Technologies et Postmodernité

cette association n’est pas là pour théoriser l’époque, ni pour en faire le procès. La catégorie regroupe des textes écrits dans la postmodernité, depuis les marges poreuses de ses dispositifs. Des textes où le téléphone reste allumé même pendant les rêves, où le "je" doute de son propre corps, où les voix semblent filtrées par une interface invisible.

Ce sont des fragments où l’on sent que le monde est devenu technique, pas seulement dans ses objets, mais dans ses rythmes, ses langages, ses logiques relationnelles. L’angoisse ne vient pas d’une déconnexion, mais d’un excès de connexions : trop de signaux, trop de profils, trop d’images, pas assez de silence.

Il y est parfois question d’écran, d’intelligence artificielle, de surveillance, de réseaux sociaux — mais ces éléments ne sont jamais centraux. Ce qui est central, c’est le rapport affecté à soi, aux autres, au réel que ces technologies induisent, transforment ou effacent.

Ce mot-clé, finalement, désigne un climat plus qu’un thème. Une manière d’habiter le contemporain, sans certitude, mais avec la sensation que quelque chose, là, s’est déplacé définitivement.

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Carnets | avril 2022

Notule 18

Je regarde mon compte Instagram pro, ça fait un bail que je ne poste plus rien. Sur cette plateforme aussi faut pas être dupe. Je te like tu me like etc. Mais parfois je vais jeter un œil, comme on va sortir la poubelle. Les influenceurs, ceuses... ça me la coupe. toujours pimpants, souriants pas de mèche rebelle ou alors vraiment hyper bien calculée, au petit poil. Et des bisous et des chatons et de l'amour qui déborde de partout j'avoue que j'ai un peu de mal. voir que je suis à deux doigts de dégobiller à chaque fois. Pour la peinture c'est pareil. Vais demander d'avoir l'air d'une poupée Barbie dans ma prochaine incarnation. Klosie Barbie of course. Un truc qu'il faudra que je me trouve c'est un genre de baromètre pour accrocher au mur de ce bureau. Prévoir l'humeur de chien ( pourquoi de chien d'ailleurs on se demande ) Et les élans d'amour universel aussi, on ne sait jamais. Ne sortir que lorsque l'aiguille est bien calée entre les deux. Ou la boucler aussi. Ne rien dire, rien écrire, attendre que la force magnétique m'oublie un moment.|couper{180}

réflexions sur l’art Technologies et Postmodernité

Carnets | décembre

12 décembre 2018

Le mot "algorithme" nous vient d'Al-Khwârizmî, mathématicien persan du IXᵉ siècle dont les travaux introduisirent l'algèbre en Europe. Dans les "maisons de la sagesse" de Bagdad, où se mêlaient mathématiques, astronomie et poésie, il œuvrait sous les califes abbassides. Un algorithme est cette panacée capable de résoudre une multitude de problèmes, pourvu qu'on les découpe en instances - comme on couperait les cheveux en quatre. Le verbe "résoudre" lui-même possède cette triple dimension : décider, décomposer, trouver. Cette approche rejoint la vision soufie, que j'admire chez Omar Khayyâm - à la fois astronome et poète, qui écrivait : « Au printemps, je vais quelques fois m'asseoir à la lisière d'un champ fleuri. Lorsqu'une belle jeune fille m'apporte une coupe de vin, je ne pense guère à mon salut. Si j'avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu'un chien. » La question devient alors : quel filtre appliquer à l'information ? Dans le monde de l'avoir, c'est l'ajustement aux variables du client. Dans l'art, ce fut longtemps la beauté. Dans l'être, ne devrait-ce pas être la simple justesse ? Ce qui m'amène à "readiness" - cet état de disponibilité à l'instant qui m'a toujours caractérisé. Enfant, je saluais avec empressement chaque personne croisée, jusqu'au jour où mon père me demanda si je les connaissais toutes. La réponse négative fit naître en lui une déception visible. Sur son bureau trônaient les trois singes de la sagesse - ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. Emblème s'opposant à mon empressement naturel. Notre malentendu dura longtemps, mais depuis, dans chaque regard rencontré, je perçois cette lueur mystérieuse, simiesque, et j'entends encore le rire de mon père.|couper{180}

Technologies et Postmodernité