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Des lits et des barques

Ophélie de Millais. Nerval sans doute y est-t'il pour quelque chose en raison d'Aurélia inachevée ou la troublante Ophelia allongée sur le lit de la rivière les yeux mi-clos. L'Egypte pharaonique et ses graffitis funéraires aussi ne manquent pas à l'appel. Et bien sûr ton père qui ne se lève que par pure obligation professionnelle, qui, tant qu'il le peut, reste allongé comme un potentat romain sur le canapé du salon, ou bien le week-end entier dans son lit à lire ses romans policiers. La recension des images et leur accumulation progressive à propos du lit et de la station couchée remonte certainement à des vies plus qu'antérieures, des existences antédiluviennes, peut-être au-delà encore des 200 000 ans, date convenue d'une énième période glaciaire. Et simultanément à des connaissances acquises au travers d'univers parallèles, chipées au plus profond du tunnel du néant, ici où là-bas, dans l'immense réservoir d'une bibliothèque akashique. Dans un lieu, un espace, où nulle temporalité ni ponctuation cardinale ne sauraient être considérés autrement qu'à l'instar de vétilles. Et qu'une idée de navigation en découle par association puisque on s'embarque ainsi vers la frontière entre veille et sommeil, cette rêverie. Des lits comme des barques oui mais la navigation n'est ni côtière ni hauturière. Pas de sextant ni d'horizon. Il n'y a pas de cap à décider.Il suffit de sauter le pas, de s'abandonner à la verticalité originelle d'un axe -certainement imaginaire, donc aussi réel que le réel, et qui parfois prodigue l'impression d'une lévitation ou tout l'inverse, une incursion dans la noirceur des pires cauchemars. Cependant c'est la frontière qui fascine et non ce qui advient au-delà. Tentative de résolution de l'insoluble entre matière et âme, entre conscience comme définition biochimique de savants imbus de leur science et cette ubiquité magistrale dont la contrepartie est ton absence en tant que pion dans un espace-temps. La frontière entre veille et sommeil et l'obole à Charon. Ta disparition. Une répétition au sens théâtral. A chaque fois que tu t'allonges sur un lit c'est sûr que c'est pour t'éteindre et tester ainsi le mourir. Pour tenter de percevoir un au-delà de toi-même. Et encore aujourd'hui tu t'allonges toujours dans le lit dans cette barque pour voguer dans l'immanence.|couper{180}

Des lits et des barques

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sensation du lit

peinture Gérard Garouste Toute la nuit fut marquée au sceau du lit. J'ai dressé mentalement l'inventaire de tous les lits dans lesquels j'ai dormi. Il y en a beaucoup, énormément. Une véritable pagaille de lits en tout genre. Des gros lits double de bois massif de mon enfance ( presque certain qu'ils sont de chêne) aux lits simples, paillasses, ou lits de camps, lits de fortune ou d'infortune et qui ne nécessitent pas de description trop précise aujourd'hui. Car le seul, l'unique lien que je suis en mesure de créer dans cette multitude hétéroclite c'est la sensation d'être allongé dans un lit. Et même pendant que j'y songeai soudain allongé dans un nouveau lit cette nuit, je me disais qu'elle n'avait pas changée, qu'elle était là même, exactement et ce quelque soit la modification qu'aura subit le corps au fur et à mesure de ses levées et couchés. La sensation d'un corps en sécurité dans une durée temporaire. Une sécurité crée de toutes pièces bien sur par la volonté de s'allonger, de se recueillir entre les draps, sous un édredon, une couette ou simple couverture de laine, peu importe. L'invention enfantine d'une sécurité protectrice qui n'aura jamais eu de cesse de se mouvoir en silence de lit en lit durant toute une vie, et ce quelque soit l'entourage, le pays, la joie ou la peine éprouvées durant la station debout du corps, quelques soient les pensées envahissant la tête, quelque soient les chagrins obscurcissant le cœur. Et que ce corps soit hébergé dans un château, un appartement luxueux, un pavillon de banlieue, une cabane de pêcheur ou dans les bois, tout au nord du Portugal, sans confort, cette sécurité protectrice du lit n'a jamais failli. Et quand bien même est-elle pure illusion, l'empreinte qui a marqué entre le corps et le lit cette relation de confiance, je ne puis la défaire par la raison ni le discernement, elle reste toujours bien vivante. Jusqu'à me demander parfois si cette chaleur humaine ressentie lorsque je n'y étais pas seul, n'est pas, elle aussi une invention salvatrice, une sensation dans laquelle on prend habitude de refuge tout autant que lorsqu'on est seul à réchauffer les draps glacés d'un lit par la température de son propre feu. Un lit unique au demeurant et qui vogue au travers les vicissitudes de l'existence.|couper{180}

sensation du lit

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Profondeur et surface.

Exposition Munch au Musée d'Orsay. « Ah ! ces Grecs ! Ils savaient vivre ! Pour cela il faut, bravement, s’en tenir à la surface, au pli, à l’épiderme, adorer l’apparence, croire aux formes, aux sons, aux mots, à tout l’ Olympe de l’ apparence ! Ces Grecs étaient superficiels – par profondeur" (Pourrait-être une citation de Nietzsche) Quant à l'exposition de Munch au Musée d'Orsay visitée dimanche du premier de l'An il faudrait rassembler les impressions perçues, dénouer ce noeud de contradictions, résoudre une grande confusion d'émotions. Car voir de visu les œuvres d'un peintre est fort éloigné du fait de consulter celles-ci imprimées sur les pages d'un livre. Être ainsi en prise directe avec la vibration du tableau, sa réalité si l'on peut dire. Tout d'abord je me demande si je ne suis pas déçu par quelque chose sur quoi j'ai du mal à poser des mots. Dire que la facilité, l'aspect brouillon, les couleurs ternes, m'ont rebuté serait inexact. Le propos n'est pas de faire de belles peintures évidemment, le Norvégien paraît-être animé par un soucis de justesse qui pour le peintre que je suis va bien au delà des tableaux eux-mêmes. Autrement dit -en autodidacte- faire avec les moyens du bord pour aller au plus près de ce que l'on désire exprimer. Sans se perdre dans le fignolage notamment des extrémités, mains et pieds. Ce qui procure en première impression la sensation de bâclé avant de comprendre que c'est une volonté d'honnêteté qui se trouve ici à peine dissimulée. Et cette économie de moyens mise en œuvre afin de s'en approcher. Puis de ce point de vue ou parti pris des choses c'est ce même mouvement enfin que l'on percevra de tableau en tableau tout au long de la visite. Ce que m'apprend Munch c'est une volonté d'exprimer un paradoxe dans lequel la vie et la mort se tiennent telles qu'elles sont sans artifice. Et que le sentiment avec lequel ou sur quoi il s'appuie pour en rendre compte est l'économie de l'artifice ou de l'illusion. Une pudeur qui se manifeste par la maigreur des couches de peinture par exemple et dans les tons de brun, de violet, une faible chromaticité qui rappelle la peinture des flamands. En somme une peinture protestante. Il y a toujours une recherche d'équilibre entre l'austérité et la couleur vive qui, chez lui, se résume en couleur froide et chaude - et qui est un fil conducteur servant à éclairer d'un jour inédit l'idée que je me fais de cette austérité, au premier regard peu engageante. Une autre pensée est la réutilisation d'une idée sur laquelle il revient, sorte de leitmotiv, et qui m'apprend ou plutôt éclaire mes doutes lorsque quelque réflexion vint de pratiquer moi-même ce recyclage. Cette notion de recyclage qui semble être importante aujourd'hui dans tant de domaines et à laquelle en peinture je me suis souvent refusé parce que pour moi recycler une idée c'est un peu tricher et ne faire que peu de cas d'une abondance que l'on imagine infinie. Et c'est étonnant de constater soudain la corrélation qui est en ce moment en train de s'effectuer dans la société d' aujourd'hui comme dans mes préoccupations personnelles, notamment via l'écriture. En résumé comprendre que l'abondance est une illusion, qu'elle nécessite des limites ou un cadre. qu'elle ne sert que d'ébauche ou de brouillon et qu'il est nécessaire peut-être même vital de la considérer comme telle. Comme une maladresse de débutant. Ce sont que des notes écrites comme elles viennent, une sorte de déblaiement. Rien de littéraire dans la façon de les énoncer. Et juste ne pas s'enfoncer de trop dans la profondeur de ce sujet car comme indiqué je ne fais que tenter de résoudre une grande confusion qui persiste encore dans la nuit du 1er au 2 janvier. Confusion dans laquelle je parviens à déceler comme une inversion de valeur entre surface et profondeur. Dans le RER lecture de quelques pages de Sainte-Beuve à l'aller comme au retour. Un portrait de Boileau et de son époque rédigé d'une telle façon que j'hésite de plus en plus à écrire quoique ce soit de marqué au sceau de la littérature. Impression de prendre des claques à répétition en ce moment quant à l'idée que je me fais de l'écriture, de la littérature comme de la peinture. Toujours cette fameuse remise en question perpétuelle, fatiguant, mais qui satisfait aussi à un vœu de justesse ou d'honnêteté. Noté quelques mots ou expressions : basoche, sacramentel, tenir le dé. Il y a certainement un lien entre Nietzsche, Munch, Sainte-Beuve et Boileau. Peut-être une sorte de nostalgie quant à un humanisme qui semble avoir déjà presque disparu de nos jours et qui savait mieux pénétrer dans ce paradoxe de surface et profondeur, percevoir l'homme dans ses ombres et ses lueurs et en inventer ainsi une représentation qui me séduisait plus que celle que l'on me brandit aujourd'hui. Ainsi cette stupeur en parvenant au quai du RER en arrivant à Paris depuis mon trou perdu d'Isère. Cette foule massée comme du bétail et qui joue des épaules et des coudes à l'ouverture des portes du train. cette perte d'identité de chacun pour confectionner une telle monstruosité à certain moment de la journée -les fameuses heures de pointe- Une immanence comme gouffre béant dans lequel les individus se jettent, forcés par la contingence, le désir, l'espoir... et avec une telle résignation ou abnégation la plupart du temps.|couper{180}

Profondeur et surface.

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l'enfant au toton, Chardin. L'existence, dans ce qu'elle a toujours été, est encore et probable qu'elle continuera d'être, pourrait se résumer à cette difficulté d'usage. Se positionner entre ici et là. Entre deux idées dont une veut exprimer la précision et l'autre le vague. Dans la phrase " Je serai toujours là pour toi" l'emploi du futur renforcé par l'adverbe toujours ne tient pas la route quand surgit l'adverbe là. Enfant, cette promesse malgré toute intention par qui ou quoi fut elle formulée, tournoyait un faible instant dans mon esprit, puis, lorsque j'osais enfin -comme un roi peut abdiquer- l'utiliser comme fondation à tout espoir de véracité, de sécurité, de confort l'illogisme provenant des mots seuls, agencés de cette manière, m'acculait à la lecture parallèle des défaites à venir. Et il ne peut s'agir ici, à l'âge de 5 ans, dans l'appartement parisien des grands-parents paternels, sous cette lourde table de chêne qui trône toujours dans mon esprit lorsque je recrée la scène de mémoire, d'un simple constat quant à une utilisation erronée de la grammaire ou de la méconnaissance relevée des locuteurs qui m'entourent des mots ici et là. C'est le son de la phrase qui pénètre en moi dont la vibration me dérange ; un dérangement moléculaire si l'on peut dire. Je ne crois pas m'être, par la suite, jamais mis en situation d'avoir à agencer les mots ainsi. La déflagration sonore éprouvée jadis ne semble pas s'être arrêté contre un mur de ce logis qui l'eut étouffée, ou absorbée. Au contraire elle aura envahit le paysage entier, pour le transmuter en un désert permanent. Cependant , à la manière des vases communiquant, mon attirance pour la langue, mon amour des mots naissent de cette première souffrance sonore, prétexte enfantin, invention littéraire précoce.|couper{180}

Là

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Comment accueillir le doute

L'origine du doute. L'événement arrive par surprise, généralement au moment où on s'y attend le moins. Durant quelques mois pourtant on pensait avoir quelque chose de solide pour s'accrocher, et puis soudain on ne sait comment, une modification de l'hygrométrie dans l'air, un déséquilibre dans les ingrédients de notre nutrition dont on n'aurait pas mesuré la portée, un changement subit de luminosité et voici que le doute surgit avec toute ses cohortes d’empêchements multiples. Je n'ai jamais su vraiment ce qui déclenchait le doute. Peut-être est ce la fausseté d'un excès de confiance en moi ? Peut-être une exploration menée avec trop d'avidité dans le savoir au détriment de la connaissance ? Peut-être tout cela confondu, mélangé, une confusion qui germerait tout à coup et qui l'installerait soudain. On peut passer des heures, des jours à se demander d'où vient le doute. Mais c'est un peu comme se demander d'où viennent les tempêtes de sable, les raz de marée. On tente de s'instruire sur tout cela à l'appui des sciences météorologiques, mais cela n'explique pas autant qu'on le voudrait le pourquoi. Aucune explication ne peut lever cette origine car dans le fond nous nous en fichons royalement. Nous avons des doutes parce que tout simplement, à un moment donné il faut que nous en ayons. La tentation de Saint-Antoine par Flaubert. Quand Saint-Antoine rencontre le diable dans le roman de Flaubert il n'a guère que sa foi au début pour se raccrocher à une vérité, une vérité qui pense t'il le protégera. La foi en Dieu. Et quand ce petit malin de Flaubert place le diable sur son chemin pour le tenter, il lui inspire des doutes , il le fait évidemment à bon escient, Flaubert comme le Dieu de Job, désire éprouver la foi de son personnage certainement pour éprouver la sienne dans la littérature à une certaine période de sa vie. Le postulat est bien sur l'espoir que tout ce beau monde finira par triompher du doute comme du diable. Ce roman est véritablement un chef d'oeuvre car il sème une jolie pagaille dans l'esprit qui le lit avec attention. Nous pouvons tous être Saint-Antoine, nous avons tous rencontré plusieurs fois le diable dans nos vies, et peu importe dans le fond la conclusion complaisante envers la morale d'une époque, tout ce qu'il faut retenir c'est cette nécessité du doute. Je crois que ce n'est pas tant le doute dans le fond notre difficulté la plupart du temps c'est bien plus notre façon de l’accueillir. Nous l'accueillons généralement comme un trublion, un ennemi, une difficulté, en tous cas comme un gêneur qui pose sur notre route un point d'interrogation de la même nature que les manifestants établissent des barricades face aux forces de "l'ordre" Si nous mettions cet automatisme de coté, cette agressivité, cette violence qui surgit vis à vis de nos doutes, si nous nous arrêtions quelques instants pour écouter ce qu'ils ont de précieux à nous déclarer de façon urgente cela ne serait il pas mille fois plus cool mille fois plus "confortable". Comment comprendre le notion de séparation, et celle de dualité ? Je ne peux pas parler du doute sans évoquer l'idée de la séparation. Quand le doute arrive il nous sépare d'une partie de nous même n'est ce pas, il nous éloigne d'une certaine idée de ligne droite pour pénétrer dans le tortueux. Ce n'est qu'une façon parmi d'autres d'évaluer l'influence géographique d'un relief sur notre état d'esprit. Il y a la plaine et soudain la montagne devant nous, avec ses pentes et ses nombreux virages. Le tout est de savoir quel est notre objectif dans ce voyage ? Voulions nous vraiment nous rendre tout en haut de la montagne ? Dans ce cas il convient d'assumer les difficultés qui ne manqueront pas d’apparaître, si toutefois nous ne les avions pas déjà prévues. Et même si on s'équipe de pneus neige en plein hiver, même si la route est dégagée en apparence, même si nous conservons une vitesse adaptée à l'ascension cela ne garantira nullement l'éboulis, l'avalanche, la plaque de verglas, ou tout simplement l'endormissement au volant. Cette séparation je crois qu'elle ne cesse jamais d'être là, en nous, et que son but premier est l'évaluation. Si je me réfère à la peinture , même une toile réalisée de manière monochromatique ne tiendra pas si je n'emploie qu'une seule valeur de la couleur choisie. Il me faudra des clairs et des foncés afin d'agencer les formes, les lignes et ainsi créer des plans, une profondeur. L'ombre et la lumière, ne sont pas des ennemis mais des complices dont le peintre doit comprendre le but secret. Ce but n'est rien d'autre que l'équilibre du tableau avant même d'évoquer la beauté de celui-ci. Ce qui est étonnant d'ailleurs c'est que lorsque on atteint cet équilibre, la beauté n'est jamais bien loin. Cet équilibre peut être basé sur la symétrie, c'est probablement le modèle suivi pendant très longtemps par les architectes anciens, par les peintres du monde antique la plupart du temps. Puis cette symétrie s'est logée dans les représentations picturales dont le sujet était l'histoire biblique ou le nouveau testament. Depuis lors avec les recherches effectuées par Galilée, et ses successeurs nous savons que la terre n'est pas le centre de l'univers, que la symétrie n'est pas le seul moyen d'atteindre à l'équilibre. Une complexité s'est peu à peu installée, avec les doutes dans notre parcours de pensée vis à vis de la notion d'équilibre. Ce n'est pas si nouveau qu'on puisse le penser. Dans les "mystères" antiques que ce soit en Egypte ou ailleurs, cette idée que l'équilibre ne venait pas de la symétrie uniquement mais bien plutôt du poids de certaines parties à mettre en présence dans un apparent déséquilibre pouvait tout aussi bien atteindre au même but, l'harmonie. On retrouve cela également dans le chamanisme sibérien et le très ancien chamanisme tibétain. La chose n'est pas ce qu'elle semble représenter à première vue, elle est avant tout symbole chargé d'une parcelle, d'un potentiel de puissance. C'est sans doute la raison pour laquelle nous avons du mal à comprendre qu'une plume puisse représenter l'âme dans la balance sur laquelle notre vie sera pesée. Ou bien qu'un objet à l'apparence quelconque au sein de certains rituels puisse avoir une importance dont nous ignorons tout, car nous ne conservons qu'une image "triviale" "profane" de cet objet. J'ai pendant longtemps été étonné que dans les rites de certaines sociétés l' on place en offrande, des denrées périssables comme des fruits, de la viande, ou des fleurs pour honorer les esprits. Je crois que c'est parce que j'étais resté dans cette vision profane justement dans laquelle les choses et les êtres ont un début et une fin. Le fruit ne tardera pas à pourrir, la viande à se décomposer et les fleurs à se faner dans ce monde temporel où nous vivons. Mais la grande force de ces rituels à mon sens c'est qu'ils dépassent le plan du profane, pour pénétrer dans l'intemporel. Nul doute pour ceux qui pratiquent ces rituels que les esprits se nourrissent de l'essence même des fruits, des viandes et des fleurs. Platon ne parlait il pas déjà de la nature de l'idée des choses comme étant leur origine et dont nous ne percevons qu'une petite parcelle ? L'idée d'une chose est bien plus grande que ce que nous voyons la plupart du temps parce que tout bonnement cela serait vraiment compliqué pour vivre au quotidien. Cela manquerait de fluidité. Nous passerions le temps à méditer chaque objet, chaque être et pas grand chose ne se ferait. Si cette séparation existe que crois que c'est une nécessité de l'être pour dialoguer avec lui-même et ainsi prendre "conscience " de sa réalité. Cela peut faire sourire et tu peux penser que je vais te parler de religiosité, de spiritualité ou je ne sais quoi de surnaturel, mais il n'en est rien. Je ne m'appuie pour énoncer cela que sur ma propre expérience vécue. La dualité serait donc une création de l'esprit pour mesurer son étendue et ainsi parvenir à la conscience de lui-même. Je crois profondément à cette idée qui peut paraître naïve, mais pourra refuser la naïveté ? Et de quelle naïveté allons nous parler vraiment ? est ce une naïveté due à l'ignorance comme celle que l'on attribue aux enfants, pour mieux nous conforter dans une idée de lucidité ? Est ce la naïveté du début quand on ne sait rien ou la naïveté de la fin lorsqu'on a finit par accepter qu'on ne saura jamais rien vraiment et qu'alors on lâche prise à cette quête de savoir perpétuelle pour ne plus être qu'ouverture ? Dans de nombreuses civilisations il est question d'un age d'or dans lequel l'abondance sera accessible à tous, où tous les doutes seront enfin levés, une fois l'apocalypse passée bien entendu. L'apocalypse qui signifie "révélation" Il est possible que nos doutes deviennent de plus en plus fréquents au fur et à mesure où nous nous approchons de cet "age d'or". Peut-être en refusons nous déjà l'arrivée en considèrant plus ou moins consciemment tous les sacrifices qu'il exigera de nous, notamment l'éradication de nos doutes. J'ai bien peur parfois que nous confondions l'âge d'or avec le fascisme comme cela s'est déjà produit dans le passé. C'est là mon doute et j'y tiens absolument, je le chéri, je le chouchoute afin de ne pas me laisser emberlificoter par tous les faux prophètes qui commencent à pulluler parmi nous. Éloge du doute. Quand Erasme de Rotterdam rédige en 1509 "l'éloge de la folie" c'est une fulgurance qui lui vient de côtoyer Tomas More l'auteur de "l'Utopie" durant quelques jours. Il jette sur le papier l'essentiel de cet ouvrage en moins de 10 jours. Et l'on sait que "l'éloge de la folie" influença beaucoup le mouvement protestant qu'on appelle "la réforme" et dont le but était de revenir à la source du catholicisme, de bannir tout le décorum et le superflu dont il s'entourait déjà à l'époque. Dans cet ouvrage le doute a la bonne place, c'est même le héros principal qu'on ne voit pas mais qui tire toutes les ficelles dissimulé derrière la folie. Dans le fond l'éloge de la folie, c'est bien plus l'éloge du doute dans ce qu'il peut avoir de bénéfique pour s'évader du carcan des convenances des certitudes imposées et dont la finalité principale est comme toujours le contrôle et le pouvoir. D'ailleurs quelques 50 années plus tard cet ouvrage sera mis à l'index, par le mouvement de la contre réforme en 1557. Si tu ne connais pas ce livre je te le conseille vraiment, il y a beaucoup d'humour et aussi beaucoup d'émotions à se rapprocher de l'esprit de ces deux hommes que l'on devine au delà du texte :Erasme et Tomas More. Conclusion Avoir des doutes est un signe de bonne santé mentale dans une époque où l'on vante à tout va la fameuse confiance en soi et toutes les méthodes Coué pour aller avec. Bien sur je ne dis pas qu'il ne faille faire quelques efforts dans ce sens, avoir confiance en soi c'est s'aimer un peu plus ce n'est pas se barder de certitudes face aux autres. Accueillir le doute c'est comme dans les vieilles histoires persanes accueillir ce voyageur qui arrive sur le seuil de ta maison. Offre lui la meilleure des hospitalités et du vin aussi pour l'enivrer afin de chanter et danser ensemble. A la fin quand il repartira vous vous embrasserez comme de vieux amis en vous promettant des retrouvailles et ce sera surement dans le bon sens des choses n'est ce pas ? J'entends dire que les amants du vin seront damnés. Il n'y a pas de vérités, mais il y a des mensonges évidents. Si les amants du vin et de l'amour vont en Enfer, alors, le Paradis est nécessairement vide. (Omar Kharryam)|couper{180}

Comment accueillir le doute

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Douter du bon sens

Durant des générations, lorsqu'on était perdu, on pouvait faire appel au bon sens. Il était alors indéniable que 2 et 2 faisait 4, que le beau temps revenait après l'orage, et qu'un chat s'appelait un chat. Est-ce encore le cas de nos jours ? Un doute m'habite. Savez-vous par exemple, pour ne citer que celui-ci, que chat est devenu désormais un terme générique qui englobe les femelles autant que les mâles. Et aussi que la plupart des gens n'arrivent plus à dire chatte, comme ils ne parviennent plus non plus à dire boniche ou balayeur ? Le péjoratif plane au-dessus de chaque mot désormais. Sans oublier les amendes qui pleuvent si vous vous laissez aller à utiliser un vocable défendu par les grandes autorités du Mot d'Ordre. Pourtant le langage souvent imagé de nos ancêtres disait les choses plutôt clairement, on ne pouvait pas se tromper sur ce que les mots évoquaient immédiatement, mais tout cela est terminé, l'Académie semble avoir perdu le bon sens comme d'ailleurs la majorité de nos contemporains. Le fait que l'on perde le bon sens signifie t'il pour autant qu'il ait vraiment existé un jour ? Ce serait comme perdre la foi grosso modo. Car si Dieu existe cela ne change pas grand chose au fait qu'il continue à exister qu'on ait foi en lui ou non, et s'il n'existe pas, cela ne change pas grand chose non plus. Car dans le fond quelle importance d'avoir la foi en une divine absence surtout si cette foi en rien possède l'étrange faculté de soulever des montagnes. Mais perdre le bon sens cela change t'il la face du monde ? Ou bien continue t'il de tourner vaille que vaille ? Si oui c'est que le bon sens ne servait pas vraiment à grand chose, ou qu'il n'interférait en rien vis à vis d'un objet qui passe son temps à tourner en rond. Et donc par une déduction puissante et sans aspro, à ce moment là précisément, je me dis que le bon sens était une vue de l'esprit en valant n'importe quelle autre. Aujourd'hui on peut douter du bon sens, en premier lieu par le biais de son utilité. A quoi cela sert t'il de continuer de l'entretenir s'il ne sert visiblement à rien, sauf à s'isoler de la communauté qui nous entoure et qui semble frappée par l'ineptie la plus profonde ? Et aussi puisqu'il s'agit de faire des économies sur tout, il me vient à l'esprit que les grands manitous qui nous gouvernent mettent le paquet pour réduire la voilure. Une gabegie de bon sens ne vaudrait rien à l'économie en générale et au profit en particulier. Imaginez que vous vous sentiez seul à posséder encore un peu de bon sens par les temps qui courent, personne ne vous attaquerait pour vous en soulager. Au contraire désormais vous vous retrouveriez comme un pestiféré. Et on vous traiterait alors d'un tas de noms d'oiseaux et surtout d'empêcheur de tourner en rond. Faut il conserver le bon sens quand on commence à douter de son authenticité, qu'est ce qui nous dit que le bon sens auquel on s'accroche comme une moule à un rocher est le vrai bon sens ? Comment trouver l'étiquette à son revers indiquant la marque de ce luxe ? Le mot est lâché, le luxe voilà nous y sommes. Avoir du bon sens aujourd'hui serait comme avoir une paire de chaussure de sports, on ne peut jamais être certain à 100% qu'elle soit authentique. qu'on n'est pas là tout de suite en train de se faire Niker. Et puis de toutes façons les copies comme les originaux sont tous fabriquées en Chine désormais, ce qui n'arrange rien à la clarté des choses. En parlant de la Chine, comment s'y prend t'elle pour gérer sa population ? Trois milliards de chinois ce n'est pas la même chose que 65 petits millions de franchouillards... Sur quel type de bon sens s'appuie le comité de salut public ? le parti ? Sur un permis à points tout simplement, un capital en quelque sorte ce qui est assez rigolo chez des gens qui se prétendent encore communistes. Plus tu dis ou fait de conneries plus tu perds ton capital de points et plus tu deviens un paria de la société. Il y a même certainement des listes longues comme le bras de toutes les conneries à ne pas dire ou faire sinon comment s'y retrouver. Il y a donc un bon sens en tous cas qui permet d'organiser au petit poil tout ça. Pour un occidental comme moi le premier réflexe serait de déclarer quelle horreur en voyant tout cela, le bon sens qui est le mien m'obligerait à me projeter dans l'horreur d'avoir à vivre ainsi d'autant qu'en matière de conneries je n'en loupe pas beaucoup, je les collectionne même. Donc le bon sens chinois n'est pas le bon sens français si j'ose dire. Mais y en a t'il un meilleur que l'autre ? je ne sais pas, ce doit être, après mure réflexion encore une affaire de gout personnel je suppose. Et donc si le bon sens est une affaire de gout personnel ça ne peut pas être universel naturellement, on ne peut pas avoir le bon sens que l'on veut quand ça nous chante... Donc méfiance Par contre ce dont on ne peut douter c'est de la connerie, encore qu'il faille certainement avoir en soi encore un brin de bon sens pour la constater. La connerie serait indubitable, vue sous cet angle, aperçue ainsi si je puis dire mais ce ne serait guère plus qu'une opinion découlant du bon sens qui, comme je viens de le démontrer est chose changeante, fluctuante d'après l'air du temps et la géographie et bien sur l'humeur de tout à chacun. Du coup on peut douter à la fois du bon sens comme de la connerie... Et si je tentais encore de résumer mon propos tout ça se résumerait en trois mots On peut douter.|couper{180}

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La tentation de Saint-Antoine

c'est ce livre de Flaubert qui t'accompagne durant cet hiver 1994. Tu le lis et relis dès que tu as un moment dans la journée. Tu travailles comme enquêteur dans une société de sondages quelques heures par jour. Un travail alimentaire qui te permet de payer la chambre d'hôtel dans le quartier de château-Rouge. Tu partages ton temps entre l'écriture à l'aube, une longue promenade, toujours à peu près la même qui te pousse à emprunter la rue Custine jusqu'à Jules-Joffrin puis à gravir les rues abruptes qui mènent a Montmartre. Tu ne vas jamais place du Tertre. Mais les petites ruelles tout autour te fascinent. Tu t'installes sur un banc près du Château des Brouillards rue Girardon et tu imagines tous les fantômes qui hantent les lieux. Modigliani, Nerval, Van Dongen Steinlein. Tu te sens comme chez toi ici, un fantôme parmi d'autres. Tu échanges quelques fadaises puis tu reprends ta route, généralement en passant rue Norvins avec Nerval que tu laisses au numéro 22, la maison de fous du docteur Blanche. Souvent lorsque tu reviens tu t'arrêtes au marché de Château-Rouge pour effectuer de chiches emplettes. Ou tu entres dans le magasin ED nouvellement installé pour acheter un de ces poulets PAC à prix cassé. Puis tu remontes vers ton quatrième et prépare le repas pour que ça fasse plusieurs jours, que tu n'aies plus à te soucier de ce genre de contingence. Il te reste encore beaucoup de temps avant l'heure de partir au travail, prendre le métro et traverser toute la ville pour rejoindre la porte d'Orléans et Montrouge enfin. Alors tu t'allonges et tu reprends ton Flaubert. Tu ne le sais pas mais ce sont certainement les souvenirs parmi les meilleurs de toute ta vie. Tu es parvenu à faire du temps ce luxe, cette abondance sans même te rendre compte de la prouesse. C'est à cette période que l'envie impérieuse de peindre et de confectionner des sculptures en papier mâché t'a conduit à récupérer tout ce fouillis de journaux et de cartons sur le chemin du retour. Tu fabriques ta colle avec de l'eau et de la farine et ainsi la nuit tu crées ces personnages qui une fois achevés vont rejoindre le linteau de la cheminée. Tu as ainsi la sensation d'être moins seul, pour un peu tu entretiendrais presque des conversations avec tes personnages tant ils te regardent si intensément. Quelques pages de Flaubert encore avant de dormir et la journée s'achève ainsi. Tu ne te souviens pas des rêves que tu fais car sitôt éveillé le lendemain tu sautes du lit, et porté par le rituel des gestes automatiques tu te retrouves rapidement installé à ta table pour écrire. Mais parfois il suffit d'un rien, juste une simple modification de la luminosité du ciel pour que tout s'arrête. Le doute s'empare alors de toi et tu ne bouges plus de la chambre durant plusieurs jours et tu ne fais rien de tes journées sauf te rendre le soir à ton travail. Ce sont des journées perdues à tout jamais, le prix à payer pour tout le luxe dont tu t'entoures . La foi inouïe en ton propre génie vacille alors et tu deviens le plus misérable des pauvre types de cette terre. C'est au cours d'une de ces journées de poisse que tu as construit un grand Saint-Antoine en papier mâché. Il a surgit comme un miracle au terme d'une grande fébrilité. Et durant quelques années il t'accompagnera dans tes différents logements de fortune. Jusqu'à ce que tu l'offres à cette femme adultère juste avant de quitter Paris, toujours autant perclus de doutes sur cette réalité qui t'entoure. Mais le désert n'est jamais assez vaste qu'on puisse échapper au diable. Aujourd'hui tu nages toujours dans le luxe du temps et le diable est toujours là près de toi. Dirais-tu que faute de mieux il est ton meilleur ami, non quand même pas, il y a tous les livres, il y a tous les fantômes.|couper{180}

La tentation de Saint-Antoine

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l’élan

Cet élan qui toujours s'adresse vers l'autre est un malentendu, une faute de logique. Tes élans sont semblables à ces résolutions erronées que tu installes mécaniquement pour résoudre tout calcul qui te semble trop compliqué. l'élan comme un réflexe de défense, l'élan pour parer d'avance toute agression anticipée. l'élan une attaque dérisoire sachant la défaite à venir. l'élan est ce mauvais calcul avec quoi tu as creusé tous tes découverts. La consommation n'est pas autre chose que l'utilisation de ce même élan, au profit de ceux qui savent compter comme il s'agit de savoir compter. C'est à dire efficace et sans perte de temps ou autre. Renoncer à ces élans est un crève-cœur car tu penses qu'ils appartiennent intimement à ta nature, dans ce qu'ils témoignent de valeurs nécessaires, acceptables pour avoir une place au sein du groupe. Tu confonds élan et compromission et voilà l'horreur. Encore ce même mouvement qui serpente, entre l'attirance inconsciente et le dégoût qu'offre le recul. Cependant que dans la progression de ce qui rampe péniblement ainsi, l'esprit acquiert sa propre connaissance constate ses forces et ses faiblesses et apprend. Quoi. Sa propre nature insaisissable pour l'essentiel. Ce dont à certaines heures il s'enivre, et à d'autres se désespère. Puis il s'immobilise et sitôt qu'il s'en effraie saute dans le premier élan venu comme un voyageur pressé et étourdi saute dans le premier train qui passe sans même consulter la destination.|couper{180}

l'élan

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renoncer résister

Des rares souvenirs que tu conserves de ton éducation catholique cette petite phrase, énoncée par le curé du village dans la salle de catéchisme à propos des sentiers escarpés en regard des autoroutes. Comme si toute ta vie à venir trouve soudain un sens en la retrouvant ce matin dans le labyrinthe de la mémoire. Et tu ne sais toujours pas s'il s'agit d'intuition ou de prémonition, d'ailleurs il y a de grandes chances que tu ignores ces mots car à cette époque tu n'es qu'un enfant. Le fait est que cette phrase est comme une rouille qui ronge encore ton cœur plus de cinquante années plus tard. A rapprocher de ta résistance à pénétrer dans l'œuvre de Léon Bloy dans ta jeunesse en raison de l'excès de pathos et de radicalité, d'intégrisme dont elle te paraît truffée. Pourtant c'est la même volonté de renoncement au fameux bien-être, au confort, dans lequel tu te reconnais, la même intransigeance de fond quant à ces lâchetés ces faiblesses que nourrissent tout compromis tout négoce. La même vénération pour la souffrance et la douleur. Tu confonds même parfois la morgue de Bloy avec celle de Marcel Moreau. Tu décèles en toi cette même attirance et répulsion quant à la langue utilisée par chacun pour exprimer leur résistance à ce pseudo bien-être établi comme mot d'ordre. Et cette répulsion ne provient que de ta modestie mal placée. Modestie qui aujourd'hui te paraît être sans doute la pire dérive provoquée par cet enseignement catholique. Une faiblesse contre toute attente. Une tiédeur écoeurante. Et sans doute que si tu pousses encore un peu plus loin la réflexion cette modestie est désormais ce qui remplace l'ennui de ton enfance de ton adolescence, d'une grande partie de ta vie d'adulte. C'est le joug avec lequel on attache les bœufs ou les chiens. C'est à dire que l'excès d'orgueil d'autrefois auquel tu t'obstines à renoncer à un moment de ta vie, tu en ignores la fonction première. Tu abdiques en t'engouffrant comme tout à chacun dans le mot d'ordre de la modestie. Alors qu'au contraire aller jusqu'au bout de cet orgueil est l'exigence première, c'est à dire ce fameux petit sentier si ardu à arpenter. Ce qui est ardu est intime pour tout à chacun selon ses faiblesses ou facilités, ses propres velléités. Renoncer à la modestie demande autre chose que du courage, qui est un mot englobant tout un monde de morale. Alors que ton intégrité exige au contraire de maintenir la flamme vivante. Que cette flamme provienne de quelque combustible que ce soit n'est d'aucune importance au final. Tout ce qui compte c'est d'ouvrir les yeux, de contempler cette obscurité dans laquelle tu te déplaces encore à tâtons, par manque de foi en ta propre flamme. Quant à cette jalousie envers Bloy ou Moreau regarde-là aussi bien en face. Ce sont les braises presque éteintes de ton vieil orgueil. Et tu peux souffler sur elles pour retrouver ton feu. Non plus en te comparant comme le font les gamins mais en avançant encore un pas après l'autre résolument. Car si tu n'acceptes pas, toi, de posséder ton juste talent qui donc l'acceptera. Et quand bien même l'accepte t'on à ta place le doute encore subsiste à chaque fois. Et n'imagine surtout pas de t'appuyer sur la dérision ou l'ironie, ces biais, ces bifurcations, ces tentations. Renonce et résiste à ta façon.|couper{180}

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Fuir

Tu ne fuis pas par peur, mais par courage. Aguerri dans l'art d'ouvrir les huîtres, tu as sur les mains la trace de tous les apprentissages douloureux. Tu ne fuis pas par peur, mais parce que tu te retiens de dire ce qu'on ne doit jamais dire et que tu as déjà tant dit. Tu ne fuis pas par peur mais par adresse pour ne plus reproduire de vieilles maladresses inutiles. Tu fuis pour aller vers le fin fond de toi-même là où le silence ne tue personne. Tu es là où tout le monde se trouve sans avoir besoin de se chercher. fumer une cigarette le soir du réveillon à Caluire.|couper{180}

Fuir

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photographie qui retient l’attention

de toutes c'est celle-ci qui retient ton attention. Autrefois tu aurais dit elle est floue elle est ratée. aujourd'hui tu dis, c'est la meilleure de cette soirée.|couper{180}

photographie qui retient l'attention

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L’oeil du cyclone

3h la journée commence, café, cigarette, caresse sur la tête de la chatte, rien d'extraordinaire sauf la banalité de la répétition. Et pourquoi répéter toujours les mêmes gestes dans le même ordre, pourquoi s'attacher à ce genre d'extraordinaire là alors que l'on pourrait se coiffer d'un chapeau et utiliser un extraordinaire latéral. exemples d'extraordinaires latéraux Bien choisir la couleur du chapeau que l'on va poser sur son crâne avant toute chose. Ce qui nécessite une bonne organisation, que les chapeaux soient accessibles facilement sitôt le pied posé hors du lit. Ce qui nécessite d'avoir pensé à installer un dressing dans la chambre à coucher en premier lieu, puis d'avoir imaginé qu'un jour nous aurions besoin de porter un chapeau. Ce qui nécessite aussi d'avoir réfléchi au genre de chapeau que l'on achètera, à sa forme, à sa couleur, à son utilité. Par exemple si je décide de porter un chapeau blanc toutes mes pensées sitôt que je bondis du lit vont se diriger vers une seule direction, par exemple l'information la plus précise et exhaustive sur un seul sujet qui traverse mon esprit au moment même où je bondis du lit. À cet instant je règle une bonne partie du problème de l'embarras du choix. Et pourquoi pas chercher le plus d'information sur la façon d'écrire avec un chapeau blanc sur la tête. Donc il me faut évidemment un chapeau blanc facilement accessible sitôt que le désir de l'attraper me vient, donc une étagère dans un dressing que j'aurais préalablement construits et qui évidemment ne se situerait qu'à une distance raisonnable du lit pour qu'en effectuant le bref parcours du lit vers le chapeau je ne perde pas le fil de mes idées.Trop tard, je me suis trompé de chapeau, j'ai pris le noir au lieu du blanc. mais pas grave l'idée me vient de changer de direction complètement et de me mettre à l'apprentissage du latin.Mon chapeau noir sur la tête exige que je change de chapeau pour trouver le jaune. Avec le jaune je deviendrai plus optimiste je ne verrai plus les choses en noir, ce qui est profitable pour étudier une langue morte, et notamment le fameux morceau de ses déclinaisons, sans parler des enclaves, il vaut mieux être coiffé du chapeau jaune pour arrondir les angles et sauter comme un cabri joyeux par dessus les difficultés.le nominatif est d'une facilité assez déconcertante à comprendre il suffit de dire que c'est le sujet comme il est aussi facile de comprendre que l'accusatif est l'objet, évitons de trop nous vautrer dans l'angoisse du complément pour l'instant, trop de trous comme dans un gruyère à ce propos.trois cas pour aujourd'hui suffisent et tu peux en être heureux. nominatif accusatif et le datif si l'objet n'est pas directement relié au sujetRetour du chapeau noir je trouve que le noir me va mieux au teint ce matin. Et bien sûr changement total de direction. Le site Spip. du coup pour avancer sur ce projet le chapeau blanc s'impose : de l'information rien que de l'information et encore de l'information rien que ça pour le momentAllons sur ce site que j'admire et que je jalouse et oublions l'émotion, reste froid comme un lézard en plein hiver. appuie sur le bouton inspecter et observe la structure de la page d'accueil. Ainsi donc il y a une page index sous forme d'un tableau et toute la navigation part des boutons alignés juste sous la bannière. Ils sont gros, peut-être qu'il existe une possibilité de faire moins gros, noter ça. cela semble simple pour l'instant et on aurait pas besoin d'un spip pour faire ce genre de page. d'ailleurs observe l'absence des deux boutons *espace privé* et *recalculer la page* ce n'est pas pour des prunes que c'est construit ainsi. D'ailleurs cela répond à une question que tu t'es posée il y a moins d'une semaine : comment faire pour ne pas voir ces fichus boutons sur la page d'accueil ?problème pas complètement résolu mais de bonnes pistes de bonnes informations glanées pour y parvenir en fait il suffit d'avoir un ensemble de pages html destinées au public qui vont aller piocher les diverses informations dans les rubriques et articles de spip. Le tout relié par des liens, un maillage. Une information en découle naturellement, réfléchir en amont à la fabrication de ce maillage, imaginer une arborescence, et pour ça plusieurs solutionsun crayon et du papierun schéma heuristique genre mind mapune liste à puces.possibilité ouverte d'en trouver d'autres en cours de route.il faudra observer encore comment ces pages html utilisent les squelettes natif ou bien si elles transitent par des squelettes personnalisés ... Ce qui fait que je n'ai pas écrit de texte ce matin comme tous les jours entre 3h et 8h du matin. mission accomplie en partie grâce aux chapeaux totalement imaginaires d'ailleurs. j'ai fait une petite incartade dans un extraordinaire latéral. et maintenant il est 10h27 et je me sens étrangement vide la tête nue, pourtant tout semble calme comme au centre d'un cyclone.|couper{180}

L'oeil du cyclone