Parmi la toile, le pinceau, la peinture et le peintre, quel élément incarne le mieux ce cheval sauvage qu’il faut apprivoiser pour le monter et le guider ? Faut-il l’épuiser ou, au contraire, le juguler ?

Cette question éclaire la pulsion - ces forces profondes que la famille, l’école, la religion, puis l’entreprise et le gouvernement tentent de canaliser pour préserver le vivre-ensemble. Un processus visant à éviter les conflits violents et assurer la pérennité de l’espèce, comme des modèles économiques et politiques.

Pourtant, l’histoire révèle les failles de cette approche. Les sociétés tendent à marginaliser les phénomènes périphériques gênants - hier les forgerons chassés des villages, les druides persécutés, les sorcières pourchassées.

Le premier niveau d’évolution, personnel ou collectif, réside dans cette gestion des pulsions pour maintenir un équilibre écologique global. L’opposition entre "épuiser" et "juguler" prend ici tout son sens, utilisant la stratégie des vases communicants pour créer des zones d’expression variées, espérant une coexistence pacifique.

Mais remettre en question ces systèmes mène souvent à l’exclusion. Lorsque pratiques et individus marginalisés deviennent majoritaires, c’est le signe de l’échec des institutions traditionnelles - l’annonce potentielle de la fin d’un monde.

Revenons à notre métaphore du cheval et de la pulsion. Le conditionnement apparaît comme le moyen de gérer ces réactions anarchiques. Dans le dressage équestre, qu’il soit par renforcement positif ou négatif, il reflète davantage la perspective du dresseur que celle du cheval, qui ne perçoit que confort ou inconfort.

Pourtant, les chevaux savent lire le langage corporel de leur dresseur. Cette sensibilité dépasse les commandes explicites, tout comme le public perçoit les contradictions dans le discours des leaders - révélant les limites du conditionnement.

En peinture, après avoir traversé les conditionnements académiques et confronté les réalités du marché, l’artiste arrive à ce carrefour : suivre sa voie ou se conformer aux attentes. Ce moment décisif peut faire naître une pulsion créative renouvelée, invitant à écouter les voix intérieures et extérieures, fusionnant enfin les inspirations de la terre et du ciel sur la toile.