Purgatoire
Carnets | Purgatoire
Fragment
J'ai découvert l'option "lecteur" de Wordpress... pourtant c'était sous mon nez comme d'habitude. Bref, je visite, je saute, je m'arrête, de blog en blog. Et puis en même temps je pense au zapping puis à la notion de fragment. Je m'aperçois que l'utilisation du fragment dans la photographie comme dans la poésie m'enchante. Cela me rappelle ce que je faisais moi-même lorsque j'allais me promener avec mon vieux Leica. Ce qui m'intéressait alors n'intéressait personne. A cette époque il fallait que l'histoire soit évidente, que la photographie raconte quelque chose. Sans doute que ça n'a pas changé. Mais on a besoin de moins d'éléments désormais pour se construire sa propre histoire, grâce à tous ces fragments. C'est devenu comme un nouveau langage que de plus en plus de personnes parlent ou comprennent.|couper{180}
Carnets | Purgatoire
Lettre aux menteurs
J'ai attendu longtemps avant de pouvoir l'écrire cette lettre. Le temps nécessaire qu'il faut pour éprouver la différence entre se persuader et être débarrasser du doute. Peut-être n'est t'elle encore qu'un brouillon, une esquisse, au moment même où je la commence je n'en sais fichtre rien, mais je sais qu'au delà des pensées quelque chose me pousse vers la surprise, l'aventure et voyez vous c'est ce qui me plaît le plus dans cette vie. C'est la seule tactique que j'ai trouvée pour contrer l'ennui pesant des certitudes. Bien sur vous vous direz que je me l'écris à moi-même en premier lieu. Vous ne vous répertorierez pas dans la catégorie des menteurs, vous vous tiendriez à l'écart un peu comme ces voyeurs qui dans leur désœuvrement ne cherchent qu'à glaner quelques informations croustillantes, quelques ragots afin de déjouer le silence primordial qui réside entre les êtres. C'est avant tout parce que vous serez persuadés de ne pas être menteur et ce faisant évidemment vous en êtes déjà une ou un. Je ne parle pas seulement du mensonge conscient, celui que l'on fomente pour tromper l'autre, je parle de tous ces mensonges que l'on ne cesse de ressasser en soi-même pour s'inventer à la face du monde comme de la notre. L'art de la persuasion sera sans doute celui du 21 ème siècle. J'aimerais bien pouvoir le sauter ce siècle pour apercevoir déjà le suivant qui sera certainement plus serein, plus ludique, plus inventif que tout ce que nous aurons eu à traverser pour y parvenir. Je ne dirai pas qu'il sera plus spirituel parce que ce mot est attaché à tout un carcan de religiosité qui ne sert encore qu'à tromper le chaland. L'église a depuis toujours été du coté des empêcheurs de tourner en rond, parce qu'elle ne comprend absolument rien aux vertus de la danse et de la transe. Parce que le profit depuis belle lurette guide le monde comme un vecteur, emportant tout en ligne droite. Cette ligne droite qui comme vous ne le savez peut-être pas est la seule direction que peuvent prendre les démons. C'est d'un éblouissement dont je voudrais aussi vous parler dans cette lettre. De cette lumière prodigieuse qui semble provenir d'un autre monde mais qui, à bien y réfléchir, est la seule vraie lumière rendant caduque toutes les autres en lesquelles on se sera éclairé pour voir. Tous ces voiles qui soudain s'évanouissent pour la laisser enfin passer telle qu'elle a toujours été. C'est en me rendant dans l'Allier en revenant de vacances que l'idée de cette lettre m'est revenue. Cela fait si longtemps que je la tiens au fond de moi comme un oiseau couve sa portée... J'ai poussé les grilles du cimetière là bas pour me rendre sur le caveau familial. J'ai vu la mousse sur le granit et j'allais laisser les choses ainsi quand mon épouse a dit : on va nettoyer. Nous sommes revenu à la voiture pour chercher une éponge et du produit à vaisselle au fond d'un panier et nous avons passé une partie de la matinée sous un soleil de plomb à remettre à neuf la pierre tombale. Puis une fois la chose faite, j'ai éprouvé l'envie de me promener un peu dans les allées, curieux de voir si je ne connaissais pas les noms inscrits en lettres d'or. La claque ! Je n'avais pas assez de doigts aux mains pour compter tous ceux que j'avais autrefois connus, camarades et amoureuses, imaginaires et réelles. Tout un contingent de défuntes et de défunts venus au jour en 60 et pour la plupart décédés depuis plus de 10 ans. J'ai voulu chasser cette impression abjecte de prime abord qui me réjouissait secrètement d'être toujours en vie. Un peu comme ces survivants d'attentats qui se sentent coupables d'en réchapper et dont la culpabilité semble directement provenir de la jouissance indicible de s'en être sorti indemne. Et puis merde ai je pensé quelle chance j'ai finalement ! Je suis là au grand air sous le soleil vais je encore m'en plaindre ? Je suis revenu en sifflotant pour remplir un gros bidon d'eau fraiche à la fontaine et arroser la pierre tombale. Je me suis souvenu de quelques bons moments passés et repoussant volontairement, courageusement tous les sales quart d'heures. Il ne servait plus à grand chose de conserver rancune, colère de tenir rigueur. Tout avait fondu comme par magie en quelques instants comme la mousse qui désormais disparaissait dans l'évacuation du caniveau. C'est là que j'ai compris aussi tous les mensonges que j'avais inventés pour vivre. C'est à cet instant là que l'éblouissement est advenu. En même temps que l'émotion insoutenable écartait mes cotes libérait mes poumons faisait cogner mon palpitant. J'ai pleuré je n'ai pu me retenir. Mais ce n'était pas sur moi cette fois ci. C'était sur le monde probablement, du moins s'il faut trouver un mot. J'ai refermé les grilles soigneusement et puis nous sommes reparti c'était l'heure du déjeuner et nous avions faim. Il y a souvent des choses bien plus importantes à faire dans la vie que d'écrire des lettres de toutes manières. dessin inachevé|couper{180}
Carnets | Purgatoire
Un autre rêve
Toutes ces peines, ces chagrins, ces désirs, un essaim incessant qui bourdonne gentiment dans la nuit. Une richesse qui se brasse toute seule au tout dedans d'un regard avare. Un ivrogne avide de conserver toute sa soif. Une constipation à n'en plus finir. On voudrait tout garder encore et encore, ne rien lâcher. S'y vautrer par confort face à l'inquiétude du rien. Ressasser, en rajouter des couches, encore et encore et des questions et des et si. Une abondance stupéfiante et toxique qui abolit l'espace et le temps. Suffirait de faire un pas de côté pour sentir le froid grimper. Glacé par ce face à face, on voudrait bien mais on ne peut point. On ne peut pas et on se réfugie vite fait dans le fameux c'est plus fort que moi. On ne peut point on n'est que ligne. Mais quand même on retente, on s'accroche, l'évasion fait rêver. Imagine un autre rêve que celui-ci. Peut-être une autre chance, une page blanche. Mais que dit la mort sinon ce que l'on sait déjà encore et encore. Epuise tout ça mon petit gars, épuise. Epuise encore et tu verras. Un peu comme Pavese mal compris "La mort viendra et elle aura tes yeux." Je m'attendais à une amante, un genre de bombe qui ferait tout exploser qui réduirait tout ça en poudre pour toujours En poussière d'étoile, en origine. Je n'ai vu au final qu'un voile orange. Le chirurgien tombe à point nommé , me débarrasse gentiment de mes vieux cristallins. Changer de vision ce n'est pas rien Mais l'habitude est reine, le confort de la peine est roi. Pour un clin d'œil de joie on paie ici des millénaires de chagrins. C'est le prix, c'est sans doute ce que ça vaut. On serait bien foutu d'en abuser je me connais. Se ruer vers la joie pour échapper à soi. Se barrer à l'anglaise encore une fois. Mais n'as tu pas du tout de rêve ? Bien sur j'en ai plein mais rien que des ne servant à rien. Rêver à rien c'est tout de même quelque chose c'est comme des coups d'épée dans l'eau ça ne fait rien à l'eau ça dit juste que t'as une épée dont tu ne sais pas quoi foutre Tu ne l'emporteras pas au paradis mon petit gars ah ça non. Pour t'en débarrasser juste un enfer à traverser. Et puis maintenant nu comme un ver vas-y Parle moi donc de cet autre rêve je plongerais le nez dans ton haleine de bébé j'écouterais ton silence et si tout se passe bien, alors je serais apaisé. Dessin sur logiciel Procreate Patrick Blanchon 2021|couper{180}
Carnets | Purgatoire
Excitation et apaisement
Il a fallu du temps pour que je parvienne enfin à renoncer à tout effort. Cet effort pour s'exciter, cet effort pour s'apaiser. Dans le fond des choses y en a t'il d'autres ? Le pire est que je ne savais même pas que je faisais un effort à chaque fois. Impossible de dire comment . Juste que le temps est important. Le reste demanderait des efforts inutiles. Il ne reste tout au plus qu'un peu de nostalgie et d'espoir, un tout petit amalgame. Une gratuité. Un cadeau que l'on ne se sent pas tenu de rembourser. Ocre et bleu Huile sur toile 60x60 cm Patrick Blanchon 2020|couper{180}
Carnets | Purgatoire
Le taureau qui pète
Quand j'étais jeunot j'habitais dans une chambre de bonne, au 7ème d'un immeuble cossu, sis Place de la Bastille. Au troisième logeait la famille Laraison, dont le père était le directeur de la Banque de France. Le tapis rouge que l'on pouvait voir dès le rez de chaussée s'arrêtait à leur étage mystérieusement. Sans doute eut on installé un ascenseur qu'il n'eut pas été plus haut non plus. Lorsque je descendais de mon 7ème quatre à quatre, je les croisais parfois. Monsieur Laraison était un homme de taille moyenne, ni gros ni maigre, vêtu de gris. Sa femme semblait fort attachée à lui car elle se cachait toujours derrière jusqu'à devenir son ombre exacte lorsque je passais devant eux en leur glissant un "bonjour" feutré. Quant à leurs marmots, ils étaient joufflus avec des regards en biais qui n'inspiraient aucune sorte de compassion pour le jeune homme que j'étais. Le mardi les Laraison recevaient. Leurs invités arrivaient vers 20 h et souvent comme je remontais vers ma piaule à cette heure là je découvrais dans l'escalier des fragrances de parfums inconnus. Puis lorsque je parvenais au 3ème je collais l'oreille contre leur porte et j'entendais des rires et des exclamations tranquilles comme ont l'art d'en produire les bons bourgeois de cette ville. J'en parlais à Pauline une fois que nous avions fait l'amour en guise de dîner et nous en riions en les imaginant festoyant autour de leur belle nappe blanche, s'agrippant à leurs verres en cristal de bohème, remplis de Toquay. Imagine si l'un d'entre eux soudain est victime d'une flatulence ou d'une éructation intempestive... imagine cette bonne madame Laraison en train de péter entre le hors d'Œuvre et la truite saumonnée... Nous riions et cela était bon, mon Dieu que c'était bon. Cela nous rassurait aussi de les imaginer humains au bout du compte, du moins nous l'espérions comme on espère à 20 ans. Le jour où j'ai perdu Pauline, j'ai laissé la piaule et je me suis barré de la Bastille. J'ai perdu de vue les Laraison aussi par dessus le marché. Parfois comme aujourd'hui ça m'arrive d'y repenser, je colle mon oreille à la porte de mes souvenirs, je revois Pauline et son corps éblouissant et puis j'entends un pet sonore soudain qui monte d'un 3ème pour fendre l'air. Et je me mets à rire, à rire, mon Dieu comme c'est bon ! Je me suis mis à penser à ça en voyant une œuvre de l'artiste Chinois Chen Wenling " Le taureau qui pète". En fait le vrai titre de cette œuvre est "What You see Might Not Be Real" en français :ce que vous voyez pourrait ne pas être réel. D'après les critiques il s'agit en fait d'une critique originale de la crise financière mondiale actuelle. Elle mets en scène un taureau qui représente Wall Street, propulsé par un pet surpuissant, et écrasant contre un mur un personnage mi-homme mi-démon qui n'est autre que Bernie Madoff, le plus grand escroc de l'histoire de la finance. Le taureau qui pète "What You see Might Not Be Real" Chen Wenling|couper{180}
Carnets | Purgatoire
La potion magique pour artiste
En cette fin d'année, j'ai fouillé dans mes vieux grimoires pour retrouver la vieille formule d'une potion magique. Le temps et les intempéries dues aux nombreux déménagements ont un peu abimé les pages, j'ai essayé de combler les trous, et puis je l'ai testée cette potion. Bon elle n'est peut-être "magique" que pour moi. Du coup pour voir, j'ai envie de la partager, dans une émission de podcast Si tu ne l'as pas encore fait du peux même t'abonner pour recevoir les prochaines notifications, en attendant je te souhaite le meilleur en cette fin d' année un peu étrange qu'est 2020. https://youtu.be/CwIiJspsI3I|couper{180}
Carnets | Purgatoire
100 abonnés
Je viens de recevoir une médaille de la part de WordPress pour avoir franchi la barre des 100 abonnés. Bon. Je me sens obligé de remercier toutes les personnes qui me suivent tout en précisant que ce n'est pas forcément parce qu'elles se seront abonnées à ce blog que cela m'engagera à lire tout ce qu'elles publient ou publieront. D'abord parce que je n'ai pas le temps. Et puis qu'au final ce système de like me bassine comme tout un tas de choses d'ailleurs qui me sautent aux yeux sur les réseaux sociaux en général. De plus j'ai le sentiment que ces like sont souvent déposés rapidement sans même avoir lu les textes ... alors à quoi donc cela sert-il ? mystère et boule de gomme. Donc merci WordPress pour ta médaille, merci à ceux qui me suivent et qui me "like" en toute sincérité et pour les autres ma foi je ne sais guère quoi leur dire de plus sinon bonne journée parce que dans le fond je ne suis pas chien.|couper{180}
Carnets | Purgatoire
Today ...pas grand chose à dire de plus.
https://youtu.be/LWjY2hyczqc|couper{180}
Carnets | Purgatoire
L’insupportable
Depuis l'école il est là et on nous apprend à le supporter avec de mauvais points, des claques, des coups de règle sur les doigts ce qui provoque par résignation l'habitude. Puis c'est l'entrée à l'usine, au bureau et il faut bien s'y faire aussi., l'atmosphère souvent lugubre des petits matins , la cohue des transports en commun , les coups de gueule des petits chefs , la transparence que nous opposons aux rêves des filles qui voudraient du solide et du sécurisant. Nous passons notre vie toute entière à supporter l'insupportable par oubli, par fatigue, par lassitude et à quoi bon . Il faut parfois un choc, une déflagration énorme pour que nous nous réveillions et le retrouvions intact tel qu'il a toujours été dans le fond. Il faut des tours qui s'effondrent, des salles de concert jonchées de cadavres, quelque chose de si extraordinairement monstrueux pour qu'on se dise merde rien n'a changé et c'est bien horrible de tout prendre en pleine figure à nouveau. Et puis les jours filent et on replonge dans le quotidien et l'on oublie à nouveau, on se range convenablement dans les files d'attente, on évite d'égorger les gens, on paie ses impôts et on vote contre un tel ou une telle plutôt que d’espérer vraiment que le candidat élu sorte véritablement du lot. On lit ensuite tous les scandales et on s'offusque collectivement de s'être une fois de plus fait berné comme si c'était la première fois. Puis on oublie à nouveau , le quotidien, et on se prépare à revoter encore et encore . Pourtant la vie nécessite ce combat permanent et de front contre l'insupportable , pas la peine d'attendre la guerre ou l'attentat pour s'y mettre. Il me semble qu'une vigilance animale devrait être apprise dés le plus jeune age pour s'opposer à l'insupportable. Pour cela il faudrait que l'école ne soit plus ce qu'elle est, que le monde ne soit plus celui ci ni les usines, ni les bureaux, où nous passons notre temps à esquiver la vie comme l'insupportable.|couper{180}