Bilan
Septembre est désormais bien entamé et la situation n’est pas glorieuse. Moins d’élèves à l’atelier, j’ai dû supprimer le créneau du mercredi matin pour en recréer un nouveau le samedi matin. Récupérer ainsi des jeunes, des personnes qui travaillent en semaine. En revanche, plus personne le mardi soir. Ont été invoquées le manque d’argent, l’affaiblissement dû à l’âge, ou encore de nouveaux emplois du temps. Le chiffre d’affaires est à diviser par deux. Ensuite, les salaires en moins suite à démission de deux MJC. Ensuite, les factures qui ne s’arrêtent jamais. Notamment, les abonnements pour logiciels, oh pas de grosses sommes, mais mises les unes au bout des autres, cela finit par faire tout de même un montant annuellement. Cela pour l’activité, pour le boulot. Je peux perdre du temps à chercher des raisons, me culpabiliser de je ne sais quoi, cela ne va pas changer grand-chose à la situation. Depuis le passage de la Covid, les diverses canicules, la crise, l’atmosphère mortifère qui en résulte nous a tous affaibli. Que l’on trouve de plus en plus insupportable la moindre injustice, la moindre mesquinerie ? Enfin, je m’en aperçois de mon côté. Peut-être parce que l’on a tant espéré. Que tous ces événements surtout, n’interviennent pas de manière insensée, qu’ils puissent permettre de réfléchir à notre façon de vivre et de travailler, de tirer un certain enseignement de tout cela ? Mais, on voit bien que la déception, une fois encore, remplit l’espace laissée par ces espoirs. Le profit, la spéculation, la hausse du prix de nombreuses denrées, et tout cela étayé, justifié, légalisé. Quant aux actions mises en place par le gouvernement, des soufflets à la population. Toutes ces nouvelles règles que l’on pondra pour obliger les allocataires du RSA, les chômeurs, les retraités à endosser une grande part des responsabilités du désordre actuel. Des boucs émissaires. Une réaction moyenâgeuse. Et, qui va bien avec la montée des extrêmes droites dans nombre de pays européens. Et, ces chèques distribués comme des aumônes pour faire avaler des couleuvres. C’est comme si le marasme personnel et collectif était la nouvelle donne. Une donnée quasi scientifique, experts à l’appui. Par-dessus tout cela, la distillation de la peur. Une inquiétude générale. Parfois si je me recule un peu par rapport à ce tableau que l’on veut me présenter comme une réalité, j’éprouve la sensation du faux, presque immédiate, d’être au théâtre ou au cinéma. La mise en place progressive d’un décor simultanément sombre et grotesque, celui d’un film d’horreur.
Comment réagir personnellement à cela. Comment ne pas se laisser happer, engloutir par toute cette misère mentale et matérielle. N’ai-je pas déjà connu ces choses dans ma vie ? Bien sûr, plus jeune, plus vigoureux, je trouvais des ressources pour contrecarrer ces situations de crise. Le fait de se contenter de peu parce qu’à côté, je trouvais le temps d’écrire, de peindre. J’avais alors su réduire le besoin à presque rien. Mais, dans ces circonstances un paramètre était important, j’étais seul la plupart du temps. Désormais marié, difficile de réduire le besoin comme autrefois. Et puis mon épouse est une inquiète de nature. De plus, passé la soixantaine, on s’aperçoit que ce ne peut plus être toute à fait comme avant, que l’on est plus vulnérable, plus fragile. Surtout parce que l’on est lié plus étroitement que jamais à la contingence. Toutes ces charges à payer, ces frais pour maintenir un certain confort, un niveau de vie comme on dit. Oh ce n’est pas non plus une sinécure, mais avec le temps et l’âge, on finit par y tenir. C’est aussi une sorte de socle identitaire. Seul, j’aurais peu de peine à tout envoyer valdinguer, à réduire la voilure. Mais, peut-être que je m’illusionne aussi sur mes forces et mon courage. Probablement que finalement, je me laisserais couler, dans cette obstination que je connais si bien à ne pas vouloir réagir, à compter sur le destin, la Providence. Ce qui m’a toujours conforté de le faire c’est que ça marche, que la vie est toujours en moi plus forte que tout. Juste le temps de prendre suffisamment de recul pour constater l’absurdité, le ridicule de cette obstination. Mais, la prendre aussi en considération comme un élément fondamental de mon existence. Ce côté têtu. Se laisser couler jusqu’au fond puis donner un coup de pied pour remonter. Éprouver la joie, l’ivresse de voir un nouveau matin se lever, de se sentir vivant après avoir traversé ces périodes étranges, proches d’une idée de néant, de mort. Sans doute plus facile de le faire égoïstement qu’à deux. Mon théâtre personnel si l’on veut.
Faire un bilan aussi de mes activités. Notamment de ce que j’imagine faire sur internet. Qui me prend beaucoup de temps. Ce blog auquel je m’accroche et qui me donne l’impression de faire quelque chose n’est-ce pas aussi une illusion, une absurdité. Je viens de payer la facture de renouvellement en début de mois et j’ignore si j’ai bien fait. Implicitement, je me suis mis dans une sorte d’obligation de le poursuivre une année de plus. Qu’est-ce que j’en tire vraiment ? Si j’analyse, c’est une espèce d’investissement. Une façon autodidacte d’apprendre à écrire encore, et qui parfois peut me sembler ridicule à mon âge. Comme si je n’avais pas encore effectué le chemin nécessaire pour régler une difficulté à renoncer. Renoncer à être cet écrivain que j’ai toujours souhaité en rêve « devenir ». Occasionnellement, le ridicule me saute tellement aux yeux et manière si brutale que je me retrouve atterré. Et bien sûr l’obstination de nouveau comme seul recours. Cette régularité d’écrire chaque matin est liée étroitement à cette obstination. Au détriment de nombres d’autres choses que je effectuerais à la place. Sans doute que ce pourrait bien n’être que pour avoir l’excuse de ne pas les effectuer. L’écriture a pris le pas sur la peinture, c’est indéniable. J’écris plus que je ne peins. Pour rien. C’est-à-dire que ne vient pas à l’idée vraiment le fait d’écrire pour fabriquer un livre. Parfois, j’y pense bien sûr, mais presque aussitôt, je me détourne de cette idée. Alors, je ne me sens pas prêt. Ou du moins, j’ai perdu beaucoup en imagination sur le sujet. Il y a deux ans, j’avais osé publier « propos sur la peinture » j’ai effectué quelques ventes, à des élèves, des personnes intéressées en exposition. Mais, avec le recul, j’ai un peu honte de ce livre. Tout y aura été réalisé dans l’urgence, en plein confinement. Comme si déjà toutes ces nuits d’insomnie, cette réclusion, la somme de tous ces empêchements devait absolument servir à quelque chose. Et, par ailleurs pas complètement pour rien non plus si je me souviens de cette découverte que tous ces textes n’étaient rien d’autre que de l’autofiction. Ce qui a achevé d’enfoncer un clou et que pour finir, m’aura donné des pistes pour mieux me reculer encore par rapport à la chose écrite quelle qu’elle soit. Malgré tout accent de pseudo-sincérité que l’on puisse y trouver. De l’illusion toujours ni plus ni moins. Ce qui est naturel, vrai, authentique, se dissimule constamment sous cette fiction. Et, encore sans doute n’est ce que la fiction elle-même.
J’essaie de trouver comment effectuer des liens entre l’utile et l’inutile, comment tout cela, ce marasme, ces textes, cette difficulté renouvelée pour agir de façon efficace rassurer ma compagne, s’accrocher afin de ne pas sombrer égoïstement, ces nombreuses réflexions souvent sans véritable issue quant à la peinture pourrait enfin former un objet, une sorte de tout. Une espèce de pierre philosophale. Oh pas pour fabriquer de l’or, parvenir seulement à payer les factures et calmer ma moitié suffirait amplement.
Être dépendant est une gêne de plus en plus aiguë. Dépendant de quoi que ce soit. Et, parfois, aller chercher dans l’évidence cette habitude de dépendre est difficile. Par exemple la dépendance à la cigarette, au café, à l’habitude d’écrire chaque matin sur ce blog ou encore de me lamenter tout seul en écrivant puis en le partageant comme pour mieux m’en saisir ou m’en défaire.
Ma hantise que tout ne soit effectué pour rien. Que ma vie tout entière ne se soit écoulée pour rien. Cet effroi se mêle par ailleurs au désir tant je constate que les quelques choses auxquelles nous nous accrochons comme des moules à leur rocher me semblent si pathétiques, tellement risibles. Et aussi l’émotion énorme que ce constat provoque. Rires et larmes simultanément. Fragilité et cruauté vont aussi de pair.
Peut-être aussi une lassitude quant à l’imagination. Effectuer des actions dont je ne prends jamais la peine de mesurer l’impact dans une réalité collective. C’est que m’ont appris les infopreneurs que je suis sur YouTube. Mesurer leur impact sur leur audience et apprendre ainsi à corriger le tir, à produire des contenus qui intéressent leurs clients, sans doute parce qu’ils sont parvenus au même résultat que moi par un autre chemin finalement. Que nous sommes tous égoïstes et que la seule chose qui peut vraiment nous captiver c’est toujours nous-mêmes ! Et, cela ne va pas se loger que dans la lessive. On peut s’apercevoir de cela partout, y compris dans un atelier d’écriture, ensuite évidemment il y a ce que l’on fait de cette évidence. En profite-t-on ou pas, c’est affaire de chacun.
Mais, tout de même, je dois agir, ne pas rester bras ballants. Depuis un an que je me suis inscrit sur le site de Patreon. Une plateforme participative sur laquelle moyennement une somme modique, on peut déposer du contenu, et donc demander un soutien via abonnement. Ma fierté m’en a empêché. Oui, je ne vois pas réellement d’autre entrave que celle-ci à présent. Ce qui provoque un déclic ces derniers temps, provoque le désir de revenir à cette idée de Patreon, certainement tout le travail produit par François Bon. Ainsi de ce fait, on peut proposer des abonnements et en donner aux personnes pour beaucoup plus que pour leur argent. C’est ce que j’avais commencé à faire sur ma chaîne YouTube. Mais, si maladroitement quand j’y pense. Comme sur ce blog d’ailleurs. Tout ce temps passé sans doute pas pour complètement rien puisque j’ai tout de même des abonnés, et même un certain nombre de fidèles. Et, par ailleurs une idée me traverse que cette gratuité , cette générosité puisse aussi lasser ou effrayer. Nous savons tellement tous combien ce qui est gratuit cache quelque chose désormais. Un déséquilibre presque évident. C’est comme lorsqu’on nous fait un cadeau et que l’on se sent l’obligé. Un malaise se crée. Et, toutes les supputations qui ne tarderont pas à surgir si l’on s’interroge sur les raisons de cette gratuité.
Voilà donc où j’en suis ce matin. À l’heure des bilans. Est-ce que l’écrire règle la difficulté, je ne sais pas, j’ai souvent l’impression que ça permet de clarifier la confusion. De s’inventer des raisons sûrement. Ça ne sauve de rien en tout cas, c’est ce qu’il ne faut jamais perdre de vue.
Pour continuer
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}