relevé
Note issue d’une captation directe (visuelle, sonore, contextuelle), saisie dans l’instant sans analyse approfondie.
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Carnets | juin 2025
30 juin 2025
Gros boulot sur le base de données. Renommage de toutes les tables et suppressions de certaines qui semblaient poser problème. Je n'ai pas encore réussi à nettoyer la rubrique import de toutes les balises wp dont sont truffés les articles. Après moult essai et l'importation d'un dernier script, j'envoie un ticket à OVH. J'ai rétrogradé ma version php de manière à être dans les clous avec la version 4.4.4 de SPIP. Bref, accaparé par ces contingences techniques je ne peux pas dire que ce soit une journée palpitante. De gros coups de chaud mais pas dûs aux températures. Demain nous allons à C. S. et moi pour voir E. et l'après-midi rendez vous avec le remplaçant de B. Le tableau est prêt. Nous verrons L. et A. seulement dimanche avec M. et C. Espèrons qu'il leur plaise. Préparation pour affronter Avignon. Avec cette chaleur, j'avoue que je ne me vois pas du tout arpenter la ville. Je prévois d'apporter un carnet à dessin et de me mettre à l'ombre. Petite pluie tout à fait ridicule en fin de journée. pas grand chose d'autre à ajouter. Le mois se termine en queue de poisson on dirait bien.|couper{180}
Carnets | juin 2025
29 juin 2025
Réveil 3h30. Il faut un petit laps de temps pour que je retire le masque de mon visage. Le temps de visualiser l'enchaînement des gestes. D'abord appuyer sur le bouton off de la machine. Puis retirer l'harnachement de sangles et de lanières. Ne pas oublier de déloger les deux petits pitons de leurs encoches respectives, de chaque côté du morceau de plastique dur. Enfin libéré, se diriger vers l'interrupteur et allumer. Puis démonter la partie souple en contact avec le nez pour se rendre à la salle d'eau et la plonger dans le bol préparé la veille. Mélange d'eau et de savon. Ne pas oublier non plus de vider le réservoir d'eau, de le rincer et de le retourner sur une serviette afin qu'il sèche. Ne reste que le long tuyau rigide à rincer. Eau et savon encore mais au-dessus de la baignoire cette fois. Puis l'accrocher sur l'étendage afin que tout soit de nouveau opérationnel pour la nuit prochaine. Hier vers la mi-journée j'ai achevé la commande de A. et L. J'ai pris une photographie et je la leur ai envoyée. J. arrive vers 12h. Nous prenons un moment pour faire le point sur nos faiblesses, nos obstacles, nos maladies avant de nous mettre à table. Poulet rôti et pommes de terre au four. Nous testons le vin restant dans le cubi. Il est encore correct. Sieste ensuite. Puis nous sortons sous la chaleur, nous prenons la Twingo pour aller chercher la fraîcheur à Saint-Pierre-de-Bœuf. Marche le long de la rivière. Spectacle assuré par les canoteurs. Puis nous avisons un petit établissement. Terrasse ombragée. Café et verre d'eau glacé. Nous restons là à prévoir notre prochain séjour en Avignon. S. nous a trouvé un hébergement à Montfavet. On ira certainement voir la tombe de Camille Claudel. De mon côté je préviens que je ferai cavalier seul. Un programme parallèle qui me dispensera de me jeter dans cette course annuelle et frénétique vers les salles de théâtre. Il doit bien y avoir des choses à visiter autres que des théâtres, dis-je. Nous restons encore un peu puis nous repartons. Les sièges de la Twingo sont bouillants. Nous proposons à J. de dormir à la maison mais il décline. Il prend le train de 8h02 pour Lyon.|couper{180}
Carnets | juin 2025
26 juin 2025
J'ai rassemblé sous forme de tutoriels tout ce que S. ne cesse de me demander. Comment fait-on pour ceci, pour cela. Comment fait-on cela pour ceci. Cela fait des années. Ce doit être un jeu. Donc j'ai créé deux parties au site local que j'ai intitulé "maison". D'une part 40 ans de photographies. Que je nourris peu à peu en creusant dans mes vieilles sauvegardes et dans mes cartons de négatifs à scanner. D'autre part "les comment faire ceci comme faire cela." Découverte de taille concernant les images dans SPIP. Plus besoin d'utiliser le code <docxxx|center>ou left ou right. En utilisant le plugin portfolio, une lightbox et un script js il suffit simplement de télécharger les images dans l'article et le squelette fait le reste pour les albums. A exploiter pour le dibbouk ? ça voudrait dire aller farfouiller dans les tables pour tout remettre d'équerre. Gros boulot. En parlant de tables, découverte que les soucis avec la console Google pouvait aussi venir des plugins statistiques. J'ai donc désactivé deux plugins dont je me servais pour analyser la granularité des visites par objet éditorial. En revanche obligé de placer deux lignes de code supplémentaire dans mes_options.php car le plugin statistique fait désormais partie de l'installation dans les dernières versions et il est verrouillé. J'en ai aussi profité pour refaire des test d'url mais ça devient un vrai casse-tête avec cette chaleur. Du coup j'ai supprimé quelque lignes dans le robot.txt j'ai relancé l'analyse après correctif sur la G.S.C. Il faut attendre au minimum 24h pour les changements soient pris en compte. Sur le site local maison, ajouté quelques scripts sh pour me rafraîchir la mémoire lorsqu'il s'agit de retailler des images trop volumineuses. me suis fait aussi quelques tutos persos notamment pour le paramêtrage de Tailwind CSS et qui m'a donné un peu de fil à tordre. A noter le plaisir sauvage presque d'effectuer une recherche de documents, de les trier, ranger, classer par type, par année, par mois. Sur une page spéciale noté aussi tous les codes utiles. Que ce soit ceux des sites importants, banques, impôts, sécurité sociale, mutuelle, etc. Tout ça en me souvenant du désespoir de mon père lorsque ma mère nous quitta. C'est à ce moment que je compris que c'était elle qui supportait la partie administrative de la maison. Comme à son habitude lui faisait semblant, ce qui se manifestait par un "je vais aller voir un tel une telle dans telle ou telle administration. Là je demanderai le responsable et nous verrons de quel bois il se chauffe." Alors que franchement la maison était équipée de ces vieux grille-pains dont l'utilisation devint avec le temps tellement catastrophique sur le plan pécuniaire qu'il finit par vivre dans seulement deux pièces de la maison. Ce que je veux me rappeler c'est que l'on peut tout à fait disparaître ainsi, du jour au lendemain et que c'est déjà assez difficile pour les autres qu'il ne sert à rien d'ajouter du désordre au chagrin. D'ailleurs c'est une sorte de chose que je traîne depuis des lustres au fond de ma pensée. Mon petit vieux quand tu te mettras sérieusement à ranger, ce sera la fin des haricots. C'est ce que je me suis toujours dit en vrai. Sans doute la véritable raison pour laquelle je ne range en principe rien, que je vis dans un désordre perpétuel, signe personnel de bonne santé. J'ai cessé de partager mes articles sur les réseaux sociaux depuis une bonne semaine. Je me suis assis pour prendre mon propre pouls. Alors ça fait quoi. Rien absolument rien. En tous cas ça n'entrave pas le rythme des publications sur le site, j'ai même la sensation que je me concentre encore mieux sachant que nul ne lira mes soliloques. Encore travaillé une bonne partie de la journée d'hier sur la commande de tableau. Comme je le prévoyais ça ne sera pas simple. L'un préfère ceci l'autre trouvant que finalement cela n'est pas mal non plus. Du coup je fais comme d'habitude, je ne me fie qu'à moi-même pour avancer. Il faudrait que ça ne dure pas trop longtemps tout de même. La somme est plus qu'attendue pour nous remettre à flot. La chaleur est infernale. Aperçu la taille des grêlons reçus par certaines régions tout autour de chez nous. Et vu aussi les événements catastrophiques en Chine, les inondations. Jusqu'à quel point peut-on penser que ces éléments sont véritablement naturels. On peut imaginer à peu près tout et son contraire désormais. Ce qui nourrit l'imagination finalement. M. et C. passeront la semaine prochaine, ils dormiront à la maison et repartiront vers leur villégiature le lendemain. Que va-t-on faire pour le repas, de la salade et des frites ont-ils déclaré, pas de viande. Quand je dis que nous vivons une époque bizarre. Qu'est-ce que je pourrais ajouter de spécial pour que si d'aventure je me relisais je me souvienne parfaitement de cette journée ? La couleur verte de la menthe en pot aperçue depuis la fenêtre de la cuisine. Un vert tellement tendre.|couper{180}
Essais
La réalité truquée
Carte de la Tartarie indépendante (en jaune) et de la Tartarie chinoise (en violet), en 1806 par le cartographe britannique, John Cary. Carte de la Tartarie indépendante (en jaune) et de la Tartarie chinoise (en violet), en 1806 par le cartographe britannique, John Cary. La réalité truquée : Simulation, manipulations du temps et mythe de la Grande Tartarie Introduction : Le soupçon d’une réalité simulée En 2016, Elon Musk affirmait qu’« il y a une chance sur des milliards que nous ne vivions pas dans une simulation » 👉 The Guardian – Elon Musk sur la simulation Philip K. Dick, dès 1977, évoquait une réalité manipulée par des altérations perceptibles dans nos souvenirs. Ces idées, longtemps confinées à la philo et à la SF, suscitent désormais des réflexions sérieuses : et si notre monde était un programme, modifiable, repositionnable, voire réinitialisable ? C’est ce que soutient un courant actuel, liant la théorie de la simulation, la manipulation du temps, et l’effacement mystérieux de la Grande Tartarie. I. La théorie de la simulation : et si le monde n’était qu’un code ? En 2003, Nick Bostrom propose un argument célèbre : 👉 Simulation Argument – Bostrom Trois hypothèses : Les civilisations s’éteignent avant de simuler des consciences. Elles décident de ne pas le faire. Nous sommes déjà dans une simulation. Bostrom considère cette troisième option comme la plus vraisemblable statistiquement. Elon Musk ajoute qu'avec l'évolution rapide des jeux (de Pong à la VR), nous nous rapprochons d'une simulation indiscernable de la réalité. Ce thème résonne aussi en littérature : « Nous pourrions être dans le rêve d’un rêveur » — Jorge Luis Borges, Les ruines circulaires Philip K. Dick évoque un programmeur invisible dans son discours de Metz (1977) : II. Glitches, temps flexibles et Mandela Effect Le Mandela Effect désigne des souvenirs collectifs erronés : La mort de Mandela dans les années 80 Les Berenstain vs Berenstein Bears Des répliques cinématographiques modifiées Certains y voient des bugs de simulation ou une mise à jour temporelle. chercher des sources sur l'effet Mandela Notre mémoire collective pourrait donc être la trace d’une réécriture historique, un patch cosmique. Des traditions spirituelles véhiculent aussi ce thème : yugas hindous, changements d’ères, reset apocalyptique. III. Tartaria : l’empire effacé par le programme ? La « Tartarie » désignait historiquement l’Asie centrale sur les cartes anciennes. Depuis 2016, une communauté en ligne la présente comme un empire technologique occulté après un mystérieux mud flood. 👉 Reddit – r/Tartaria 👉 ExplorersWeb – Tartarian Empire :contentReference[oaicite:1]{index=1} Les éléments de preuve avancés : Architecture sophistiquée, jugée anachronique Expositions universelles (Chicago 1893, San Francisco 1915) interprétées comme vitrines Tartaria dissimulées Rez‑de‑chaussée enfouis (mud flood), considérés comme traces physiques Photos désertées de foule, vues comme preuve de dépeuplement d'après-cataclysme 👉 Wikipedia – Tartarian Empire (conspiracy) :contentReference[oaicite:2]{index=2} 👉 Bloomberg – “QAnon de l’architecture” par Zach Mortice :contentReference[oaicite:3]{index=3} Vidéaste populaire : Le canal Jon Levi est une référence visuelle pour les passionnés : chaine Youtube IV. Technologies disparues : que nous a-t-on volé ? Selon les partisans de Tartaria : Une énergie libre (éther, énergie atmosphérique) Des structures vibratoires (flux sonores, résonance) Une architecture fonctionnelle (clochers et dômes comme détecteurs ou capteurs) Des bâtiments emblématiques (tour Eiffel, cathédrales) seraient réemployés en masques technologiques. Les élites auraient dissimulé ces savoirs, imposé l’ère des énergies fossiles pour affaiblir les populations. 👉 ExplorersWeb – Tartaria exploration mysteries :contentReference[oaicite:5]{index=5} Conclusion : Des mythes pour survivre à la modernité La simulation et Tartaria offrent un même récit : la réalité peut être programmée, modifiée, effacée. Ces mythes alimentent notre intuition que quelque chose cloche dans notre histoire et nos sociétés. « Nous nous racontons des histoires pour vivre. » — Joan Didion Ils révèlent notre attrait pour le merveilleux, notre besoin de sens et de contrôle, même s’il est construit sur des hypothèses fragiles. Et si derrière ces mythes, quelqu’un modifiait ou modélisait notre perception du monde ?|couper{180}
Carnets | juin 2025
25 juin 2025
Vivre sans peur et sans désir. Voilà à peu près le tableau. S'habituer au manque afin que rien ne nous manque. Une mythridatisation. Avoir satisfait les désirs les plus bas, de nombreuses fois. Ces venins bénins. Sans doute pas non plus les plus triviaux. Des désirs assez ordinaires, des désirs faciles. Puis décréter — quel ennui —, avec ce petit air suffisant. Peut-être est-ce une astuce finalement. Les rêves n'en reviennent que mieux à la charge durant la nuit. Les cauchemars également. Les uns ne pouvant être sans les autres. Une part enfouie, très enfantine la nuit. L'enfant serait-il l'unique personnage, le démiurge fabriquant ses créatures ? Et la dernière étape serait-elle d'ouvrir en grand les yeux et de s'apercevoir qu'il ne s'agit pas de la nuit mais du néant ? Que resterait-il encore comme solution ? Contre quoi luttes-tu vraiment ? L'ennui de l'ennui, l'habitude d'être toi, la fatigue des répétitions incessantes, les murs du labyrinthe, les pancartes « sortie » qui ne sont que des voies sans issue. Égalisation. Ça pourrait rappeler égalité mais c'en est loin. Qui égalise, qui se retrouve égalisé sans le vouloir, sans rien demander ? La liberté des uns commence désormais où s'achève celle des autres. Quant à la fraternité, on a inventé la pudeur afin d'en finir avec ses manifestations intempestives. Les cars de CRS, les coups de matraque, les décrets, les amendements, l'information. Pourtant, il me semblait bien avoir vu de mes yeux vu des gens joyeux un jour. Des rues pavoisées, des foules insouciantes, des bals de pompiers, des confettis et le petit vin blanc coulant à flot en bord de Marne ou de Seine. L'ai-je rêvé ça aussi ? Quelle morosité. Le ton n'est pas à l'amusement mais à la contrition. Arborez, arborez, arborez. On peut arborer avec tout ce que l'on nous aura poussés à déraciner. Quel cynisme. Le mot « insupportable » lui aussi se vide de son sens à force qu'on l'use. Une nuit sans rêve, ce n'est pas une nuit sans rêve. Une nuit sans rêve, c'est une nuit dont tu ne te souviens pas de tes rêves, comme si quelque chose t'en avait privé. Et de t'interroger si ce quelque chose est à l'intérieur de toi ou bien s'il fait partie de la nouvelle mise en place du monde. Il y a longtemps que je n'avais pas vu d'huissier. Celui-là dégoulinait de sueur devant la porte et la feuille qu'il m'a tendue était humide. 1 200 euros. Toujours la même embrouille de la part de la Maison des artistes, de l'Urssaf du Limousin. Je tente d'expliquer que c'est une erreur. C'est une erreur. Le type ne m'écoute pas, il s'en fout. Il dit : « C'est comme ça. » Passé mon après-midi d'hier à démêler une fois encore cette histoire. Des gens sympas au téléphone du reste. Tant à l'Urssaf qu'à la Sécurité sociale des artistes. C'est ça le pire. On ne peut en vouloir à personne. On ne peut engueuler quiconque. Toute la violence du choc, on la prend dans le bide et on gère comme on peut. 1 200 balles, une vraie rafale pour le coup. Temps de guerre, pas pour rien. Pour en finir, j'ai envoyé les documents comptables que j'ai retrouvés par miracle par mail à tout le monde. Plus de vie privée. Tout le monde le saura que je n'ai plus la queue d'un. La belle affaire. Le plus surréaliste fut la voix charmante de mon interlocutrice du cabinet d'huissiers. Je veux dire que j'avais l'impression d'avoir une copine au téléphone. « Ne vous inquiétez pas, tout va s'arranger. » Avec même un petit rire complice. Et moi de marcher dans la combine, allez. « Tout ça n'est pas bien grave, on en verra d'autres. » Ce qui fait que la journée entière fut étrange, encore une fois. Le matin, le technicien Free résout la panne en quinze minutes, montre en main. Puis je me rends à la clinique du sommeil de B. Je m'attendais à repartir avec la machine sous le bras, pas du tout. Juste des prospectus, et un bilan comme quoi oui, il faut vraiment que je fasse quelque chose car la bécane a mesuré un taux d'apnée anormalement élevé. Il paraît que je peux y laisser ma peau. Ce serait intéressant. J'ai pensé à une mue quand le docteur R. a prononcé ces mots. Puis il m'a montré un tableau de montagne parce que sa femme l'emmène voir des expositions — ça ne l'intéresse pas trop, mais ce tableau tout de même, regardez ça. « C'est vers Chamonix, j'adore la montagne. » Et effectivement, c'est un tableau de montagne très bien fait. La neige n'est pas blanche comme il se doit, les ombres sont profondes, le ciel est bleu et les rochers paraissent bien coupants. J'ai pensé aussitôt à l'Antarctique, aux Montagnes de la folie. Ce n'était pas le moment. « Ça vous fera trente-six euros. » Tiens, le tarif a augmenté. Le soir même, reçu un coup de fil du technicien qui doit venir m'expliquer le fonctionnement de la machine. Voix amicale, encore un copain. Dans le fond, je me fais peut-être du cinéma pour rien. Le monde est amical et moi je ne suis qu'un vaurien. S. revient en rogne de chez E. « Je ne la supporte plus », dit-elle en posant ses clefs sur la table. Et de lui dire pile-poil qu'un huissier était passé — j'ai trouvé que c'était le bon moment. Comme ça, c'est fait. Je veux dire qu'on est tellement fatigués par tout, y compris la chaleur, assommés, qu'un coup en plus sur la tête... Le reste de la soirée s'est passé sans heurt. J'ai créé un nouveau site local pour classer toutes les photos que j'ai scannées ces derniers jours. Il faudra que je note les codes au cas où sur un post-it, sur un mur. J'ai pensé qu'il faudrait un peu d'ordre, un peu d'organisation : ranger, classer, trier. Au cas où, soudain, je ne sois plus là. Repas frugal. Tarte aux poireaux délicieuse rapportée de Caluire par S. Encore écrit un peu après le dîner. Un essai sur l'idée d'un monde truqué que j'avais commencé le matin mais qui reste encore bancal. Enfin, j'ai tout éteint et suis parti dans Dunsany Le Temps et les Dieux Et sa petite ritournelle m'a endormi rapidement.|couper{180}
Carnets | juin 2025
24 juin 2025
L'écart, la distance, pas seulement sur le plan physique, mais aussi mental, astral. Affût. Vigilance extrême. Le danger peut désormais surgir de n'importe où, n'importe quand. Une microseconde d'inattention et c'est la fin. Refus de cette hypervigilance. Freiner des deux pieds. Quelqu'un ou quelque chose me tire ou me pousse pour avancer. Je résiste mais c'est plus fort que moi. L'illusion du temps est plus forte que moi. De temps en temps, un bug. Les gens se mettent à répéter les mêmes mots, les mêmes bouts de phrases. Disques rayés. Il s'est passé quelque chose. Ces images issues d'un film de science-fiction. Ces images de villes désertes. Ou encore ces amas de cadavres que des ambulances emportent vers des lieux étranges en Chine. Oui, la science-fiction devient la réalité. C'est-à-dire que l'on passe du plan imaginal à une nouvelle version de réalité imposée. Le cinéma est-il devenu une arme d'illusion massive, en à peine quelques années, avec la télévision, la radio ? Tout ce qui informe. Cette matière noire gluante qu'est cette information. Cette matière à djinns. À monstruosités génétiques. Le tout s'accélérant grâce aux cristaux désormais omniprésents. Cristaux liquides et matière noire informée par nos émois, nos peurs, nos désirs. Des créatures synthétiques s'en extraient peu à peu, regard froid, glacé, inhumain. C'est la faim qui les anime. L'instinct basique. Dévorer est leur mot d'ordre. Vers 4h, je me suis réveillé en sursaut. Un bruit. Provient-il du rêve ? Soudain je retrouve ces vieilles terreurs enfantines qui naissaient exactement de la même façon. Je m'éveillais d'un cauchemar pour découvrir que la réalité en était un autre. Encore passé du temps à revenir sur le code. Suis parvenu à réinstaller Tailwind sur le site local. Ce qui va grandement alléger le site car la feuille de style minifiée ne pèse que 48k. Quelques frayeurs au moment du transfert mais au final pour rien. Plus peur d'une erreur de code que de mes pires cauchemars. Ce qui est, dans une certaine mesure, tout à fait logique pour un démiurge. S'il se rate, il sombre dans l'inconnu. 8h43, le technicien Free sonne. Résolution de la panne. Explication : Orange et Free se tirent la bourre. Écrasements mutuels de lignes. 9h20, le technicien Free repart. Rapide. Il n'a pas prononcé dix mots en tout. Impeccable. La chaleur monte par degrés. Encore une journée étouffante en prévision. Rendez-vous à 11h45 à la clinique du sommeil. Cette fois je vais certainement avoir l'appareil pour de bon. Une infirmière passera ensuite pour le recharger en oxygène. Ce qui me rappelle que j'allais autrefois livrer des bouteilles d'oxygène dans la région de Puteaux. C'étaient des bouteilles énormes. Lourdes. Encombrantes. Je revois encore ces êtres allongés dans des lits médicalisés à domicile avec des tuyaux de plastique pénétrant leurs narines. J'ai parfois du mal à me dire que je suis passé par tout ça. Au final, pas si différent de ces rêves, ces cauchemars. Retrouvé par hasard une vieille photographie prise lorsque j'habitais Aubervilliers.|couper{180}
Carnets | juin 2025
22 juin 2025
Chaleur crescendo. Parc du Chayla, Tain. Quatre heures du matin, départ. Vide-grenier : +50€, -10€ emplacement. Bilan : quarante euros, plein soleil, meilleures places prises. L'Infraordinaire. Perec et ses cartes postales à Cortázar. Récurrence du bien-manger, des coups de soleil. Véracité ou fabrication de la véracité ? Iran bombardé. Très réussi, insistent les infos. Clichy, 1991. Même satisfaction dans la voix du présentateur. Entre les deux guerres : rue Biot, garni, trois ronds pour le self d'en face. Assistant de D.G., quelques semaines. Suresnes ensuite. Chambre-cocon. Volets clos. Camionnette blanche, colis, circuit parisien. Lectures oubliées. Un matin — lundi ? — porte ouverte. Cerisier japonais, pétales au sol. Déménagement trois jours après. Boxeur + danseuse de l'Est = grabuge. Équation de la sous-location. Rue des Poissonniers, chambre 30. 35, rue des Poissonniers. Boucle bouclée. Quinzième arrondissement, rue Jobbé Duval. Le 35 ? Ou un autre 35 ? La mémoire confond ses adresses. Géographie de la précarité : les numéros se répètent, les lieux s'effacent. Perec notait le prix du café. Moi : guerre réussie à la télé, cinquante euros au vide-grenier. Même économie de survie. Treize heures. Plus personne sur la place que nous. S. dit : "On ne peut pas nous rater maintenant." Non, les gens ne viendront plus. Trop chaud pour flâner. Remballage. Obstination nécessaire. Position de contre. Pour survivre. Crâne qui explose, pas de chapeau. Amateur. Cortázar a-t-il vraiment reçu ces cartes ? Ou tout écrit le même jour, véracité fabriquée ? Je ne l'accepte plus, ce trop-plein de suggestions. Colère en strates profondes. Ainsi nos vies : éclats de beauté entre deux fuites. Cerisiers qui perdent leurs fleurs pendant qu'on bombarde ailleurs, très réussi. Remballé, reparti.|couper{180}
Mythes
relevé-22 juin 2025- Tain
⸻ Relevé du 22 juin – Monument aux morts, Isère Devant le socle du monument, trois bouquets déposés à même la pierre. Rubans tricolores, papiers froissés, tiges fatiguées. Autour : personne. Pas de drapeau levé, pas de discours. Seules ces gerbes laissées là, comme un écho affaibli d’un rite qui persiste. L’inscription gravée évoque la « paix » et la « gloire éternelle ». Mais les mots sonnent aujourd’hui comme suspendus, presque en attente. En contrechamp invisible, l’actualité : les sirènes d’alerte, les cartes de zones rouges, les discours de mobilisation rampante. Le geste commémoratif persiste, mais que commémore-t-on, à l’ombre des conflits qui s’annoncent ? Le marbre reste muet, les fleurs se fanent. Et pourtant, quelque chose continue d’agir ici — un mythe peut-être. Celui d’une paix promise, éternelle, sans cesse contredite|couper{180}
Mythes
L’ arbre à chèvres
Dans une région rocailleuse du Sud marocain, les chèvres montent dans les arbres pour brouter les fruits de l’arganier. Ce phénomène, pourtant bien réel, semble défier la logique terrestre — comme si les animaux s’étaient réapproprié les cieux. Mythe ou fait ? Pour certains, c’est l’image d’un monde retourné, d’un ordre ancien où la gravité n’obéissait pas aux lois d’Euclide. Point d’assemblage Il y a là un renversement du regard : l’arbre ne pousse plus vers le haut, ce sont les bêtes qui grimpent vers le ciel. Ce fragment ouvre la voie à une mythologie d’altération du vivant.|couper{180}