Codes
Vous avez passé le code, maintenant passez la conduite. Ils ont leurs codes. Au début, ça peut paraître hermétique. Il vous faut décoder tout ça. Vous pourriez vous en faire un code d’honneur. Pouvez-vous allumer les codes, s’il vous plaît ? Je crois qu’il vous manque une ampoule. Pour entrer sur le site, inscrivez-vous, choisissez un identifiant et un mot de passe. Ne donnez jamais votre numéro de code bancaire. Tapez votre code. Vous avez perdu votre code ? Pour récupérer votre identifiant ou votre mot de passe, cliquez ici. Pour plus de sécurité, une double identification est désormais demandée. Si vous voulez des informations sur vos comptes, tapez votre code postal, tapez votre numéro de compte client. Tapez 1, tapez 2, tapez * pour revenir au sommaire. Quel est votre code guichet, votre code banque ? J’essaie de décoder ce formulaire. Pourriez-vous m’indiquer le code de la porte ? C’est le même code pour les deux portes. Par contre, le code du portail est différent. N’inscrivez pas votre code n’importe où. Il est préférable de mémoriser votre code. Vous pouvez désormais utiliser ce nouveau code. Quel est votre code postal ? Votre code est confidentiel, ne le partagez avec personne. Pour obtenir votre code, inscrivez votre identifiant ou votre adresse e-mail. Pour entrer sur votre messagerie, tapez votre code. Vous n’avez pas de mémoire : voici un service payant pour rassembler tous vos codes. Pour y accéder, tapez votre code client. Pour créer votre site, pas besoin de savoir coder. Si vous voulez plus d’options, suivez notre formation. Vous deviendrez un expert en code HTML, en code CSS, en PHP, en Python, en C, en C++. Allumez les codes, éteignez-les, vous avez oublié d’éteindre vos codes. Vous êtes à plat : il n’y a plus de batterie. Désormais, chaque génération possède ses propres codes.
Les codes des cités, les codes des francs-maçons, les codes de la chevalerie, les codes à respecter en entreprise, à l’église, dans la file d’attente, les codes pour comprendre les codes, les codes pour se rappeler tout ce qui devra être oublié, le code civil, nul n’est censé ignorer la loi, la loi et ses codes, les codes du bien vivre ensemble, les codes pour tenir une fourchette et un couteau, les codes pour dresser une table, pour arranger des fleurs, pour boire de l’eau dans le bon verre.
Le codicille sera à ajouter en bas de page, ou sur une feuille à part. Le code de bonne conduite. Allumez vos codes, ne roulez pas plein phare, respectez le code de la route. Le code pour la cérémonie du mariage, du baptême, de l’enterrement : levez-vous, asseyez-vous, chantez, ne chantez plus, ne dormez pas, les codes pour s’asseoir correctement sur un zafu. Ça vous fait mal aux genoux : dura lex sed lex. Le code pour se plier en quatre, pour se déplier durant les heures de pointe. Le code pour être enfin riche, enfin libre, enfin heureux, enfin beau. Le code pour bien manger, le code pour être en bonne santé, pour vivre vieux en bonne santé, le code pour oublier qu’on est cerné par les codes.
Pour continuer
Carnets | mai 2023
Disparitions
Je relis de vieux articles, pas fameux. Tout en bas, une ou deux personnes semblent s’y être arrêtées. Je clique sur leur avatar, curieux de voir ce qu’ils font sur WordPress. Et je tombe sur : L’auteur a effacé son site. Évidemment, ça m’embarque dans les allées d’un vieux cimetière, peut-être celui du Père Lachaise. Il y a les tombes célèbres, les visites obligées. Mais ce que je garde en mémoire, c’est l’émotion particulière face à une sépulture anonyme. Une dalle fendue, un nom presque effacé. Parfois, juste une nuance de terre signale qu’un corps repose là. Voir un site “effacé par son auteur” provoque un trouble semblable. Je pense à septembre, au blog que je n’ai plus envie de renouveler. Trop cher pour ma modeste bourse. Comment quitter la table avec élégance ? J’ai tout sauvegardé, au cas où WordPress décide de tout effacer à l’échéance. Peut-être que je remettrai tout en ligne ailleurs, chez un hébergeur plus abordable. Ou peut-être qu’il faut accepter de tourner la dernière page, pour pouvoir en ouvrir une autre. Ou peut-être que je ne toucherai à rien. Et je verrai bien ce qui se passe. C’est plutôt ça, mon style : faire avec.|couper{180}
Carnets | mai 2023
31052023
Une chose est importante quand on veut raconter des histoires, c'est de ne pas perdre le fil de celle-ci. Tous les menteurs savent le risque de se couper ainsi qu'il est d'usage d'employer ce mot. Mais si l'on utilise ce risque comme ressort de l'histoire, que se passe t'il ? Admettons un écrivain qui perd la mémoire de son histoire, qui du jour au lendemain ne se souvienne plus du nom de ses personnages, de leurs biographies fictives et qui passe son temps à tout modifier... non par malice bien sûr, mais parce qu'il ne peut faire autrement désormais. Comme en peinture le doute et l'hésitation provoqueraient un flop à coup sur. Donc c'est en assumant totalement cette perte de mémoire, en y allant à fond que ça risque d'être vraiment attrayant. En tous cas au moins pour celui qui écrira cette histoire. A part ça je suis passé à la clinique hier, quelques coups de laser dans chaque œil et un éblouissement fameux à la sortie. Heureusement, mon épouse m'a prêté ses lunettes de soleil. Il y avait un protocole à suivre avant l'opération que j'ai complètement zappé évidemment. Il fallait prendre une série de gouttes quelques jours avant et je fus penaud d'avouer au toubib que j'avais fait l'impasse. A un moment j'ai cru qu'il allait reporter le RDV au moins suivant. Mais non, restez là je reviens, il m'a flanqué des gouttes à lui dans chaque œil j'ai eu l'impression de passer un portail. tout est devenu supersensible, y compris les défaillances d'un spot du plafond que je n'avais pas remarquées auparavant. Ensuite une vingtaine de minutes d'attente pour laisser le temps à la pupille de se dilater et hop. Aucune douleur. Juste des éblouissements répétés. Fixez mon oreille gauche me disait le toubib... je ne voyais rien du tout, il fallait inventer, estimer une distance, une tête, une oreille et fixer l'œil sur cette création parfaitement imaginaire. "— juste un peu plus bas si vous pouviez" ajoutait-il parfois.|couper{180}
Carnets | mai 2023
Assemblage
Lire avec attention, mais en conservant du recul. Noter au fur et à mesure des groupes de mots qui paraissent déjà vus, bizarres, plats, comiques, illogiques. Et les mettre les uns derrière les autres à la queue leu leu. voir ensuite ce que ça fait. Grand mythe fondateur. Symbole de vie. Puissance magique. Dispensateur de bienfaits. Œuvre d'art comme telle. Savez-vous que. A travers. Vous apprendrez. Découvrez le lien. Découvrez enfin. Comment [...] pour mieux. Enregistrez ce produit. Partagez votre achat avec vos amis. A défaut de prétendre. Pour aller vers le réel. Les obstacles auxquels il se heurte. Dans le cadre de. Son vrai titre. Le garant du système. Conduire une politique. Représenter l'institution. A double-titre. Un organe de presse. Nombreux déplacements. Le côté professionnel. Inciter les citoyens. Lire la presse écrite. Corriger les inégalités. Un regard collectif. Nous ferons le nécessaire. Dans ce style qui le définit si bien. Un récit passionnant. Dont on ignore encore tant de choses. Accablé de chagrin. Il s'est retiré dans la solitude. Il commença à se dire qu'une nouvelle vie était possible. Retrouvant ses reflexes. Une tragique pollution. Protéger des malversations. En laissant courir les rumeurs. Une malédiction pèserait sur la ville. Une réalité objective. Commentaire autorisé et décryptage. Si l'on doit caractériser. Un angle mort. Un policier abat un jeune homme. Toute une population. Le contrôle au facies. Positiver le négatif. C'est une simple bavure. Un plan social. Une affaire de mœurs. La légitime défense. la tyrannie du politiquement correct. Un lynchage médiatique. Un quartier sensible. Coller à son époque. Des instances de médiation. La voix de son maître.|couper{180}