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Lectures
Mort d’un jardinier, Lucien Suel, 2008
Il y a dans Mort d’un jardinier une tension palpable entre la banalité et l’infini, entre le tangible et l’inexorable. C’est un livre sur le jardinage, certes, mais ce serait une erreur de s’arrêter à cette description. Lucien Suel ne parle pas seulement de terres retournées ou de graines semées, mais de ce qui se passe lorsque l’homme est confronté à ses limites, à son corps, à sa mortalité. Ce livre, publié en 2008, n’est pas une simple fiction, c’est une autopsie poétique, une dissection intime de la vie. Le livre s’ouvre avec une crise cardiaque. Le jardinier, personnage central et anonyme, est frappé alors qu’il s’occupe de son potager. Mais Mort d’un jardinier n’est pas une chronique d’un infarctus. Au contraire, le récit nous plonge dans un flux de pensées, une révélation sensorielle où chaque élément — la terre, les plantes, les souvenirs — devient une lentille pour explorer les thèmes de l’existence. Suel construit son texte comme une spirale, une plongée en apnée dans l’esprit d’un homme qui s’éteint lentement. Il ne s’agit pas de dialogues ou d’actions traditionnelles. Le récit est fait d’images fragmentées, de sensations diffuses, de réminiscences musicales et littéraires. C’est un jardin que l’on explore par petites touches, chaque détail élargissant le champ de notre compréhension. Suel écrit comme on peint, chaque mot une couleur, chaque phrase une nuance. Il y a une proximité physique dans son écriture, une manière de rendre tangible l’odeur de la terre humide, le crissement des feuilles sous les bottes. Ces détails, qui pourraient être triviaux dans d’autres contextes, prennent ici une dimension presque sacrée. Ils incarnent la vie du jardinier, une vie rythmée par des rituels simples mais pleins de signification. En lisant Mort d’un jardinier, je pensais à ce que signifie vraiment l’attention. Pas l’attention dans le sens d’être concentré, mais l’attention dans sa forme la plus pure : une capacité à remarquer ce que les autres ignorent, à accorder de la valeur à ce qui semble insignifiant. Suel transforme un jardin en cosmos, un potager en champ de réflexion. Et pourtant, ce n’est pas un livre apaisant. La mort est omniprésente, à la fois douce et brutale. Le jardinier ne lutte pas contre elle, mais il ne l’accepte pas non plus. Il se contente de la vivre, un battement de cœur à la fois. C’est peut-être cela qui rend ce livre si puissant : il ne prétend pas expliquer la mort, il ne tente pas de la transcender. Il la montre dans sa banalité nue, et c’est justement ce qui la rend insoutenable. Ce qui émerge, au-delà des thèmes de la nature et de la mort, c’est une célébration de l’humanité dans sa forme la plus simple. Le jardinier n’est pas un héros, il n’a pas de révélations transcendantes. Il est un homme qui plante des graines, qui arrose ses tomates, qui écoute le vent dans les arbres. Et c’est précisément cette ordinarité qui rend son histoire universelle. Mort d’un jardinier n’est pas un livre pour ceux qui cherchent une intrigue ou une conclusion satisfaisante. C’est un livre pour ceux qui sont prêts à ralentir, à ressentir, à être confrontés à la fragilité de l’existence. C’est une œuvre qui nous rappelle que la vie est dans les détails, que la mort est une partie du cycle, et que parfois, la seule chose à faire est de continuer à cultiver, même lorsque tout semble voué à disparaître. En refermant ce livre, je me suis retrouvé face à une vérité inconfortable mais nécessaire : tout ce que nous faisons, tout ce que nous sommes, finira par retourner à la terre. Et pourtant, dans cet éphémère, il y a une beauté infinie.|couper{180}
Lectures
Se faire résumer par une machine
Lecture à chaud par le modèle 4o de ChatGpt — du texte écrit le 24 décembre 2024 ( entrée du carnet 2024-décembre-le 24)|couper{180}
Carnets | décembre 2024
23 décembre 2024
Photographie Dany Leriche et Jean-Michel Fickinger J'ai lu toute la nuit l'ouvrage de Campbell, Le Héros aux mille et un visages. Au matin, là où beaucoup se seraient agenouillés devant la puissance de ses théories, j'ai ressenti une étrange révolte. Non pas une révolte bruyante ou spectaculaire, mais quelque chose de plus intime, comme un malaise latent. Ce n’était pas Campbell lui-même que je rejetais, mais la force presque invisible de sa structure narrative — cette chose vague mais oppressante que je nomme souvent le dibbouk. Écrire, c’est affronter des fantômes. Et parmi eux, le "voyage du héros" de Campbell est sans doute l’un des plus tenaces. Ce modèle narratif, avec sa séparation, son initiation et son retour, exerce une force gravitationnelle sur tout auteur qui se lance dans une fiction. Pour beaucoup, il incarne une forme universelle, un passage obligé qui semble à la fois offrir une structure rassurante et imposer des limites étriquées. Mais que faire lorsque ce "monomythe" devient un étrange parasite ? Une sorte de dibbouk qui, loin d’inspirer, s’immisce dans l’écriture pour en déranger la spontanité et imposer une forme reconnaissable, voire banalisée ? Pour de nombreux auteurs, le voyage du héros est une boussole narrative. Depuis sa formalisation par Campbell, il a été élevé au rang de schéma universel. C’est une structure qui répond à notre besoin collectif de voir des personnages surmonter des épreuves, triompher de l’adversité, et revenir enrichis. De l’épopée antique à la superproduction hollywoodienne, ce modèle est devenu omniprésent. Mais cette omniprésence est également une prison. Le monomythe agit comme une musique de fond impossible à faire taire. Dès qu’on tente de s’en écarter, il revient en force, réclamant son droit d’être la structure par défaut. Cette insistance reflète une dynamique culturelle plus large : le triomphe de la "culture populaire", où le récit doit être clair, accessible, et conforme à des attentes préétablies. Cette conformité, si elle est réconfortante pour le lecteur ou le spectateur, peut être étouffante pour l’écrivain. Il y a dans le monomythe quelque chose de spectral. Ce modèle s’infiltre dans l’écriture comme un dibbouk, un esprit étranger qui cherche à posséder l’auteur et à lui imposer des choix narratifs prévisibles. Vous voulez écrire une histoire fragmentée, sans climax clair ni transformation majeure ? Le monomythe s’y oppose : Mais où est l’appel de l’aventure ? Le héros ne va-t-il pas triompher ? Cette dynamique est particulièrement pernicieuse car elle s’inscrit dans un imaginaire collectif si puissant qu’il semble impossible à déranger. Pourtant, cet imaginaire n’est pas universel. Il est le produit d’un contexte culturel occidental, renforcé par des industries culturelles avides de modèles facilement reproductibles. En ce sens, résister au monomythe n’est pas seulement un choix esthétique, c’est un acte de désobéissance. Comment un écrivain peut-il résister à cette force d’attraction ? La première étape consiste à identifier le monomythe pour ce qu’il est : une forme parmi d’autres, et non une vérité absolue. Cette démarche implique de chercher activement des alternatives, qu’elles soient issues d’autres traditions narratives (le conte oral africain, la littérature japonaise, ou les sagas nordiques) ou qu’elles naissent d’une volonté de fragmenter, de subvertir. Ensuite, il faut accepter que l’absence de forme reconnaissable puisse être une qualité et non un défaut. Beaucoup de récits contemporains, de l’œuvre d’Annie Ernaux à certains romans de W.G. Sebald, rejettent le climax pour privilégier la mémoire, l’évocation et les fragments. Ces écritures, loin de plaire à tous, ouvrent des chemins nouveaux et dérangent les attentes codifiées. Le terme "culture populaire" est souvent invoqué pour justifier l’hégémonie du monomythe. Mais qu’est-ce que cette culture populaire, sinon une construction ? Ce qui est plébiscité aujourd’hui ne l’a pas toujours été. D’autres formes narratives, d’autres modèles, ont connu des hégémonies passées. Penser la "culture populaire" comme une force immuable, c’est ignorer son caractère malléable et historiquement contingent. En réalité, ce que nous appelons la culture populaire est souvent le reflet de ce que les industries culturelles choisissent de promouvoir. En ce sens, résister au monomythe, c’est aussi remettre en question l’idée que l’écriture doit plaire à une majorité présumée. Être écrivain aujourd’hui, c’est naviguer dans un champ de forces contradictoires. Le monomythe de Campbell, puissant mais limitant, est à la fois une ressource et un adversaire. Pour certains, il reste un modèle utile ; pour d’autres, il est une forme à combattre. La solution n’est pas d’ignorer son existence, mais de choisir avec lucidité : s’en servir, s’en écarter, ou le subvertir. Et peut-être qu’écrire, c’est justement cela : apprendre à dialoguer avec ses fantômes, qu’ils soient monomythe, dibbouk, ou toute autre présence tapie dans l’ombre de la page blanche.|couper{180}
Lectures
L’arc narratif en littérature — une quête intemporelle
Joseph Campbell jeune Introduction : Le fil éphémère de nos vies Il y a des matins où l’on observe une feuille d’arbre tomber, et tout semble s’aligner dans une cohérence fugace. L’arc qu’elle dessine dans l’air — une trajectoire imprévisible et pourtant inéluctable — évoque la façon dont se déroulent nos vies : un mouvement. Ce mouvement, en littérature, s’appelle l’arc narratif. Comme le temps ou le désir, il nous emporte vers un climax, parfois prévisible, souvent bouleversant. L’arc narratif, c’est l’histoire d’être en quête d’équilibre et de sens, un fragile pont tendu au-dessus du chaos. L’écriture, tout comme la vie, ne suit pas toujours une ligne droite. Parfois, elle bifurque, s’éparpille endédales inattendus. Mais ce qui captive, c’est le chemin émotionnel — l’arc invisible — qui unit chaque élément. Chaque récit, même le plus fragmenté, porte en lui une sorte de trajectoire qui aspire à un sens universel. Peut-on dire que l’arc narratif est universel, ou est-ce une illusion que l’on superpose au chaos pour s’y retrouver ? 1. Définition et exploration théorique Un arc narratif, au sens classique, est la courbe émotionnelle et événementielle que suit une histoire. Gustav Freytag, dramaturge du XIXe siècle, en a tracé les grandes lignes : exposition, montée de l’action, climax, retombée, dénouement. D’autres, comme Joseph Campbell avec le monomythe (Le Héros aux mille et un visages), ont été plus loin : tout récit, dit-il, est un voyage intérieur. L’arc narratif, pourtant, n’est pas qu’une courbe tracée au cordeau. Il est aussi une métaphore de notre condition humaine. L’ascension d’un personnage vers son destin, son combat contre les forces adverses, sa chute ou son éveil éclairent nos propres luttes intérieures. Lorsque Virginia Woolfécrit Les Vagues, elle déconstruit cette logique linéaire, proposant une spirale mouvante qui reflète l’éphémère de l’être humain. Samuel Beckett, quant à lui, démontre que l’arc peut parfois être une absence, une boucle où rien ne se résout. Peut-on encore parler d’arc narratif quand l’histoire s’efface ? Peut-être que l’arc est moins un schéma qu’un besoin impérieux d’ordonner le chaos. Chaque culture, chaque époque redéfinit à sa manière ce que signifie raconter une histoire. On peut ainsi envisager un pont entre la littérature classique et contemporaine, comme le montre La Vie mode d'emploi de Georges Perec. Ce roman, ou plutôt ces romans comme l'indique le pluriel en page de garde, explore une pluralité d'arcs narratifs qui se croisent, se chevauchent, et parfois se contredisent. Bien qu'apparemment fragmentés, ces arcs maintiennent une tension et un fil directeur qui rappellent les structures classiques tout en les transformant pour refléter la complexité et la modernité du monde contemporain. En Occident, l’arc est souvent hérité du théâtre classique et du roman bourgeois. Mais dans des traditions orales comme celles d’Afrique ou d’Océanie, le récit peut être circulaire, fragmenté, ou même purement évocateur. Ainsi, la notion d’arc reflète autant nos attentes que nos habitudes narratives. 2. Variations littéraires : Shakespeare, Woolf, Morrison Les classiques abondent d’arcs bien définis. Pensez à Roméo et Juliette, où chaque acte trace une pente dramatique vers la catastrophe. Shakespeare maîtrise l’équilibre entre tension et résolution, créant des arcs émotionnels puissants. Austen, à l’inverse, joue de la résolution optimiste dans Orgueil et préjugés, où chaque malentendu sert à réaffirmer une harmonie finale. Mais Toni Morrison, avec Beloved, réinvente l’arc. L’histoire émerge par fragments, entre mémoire et répression. Chaque événement est une secousse émotionnelle qui résonne dans un vide traumatique. Son arc est fracturé mais profondément humain, à l’image des vies qu’elle raconte. Quant à Woolf, Les Vagues ou Mrs. Dalloway refusent la montée dramatique traditionnelle. L’arc devient une succession de moments intimes, une cartographie des émotions plus qu’une progression. Ce refus de la linéarité ouvre des possibilités infinies pour le lecteur, qui est appelé à recomposer l’histoire. Dans les genres modernes comme la science-fiction ou le polar, les arcs se réinventent encore. Par exemple, Ali Smith, dans Autumn, adopte une structure éclatée et fragmentée qui reflète notre rapport au temps et à l’émotion. Loin d’être dépourvue de tension narrative, cette oeuvre explore une multiplicité d’arcs plus subtils, qui s’entrelacent pour dessiner une vision d’ensemble tout en conservant une profondeur individuelle dans chaque fragment. Cela montre que même dans une littérature contemporaine fragmentée, l’arc narratif conserve une pertinence, servant de boussole discrète au sein du chaos apparent. 3. L'arc narratif : une réflexion personnelle En tant qu’auteur, je m’interroge souvent sur cette notion d’arc narratif. Est-ce une structure imposée ou un mouvement naturel de l’esprit ? Peut-être que l’arc est avant tout une intuition — une manière de relier des éléments épars, de donner un sens au chaos. Cela me fait penser aux arts visuels, à la peinture et au dessin, où il existe des milliards de façons de tracer une courbe ou une spirale. Chaque trajectoire porte une émotion unique, une tension singulière. En écriture, l’arc peut être une ligne tendue, une boucle, une suite de ressacs, mais jamais une formule reproductible à l’infini. Contrairement à certains films hollywoodiens, où l’arc narratif semble réduit à un produit industriel, l’écriture invite à une exploration infinie des formes. 4. L’avenir des arcs narratifs Dans une ère de lectures fragmentées, l’arc narratif classique est-il obsolète ? Ali Smith, dans Autumn, adopte une structure éclatée qui reflète notre rapport au temps et aux médias. Les récits interactifs, comme les jeux vidéo, offrent des arcs multiples et adaptables. Ces nouveaux formats poussent les limites de ce que peut être un arc.Par exemple l'inflation actuelle qui excite encore plus le nombre d'injonctions, de suggestions d'achats, créant un sentiment artificiel d'ugence au fur et à mesure qu'on semble se rapprocher de La catastrophe ( du climax ?) Cependant, l’arc narratif n’est pas mort : il évolue. Peut-être qu’au lieu de résolutions de dénouements plus ou moins convenus , nous recherchons aujourd’hui des questions ouvertes, des formes qui épousent le chaos plutôt que de le dompter. L’important n’est pas tant l’ordre que l’écho que chaque élément laisse en nous. Conclusion : L’arc de la vie Comme la feuille qui tombe, nos vies suivent des arcs étranges, fragmentés, parfois sans fin visible. Mais c’est précisément cette incertitude qui fait leur beauté. En écriture, jouer avec les arcs narratifs, c’est jouer avec l’essence même de ce qui nous rend humains : un désir infini de comprendre où nous allons, même quand la destination nous échappe. Un arc n’est pas qu’une forme, c’est une quête, un appel à créer du sens dans un monde qui souvent n’en a pas. En l’explorant, nous découvrons non seulement des histoires mais aussi des fragments de nous-mêmes. L’arc narratif, bien plus qu’un outil, est une manière de voir le monde et de l’habiter pleinement.|couper{180}
Carnets | décembre 2024
19 décembre 2024
Encore relevé l’expression "la petite chose privée" à propos d’un genre d’écriture "autobiographique" chez un écrivain de renom — ce qui m’a bien tarabusté durant de longues heures cette nuit, en même temps que, morveux, je me mouchais, raclais, hahanais, me tournant par-ci, me retournant par-là, sueurs, larmes et humeurs de toutes sortes et genres. Qu’est-ce qui est privé, qu’est-ce qui est petit, qu’est-ce qui, dans l’impossibilité de la nommer, reste dans ce cas à l’état de chose ? Ça fait bien des questions, même pour une insomnie. Pour ma part (quelle drôle d’expression), j’apprécie le particulier quand il mène au général, mais c’est aussi vrai que j’ai du mal, souvent, à faire le distingo entre particulier et général. Je suis en mesure (j’aime bien être en mesure, ça m’illusionne d’être musicien) de dire, par exemple, "tous des pourris", ce qui est à la fois général et arbitraire, comme je suis en mesure de dire "mon voisin n’a pas inventé l’eau chaude", ce qui est du particulier. Ça ne me gêne pas du tout. Ceci étant, ça place le narrateur à une position telle qu’on espère qu’il ne craint pas le vertige. Le retour sur investissement à partir de ces quelques phrases jetées est maigre, sauf qu’on sait à présent que le narrateur oscille entre la vanité crasse et cette fameuse "petite chose privée", à la fois si banale pour certain(es), voire repoussante, et l’aura magnétique des trois mots posés côte à côte : petite chose privée. La source de l’expression se plaçant, elle aussi, à une hauteur tout aussi vertigineuse de mépris et de dédain. Je relis et soudain irrépréssible envie de me rendre à la bibliothèque de chercher le journal de Leautaud. Avec un peu de chance retrouver la même "méchanceté" me permettra, je l'espère, de m'engouffrer avec une belle énergie dans cette nouvelle journée.|couper{180}
Lectures
Gertrude Stein par Philippe Blanchon
Il y a dans l'écriture de Philippe Blanchon quelque chose de fluide et dense à la fois, une manie rare des phrases courtes, comme si la poésie surgissait sans effort du texte. « Je vais vous parler de Gertrude Stein » semble annoncer ce livre en silence, mais non pas vous révéler qui elle était – ce serait présumer trop – plutôt vous plonger dans ce qui fait l'essence d'une âme américaine transplantée au coeur de Paris. Le regard de Blanchon, acéré et méditatif, ne s'attarde pas sur la surface mais pénètre, ligne après ligne, l'architecture invisible de cette figure hors norme. Philippe Blanchon s’attaque à une figure monolithique et mouvante à la fois : Gertrude Stein. Celle qui aimait les répétitions comme d’autres aiment les fugues, celle qui semblait réduire la langue à une abstraction pure tout en la rendant la plus charnelle possible. La Stein des Salons de la rue de Fleurus, où Picasso, Matisse et Hemingway défilaient comme des enfants perdus en quête d’une mère symbolique, mais aussi la Stein écrivain, insaisissable, qui répétait à l’envi : "Une rose est une rose est une rose." Gertrude Stein est un être paradoxal : en fuyant l’Amérique, elle l'a ramenée dans ses valises. Car Stein est à la fois cette petite bourgeoise de Pittsburgh, fille d’industriel juif, et cette oracle moderne assise sur un tabouret en bois, entourée de tableaux cubistes dans une pièce sans air. Elle est à la fois inamovible et multiple, créant un paradoxe fondamental que Blanchon nous invite à interroger. Blanchon ne veut pas écrire la biographie d’une icône, il veut aller voir comment Stein bouge dans le texte. Il s’intéresse aux filiations, aux fractures qui forment une œuvre et aux silences qui la prolongent. Il cherche à cerner ce « qu’il reste » du sillage immense laissé par cette écrivain qui disait des phrases comme on coupe des arbres. Car Stein est de celles qui laissent derrière elles non pas des réponses, mais des questions brûlantes. La langue steinienne : une langue qui tourne sur elle-même L’enjeu de ce livre réside dans une question simple : à quoi tient la modernité de Gertrude Stein ? Pourquoi sa langue, dépouillée et brute, demeure-t-elle aussi contemporaine, aussi irréductible ? Ce qui étonne chez elle, ce n’est pas la répétition, c’est ce qu’elle produit : la répétition comme incantation, comme poésie brute, une sorte de musique abstraite qui déplace les repères. Stein s’affranchit du sens ordinaire pour atteindre autre chose – peut-être l’épuisement de la langue ou, paradoxalement, sa renaissance. On pense alors à ses écrits Tender Buttons ou Three Lives, où chaque mot semble pesé pour son poids phonique et non plus seulement sémantique. Le sens devient fluide, presque liquide. Stein précéda Beckett, et ses phrases, à la manière de figures cubistes, se déploient dans des angles vides. La langue tourne sur elle-même, se replie, se déplie, laisse des interstices où le silence fait écho. On y écoute ce qui manque, ce qui surgit dès que la langue cesse de vouloir tout dire : "Il n’y a pas d’ici ici." Ce paradoxe étonnant est que Gertrude Stein, tout en étant presque inaccessible dans son écriture, est fondamentalement lisible. Elle invente un système où la régularité formelle rencontre l'absurde le plus résolu. Le lecteur s’y abandonne ou s’y perd, mais il ne reste jamais indifférent. Philippe Blanchon s’empare de cette complexité avec la sérénité de celui qui sait que tout art digne de ce nom est avant tout une affaire de risques. Gertrude Stein : une figure à la croix des chemins Blanchon nous fait comprendre que Stein n’est pas seulement un écrivain, mais une matrice d’influences, une force tellurique qui déplace les lignes. En élargissant les fronts de la littérature et de l’art, elle préfigura une certaine modernité à laquelle échapperont peu d’auteurs ou d’artistes du XXe siècle. Si Joyce a disséqué le langage, Stein l'a rendu répétitif à outrance, ce qui permet de faire surgir des strates de réalité jusqu'ici ignorées, presque invisibles. Philippe Blanchon insiste sur ce point : Gertrude Stein n’écrit pas à côté de la modernité, elle l’écrit. Elle crée une nouvelle manière de voir les objets, les personnes, les lieux. Tout y est déconstruit, réassemblé, fragmenté. C’est par cette déconstruction que Stein pose les bases d’une modernité qui présente ses travers, mais aussi sa nécessité. Elle explore ce qui était resté, jusque-là, dans l’angle mort de la langue. Blanchon évite pourtant de transformer Stein en mythe intouchable. Au contraire, il la ramène sans cesse à ce qu’elle fut : une femme, lesbienne assumée à une époque où le mot n’existait pas, une mondaine aux opinions parfois discutables, une solitaire au centre de son propre salon. Il nous rappelle à quel point cette écrivaine pouvait être à la fois subversive et conservatrice, avant-gardiste et irrémédiablement figée dans ses certitudes. "Elle n’écrivait pas pour être comprise, elle écrivait pour que cela existe." Biographie de l'auteur : Philippe Blanchon Philippe Blanchon est un écrivain, poète et essayiste français, né en 1968. Spécialiste des avant-gardes littéraires du XXe siècle, il s’intéresse tout particulièrement aux figures complexes comme Ezra Pound, Gertrude Stein ou encore William Carlos Williams. Auteur de plusieurs recueils de poésie et essais, Blanchon se distingue par une écriture précise et fragmentée, dans la lignée de la tradition moderniste. Bibliographie sélective de Philippe Blanchon Gertrude Stein (2020) Le Jardin des Épitaphes (2016) Le Double Écho (2014) Ezra Pound et l’Imagisme (2012) Conclusion Le texte de Philippe Blanchon n’est ni une simple biographie ni un hommage excessif à Gertrude Stein. Il est une tentative de s’approcher au plus près d’un phénomène littéraire et humain, de sonder ce qui fait la permanence d’une œuvre. Dans un style clair et presque poétique, il laisse respirer les zones d’ombre, ne tranche jamais tout à fait. Il nous invite à lire Stein autrement, à redécouvrir sa langue comme un paysage changeant, parfois hostile, souvent lumineux. C’est une lecture exigeante, à l’image de celle qui répétait inlassablement, à l’épuisement : "Cela continue encore et encore."|couper{180}
Lectures
Devenir Norbert Elias : Une biographie intellectuelle par Marc Joly
Les mots de Marc Joly pèsent. Ils se glissent comme des échos dans les interstices d'une époque où penser la société était une tâche monumentale, à la hauteur des bouleversements du XXème siècle. Dans Devenir Norbert Elias, Joly déploie une enquête fébrile et patiente : comment cet intellectuel allemand, exilé, souvent écarté des circuits de reconnaissance, a-t-il construit un appareil conceptuel aussi radical que élégant ? C'est une trajectoire, une lutte intime, et une odyssée de la pensée que Marc Joly reconstruit ici avec minutie. La première phrase pose une ambiance qui nous suivra : « Les grandes idées, souvent, naissent dans les marges. Elles y survivent, puis finissent par imprégner le centre. C'est ce qui est arrivé à la sociologie historique de Norbert Elias. » Ce centre, pour Elias, aura été tardif. Longtemps, son travail sera ignoré. Ce n'est qu'à près de 70 ans qu'il connaîtra enfin la reconnaissance grâce à des idées qui semblaient à la fois fulgurantes et étrangement simples. Le "processus de civilisation" comme mécanisme de contrôle des pulsions violentes, à travers le temps, à travers les moeurs. Marc Joly écrit avec un souffle presque romanesque. Elias n'est pas qu'un penseur : c'est un personnage. L'écriture de Joly nous le livre, tel un étranger toujours en quête d'un chez-soi intellectuel, mais avec une rigueur tranquille. Norbert Elias est l'archétype de la pensée moderne en exil. Le Portrait de l'Homme : l'exil et la marginalité Joly plonge dans les racines d'Elias, enfant juif né en 1897 à Breslau, aujourd'hui Wrocław, en Pologne. C'est une ville où coexistent des identités complexes, et qui va marquer le jeune Elias d'une tension irréconciliable. À l'université, il se fait remarquer comme un penseur atypique, mais c'est sous l'influence de Karl Mannheim que sa trajectoire se dessine. La sociologie n'est pas encore une évidence : « penser les processus sociaux à long terme était presque une insolence dans les années 1920. » L'exil arrive brutalement avec la montée du nazisme. En 1933, Elias fuit l'Allemagne pour Paris, puis Londres. Il n'emporte avec lui que des manuscrits et des intuitions. Son monde s'effondre, mais son esprit s'aiguise. Le sociologue est alors solitaire, il écrit dans des chambres froides et anonymes : « Ce que je fais, ce que j'écris, cela prendra du temps à être compris. » Marc Joly s'arrête longuement sur les années de marginalité, quand Elias travaille dans l'ombre. Son chef-d'œuvre, La Civilisation des moeurs, est écrit dans un isolement complet, et publié en 1939. Personne n'en parle. Ce silence est une violence douce mais perçante, qui, encore une fois, le met face à lui-même. Elias ne cherche pas la notoriété. Il cherche la vérité des faits sociaux. Une Pensée-Monde : l'originalité d'Elias Le mérite de Marc Joly est d'avoir réussi à rendre limpides des concepts d'une extrême finesse. Le "processus de civilisation" est central. Elias montre que les comportements humains ont évolué de façon lente et imperceptible, sous l'effet de la société elle-même. La violence, qui était jadis une pulsion acceptée, se restreint avec l'émergence des États modernes. La honte, la politesse, la retenue sont des outils qui canalisent ces pulsions. Elias l'écrit : « La civilisation n'est pas la répression de la nature humaine, mais un processus d'équilibre instable. Une dynamique constante. » La pensée d'Elias est déroutante parce qu'elle ne se fixe pas. Elle démontre que nos structures mentales, nos manières d'être, sont mouvantes. Elles dépendent du temps long, et des relations de pouvoir. Il ne s'agit pas d'une théorie figée, mais d'une méthode pour observer l'humanité. Pourtant, Elias refuse de s'enfermer dans une tour d'ivoire. Il étudie aussi bien la Renaissance que le football. Pour lui, le moindre geste, la moindre norme sociale est une trace d'un processus plus grand : « Le sourire, la courbette, le duel, sont des indices d'une évolution collective. Rien n'est futile. » C'est cette acuité qui fait de lui un penseur unique. Un Réveil Tardif : la reconnaissance Joly raconte aussi ce moment où, dans les années 1970, Elias sort de l'ombre. La sociologie réalise enfin la portée de ses travaux. La France, avec Pierre Bourdieu, puis l'Allemagne, redécouvrent Elias comme un « penseur total ». Il est vieux, presque un sage, mais il reste lucide. Joly le montre discutant avec des étudiants, relisant ses propres écrits avec un œil critique. Une citation revient souvent dans le livre : « Il faut penser comme si nous avions l'éternité devant nous. » Cette patience est au cœur de son travail. Elias a pris le temps de comprendre ce que d'autres survolaient. Sa marginalité, finalement, était un privilège. Un Nouveau Regard : La Pensée Perverse au Pouvoir Plus récemment, Marc Joly poursuit sa réflexion autour des processus sociaux en publiant La pensée perverse au pouvoir (2024), un ouvrage inspiré des travaux de Paul-Claude Racamier. Il y explore comment la perversion narcissique, par le biais du déni, de la manipulation et de la projection, peut s'installer au sommet des systèmes politiques modernes. Joly interroge les dynamiques du pouvoir contemporain, où les mécanismes pervers créent une atmosphère de confusion et de violence symbolique. Cet ouvrage prolonge les intuitions sociologiques d'Elias en les confrontant à la crise démocratique actuelle, offrant une réflexion urgente et nécessaire sur les dérives du leadership politique. Biographie de Marc Joly Marc Joly est historien et sociologue. Spécialiste de l'œuvre de Norbert Elias, il est chercheur au CNRS et enseignant à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Son travail se concentre sur les sociologies historiques et la genèse des savoirs modernes. Avec Devenir Norbert Elias, il démontre un talent rare pour l'écriture biographique et l'analyse intellectuelle. Bibliographie sélective de Marc Joly Devenir Norbert Elias (2012) La Révolution sociologique (2021) La pensée perverse au pouvoir (2024) Traductions et commentaires de travaux d'Elias Conclusion : une œuvre qui résonne encore En refermant Devenir Norbert Elias, on mesure la persistance des idées. L'oeuvre d'Elias, patiemment reconstruite par Joly, est un antidote à l'instantanéité contemporaine. Ce que Joly nous rappelle, c'est que penser, aujourd'hui encore, exige une lenteur radicale. Norbert Elias nous laisse une leçon simple : la civilisation n'est ni acquise, ni éternelle. C'est un processus fragile, qu'il faut sans cesse comprendre pour mieux le protéger.|couper{180}
Lectures
Bien des années plus tard : l’étrange destin du réalisme magique
"Bien des années plus tard", ce début inoubliable de Cent ans de solitude continue de hanter des générations de lecteurs. Le réalisme magique, ce mélange unique de merveilleux et de quotidien, a marqué l’histoire littéraire mondiale, devenant l’un des courants les plus emblématiques du XXe siècle. En France, il a fasciné, captivé, saturé, avant de s’effacer presque totalement. Cet article revient sur cet âge d’or où Borges, García Márquez, Amado et tant d’autres portaient une voix éclatante venue d’Amérique latine, et explore les raisons de son lent effacement dans la conscience littéraire collective. Que reste-t-il aujourd’hui du réalisme magique, sinon des œuvres intemporelles et une nostalgie douce-amère ?|couper{180}
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Danielle Collobert : écrire au bord du souffle
Le 24 juillet 1978, Danielle Collobert met fin à ses jours dans une chambre d’hôtel parisienne, le jour de son 38ᵉ anniversaire. Elle laisse derrière elle une œuvre fragmentée, radicale et profondément marquée par l’exil, l’engagement et une quête de l’indicible. Collobert écrivait comme on respire sous l’eau, chaque mot haletant, suspendu, cherchant à contenir un vide immense. « Pas d’ornement. Pas d’image. Rien que le mot, le choc », affirmait-elle, décrivant une approche littéraire qui repousse les conventions pour mieux explorer les zones de rupture, les silences et l’absence. Collobert n’a cessé d’éprouver les limites du langage, d’interroger le rapport entre l’écriture et l’existence. Refusant les assignations, qu’elles soient politiques, féminines ou littéraires, elle a construit une œuvre qui transcende les catégories. Cet article propose d’explorer trois dimensions clés de son parcours : sa vie marquée par l’exil et l’engagement politique, une œuvre où la fragmentation traduit une tension existentielle, et un style qui défie les normes tout en posant des questions universelles sur la condition humaine.|couper{180}
Carnets | décembre 2024
12 décembre 2024
Essayer de reprendre les faits les uns derrière les autres sous la forme d'une liste, d'un plan, à la façon du petit Poucet avec ses miettes de pain ou ses petits cailloux.|couper{180}
Carnets | décembre 2024
10 décembre 2024
H.P. Lovecraft Retour de la permanence à Saint-Donat en écoutant des textes de H.P Lovecraft lus sur la chaine Youtube Tindalos. Plus que l'histoire en elle-même, mon attention est sur la prononciation de chaque phrase. Je me suis amusé à repéré l'accent tonique, à compter le nombre d'adverbes, d'adjectifs destinés à inspirer l'horreur. Il en résulte à la fin une sorte de gaité, de bonne humeur, une euphorie. Notamment cette histoire du Temple, cet Allemand qui reste seul dans son sous-marin après que tout son équipage a perdu la raison et c'est enfui ou noyé, sans doute les deux. Cette rigidité qui revient dans un rythme lancinant en parallèle du récit— Ma volonté allemande, mon intelligence prussienne, ma volonté teutonne, le tout primant sur le simple péquin vivant par hasard au bord du Rhin au bout d'un moment fait rire . Ce mélange d'humour, d'adverbes et d'adjectifs sensés installer la peur tout au contraire me met en joie. C'est que c'est le style justement l'important dans toute cette histoire, un style exagérément gonflé, superfétatoire, dont on ne prend pas la mesure exacte lors des lectures adolescentes de HP Lovecraft. Il faut que je note sur nom J. B, cette peintre qui vit à Bourg de Péage et qui est restée un long moment à me montrer ses tableaux sur son smartphone. J'ai eu peur au début, elle parlait de Notre Dame, que Notre Dame l'avait inspirée. Qu'elle avait commencé à peindre cette série de tableaux ( 12 ) depuis l'incendie de Notre Dame. Heureusement dans ces cas là on attend que ça passe poliment, que ça s'arrète tout seul si on ne relance pas. Et puis je ne sais pas est-ce que l'on se présente aux gens en disant dans les années 77 j'ai beaucoup vendu, c'est tout à fait grossier, c'est même carrément vulgaire. Puis j'apprends qu'elle a traversé toute une cohorte de malheurs, je m'attendris, je compatis. Je n'irais pas mettre un cierge pour autant. Lui ai laissé mon adresse mail au cas ou elle veuille m'inviter à son exposition prochaine. Une demie- heure après mon arrivée à la maison coup de fil de S. qui me hurle dans l'oreille qu'elle est perdue que son GPS ne marche pas qu'elle ne sait pas où elle est. Qu'est-ce que j'y peux ? je monte voir la carte sur l'ordinateur Eysin Pinet tu as le choix entre revenir en arrière vers Pont l'Eveque, ensuite Vienne ou bien te diriger vers cours et Buis et il y aura une route sur ta droite directe pour Vienne. Elle me hurle à nouveau dans l'oreille Je suis perdue , je suis perdue. J'en ai marre —qu'est-ce que j'y peux ? ... on raccroche . Elle me rappelle je suis perdue j'en ai marre etc. Calme toi tu conduis. Je répète. On raccroche encore. Du coup suis énervé aussi maintenant Je suis redescendu pour aller visiter le frigo. Pas grand chose. Je vais faire des pâtes. Il reste un peu de fromage rapé et du beurre. Tout va bien. Je me demande ce que ça pourrait donner si je racontais ça dans le style de Lovecraft. Et tiens bizarre, pas beaucoup de personnages féminins dans ses histoires maintenant que j'y pense.|couper{180}
Lectures
La critique littéraire
"Après 1968, le mot “critique”désigne, par prédilection, le déchiffrement et le travail sur le texte. La critique littéraire de Lucette Finas développe une lecture qu’on pourrait dire pénétrante, qui recherche non pas ce que l’auteur a « voulu dire », si tant est qu’il ait un vouloir dire défini, mais les ambiguïtés du texte, le travail de la forme et du rythme, voire, ce qui est nouveau et va enchanter Barthes, sa vitesse et les relations que le texte peut engager avec d’autres textes. Son approche nouvelle consiste aussi à ne pas se limiter au sens qu’on entrevoit au texte, mais à la forme multiple que peut prendre ce sens s’il existe. Elle propose un travail d'épuisement du texte, au moyen d'une lecture attentive, cultivée et systématique. Ce travail permet d'atteindre une compréhension étendue des résonances se dégageant du texte, à la fois celles voulues par l'auteur, mais également d'aller au-delà de la volonté consciente initiale de l'auteur, le lecteur apportant sa propre subjectivité au texte. Cette lecture est transversale, en multipliant les approches, les disciplines, les lectures, au point qu'il s'agit à proprement parler d'un acharnement du lecteur face à son texte Cette lecture qu'elle propose devient alors « résonance » d'un contexte plus large, de son environnement culturel, de son époque, résonance que le lecteur est amené à alimenter de ses propres lectures ". ( extrait de la page Wikipédia de Lucette Finas) note pour le dernier paragraphe : (en) Jerry Aline Flieger, Reviewing the work for World Literature Today "Il n'y a pas de thème, le thème est un effet" il s'agit d'une phrase de Derrida à propos de l'ouvrage de Jean-Pierre Richard sur Mallarmé que relate Lucette Finas ( voir vidéo viméo "Le monde littéraire actuellement je le vois comme un éparpillement où chacun s'efforce de savoir ce qu'il veut communiquer"... à lire également : Une nouvelle théâtrale : Le Réquisitionnaire de Balzac par Lucette Finas. Puis je lis ailleurs ( un texte de Derrida ) que la philosophie peut-être considérée comme de la fiction— que la fiction littéraire ce peut-être aussi de la philosophie. Tout ça m'assomme merveilleusement, je vais pouvoir aller dormir, enfin.|couper{180}