation des rythmes, leur nature, bref, rapide, répétitif, ou au contraire asynchrones, lents, disruptifs. Prendre note de ces impacts sur le souffle global d'une respiration, étudier avec minutie le placement des silences. Ensuite s'interroger sur la sensation générale obtenue. Recommencer l'opération de nombreuses fois comme un chercheur teste une intuition. Une fois prêt, composer soi-même.|couper{180}

Résonance

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Quelque chose

Quelque chose 70x70 huile sur toile j'étais parti de n'importe quoi mais j'avais encore trop d'espoir d'arriver à quelque chose. c'est l'histoire des croyances, la fameuse martingale. Si tu fais ça plus ça y a des chances que tu gagnes le gros lot... pourtant je sais que ça ne fonctionne pas. pour moi jamais. Et pourtant je m'obstine à continuer. Pour évacuer toute cette putain de couche de quelque chose qui jaillit en premier, toujours en premier, comme le marc de café quand un sac poubelle lâche sur la route de la poubelle. Ensuite, tu te baisses ( encore décidément tu te seras baissé aujourd'hui) tu prends ta petite pelle, ta balayette, un sac neuf et tu nettoies. Ou pas. Tu laisses la voirie faire le sale boulot. Mais c'est lâche. très lâche. Ce quelque chose qui tombe en tout premier tu le mets au fond d'un sac neuf, il sera calé au fond. Ensuite patienter un peu voir ce qui tombe après le premier jet ... c'est cela le plus dur pour les nerfs la patience, surtout quand la fin du mois est commencée depuis le 5.|couper{180}

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forme

c'est quand la savonnette glisse des doigts sous la douche qu'on doit se baisser pour la ramasser que l'idée surgit. C'est toujours comme ça. Donc aussitôt sec je chope la tablette et je note. Un roman talmud. C'est à cause ou grâce à Claro, un post sur Twitter où il dit que le roman est pour lui une forme trop restreinte, que lui il préfère la poésie. Il remue un truc, un paquet de doutes et d'hésitations. Il m'emmerde. Gentiment mais il m'emmerde. Alors que j'étais bien parti avec mon polar voici que le doute m'habite. Du coup je résiste, la savonnette saute, je frôle le lumbago et toc le mot vient. Talmud fiction ou Talmud roman ... Il est aussi question de la mise en page de la maison des feuilles que j'ai du apercevoir dans une vidéo de Fb. En fait c'est cela c'est la mise en page la piste. Créer des colonnes, des liens des ancres de l'hypertexte comme possibilité d'évasion à chaque instant. Le numérique s'y prête. Rendre cette navigation sur papier demande de retrancher énormément sans doute, une page possède ses limites comme l'œil du lecteur, jusqu'à quelle graisse, à réfléchir.|couper{180}

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Délire

La peinture , l'écriture sont des espaces sans limite. Ou qui ne possèderaient comme seule limite que celle de mon imagination. J'hésite à utiliser le mot limite au singulier ou au pluriel. Peut-être parce que ce mot pour moi les contient toutes. A la fois la et les, une ou des, la et les, une et des. Toutes les possibilités de limitations sans exception. Prenons les choses autrement, un espace sans limite est-il concevable par l'imagination. J'essaie, plus j'avance plus la ligne d'horizon recule, comment veux-tu que je trucule... mais elle est toujours là. Soudain un gros ballon blanc pope de la pelouse et me poursuit. Un ballon chinois ?|couper{180}

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de n’importe quoi à quelque chose

Étape 1 N'importe quoi - huile sur toile réalisée en 10 minutes chrono .Format 70x70 cm On me demande un thème pour intervenir dans une nouvelle association. Du coup je propose ce titre sibyllin. C'est risqué. Mais qui ne risque rien n'a rien. Surtout que ce n'est pas si facile qu'on l'imagine de faire n'importe quoi.|couper{180}

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se souvenir des règles

Dans son article "lois de la narration policière" en 1933 dans le quotidien argentin La Nacion Jorge Luis Bieges énonce quelques règles, 19 précisément à propos du polar peut-être est-il intéressant de les noter et de vérifier si je m'en écarte involontairement. Ou si volontairement j'ai au contraire une excellente raison pour ne pas en vouloir en tenir compte. A noter aussi selon les propos de l'auteur que ces conventions ne visent pas à élucider les difficultés mais plutôt à les imposer. peu de personnages mais très bien définis en revanche. La téméraire infraction à cette loi est responsable de la confusion et de l’ennui fastidieux de tous les films policiers. »uMettre toutes les cartes sur la table. Ne pas planquer une carte importante dans sa manche que l'on sortira par magie au dernier moment. Le lecteur ainsi aura tout le nécessaire pour trouver lui-même la réponse à sa plus grande satisfaction. Se méfier de l'utilisation souvent abusive de particules de cendres que découvre Holmes dans le dos du lecteur. Encore plus rédhibitoire, faire surgir un total inconnu comme coupable.avarice ou économie de moyens... utiliser les éléments déjà trouvés pour configurer le ressort de l'histoire, ne pas multiplier ses éléments à l'infini, se méfier du don d'ubiquité. La solution doit être claire et nette et pouvoir se déduire des ressources déjà mis en jeu. Il s'agit simplement de les réorganiser d'une autre façon pour le solution devienne évidence.insister plus sur le comment que sur le qui. Autrement dit pas la peine à chercher un nom de personnage qui claque on s'en fout, ce qui compte c'est le nouvel ordre logique que l'on découvre à partir de ces ressources restreintes et qui tout à coup confère au récit une nouvelle clarté .la mort comme une ouverture au jeu d'échec. Pas la peine d'en faire des tonnes, de fournir des descriptions morbides avec force d'hémoglobine de couinements de hurlements. Laissons cela aux américains qui adorent l'exagération et les pieds dans le plat. Se souvenir plutôt de cette phrase « Les pompes de la mort n’ont pas leur place dans la narration policière dont les muses glaciales sont l’hygiène, l’imposture et l’ordre ». On notera une transgression toutefois dans le Noël d'Hercule Poirotd'Agatha Christie qui pour relever un défi utilisé le cri terrifiant, le sang qui coule abondamment , la scène brutale du meurtre comme clés a l'élucidation du récit.Nécessite et merveilleux de la solution. Ce qui signifie en même temps une seule réponse possible, mais qui surprendra totalement le lecteur, l'émerveillera... ( émerveiller doit dater d'une époque lointaine 1933, c'est très lointain) De ces règles je n'ai pris la peine de n'en relever que les 6 plus importantes. Suivent ensuite des considérations mineures par rapport aux précédents. -le dédain du risque physique... pas besoin de cascades. Le véritable récit policier repousse – ai-je besoin de le préciser – avec le même dédain les risques physiques et la justice distributive. Il fait abstraction, avec sérénité, des cachots, des escaliers secrets, des remords, de la voltige, des barbes postiches, de l’escrime, des chauves-souris, de Charles Baudelaire et même du hasard. ( sur ce point dommage pour moi j'aime bien voir surgir Charles Baudelaire à tous les coins de rue) -Renoncer aux jugements et considérations moraux sauf si c'est pour promouvoir une nouvelle législation et que l'on sera payé dans ce but expressément ( si possible d'avance ) Le hasard ne sert qu'à l'auteur, il ne doit pas servir ou tromper trop abusivement le lecteur. Autrement dit se souvenir que la crédulité de celui-ci est extensible jusqu'à ce que l'élastique pète. Personne n'aime sentir sa culotte tomber sur ses genoux. Nul intérêt non plus de s'étendre sur la vie privée de l'enquêteur tout le monde sait qu'il ou elle est divorcé et amoueux(se) de l acteur(trice) principal(e). voilà, yapluka imprimer ça et le coller sur le mur ; puis le lire pour tenter le plus souvent possible de le contredire évidemment .|couper{180}

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la seconde partie du Quichotte

Miguel Cervantes, je l'imagine écrire dans la fougue toute la première partie du Quichotte. Puis il se relit. C'est de cette relecture que naîtra l'amertume et la seconde partie de l'œuvre. Non parce qu'elle n'est pas un chef d'œuvre. Mais parce qu'il a creusé si loin dans la dent qu'il a découvert le nerf, que la trouvaille résoudra l'homme en poudre au bout de la douleur. Ensuite le vent balaye les rues, de nouveaux homoncules poussent dans l'humus, et tout recommence à la fois de la même façon et en même temps différemment. L'apparence nous sauve en même temps qu'elle nous tue les uns après les autres.|couper{180}

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l’horrible et le merveilleux

Le merveilleux, sa fonction, sa nature, me fit douter très tôt. Bien que je n'ai pu poser des mots sur mes doutes à l'époque. Les contes de fée m'attiraient. J'ai du en lire des dizaines en boucles dans l'enfance. Ils me faisaient pénétrer dans un univers simple, la magie n'était rien d'autre qu'un outil pour aider à construire cette simplicité. Mais je n'aurais pu avoir un tel élan vers le merveilleux sans l'horrible que je traversais au quotidien. Un père colérique et violent, une mère inconsistante, un chien qui ne faisait la fête que pour obtenir des croquettes, une institutrice mal baisée qui déversait sa frustration sur nos charmantes têtes blondes, un instituteur qui prenait plaisir à nous taper sur les doigts avec une règle en fer, j'ai baigné dans cette violence toute mon enfance et les rares moment d'apaisement que je trouvais c'était dans ces livres, ces contes de fée que je lisais à la lampe de poche au fond de mon lit. Le héros finissait toujours par s'en sortir, et par un phénomène mystérieux de capillarité l'espoir que je puisse aussi m'en sortir renaissait régulièrement du plus profond de mon désespoir. Je crois que sans ces lectures j'aurais pu encore plus mal tourner que je ne l'ai fait. J'aurais même pu me pendre ou me jeter du haut du pont qui relie La Grâce ce quartier où nous habitions du bourg de Vallon en sully. mais la morale ou une certaine forme de sagesse populaire, ancestrale que j'avalais comme une pilule contre les parasites émiettée dans une assiette d'épinards me sauva, du moins provisoirement. Peut-être qu'à la fin je me suis réfugié à ce point dans les contes que je finis par adopter leur point de vue totalement. Que quelques soient les écueils les épreuves rencontrées et à cette époque elles étaient légion, tout finirait bien. Happy end comme on dit désormais. Ce que je ne savais pas c'est que l'on développe cette capacité à s'évader dans le merveilleux qu'à fortiori on baigne dans l'horreur. C'est très équilibré, au scrupule ou soupçon près. Ainsi ceux qui vivent des vies normales n'ont pas cette propension à vouloir s'en inventer d'autres. Ils sont normaux et ils ne songent pas un seul instant à s'écarter de cette norme. J'en ai souvent été étonné, mais plus souvent encore meurtri. Je découvrais la différence provenant de l'éducation, de la situation sociale, d'une chaîne interminable de conséquences à la fois historiques économiques' et sociales, ensemble de paramètres qu'un gamin ne peut qu'ignoré par définition. Mais qui constitue néanmoins un obstacle parfaitement réel, solide, suffisant pour se casser le nez. Walt Disney n'était pas encore ce pourri qui fricotait avec les nazis, on pouvait pénétrer dans ses films en toute innocence. Cette innocence qui nourrit les perversions les plus crasses de ce type d'individus et toute la clique de ses semblables. Le merveilleux de Walt Disney m'est devenu insupportable à voir et je ne dis rien quand je vois mes petits enfants regarder un de ses films à la télévision,. Ils ne seraient pas en mesure de le comprendre bien sûr. Sans oublier que mon épouse me tomberait dessus en déclarant que je vois tout en noir. La notion de l'horrible et du merveilleux sépare les êtres suivant leurs relations à ces deux mots, à l'histoire qu'ils auront bâtie grâce ou à cause d'eux. Parfois il n'est pas rare que l'on me dise que j'ai trop d'imagination, on me l'a toujours dit d'ailleurs, et au bout du bout le doute m'est venu, j'ai aussi fini par l'accepter ou le croire aussi. C'est que cette solitude dans laquelle m'aura placé ma propre expérience ne peut se dire directement et à voix haute et j'ai passé ma vie entière à tenter de trouver des subterfuges pour tenter de dire cette expérience tout simplement parce qu'elle est insupportable. C'est cependant un poids beaucoup trop lourd pour d'autres épaules que les miennes je l'ai compris aussi désormais. On ne peut pas transmettre ainsi les choses ; qu'elles appartiennent au domaine de l'horrible comme du merveilleux, il faut passer par des médiations.|couper{180}

l'horrible et le merveilleux

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Bulle

N'importe qui, n'importe quoi peut être un maître à condition que l'on se place dans la situation d'être élève. Hier j'ouvre Twitter et je tombe sur le fil d'actualité. Une chose me gêne presque aussitôt c'est de voir toujours les mêmes publications, les mêmes personnes, le même contenu avec peu de variation. Me vient l'image d'un bocal dans lequel nage un poisson rouge. Un petit bocal, un gros poisson qui tente de nager mais se heurte aux parois de verre.Un poisson rouge qui devient cinglé quand il comprend qu'il se tient enfermé dans un bocal exigu. Une bulle. Comme l'expression chacun dans sa bulle. Bien sur les spécialistes des réseaux le savent, nous fabriquons nous-mêmes cette bulle. Il suffit de liker un compte voire de s'attarder quelques instants sur son contenu pour que l'algorithme comprenne que nous sommes attirés et qu'il ne cesse ensuite de nous représenter tous les contenus postés par tel ou tel compte ; ou des contenus se rapprochant de celui-ci. A terme ce sont nos élans, notre intérêt, nos actions sous forme de clic, de like, de commentaires qui constituent cette prison qu'est le fil d'actualité. Pourtant j'ai bien tenté d'épurer au début, de ne pas m'abonner par exemple à trop de comptes traitant de sujets variés. Je me suis cantonné à la littérature et à la peinture. En privilégiant surtout la littérature. Et donc j'ai les mêmes personnes qui tournent en boucle sans relâche sur ce fil d'actualité. Un éditeur grognon qui incite à lire les bouquins qu'il traduit ou publie. Un poète qui alterne caviardages et phrases stylées pour nourrir un Hashtag. François Bon et ses vidéos d'une minute où il invente des morceaux de biographie d'écrivains, quelques participants à l'atelier d'écriture dirigé par lui, Et puis quelques autres encore éditeurs, écrivains, littérateurs, blogueurs comme Thierry Crouzet, Arnaud Maisetti etc. Ces derniers jours j'ai perdu le contrôle en m'abonnant à un groupe d'artistes qui tente de vendre des NFT, aussi suis-je envahi par ces bidules désormais qui tournent eux-aussi en boucle dans ce fil d'actualité. Bref la même chose exactement que j'avais déjà constaté sur Facebook, sur Instagram et même ici sur Wordpress. On ne reste jamais que dans ce que l'on a soi-disant choisi de voir. Ce qui provoque chez moi une angoisse. Et cette angoisse m'entraîne souvent à vouloir fermer les écoutilles, à ne plus vouloir me connecter à quoique ce soit. Je dois donc faire cet effort de me connecter en dépassant cette angoisse comme cette certitude de toujours tomber sur la même chose cette bulle cette prison. Ensuite je me dis que c'est un point de vue personnel lié à une histoire personnelle. Je repense encore à ce rêve que je faisais vers l'âge de 4 ou 5 ans après que nous ayons déménagés de Paris pour La Grave. Ce cauchemar affligeant dans lequel je me retrouvais terrassé au sol par une multitude de gnomes affreux et grimaçants. A ce moment là je leur disais que je savais que j'étais dans un rêve et que je pouvais me réveiller quand je le désirais. Et effectivement quand la situation devenait trop pénible, ennuyeuse surtout, je me réveillais, me tournais sur le côté opposé et me rendormais pour visiter d'autres rêves plus attrayants. Il y a un lien entre ce rêve et ce que je constate aujourd'hui vis à vis des algorithmes. impression d'être poursuivi, cloué au sol, ligoté par des boucles de programmes invisibles mais que je peux interpréter ou traduire comme étant ces gnomes affreux et grimaçants. Maintenant pourquoi un tel point de vue... pourquoi une telle angoisse... il s'est forcément passé autre chose avant qui aura déclenché tout cela, pour que j'adopte ce point de vue et pas un autre. Du coup sueur, malaise, j'ai déjà fumé cinq cigarettes à la suite avant de me mettre au boulot ce matin. l'effroi m'atterre totalement de penser que ce point de vue est une construction purement imaginaire, qu'à l'extérieur de moi n'existe aucun ennemi, que tout vient de ma putain d'imagination qui sécrète sans relâche un nuage d'encre et de folie pour tenter de panser une plaie sur laquelle je ne peux jamais poser le doigt.|couper{180}

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notes sur l’égarement.

L'idée d'un roman ne peut être précise, tout comme l'idée d'une peinture, je pense à cela après avoir écrit ces deux textes ce matin. C'est une réflexion qui remonte à loin je crois, dès la petite enfance. Il suffit de remplacer le mot roman par journée, par avenir, par amour. Ce refus de précision comme le dégoût pour tout plan préalable. C'était sans doute puéril, ce l'est toujours, mais au delà de ce jugement hâtif pour tenter de rejoindre une norme, je sens qu'il y a autre chose que de la puérilité. que cette puérilité n'est qu'un mot facile pour n'indiquer qu'une surface. Une bille d'argile dont on ne voit jamais que sa rotondité et quelques imperfections parce qu'on l'aura utilisée tant de fois qu'elle s'abîme avec le temps. A l'intérieur de cette bille il y a quelque chose de très précieux, c'est précieux en raison de la matière même dont elle est constituée, cet argile, cette matière que l'on trouve partout et dont on fabrique des pots des vases des réceptacles en tout genre. Mais je ne vois pas un vase, je vois une bille. C'est à dire quelque chose que le temps, les intempéries auront poussée à prendre la forme d'une sphère pour se survivre, pour résister à sa propre idée de disparition. Ou pour la retarder le plus longtemps possible. Une matière chose, un corps, s'est mis en boule et n'offre plus aux regards que courbes et texture lisse. Avec peu de traces de défauts mais un minimum tout de même, suffisant pour passer inaperçu. Et je dis puérilité avec toutes les bouches, les voix du monde. Alors qu'il s'agit au contraire d'une sagesse fondamentale de la matière. Une bille d'argile ne peut-elle pas être un amour, une journée, une vie, un roman... La puérilité vue ainsi certainement aussi. L'égarement d'un mot vers un autre est-il un hasard. Et si je laisse tomber tout but toute idée préconçue de roman, d'histoire, que vais-je encore découvrir... Tout ce qui serait écarté comme cette bille qui s'écarte de plus en plus, qui continue de rouler au sol en filant droit son chemin, jusqu'à toute bifurcation qu'elle rencontrera.|couper{180}

notes sur l'égarement.