Intense mais calme, méditative, l’intention polarise le sable du chemin. Mieux : elle est le chemin lui-même. Sa prétendue ennemie, la distraction, lui est en fait ontologiquement liée. Comme un chauffeur de taxi avisé, l’intention parle de la pluie et du beau temps pour mieux reposer le voyageur en elle.

Puis arrive le mot revers.

Imaginons un lieu où son annonce serait célébrée par des fifres, des hautbois et le cliquetis des couverts dominicaux. Le vin coulerait à flots en l’honneur du Héros et de sa suite. Car le revers a tant à dire qu’il se présente buté de prime abord. Raison précisément de le fêter - comme on cogne sur une viande pour l’attendrir.
Enivré par les louanges, confiant par l’attention des convives, il sortirait de sa poche le butin de sa quête : ce qu’il n’a pas atteint. Le rien deviendrait alors pour chacun un quelque chose à sa mesure. Génie du revers que de nous révéler ainsi le plan de table de l’Hôte qui nous convie.
Suite à une panne soudaine - providentielle - me voici contraint à l’essentiel, écrivant sur mon smartphone. Cela me rappelle Villiers de l’Isle-Adam évoquant Sparte, « située à l’extrémité sud du Péloponnèse ». Chez les Lacédémoniens, le vol était le passage obligé pour gagner le regard de ses pairs. Gide note que cette cité, qui précipitait les enfants chétifs dans des oubliettes, produisit presque zéro artiste.
Je comprends soudain d’où je viens. Si j’étais moi, je m’applaudirais presque. Mais restons laconicques.

L’écuyère

Entre ses cuisses douces et chaudes
lorsqu’elle chevauche
l’axe des limbes vers l’oubli
ourdit l’orage

et des espoirs œuf coupé
immobile et vibrant
<robuste énergiquement
s’élance vers les sommets rêvés
par la plus noire des profondeurs

Se tient satin inouï
orange amère
l’amie, la mort, la vie.