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sens commun sens unique
Lyon est une ville tellement mystérieuse. La première chose qui me surpris lorsque je voulu prendre ma voiture pour me rendre à ce nouveau job, c'est l'incroyable nombre de rues à sens unique. Notamment à partir du quartier de la Guillotière pour se rendre à Montplaisir. J'ai dû m'y reprendre plusieurs fois avant de découvrir l'itinéraire alambiqué qui fut le seul d'ailleurs que j'empruntais par la suite malgré mes différentes tentatives d'évasion ou d'exploration. Le seul qui reponde à la fois à quelques critères importants : un trajet court, efficace, sans bavure. D'autant que les places de parking sur le lieu du travail étaient rarement disponibles. Il fallait arriver tôt au moment où d'autres qui vivaient là se rendaient dans d'autres lieux par d'autres itinéraires laissant enfin une place libre. Lyon est à l'image de sa circulation complexe. On ne rencontre pas ici les gens de but en blanc, il est nécessaire de passer par la cérémonie des réseaux, être soudain invité, rencontrer d'autres convives, échanger quelques mots généralement prudents, réitérer l'opération parfois plusieurs fois, jusqu'à ce que l'on sorte à un moment ou un autre le fameux agenda pour prendre une date Ce qui m'a évidemment fait drôle, car j'ai une sainte horreur des agendas, de l'emploi du temps en général. Sauf en situation professionnelle bien sûr, car on ne peut pas y couper. Les lyonnais sont méfiants de nature, ils ne se lient pas facilement, il faut du temps, de la patience, un peu d'obstination à vouloir aller vers les gens, tout ce dont je ne dispose pas naturellement. De plus en tant qu'ancienne capitale des Gaules, la ville ainsi que ses habitants, du moins ceux que j'ai rencontrés, ont à peu près le même genre de sentiment envers la véritable capitale que les vaudois pour la France voisine.Ils aimeraient en être mais ils n'en sont pas vraiment. Ils sont tiraillés par des contraires. C'est pour cette raison sans doute que l'on trouve dans la ville des ponts qui portent le même noms que ceux de Paris, et même une tour Eiffel un peu ridicule sur la colline de Fourvière, dont la Basilique n'a rien elle à envier en mocheté au fichu Sacré-Coeur. J'ai mis du temps à m'habituer à la ville comme à ses habitants. De là à les aimer vraiment il me faudra encore du temps probablement. Disons aussi qu'effectuer une telle gymnastique pour approcher l'amour ou l'amitié est en contradiction avec ma paresse naturelle, pour résumer. Paresse qui n'est pas un défaut, ou du moins pour être franc qui ne l'est plus. Déchiffrer la paresse, s'approcher d'elle suffisamment et l'écouter aura été je crois l'une des aventures les plus précieuses de ma vie. C'est même à partir de ce jour béni que j'ai décidé de ne plus trop m'attarder dans le sens commun, comme dans les voies sans issues, et de m'équiper d'un GPS pour éviter les sens uniques.|couper{180}
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interpreter
-c'est une maladie chez toi que de toujours vouloir tout interpréter. -c'est une maladie chez toi de tout avaler sans prendre le temps de mâcher. réplique t'il du tac au tac. C'est deux là s'étaient trouvés. Je sirotais une bière en terrasse, c'était la fin de journée, La place de l'Odeon était le dernier bastion de lumière, les environs, dans quoi je me tenais, silhouette anonyme parmi les anonymes sombraient peu à peu dans la pénombre. Mais soudain ces deux voix m'ont extirpé de ma torpeur. Il y a aujourd'hui des décennies que j'ai du noter cette petite scène. Je croyais l'avoir totalement oubliée. Et ce matin à propos de quelques pièces de monnaie pour aller acheter du pain- j'en achete toujours beaucoup trop- tout m'est revenu d'un coup.|couper{180}
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grondements
huile sur toile 40x50 2018. Je n'entends plus les grondements des chiens. cette déchirure. ce divertissement. cette distraction. le livre que je lis les a effacés. Toute l'attention est tournée sur elle-même et va à l'être. l'attention attentive à l'attention. fixité. Immensité. un temps se recompose par la lecture, une parole visible avant de l'entendre . Patience et impatience enlacées. ADN. hélicoïdal. puis tout à coup le chat miaule. croquettes. L'intention du chat. Plus forte que l'obstination humaine à vouloir déchiffrer les voyelles entre les consonnes. Mais le mouvement lui-même est signe de guérison.|couper{180}
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résolution
La peinture est une énigme qui propose une énigme comme résolution Cette résolution comment vient t'elle, c'est aussi une énigme. Il est difficile de vouloir conserver le contrôle jusqu'à ce qu'on le perde, au bon moment, jusqu'à ce moment où l'on passe le relais à la vie, à l'être. Peindre c'est peut-être apprendre à sentir ce moment tout simplement.|couper{180}
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il ne serait pas étonnant
Acrylique sur papier 2023 qu'il y ait du soleil qu'il y ait de la pluie qu'il y ait de la neige qu'il fasse beau que le temps soit maussade que le frigo soit vide que le frigo soit plein qu'une saucisse grille qu'une cigarette touche à sa fin que l'enduit se détache partiellement de ce mur que la peinture s'écaille que le poisson rouge baille que l'idiot reçoive un gage que le sage reçoive un hochet que je me remette au bilboquet que je retrouve un pot au lait que la vache devienne impie que l'orange pourrisse que l'aiguille montre son chas qu'un ballon s'envole qu'éclate un rire sonore que coule une larme de rosée que j'arrive en retard que je fasse le pied de grue que je chausse mes gros sabots que j'use mes semelles jusqu'à la corde qu'un OVNI se pose sur la pelouse que je possède une pelouse que je dise en boucle des bêtises que la force cinétique soit avec moi que j'écrive un poème un jour.|couper{180}
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transversales
ce que je vois n'est pas un objet mais un immense réseau d'images appartenant à des domaines considérés comme séparés, étanches les uns des autres. La lettre, j'en reviens au présent à son origine, à la première idée de maison, de taureau, de femme, toutes les strates me sont simultanément et de façon permanente accessibles. Mais c'est un jeu de poupées russes, un jeu qui amuse la pensée, l'intellect. qui fait fuir la raison en se donnant toujours de bonnes raisons. Il s'agit surtout d'un phénomène d'abstraction qui permet de traverser les rêves, les définitions, les frontières, le temps. Ce phénomène est-il cause ou simple conséquence fortuite. aucune idée. Et pourquoi faudrait-il toujours avoir une idée. Je vois les choses toutes reliées les unes aux autres c'est ainsi. La peinture, la maçonnerie, l'électricité, les mille et un job par lesquels je suis passé, et désormais l'écriture. Aucune différence. c'est un apprentissage effectué par transversales. Ensuite l'esprit analogique est relégué dans des sphères considérées avec mépris, Primitif, voilà le mot. c'est pourquoi je n'ai plus rien dit, j'ai tout gardé pour moi. Non par peur, mais parce qu'il s'agit d'une expérience que l'on ne peut pas partager. Ce que j'en dis ici, ce que je pourrais en dire ailleurs, il me semble que ce sera toujours d'une pauvreté affligeante. Aujourd'hui je crois que je m'entendrais mille fois mieux avec un indien d'Amazonie, de plus sans un mot, qu'avec mes voisins. ces derniers ayant jeté aux oubliettes cette notion de transversalité de la connaissance.|couper{180}
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soutien
Se soutenir. Être soutenu. Antienne. Prière en boucle. Mantra. Tuteur et maintien Ce vieux manche de balai dans le c... Observer la nature pour se rendre compte que chaque chose se soutient d'elle-même.Par la torsade, l'asymétrie, créant l'équilibre par une succession de tests, de tâtonnements, de déséquilibres. Et l'on voudrait être soutenu, soutenir quoique que ce soit. Mais c'est entraver l'autre ou soi. Et souvent celles et ceux qui voulaient me soutenir se seront écroulés après mon départ. Je vois tout à fait ce phénomène avec le chèvrefeuille dans la cour ce matin. Il s'agrippe aux branches de l'olivier voisin, bientôt si je laisse faire il l'étouffera. L'olivier en pot n'a pas choisi d'être ici. J'en suis responsable depuis que je l'ai rapporté de la jardinerie. Ce niveau de responsabilité justement s'il fallait un vrai tuteur. Trouver en soi un soutien qui tienne dans une durée. un soutien indéfectible.|couper{180}
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trouve
Le Douro, Porto. l'histoire. un ailleurs. Eldorado. Se souvenir des visages aperçus sur les quais du Douro, à Porto. Visages calmes, paroles mesurées, aucune exubérance. Le retour de Vasco de Gama s'en revenant de son idée d'Eldorado. Il faut partir loin trouver même l'or pour comprendre qu'il n'est qu'illusoire. La terre natale, un Eldorado à l'envers. On se rapproche d'une idée de l'Ici. Elle s'enfuit. Il n'y a donc qu'au présent que le récit trouve sa raison d'être ou sa folie. Dans ce que l'on trouve immédiatement sous la semelle. En évacuant les peut-être les si, les comment, les parce que. Trouve au présent, demain est une abstraction. Trouver plus vite que la pensée.|couper{180}
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ubuesque
note autobiographique d'Alonso Quichano Carnet 2 Février 1982, Cagliari, Sardaigne. ..."Comprenez-moi lui dis-je, il m'est absolument nécessaire de passer par l'ubuesque pour approcher d'environ un kilomètre ou deux la réalité Vincente Guez leva les sourcils très haut, et je notai qu'ils étaient moins épais que je ne l'avais observé quelques minutes auparavant. Enfin elle me prit la main, la serra affectueusement dans la sienne puis colla brusquement ses lèvres sur les miennes. L'odeur de sa peau était noyée dans un parfum familier , je reconnus celui du talc Azura. Mon cœur se mis soudain à battre la chamade. Peut-on s'emballer ainsi juste en respirant un parfum. Mystère. Puis elle me parla de ses projets, elle voulait sauver la planète, devenir médecin pour s'envoler vers les pays du tiers monde, et je ne sais quelle ineptie supplémentaire. Ce qui me remis d'aplomb derechef. Avec un peu de chance et d'habileté je pourrais en finir avec elle le soir même. "|couper{180}
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Mise en page
Illustration, peinture de Bram Van Velde Prendre un texte existant, l'agencer à nouveau en prenant comme unité ( syntaxique ?) la phrase sans tenir compte de sa logique première Désordonner un texte Réordonner un texte chambouler l'ordre premier des paragraphes Modifier la taille des caractères Modifier la graisse des caractères Alterner les blocs entre normal, italique, gras des critères arbitraires Quel serait le but d'écrire un roman, une nouvelle, une fiction à la place de ces chroniques interminables sinon faire une pause dans cette continuité. . Quelle est la raison, l'intérêt qui ne deviendra pas ennui presque aussitôt commencé ? Puis on se heurte rapidement à la coquille, on bute sur celle-ci et l'écriture s'interrompt. Il y a toujours un symptôme, un signe où l'on peut sentir cette interruption, et qui serait comme l'exploration d'un premier cercle de propos, d'idées toutes faites, de ce qui vient naturellement, sans effort, des idées qui planent dans l'air du temps. Car ce symptôme nous indique que l'on est en train de se dissimuler quelque chose d'important à soi-même. Donc quel est ce mouvement sinon celui de partir de ce que tu crois être une réalité mais qui n'est jamais autre chose qu'une coquille dans laquelle tu te découvres enfermé, dont tu défiles le contenu à partir d'un point de vue arbitraire, et que tu tentes ainsi d'épuiser. Cette décision qu'implique-t'elle de si effrayant que tu refuses toujours de la prendre ? Et qui te dédouane par conséquent de toute maladresse ou faute puisque tu trouves toujours une facilité surprenante pour expliquer à chaque fois maladresse et fautes. N'est-ce pas là la fameuse fiction à quoi mène l'exploration forcenée de cette prétendue réalité. Est-ce pour toi si angoissant de faire peur à quelqu'un d'autre qu'à toi-même. Mieux -ou pire encore -que pour toi toute réalité n'est qu'une fiction qui ne veut pas s'avouer comme telle ; puis au bout du compte, l'insolite que tu attendais sans l'attendre, n'est-ce pas cette porte grande ouverte qui donne désormais sur la folie ? C'est ce qui me vient en premier lieu. Inventer une histoire, un ou plusieurs personnages, les mettre en scène, éviter les digressions, s'appuyer essentiellement sur l'action, n'utiliser les descriptions que dans le but de renforcer ces actions et ces personnages, l'histoire Comment surtout ordonner tout cela pour que je ne laisse pas tomber quelques jours après avoir commencé, comme je le fais si souvent. . Dans ce que je comprends de mon intérêt pour les exercices de ces ateliers d'écriture c'est l'usage de la fatigue pour briser une coquille, celle d'un œuf confortable, dans un premier temps, et à l'intérieur duquel on se complaît à écrire au fil de l'eau. Ce qui à la relecture crée une sensation désagréable de déjà-vu, de banalité ; même si la forme dans laquelle ces idées sont exprimées est élégante, précieuse, sophistiquée, etc. N'est-ce pas surtout de ce déjà-vu de cette apparente banalité qu'aussitôt naît l'ennui ? Une porte de sortie sans doute, et que l'on s'obstine à ne pas vouloir voir. un objet insolite qui t'aidera si tu acceptes de le suivre de te rendre vers une porte puis une autre pièce, un autre œuf, un autre texte, totalement différent du précédent en apparence Tu tentes de l'épuiser mais c'est un désir ambigu car tu vois bien que tu t'y accroches dans un même temps, que tu n'oses pas vraiment prendre cette décision de suivre ce qui, insolite, te convie tout à coup à t'en extraire. Est-ce vraiment comme tu aimes le croire de lâcher prise ou, au contraire, d'être tout à coup encore plus vigilant à ce qui s'écrit sous ton nez, dans cette apparente autonomie, dans cette sensation si agréable ou confortable, presque rassurante d'autonomie. Tu serais même soudain tenter de te dire que ce sont ces fautes, cette maladresse la piste à suivre, parce que cette idée sonne juste, parce qu'elle excuse probablement ta réticence viscérale envers tout travail de relecture. A ce point du texte tu as envie de t'arrêter bien sûr, tu corrigerais les fautes qui te semblent les plus grossières, tu essaierais de lisser ton texte, de justifier ce bloc, puis de le publier ainsi que tu as pris l'habitude de le faire chaque matin, tu pourrais te dire assez content de toi que le job est fait, mais quelque chose de lancinant est là, comme un doute, n'aurais-tu pas dévoilé trop d'éléments qui dans le fond ne regardent que toi seul, qui ne seront qu'autant d'arguments pour que l'on se moque de toi, et qu'au bout du bout tu te mettes soudain à rire de concert en t'exclamant avec eux mais oui quel pauvre type je suis vous voyez bien, un pitre, un clown, rien de plus pourquoi auriez vous peur. Toute une économie de moyens à laquelle il faudrait penser en amont de la première phrase, sinon il me semble que ce serait encore refaire la même chose que ce que je fais depuis trop longtemps, c'est à dire vouer l'écriture au hasard. Autrement dit faire un plan, créer des fiches tant pour chaque personnage que pour chaque lieu, se documenter, amasser du matériel afin d'en extraire quelques informations suffisamment précises pour créer un effet, une sensation de réalité, rendre un tel texte crédible ne serait-ce d'abord qu' à soi-même. C'est à dire encore un projet qui m'incitera à conserver un point de vue différent de celui habituel associé au même, à la répétition du même sous toutes ses coutures On devrait s'arrêter d'écrire à partir du moment où ce premier symptôme de fatigue, d'ennui, apparaît, et surtout s'y intéresser. dans l'attente de voir surgir soudain un objet insolite qui t'aidera si tu acceptes de le suivre de te rendre vers une porte puis une autre pièce, un autre œuf, un autre texte, totalement différent du précédent en apparence mais qui traitera certainement d'une seule et même préoccupation, Maintenant, tu peux étudier plus attentivement le mouvement naturel de cette habitude d'écrire, accepter que les 500 premiers caractères ne sont qu'un échauffement pour balayer un champ de vision déjà connu, dans l'attente de voir surgir soudain mais qui traitera certainement d'une seule et même préoccupation, celle que tu ne voulais pas voir au début, que tu recouvrais de lieux communs. Ce qui signifie encore qu'un dieu ne peut faire d'erreur sans intention, chacune de ses intentions-erreurs contiennent-elles un secret, une énigme à déchiffrer. Un dieu qui se confond avec l'auteur qui n'est pas toi, ne peut l'être, ne le sera jamais. Une possession, comme si l'écriture te possédait qu'elle ne t'utilisais que pour exprimer quelque chose que tu ne comprends pas, qu'il n'est pas utile pour toi de comprendre, qu'il te serait au bout du compte interdit de vouloir comprendre, sous peine de l'assécher, de la voir s'évanouir, te laissant soudain irrémédiablement vide et seul, et ce d'une façon ontologique qui serait, d'après toi, au dessus de tes forces. Traduction de ce texte par l'intelligence artificielle avec la nouvelle option bloc AI beta Tu mets de l'ordre dans la mise en page de ta vie, tu déploies ton imaginaire pour chercher sa signification et tu es surpris que ta réalité soit ainsi, inlassablement mise à mal. Tu ne sais pas décider si tout est une infime partie d'un tout et si le tout est une puissante somme de ses Parties.|couper{180}
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Est-ce si dur
de dire aux gens ce qu'ils veulent entendre. Toujours la même chose. Comme on se croise dans la rue on dit bonjour comment ça va par réflexe sans même attendre la réponse. Pourquoi est-ce si dur de dire ce qu'ils attendent par politesse, par convention, pour ne subir aucun dérangement. Mais n'est-ce pas tout aussi dur de vouloir faire autrement. sans doute qu'entre les deux des possibilités de nuances existent, des milliers de gris colorés. Il faut conserver en mémoire cette possibilité, continuer sans abdiquer sans s'achever dans un silence total. dis une connerie, ce qui te passe par la tête. sois con, idiot, gentil méchant cruel faux-cul tout ce que tu dis n'est qu'un des mille bruits formant la clameur du monde, est-ce si dur de n'être rien de plus qu'un bruit parmi tant d'autres. Et si un jour tu pars vers le silence, ce sera aussi un silence comme un autre, rien de plus rien de moins, juste une pause entre deux bruits entre deux notes. Est-ce si dur de l'accepter ou de ne pas l'accepter . De renoncer au choix, de s'effacer ainsi. Tu entres dans la nuit, il ne fait pas froid, tout est désormais tranquille, limpide. L'eau qui s'égoutte des feuilles après la pluie, l'odeur de bois mort, la silhouette d'un oiseau là haut qui dort sur une branche, les ombres viennent à toi en amies, la nuit est claire plus d'inquiétude, le sentier apparaît sous tes pieds. Tu te tais, ce n'est pas dur, il fallait que ça vienne naturellement de ta propre nature.|couper{180}
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La reconnaissance
reconnaissance faciale ... Dans l'entreprise, la dernière où j'ai compris que je n'avais rien à y faire, à part être suspendu à l'attente d'un virement en fin de mois, j'ai découvert une chose qui sera par la suite le pilier d'une incroyable discipline. Cette chose c'est le besoin de reconnaissance. C'est un besoin profondément humain et lorsqu'il n'est pas satisfait il y a de grandes chances pour que le merdier s'installe. Pour je ne sais quelle raison ce besoin reste souvent logé dans une strate inconsciente. On n'y réfléchit peu. On se plaint quand le mal est déjà fait, quand une douleur se manifeste par petits signaux auxquels on ne prend pas garde, comme une dent qui commence à se carrier. Quand la douleur devient insupportable en revanche on serait bien en peine de trouver un dentiste. Le manque de reconnaissance ne bénéficie pas de guérisseurs patentés. Être reconnu en entreprise mais pas seulement, dans la vie de tous les jours, peut même devenir une maladie grave si on fait preuve de négligence, de laisser-aller. C'est pourquoi de plus en plus les entreprises y travaillent ardemment, avec leur logique d'entreprise, c'est à dire dans une perspective de rentabilité. On emballe évidemment ce mot de vivre ensemble ou d'autres substantifs et locutions à la mode, mais dans le fond ça ne modifie en rien le but, maintenant que tu es reconnu, bosses et rapporte. Ce qui crée une ambiance bizarre si, à un moment, on prend un tout petit peu de recul. On s'attarde sur des détails nouveaux, un sourire mécanique, une poignée de main faussement chaleureuse alors qu'on éprouve en même temps sa moiteur, une attention soudaine exagérée à la vie familiale, les enfants vont bien ? quelle classe déjà ? et le petit dernier a t'il fait ses dents ? bref tout un ensemble de questions qui, je livre ici mon humble avis, m'ont toujours parue chiantes et produisent un malaise encore plus grand que le net manque d'attention, de reconnaissance du jour precedent. Peut-être que cela fonctionne pour une majorité de personnes et je m'en réjouis pour elles mais pour moi pas du tout. Reconnaître l'autre ce n'est pas lui déballer tous les signes convenus, stéréotypés d'une idée de reconnaissance. Pas du tout. Cela demande bien plus de créativité que de suivre des templates. Créativité car il n'y a pas deux êtres humains semblables. Même si on a tendance par paresse à catégoriser les gens par groupes en leur collant une étiquette, c'est simplement une facilité due à la paresse, et aussi à un point de vue borgne. Borgne parce que fixé uniquement sur un but : que les choses se passent bien pour qu'on atteigne au résultat, souvent le pognon. Alors que l'on pourrait atteindre ce but de mille façons différentes, et dans une toute autre ambiance que celle crée de toutes pièces par des faux-culs, des handicapés du muscle cardiaque ou privé de la partie droite de leur ciboulot, là où se loge l'intuition, la sensibilité artistique, une appréhension de la durée totalement contraire à ce qu'elle est quand elle suinte du cerveau gauche. La non reconnaissance est très proche d'une reconnaissance standardisée. On fini plus ou moins par éprouver le même manque, la même douleur, la même amertume, le même ressentiment et pour finir la même colère. Et bien sûr on se place suite à cela comme victime. Et bien sûr on trouve des ennemis responsables de ce fait, et ils sont faciles à trouver. Se passer de reconnaissance est-il possible ? ce serait la solution à de nombreux maux. Six mois environ avant mon départ de cette entreprise, la dernière de toutes, j'avais cru trouver une excellente parade au besoin effréné de reconnaissance. J' ai installé un jeu vidéo sur mon ordi au boulot et j'ai commencé à jouer. Au début quelques minutes par ci quelques minutes par là, puis à la fîn toute la journée. C'est à dire que je torchais la charge de travail à faire en à peine une heure, et c'est la plupart du temps tout à fait possible, puis je rentrais dans mon avatar sur le jeu video. Ils sont bien fichus ces jeux. Vous avez là aussi un certains nombres de taches à cocher, mais par contre, au bout de chacune on vous remercie, vous gagnez un nouveau pouvoir, des pieces d'or, des vies supplémentaires etc. Pour un type en manque permanent de reconnaissance ça ne peut pas tomber mieux, c'est le nirvâna. Sauf que la reconnaissance que l'on vous accorde dans le jeu vous y attache tellement que vous ne pouvez plus en sortir. Du coup vous percevez le monde en dehors encore plus lamentable, égoïste, etc etc... et donc vous retournez le plus vite possible, dans votre bulle ludique refaire le plein de reconnaissance, qui rétribuera honnêtement enfin tous vos efforts. Tant que vous payez l'abonnement tous les mois. Tout me fatigue vite, c'est un effet de l'âge, de plus en plus. La connerie, la mienne celle des autres, me fatigue. Parfois je rêve d'un monde autre évidemment. quelques minutes à peine , car je sais que c'est un rêve dont il faudra se réveiller tot ou tard en urgence. La solution fut donc de tout arrêter. Le jeu, le boulot, puis me tirer de là. Prendre le temps de réfléchir. Ce n'est pas venu d'un coup. Il aura encore fallu que je me casse beaucoup de fois les dents avec cette affaire de reconnaissance. Je ne vais pas tout énumérer ici, ce serait beaucoup trop long. Tenter de se passer d'un besoin essentiel n'est pas une petite affaire. Mais avec ténacité, persévérance, on parvient à tout, ou à peu près. Désormais aussitôt que j'éprouve une légère douleur au niveau de mon besoin de reconnaissance, j'y suis attentif. Comme un entomologiste à propos d'une nouvelle espèce de chenille ou de parasite. Je prend ma loupe et examine attentivement tous les tenants et aboutissants de l'histoire que je me serais racontée à moi-même. Et il n'est pas rare que je remonte au faux-pas qui aura entraîné ce trébuchement. À cet instant mentalement je rectifie mon assiette et la douleur étrangement disparaît au même moment. Il n'est pas totalement sot de penser qu'à la fin des fins je pourrai me passer totalement de toute velléité de remerciement comme de reconnaissance, je serai enfin un homme libre et pourrai par conséquence, il faut aussi l'espérer quitter ce monde sans le moindre regret. Ce type est passé nul ne l'a reconnu comme épitaphe svp.|couper{180}