{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/faites-au-mieux.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/faites-au-mieux.html", "title": "Faites au mieux", "date_published": "2023-05-14T07:40:50Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
<\/p>\n
—Faites au mieux\u2026<\/em><\/p>\n Phon\u00e9tiquement j\u2019eus un doute. F\u00eate ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de pr\u00e9cision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en r\u00e9union. C\u2019est tr\u00e8s mal vu. Les jeunes se font avoir r\u00e9guli\u00e8rement. Les jeunes posent des questions en r\u00e9union. Un ange passe. Les vieux sourient int\u00e9rieurement. Mais ils ne le montrent pas bien s\u00fbr. Avoir un jeune en r\u00e9union c\u2019est toujours une attraction \u00e0 ne pas louper. Chacun doit faire sa petite exp\u00e9rience. Et Au mieux, OMIEUX ? \u00e9tait-ce le nom d\u2019un lieu-dit o\u00f9 la f\u00eate se tiendrait si, dans mon incompr\u00e9hension totale, en t\u00e2tonnant je dusse m\u2019y rendre.<\/p>\n Je me doutais que ce ne pouvait \u00eatre si simple, et puis c\u2019\u00e9tait illogique d\u2019envoyer ainsi un employ\u00e9 faire la f\u00eate avec tout ce travail encore \u00e0 faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la t\u00eate en silence. Ce fut la r\u00e9ponse attendue. Un ou deux jeunes gens pos\u00e8rent des questions saugrenues, des anges pass\u00e8rent et repass\u00e8rent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares int\u00e9rieurement.<\/p>\n Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destin\u00e9s \u00e0 faire baisser la tension nerveuse, pour m’\u00e9vader tout en \u00e9tant l\u00e0, pour \u00eatre attentif autrement \u00e0 tout ce qui pourrait se d\u00e9rouler l\u00e0.<\/p>\n Mais tout de m\u00eame cela me pr\u00e9occupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas d\u00e9j\u00e0 du mieux possible \u00e0 peu pr\u00e8s chaque t\u00e2che qui m\u2019incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d\u2019habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c\u2019est \u00e0 dire mal au final ? Un \u00e9trange doute accompagn\u00e9 de plusieurs soup\u00e7ons naquirent comme des champignons apr\u00e8s les pluies d\u2019octobre, \u00e9taient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l\u2019embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit.<\/p>\n A la fin de la journ\u00e9e je n\u2019avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s\u2019approcha du bureau derri\u00e8re lequel j\u2019\u00e9tais et il me demanda :— alors c\u2019est fait ?<\/p>\n Sans ciller je hochais gravement la t\u00eate.<\/p>\n Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui \u00e9tait une chose excessivement rare pour \u00eatre marqu\u00e9e d\u2019une pierre blanche. O\u00f9 allais-je d\u00e9gotter une pierre blanche \u00e0 cette heure cependant ? Je l\u2019ignorais.<\/p>\n Puis la semaine passa et nous pass\u00e2mes tous en m\u00eame temps \u00e0 toute autre chose. C\u2019est \u00e0 dire \u00e0 la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu\u2019\u00e0 l\u2019ordinaire. Nous serions pr\u00eats pour la prochaine r\u00e9union hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l\u2019emp\u00eacher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu\u2019on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n\u2019est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.<\/p>",
"content_text": "\n\n\u2014Faites au mieux\u2026\n\nPhon\u00e9tiquement j\u2019eus un doute. F\u00eate ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de pr\u00e9cision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en r\u00e9union. C\u2019est tr\u00e8s mal vu. Les jeunes se font avoir r\u00e9guli\u00e8rement. Les jeunes posent des questions en r\u00e9union. Un ange passe. Les vieux sourient int\u00e9rieurement. Mais ils ne le montrent pas bien s\u00fbr. Avoir un jeune en r\u00e9union c\u2019est toujours une attraction \u00e0 ne pas louper. Chacun doit faire sa petite exp\u00e9rience. Et Au mieux, OMIEUX ? \u00e9tait-ce le nom d\u2019un lieu-dit o\u00f9 la f\u00eate se tiendrait si, dans mon incompr\u00e9hension totale, en t\u00e2tonnant je dusse m\u2019y rendre.\n\nJe me doutais que ce ne pouvait \u00eatre si simple, et puis c\u2019\u00e9tait illogique d\u2019envoyer ainsi un employ\u00e9 faire la f\u00eate avec tout ce travail encore \u00e0 faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la t\u00eate en silence. Ce fut la r\u00e9ponse attendue. Un ou deux jeunes gens pos\u00e8rent des questions saugrenues, des anges pass\u00e8rent et repass\u00e8rent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares int\u00e9rieurement.\n\nJe sortis mon calepin pour faire des gribouillis destin\u00e9s \u00e0 faire baisser la tension nerveuse, pour m'\u00e9vader tout en \u00e9tant l\u00e0, pour \u00eatre attentif autrement \u00e0 tout ce qui pourrait se d\u00e9rouler l\u00e0.\n\nMais tout de m\u00eame cela me pr\u00e9occupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas d\u00e9j\u00e0 du mieux possible \u00e0 peu pr\u00e8s chaque t\u00e2che qui m\u2019incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d\u2019habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c\u2019est \u00e0 dire mal au final ? Un \u00e9trange doute accompagn\u00e9 de plusieurs soup\u00e7ons naquirent comme des champignons apr\u00e8s les pluies d\u2019octobre, \u00e9taient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l\u2019embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit.\n\nA la fin de la journ\u00e9e je n\u2019avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s\u2019approcha du bureau derri\u00e8re lequel j\u2019\u00e9tais et il me demanda :\u2014 alors c\u2019est fait ?\n\nSans ciller je hochais gravement la t\u00eate.\n\nIl exhiba un sourire satisfait. Ce qui \u00e9tait une chose excessivement rare pour \u00eatre marqu\u00e9e d\u2019une pierre blanche. O\u00f9 allais-je d\u00e9gotter une pierre blanche \u00e0 cette heure cependant ? Je l\u2019ignorais.\n\nPuis la semaine passa et nous pass\u00e2mes tous en m\u00eame temps \u00e0 toute autre chose. C\u2019est \u00e0 dire \u00e0 la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu\u2019\u00e0 l\u2019ordinaire. Nous serions pr\u00eats pour la prochaine r\u00e9union hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l\u2019emp\u00eacher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu\u2019on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n\u2019est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.",
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"title": "Se lancer",
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"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Il faut vous lancer\u2026 on ne sait pas comment vous le dire\u2026 et sur tous les tons\u2026 lancez-vous\u2026<\/em><\/p>\n Je mis un temps avant de comprendre qu\u2019ils s\u2019adressaient \u00e0 moi. Ou du moins \u00e0 eux-m\u00eames au travers de moi. Car il est extr\u00eamement rare que l\u2019on s\u2019adresse vraiment \u00e0 moi tel que je suis. Moi-m\u00eame y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre \u00e0 l\u2019\u00e9vidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n\u2019\u00e9tais ni plus ni moins qu\u2019un \u00e9pouvantail, un homme de paille, \u00e0 moiti\u00e9 Turc. Il insistaient sur la t\u00eate.<\/p>\n Se lancer\u2026 ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme \u00e7a sans y penser. Sans y r\u00e9fl\u00e9chir. Sans \u00e9tablir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l\u2019aval. Sans compter qu\u2019il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une arm\u00e9e d\u2019ing\u00e9nieurs, des super calculateurs. Sans oublier la mati\u00e8re premi\u00e8re, le b\u00e9ton, l\u2019acier, le fer. Sans oublier la bonne volont\u00e9, une quantit\u00e9 tr\u00e8s pr\u00e9cise de hargne, ajout\u00e9 \u00e0 quelques soup\u00e7ons de na\u00efvet\u00e9. Et puis c\u2019est tellement trivial de le dire mais il faut tout de m\u00eame le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. \u00c7a ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie \u00e0 mettre en branle, pour d\u00e9gotter le fameux nerf. Il faut tendre, sans \u00eatre tendre, c\u2019est \u00e0 dire, ne pas c\u00e9der comme le beurre c\u00e8de au couteau qui rabote la motte ( n\u00e9gligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n\u2019est pas parce que je compte pour du beurre qu\u2019il faut en profiter<\/em> ! Il faut tendre l\u2019oreille, sans \u00eatre dur de la feuille. Ceci \u00e9tant dit si on tend l\u2019oreille, ce n\u2019est pas ce qu\u2019elle va capter qui nous int\u00e9ressera en premier lieu, mais plut\u00f4t se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste \u00e0 tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille.<\/p>\n Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l\u2019on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l\u2019oreille de la m\u00eame fa\u00e7on. Idem si l\u2019on est assis ou debout, voire allong\u00e9, et encore vivant ou mort, \u00e0 dix-huit m\u00e8tres de profondeur sous l\u2019eau ou au sommet d\u2019un poteau t\u00e9l\u00e9graphique. Le son frappe l\u2019oreille suivent une r\u00e8gle de tangentes assez absconse mais bien r\u00e9elle. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s\u2019\u00e9garer inutilement. Se r\u00e9veiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it <\/em> qu\u2019on aura coll\u00e9 sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Ma\u00eetre mot d\u2019un d\u00e9but de journ\u00e9e . Ensuite si besoin est, se d\u00e9tendre en se levant, prendre une douche, un caf\u00e9 si c\u2019est absolument n\u00e9cessaire. si l\u2019on a pris l\u2019habitude de s\u2019imposer ce genre d\u2019habitudes. Ce qui n\u2019emp\u00eache nullement de tendre \u00e0 les r\u00e9duire voire les supprimer si elles ne vous servent \u00e0 rien, si ce ne sont que de simples programmes install\u00e9s dans la cervelle pour nous permettre de ne penser \u00e0 rien.<\/p>",
"content_text": "travail d'\u00e9l\u00e8ve, stage \"oser, h\u00e9siter\" mai 2023 \n\nIl faut tendre, sans \u00eatre tendre, c\u2019est \u00e0 dire, ne pas c\u00e9der comme le beurre c\u00e8de au couteau qui rabote la motte ( n\u00e9gligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau: Ce n\u2019est pas parce que je compte pour du beurre qu\u2019il faut en profiter ! Il faut tendre l\u2019oreille, sans \u00eatre dur de la feuille. Ceci \u00e9tant dit si on tend l\u2019oreille, ce n\u2019est pas ce qu\u2019elle va capter qui nous int\u00e9ressera en premier lieu, mais plut\u00f4t se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste \u00e0 tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. \n\nLe placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l\u2019on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l\u2019oreille de la m\u00eame fa\u00e7on. Idem si l\u2019on est assis ou debout, voire allong\u00e9, et encore vivant ou mort, \u00e0 dix-huit m\u00e8tres de profondeur sous l\u2019eau ou au sommet d\u2019un poteau t\u00e9l\u00e9graphique. Le son frappe l\u2019oreille suivent une r\u00e8gle de tangentes assez absconse mais bien r\u00e9elle.\n\nTendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d\u2019attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d\u2019une main l\u2019\u00e9pingle, de l\u2019autre la chemise\u2014 si c\u2019est bien une chemise ( on peut le v\u00e9rifier et modifier le mot \u00e7a ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s\u2019efforcer vers \u00e7a est \u00e0 prendre avec des pincettes, sachant d\u2019une part que le mieux est l\u2019ennemi du bien et que d\u2019autre part il faut savoir d\u2019o\u00f9 l\u2019on vient avant de pr\u00e9tendre se rendre o\u00f9 que ce soit. Mais si c\u2019est vers un mieux, il y a de grandes chances que l\u2019origine soitUn bien que l\u2019on ne saurait supporter en l'\u00e9tatUn mal que l\u2019on cherche \u00e0 renommerUne \u00e9nigme, on ne sait pas d\u2019o\u00f9 l\u2019on part on se contente simplement d\u2019embo\u00eeter le pas du plus grand nombre vers le mieux.\n\nIl faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s\u2019\u00e9garer inutilement.\n\nTendre vers une certaine pr\u00e9cision, mais sans jamais l\u2019atteindre de plein fouet, aucun carambolage n\u2019am\u00e9liore la pr\u00e9cision. Aucun carambolage n\u2019apporte quoique ce soit de bien pr\u00e9cis si l\u2019on n\u2019en meurt pas, qu\u2019on ne se retrouve pas h\u00e9mipl\u00e9gique, amn\u00e9sique, amput\u00e9, groggy ou m\u00eame indemne. On a juste assist\u00e9 \u00e0 un carambolage, peut-\u00eatre m\u00eame avoir endoss\u00e9 un r\u00f4le de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l\u2019occasion pour tendre vers la c\u00e9l\u00e9brit\u00e9 tout de m\u00eame, o\u00f9 ce qui est la m\u00eame chose, vers une id\u00e9e toute faite. La pr\u00e9cision ne s\u2019atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se r\u00eave, on peut la d\u00e9sirer certes, la convoiter, mais la poss\u00e9der serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soup\u00e7on de modestie \u00e0 ce moment l\u00e0 si l'on sent que l\u2019on s\u2019\u00e9gare, si l'on tend vers l'abus, l'extr\u00eame. \n\nDans la tendance moderne d\u2019arriver avant d\u2019\u00eatre parti, tendre est un verbe oubli\u00e9. Enterr\u00e9. Mais dont il faudra tout de m\u00eame faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer \u00e0 la fin des fins. Et puis par piti\u00e9, ne pas s\u2019attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien m\u00eame l'adversit\u00e9 produirait autant d' efforts d\u00e9mesur\u00e9s pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. \n\nSe r\u00e9veiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu\u2019on aura coll\u00e9 sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Ma\u00eetre mot d\u2019un d\u00e9but de journ\u00e9e . Ensuite si besoin est, se d\u00e9tendre en se levant, prendre une douche, un caf\u00e9 si c\u2019est absolument n\u00e9cessaire. si l\u2019on a pris l\u2019habitude de s\u2019imposer ce genre d\u2019habitudes. Ce qui n\u2019emp\u00eache nullement de tendre \u00e0 les r\u00e9duire voire les supprimer si elles ne vous servent \u00e0 rien, si ce ne sont que de simples programmes install\u00e9s dans la cervelle pour nous permettre de ne penser \u00e0 rien.",
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"title": "un temps pour chaque chose",
"date_published": "2023-05-13T04:56:56Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " https:\/\/youtu.be\/KyORfuSAa74<\/a><\/p>\n J\u2019\u00e9coute Fran\u00e7ois Bon lire son Rabelais, la g\u00e9n\u00e9alogie des G\u00e9ants. Derri\u00e8re lui un chat se pr\u00e9lasse, ou se redresse tout \u00e0 coup, comme s\u2019il avait rep\u00e9r\u00e9 un truc incongru ou in\u00e9dit \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de la maison de Ronsard, mais \u00e7a ne dure gu\u00e8re, soudain le voici qui fait sa petite toilette, se l\u00e8che le cul. Grand bonheur d\u2019\u00e9couter ces textes lus en plein centre de l\u2019\u0153il du cyclone. Apaisant et en m\u00eame temps inspirant. La g\u00e9n\u00e9alogie des g\u00e9ants, tous ces sons qui vous d\u00e9gringolent soudain dans l\u2019oreille et qui vous rappelle autre chose. Non pas l\u2019ancien testament, pas \u00e7a. Plut\u00f4t de l\u2019eau qui s\u2019\u00e9coule paisiblement, un ruisseau, une rivi\u00e8re, un fleuve pourquoi pas. L\u00e9g\u00e8ret\u00e9 et puissance de cette musicalit\u00e9 des mots comme de l\u2019eau et l\u2019id\u00e9e profonde d\u2019une reliance, d\u2019une alliance g\u00e9n\u00e9rale, d\u2019un chant g\u00e9n\u00e9ral \u00e0 la mani\u00e8re de Pablo Neruda. Il y a un temps pour chaque chose<\/em>, cela me semble \u00eatre une invitation plus qu\u2019un sermon, une injonction. https:\/\/youtu.be\/us8DrqldkaQ<\/a><\/p>",
"content_text": "https:\/\/youtu.be\/KyORfuSAa74\n\nJ\u2019\u00e9coute Fran\u00e7ois Bon lire son Rabelais, la g\u00e9n\u00e9alogie des G\u00e9ants. Derri\u00e8re lui un chat se pr\u00e9lasse, ou se redresse tout \u00e0 coup, comme s\u2019il avait rep\u00e9r\u00e9 un truc incongru ou in\u00e9dit \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de la maison de Ronsard, mais \u00e7a ne dure gu\u00e8re, soudain le voici qui fait sa petite toilette, se l\u00e8che le cul. Grand bonheur d\u2019\u00e9couter ces textes lus en plein centre de l\u2019\u0153il du cyclone. Apaisant et en m\u00eame temps inspirant. La g\u00e9n\u00e9alogie des g\u00e9ants, tous ces sons qui vous d\u00e9gringolent soudain dans l\u2019oreille et qui vous rappelle autre chose. Non pas l\u2019ancien testament, pas \u00e7a. Plut\u00f4t de l\u2019eau qui s\u2019\u00e9coule paisiblement, un ruisseau, une rivi\u00e8re, un fleuve pourquoi pas. L\u00e9g\u00e8ret\u00e9 et puissance de cette musicalit\u00e9 des mots comme de l\u2019eau et l\u2019id\u00e9e profonde d\u2019une reliance, d\u2019une alliance g\u00e9n\u00e9rale, d\u2019un chant g\u00e9n\u00e9ral \u00e0 la mani\u00e8re de Pablo Neruda.\n\nMais l\u2019Ancien Testament est tout de m\u00eame l\u00e0 qu\u2019on le veuille ou pas. L\u2019\u0153il pour \u0153il et le dent pour dent. Et parmi ces r\u00e9miniscences celle qui rappelle qu\u2019il y a un temps pour chaque chose et qui se confond avec une place pour chaque chose.\n\nJe pense \u00e0 cela ce matin en me souvenant d\u2019un commentaire re\u00e7u sur un de mes textes concernant les gros-mots et l\u2019observation donn\u00e9e que leur utilit\u00e9 serait mineure en po\u00e9sie. Qu\u2019avec des gros-mots on ne ferait que de petits po\u00e8mes. Et encore, qu\u2019avec des mots simples de la grande. Si je suis d\u2019accord avec la seconde assertion, elle coule de source, la premi\u00e8re m\u2019intrigue.\n\nPourquoi ne pourrait-on faire des odes bourr\u00e9es de jurons, fleuries d\u2019insultes, de belles J\u00e9r\u00e9miades constitu\u00e9e \u00e0 partir d\u2019une prosopop\u00e9e laissant s\u2019exprimer la politesse par sa totale absence.\n\nIl y a un temps pour chaque chose, la po\u00e9sie de Ronsard, la prose de Rabelais, les mis\u00e8res de Rutebeuf, de Nerval de Villon, les illuminations de Rimbaud ou Baudelaire et encore tant d\u2019autres qu\u2019un dictionnaire entier n\u2019y suffirait pas - nous disent aussi cela\n\nJe veux dire qu\u2019on \u00e9crit on parle on s\u2019exprime toujours peu ou prou avec son temps, qu\u2019on n\u2019est pas compl\u00e8tement d\u00e9tach\u00e9 de celui-ci, ni singleton. Cela se fait sans m\u00eame y penser. On est si imbib\u00e9, en immersion avec un son ambiant qu\u2019on le restitue toujours plus ou moins \u00e0 travers nos filtres.\n\nA moins de n\u2019\u00eatre pas du temps, \u00e0 moins de se cr\u00e9er une illusion d\u2019\u00e9ternit\u00e9 dans laquelle nous nous rapprochons de l\u2019un ou de l\u2019autre pr\u00e9cit\u00e9s pour parler la m\u00eame langue. Mais ce n\u2019est pas tout \u00e0 fait la m\u00eame chose. Etre du temps, ne pas en \u00eatre, s\u2019obliger au simple de fa\u00e7on violente face au compliqu\u00e9, \u00e0 la politesse, face \u00e0 l\u2019insane, c\u2019est cr\u00e9er des cat\u00e9gories, ou les renforcer encore, c\u2019est \u00e9tablir des camps.\n\n\n\nIl y a un temps pour chaque chose, cela me semble \u00eatre une invitation plus qu\u2019un sermon, une injonction.\n\nPeut-\u00eatre que ce qui relie Rabelais \u00e0 l\u2019aujourd\u2019hui est un chaos semblable se situant dans ce que nous nommons le bons sens ou la raison, ou encore le savoir. En savons nous beaucoup plus aujourd\u2019hui qu\u2019au temps de Joachim du Bellay ? Avons nous progress\u00e9 d\u2019un pouce sur la compr\u00e9hension du monde, ou de notre esp\u00e8ce ? C\u2019est \u00e0 voir mais grande chance qu\u2019on n\u2019y verra pas grand chose de nouveau.\n\nIl y a un temps pour chaque chose et pas pour rien sans doute mais pour se rendre compte que l\u2019eau comme la parole, l\u2019\u00e9criture empruntent mille formes mais joue toujours la m\u00eame musique malgr\u00e9 les apparences, l\u2019harmonie, les dissonances, l\u2019illusion de la diversit\u00e9 des paysages qu\u2019elles traversent.https:\/\/youtu.be\/us8DrqldkaQ",
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"title": "Faire des \u00e9tincelles",
"date_published": "2023-05-13T04:14:52Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
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"content_html": " Ce que l\u2019on comprend seul d\u2019un \u00e9v\u00e9nement, d\u2019un texte, d\u2019une parole dite. Ce que l\u2019on fabrique seul de tout \u00e7a. Quitte \u00e0 \u00eatre totalement \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de la signification qu\u2019attribue la collectivit\u00e9. Tout chemine de la na\u00efvet\u00e9 premi\u00e8re, par la b\u00eatise-soi-disant- puis par le malaise, la culpabilit\u00e9, le jugement, l\u2019enfermement, la lib\u00e9ration et la r\u00e9demption qui est le retour chez soi, le retour \u00e0 sa propre na\u00efvet\u00e9 qui vaut bien toutes les sciences entr\u2019aper\u00e7ues dans ce p\u00e9riple. Faire d\u2019une tare, d\u2019un \u00e9garement, d\u2019une solitude, une force plut\u00f4t que tout ces harassements, ces accablements, qui nous rongent sans rel\u00e2che. Parce qu\u2019on aurait commis comme le crime de s\u2019inventer un sens personnel \u00e0 la vie qu\u2019on m\u00e8ne, qu\u2019on sent, aux \u00e9v\u00e9nements qui ne cessent de se d\u00e9ployer, et d\u2019ailleurs dont personne ne sait le pourquoi du comment mais s\u2019impose l\u2019air d\u2019avoir l\u2019air de savoir, tout \u00e7a pour \u00eatre \u00e0 l\u2019heure gr\u00e9gaire, \u00e0 la mode ou je ne sais quoi. Comme cela parait naturel d\u00e9sormais d\u2019\u00e2nonner , en raison de l\u2019habitude prise t\u00f4t, enfonc\u00e9e de gr\u00e8s ou de force dans le ciboulot. L\u2019obsession de faire du feu en frappant l\u2019un contre l\u2019autre deux silex m\u2019est venue t\u00f4t. J\u2019y ai pass\u00e9 comme on passe des rames de papier au d\u00e9chiqueteur, beaucoup de temps, toute une enfance. Jamais je n\u2019ai obtenu autre chose que des \u00e9tincelles. Il ne m\u2019est pas venue l\u2019id\u00e9e de l\u2019\u00e9toupe, du foin, de la brindille, du duvet comme combustible. C\u2019est que le feu en lui-m\u00eame, une fois pris- cette id\u00e9e majeure partag\u00e9e par un si grand nombre, ne m\u2019int\u00e9ressait pas. C\u2019\u00e9tait son origine, la naissance du feu qui me fascinait bien plus que de m\u2019y r\u00e9chauffer de m’en rassurer ou d’en \u00eatre \u00e9clair\u00e9.<\/p>\n La grosse boite d\u2019allumettes sur le plan de travail de la cuisine, une facilit\u00e9 d\u00e9testable. Frotter une allumette contre la partie rugueuse de l\u2019emballage, faire un tel geste de mani\u00e8re machinale, en pensant aux fins de mois, aux commissions, au linge, aux semis, \u00e0 l\u2019injustice chronique des quolibets, des critiques, des moqueries, voil\u00e0 dans quel \u00e9tat ou lieu de l\u2019esprit r\u00e9sidait ma m\u00e8re une grande partie du temps. Frotter une allumette sans y penser pour allumer le feu sous le faitout, la po\u00eale, l\u2019introduire dans la gueule noire d\u2019un four pour r\u00f4tir le poulet, r\u00e9chauffer ou dorer le gratin de nouilles, se jeter dans cette facilit\u00e9 sans y penser, m\u2019expliqua en grande partie je crois ce vers quoi m\u00e8ne une \u00e9norme partie de nos apprentissages. Faire des choses sans y penser, en pensant \u00e0 autre chose, ne jamais \u00eatre l\u00e0 mais log\u00e9 dans l\u2019ailleurs, la r\u00eaverie furieuse des lendemains qui chantent.<\/p>\n Battre le briquet, expression attrap\u00e9 dans un conte de f\u00e9e, Perrault ou Grimm, non Andersen plut\u00f4t : Le petit soldat de plomb. Ou peut-\u00eatre Riquet \u00e0 la houppe, je reviens donc \u00e0 Perrault. Mais peu importe le lieu, l\u2019origine, la r\u00e9f\u00e9rence. Battre le briquet, pour dire allumer la flamme d\u2019un briquet. Cela incite imm\u00e9diatement \u00e0 penser la peine qu\u2019il faut infliger \u00e0 un objet quelconque pour qu\u2019il produise l\u2019\u00e9tincelle puis la flamme. Toute l\u2019\u00e9ducation que nous avons subit ne tient-elle pas dans cette expression d\u00e9su\u00e8te. \u00c9videmment ainsi en apparence je n\u2019arrive nulle part pour la plupart des gens. Ils ne peuvent se faire une id\u00e9e de nulle part, d\u00e9sirant plus que tout des lieux balis\u00e9s, avec des torches de pr\u00e9f\u00e9rence, de grands feux, des feux rouges, des feux de stationnement, des feux de position, des panneaux de signalisation, indiquant le meilleur sens de circulation possible pour ne pas s\u2019\u00e9garer. J\u2019aime le soir quand le soleil frappe ou bat les surfaces vitr\u00e9es des immeubles de la ville. Quand des \u00e9tincelles surgissent des grandes tours au del\u00e0 de Neuilly, son pont, du cot\u00e9 de Courbevoie ou Puteaux. Dans ce quartier neuf qu\u2019on nomme la D\u00e9fense. Taper un silex contre un autre jusqu\u2019\u00e0 ce que l\u2019odeur qui s\u2019en d\u00e9gage vous prenne le nez, vous enivre, nous avons ce pouvoir depuis le fond des \u00e2ges. Est-ce vraiment pour nous pr\u00e9munir contre l\u2019obscurit\u00e9, pour seulement \u00e7a et cuire des aliments et nous chauffer. Je crois que c\u2019est bien plus et en m\u00eame temps si peu. Peut-\u00eatre qu\u2019une grande partie de ce que nous nommons po\u00e9sie provient que de \u00e7a. Taper un silex contre un autre, provoquer des chocs dans la min\u00e9ralit\u00e9, peut-\u00eatre du son, pourquoi pas une musique si on prend la pr\u00e9caution d\u2019observer le rythme qui nous conduit. De temps \u00e0 autre la chair en p\u00e2tit, le tranchant de la pierre tranche la chair, le sang jaillit. Il faut peut-\u00eatre perdre beaucoup de sang ainsi pour cr\u00e9er la moindre \u00e9tincelle en tapant l\u2019un contre l\u2019autre deux silex. C\u2019est un apprentissage aussi.<\/p>",
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Parce qu\u2019on aurait commis comme le crime de s\u2019inventer un sens personnel \u00e0 la vie qu\u2019on m\u00e8ne, qu\u2019on sent, aux \u00e9v\u00e9nements qui ne cessent de se d\u00e9ployer, et d\u2019ailleurs dont personne ne sait le pourquoi du comment mais s\u2019impose l\u2019air d\u2019avoir l\u2019air de savoir, tout \u00e7a pour \u00eatre \u00e0 l\u2019heure gr\u00e9gaire, \u00e0 la mode ou je ne sais quoi.\n\n\u2014Mais non vous ne pouvez, vous n\u2019avez pas le droit, vous vous \u00e9garez ! Tenez allez donc au coin, prenez ce bonnet d\u2019\u00e2ne, et mon pied au cul, et ma main sur la gueule, en passant.\n\nComme cela parait naturel d\u00e9sormais d\u2019\u00e2nonner , en raison de l\u2019habitude prise t\u00f4t, enfonc\u00e9e de gr\u00e8s ou de force dans le ciboulot.\n\nJe comprends mon attrait furieux pour les silex, leur cassure nette, leur avantage tranchant. Je suis du silex comme on est des villes, de la campagne.\n\nL\u2019obsession de faire du feu en frappant l\u2019un contre l\u2019autre deux silex m\u2019est venue t\u00f4t. J\u2019y ai pass\u00e9 comme on passe des rames de papier au d\u00e9chiqueteur, beaucoup de temps, toute une enfance. Jamais je n\u2019ai obtenu autre chose que des \u00e9tincelles. Il ne m\u2019est pas venue l\u2019id\u00e9e de l\u2019\u00e9toupe, du foin, de la brindille, du duvet comme combustible. C\u2019est que le feu en lui-m\u00eame, une fois pris- cette id\u00e9e majeure partag\u00e9e par un si grand nombre, ne m\u2019int\u00e9ressait pas. C\u2019\u00e9tait son origine, la naissance du feu qui me fascinait bien plus que de m\u2019y r\u00e9chauffer de m'en rassurer ou d'en \u00eatre \u00e9clair\u00e9.\n\nLa grosse boite d\u2019allumettes sur le plan de travail de la cuisine, une facilit\u00e9 d\u00e9testable. Frotter une allumette contre la partie rugueuse de l\u2019emballage, faire un tel geste de mani\u00e8re machinale, en pensant aux fins de mois, aux commissions, au linge, aux semis, \u00e0 l\u2019injustice chronique des quolibets, des critiques, des moqueries, voil\u00e0 dans quel \u00e9tat ou lieu de l\u2019esprit r\u00e9sidait ma m\u00e8re une grande partie du temps. Frotter une allumette sans y penser pour allumer le feu sous le faitout, la po\u00eale, l\u2019introduire dans la gueule noire d\u2019un four pour r\u00f4tir le poulet, r\u00e9chauffer ou dorer le gratin de nouilles, se jeter dans cette facilit\u00e9 sans y penser, m\u2019expliqua en grande partie je crois ce vers quoi m\u00e8ne une \u00e9norme partie de nos apprentissages. Faire des choses sans y penser, en pensant \u00e0 autre chose, ne jamais \u00eatre l\u00e0 mais log\u00e9 dans l\u2019ailleurs, la r\u00eaverie furieuse des lendemains qui chantent.\n\nBattre le briquet, expression attrap\u00e9 dans un conte de f\u00e9e, Perrault ou Grimm, non Andersen plut\u00f4t : Le petit soldat de plomb. Ou peut-\u00eatre Riquet \u00e0 la houppe, je reviens donc \u00e0 Perrault. Mais peu importe le lieu, l\u2019origine, la r\u00e9f\u00e9rence. Battre le briquet, pour dire allumer la flamme d\u2019un briquet. Cela incite imm\u00e9diatement \u00e0 penser la peine qu\u2019il faut infliger \u00e0 un objet quelconque pour qu\u2019il produise l\u2019\u00e9tincelle puis la flamme. Toute l\u2019\u00e9ducation que nous avons subit ne tient-elle pas dans cette expression d\u00e9su\u00e8te.\n\nIl fait noir, on n\u2019y voit goutte, mais si l\u2019on bat le briquet l\u2019obscurit\u00e9, l\u2019ignorance reculeront. Ceci expliquant cela il ne fut pas rare que je choisisse l\u2019obscurit\u00e9 en y p\u00e9n\u00e9trant les mains vides, sans silex, sans allumette, sans briquet.\n\nJe crois que je voulais comprendre cette obscurit\u00e9, sa nature, sa raison d\u2019\u00eatre. Me faire ma propre id\u00e9e de cette obscurit\u00e9.\n\n\u00c9videmment ainsi en apparence je n\u2019arrive nulle part pour la plupart des gens. Ils ne peuvent se faire une id\u00e9e de nulle part, d\u00e9sirant plus que tout des lieux balis\u00e9s, avec des torches de pr\u00e9f\u00e9rence, de grands feux, des feux rouges, des feux de stationnement, des feux de position, des panneaux de signalisation, indiquant le meilleur sens de circulation possible pour ne pas s\u2019\u00e9garer. J\u2019aime le soir quand le soleil frappe ou bat les surfaces vitr\u00e9es des immeubles de la ville. Quand des \u00e9tincelles surgissent des grandes tours au del\u00e0 de Neuilly, son pont, du cot\u00e9 de Courbevoie ou Puteaux. Dans ce quartier neuf qu\u2019on nomme la D\u00e9fense.\n\nIl y a l\u00e0 une sorte de r\u00e9tribution du min\u00e9ral, du silex, une intention qui ressurgit du fond des \u00e2ges. La g\u00e9om\u00e9trie, la froideur, les angles aigus, tranchant, les \u00e9tincelles aux surfaces vitr\u00e9es beaucoup plus larges, un meilleur accueil \u00e0 l\u2019\u00e9tincelle, peut-\u00eatre une glorification de celle-ci bien plus que partout ailleurs dans la ville de l\u2019autre cot\u00e9 du pont qui enjambe la Seine.\n\nTaper un silex contre un autre jusqu\u2019\u00e0 ce que l\u2019odeur qui s\u2019en d\u00e9gage vous prenne le nez, vous enivre, nous avons ce pouvoir depuis le fond des \u00e2ges. Est-ce vraiment pour nous pr\u00e9munir contre l\u2019obscurit\u00e9, pour seulement \u00e7a et cuire des aliments et nous chauffer. Je crois que c\u2019est bien plus et en m\u00eame temps si peu. Peut-\u00eatre qu\u2019une grande partie de ce que nous nommons po\u00e9sie provient que de \u00e7a. Taper un silex contre un autre, provoquer des chocs dans la min\u00e9ralit\u00e9, peut-\u00eatre du son, pourquoi pas une musique si on prend la pr\u00e9caution d\u2019observer le rythme qui nous conduit. De temps \u00e0 autre la chair en p\u00e2tit, le tranchant de la pierre tranche la chair, le sang jaillit. Il faut peut-\u00eatre perdre beaucoup de sang ainsi pour cr\u00e9er la moindre \u00e9tincelle en tapant l\u2019un contre l\u2019autre deux silex. C\u2019est un apprentissage aussi.",
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"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
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"content_html": " S’attendre \u00e0 crever n’importe quand ne permet pas de faire de plan sur la com\u00e8te. C’est tellement miraculeux de vivre, quoiqu’on en dise. Malgr\u00e9 toutes les saloperies qu’on entend toute la sainte journ\u00e9e je veux dire. Quand on vit ainsi au jour le jour en s’attendant \u00e0 crever \u00e0 n’importe quel instant, quand on s’attend \u00e0 tout perdre d’un seul coup \u00e0 n’importe quel moment, vivre est malgr\u00e9 tout un miracle renouvel\u00e9 \u00e0 chaque instant.<\/p>\n Mais quoi, Nathalie Sarraute a commenc\u00e9 si tard \u00e0 publier... dans quel \u00e9tat elle a d\u00fb \u00eatre avant. Et \u00e0 96 ans dans quel \u00e9tat elle devait \u00eatre \u00e0 la fin... Toute surprise sans doute que le miracle se fut ainsi renouvel\u00e9 ainsi de suite durant tant et tant de jours de mois, d’ann\u00e9es.<\/p>\n Hier je me disais que j’\u00e9tais compl\u00e8tement foutu, bon \u00e0 ficher \u00e0 la benne. 63 ans, et toutes ces mis\u00e8res que l’on me fait pour obtenir une pension. Toutes ces mis\u00e8res qu’on me fait de ne rien vouloir devoir \u00e0 personne. De me d\u00e9merder seul depuis 2006. Gagner sa vie n’aura jamais repr\u00e9senter quelque chose de plus juste que durant toutes ces derni\u00e8res ann\u00e9es. Gagner pas grand-chose mais vivre malgr\u00e9 tout. M\u00eame si c’est toujours au jour le jour. Ce matin j’\u00e9coute une \u00e9mission sur Sarraute et paf un sursaut. bien que j’ai pass\u00e9 les 47 ans depuis un bail et que je doute d’aller jusqu’\u00e0 96.<\/p>\n Mais moi je publie sur mon blog, ce n’est pas pareil. Je n’ai m\u00eame pas besoin d’\u00e9diteur. Je m’en fous compl\u00e8tement d’avoir un \u00e9diteur. J’\u00e9cris au jour le jour, comme je vis. Ca durera le temps que \u00e7a durera et voil\u00e0 tout. Mais c’est pour dire quand m\u00eame que la vie est miraculeuse. 47 ans jusqu’\u00e0 96 on ne se rend pas compte... tous ces bouquins, un volume de la Pl\u00e9iade je vous prie. Ce n’est pas rien. Il faut croire dans les miracles et certainement avoir un peu de rage en soi toujours, pour persister, voil\u00e0 tout.<\/p>",
"content_text": "\n\nS'attendre \u00e0 crever n'importe quand ne permet pas de faire de plan sur la com\u00e8te. C'est tellement miraculeux de vivre, quoiqu'on en dise. Malgr\u00e9 toutes les saloperies qu'on entend toute la sainte journ\u00e9e je veux dire. Quand on vit ainsi au jour le jour en s'attendant \u00e0 crever \u00e0 n'importe quel instant, quand on s'attend \u00e0 tout perdre d'un seul coup \u00e0 n'importe quel moment, vivre est malgr\u00e9 tout un miracle renouvel\u00e9 \u00e0 chaque instant.\n\nMais quoi, Nathalie Sarraute a commenc\u00e9 si tard \u00e0 publier... dans quel \u00e9tat elle a d\u00fb \u00eatre avant. Et \u00e0 96 ans dans quel \u00e9tat elle devait \u00eatre \u00e0 la fin... Toute surprise sans doute que le miracle se fut ainsi renouvel\u00e9 ainsi de suite durant tant et tant de jours de mois, d'ann\u00e9es. \n\nHier je me disais que j'\u00e9tais compl\u00e8tement foutu, bon \u00e0 ficher \u00e0 la benne. 63 ans, et toutes ces mis\u00e8res que l'on me fait pour obtenir une pension. Toutes ces mis\u00e8res qu'on me fait de ne rien vouloir devoir \u00e0 personne. De me d\u00e9merder seul depuis 2006. Gagner sa vie n'aura jamais repr\u00e9senter quelque chose de plus juste que durant toutes ces derni\u00e8res ann\u00e9es. Gagner pas grand-chose mais vivre malgr\u00e9 tout. M\u00eame si c'est toujours au jour le jour. Ce matin j'\u00e9coute une \u00e9mission sur Sarraute et paf un sursaut. bien que j'ai pass\u00e9 les 47 ans depuis un bail et que je doute d'aller jusqu'\u00e0 96. \n\nMais moi je publie sur mon blog, ce n'est pas pareil. Je n'ai m\u00eame pas besoin d'\u00e9diteur. Je m'en fous compl\u00e8tement d'avoir un \u00e9diteur. J'\u00e9cris au jour le jour, comme je vis. Ca durera le temps que \u00e7a durera et voil\u00e0 tout. Mais c'est pour dire quand m\u00eame que la vie est miraculeuse. 47 ans jusqu'\u00e0 96 on ne se rend pas compte... tous ces bouquins, un volume de la Pl\u00e9iade je vous prie. Ce n'est pas rien. Il faut croire dans les miracles et certainement avoir un peu de rage en soi toujours, pour persister, voil\u00e0 tout. ",
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"title": "Queneau et ses exercices de style",
"date_published": "2023-05-12T10:51:08Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Donc l’\u00e9criture ne permet pas d’\u00eatre sauv\u00e9. Ni de l\u00e9viter. Ni les mondanit\u00e9s. Ni de remplir le r\u00e9frig\u00e9rateur. Ni m\u00eame un minimum de respect. Pas plus qu’un sourire de mon banquier, des institutions en g\u00e9n\u00e9ral. Pas m\u00eame de ma chatte qui s’en tamponne royalement. L’\u00e9criture ne permet pas grand chose en fin de compte \u00e0 part de s’\u00e9crire au kilom\u00e8tre, pour aider \u00e0 passer le temps, pour contrer l’angoisse, pour se dire je fais tout de m\u00eame un peu quelque chose dans ma journ\u00e9e. <\/em>Est-ce que j’\u00e9cris pour les autres ? rien n’est moins s\u00fbr. Parfois j’aimerais bien, mais mieux vaut ne pas \u00eatre trop exigeant non plus.<\/p>\n L’erreur sans doute est de penser qu’elle doive permettre ou servir \u00e0 quoique ce soit.<\/p>\n Du coup quand je ne me sens pas tr\u00e8s bien je reprends mon Queneau. Je relis quelques passages d’exercices de style.<\/p>\n Je crois que ce bouquin vaut autant qu’un p\u00e9riple douteux vers l’Himalaya et ses monast\u00e8res pouilleux. Question distance il nous rapproche du vrai sujet. Comment rire de ce que l’on \u00e9crit, s’en d\u00e9tacher en m\u00eame temps, et accessoirement, \u00eatre frapp\u00e9 par la gr\u00e2ce de l’illumination, surtout par temps morose, quand la luminosit\u00e9 baisse et que machinalement on appuie sur l’interrupteur du bureau.<\/p>\n Prendre une simple sc\u00e8ne et la r\u00e9\u00e9crire ainsi en employant plusieurs temps de la conjugaison relativise beaucoup le point de vue qu’on peut avoir sur l’\u00e9criture, sur l’importance qu’on y accorde, ou que l’on s’accorde surtout \u00e0 soi en tant que scribouillard compulsif.<\/p>\n Une l\u00e9g\u00e8ret\u00e9. Un all\u00e8gement notoire de l’id\u00e9e de notre propre importance.<\/p>\n Des moineaux sont venus s’\u00e9brouer dans une flaque d’eau laiss\u00e9e par la pluie dans la cour. Je les ai regard\u00e9 faire un bon moment. La chatte aussi. On s’est m\u00eame regard\u00e9 la chatte et moi \u00e0 un moment, c’\u00e9tait assez troublant. Elle \u00e0 lorgner les piafs mais mesurant l’effort \u00e0 produire et le gain putatif \u00e0 en extraire, elle a renoncer \u00e0 bouger, tout comme moi. J’aurais pu prendre un appareil photo pour immortaliser la sc\u00e8ne . Pour me changer les id\u00e9es. Tout en sachant qu’on en change pas d’id\u00e9e aussi facilement que \u00e7a d’un moment \u00e0 l’autre. Queneau et les moineaux sont divertissants comme \u00e0 peu pr\u00e8s tout ce qui a pour fonction de nous extirper d’une id\u00e9e fixe.<\/p>\n Puis ils se sont envol\u00e9s d’un coup. J’ai referm\u00e9 le livre et mes pens\u00e9es se sont aussit\u00f4t ru\u00e9es vers ce qui pouvait rester \u00e0 grignoter dans le r\u00e9frig\u00e9rateur. Se vider et se remplir, tout ne se r\u00e9sume t’il pas \u00e0 cela.<\/p>\n Quand j’\u00e9tais plus jeune je me demandais comment vivaient vraiment les \u00e9crivains, leur vraie r\u00e9alit\u00e9. Peut-\u00eatre fut elle la mienne en grande partie. Un refuge contre une certaine r\u00e9alit\u00e9 justement. Ce qui entraine , assez logiquement, qu’\u00e9crire, avec tout ce qui va avec consiste \u00e0 tenter de cr\u00e9er une r\u00e9alit\u00e9 au regard d’une autre. Se valent-elles ? Et pourquoi faudrait-il que les choses se valent ?<\/p>\n J’\u00e9cris parce que je ne peux pas faire autrement voil\u00e0 tout. J’\u00e9crirai parce que je ne pourrai sans doute jamais faire aussi sinc\u00e8rement autre chose. Je n’\u00e9crirais certainement pas si je pouvais faire autre chose. Si je n’avais pas \u00e9crit je ne sais pas ce que j’aurais pu faire d’autre. Euss\u00e9-je plant\u00e9 des poireaux, des blettes, des salades si je n’avais pas eu cette lubie d’\u00e9crire ? J’ai \u00e9crit tout le temps bien avant de prendre un carnet et un stylo. Je voudrais bien continuer \u00e0 \u00e9crire une fois mort, si c’est possible \u00e9videmment. Le jour o\u00f9 je n’\u00e9crirais plus c’est peut-\u00eatre parce que le monde aura disparu, que le n\u00e9ant aura repris tous ses territoires. Mais rien n’est moins s\u00fbr sachant que rien ce n’est pas rien. ce n’est jamais totalement rien. Je me rassure. J’\u00e9cris, tu \u00e9cris, il ou elle \u00e9crit nous \u00e9crivons vous \u00e9crivez ils \u00e9crivent. Parfois c’est bien de r\u00e9viser Queneau et ses conjugaisons. C’est relaxant.<\/p>",
"content_text": "Raymond Queneau, Photomaton, 1928, Fonds Jean-Marie Queneau\/diff. \u00e9ditions Gallimard.\n\nDonc l'\u00e9criture ne permet pas d'\u00eatre sauv\u00e9. Ni de l\u00e9viter. Ni les mondanit\u00e9s. Ni de remplir le r\u00e9frig\u00e9rateur. Ni m\u00eame un minimum de respect. Pas plus qu'un sourire de mon banquier, des institutions en g\u00e9n\u00e9ral. Pas m\u00eame de ma chatte qui s'en tamponne royalement. L'\u00e9criture ne permet pas grand chose en fin de compte \u00e0 part de s'\u00e9crire au kilom\u00e8tre, pour aider \u00e0 passer le temps, pour contrer l'angoisse, pour se dire je fais tout de m\u00eame un peu quelque chose dans ma journ\u00e9e. Est-ce que j'\u00e9cris pour les autres ? rien n'est moins s\u00fbr. Parfois j'aimerais bien, mais mieux vaut ne pas \u00eatre trop exigeant non plus. \n\nL'erreur sans doute est de penser qu'elle doive permettre ou servir \u00e0 quoique ce soit.\n\nDu coup quand je ne me sens pas tr\u00e8s bien je reprends mon Queneau. Je relis quelques passages d'exercices de style. \n\nJe crois que ce bouquin vaut autant qu'un p\u00e9riple douteux vers l'Himalaya et ses monast\u00e8res pouilleux. Question distance il nous rapproche du vrai sujet. Comment rire de ce que l'on \u00e9crit, s'en d\u00e9tacher en m\u00eame temps, et accessoirement, \u00eatre frapp\u00e9 par la gr\u00e2ce de l'illumination, surtout par temps morose, quand la luminosit\u00e9 baisse et que machinalement on appuie sur l'interrupteur du bureau.\n\nPrendre une simple sc\u00e8ne et la r\u00e9\u00e9crire ainsi en employant plusieurs temps de la conjugaison relativise beaucoup le point de vue qu'on peut avoir sur l'\u00e9criture, sur l'importance qu'on y accorde, ou que l'on s'accorde surtout \u00e0 soi en tant que scribouillard compulsif.\n\nUne l\u00e9g\u00e8ret\u00e9. Un all\u00e8gement notoire de l'id\u00e9e de notre propre importance.\n\nDes moineaux sont venus s'\u00e9brouer dans une flaque d'eau laiss\u00e9e par la pluie dans la cour. Je les ai regard\u00e9 faire un bon moment. La chatte aussi. On s'est m\u00eame regard\u00e9 la chatte et moi \u00e0 un moment, c'\u00e9tait assez troublant. Elle \u00e0 lorgner les piafs mais mesurant l'effort \u00e0 produire et le gain putatif \u00e0 en extraire, elle a renoncer \u00e0 bouger, tout comme moi. J'aurais pu prendre un appareil photo pour immortaliser la sc\u00e8ne . Pour me changer les id\u00e9es. Tout en sachant qu'on en change pas d'id\u00e9e aussi facilement que \u00e7a d'un moment \u00e0 l'autre. Queneau et les moineaux sont divertissants comme \u00e0 peu pr\u00e8s tout ce qui a pour fonction de nous extirper d'une id\u00e9e fixe.\n\nPuis ils se sont envol\u00e9s d'un coup. J'ai referm\u00e9 le livre et mes pens\u00e9es se sont aussit\u00f4t ru\u00e9es vers ce qui pouvait rester \u00e0 grignoter dans le r\u00e9frig\u00e9rateur. Se vider et se remplir, tout ne se r\u00e9sume t'il pas \u00e0 cela.\n\nQuand j'\u00e9tais plus jeune je me demandais comment vivaient vraiment les \u00e9crivains, leur vraie r\u00e9alit\u00e9. Peut-\u00eatre fut elle la mienne en grande partie. Un refuge contre une certaine r\u00e9alit\u00e9 justement. Ce qui entraine , assez logiquement, qu'\u00e9crire, avec tout ce qui va avec consiste \u00e0 tenter de cr\u00e9er une r\u00e9alit\u00e9 au regard d'une autre. Se valent-elles ? Et pourquoi faudrait-il que les choses se valent ? \n\nJ'\u00e9cris parce que je ne peux pas faire autrement voil\u00e0 tout. J'\u00e9crirai parce que je ne pourrai sans doute jamais faire aussi sinc\u00e8rement autre chose. Je n'\u00e9crirais certainement pas si je pouvais faire autre chose. Si je n'avais pas \u00e9crit je ne sais pas ce que j'aurais pu faire d'autre. Euss\u00e9-je plant\u00e9 des poireaux, des blettes, des salades si je n'avais pas eu cette lubie d'\u00e9crire ? J'ai \u00e9crit tout le temps bien avant de prendre un carnet et un stylo. Je voudrais bien continuer \u00e0 \u00e9crire une fois mort, si c'est possible \u00e9videmment. Le jour o\u00f9 je n'\u00e9crirais plus c'est peut-\u00eatre parce que le monde aura disparu, que le n\u00e9ant aura repris tous ses territoires. Mais rien n'est moins s\u00fbr sachant que rien ce n'est pas rien. ce n'est jamais totalement rien. Je me rassure. J'\u00e9cris, tu \u00e9cris, il ou elle \u00e9crit nous \u00e9crivons vous \u00e9crivez ils \u00e9crivent. Parfois c'est bien de r\u00e9viser Queneau et ses conjugaisons. C'est relaxant.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/suite-sans-queue-ni-tete.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/suite-sans-queue-ni-tete.html",
"title": "Suite sans queue ni t\u00eate",
"date_published": "2023-05-12T09:49:38Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " https:\/\/youtu.be\/QkHSfMr7kbc<\/a><\/p>\n \u00c7a ne tient pas debout\u2026debout les morts\u2026Tout se casse la gueule\u2026 Il est solide mais jusqu\u2019\u00e0 quand\u2026 \u00e7a ne tient plus debout\u2026 \u00e7a ne cassera pas trois pattes \u00e0 un canard\u2026 Mais redresse-toi nom de Dieu\u2026 Je vais m\u2019allonger un peu, je suis fatigu\u00e9\u2026 En position du tireur couch\u00e9\u2026 C\u2019est plus difficile d\u2019avoir le bras tendu que la bouche ouverte hein\u2026 Tiens-toi droit\u2026 Regarde-moi quand je te parle\u2026 De toutes fa\u00e7ons tu n\u2019y arriveras pas\u2026 Il faut travailler dur\u2026 Il a toujours la t\u00eate dans les nuages\u2026 Il est dans la lune\u2026 Les hommes \u00e7a ne pleurniche pas\u2026 Serre les dents bordel.. On va tous couler et ce sera de ta faute\u2026 Pas de quoi fouetter un chat\u2026 Je te garde un chien de ma chienne\u2026 Tu veux \u00eatre arriv\u00e9 avant d\u2019\u00eatre parti\u2026 Prends le train en marche\u2026 mais accroche-toi bon Dieu, accroche-toi\u2026 Si ma tante en avait on l\u2019appellerait mon oncle\u2026 Avec des si on mettrait Paris en bouteille\u2026 non, tu ne peux pas dire \u00e7a\u2026 Tu ne peux pas vivre comme si tu \u00e9tais seul au monde\u2026 Tu es comme ton p\u00e8re\u2026 Arr\u00eate de r\u00eaver\u2026 Tu sais, \u00e0 quelques centim\u00e8tres pr\u00e8s tu n\u2019\u00e9tais qu\u2019une merde\u2026 Si tu ne veux pas le faire pour toi, fais le au moins pour moi\u2026 En tous cas tu peux \u00eatre s\u00fbr, tu ne l\u2019emporteras pas au paradis\u2026 Mets donc ta fiert\u00e9 dans ta poche, pour une fois\u2026 Je t\u2019avais bien dit que \u00e7a se passerait comme \u00e7a, mais tu n\u2019\u00e9coutes rien\u2026 A la guerre comme \u00e0 la guerre\u2026 A la fortune du pot\u2026 A la bonne franquette\u2026<\/p>\n Vous \u00eates somm\u00e9\u2026 nous vous mettons en demeure\u2026 Vous \u00eates dans l\u2019obligation\u2026 une contrainte \u00e0 payer \u2026 Nous vous avons relanc\u00e9 plusieurs fois\u2026 sans r\u00e9ponse de votre part\u2026 Bien cordialement\u2026 Vous devez la somme de\u2026 Cette somme reste exigible \u2026 vous devez fournir ces justificatifs sous peine de\u2026<\/p>\n Pour un probl\u00e8me technique taper 1\u2026 pour un renseignement sur votre compte taper 2\u2026 pour demander un report d\u2019\u00e9ch\u00e9ance cliquez ici\u2026 Pour toute autre demande allez sur notre site internet\u2026<\/p>\n Je peux passer devant je travaille\u2026 Je suis press\u00e9 j\u2019ai un train \u00e0 prendre\u2026 \u00e7a ne vous d\u00e9range pas que je passe devant vous je n\u2019ai que \u00e7a\u2026<\/p>\n Vous avez la carte de fid\u00e9lit\u00e9\u2026 vous voulez les vignettes\u2026 vous payez par carte\u2026 vous voulez le ticket\u2026<\/p>\n Vous n\u2019avez pas du tout de monnaie\u2026 d\u00e9sol\u00e9 le paiement est refus\u00e9\u2026 Nous avons tent\u00e9 plusieurs fois de pr\u00e9lever la somme de\u2026 Si vous ne r\u00e9gularisez pas le service sera cl\u00f4tur\u00e9\u2026 Nous sommes d\u00e9sol\u00e9s mais\u2026 nous sommes navr\u00e9s mais\u2026 Avec les \u00e9l\u00e9ments que vous nous avez fournis nous ne sommes pas en mesure\u2026<\/p>\n \u00c7a ne tient pas debout\u2026 arr\u00eate de r\u00eavasser\u2026 mais bouge-toi le cul bordel\u2026 Tu vas nous tuer\u2026 on se tue pour toi\u2026 tu ne l\u2019emporteras pas au paradis\u2026 Un peu de couille quoi\u2026 Tu imagines que les choses vont te tomber dans le bec\u2026 La vie est une tartine de merde dont on mange un petit bout tous les jours\u2026 Vous \u00eates somm\u00e9\u2026 nous vous contraindrons\u2026 vous serez dans l\u2019obligation\u2026 on vous saisira vos biens\u2026 on vous saisira tout\u2026 vous finirez dans la rue\u2026 vous finirez clochard mon pauvre\u2026 De toutes fa\u00e7ons m\u00eame pas la peine d\u2019essayer, c\u2019est d\u00e9j\u00e0 pli\u00e9, tu n\u2019y arriveras pas\u2026 Regarde-moi quand je te parle\u2026 L\u00e8ve la t\u00eate\u2026 Mais qu\u2019il est con\u2026 Une connerie dans une bouteille il est capable de la casser pour faire la connerie\u2026 Je vais m\u2019allonger, tu m\u2019as fatigu\u00e9\u2026 Redresse-toi\u2026 Qui n\u2019avance pas recule\u2026 Ne reste pas plant\u00e9 l\u00e0\u2026<\/p>",
"content_text": "https:\/\/youtu.be\/QkHSfMr7kbc\n\n\u00c7a ne tient pas debout\u2026debout les morts\u2026Tout se casse la gueule\u2026 Il est solide mais jusqu\u2019\u00e0 quand\u2026 \u00e7a ne tient plus debout\u2026 \u00e7a ne cassera pas trois pattes \u00e0 un canard\u2026 Mais redresse-toi nom de Dieu\u2026 Je vais m\u2019allonger un peu, je suis fatigu\u00e9\u2026 En position du tireur couch\u00e9\u2026 C\u2019est plus difficile d\u2019avoir le bras tendu que la bouche ouverte hein\u2026 Tiens-toi droit\u2026 Regarde-moi quand je te parle\u2026 De toutes fa\u00e7ons tu n\u2019y arriveras pas\u2026 Il faut travailler dur\u2026 Il a toujours la t\u00eate dans les nuages\u2026 Il est dans la lune\u2026 Les hommes \u00e7a ne pleurniche pas\u2026 Serre les dents bordel.. On va tous couler et ce sera de ta faute\u2026 Pas de quoi fouetter un chat\u2026 Je te garde un chien de ma chienne\u2026 Tu veux \u00eatre arriv\u00e9 avant d\u2019\u00eatre parti\u2026 Prends le train en marche\u2026 mais accroche-toi bon Dieu, accroche-toi\u2026 Si ma tante en avait on l\u2019appellerait mon oncle\u2026 Avec des si on mettrait Paris en bouteille\u2026 non, tu ne peux pas dire \u00e7a\u2026 Tu ne peux pas vivre comme si tu \u00e9tais seul au monde\u2026 Tu es comme ton p\u00e8re\u2026 Arr\u00eate de r\u00eaver\u2026 Tu sais, \u00e0 quelques centim\u00e8tres pr\u00e8s tu n\u2019\u00e9tais qu\u2019une merde\u2026 Si tu ne veux pas le faire pour toi, fais le au moins pour moi\u2026 En tous cas tu peux \u00eatre s\u00fbr, tu ne l\u2019emporteras pas au paradis\u2026 Mets donc ta fiert\u00e9 dans ta poche, pour une fois\u2026 Je t\u2019avais bien dit que \u00e7a se passerait comme \u00e7a, mais tu n\u2019\u00e9coutes rien\u2026 A la guerre comme \u00e0 la guerre\u2026 A la fortune du pot\u2026 A la bonne franquette\u2026\n\nVous \u00eates somm\u00e9\u2026 nous vous mettons en demeure\u2026 Vous \u00eates dans l\u2019obligation\u2026 une contrainte \u00e0 payer \u2026 Nous vous avons relanc\u00e9 plusieurs fois\u2026 sans r\u00e9ponse de votre part\u2026 Bien cordialement\u2026 Vous devez la somme de\u2026 Cette somme reste exigible \u2026 vous devez fournir ces justificatifs sous peine de\u2026\n\nPour un probl\u00e8me technique taper 1\u2026 pour un renseignement sur votre compte taper 2\u2026 pour demander un report d\u2019\u00e9ch\u00e9ance cliquez ici\u2026 Pour toute autre demande allez sur notre site internet\u2026\n\nJe peux passer devant je travaille\u2026 Je suis press\u00e9 j\u2019ai un train \u00e0 prendre\u2026 \u00e7a ne vous d\u00e9range pas que je passe devant vous je n\u2019ai que \u00e7a\u2026\n\nVous avez la carte de fid\u00e9lit\u00e9\u2026 vous voulez les vignettes\u2026 vous payez par carte\u2026 vous voulez le ticket\u2026\n\nVous n\u2019avez pas du tout de monnaie\u2026 d\u00e9sol\u00e9 le paiement est refus\u00e9\u2026 Nous avons tent\u00e9 plusieurs fois de pr\u00e9lever la somme de\u2026 Si vous ne r\u00e9gularisez pas le service sera cl\u00f4tur\u00e9\u2026 Nous sommes d\u00e9sol\u00e9s mais\u2026 nous sommes navr\u00e9s mais\u2026 Avec les \u00e9l\u00e9ments que vous nous avez fournis nous ne sommes pas en mesure\u2026\n\n\u00c7a ne tient pas debout\u2026 arr\u00eate de r\u00eavasser\u2026 mais bouge-toi le cul bordel\u2026 Tu vas nous tuer\u2026 on se tue pour toi\u2026 tu ne l\u2019emporteras pas au paradis\u2026 Un peu de couille quoi\u2026 Tu imagines que les choses vont te tomber dans le bec\u2026 La vie est une tartine de merde dont on mange un petit bout tous les jours\u2026 Vous \u00eates somm\u00e9\u2026 nous vous contraindrons\u2026 vous serez dans l\u2019obligation\u2026 on vous saisira vos biens\u2026 on vous saisira tout\u2026 vous finirez dans la rue\u2026 vous finirez clochard mon pauvre\u2026 De toutes fa\u00e7ons m\u00eame pas la peine d\u2019essayer, c\u2019est d\u00e9j\u00e0 pli\u00e9, tu n\u2019y arriveras pas\u2026 Regarde-moi quand je te parle\u2026 L\u00e8ve la t\u00eate\u2026 Mais qu\u2019il est con\u2026 Une connerie dans une bouteille il est capable de la casser pour faire la connerie\u2026 Je vais m\u2019allonger, tu m\u2019as fatigu\u00e9\u2026 Redresse-toi\u2026 Qui n\u2019avance pas recule\u2026 Ne reste pas plant\u00e9 l\u00e0\u2026",
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"title": "les gentils et les m\u00e9chants",
"date_published": "2023-05-12T05:13:56Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " De temps \u00e0 autre il essayait de se transformer, d’\u00eatre m\u00e9chant, la gentillesse lui \u00e9tant comme un boulet \u00e0 tra\u00eener qui l’encombrait. Une pudeur mal plac\u00e9e. Mais comme c’\u00e9tait intempestif, on voyait bien \u00e0 quel point il pouvait \u00eatre maladroit. Il \u00e9tait \u00e0 contre courant de nous autres qui faisions tout pour para\u00eetre gentils. Cependant, nous b\u00e9n\u00e9ficiions d’une \u00e9ducation, d’un entra\u00eenement fastidieux et long. Puis un jour les pudeurs s’invers\u00e8rent, sans savoir pourquoi ni comment. Nous d\u00e9couvr\u00eemes que nous \u00e9tions parvenus \u00e0 une forme d’\u00e9galit\u00e9. Nous \u00e9tions tous aussi salauds les uns que les autres conduits par les circonstances, les al\u00e9as, le hasard et les contingences.<\/p>\n ( exercice d\u2019\u00e9criture, s\u2019entra\u00eener \u00e0 croquer de petites sc\u00e8nes ordinaires de la vie de tous les jours )<\/p>\n —C\u2019est difficile d\u2019\u00eatre m\u00e9chante quand on est gentille<\/em>. C\u2019est ce que dit cette pouffe \u00e0 sa copine, \u00e0 la table d\u2019\u00e0 c\u00f4t\u00e9. Moi qui suis venu l\u00e0 pour \u00eatre peinard, c\u2019est rat\u00e9. J\u2019ai d\u00fb rester encore cinq minutes, le temps d\u2019attendre la monnaie. C\u2019est vachement long cinq minutes \u00e0 \u00e9couter des conneries. La blondasse doit pas \u00eatre loin de devenir championne r\u00e9gionale de d\u00e9bitage de conneries. En tous cas, elle a l\u2019air d\u2019y mettre du c\u0153ur. Encore une qui deviendra am\u00e8re \u00e0 la cinquantaine quand elle d\u00e9couvrira \u00e0 quel point elle s\u2019est gour\u00e9e de sens dans le trafic. Mais \u00e0 la cinquantaine il est g\u00e9n\u00e9ralement trop tard. Elle aura son G\u00e9g\u00e9 incrust\u00e9 dans le canap\u00e9 IKEA, avec son gros bide, sa kro \u00e0 la main et sa bite molle en berne, en train de mater du foot sur grand \u00e9cran. Elle aura beau lui faire la moindre r\u00e9flexion sur la vie de cons qu\u2019ils m\u00e8nent , le prier sur tous les tons de se retirer les doigts du cul, elle fera chou blanc. Prendre une petite voix melliflue pour demander —Ch\u00e9ri peux-tu sortir les poubelles \u00e7a commence \u00e0 puer\u2026<\/em> Que nenni. Le G\u00e9g\u00e9 sera sourd comme un pot \u00e9videmment. Peut-\u00eatre m\u00eame qu\u2019il montera le son pour bien rester en immersion au stade des Princes. Et l\u00e0, quand je la regarde elle a quoi, vingt piges \u00e0 tout casser, beau ch\u00e2ssis, t\u00eate vide.— c\u2019est difficile d\u2019\u00eatre m\u00e9chante quand on est gentille.<\/em> —Mieux vaut qu\u2019on en reste l\u00e0<\/em>. \u00c7a lui avait co\u00fbt\u00e9 de tapoter ces quelques mots, mais beaucoup moins que de composer le num\u00e9ro et de l\u2019avoir en direct. Maintenant la pression retombe , il se sent mieux, il a presque l\u2019impression d\u2019avoir \u00e9t\u00e9 courageux. Le texto l\u2019a soulag\u00e9 \u00e0 un point. Et ce bizarrement avait \u00e9t\u00e9 si simple, alors qu\u2019il revoyait mentalement ces derniers jours o\u00f9 il s\u2019\u00e9tait pris la t\u00eate . Sur le comment lui dire que c\u2019\u00e9tait fini qu\u2019il n\u2019avait plus envie de la voir, qu\u2019elle le gonflait, qu\u2019avec elle surtout il se sentirait toujours perdant. Il resta un instant \u00e0 consid\u00e9rer son \u00e9cran de smartphone. Il rouvrit l\u2019application pour \u00eatre certain que le message \u00e9tait bien parti. C\u2019est \u00e0 ce moment l\u00e0 qu\u2019il s\u2019aper\u00e7ut qu\u2019il s\u2019\u00e9tait gour\u00e9 de num\u00e9ro de t\u00e9l\u00e9phone. Il avait envoy\u00e9 le message \u00e0 son patron. Quelques instants plus tard la notification arriva. — \u00e7a tombe bien que vous preniez l\u2019initiative , j\u2019allais vous le dire.<\/em><\/p>\n — Monsieur, monsieur, \u00e7a va aller ?<\/em> Le jeune homme qui se penchait sur lui avait une gueule de con mais il n\u2019arrivait pas \u00e0 savoir s\u2019il lui en voulait \u00e0 lui qui voulait l\u2019aider \u00e0 se relever, ou bien \u00e0 lui-m\u00eame qui s\u2019est \u00e9tal\u00e9 de tout son long sur la chauss\u00e9e. Un peu des deux sans doute. Il maugr\u00e9a un \u00e7a va \u00e7a va fichez-moi la paix<\/em> et parvint \u00e0 se relever tant bien que mal. Le type le palpait en lui redemandant si tout allait bien\u2026 Monsieur, monsieur, rien de cass\u00e9 vous \u00eates s\u00fbr ?<\/em> Il le toisa en se redressant du mieux qu\u2019il le pouvait de toute sa stature et se fendit d\u2019un —\u00e7a va, je vous remercie<\/em>. Le type parut rassur\u00e9, il lui posa une main sur l\u2019\u00e9paule et dit encore — s\u00fbr \u00e7a va aller ?<\/em> ( Morceau de fiction, monologue int\u00e9rieur )<\/p>\n Les gens, les institutions te disent les choses une premi\u00e8re fois. —Sois gentil, paie tes imp\u00f4ts, marche dans les clous. Ce genre de chose. Ils consid\u00e8rent qu\u2019une fois dites elles sont entendues, qu\u2019elles vont de soi. Si tu ne les as pas bien comprises, ils se chargent de te les faire comprendre. Se faire d\u00e9foncer la gueule par les gens et par les institutions c\u2019est pas exag\u00e9r\u00e9 comme expression parce que c\u2019est litt\u00e9ralement ce qui arrive par la suite. Quand tu n\u2019as pas bien entendu, quand tu n\u2019as pas bien compris, tout le monde consid\u00e8re d\u2019embl\u00e9e que tu ne veux <\/strong>pas comprendre. Que tu y mets de la mauvaise volont\u00e9. Ce qui n\u2019est pas tout \u00e0 fait juste. Au d\u00e9but je m\u2019en souviens j\u2019\u00e9tais de tr\u00e8s bonne volont\u00e9. Trop m\u00eame. Je disais bonjour \u00e0 tout le monde dans la rue, m\u00eame aux inconnus. J\u2019ai vite compris que quelque chose ne tournait pas rond. J\u2019ai vite compris que j\u2019\u00e9tais d\u00e9cal\u00e9 par rapport \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9. Ensuite j\u2019ai voulu savoir ce qu\u2019\u00e9tait cette fameuse r\u00e9alit\u00e9. Je n\u2019ai pas \u00e9t\u00e9 d\u00e9\u00e7u. J’ai trouv\u00e9 bien plus de po\u00e9sie chez les prostitu\u00e9s que chez Ronsard. Ca ne plait pas beaucoup au gens quand je dis \u00e7a mais c’est la v\u00e9rit\u00e9 vraie. Je veux dire que je pourrais \u00e9crire des odes \u00e0 la veulerie, sans pour autant en \u00eatre fier, ce n’est que \u00e7a le job. La po\u00e9sie n’est pas dans les jolis mots pas plus que dans les petites fleurs et les petits oiseaux. La po\u00e9sie je la vois bien plus dans la d\u00e9marche lasse d’une fille qui grimpe son escalier et dont le talon de sa godasse se d\u00e9colle et qui se dit —merde mon talon se d\u00e9colle encore. Je veux dire que la po\u00e9sie chez les putes n\u00e9cessite de revisiter de fond en comble la notion d’importance en g\u00e9n\u00e9ral. Vous savez ce qui est primordia<\/em>l, ce qui est n\u00e9cessaire<\/em>, ce qui est inutile<\/em>. Ce qui est secondaire en gros chez les putes ce sont toutes les putains de simagr\u00e9es des michetons, des bons p\u00e8res de famille qui pendant que bobonne va au supermarch\u00e9 ou chez son coiffeur, se retrouvent comme par miracle<\/em> rue Blondel \u00e0 faire les cents pas n’arrivant pas \u00e0 vaincre l’embarras du choix. Ce qui est secondaire chez les tapins c’est lorsque toutes ces petites bites se permettent de les toiser de haut quand ils sont en famille, alors qu’ils sont capables de bouffer leur merde dans leurs alc\u00f4ves perch\u00e9es au bout d’un escalier crasseux. L’important et le secondaire s’inverse myst\u00e9rieusement et il faut \u00eatre l\u00e0 pour observer ce genre de m\u00e9tamorphose. Il faut se faire d\u00e9foncer la tronche en long en large et en travers avant cela bien \u00e9videmment, se mettre au m\u00eame niveau que l’amer le plus amer. C’est \u00e0 se moment l\u00e0 que soudain l’important et le secondaire s’inversent, qu’on en reste baba d’\u00e9motion, que le c\u0153ur soudain \u00e9clate, que la fulgurante saloperie du monde s’engouffre toute enti\u00e8re dans l’alambique. Ensuite le boulot consiste en une longue distillation \u00e0 effectuer patiemment. Travers\u00e9es de la col\u00e8re, de l’injustice, de l’\u00e9go\u00efsme, de la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9 \u00e0 deux balles, de l’amour \u00e0 la con, des id\u00e9es toutes faites, Des va et vient incessants pour parvenir en boitant \u00e0 une forme d’\u00e9quilibre. Et surtout au moment o\u00f9 l’on croit enfin l’atteindre ce fichu \u00e9quilibre, se remettre sur le trottoir, attendre de d\u00e9rouiller encore une fois, se faire \u00e0 nouveau d\u00e9foncer la gueule, ou autre.<\/p>\n De prime abord la salet\u00e9 nous aveugle. On apprend tr\u00e8s jeune \u00e0 aimer la propret\u00e9, et \u00e0 ha\u00efr la salet\u00e9. Comme on apprend tr\u00e8s jeune \u00e0 ne pas mentir, \u00e0 ne pas voler, \u00e0 ne pas casser la gueule de ses voisins. Par la crainte des cons\u00e9quences, on fini par apprendre beaucoup. Mais on a bien le droit de s’en agacer au bout d’un certain temps, surtout lorsqu’on observe que certains ne se g\u00eanent absolument pas pour ne pas respecter toutes ces r\u00e8gles. Souvent d’ailleurs ceux qui nous les ass\u00e8nent. Ils tirent leur plaisir \u00e0 pondre des r\u00e8gles qu’ils ne respectent pas eux-m\u00eames, non, ce n’est pas tout \u00e0 fait cela. Ils tirent un plaisir sup\u00e9rieur \u00e0 d\u00e9foncer la gueule de ceux qui ne respectent pas leurs r\u00e8gles, voil\u00e0 c’est mieux. On met un temps certain \u00e0 comprendre cela. Et aussi qu’en fait ils adoreraient se faire d\u00e9foncer la gueule eux-m\u00eames. Ce sont les m\u00eames qu’on retrouve sur le ventre des putes, ce sont des PDG, des Chefs, des C\u00e9l\u00e9brit\u00e9s des baveux, des docteurs, des pauvres types dans le fond tous. Ces gens qu’on v\u00e9n\u00e8re et qui savent bien au fond d’eux-m\u00eames toute la supercherie de toute v\u00e9n\u00e9ration. La solitude que cela entraine. Et les putes ne se m\u00ealent pas du tout de compatir \u00e0 leur \u00e9gard, elles leurs bottent correctement le cul, ils crient ils pleurent, elles s’en tapent du moment qu’ils paient. L’argent est le rem\u00e8de g\u00e9n\u00e9ral, la panac\u00e9e \u00e0 tous les maux, le fric la thune. —Tu paies mais tu ne plantes pas ta putain de langue dans ma bouche. Il y a des limites strictes \u00e0 ne pas d\u00e9passer, sinon c’est moi qui vais te d\u00e9foncer la gueule, te trouer le cul. Si ce n’est pas de la po\u00e9sie tout \u00e7a, je me demande bien ce que c’est.<\/p>",
"content_text": "\n\n\n\n( Morceau de fiction, monologue int\u00e9rieur )\n\nLes gens, les institutions te disent les choses une premi\u00e8re fois. \u2014Sois gentil, paie tes imp\u00f4ts, marche dans les clous. Ce genre de chose. Ils consid\u00e8rent qu\u2019une fois dites elles sont entendues, qu\u2019elles vont de soi. Si tu ne les as pas bien comprises, ils se chargent de te les faire comprendre. Se faire d\u00e9foncer la gueule par les gens et par les institutions c\u2019est pas exag\u00e9r\u00e9 comme expression parce que c\u2019est litt\u00e9ralement ce qui arrive par la suite. Quand tu n\u2019as pas bien entendu, quand tu n\u2019as pas bien compris, tout le monde consid\u00e8re d\u2019embl\u00e9e que tu ne veux pas comprendre. Que tu y mets de la mauvaise volont\u00e9. Ce qui n\u2019est pas tout \u00e0 fait juste. Au d\u00e9but je m\u2019en souviens j\u2019\u00e9tais de tr\u00e8s bonne volont\u00e9. Trop m\u00eame. Je disais bonjour \u00e0 tout le monde dans la rue, m\u00eame aux inconnus. J\u2019ai vite compris que quelque chose ne tournait pas rond. J\u2019ai vite compris que j\u2019\u00e9tais d\u00e9cal\u00e9 par rapport \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9. Ensuite j\u2019ai voulu savoir ce qu\u2019\u00e9tait cette fameuse r\u00e9alit\u00e9. Je n\u2019ai pas \u00e9t\u00e9 d\u00e9\u00e7u.\n\nJe crois qu\u2019au tout d\u00e9but j\u2019aurais aim\u00e9 \u00eatre po\u00e8te, les petites fleurs les petits oiseaux \u00e7a m\u2019allait bien, pour me tenir en tous cas le plus \u00e9loign\u00e9 possible des tous les miasmes. Mais \u00e7a ne marche pas comme \u00e7a, c\u2019est trop facile. Et puis la po\u00e9sie ce n\u2019est pas du tout \u00e7a. Il faut rentrer dans le dur, dans le maquis, ne pas \u00eatre gentil comme il faut. Il faut beaucoup ruer dans les brancards. Il faut se faire d\u00e9foncer correctement voil\u00e0 tout. Ensuite, soit tu arrives \u00e0 t\u2019en relever et t\u2019es po\u00e8te, soit tu deviens moins qu\u2019un cl\u00e9bard, une loque humaine, un pisseux, un foireux, tu deviens gentil par faiblesse, par peur, et bien sur; tu paies tout rubis sur l\u2019ongle, tout ce qu\u2019on te demandera et m\u00eame plus, tout ce qu\u2019on ne te demande pas. Une fois que t\u2019as bien pris le pli \u00e7a passe presque comme une lettre \u00e0 la poste.\n\nJ'ai trouv\u00e9 bien plus de po\u00e9sie chez les prostitu\u00e9s que chez Ronsard. Ca ne plait pas beaucoup au gens quand je dis \u00e7a mais c'est la v\u00e9rit\u00e9 vraie. Je veux dire que je pourrais \u00e9crire des odes \u00e0 la veulerie, sans pour autant en \u00eatre fier, ce n'est que \u00e7a le job. La po\u00e9sie n'est pas dans les jolis mots pas plus que dans les petites fleurs et les petits oiseaux. La po\u00e9sie je la vois bien plus dans la d\u00e9marche lasse d'une fille qui grimpe son escalier et dont le talon de sa godasse se d\u00e9colle et qui se dit \u2014merde mon talon se d\u00e9colle encore. Je veux dire que la po\u00e9sie chez les putes n\u00e9cessite de revisiter de fond en comble la notion d'importance en g\u00e9n\u00e9ral. Vous savez ce qui est primordial, ce qui est n\u00e9cessaire, ce qui est inutile. Ce qui est secondaire en gros chez les putes ce sont toutes les putains de simagr\u00e9es des michetons, des bons p\u00e8res de famille qui pendant que bobonne va au supermarch\u00e9 ou chez son coiffeur, se retrouvent comme par miracle rue Blondel \u00e0 faire les cents pas n'arrivant pas \u00e0 vaincre l'embarras du choix. Ce qui est secondaire chez les tapins c'est lorsque toutes ces petites bites se permettent de les toiser de haut quand ils sont en famille, alors qu'ils sont capables de bouffer leur merde dans leurs alc\u00f4ves perch\u00e9es au bout d'un escalier crasseux. L'important et le secondaire s'inverse myst\u00e9rieusement et il faut \u00eatre l\u00e0 pour observer ce genre de m\u00e9tamorphose. Il faut se faire d\u00e9foncer la tronche en long en large et en travers avant cela bien \u00e9videmment, se mettre au m\u00eame niveau que l'amer le plus amer. C'est \u00e0 se moment l\u00e0 que soudain l'important et le secondaire s'inversent, qu'on en reste baba d'\u00e9motion, que le c\u0153ur soudain \u00e9clate, que la fulgurante saloperie du monde s'engouffre toute enti\u00e8re dans l'alambique. Ensuite le boulot consiste en une longue distillation \u00e0 effectuer patiemment. Travers\u00e9es de la col\u00e8re, de l'injustice, de l'\u00e9go\u00efsme, de la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9 \u00e0 deux balles, de l'amour \u00e0 la con, des id\u00e9es toutes faites, Des va et vient incessants pour parvenir en boitant \u00e0 une forme d'\u00e9quilibre. Et surtout au moment o\u00f9 l'on croit enfin l'atteindre ce fichu \u00e9quilibre, se remettre sur le trottoir, attendre de d\u00e9rouiller encore une fois, se faire \u00e0 nouveau d\u00e9foncer la gueule, ou autre.\n\nDe prime abord la salet\u00e9 nous aveugle. On apprend tr\u00e8s jeune \u00e0 aimer la propret\u00e9, et \u00e0 ha\u00efr la salet\u00e9. Comme on apprend tr\u00e8s jeune \u00e0 ne pas mentir, \u00e0 ne pas voler, \u00e0 ne pas casser la gueule de ses voisins. Par la crainte des cons\u00e9quences, on fini par apprendre beaucoup. Mais on a bien le droit de s'en agacer au bout d'un certain temps, surtout lorsqu'on observe que certains ne se g\u00eanent absolument pas pour ne pas respecter toutes ces r\u00e8gles. Souvent d'ailleurs ceux qui nous les ass\u00e8nent. Ils tirent leur plaisir \u00e0 pondre des r\u00e8gles qu'ils ne respectent pas eux-m\u00eames, non, ce n'est pas tout \u00e0 fait cela. Ils tirent un plaisir sup\u00e9rieur \u00e0 d\u00e9foncer la gueule de ceux qui ne respectent pas leurs r\u00e8gles, voil\u00e0 c'est mieux. On met un temps certain \u00e0 comprendre cela. Et aussi qu'en fait ils adoreraient se faire d\u00e9foncer la gueule eux-m\u00eames. Ce sont les m\u00eames qu'on retrouve sur le ventre des putes, ce sont des PDG, des Chefs, des C\u00e9l\u00e9brit\u00e9s des baveux, des docteurs, des pauvres types dans le fond tous. Ces gens qu'on v\u00e9n\u00e8re et qui savent bien au fond d'eux-m\u00eames toute la supercherie de toute v\u00e9n\u00e9ration. La solitude que cela entraine. Et les putes ne se m\u00ealent pas du tout de compatir \u00e0 leur \u00e9gard, elles leurs bottent correctement le cul, ils crient ils pleurent, elles s'en tapent du moment qu'ils paient. L'argent est le rem\u00e8de g\u00e9n\u00e9ral, la panac\u00e9e \u00e0 tous les maux, le fric la thune. \u2014Tu paies mais tu ne plantes pas ta putain de langue dans ma bouche. Il y a des limites strictes \u00e0 ne pas d\u00e9passer, sinon c'est moi qui vais te d\u00e9foncer la gueule, te trouer le cul. Si ce n'est pas de la po\u00e9sie tout \u00e7a, je me demande bien ce que c'est.",
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"title": "\u00e7a ne m'a pas marqu\u00e9 plus que \u00e7a",
"date_published": "2023-05-11T03:51:06Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
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"content_html": " ( r\u00e9cit de fiction)<\/p>\n Il a tout pour \u00e9nerver. On le tape, on l\u2019insulte, on le roule dans la farine, on fait de lui tout ce qu\u2019on veut. Il continue \u00e0 sourire le con. Il se rel\u00e8ve. On lui dit : —alors t\u2019as compris, \u00e7a t\u2019a fait quoi, t\u2019as pig\u00e9 la le\u00e7on maintenant ? J\u2019avais mal partout, je voyais trouble, j\u2019entendais la voix de Fredo qui me parlait. Elle \u00e9tait \u00e9touff\u00e9e sa voix, mais m\u00eame \u00e9touff\u00e9e c\u2019est une voix d\u00e9sagr\u00e9able. J\u2019aurais aim\u00e9 un peu de silence, \u00eatre tout seul. J\u2019aurais voulu qu\u2019ils ne soient plus l\u00e0. Je les sentais qui m\u2019entouraient. J\u2019ai port\u00e9 la main \u00e0 une oreille et j\u2019ai senti qu\u2019elle pissait le sang. Mes v\u00eatements \u00e9taient tach\u00e9s de terre c\u2019est la premi\u00e8re chose que j\u2019ai vue quand j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 y voir un peu plus clair. Ils ne m\u2019ont pas loup\u00e9 les salauds, \u00e0 quatre dessus tout \u00e7a parce que ma gueule ne leur revient pas, c\u2019est ce qu\u2019ils ont dit.— Non mais c\u2019est qui lui, tu te prends pour qui, tu sors d\u2019o\u00f9. J\u2019ai souri comme d\u2019habitude pour bien leur montrer \u00e0 quel point je me foutais de leur opinion sur ma gueule. \u00c7a les a \u00e9nerv\u00e9, c\u2019est \u00e0 partir de l\u00e0 que tout \u00e0 d\u00e9marr\u00e9. Je ne me suis m\u00eame pas d\u00e9fendu, je connais la musique. Si tu te d\u00e9fends \u00e7a les excite encore plus, ils en rajoutent et on ne sait pas o\u00f9 \u00e7a peut finir. Le truc c\u2019est de parvenir \u00e0 se d\u00e9tacher de son corps, \u00e0 se tenir \u00e0 l\u2019\u00e9cart. On observe calmement, on se laisse faire. Il n\u2019y a pas grand-chose \u00e0 pr\u00e9server \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur, on peut se faire d\u00e9foncer de tous les c\u00f4t\u00e9s, \u00e0 la limite m\u00eame se payer un nez cass\u00e9, un bras p\u00e9t\u00e9, un \u0153il au beurre noir, en g\u00e9n\u00e9ral \u00e7a s\u2019arr\u00eate l\u00e0, quand le sang commence \u00e0 couler \u00e7a peut s\u2019arr\u00eater l\u00e0, ou pas. Parfois \u00e7a peut aller bien plus loin. Ils n\u2019en sont pas \u00e0 \u00e7a pr\u00e8s. Ils sont mineurs ils savent qu\u2019ils peuvent faire ce qu\u2019ils veulent qu\u2019on ne les mettra pas en prison. Ils le disent. —On peut te ruiner la gueule, et m\u00eame te tuer tu sais, \u00e7a ne nous fait pas peur. Dans ces cas l\u00e0 il vaut mieux la boucler et se laisser faire, s\u2019affaler au sol, se mettre en position f\u0153tale, puis sortir de son corps, s\u2019asseoir sur un banc, regarder tout \u00e7a froidement. C\u2019est la vie telle qu\u2019elle est. Les encul\u00e9s se mettent toujours ensemble, les d\u00e9tritus et les ordures s\u2019assemblent sans qu\u2019on ait besoin de faire un tri. Le tri s\u00e9lectif n\u2019est pas une invention moderne.La nature fait les choses toute seule assez bien.<\/p>\n Quand Dom m\u2019a r\u00e9cup\u00e9r\u00e9 je marchais sur le talus pour revenir \u00e0 la maison. Sa 4L a ralenti en arrivant \u00e0 ma hauteur, il m\u2019a dit —\u00e7a va ? En souriant, puis il a du voir ma gueule amoch\u00e9e, il a acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 pour se ranger devant sur le bas cot\u00e9 et il a fait irruption du v\u00e9hicule comme un diable d\u2019une boite. Il a couru vers moi et s\u2019est arr\u00eat\u00e9 pile devant moi.— Mais dans quel \u00e9tat tu t\u2019es mis. Qui t\u2019a fait \u00e7a ? J\u2019ai juste dit — bonjour Dom, c\u2019est rien, c\u2019est des cons, t\u2019en fait pas j\u2019ai l\u2019habitude. Il voulait m\u2019emmener chez les flics, \u00e0 l\u2019h\u00f4pital, et je ne sais plus o\u00f9 encore. Il \u00e9tait vraiment en col\u00e8re. Je lui ai dit —laisse je pr\u00e9f\u00e8re rentrer, j\u2019ai pas beaucoup de temps avant que le daron rentre du boulot, s\u2019il me voit dans cet \u00e9tat je vais prendre cher. Dom m\u2019a regard\u00e9, il fulminait int\u00e9rieurement \u00e7a se voyait, on aurait dit qu\u2019il avait de la peine pour moi. Alors je lui ai souri \u00e0 lui aussi , j\u2019ai dit t\u2019inqui\u00e8te, je vais continuer \u00e0 pied. En vrai j\u2019avais pas envie de monter dans sa bagnole pourrie, j\u2019avais pas envie de sentir sa putain de compassion, la seule chose que je voulais c\u2019est de me d\u00e9p\u00eacher de prendre une douche, de changer de v\u00eatements , d\u2019\u00eatre fin pr\u00eat pour le second round. Je lui ai souri et j\u2019ai dit t\u2019inqui\u00e8te pas, c\u2019est la routine en rigolant parce que le mot routine me plaisait bien.<\/p>",
"content_text": "\n\n( r\u00e9cit de fiction) \n\nIl a tout pour \u00e9nerver. On le tape, on l\u2019insulte, on le roule dans la farine, on fait de lui tout ce qu\u2019on veut. Il continue \u00e0 sourire le con. Il se rel\u00e8ve. On lui dit: \u2014alors t\u2019as compris, \u00e7a t\u2019a fait quoi, t\u2019as pig\u00e9 la le\u00e7on maintenant ?\n\nIl se rel\u00e8ve et il souri. il vous regarde avec son air t\u00eatu. On voit bien qu\u2019il se force \u00e0 prendre cet air l\u00e0 et \u00e0 sourire. Et qu\u2019est-ce qu\u2019il r\u00e9pond \u2014\u00e7a ne m\u2019a pas marqu\u00e9 plus que \u00e7a. Du coup il en reprend une forc\u00e9ment. Il en reprendra d\u2019autres, de plus en plus fort, il faut bien qu\u2019un jour \u00e7a rentre, qu\u2019il comprenne. \u2014Un jour tu cr\u00e2neras plus connard. Un jour tu seras comme tout le monde. On te fera la peau une bonne fois pour toutes et tu seras comme tout le monde. Tu auras la trouille, tu la boucleras, tu marcheras droit, voil\u00e0 tout.\n\nJ\u2019avais mal partout, je voyais trouble, j\u2019entendais la voix de Fredo qui me parlait. Elle \u00e9tait \u00e9touff\u00e9e sa voix, mais m\u00eame \u00e9touff\u00e9e c\u2019est une voix d\u00e9sagr\u00e9able. J\u2019aurais aim\u00e9 un peu de silence, \u00eatre tout seul. J\u2019aurais voulu qu\u2019ils ne soient plus l\u00e0. Je les sentais qui m\u2019entouraient. J\u2019ai port\u00e9 la main \u00e0 une oreille et j\u2019ai senti qu\u2019elle pissait le sang. Mes v\u00eatements \u00e9taient tach\u00e9s de terre c\u2019est la premi\u00e8re chose que j\u2019ai vue quand j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 y voir un peu plus clair. Ils ne m\u2019ont pas loup\u00e9 les salauds, \u00e0 quatre dessus tout \u00e7a parce que ma gueule ne leur revient pas, c\u2019est ce qu\u2019ils ont dit.\u2014 Non mais c\u2019est qui lui, tu te prends pour qui, tu sors d\u2019o\u00f9. J\u2019ai souri comme d\u2019habitude pour bien leur montrer \u00e0 quel point je me foutais de leur opinion sur ma gueule. \u00c7a les a \u00e9nerv\u00e9, c\u2019est \u00e0 partir de l\u00e0 que tout \u00e0 d\u00e9marr\u00e9. Je ne me suis m\u00eame pas d\u00e9fendu, je connais la musique. Si tu te d\u00e9fends \u00e7a les excite encore plus, ils en rajoutent et on ne sait pas o\u00f9 \u00e7a peut finir. Le truc c\u2019est de parvenir \u00e0 se d\u00e9tacher de son corps, \u00e0 se tenir \u00e0 l\u2019\u00e9cart. On observe calmement, on se laisse faire. Il n\u2019y a pas grand-chose \u00e0 pr\u00e9server \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur, on peut se faire d\u00e9foncer de tous les c\u00f4t\u00e9s, \u00e0 la limite m\u00eame se payer un nez cass\u00e9, un bras p\u00e9t\u00e9, un \u0153il au beurre noir, en g\u00e9n\u00e9ral \u00e7a s\u2019arr\u00eate l\u00e0, quand le sang commence \u00e0 couler \u00e7a peut s\u2019arr\u00eater l\u00e0, ou pas. Parfois \u00e7a peut aller bien plus loin. Ils n\u2019en sont pas \u00e0 \u00e7a pr\u00e8s. Ils sont mineurs ils savent qu\u2019ils peuvent faire ce qu\u2019ils veulent qu\u2019on ne les mettra pas en prison. Ils le disent. \u2014On peut te ruiner la gueule, et m\u00eame te tuer tu sais, \u00e7a ne nous fait pas peur. Dans ces cas l\u00e0 il vaut mieux la boucler et se laisser faire, s\u2019affaler au sol, se mettre en position f\u0153tale, puis sortir de son corps, s\u2019asseoir sur un banc, regarder tout \u00e7a froidement. C\u2019est la vie telle qu\u2019elle est. Les encul\u00e9s se mettent toujours ensemble, les d\u00e9tritus et les ordures s\u2019assemblent sans qu\u2019on ait besoin de faire un tri. Le tri s\u00e9lectif n\u2019est pas une invention moderne.La nature fait les choses toute seule assez bien.\n\nQuand Dom m\u2019a r\u00e9cup\u00e9r\u00e9 je marchais sur le talus pour revenir \u00e0 la maison. Sa 4L a ralenti en arrivant \u00e0 ma hauteur, il m\u2019a dit \u2014\u00e7a va ? En souriant, puis il a du voir ma gueule amoch\u00e9e, il a acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 pour se ranger devant sur le bas cot\u00e9 et il a fait irruption du v\u00e9hicule comme un diable d\u2019une boite. Il a couru vers moi et s\u2019est arr\u00eat\u00e9 pile devant moi.\u2014 Mais dans quel \u00e9tat tu t\u2019es mis. Qui t\u2019a fait \u00e7a ? J\u2019ai juste dit \u2014 bonjour Dom, c\u2019est rien, c\u2019est des cons, t\u2019en fait pas j\u2019ai l\u2019habitude. Il voulait m\u2019emmener chez les flics, \u00e0 l\u2019h\u00f4pital, et je ne sais plus o\u00f9 encore. Il \u00e9tait vraiment en col\u00e8re. Je lui ai dit \u2014laisse je pr\u00e9f\u00e8re rentrer, j\u2019ai pas beaucoup de temps avant que le daron rentre du boulot, s\u2019il me voit dans cet \u00e9tat je vais prendre cher. Dom m\u2019a regard\u00e9, il fulminait int\u00e9rieurement \u00e7a se voyait, on aurait dit qu\u2019il avait de la peine pour moi. Alors je lui ai souri \u00e0 lui aussi , j\u2019ai dit t\u2019inqui\u00e8te, je vais continuer \u00e0 pied. En vrai j\u2019avais pas envie de monter dans sa bagnole pourrie, j\u2019avais pas envie de sentir sa putain de compassion, la seule chose que je voulais c\u2019est de me d\u00e9p\u00eacher de prendre une douche, de changer de v\u00eatements , d\u2019\u00eatre fin pr\u00eat pour le second round. Je lui ai souri et j\u2019ai dit t\u2019inqui\u00e8te pas, c\u2019est la routine en rigolant parce que le mot routine me plaisait bien.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/il-faut-etre-riche-pour-ne-pas-etre-pauvre.html",
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"title": "Il faut \u00eatre riche pour ne pas \u00eatre pauvre",
"date_published": "2023-05-10T04:59:02Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " l’\u00e9pouvante de la pauvret\u00e9, de la mis\u00e8re, \u00e9tait plant\u00e9 en ce temps-l\u00e0 devant chaque fen\u00eatre de la maison. C’\u00e9tait une d\u00e9multiplication de l’\u00e9pouvante comme autant d’arbres plant\u00e9s l\u00e0 qu’on apercevait aussit\u00f4t qu’on voulait se risquer \u00e0 jeter un regard vers l’ext\u00e9rieur. Les arbres \u00e9taient devenus mena\u00e7ant. Les arbres et tout le reste, tout ce qui pouvait former l’image d’un paysage. Les collines au loin, les grands champs, les haies entre les champs, les murs, le poulailler, les hangars, un tracteur \u00e0 l’arr\u00eat, les silhouettes des oiseaux sur les fils \u00e9lectriques, les poteaux t\u00e9l\u00e9phoniques.<\/p>\n Les habitants aussi \u00e9taient \u00e9pouvantables. Bien qu’ils fassent tout leur possible pour le dissimuler. Ils vous souriaient, vous disaient des choses agr\u00e9ables et gentilles, puis aussit\u00f4t que vous tourniez le dos il vous y plantait une faux, un pieu, un couteau. L’\u00e9pouvante \u00e9tait l’\u00e9l\u00e9ment constitutif premier de la campagne. Et le soleil quand il sortait, essayait de me changer les id\u00e9es, faisait beaucoup d’effort, nous faisions beaucoup d’effort avec le soleil conjoint quand il sortait, mais ces efforts n’y changeait rien. Ce n’\u00e9tait gu\u00e8re plus qu’un nouvel emballage dont il fallait se m\u00e9fier.<\/p>\n Mon p\u00e8re disait il faut \u00eatre riche pour ne pas \u00eatre pauvre<\/em>, le dimanche \u00e0 table en d\u00e9coupant le poulet, \u00e7a m’est rest\u00e9. C’\u00e9tait \u00e0 l’\u00e9poque une dr\u00f4le de phrase, surtout quand on l’associe \u00e0 la ficelle qui claque en \u00e9claboussant le nappe blanche de sauce, la ficelle qu’on tranche d’un coup de couteau, mais dont on ne maitrise absolument pas la r\u00e9action ensuite. Elle claque et \u00e9clabousse la nappe blanche de sauce brun\u00e2tre. C’est autre chose que le un jour tu te souviendras de la soupe que tu n’aimes pas et tu la regretteras<\/em>, que disait ma m\u00e8re en tranchant le cou du lapin attach\u00e9 au poirier du jardin.<\/p>\n Il faut \u00eatre riche pour ne pas \u00eatre pauvre et profiter de la soupe quand il y en a. Bel enseignement quand j’y repense. De quoi r\u00e9sister \u00e0 l’\u00e9pouvante encore de nos jours \u00e0 ne pas en douter en creusant bien.<\/p>",
"content_text": "\n\nl'\u00e9pouvante de la pauvret\u00e9, de la mis\u00e8re, \u00e9tait plant\u00e9 en ce temps-l\u00e0 devant chaque fen\u00eatre de la maison. C'\u00e9tait une d\u00e9multiplication de l'\u00e9pouvante comme autant d'arbres plant\u00e9s l\u00e0 qu'on apercevait aussit\u00f4t qu'on voulait se risquer \u00e0 jeter un regard vers l'ext\u00e9rieur. Les arbres \u00e9taient devenus mena\u00e7ant. Les arbres et tout le reste, tout ce qui pouvait former l'image d'un paysage. Les collines au loin, les grands champs, les haies entre les champs, les murs, le poulailler, les hangars, un tracteur \u00e0 l'arr\u00eat, les silhouettes des oiseaux sur les fils \u00e9lectriques, les poteaux t\u00e9l\u00e9phoniques.\n\nLes habitants aussi \u00e9taient \u00e9pouvantables. Bien qu'ils fassent tout leur possible pour le dissimuler. Ils vous souriaient, vous disaient des choses agr\u00e9ables et gentilles, puis aussit\u00f4t que vous tourniez le dos il vous y plantait une faux, un pieu, un couteau. L'\u00e9pouvante \u00e9tait l'\u00e9l\u00e9ment constitutif premier de la campagne. Et le soleil quand il sortait, essayait de me changer les id\u00e9es, faisait beaucoup d'effort, nous faisions beaucoup d'effort avec le soleil conjoint quand il sortait, mais ces efforts n'y changeait rien. Ce n'\u00e9tait gu\u00e8re plus qu'un nouvel emballage dont il fallait se m\u00e9fier.\n\nMon p\u00e8re disait il faut \u00eatre riche pour ne pas \u00eatre pauvre, le dimanche \u00e0 table en d\u00e9coupant le poulet, \u00e7a m'est rest\u00e9. C'\u00e9tait \u00e0 l'\u00e9poque une dr\u00f4le de phrase, surtout quand on l'associe \u00e0 la ficelle qui claque en \u00e9claboussant le nappe blanche de sauce, la ficelle qu'on tranche d'un coup de couteau, mais dont on ne maitrise absolument pas la r\u00e9action ensuite. Elle claque et \u00e9clabousse la nappe blanche de sauce brun\u00e2tre. C'est autre chose que le un jour tu te souviendras de la soupe que tu n'aimes pas et tu la regretteras, que disait ma m\u00e8re en tranchant le cou du lapin attach\u00e9 au poirier du jardin.\n\nIl faut \u00eatre riche pour ne pas \u00eatre pauvre et profiter de la soupe quand il y en a. Bel enseignement quand j'y repense. De quoi r\u00e9sister \u00e0 l'\u00e9pouvante encore de nos jours \u00e0 ne pas en douter en creusant bien.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-do-it-yourself-diy.html",
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"title": "Le do it yourself ( DIY)",
"date_published": "2023-05-10T04:38:32Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " 1990. Que fichais-je ? trente ans, pas un rond, je voulais \u00e9crire et c’est \u00e0 peu pr\u00e8s tout de ce que je voulais. Le reste ne m’int\u00e9ressait pas. Les femmes de temps en temps, mais c’\u00e9tait pour \u00e9puiser un trop plein d’\u00e9nergie inutile, se d\u00e9charger d’un trop plein. Sinon la masturbation \u00e9tait plus paisible. Une forme d’autosatisfaction \u00e0 bas prix. Pas besoin de paraitre, pas besoin de cirer ses chaussures, de se faire la raie, de changer de chemise, de se raser de pr\u00e8s, de se retrouver \u00e0 gesticuler dans une salle obscure gifl\u00e9 de lumi\u00e8res stroboscopiques non plus. Ni d’acheter des bouteilles cinq fois le prix, ni d’offrir la possibilit\u00e9, au bon moment, d’aller boire un verre ailleurs<\/em>, ni de sourire comme un con pour exhiber une dentition parfaite. Ni de subir ensuite tout ce que l’on doit bien subir ensuite. Se frotter \u00e0 l’autre, se l’imaginer, toute cette permutation de sensations, d’humeurs, ces \u00e9changes abominables pour obtenir au final une satisfaction m\u00e9diocre, un contentement passager, un d\u00e9jeuner de soleil, une d\u00e9prime d’autant plus carabin\u00e9e. 1990 la naissance du DIY le do it yourself, la d\u00e9mocratisation de la masturbation \u00e0 grande \u00e9chelle, \u00e0 une \u00e9chelle commerciale. Le bricolage \u00e9lev\u00e9 \u00e0 la hauteur d’une religion, d’un sacerdoce. J’\u00e9tais l\u00e0 dedans moi aussi, j’avais l’air d’\u00eatre ailleurs, je m’\u00e9vertuais \u00e0 vouloir \u00eatre ailleurs, mais j’\u00e9tais bien dedans. Encore que le bricolage, \u00e0 bien y r\u00e9fl\u00e9chir, je n’ai toujours connu que cela. Une exp\u00e9rience qui remonte \u00e0 loin, de g\u00e9n\u00e9ration en g\u00e9n\u00e9ration, mais autrefois \u00e7a s’appelait la survie, on ne se sentait pas oblig\u00e9 de faire le malin avec des mots d’outre-manche, des mots ayant travers\u00e9 la Manche, voire l’Atlantique.<\/p>\n Ce plaisir autonome, le summum de l’individualisme, ou du capitalisme si on pousse le raisonnement \u00e0 ses extr\u00eames. Le self made man <\/em>qui ruisselle dans le do it yourself<\/em>, Dans le DIY, TO DIE. Bricoler ou crever, finalement, le choix fut vite assez restreint.<\/p>",
"content_text": "Le Tawashi DIY , l'objet le plus inutile du monde que l'on peut confectionner soi-m\u00eame.\n\n1990. Que fichais-je ? trente ans, pas un rond, je voulais \u00e9crire et c'est \u00e0 peu pr\u00e8s tout de ce que je voulais. Le reste ne m'int\u00e9ressait pas. Les femmes de temps en temps, mais c'\u00e9tait pour \u00e9puiser un trop plein d'\u00e9nergie inutile, se d\u00e9charger d'un trop plein. Sinon la masturbation \u00e9tait plus paisible. Une forme d'autosatisfaction \u00e0 bas prix. Pas besoin de paraitre, pas besoin de cirer ses chaussures, de se faire la raie, de changer de chemise, de se raser de pr\u00e8s, de se retrouver \u00e0 gesticuler dans une salle obscure gifl\u00e9 de lumi\u00e8res stroboscopiques non plus. Ni d'acheter des bouteilles cinq fois le prix, ni d'offrir la possibilit\u00e9, au bon moment, d'aller boire un verre ailleurs, ni de sourire comme un con pour exhiber une dentition parfaite. Ni de subir ensuite tout ce que l'on doit bien subir ensuite. Se frotter \u00e0 l'autre, se l'imaginer, toute cette permutation de sensations, d'humeurs, ces \u00e9changes abominables pour obtenir au final une satisfaction m\u00e9diocre, un contentement passager, un d\u00e9jeuner de soleil, une d\u00e9prime d'autant plus carabin\u00e9e. 1990 la naissance du DIY le do it yourself, la d\u00e9mocratisation de la masturbation \u00e0 grande \u00e9chelle, \u00e0 une \u00e9chelle commerciale. Le bricolage \u00e9lev\u00e9 \u00e0 la hauteur d'une religion, d'un sacerdoce. J'\u00e9tais l\u00e0 dedans moi aussi, j'avais l'air d'\u00eatre ailleurs, je m'\u00e9vertuais \u00e0 vouloir \u00eatre ailleurs, mais j'\u00e9tais bien dedans. Encore que le bricolage, \u00e0 bien y r\u00e9fl\u00e9chir, je n'ai toujours connu que cela. Une exp\u00e9rience qui remonte \u00e0 loin, de g\u00e9n\u00e9ration en g\u00e9n\u00e9ration, mais autrefois \u00e7a s'appelait la survie, on ne se sentait pas oblig\u00e9 de faire le malin avec des mots d'outre-manche, des mots ayant travers\u00e9 la Manche, voire l'Atlantique.\n\nCe plaisir autonome, le summum de l'individualisme, ou du capitalisme si on pousse le raisonnement \u00e0 ses extr\u00eames. Le self made man qui ruisselle dans le do it yourself, Dans le DIY, TO DIE. Bricoler ou crever, finalement, le choix fut vite assez restreint.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/magasin-du-bonheur-soldes.html",
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"title": "Magasin du bonheur, soldes",
"date_published": "2023-05-10T04:14:53Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Ce qui est vendu comme \u00e9tant le bonheur. Le produit bonheur. Poss\u00e8de-tu suffisamment d\u2019argent, de volont\u00e9, de na\u00efvet\u00e9, d\u2019obsc\u00e9nit\u00e9 pour acqu\u00e9rir ce qui est pr\u00e9sent\u00e9 sur les pr\u00e9sentoirs comme pur bonheur. Jamais assez. Tu as mis au point de nombreux m\u00e9canismes pour t\u2019en \u00e9loigner. Pour fuir les t\u00eates de gondoles, les promotions, les prix sacrifi\u00e9s. Toute la publicit\u00e9 incessante qui te mart\u00e8le l\u2019injonction d\u2019\u00eatre enfin heureux, riche, confortablement install\u00e9, parvenu au sommet, belle maison, belle \u00e9pouse, beaux enfants, beau job, admirable montre bracelet, cuir naturel maroquineries rutilantes, l\u00e9gumes bio, fruits calibr\u00e9s, mobile dernier cri, casque audio anti-bruit, Y a t\u2019il autre chose ?<\/p>\n Le mal et le bien sont-ils tellement implant\u00e9s dans les ruelles qu\u2019il ne puisse plus y avoir de place pour autre chose ? Mac Donald contre Burger King, malheur \u00e0 qui voudrait enrayer la fabrique des frites congel\u00e9es.<\/p>\n Par exemple un magasin qui ne vend rien, un magasin sans enseigne, un magasin sans devanture, ni n\u00e9on, un magasin qui n\u2019a pas de porte, pas de rideau, un magasin qui ne serait pas plus qu\u2019un passage dans lequel on s\u2019engouffre pour en ressortir un peu plus loin dans un autre quartier, une autre rue, un magasin comme un lieu de passage, un magasin que l\u2019on traverse sans y penser. Il n\u2019y a pas de rayon, pas de promotion, pas de produit, et cependant quand on en sort on n\u2019est plus le m\u00eame qu\u2019au moment o\u00f9 on y est entr\u00e9. p\u00e9n\u00e9trer dans ce magasin nous a totalement chang\u00e9. Un magasin comme un passage qui modifie le point de vue sur le bonheur et le malheur.<\/p>\n Assez proche d\u2019une boutique de pompes fun\u00e8bres sans tout le d\u00e9corum, sans les mines contrites, sans la poign\u00e9e de main \u00e0 l\u2019issue de la signature du bon de commande, sans je vous pr\u00e9sente toutes mes condol\u00e9ances.<\/em> Ou encore un livre dans lequel tout doucement jour apr\u00e8s jour on s’enfermerait seul, un livre comme un passage, un livre un peu comme un grand magasin, un livre \u00e0 l’image de nos grands magasins, mais sans aucun produit, juste des signes \u00e0 \u00e9crire ou \u00e0 lire, juste \u00e0 se laisser surprendre par des signes qu’on \u00e9crit des signes que l’on lit. De plus un livre qui n’apprendrait rien \u00e0 celle ou \u00e0 celui qui l’\u00e9crit pas plus qu’\u00e0 celui ou celle qui le lit. Un livre qu’on lit comme on traverse un paysage, \u00e0 la ville, \u00e0 la campagne, un livre comme un lieu de passage, dans lequel on ne serait pas emmerd\u00e9 par l’id\u00e9e d’\u00eatre sage ou pas sage, par le bien et le mal, par le fric qui nous manque pour en \u00eatre, pour participer. Un livre dans lequel on s’allongerait, auteur et lecteur, dans des caisses virtuelles, le regard tourn\u00e9 vers l’int\u00e9rieur, vers le n\u00e9ant de l’int\u00e9rieur sans ciller.<\/p>\n Se bousculerait-on ici le jour des soldes ?<\/p>",
"content_text": "\n\nCe qui est vendu comme \u00e9tant le bonheur. Le produit bonheur. Poss\u00e8de-tu suffisamment d\u2019argent, de volont\u00e9, de na\u00efvet\u00e9, d\u2019obsc\u00e9nit\u00e9 pour acqu\u00e9rir ce qui est pr\u00e9sent\u00e9 sur les pr\u00e9sentoirs comme pur bonheur. Jamais assez. Tu as mis au point de nombreux m\u00e9canismes pour t\u2019en \u00e9loigner. Pour fuir les t\u00eates de gondoles, les promotions, les prix sacrifi\u00e9s. Toute la publicit\u00e9 incessante qui te mart\u00e8le l\u2019injonction d\u2019\u00eatre enfin heureux, riche, confortablement install\u00e9, parvenu au sommet, belle maison, belle \u00e9pouse, beaux enfants, beau job, admirable montre bracelet, cuir naturel maroquineries rutilantes, l\u00e9gumes bio, fruits calibr\u00e9s, mobile dernier cri, casque audio anti-bruit,\n\nCe qui est vendu comme \u00e9tant le bonheur te fait peur. Comment peut-on tomber si bas, \u00eatre capable de tant d\u2019abjection pour se faire une place au soleil. Au d\u00e9triment, au d\u00e9tritus, \u00e0 la destruction de ce que l\u2019on t\u2019a aussi vendu dans une autre boutique autrefois comme l\u2019humanit\u00e9, l\u2019\u00e2me.\n\nDeux repr\u00e9sentants de commerce s\u2019affrontent dans une m\u00e9taphysique de possession qu\u2019on le veuille ou non.\n\nCeux qui ne jurent que par les biens, ceux qui ne jurent que par l\u2019asc\u00e8se, la frugalit\u00e9, la temp\u00e9rance. Catholiques et protestants.\n\n\n\nY a t\u2019il autre chose ? \n\nLe mal et le bien sont-ils tellement implant\u00e9s dans les ruelles qu\u2019il ne puisse plus y avoir de place pour autre chose ? Mac Donald contre Burger King, malheur \u00e0 qui voudrait enrayer la fabrique des frites congel\u00e9es.\n\n\n\nPar exemple un magasin qui ne vend rien, un magasin sans enseigne, un magasin sans devanture, ni n\u00e9on, un magasin qui n\u2019a pas de porte, pas de rideau, un magasin qui ne serait pas plus qu\u2019un passage dans lequel on s\u2019engouffre pour en ressortir un peu plus loin dans un autre quartier, une autre rue, un magasin comme un lieu de passage, un magasin que l\u2019on traverse sans y penser. Il n\u2019y a pas de rayon, pas de promotion, pas de produit, et cependant quand on en sort on n\u2019est plus le m\u00eame qu\u2019au moment o\u00f9 on y est entr\u00e9. p\u00e9n\u00e9trer dans ce magasin nous a totalement chang\u00e9. Un magasin comme un passage qui modifie le point de vue sur le bonheur et le malheur.\n\n\n\nAssez proche d\u2019une boutique de pompes fun\u00e8bres sans tout le d\u00e9corum, sans les mines contrites, sans la poign\u00e9e de main \u00e0 l\u2019issue de la signature du bon de commande, sans je vous pr\u00e9sente toutes mes condol\u00e9ances.\n\nUn magasin comme une boutique de pompes fun\u00e8bres, une boutique de caisses dans lesquelles on s\u2019allonge, dans lesquelles tout loisir de s\u2019allonger dans une caisse est permis, on peut m\u00eame b\u00e9n\u00e9ficier de ce service gratis, du couvercle que l\u2019on cloue pour une immersion parfaite avec le choix de la musique qui ira avec.\n\nOu encore un livre dans lequel tout doucement jour apr\u00e8s jour on s'enfermerait seul, un livre comme un passage, un livre un peu comme un grand magasin, un livre \u00e0 l'image de nos grands magasins, mais sans aucun produit, juste des signes \u00e0 \u00e9crire ou \u00e0 lire, juste \u00e0 se laisser surprendre par des signes qu'on \u00e9crit des signes que l'on lit. De plus un livre qui n'apprendrait rien \u00e0 celle ou \u00e0 celui qui l'\u00e9crit pas plus qu'\u00e0 celui ou celle qui le lit. Un livre qu'on lit comme on traverse un paysage, \u00e0 la ville, \u00e0 la campagne, un livre comme un lieu de passage, dans lequel on ne serait pas emmerd\u00e9 par l'id\u00e9e d'\u00eatre sage ou pas sage, par le bien et le mal, par le fric qui nous manque pour en \u00eatre, pour participer. Un livre dans lequel on s'allongerait, auteur et lecteur, dans des caisses virtuelles, le regard tourn\u00e9 vers l'int\u00e9rieur, vers le n\u00e9ant de l'int\u00e9rieur sans ciller.\n\nSe bousculerait-on ici le jour des soldes ? ",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/variation-encore.html",
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"title": "variation encore",
"date_published": "2023-05-09T08:37:49Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " et m\u00e2che et rem\u00e2che encore ce vide qui s’ \u00e9chappe ce manque ce suc, de vieilles phrases rong\u00e9es, acidit\u00e9s, l\u00e8pres des vieux os , ces lambeaux de cher , si chair trop chair encore, m\u00e2che et m\u00e2che et rem\u00e2che, cartilages \u00e9clatant sous les molaires qui broient ruminent, sais-tu que l’hiver s’est achev\u00e9 hier, qu’ici on ne retient plus son souffle, on crache des bourgeons, on diffuse des fragrances, on parle oiseau , on vole moucheron.<\/p>\n poitrail qui attire \u00e0 lui un ciel laiteux de mai, naseaux qui s’ouvrent aux explosions suaves des gramin\u00e9es, bouche ouverte affam\u00e9e, frisson des dorsales, l\u00e9g\u00e8ret\u00e9 accrue des paupi\u00e8res, vivacit\u00e9 de l’\u0153il. Paume appuy\u00e9e contre le tronc de l’ olivier en pot, partage des flux, des s\u00e8ves, r\u00eavasse en m\u00e2chant le souvenir des olives, rem\u00e2chant encore et encore l’avenir, l’id\u00e9e du bien \u00eatre.<\/p>",
"content_text": "ch\u00e8vrefeuille et jasmin m\u00eal\u00e9s en bas dans la cour.\n\net m\u00e2che et rem\u00e2che encore ce vide qui s' \u00e9chappe ce manque ce suc, de vieilles phrases rong\u00e9es, acidit\u00e9s, l\u00e8pres des vieux os , ces lambeaux de cher , si chair trop chair encore, m\u00e2che et m\u00e2che et rem\u00e2che, cartilages \u00e9clatant sous les molaires qui broient ruminent, sais-tu que l'hiver s'est achev\u00e9 hier, qu'ici on ne retient plus son souffle, on crache des bourgeons, on diffuse des fragrances, on parle oiseau , on vole moucheron.\n\npoitrail qui attire \u00e0 lui un ciel laiteux de mai, naseaux qui s'ouvrent aux explosions suaves des gramin\u00e9es, bouche ouverte affam\u00e9e, frisson des dorsales, l\u00e9g\u00e8ret\u00e9 accrue des paupi\u00e8res, vivacit\u00e9 de l'\u0153il. Paume appuy\u00e9e contre le tronc de l' olivier en pot, partage des flux, des s\u00e8ves, r\u00eavasse en m\u00e2chant le souvenir des olives, rem\u00e2chant encore et encore l'avenir, l'id\u00e9e du bien \u00eatre. ",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/repetition.html",
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"title": "r\u00e9p\u00e9tition",
"date_published": "2023-05-09T05:49:17Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " avant le grand spectacle on les avait invit\u00e9 \u00e0 r\u00e9p\u00e9ter. Ils arriv\u00e8rent dans un joyeux brouhaha, puis ils s’y mitent, ils enjamb\u00e8rent la barre, atterrissant l’un apr\u00e8s l’autre sur l’estrade. certains font un bruit de sac \u00e0 patate, d’autres de feuille morte, d’autres de peluche mouill\u00e9e , d’autre un bruit inaudible, et d’autres encore pas un bruit.<\/p>\n Que je m’appr\u00eatasse \u00e0 enjamburer nenni, je pref\u00e8rus poser mes fesses sur le strapontin pour voir. Enfin un vieil homme surgissant de nulle part et qui sonna de l’olifan, s’essuyassa la bouche puis dit --- repetationnez je vous prie.<\/p>\n Il repetaterent, repetinerent, repetintibulerent.<\/p>\n Leurs mandibules m\u00e2ch\u00e8rent remacherent il y eut du mon sieur ma ch\u00e8re.<\/p>\n ca dura le temps n\u00e9cessaire pour se mettre en bouche les bons mots, pas loin d’une heure<\/p>\n Puis ils sortirent d’un panier \u00e0 provision une bouteille de rouge un gros saucisson de Lyon, un pot de cornichons, du pain, du beurre et une cr\u00e9mi\u00e8re.<\/p>\n oh que ce fut bon et beau de les regarder saucissonner, tartiner la cr\u00e9mi\u00e8re, croquignoler les cornichons, rompre le pain, glouglouter le rouge !<\/p>\n j’\u00e9tais comme au spectacle et en plus c’\u00e9tait gratis, pas plus d’une petite heure \u00e0 donner, presque gratis.<\/p>",
"content_text": "\n\navant le grand spectacle on les avait invit\u00e9 \u00e0 r\u00e9p\u00e9ter. Ils arriv\u00e8rent dans un joyeux brouhaha, puis ils s'y mitent, ils enjamb\u00e8rent la barre, atterrissant l'un apr\u00e8s l'autre sur l'estrade. certains font un bruit de sac \u00e0 patate, d'autres de feuille morte, d'autres de peluche mouill\u00e9e , d'autre un bruit inaudible, et d'autres encore pas un bruit. \n\nQue je m'appr\u00eatasse \u00e0 enjamburer nenni, je pref\u00e8rus poser mes fesses sur le strapontin pour voir. Enfin un vieil homme surgissant de nulle part et qui sonna de l'olifan, s'essuyassa la bouche puis dit --- repetationnez je vous prie. \n\nIl repetaterent, repetinerent, repetintibulerent. \n\nLeurs mandibules m\u00e2ch\u00e8rent remacherent il y eut du mon sieur ma ch\u00e8re. \n\nca dura le temps n\u00e9cessaire pour se mettre en bouche les bons mots, pas loin d'une heure \n\nPuis ils sortirent d'un panier \u00e0 provision une bouteille de rouge un gros saucisson de Lyon, un pot de cornichons, du pain, du beurre et une cr\u00e9mi\u00e8re. \n\noh que ce fut bon et beau de les regarder saucissonner, tartiner la cr\u00e9mi\u00e8re, croquignoler les cornichons, rompre le pain, glouglouter le rouge ! \n\nj'\u00e9tais comme au spectacle et en plus c'\u00e9tait gratis, pas plus d'une petite heure \u00e0 donner, presque gratis. ",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/Eblouissement.html",
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"title": "Eblouissement",
"date_published": "2023-05-09T03:51:56Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " C\u2019est dans l\u2019\u00e9blouissement que tu r\u00e9sides, au bout de l\u2019ennui dans le silence des travers\u00e9es Sur la paume le souffle revient, l\u2019haleine, tout se d\u00e9noue tant fut serr\u00e9e la cha\u00eene et la trame Troisi\u00e8me coup<\/p>\n Je coupe le contact, tourne la manette du commodo, plus de phare, il ne fait pas encore tout \u00e0 fait nuit. J\u2019ouvre la porti\u00e8re, pose un pied \u00e0 terre, prend appui pour extirper le corps entier du v\u00e9hicule, n\u2019oublie pas le pain, le sac, la plaquette de Nicopass. Tout cela dans l\u2019habitude, des gestes qui s\u2019encha\u00eenent les uns apr\u00e8s les autres, rod\u00e9s de longue date. Fermeture automatique des portes, la veilleuse du haillon arri\u00e8re reste allum\u00e9e encore un peu, le corps entier se redresse, la lani\u00e8re du sac \u00e0 l\u2019\u00e9paule, le d\u00e9placement depuis le parking pour rejoindre le trottoir, la t\u00eate est vide, elle peut accueillir tout ce qui se passe ici. Il suffit de marcher lentement, de ne pas se presser, d\u2019\u00eatre aux aguets. Assez vite le m\u00eame faisceau d\u2019indices. on s\u2019aper\u00e7oit surpris, l\u2019hiver est pass\u00e9, nous voici au printemps.<\/p>\n L\u2019entr\u00e9e dans l\u2019\u00e9t\u00e9, met fin \u00e0 la routine, la fin des MJC des ateliers, vers la fin de juin. \u00c9branl\u00e9 par la vacuit\u00e9 toujours impr\u00e9vue, le petit jeu de l\u2019inattendu. Un allongement soudain du vide entre deux gestes \u00e0 faire, une impression factice d\u2019avoir le temps. La chaleur monte doucement du sol, rebondit sur les murs, les fleurs embaument, la couleur excite. La nuit est attendue, le petit jeu des insomnies d\u00e9licieuses, la nuit l\u2019\u00e9t\u00e9 vaste et tranquille, une b\u00e9ance paisible, je dors encore moins l\u2019\u00e9t\u00e9, j\u2019en profite de ces nuits.<\/p>\n Les premi\u00e8res fl\u00e9trissures, et puis cette odeur un peu aigre-douce dans l\u2019air, ce subtil refroidissement des lumi\u00e8res, des couleurs, qui tentent d\u2019aller au contraire vers les ocres, les roux. Le ciel est peupl\u00e9, les fils \u00e9lectriques sont des port\u00e9es, l\u2019installation des vogues, l\u2019iridescente des bogues, puis le jour recule. D\u00e9faite g\u00e9n\u00e9rale des feuilles, premieres exodes, changement de temp\u00e9rature, la rentr\u00e9e des classes, l\u2019odeur des fournitures, l\u2019\u00e9corce des platanes, les foules sous les pr\u00e9aux, des vapeurs montent des terres, l\u2019humide et la boue cr\u00e9ent des golems que les grands vents balaient, l\u2019ombre peu \u00e0 peu progresse.<\/p>\n L\u2019hiver c\u2019est la neige, avant le froid c\u2019est la neige, l\u2019hiver n\u2019est rien sans neige. L\u2019immense paix que procure la neige aux alentours comme au centre, le bassin dans le jardin. Verdict : la neige acquitte tout ce qui d\u00e9passe. Le poids de la neige sur la branche docile qui l\u2019accueille en s\u2019affaissant doucement, la branche et la neige une longue un progressive r\u00e9v\u00e9rence. La chaussure prot\u00e8ge le pied, la grosse chaussette autour du pied, marcher sur la neige dans la nuit du matin, l\u2019entendre craquer sous les pas, seul bruit dans la rue, dans la t\u00eate. Sur les fils \u00e9lectriques les notes ont disparues, le ciel passe du bleu sombre au gris puis au blanc laiteux, le temps d\u2019un aller jusqu\u2019au portail de l\u2019\u00e9cole, en rang deux par deux on entre dans la salle de classe, craie blanche, encre violette, au fond il y a le vieux po\u00eale qui ronronne, la chaleur nous assomme, l\u2019\u0153il tente de s\u2019\u00e9vader du tableau noir, de rejoindre dans la cour et plus loin le ciel, somnolence de la nature aspiration \u00e0 cette engourdissement tr\u00e8s fort, on ne r\u00e9siste gu\u00e8re.<\/p>",
"content_text": "\n\nTroisi\u00e8me coup\n\nJe coupe le contact, tourne la manette du commodo, plus de phare, il ne fait pas encore tout \u00e0 fait nuit. J\u2019ouvre la porti\u00e8re, pose un pied \u00e0 terre, prend appui pour extirper le corps entier du v\u00e9hicule, n\u2019oublie pas le pain, le sac, la plaquette de Nicopass. Tout cela dans l\u2019habitude, des gestes qui s\u2019encha\u00eenent les uns apr\u00e8s les autres, rod\u00e9s de longue date. Fermeture automatique des portes, la veilleuse du haillon arri\u00e8re reste allum\u00e9e encore un peu, le corps entier se redresse, la lani\u00e8re du sac \u00e0 l\u2019\u00e9paule, le d\u00e9placement depuis le parking pour rejoindre le trottoir, la t\u00eate est vide, elle peut accueillir tout ce qui se passe ici. Il suffit de marcher lentement, de ne pas se presser, d\u2019\u00eatre aux aguets. Assez vite le m\u00eame faisceau d\u2019indices. on s\u2019aper\u00e7oit surpris, l\u2019hiver est pass\u00e9, nous voici au printemps.\n\nL\u2019entr\u00e9e dans l\u2019\u00e9t\u00e9, met fin \u00e0 la routine, la fin des MJC des ateliers, vers la fin de juin. \u00c9branl\u00e9 par la vacuit\u00e9 toujours impr\u00e9vue, le petit jeu de l\u2019inattendu. Un allongement soudain du vide entre deux gestes \u00e0 faire, une impression factice d\u2019avoir le temps. La chaleur monte doucement du sol, rebondit sur les murs, les fleurs embaument, la couleur excite. La nuit est attendue, le petit jeu des insomnies d\u00e9licieuses, la nuit l\u2019\u00e9t\u00e9 vaste et tranquille, une b\u00e9ance paisible, je dors encore moins l\u2019\u00e9t\u00e9, j\u2019en profite de ces nuits.\n\nLes premi\u00e8res fl\u00e9trissures, et puis cette odeur un peu aigre-douce dans l\u2019air, ce subtil refroidissement des lumi\u00e8res, des couleurs, qui tentent d\u2019aller au contraire vers les ocres, les roux. Le ciel est peupl\u00e9, les fils \u00e9lectriques sont des port\u00e9es, l\u2019installation des vogues, l\u2019iridescente des bogues, puis le jour recule. D\u00e9faite g\u00e9n\u00e9rale des feuilles, premieres exodes, changement de temp\u00e9rature, la rentr\u00e9e des classes, l\u2019odeur des fournitures, l\u2019\u00e9corce des platanes, les foules sous les pr\u00e9aux, des vapeurs montent des terres, l\u2019humide et la boue cr\u00e9ent des golems que les grands vents balaient, l\u2019ombre peu \u00e0 peu progresse.\n\nL\u2019hiver c\u2019est la neige, avant le froid c\u2019est la neige, l\u2019hiver n\u2019est rien sans neige. L\u2019immense paix que procure la neige aux alentours comme au centre, le bassin dans le jardin. Verdict: la neige acquitte tout ce qui d\u00e9passe. Le poids de la neige sur la branche docile qui l\u2019accueille en s\u2019affaissant doucement, la branche et la neige une longue un progressive r\u00e9v\u00e9rence. La chaussure prot\u00e8ge le pied, la grosse chaussette autour du pied, marcher sur la neige dans la nuit du matin, l\u2019entendre craquer sous les pas, seul bruit dans la rue, dans la t\u00eate. Sur les fils \u00e9lectriques les notes ont disparues, le ciel passe du bleu sombre au gris puis au blanc laiteux, le temps d\u2019un aller jusqu\u2019au portail de l\u2019\u00e9cole, en rang deux par deux on entre dans la salle de classe, craie blanche, encre violette, au fond il y a le vieux po\u00eale qui ronronne, la chaleur nous assomme, l\u2019\u0153il tente de s\u2019\u00e9vader du tableau noir, de rejoindre dans la cour et plus loin le ciel, somnolence de la nature aspiration \u00e0 cette engourdissement tr\u00e8s fort, on ne r\u00e9siste gu\u00e8re.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/une-journee-en-musique.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/une-journee-en-musique.html",
"title": "Une journ\u00e9e en musique",
"date_published": "2023-05-08T16:33:55Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
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"content_html": " Toute la journ\u00e9e musique dans l’atelier<\/p>\n tout \u00e0 commenc\u00e9 avec cette \u00e9mission<\/p>\n https:\/\/youtu.be\/6B6K1T9wB-M<\/a><\/p>",
"content_text": "Toute la journ\u00e9e musique dans l'atelier \n\ntout \u00e0 commenc\u00e9 avec cette \u00e9mission https:\/\/youtu.be\/6B6K1T9wB-M",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/variation-de-saison.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/variation-de-saison.html",
"title": "variation de saison",
"date_published": "2023-05-08T16:16:57Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " deuxi\u00e8me coup.<\/p>\n une saison s’ach\u00e8ve \u00e0 peine, avec peine, \u00e0 grand peine, et quelques renoncements, qu’une autre d\u00e9j\u00e0 s’am\u00e8ne. On se rend \u00e0 peine compte qu’une saison se retire qu’une vague la recouvre comme si de rien n’\u00e9tait. Comme si la saison quitt\u00e9e, sans tambour ni trompette, nous laissait amer ou mi-figure, mi-raisin. Indiff\u00e9rent aussi parfois vers la fin. Indifferent \u00e0 ce qui va, s’en va et vient. On en finit ainsi avec chacune, elle s’ach\u00e8ve, on regarde faire. une saison s’ach\u00e8ve de plus en plus en queue de poisson ou en queue de cerise, parfois on a le visage \u00e9clabouss\u00e9e d’eau, c’est une saison qui s’ach\u00e8ve en queue de com\u00e8te. Puis une autre s’am\u00e8ne, une autre saison et c’est parfois une f\u00eate dans la glycine, le ch\u00e8vrefeuille. dans l’olivier en pot. une f\u00eate donn\u00e9e par les oiseaux qui poussent des petits cris d’oiseau puis qui s’\u00e9gaient. Une grosse pie en smoking s’est pos\u00e9e sur une branche haute de l’ olivier pour attraper une olive de l’hiver dernier, on ne r\u00e9colte plus les olives ici, on les laisse aux oiseaux. aux merles, aux pies. On fait aussi des boules de graisse qui fondent comme neige au soleil quand l’eau se glace dans les soucoupes des pens\u00e9es pass\u00e9es. On attend sans attendre qu’une saison s’ach\u00e8ve, qu’une autre saison s’am\u00e8ne, \u00e7a passe le temps si on n’a rien d’autre \u00e0 faire, si on n’a plus rien \u00e0 faire que passer le temps en attendant que le ballet des saisons s’ach\u00e8ve , l’une apr\u00e8s l’autre, tr\u00e8s consciencieusement.<\/p>\n On peut mettre Vivaldi \u00e7a ne dure pas bien longtemps, quatre saisons et puis voil\u00e0, l’heure tourne ainsi. Il faut comprendre laquelle est laquelle au d\u00e9but rien d’\u00e9vident. Enfant on \u00e9coute sans savoir et c’est tr\u00e8s bien ainsi, vieux on n’\u00e9coute plus que le bruit des canalisations, le goutte \u00e0 goutte, la pluie qui tambourine sur les tuiles. On peut encore mettre Vivaldi et mettre un nom sur chaque saison, c’est possible maintenant, on est moins ignorant. Mais toujours de ces silences entre deux saisons entre deux notes, entre la pluie et le soleil, entre r\u00e9colter ou laisser, toujours un peu ignorant, et il faut qu’on en soit content, bien s\u00fbr c’est important le contentement.<\/p>\n Une saison peut parfois \u00eatre si courte qu’on croit l’avoir r\u00eav\u00e9e, comme l’odeur du foin dans la grange, le go\u00fbt acide ou \u00e2cre des prunelles dans la bouche, la l\u00e9g\u00e8ret\u00e9 folle d’une robe de nylon dans les mains, la souplesse d’un corps, la nervosit\u00e9 d’une cuisse, le parfum chaud des bl\u00e9s m\u00fbrs, le go\u00fbt franc de l’eau du puit, l’ombre fugace d’une buse, le zigzag vif du l\u00e9zard entre deux pierres d’un mur vieux, le p\u00eacher en fleur, la ligne d’horizon qui tremble sous la chaleur, le bouchon qui s’enfonce d’un coup net dans la rivi\u00e8re, le poisson qui brille, le ver de terre qui se tortille entre deux doigts, l’hame\u00e7on qui perce, la friture qui frit, la mandibule qui rumine, la gu\u00eape qui suce le jus, ivre, de l’assiette, la petite cuill\u00e8re dans le mazagran, le mouvement des aiguilles d’une vieille horloge \u00e0 plomb, le bruit que fait la clef pour remonter les plombs, le pince-nez qui devient h\u00e9licopt\u00e8re, la fleur du pissenlit qu’on \u00e9parpille d’un souffle, la bougie d’anniversaire qui fume encore une fois \u00e9teinte, le goudron qui fond, les semelles qui collent, le c\u0153ur qui bat dans la poitrine, le souffle qu’on retient devant une robe remplie de tendresse et de vie, la sensation folle d’une robe de nylon qui choit sur le sol, l’\u00e9blouissement du ciel, la larme qui lave l’\u0153il, la bouche qui d\u00e9couvre la l\u00e8vre, ,une saison peut parfois \u00eatre si courte qu’on pense l’avoir r\u00eav\u00e9e, puis on met Vivaldi, on s’en souvient tout de suite, on est ignorant de l’espace entre le r\u00eave et la vraie vie, et c’est tr\u00e8s bien ainsi, miraculeusement.<\/p>\n https:\/\/youtu.be\/g65oWFMSoK0j<\/a>’aime beaucoup la t\u00eate du gars derri\u00e8re, quel dommage de ne pas savoir jouer du violon pour me tenir \u00e0 c\u00f4t\u00e9.<\/p>",
"content_text": "deuxi\u00e8me coup. \n\nune saison s'ach\u00e8ve \u00e0 peine, avec peine, \u00e0 grand peine, et quelques renoncements, qu'une autre d\u00e9j\u00e0 s'am\u00e8ne. On se rend \u00e0 peine compte qu'une saison se retire qu'une vague la recouvre comme si de rien n'\u00e9tait. Comme si la saison quitt\u00e9e, sans tambour ni trompette, nous laissait amer ou mi-figure, mi-raisin. Indiff\u00e9rent aussi parfois vers la fin. Indifferent \u00e0 ce qui va, s'en va et vient. On en finit ainsi avec chacune, elle s'ach\u00e8ve, on regarde faire. une saison s'ach\u00e8ve de plus en plus en queue de poisson ou en queue de cerise, parfois on a le visage \u00e9clabouss\u00e9e d'eau, c'est une saison qui s'ach\u00e8ve en queue de com\u00e8te. Puis une autre s'am\u00e8ne, une autre saison et c'est parfois une f\u00eate dans la glycine, le ch\u00e8vrefeuille. dans l'olivier en pot. une f\u00eate donn\u00e9e par les oiseaux qui poussent des petits cris d'oiseau puis qui s'\u00e9gaient. Une grosse pie en smoking s'est pos\u00e9e sur une branche haute de l' olivier pour attraper une olive de l'hiver dernier, on ne r\u00e9colte plus les olives ici, on les laisse aux oiseaux. aux merles, aux pies. On fait aussi des boules de graisse qui fondent comme neige au soleil quand l'eau se glace dans les soucoupes des pens\u00e9es pass\u00e9es. On attend sans attendre qu'une saison s'ach\u00e8ve, qu'une autre saison s'am\u00e8ne, \u00e7a passe le temps si on n'a rien d'autre \u00e0 faire, si on n'a plus rien \u00e0 faire que passer le temps en attendant que le ballet des saisons s'ach\u00e8ve , l'une apr\u00e8s l'autre, tr\u00e8s consciencieusement. \n\nOn peut mettre Vivaldi \u00e7a ne dure pas bien longtemps, quatre saisons et puis voil\u00e0, l'heure tourne ainsi. Il faut comprendre laquelle est laquelle au d\u00e9but rien d'\u00e9vident. Enfant on \u00e9coute sans savoir et c'est tr\u00e8s bien ainsi, vieux on n'\u00e9coute plus que le bruit des canalisations, le goutte \u00e0 goutte, la pluie qui tambourine sur les tuiles. On peut encore mettre Vivaldi et mettre un nom sur chaque saison, c'est possible maintenant, on est moins ignorant. Mais toujours de ces silences entre deux saisons entre deux notes, entre la pluie et le soleil, entre r\u00e9colter ou laisser, toujours un peu ignorant, et il faut qu'on en soit content, bien s\u00fbr c'est important le contentement. \n\nUne saison peut parfois \u00eatre si courte qu'on croit l'avoir r\u00eav\u00e9e, comme l'odeur du foin dans la grange, le go\u00fbt acide ou \u00e2cre des prunelles dans la bouche, la l\u00e9g\u00e8ret\u00e9 folle d'une robe de nylon dans les mains, la souplesse d'un corps, la nervosit\u00e9 d'une cuisse, le parfum chaud des bl\u00e9s m\u00fbrs, le go\u00fbt franc de l'eau du puit, l'ombre fugace d'une buse, le zigzag vif du l\u00e9zard entre deux pierres d'un mur vieux, le p\u00eacher en fleur, la ligne d'horizon qui tremble sous la chaleur, le bouchon qui s'enfonce d'un coup net dans la rivi\u00e8re, le poisson qui brille, le ver de terre qui se tortille entre deux doigts, l'hame\u00e7on qui perce, la friture qui frit, la mandibule qui rumine, la gu\u00eape qui suce le jus, ivre, de l'assiette, la petite cuill\u00e8re dans le mazagran, le mouvement des aiguilles d'une vieille horloge \u00e0 plomb, le bruit que fait la clef pour remonter les plombs, le pince-nez qui devient h\u00e9licopt\u00e8re, la fleur du pissenlit qu'on \u00e9parpille d'un souffle, la bougie d'anniversaire qui fume encore une fois \u00e9teinte, le goudron qui fond, les semelles qui collent, le c\u0153ur qui bat dans la poitrine, le souffle qu'on retient devant une robe remplie de tendresse et de vie, la sensation folle d'une robe de nylon qui choit sur le sol, l'\u00e9blouissement du ciel, la larme qui lave l'\u0153il, la bouche qui d\u00e9couvre la l\u00e8vre, ,une saison peut parfois \u00eatre si courte qu'on pense l'avoir r\u00eav\u00e9e, puis on met Vivaldi, on s'en souvient tout de suite, on est ignorant de l'espace entre le r\u00eave et la vraie vie, et c'est tr\u00e8s bien ainsi, miraculeusement.https:\/\/youtu.be\/g65oWFMSoK0j'aime beaucoup la t\u00eate du gars derri\u00e8re, quel dommage de ne pas savoir jouer du violon pour me tenir \u00e0 c\u00f4t\u00e9. ",
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"title": "Quand le visible devient l'invisible",
"date_published": "2023-05-08T03:18:13Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Il y a Mallarm\u00e9 contre lequel je bute r\u00e9guli\u00e8rement comme on bute contre un mur, mettons ce mur immense qu’on a d\u00e9couvert r\u00e9cemment au fond des oc\u00e9ans, qui mesure 3 km de hauteur et 20 de large et qui coure dans les profondeurs encerclant la plan\u00e8te \u00e0 moiti\u00e9. Mais, si je n’avais jamais essay\u00e9 de lire Mallarm\u00e9 , sans doute n’aurais-je jamais pris conscience de ce mur, ce mur entre le visible et ce qu’il dissimule presque toujours, l’invisible.<\/p>\n Ensuite que ce fameux mur soit un bug cr\u00e9e par Google Earth, une affaire de pixel carr\u00e9s, un collage trop pr\u00e9cis d’images et dont le r\u00e9sultat peut faire r\u00eaver, ce n’est pas le probl\u00e8me. Dans la t\u00eate un mur s’est \u00e9lev\u00e9, qu’il provienne de la fr\u00e9n\u00e9sie des magmas ou de la main humaine, cela n’a pas vraiment d’importance. Il y a un mur visible au fond des oc\u00e9ans d\u00e9sormais sur Google Earth, comme en po\u00e9sie il y a Mallarm\u00e9.<\/p>\n Il y a quelque chose que l’on n’avait pas vu avant et qui soudain est devenu tr\u00e8s pr\u00e9sent.<\/p>\n C’est d’autant pr\u00e9sent que \u00e7a r\u00e9sonne avec la question du moment. Qu’est ce que je vois, qu’est-ce que j’entends, qu’est-ce que je pense vraiment. Est-ce que tout \u00e7a n’est qu’une somme d’apprentissages, une \u00e9ducation, un formatage, ou bien suis-je parvenu \u00e0 creuser un \u00e9cart par moi-m\u00eame. Est-ce que je suis un \u00eatre parl\u00e9 par les autres, par une langue commune, une langue pratique, une langue dont l’int\u00e9r\u00eat est de me faire ob\u00e9ir \u00e0 des injonctions qui ne m’appartiennent pas, ou bien suis-je parvenu \u00e0 parler ma propre langue, \u00e0 voir le monde de mes propres yeux, la r\u00e9alit\u00e9 de fa\u00e7on personnelle ?<\/p>\n Une chose m’ennuie dans les ouvrages de fiction, je l’ai d\u00e9j\u00e0 dit, et cet ennui provient de la g\u00e8ne que j’\u00e9prouve instantan\u00e9ment du visible au sens ou le visible se m\u00eale \u00e0 la facilit\u00e9, \u00e0 un mot d’ordre qui voudrait peindre l’\u00e9vidence. L’id\u00e9e de la transparence d’un langage est une id\u00e9e fausse qui dans l’ennui saute aux yeux.<\/p>\n J’aime bien revenir \u00e0 la lettre dans ces moments l\u00e0. Ces signes bizarres le deviennent d’autant plus qu’on fuira les mots, les phrases, le sens qu’on leur accorde si facilement, de fa\u00e7on automatique. Examiner la lettre c’est comme se munir d’un microscope et zoomer sur l’infiniment petit, se retrouver au m\u00eame niveau que la mol\u00e9cule, l’atome, la bact\u00e9rie. Peut-\u00eatre devenir toutes ces choses soudain par immersion. Car on est vite happ\u00e9 par ce myst\u00e8re des signes que quelques instants auparavant on consid\u00e9rait comme allant de soi. Ils \u00e9taient visibles pourtant mais on ne les voyait pas. On croyait voir une \u00e9vidence et soudain voici qu’elle s’est d\u00e9rob\u00e9e que l’on se retrouve confront\u00e9 au myst\u00e8re des hi\u00e9roglyphes. Comment on r\u00e9agit \u00e0 cela, \u00e0 cette incompr\u00e9hension soudaine ? Je veux dire \u00e0 cet ennui que provoque soudain le visible, \u00e0 la d\u00e9couverte de ce hiatus, entre le signe et la signification, souvent on s’enfuit : trop c’est trop. On referme le livre, on le range au haut d’une \u00e9tag\u00e8re, on l’oublie. Il est possible que nos oublis soient de la m\u00eame cat\u00e9gorie que nos ennuis. On devrait s’en souvenir, et \u00e0 p\u00e9riode r\u00e9guli\u00e8re y revenir, les explorer encore une fois, pour voir.<\/p>\n La po\u00e9sie de Mallarm\u00e9 pose de belles questions quand on y revient. Et la premi\u00e8re que j’y ai trouv\u00e9e c’est qu’est-ce que c’est que lire. On d\u00e9couvre que lire peut-\u00eatre r\u00e9flexif. Qu’on n’est pas tenu de rester assis sur un banc de l’\u00e9cole \u00e0 bailler en \u00e2nonnant ce que le professeur d\u00e9sire qu’on \u00e2nonne. On peut lire ainsi sans consommer, avaler, bouffer, d\u00e9vorer, dig\u00e9rer. On peut lire avec plus de difficult\u00e9, et apprendre \u00e0 aimer la difficult\u00e9 pour ce qu’elle nous apporte d’autonomie, de cr\u00e9ativit\u00e9, d’intelligence nouvelle des \u00e9changes, des relations entre les mots. Sortir du cadre sujet-verbe-compl\u00e9ment c’est comme sortir de l’hiver et assister \u00e0 l’arriv\u00e9e du printemps. Les branches sont encore nues mais d\u00e9j\u00e0 l’ellipse si pr\u00e9sente laisse au regardeur tout loisir ou devoir de cr\u00e9er la feuille. La notion d’incidence souvent pr\u00e9sente dans la phrase Mallarm\u00e9enne oblige \u00e0 ne pas perdre le fil d’une logique syntaxique qui secoue les neurones, et fabriques des connections secr\u00e8tes in\u00e9dites. Lire Mallarm\u00e9 c’est inventer soi-m\u00eame Ariane tout en \u00e9tant Th\u00e9s\u00e9e, le labyrinthe n’est construit peut-\u00eatre que dans un tel dessein. C’est aussi un bouleversement de l’id\u00e9e de genre comme de l’id\u00e9e de compr\u00e9hension en g\u00e9n\u00e9ral—vouloir comprendre comme p\u00e9n\u00e9trer de fa\u00e7on phallique un sujet, comme en gros on l’apprend sur les bancs de l’\u00e9cole, n’est plus de mise. Pour comprendre il ne faut pas vouloir comprendre ce que veut dire le po\u00e8te, mais la langue. C’est sauter par dessus le d\u00e9faut des langues qui ne vient pas d’elles, mais de nous \u00e0 vouloir les assujettir. Comprendre Mallarm\u00e9 c’est avant tout comprendre qu’il existe mille fa\u00e7ons de trouver son bonheur dans les mots bien au-del\u00e0 de leurs significations vulgaires, de ces significations qui s’offrent si ais\u00e9ment, qui \u00e9cartent les cuisses au tout venant et qui d’ailleurs s’y engouffre si facilement.<\/p>\n \"Le vif \u0153il dont tu regardes Ce que d\u00e9clenche en tout premier lieu, l\u2019id\u00e9e de la variation d\u2019une phrase, c’est mon<\/em> inaptitude \u00e0 la r\u00e9\u00e9criture. Ce blocage face \u00e0 la musique. Cet excessif respect face \u00e0 toute musique d\u00e9sormais apr\u00e8s en avoir t\u00e2t\u00e9 et reconnu cette inaptitude. Apr\u00e8s m<\/em>’\u00eatre fourr\u00e9 cette sensation d’inaptitude dans le cr\u00e2ne surtout. La sensation qu\u2019on ne peut pas refaire ce qui vient d\u2019\u00eatre fait. Qu’il faille passer par une forme de destruction irr\u00e9versible du pass\u00e9 pour recr\u00e9er \u00e0 vif. Et aussi, en opposition, cette sensation que ce qui est fait ne l\u2019est pas enti\u00e8rement par moi<\/em> ou je<\/em>. La sensation que r\u00e9\u00e9crire c\u2019est mettre un peu trop je<\/em> en avant comme chef des op\u00e9rations. La sensation que je ne suis pas que je<\/em> quand j<\/em>\u2019\u00e9cris. La sensation qu\u2019\u00e9prouve le petit je<\/em> ballott\u00e9 par la langue , qu’ il <\/em>le sait pertinemment, que \u00e7a, la langue, n\u2019appartient pas qu\u2019\u00e0 lui<\/em>. La sensation de vouloir entrer dans une langue qui en grande partie se refuse en raison d\u2019une croyance qu\u2019on y est avant tout pour moiti\u00e9 \u00e9tranger. La sensation que si je <\/em>me voue enti\u00e8rement \u00e0 la langue fran\u00e7aise je<\/em> trahis la langue maternelle. Je<\/em> les trahis car j<\/em>\u2019emprunte une autre langue, je<\/em> les trahis tous ceux qui s\u2019exprim\u00e8rent autrement qu\u2019en fran\u00e7ais, en estonien, mais aussi dans le fran\u00e7ais de tous les jours, le fran\u00e7ais ordinaire, le fran\u00e7ais d’une \u00e9poque, le fran\u00e7ais d’une p\u00e9riode \u00e9conomique, politique, le fran\u00e7ais comme creuset de tous les drames, de toutes les trag\u00e9dies, le laisser aller du fran\u00e7ais dans la violence verbale, la m\u00e9diocrit\u00e9, et parfois aussi sa tendresse tr\u00e8s priv\u00e9e. L\u2019exercice qui consiste \u00e0 partir d\u2019une sensation, de la tentative d\u2019\u00e9criture de cette sensation, du manque que l\u2019\u00e9criture en premier lieu ne peut dire. Comment est-ce que je<\/em> m\u2019en sors, ou plut\u00f4t ne parviens jamais \u00e0 m<\/em>’en sortir, de cette traduction personnelle de la sensation. Comment je<\/em> l\u2019esquive, comment je<\/em> ne m\u2019y appesantis pas alors que je<\/em> m\u2019appesantis sur tellement d\u2019autres choses. comme pour me divertir, pour m’aveugler par et dans le divertissement. Comment je <\/em>peux aussi me<\/em> mettre \u00e0 d\u00e9lirer au travers de cet exercice de traduction, devenir fou \u00e0 lier parfois, en essayant de rejoindre quelque chose qui m<\/em>\u2019\u00e9chappe en lui \u00e9chappant moi-m\u00eame<\/em> le plus souvent. C’est \u00e0 dire en bottant en touche<\/em>.<\/p>\n Le pi\u00e8ge est-il dans ce d\u00e9lire comme \u00e9chappatoire au v\u00e9ritable travail ? C\u2019est \u00e0 dire de parvenir \u00e0 dire la sensation, le simple passage d\u2019une saison \u00e0 une autre. Sans doute parce que la sensation vient de loin, que lorsqu\u2019elle ressurgit elle m\u2019\u00e9branle dans mes certitudes, la certitude d\u2019arriver r\u00e9guli\u00e8rement au bout de ma vie notamment. Non, quand cette sensation ressurgit, elle gomme cette certitude. Je me retrouve souvent l\u2019enfant que j\u2019\u00e9tais. Je me retrouve en tant qu\u2019enfant. La sensation me transforme, fait voler le temps en \u00e9clats, la sensation de passer de l\u2019hiver au printemps comme une m\u00e9taphore d\u2019une autre sensation plus onirique encore de la vieillesse qui passe \u00e0 la jeunesse. \u00c9videmment qu\u2019Il doit bien y avoir un lien mais comment \u00e7a se fait que cette sensation surgit la toute premi\u00e8re fois, lorsqu\u2019on sort de l\u2019hiver, vers mettons 6 ou 7 ans ? Se sentir d\u00e9j\u00e0 vieux que d’aspirer \u00e0 la jeunesse ainsi tiendrait-il. Que me raconte cette sensation lorsque je la vois surgir en moi soudain sur le chemin de l\u2019\u00e9cole un matin. Comment je la per\u00e7ois comme retrouvailles d\u00e9j\u00e0 dans le chant des oiseaux, dans une l\u00e9g\u00e8ret\u00e9 nouvelle de l\u2019air qui caresse la joue. A quoi je pense en \u00e9prouvant enfant cette sensation \u00e0 la sortie de ces hivers si longs d\u00e9j\u00e0, interminables, est-ce que je pense d\u2019ailleurs \u00e0 quoi que ce soit, ou bien n\u2019est-ce que la sensation du corps qui a moins \u00e0 lutter tout simplement, qui se sent d\u00e9barrass\u00e9 d\u2019un poids, celui des lourds v\u00eatements d\u2019hiver, les ayant troqu\u00e9 pour des tenues plus l\u00e9g\u00e8res. Le retour du short, de l’air frais sur les mollets.<\/p>\n Quelles images viennent simultan\u00e9ment avec la sensation, la sensation qui charrie, la sensation comme le Cher qui coule en bas sous le grand pont et qui charrie les flaques de sang des abattoirs voisins, mais pas seulement, parfois aussi un tronc qui flotte, une transparence au travers de quoi on aper\u00e7oit, dans son lit au lever du soleil, des cheveux d\u2019algues d\u2019un vert tendre. Charroi et sensation. Et cette expression qui revient comme un cheveu d\u2019ange dans l\u2019air l\u00e9ger, que disait-elle d\u00e9j\u00e0 ? —arr\u00eate de charrier, tu me charries, tu charries — Quelque chose est transport\u00e9 d\u2019un lieu l\u2019autre, d\u2019un temps l\u2019autre par la sensation qui ressurgit. La sensation me<\/em> transporte, comme la musique peut me<\/em> transporter, comme les variations musicales qu\u2019on reconna\u00eet sans vraiment en prendre conscience au moment o\u00f9 on les entend. Parce qu\u2019on ne fait qu\u2019entendre on n\u2019\u00e9coute pas. Parce que je<\/em> n’est pas seul \u00e0 l’\u00e9coute, il ne peut l’\u00eatre, ce serait un illogisme. Parce qu\u2019il faut d\u00e9passer beaucoup de difficult\u00e9s pour \u00e9couter vraiment, notamment celle du c\u0153ur qui cogne dans la poitrine, la douleur que \u00e7a fait dans la poitrine et qu\u2019on ne peut pas dire, la douleur qu\u2019on garde pour soi dans la poitrine. Pour soi ce n’est pas que moi <\/em>ou je<\/em>, c’est bien autre chose, c’est un ensemble. Cette douleur que l\u2019on aiguise comme un b\u00e2ton de r\u00e9glisse pour pouvoir la sucer, s\u2019en nourrir, et \u00e0 la fin des fins pouvoir m\u00eame en \u00e9prouver un certain plaisir. Un plaisir solitaire \u00e0 marcher sur le chemin de l\u2019\u00e9cole en \u00e9prouvant cette sensation d\u2019un c\u0153ur qui se serre envahit soudain par le chant des oiseaux, qui se brise se fend, \u00e9clate comme une bogue de marron \u00e0 la moindre sensation retrouv\u00e9e d’une l\u00e9g\u00e8ret\u00e9 de l\u2019air, d’ une transparence entr’aper\u00e7ue entre les flaques du sang qui flottent \u00e0 la surface du Cher. Est-ce qu\u2019il manque encore quelque chose \u00e0 cet instant de l\u2019\u00e9criture de la sensation, est-ce que quelque chose de terrible se dissimule encore apr\u00e8s cet \u00e9coulement de mots qui charrie des flaques de sang, des zones de douleurs, le vert des algues qui dansent sous la surface des eaux. La sensation tr\u00e8s pr\u00e9sente de la mort se dissimule encore. Et aussi le contentement de voir ressurgir comme une issue \u00e0 cette peur dans l\u2019arriv\u00e9e soudaine du printemps, dans le chant des oiseaux, quelque chose de violent et de doux en m\u00eame temps. Ils avaient investi les rond-points des villes, des villages. Ils avaient march\u00e9 longtemps jusqu\u2019\u00e0 la capitale, travers\u00e9 ses faubourgs, ses cit\u00e9s, d\u00e9pass\u00e9 le p\u00e9riph\u00e9rique, avaient d\u00e9couverts les boulevards ext\u00e9rieurs, les grandes art\u00e8res, les rues, les ruelles et les venelles, puis enfin avaient atteint l\u2019\u00c9lys\u00e9e ; les forces de l\u2019Ordre s\u2019\u00e9taient m\u00eame \u00e9cart\u00e9es \u00e0 leur arriv\u00e9e. —Et apr\u00e8s ? demanda quelqu\u2019un dans la foule des badauds. Mais personne ne lui r\u00e9pondit.<\/p>",
"content_text": "R\u00e9volte des Gilets Jaunes Photo SIPA \n\nIls avaient investi les rond-points des villes, des villages. Ils avaient march\u00e9 longtemps jusqu\u2019\u00e0 la capitale, travers\u00e9 ses faubourgs, ses cit\u00e9s, d\u00e9pass\u00e9 le p\u00e9riph\u00e9rique, avaient d\u00e9couverts les boulevards ext\u00e9rieurs, les grandes art\u00e8res, les rues, les ruelles et les venelles, puis enfin avaient atteint l\u2019\u00c9lys\u00e9e; les forces de l\u2019Ordre s\u2019\u00e9taient m\u00eame \u00e9cart\u00e9es \u00e0 leur arriv\u00e9e.\n\nIls fracass\u00e8rent les portes du Palais, d\u00e9couvrir encore le hall puis s\u2019arr\u00eat\u00e8rent net.\n\nIls ne savaient pas ce qu\u2019il fallait faire ensuite.\n\nIls regard\u00e8rent un instant les ors de la R\u00e9publique, se regard\u00e8rent les uns les autres, puis tr\u00e8s vite ressortirent.\n\n\u2014Et apr\u00e8s ? demanda quelqu\u2019un dans la foule des badauds. Mais personne ne lui r\u00e9pondit.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/stage-de-peinture-ce-dimanche-oser-hesiter.html",
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"title": "Stage de peinture ce dimanche \"oser, h\u00e9siter\"",
"date_published": "2023-05-07T04:37:28Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Partir avec ces deux mots, oser et h\u00e9siter. Ne rien pr\u00e9parer vraiment. C’est os\u00e9. Eprouver quelques doutes, c’est h\u00e9siter. Ce qui fait songer \u00e0 la notion de pr\u00e9paration. Quand la r\u00e9sistance s’insinue jusque l\u00e0. Le refus de pr\u00e9parer quoique ce soit pour \u00eatre au moment, tout entier livr\u00e9 au moment, \u00e0 ce point d’\u00e9quilibre qu’impose ce terme. Equilibre fond\u00e9 sur quoi, toujours la question en suspens. M\u00eame si l’on sait pertinemment que c’est une somme de d\u00e9s\u00e9quilibres successifs qui cr\u00e9e cet \u00e9quilibre l\u00e0 pr\u00e9cis\u00e9ment, et pas un autre.<\/p>\n Y aller les mains dans les poches ? c’est h\u00e9siter. Se souvenir qu’on a une vie, que l’on n’a pratiqu\u00e9 que cela, que le d\u00e9s\u00e9quilibre est notre grande affaire, qu’on n’a pas \u00e0 en rougir, c’est oser.<\/p>\n En fait le secret du mouvement ce n’est pas oser ou h\u00e9siter, aucun de ces deux verbes n’est un havre de paix, une sin\u00e9cure. Aller \u00e0 fond dans l’un comme l’autre est un bon exercice pour comprendre la friction, l’invisible force comme chef d’orchestre plac\u00e9 entre les deux.<\/p>\n L’\u00e9crire ici renforce t’il quoique ce soit ? Est-ce un pr\u00e9ambule au rituel ? Une mani\u00e8re de se rassurer, d’aller qu\u00e9rir un semblant d’audace ?<\/p>\n Probablement un peu de tout \u00e7a, et rien de tout \u00e7a puisque qu’avant de commencer quoique ce soit on ne sait pas, on ne sait rien, parce qu’il faut tout oublier pour se lancer dans la journ\u00e9e une nouvelle fois.<\/p>",
"content_text": "Une spirale \u00e0 l'encre de chine \n\nPartir avec ces deux mots, oser et h\u00e9siter. Ne rien pr\u00e9parer vraiment. C'est os\u00e9. Eprouver quelques doutes, c'est h\u00e9siter. Ce qui fait songer \u00e0 la notion de pr\u00e9paration. Quand la r\u00e9sistance s'insinue jusque l\u00e0. Le refus de pr\u00e9parer quoique ce soit pour \u00eatre au moment, tout entier livr\u00e9 au moment, \u00e0 ce point d'\u00e9quilibre qu'impose ce terme. Equilibre fond\u00e9 sur quoi, toujours la question en suspens. M\u00eame si l'on sait pertinemment que c'est une somme de d\u00e9s\u00e9quilibres successifs qui cr\u00e9e cet \u00e9quilibre l\u00e0 pr\u00e9cis\u00e9ment, et pas un autre.\n\nY aller les mains dans les poches ? c'est h\u00e9siter. Se souvenir qu'on a une vie, que l'on n'a pratiqu\u00e9 que cela, que le d\u00e9s\u00e9quilibre est notre grande affaire, qu'on n'a pas \u00e0 en rougir, c'est oser.\n\nEn fait le secret du mouvement ce n'est pas oser ou h\u00e9siter, aucun de ces deux verbes n'est un havre de paix, une sin\u00e9cure. Aller \u00e0 fond dans l'un comme l'autre est un bon exercice pour comprendre la friction, l'invisible force comme chef d'orchestre plac\u00e9 entre les deux.\n\nL'\u00e9crire ici renforce t'il quoique ce soit ? Est-ce un pr\u00e9ambule au rituel ? Une mani\u00e8re de se rassurer, d'aller qu\u00e9rir un semblant d'audace ? \n\nProbablement un peu de tout \u00e7a, et rien de tout \u00e7a puisque qu'avant de commencer quoique ce soit on ne sait pas, on ne sait rien, parce qu'il faut tout oublier pour se lancer dans la journ\u00e9e une nouvelle fois.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-petit-quelque-chose.html",
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"title": "Le \"petit quelque chose\"",
"date_published": "2023-05-07T04:19:48Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Rompu \u00e0 tous les artifices sc\u00e9naristiques , il d\u00e9daignait d\u00e9sormais de lire des romans. La plupart du temps le premier paragraphe de la premi\u00e8re page suffisait pour qu\u2019il sache qu\u2019il lui serait inutile, voire toxique de pers\u00e9v\u00e9rer dans la lecture. Il ignorait la compassion, l\u2019attendrissement, c\u2019\u00e9tait un ayatollah de la langue, d\u2019un radicalisme exacerb\u00e9 par ce qu\u2019il consid\u00e9rait comme l\u2019ennemi public num\u00e9ro 1, la m\u00e9diocrit\u00e9 distill\u00e9e par le divertissement, l\u2019ennui produit par les machines \u00e0 pondre de l\u2019illusion \u00e0 bas prix. Ses vastes connaissances de l\u2019art du r\u00e9cit, du mensonge, qu\u2019il avait puis\u00e9e dans les r\u00e9cits oubli\u00e9s datant de la plus haute antiquit\u00e9, d\u00e9sormais formaient un obstacle qui ne lui permettait pas de s\u2019adonner sans honte \u00e0 la consommation des livres de fiction. Il ne voyait plus que les os des ouvrages, leur chair \u00e9tait devenue inconsistante, fade , \u00e9pic\u00e9e \u00e0 outrance de poncifs, de clich\u00e9s - une sauce indigeste destin\u00e9e \u00e0 masquer aux insens\u00e9s l\u2019indigence terrifiante des p\u00e9rip\u00e9ties de bas \u00e9tage qu\u2019on y trouvait de fa\u00e7on r\u00e9p\u00e9titive. Il suffisait d\u2019une tournure de phrase, d\u2019un agencement in\u00e9dit dans l\u2019ordre des mots, bien sur \u00e0 peine d\u00e9tectable, simple- avec le poids de la d\u00e9finition accompagnant cet adjectif- pour que sa respiration s\u2019acc\u00e9l\u00e8re, que son c\u0153ur se remette \u00e0 battre, pour que la vie anime encore une fois ses membres, ses mains, ses doigts, et qu\u2019il tourne, non sans un m\u00e9lange d\u2019inqui\u00e9tude et d\u2019espoir, la page.<\/p>",
"content_text": "\n\nRompu \u00e0 tous les artifices sc\u00e9naristiques , il d\u00e9daignait d\u00e9sormais de lire des romans. La plupart du temps le premier paragraphe de la premi\u00e8re page suffisait pour qu\u2019il sache qu\u2019il lui serait inutile, voire toxique de pers\u00e9v\u00e9rer dans la lecture. Il ignorait la compassion, l\u2019attendrissement, c\u2019\u00e9tait un ayatollah de la langue, d\u2019un radicalisme exacerb\u00e9 par ce qu\u2019il consid\u00e9rait comme l\u2019ennemi public num\u00e9ro 1, la m\u00e9diocrit\u00e9 distill\u00e9e par le divertissement, l\u2019ennui produit par les machines \u00e0 pondre de l\u2019illusion \u00e0 bas prix. Ses vastes connaissances de l\u2019art du r\u00e9cit, du mensonge, qu\u2019il avait puis\u00e9e dans les r\u00e9cits oubli\u00e9s datant de la plus haute antiquit\u00e9, d\u00e9sormais formaient un obstacle qui ne lui permettait pas de s\u2019adonner sans honte \u00e0 la consommation des livres de fiction. Il ne voyait plus que les os des ouvrages, leur chair \u00e9tait devenue inconsistante, fade , \u00e9pic\u00e9e \u00e0 outrance de poncifs, de clich\u00e9s - une sauce indigeste destin\u00e9e \u00e0 masquer aux insens\u00e9s l\u2019indigence terrifiante des p\u00e9rip\u00e9ties de bas \u00e9tage qu\u2019on y trouvait de fa\u00e7on r\u00e9p\u00e9titive.\n\nRare \u00e9tait l\u2019exception. Le petit quelque chose qui, lorsqu\u2019il tombait dessus recr\u00e9ait le monde, balayait la morosit\u00e9, redonnait un peu d\u2019espoir en la journ\u00e9e qui commence. Il ne parcourait les livres que le matin de bonne heure comme on essaie d\u2019entretenir un jardin par temps de canicule. \n\nIl suffisait d\u2019une tournure de phrase, d\u2019un agencement in\u00e9dit dans l\u2019ordre des mots, bien sur \u00e0 peine d\u00e9tectable, simple- avec le poids de la d\u00e9finition accompagnant cet adjectif- pour que sa respiration s\u2019acc\u00e9l\u00e8re, que son c\u0153ur se remette \u00e0 battre, pour que la vie anime encore une fois ses membres, ses mains, ses doigts, et qu\u2019il tourne, non sans un m\u00e9lange d\u2019inqui\u00e9tude et d\u2019espoir, la page.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/limites-de-l-autobiographie.html",
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"title": "Limites de l'autobiographie",
"date_published": "2023-05-07T03:41:49Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Peut-\u00eatre est-ce le bon moment de parler des limites que devrait nous ( nous<\/em> pour ne pas subir ici, faire subir, l’inconfort du je) imposer notre propre perception du monde, si toutefois on conserve \u00e0 l\u2019esprit que cette perception n\u2019est pas la r\u00e9alit\u00e9 mais une construction de l\u2019imagination. Des limites clairement \u00e9tablies une fois pour toutes nous aideront \u00e0 mieux nous mentir. A mieux nous mentir \u00e0 nous-m\u00eames, plus habilement, jusqu\u2019\u00e0 transformer l\u2019art du mensonge en loisir \u00e0 d\u00e9faut de litt\u00e9rature authentique<\/em> Peut-\u00eatre pourrions-nous alors nous surprendre nous-m\u00eames. Car, avec quelques pr\u00e9cautions, quelques efforts, un peu d\u2019audace, un zest de discernement , nous laisserions de cot\u00e9 les clich\u00e9s, les poncifs, toute chose vue ou entendue et dont nous nous servons comme de programmes en boucles, pour effectuer ce genre d\u2019op\u00e9ration m\u00e9diocre quand ce n’est pas l’utilisation abusive d’un outil pr\u00e9tendument intelligent et totalement artificiel. Au d\u00e9but, ne pas saisir l’importance de ces limites est une histoire banale.<\/p>\n Il est possible que le parcours d\u2019un \u00e9crivain consiste \u00e0 saisir cette notion de limites. Le plus t\u00f4t il les sentira, le plus t\u00f4t il pourra les utiliser pour en jouer et \u00e9crire des histoires int\u00e9ressantes<\/em>. Et qu\u2019est-ce qui int\u00e9resse les gens la plupart du temps dans les histories qu\u2019on leur raconte ? C’est de s’y retrouver eux-m\u00eames surtout. De retrouver leur probl\u00e9matique principale, la banalit\u00e9 de leur existence. N\u2019est-ce pas l\u00e0 une bonne clef pour ouvrir la bonne serrure : partir de la banalit\u00e9 de l\u2019existence, celle dans laquelle nous vivons tous, et transformer celle-ci quelques instants, le temps d\u2019un livre, en quelque chose d’extraordinaire. Une banalit\u00e9 qui se modifie peu \u00e0 peu, qui se m\u00e9tamorphosera au fur et \u00e0 mesure des pages que l\u2019on tourne en quelque chose d’extraordinaire. Et cette double action \u00e9crire- lire ne permet-elle pas d’acqu\u00e9rir, aussi bien pour l’auteur que pour le lecteur, un nouveau point de vue sur ce qui \u00e0 premi\u00e8re vue est consid\u00e9r\u00e9 comme banal et par ricochet ce que nous consid\u00e9rons d’avance surtout d’imagination, comme \u00e9tant l’extraordinaire ?<\/p>\n Ce sont donc bien sur ces limites que le travail doit s’accomplir. Et peut-\u00eatre qu’une fois aper\u00e7ues, une porte de sortie apparaisse, permettant \u00e0 l’\u00e9crivain de sortir de son autobiographie. De prendre en tous cas du recul avec celle-ci, de la transformer en autre chose qu’une plainte, un obsc\u00e9nit\u00e9 ou un outil th\u00e9rapeutique.<\/p>",
"content_text": "\n\nPeut-\u00eatre est-ce le bon moment de parler des limites que devrait nous ( nous pour ne pas subir ici, faire subir, l'inconfort du je) imposer notre propre perception du monde, si toutefois on conserve \u00e0 l\u2019esprit que cette perception n\u2019est pas la r\u00e9alit\u00e9 mais une construction de l\u2019imagination. Des limites clairement \u00e9tablies une fois pour toutes nous aideront \u00e0 mieux nous mentir. A mieux nous mentir \u00e0 nous-m\u00eames, plus habilement, jusqu\u2019\u00e0 transformer l\u2019art du mensonge en loisir \u00e0 d\u00e9faut de litt\u00e9rature authentique Peut-\u00eatre pourrions-nous alors nous surprendre nous-m\u00eames. Car, avec quelques pr\u00e9cautions, quelques efforts, un peu d\u2019audace, un zest de discernement , nous laisserions de cot\u00e9 les clich\u00e9s, les poncifs, toute chose vue ou entendue et dont nous nous servons comme de programmes en boucles, pour effectuer ce genre d\u2019op\u00e9ration m\u00e9diocre quand ce n'est pas l'utilisation abusive d'un outil pr\u00e9tendument intelligent et totalement artificiel.\n\nLorsque nous voulons raconter notre vie, nous sombrons si facilement dans le r\u00e9cit, nous r\u00e9inventons la plupart des \u00e9v\u00e9nements, des \u00eatres, nous fabriquons des d\u00e9cors, des personnages, tr\u00e8s souvent \u00e0 seule fin de nous glorifier, de ne pas trop exprimer la honte, la l\u00e2chet\u00e9, la roublardise, de nombreuses de nos interactions avec les autres, avec la vie- soit \u00e0 nos propres yeux avec une mauvaise foi atterrante, soit aux yeux des autres dont la plupart du temps nous ne savons rien.\n\nEncore faut-il, pour \u00e9prouver cette g\u00e8ne fondamentale, avoir vraiment pris conscience de l\u2019absurdit\u00e9 de tout r\u00e9cit de cette cat\u00e9gorie. Car, tr\u00e8s souvent, nous sommes victimes de cette obsession qu\u2019il devienne cr\u00e9dible- avec tout ce que nous imaginons de ce que peut \u00eatre cette cr\u00e9dibilit\u00e9- aux yeux d\u2019un public, invent\u00e9, r\u00eav\u00e9 lui aussi.\n\nNous voudrions \u00eatre l\u2019acteur le plus important de notre r\u00e9cit et, bien sur, erreur de d\u00e9butant, nous projetons cette importance sur ce public fantasm\u00e9.\n\nMais si l\u2019on prend les choses en sens inverse. Si on part du principe que la plupart des gens se fichent \u00e9perdument de toute autobiographie, que la plupart des gens sentent intuitivement que l\u2019autobiographie est une fiction, on peut changer son fusil d\u2019\u00e9paule. On peut alors dire: \u201c ceci est une fiction, n\u2019en croyez pas un mot, ceci est un personnage, cela est une histoire comme tant d\u2019autres.\u201d \n\nAu d\u00e9but, ne pas saisir l'importance de ces limites est une histoire banale.\n\nIl est possible que le parcours d\u2019un \u00e9crivain consiste \u00e0 saisir cette notion de limites. Le plus t\u00f4t il les sentira, le plus t\u00f4t il pourra les utiliser pour en jouer et \u00e9crire des histoires int\u00e9ressantes. Et qu\u2019est-ce qui int\u00e9resse les gens la plupart du temps dans les histories qu\u2019on leur raconte ? C'est de s'y retrouver eux-m\u00eames surtout. De retrouver leur probl\u00e9matique principale, la banalit\u00e9 de leur existence. N\u2019est-ce pas l\u00e0 une bonne clef pour ouvrir la bonne serrure : partir de la banalit\u00e9 de l\u2019existence, celle dans laquelle nous vivons tous, et transformer celle-ci quelques instants, le temps d\u2019un livre, en quelque chose d'extraordinaire. Une banalit\u00e9 qui se modifie peu \u00e0 peu, qui se m\u00e9tamorphosera au fur et \u00e0 mesure des pages que l\u2019on tourne en quelque chose d'extraordinaire. Et cette double action \u00e9crire- lire ne permet-elle pas d'acqu\u00e9rir, aussi bien pour l'auteur que pour le lecteur, un nouveau point de vue sur ce qui \u00e0 premi\u00e8re vue est consid\u00e9r\u00e9 comme banal et par ricochet ce que nous consid\u00e9rons d'avance surtout d'imagination, comme \u00e9tant l'extraordinaire ?\n\nCe sont donc bien sur ces limites que le travail doit s'accomplir. Et peut-\u00eatre qu'une fois aper\u00e7ues, une porte de sortie apparaisse, permettant \u00e0 l'\u00e9crivain de sortir de son autobiographie. De prendre en tous cas du recul avec celle-ci, de la transformer en autre chose qu'une plainte, un obsc\u00e9nit\u00e9 ou un outil th\u00e9rapeutique.",
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"title": "Le r\u00eave de publicit\u00e9",
"date_published": "2023-05-06T14:53:25Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Pas de publicit\u00e9 pour ma derni\u00e8re exposition. Pas de photographie non plus. Je n’en ai pas \u00e9prouv\u00e9 le besoin, la n\u00e9cessit\u00e9. Je vis en ce moment tellement \u00e0 cot\u00e9 de ce que tout le monde nomme la r\u00e9alit\u00e9. A moins que je ne cesse toujours de m’obstiner \u00e0 ne pas vouloir y entrer. Mon r\u00eave publicitaire s’est achev\u00e9 je crois. Celui qui contenait ( avec peine ) le d\u00e9lire de la notori\u00e9t\u00e9 de la c\u00e9l\u00e9brit\u00e9, de la renomm\u00e9e.<\/p>\n A 25 ans j’\u00e9crivais sur mon petit carnet : le dernier refuge sera l’anonymat. J’\u00e9tais si fier de cette trouvaille. Ensuite je crois que j’ai pass\u00e9 le reste de ma vie \u00e0 vouloir \u00e9tayer cette intuition. J’ai fait tout ce qu’il fallait pour essayer de me rendre visible, de me rendre int\u00e9ressant, voire s\u00e9duisant, oh bon sang comme j’y suis all\u00e9 de bon c\u0153ur, comme volontaire pour la tr\u00e9panation. Vol au-dessus d’un nid de coucous, un tr\u00e8s bon film en passant.<\/p>\n Puis une fois un ou deux tours de piste enfil\u00e9s, d\u00e9couverte extraordinaire de la piste de sciure et du r\u00f4le que finalement le public m’avait de guerre lasse attribu\u00e9. Auguste, je me suis drap\u00e9 dans un joli sourire.<\/p>\n Rendons \u00e0 C\u00e9sar ce qui revient \u00e0 C\u00e9sar.<\/p>\n M\u00eame ce blog est le dernier sursaut effectu\u00e9 pour me d\u00e9barrasser \u00e0 jamais de toute r\u00eaverie publicitaire.<\/p>\n Je tire sans doute ses derni\u00e8res cartouches. Je n’aura pas fait trop long feu. Quelques ann\u00e9es, trois petits tours et puis s’en vont.<\/p>\n Ce qui reste c’est l’anonymat.<\/p>\n M\u00eame moi ne me reconnait plus.<\/p>",
"content_text": "\n\nPas de publicit\u00e9 pour ma derni\u00e8re exposition. Pas de photographie non plus. Je n'en ai pas \u00e9prouv\u00e9 le besoin, la n\u00e9cessit\u00e9. Je vis en ce moment tellement \u00e0 cot\u00e9 de ce que tout le monde nomme la r\u00e9alit\u00e9. A moins que je ne cesse toujours de m'obstiner \u00e0 ne pas vouloir y entrer. Mon r\u00eave publicitaire s'est achev\u00e9 je crois. Celui qui contenait ( avec peine ) le d\u00e9lire de la notori\u00e9t\u00e9 de la c\u00e9l\u00e9brit\u00e9, de la renomm\u00e9e.\n\nA 25 ans j'\u00e9crivais sur mon petit carnet : le dernier refuge sera l'anonymat. J'\u00e9tais si fier de cette trouvaille. Ensuite je crois que j'ai pass\u00e9 le reste de ma vie \u00e0 vouloir \u00e9tayer cette intuition. J'ai fait tout ce qu'il fallait pour essayer de me rendre visible, de me rendre int\u00e9ressant, voire s\u00e9duisant, oh bon sang comme j'y suis all\u00e9 de bon c\u0153ur, comme volontaire pour la tr\u00e9panation. Vol au-dessus d'un nid de coucous, un tr\u00e8s bon film en passant.\n\nPuis une fois un ou deux tours de piste enfil\u00e9s, d\u00e9couverte extraordinaire de la piste de sciure et du r\u00f4le que finalement le public m'avait de guerre lasse attribu\u00e9. Auguste, je me suis drap\u00e9 dans un joli sourire.\n\nRendons \u00e0 C\u00e9sar ce qui revient \u00e0 C\u00e9sar.\n\nM\u00eame ce blog est le dernier sursaut effectu\u00e9 pour me d\u00e9barrasser \u00e0 jamais de toute r\u00eaverie publicitaire. \n\nJe tire sans doute ses derni\u00e8res cartouches. Je n'aura pas fait trop long feu. Quelques ann\u00e9es, trois petits tours et puis s'en vont.\n\nCe qui reste c'est l'anonymat.\n\nM\u00eame moi ne me reconnait plus.",
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"title": "Suivre un protocole",
"date_published": "2023-05-06T14:34:36Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Avant de suivre un protocole, je parie qu’il faut s’y engager de fa\u00e7on consciente et volontaire. Disons que si on fait le choix, il vaut mieux s’y tenir que non. En informatique si on commence avec le protocole FTP il ne vaut mieux pas changer d’id\u00e9e en cours de route, sinon ce qu’on en attend finira fatalement en un paquet de donn\u00e9es inexploitables d’un c\u00f4t\u00e9 ou de l’autre. Il faut deux c\u00f4t\u00e9s pour lancer un protocole, un \u00e9metteur et un r\u00e9cepteur. L’\u00e9metteur envoie un certain paquet de r\u00e8gles \u00e0 appliquer, \u00e0 respecter, le r\u00e9cepteur s’y plie, il les applique. En canc\u00e9rologie, il ne vaut mieux pas jouer au malin, n’en faire qu’\u00e0 sa t\u00eate, le protocole est strict, le protocole ne compte pas pour du beurre.<\/p>\n Sans doute que le protocole est aur\u00e9ol\u00e9 d’une certaine gravit\u00e9 dans mon imaginaire. Et que la gravit\u00e9 fait reculer. On aimerait bien rire mais ce n’est pas le moment. Protocole oblige.<\/p>\n Appel\u00e9 aussi \u00e9tiquette parfois, suivre l’\u00e9tiquette- on se souviendra des levers, des couchers du roi soleil, de ses repas, de ses d\u00e9f\u00e9cations, de ses ablutions, de ses f\u00eates comme de ses guerres - \u00e9tiquettes compliqu\u00e9es retorses - obligeant courtisane et courtisan \u00e0 suivre un protocole, ou, si l’on est policier une piste, sans la l\u00e2cher. et il est important de ne rien l\u00e2cher<\/em> \u00e0 ce moment l\u00e0, disent les chefs cuisiniers de la t\u00e9l\u00e9r\u00e9alit\u00e9. Car l’important est de parvenir au bout, \u00e0 bout de. Fabriquer le meilleur des mets qui produira la plus belle crotte, qui elle-m\u00eame choira dans la plus belle cuvette etc. N’oubliez pas le protocole pour laisser propre l’endroit une fois l’affaire achev\u00e9e.<\/p>\n Un protocole m\u00e9dical est-il semblable \u00e0 un protocole scientifique, \u00e0 un protocole artistique, \u00e0 un protocole vinicole ? Ce qui les relie tous c’est la notion de mode d’emploi, la liste \u00e0 puces ou num\u00e9rot\u00e9e, ne pas faire le petit 2 avant d’\u00eatre pass\u00e9 par le petit 1.<\/p>\n Ce qui semble assommant \u00e0 premi\u00e8re vue provient surtout de l’ignorance des b\u00e9n\u00e9fices que l’on peut en retirer. Cette ignorance qui d\u00e9clenche l’outrecuidance de n’avoir rien \u00e0 secouer des protocoles en g\u00e9n\u00e9ral.<\/p>\n C’est une erreur de jeunesse.<\/p>\n Je n’ai jamais bien aim\u00e9 les modes d’emploi. Et encore moins les plans de construction des meubles Ikea. Ce qui ne m’a pas valu que du bon.<\/p>\n Car r\u00e9fl\u00e9chis au pourquoi du comment, un peu.<\/p>\n Les anc\u00eatres se sont pli\u00e9s en quatre, de plus dans certains pays on a r\u00e9duit leurs os dans des cassettes pour qu’ils deviennent empilables \u00e0 l’infini, ou qu’ils prennent moins de place dans les cimeti\u00e8res, et peut-\u00eatre aussi pour aider leurs descendants \u00e0 se d\u00e9faire encore un peu plus de tout lien \u00e9motionnel qui nous entrainerait \u00e0 n’effectuer que du sur place dans l’ici-g\u00eet. Il faut avancer c’est la loi. Qui n’avance pas recule.<\/p>\n On peut penser un petit instant, \u00e0 ce protocole si compliqu\u00e9 pour envoyer une fus\u00e9e dans l’espace. Une g\u00e9n\u00e9ration vers l’avenir. Il faut y r\u00e9fl\u00e9chir un tant soit peu. Et ensuite suivre la marche \u00e0 suivre, \u00e0 la lettre. Au moment du compte \u00e0 rebours, il sera h\u00e9las trop tard pour h\u00e9siter.<\/p>\n Le protocole est lanc\u00e9. Plus qu’\u00e0 prier pour que tout marche ( il faut avancer)<\/p>\n Un singe dans la cabine l\u00e0-haut n’en m\u00e8ne pas large, il a retrouss\u00e9 ses babines pour montrer ses dents, une r\u00e9action de primate en cas de danger r\u00e9el. Un sourire nerveux.<\/p>\n En bas un homme retrousse ses manches pour s’y mettre, pour se faire \u00e0 l’id\u00e9e, pour enfiler une chaussure qui d’embl\u00e9e lui semble trop petite Les fesses pos\u00e9es sur un tabouret, il a \u00e0 \u00e9tir\u00e9 la chaussette pour qu’elle ne fasse pas un pli, puis il a pr\u00e9sent\u00e9 le bout de ses orteils dans la gueule de la godasse, il y a gliss\u00e9 le pied tout entier, a lac\u00e9 les lacets, nou\u00e9 les brins pour faire un joli n\u0153ud.<\/p>\n Maintenant l’homme a une chaussure \u00e0 son pied, mais \u00e7a ne sert \u00e0 rien de se r\u00e9jouir trop vite, ce n’est pas fini, il faut aussi mettre l’autre \u00e0 l’autre pied. Puis se lever, choisir une direction vers quoi marcher, et avancer. ( il faut toujours avancer, sinon on ne fait que reculer)<\/p>",
"content_text": "protocole visuel pour lacer une chaussure.\n\nAvant de suivre un protocole, je parie qu'il faut s'y engager de fa\u00e7on consciente et volontaire. Disons que si on fait le choix, il vaut mieux s'y tenir que non. En informatique si on commence avec le protocole FTP il ne vaut mieux pas changer d'id\u00e9e en cours de route, sinon ce qu'on en attend finira fatalement en un paquet de donn\u00e9es inexploitables d'un c\u00f4t\u00e9 ou de l'autre. Il faut deux c\u00f4t\u00e9s pour lancer un protocole, un \u00e9metteur et un r\u00e9cepteur. L'\u00e9metteur envoie un certain paquet de r\u00e8gles \u00e0 appliquer, \u00e0 respecter, le r\u00e9cepteur s'y plie, il les applique. En canc\u00e9rologie, il ne vaut mieux pas jouer au malin, n'en faire qu'\u00e0 sa t\u00eate, le protocole est strict, le protocole ne compte pas pour du beurre. \n\nSans doute que le protocole est aur\u00e9ol\u00e9 d'une certaine gravit\u00e9 dans mon imaginaire. Et que la gravit\u00e9 fait reculer. On aimerait bien rire mais ce n'est pas le moment. Protocole oblige. \n\nAppel\u00e9 aussi \u00e9tiquette parfois, suivre l'\u00e9tiquette- on se souviendra des levers, des couchers du roi soleil, de ses repas, de ses d\u00e9f\u00e9cations, de ses ablutions, de ses f\u00eates comme de ses guerres - \u00e9tiquettes compliqu\u00e9es retorses - obligeant courtisane et courtisan \u00e0 suivre un protocole, ou, si l'on est policier une piste, sans la l\u00e2cher. et il est important de ne rien l\u00e2cher \u00e0 ce moment l\u00e0, disent les chefs cuisiniers de la t\u00e9l\u00e9r\u00e9alit\u00e9. Car l'important est de parvenir au bout, \u00e0 bout de. Fabriquer le meilleur des mets qui produira la plus belle crotte, qui elle-m\u00eame choira dans la plus belle cuvette etc. N'oubliez pas le protocole pour laisser propre l'endroit une fois l'affaire achev\u00e9e.\n\nUn protocole m\u00e9dical est-il semblable \u00e0 un protocole scientifique, \u00e0 un protocole artistique, \u00e0 un protocole vinicole ? Ce qui les relie tous c'est la notion de mode d'emploi, la liste \u00e0 puces ou num\u00e9rot\u00e9e, ne pas faire le petit 2 avant d'\u00eatre pass\u00e9 par le petit 1.\n\nCe qui semble assommant \u00e0 premi\u00e8re vue provient surtout de l'ignorance des b\u00e9n\u00e9fices que l'on peut en retirer. Cette ignorance qui d\u00e9clenche l'outrecuidance de n'avoir rien \u00e0 secouer des protocoles en g\u00e9n\u00e9ral.\n\nC'est une erreur de jeunesse.\n\nJe n'ai jamais bien aim\u00e9 les modes d'emploi. Et encore moins les plans de construction des meubles Ikea. Ce qui ne m'a pas valu que du bon.\n\nCar r\u00e9fl\u00e9chis au pourquoi du comment, un peu.\n\nLes anc\u00eatres se sont pli\u00e9s en quatre, de plus dans certains pays on a r\u00e9duit leurs os dans des cassettes pour qu'ils deviennent empilables \u00e0 l'infini, ou qu'ils prennent moins de place dans les cimeti\u00e8res, et peut-\u00eatre aussi pour aider leurs descendants \u00e0 se d\u00e9faire encore un peu plus de tout lien \u00e9motionnel qui nous entrainerait \u00e0 n'effectuer que du sur place dans l'ici-g\u00eet. Il faut avancer c'est la loi. Qui n'avance pas recule.\n\nOn peut penser un petit instant, \u00e0 ce protocole si compliqu\u00e9 pour envoyer une fus\u00e9e dans l'espace. Une g\u00e9n\u00e9ration vers l'avenir. Il faut y r\u00e9fl\u00e9chir un tant soit peu. Et ensuite suivre la marche \u00e0 suivre, \u00e0 la lettre. Au moment du compte \u00e0 rebours, il sera h\u00e9las trop tard pour h\u00e9siter.\n\nLe protocole est lanc\u00e9. Plus qu'\u00e0 prier pour que tout marche ( il faut avancer) \n\nUn singe dans la cabine l\u00e0-haut n'en m\u00e8ne pas large, il a retrouss\u00e9 ses babines pour montrer ses dents, une r\u00e9action de primate en cas de danger r\u00e9el. Un sourire nerveux.\n\nEn bas un homme retrousse ses manches pour s'y mettre, pour se faire \u00e0 l'id\u00e9e, pour enfiler une chaussure qui d'embl\u00e9e lui semble trop petite Les fesses pos\u00e9es sur un tabouret, il a \u00e0 \u00e9tir\u00e9 la chaussette pour qu'elle ne fasse pas un pli, puis il a pr\u00e9sent\u00e9 le bout de ses orteils dans la gueule de la godasse, il y a gliss\u00e9 le pied tout entier, a lac\u00e9 les lacets, nou\u00e9 les brins pour faire un joli n\u0153ud. \n\nMaintenant l'homme a une chaussure \u00e0 son pied, mais \u00e7a ne sert \u00e0 rien de se r\u00e9jouir trop vite, ce n'est pas fini, il faut aussi mettre l'autre \u00e0 l'autre pied. Puis se lever, choisir une direction vers quoi marcher, et avancer. ( il faut toujours avancer, sinon on ne fait que reculer) ",
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"title": "Les mots et les bruits",
"date_published": "2023-05-06T05:31:39Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Exercice de chauffe. Tout ce qui vient sans correction, dans une absence de correction, de fa\u00e7on incorrigible.<\/p>\n Rendre compte du bruit par les mots ? traduire un bruit en mot ? S’accrocher \u00e0 un clich\u00e9 rod\u00e9 comme le cr\u00e9pitement du feu, le bruit du ressac pour \u00e9voquer la mer, le hululement du vent ? Beaucoup de bruits pour pas grand-chose. Un bruit de tous les diables. Sans bruit. Le bruissement.<\/p>\n Sonorit\u00e9s de mots qui \u00e9voquent un bruit : le chuintement, le sifflement, l\u2019usage de l’ allit\u00e9ration, le hoquet, une cacophonie, une \u00e9cholalie. Se r\u00e9p\u00e9ter le dernier mot entendu pour essayer de ne pas perdre le bruit de quelque chose, de ne pas perdre le fil du discours. D\u00e9calcomanie. La manie de calquer ou de d\u00e9calquer. Le froissement du papier d\u2019un Malabar, d\u2019un Carambar, d\u00e9forme “ le “d\u00e9calcomani” valant pour le dessin r\u00e9sultant d\u2019un transfert. Tu l\u2019as ce d\u00e9calcomani<\/em> ? Ou encore je vais le d\u00e9calquer<\/em>, pour dire casser la figure<\/em>, le bruit de la claque, un peu diff\u00e9rent de celui de la gifle, de la tarte, de la girofl\u00e9e \u00e0 cinq branches, du pain dans la tronche, du marron, de la beigne.<\/p>\n Bruits de la rue, Vroum, clameur, gr\u00e9sillement d\u2019un bec de gaz, du filament d\u2019une ampoule de r\u00e9verb\u00e8re, de n\u00e9on, du m\u00e9got de cigarette jet\u00e9 sur une petite flaque d\u2019eau, gr\u00e9sillement des bas en nylon qui frottent l\u2019un contre l\u2019autre au niveau des mollets, gr\u00e9sillement du goudron qui fond sous la chaleur, gr\u00e9sillement du crachin sur une pancarte en t\u00f4le, gr\u00e9sillement d\u2019un rasoir \u00e9lectrique provenant de l\u2019habitacle d\u2019un taxi gar\u00e9 dans une impasse. Gr\u00e9sillement d\u2019une plaque de gaz qu\u2019on allume, glissant du haut d\u2019un immeuble par une fen\u00eatre entr\u2019ouverte. Gr\u00e9sillement d\u2019une m\u00e8che de cheveux br\u00fbl\u00e9e dans un cendrier, gr\u00e9sillement du fer \u00e0 friser dans l\u2019officine d\u2019un coiffeur pour dames. Gr\u00e9sillement du saindoux fondant dans une po\u00eale, dans la cuisine de ce restaurant. Gr\u00e9sillement du pain dans le grille-pain. Un gr\u00e9sillement \u00e9lectrique, un gr\u00e9sillement continu, un gr\u00e9sillement permanent auquel on fini par s\u2019habituer, le gr\u00e9sillement s\u2019accentue, s\u2019amoindrit s\u2019att\u00e9nue, s\u2019arr\u00eate, reprend . On n\u2019entend plus le gr\u00e9sillement. Bruit du rideau de fer qui se l\u00e8ve ou se baisse. Le fracas habituel. Un fracas ponctuel. Tout en bredouillant de vagues bonjour<\/em>, en s\u2019excusant de son retard, il man\u0153uvrait la manivelle pour hisser le lourd rideau de fer de la boucherie chevaline.<\/p>\n Des ann\u00e9es \u00e9taient pass\u00e9es. Il suffisait d\u00e9sormais d\u2019appuyer sur un commutateur pour lever ou baisser le rideau de fer des devantures des magasins de v\u00eatements. L\u2019op\u00e9ration s\u2019effectuait presque silencieusement.<\/p>\n Vers 9h tous les rideaux se levant en m\u00eame temps lui serrait le c\u0153ur, apr\u00e8s avoir vaillamment travers\u00e9 la nuit, il fallait encore r\u00e9unir suffisamment d’entrain pour remonter la rue de Rivoli depuis Ch\u00e2telet, atteindre la Bastille se familiariser \u00e0 nouveau avec le bruit assourdissant de la ville, grimper cinq \u00e9tages, dont les marches parfois craquaient, couinaient, grin\u00e7aient, effectuer encore quelques pas feutr\u00e9s jusqu’\u00e0 une porte, tapoter ses poches pour entendre le tintement familier des clefs, introduire une de celles-ci dans la serrure, la faire jouer sa petite musique d’ouverture, refermer doucement la porte derri\u00e8re soi, puis se d\u00e9v\u00eatir le plus silencieusement possible, et enfin tout doucement se glisser contre le corps nu \u00e0 l’abandon sur le lit ; dociles les lames du sommier neuf accueillaient son poids sans le trahir, il allait peut-\u00eatre enfin dormir.<\/p>",
"content_text": "\n\n\n\nExercice de chauffe. Tout ce qui vient sans correction, dans une absence de correction, de fa\u00e7on incorrigible.\n\n\n\nRendre compte du bruit par les mots ? traduire un bruit en mot ? S'accrocher \u00e0 un clich\u00e9 rod\u00e9 comme le cr\u00e9pitement du feu, le bruit du ressac pour \u00e9voquer la mer, le hululement du vent ?\n\nListe de bruits par cat\u00e9gorie.\n\nBruits de la rue\n\nBruits de la ville\n\nBruits de la campagne\n\nBruits dans un appartement en ville\n\nBruits dans une maison de village, une ferme, une bergerie,\n\nBruits dans une \u00e9glise, bruits dans une mairie, bruits dans une gare, bruits dans un supermarch\u00e9, bruits dans la salle d\u2019attente d\u2019un dentiste, bruits dans un bistrot, bruits dans un cr\u00e9matorium, bruits dans un cimeti\u00e8re, bruits dans une cour de r\u00e9cr\u00e9ation, bruits dans une salle de classe, bruits dans un jardin, bruits sur un chantier, bruits au bord de la rivi\u00e8re, bruits au bord d\u2019un canal, bruits sur un pont suspendu, bruits dans une galerie souterraine, bruits dans la cave, bruits dans un grenier, bruits dans une maison toute neuve, bruits derri\u00e8re une cloison, bruits provenant du plafond, du plancher, bruits selon les heures de la journ\u00e9e, bruits r\u00e9els, bruits invent\u00e9s, bruits connus et inconnus, bruits par degr\u00e9 d\u2019intensit\u00e9, bruits par degr\u00e9 d\u2019agacement, bruit familier, bruits qui font sursauter, bruits qui font cogner le c\u0153ur dans la poitrine, bruits qui cr\u00e9ent un haut-le c\u0153ur, bruits que l\u2019on peut faire avec les parties du corps, bruits qui n\u00e9cessite un outil, bruits sur lesquels on peut ou on ne peut intervenir.\n\nBeaucoup de bruits pour pas grand-chose. Un bruit de tous les diables. Sans bruit. Le bruissement.\n\nSonorit\u00e9s de mots qui \u00e9voquent un bruit : le chuintement, le sifflement, l\u2019usage de l' allit\u00e9ration, le hoquet, une cacophonie, une \u00e9cholalie. Se r\u00e9p\u00e9ter le dernier mot entendu pour essayer de ne pas perdre le bruit de quelque chose, de ne pas perdre le fil du discours. D\u00e9calcomanie. La manie de calquer ou de d\u00e9calquer. Le froissement du papier d\u2019un Malabar, d\u2019un Carambar, d\u00e9forme \u201c le \u201cd\u00e9calcomani\u201d valant pour le dessin r\u00e9sultant d\u2019un transfert. Tu l\u2019as ce d\u00e9calcomani ? Ou encore je vais le d\u00e9calquer, pour dire casser la figure, le bruit de la claque, un peu diff\u00e9rent de celui de la gifle, de la tarte, de la girofl\u00e9e \u00e0 cinq branches, du pain dans la tronche, du marron, de la beigne.\n\nBruits de la rue, Vroum, clameur, gr\u00e9sillement d\u2019un bec de gaz, du filament d\u2019une ampoule de r\u00e9verb\u00e8re, de n\u00e9on, du m\u00e9got de cigarette jet\u00e9 sur une petite flaque d\u2019eau, gr\u00e9sillement des bas en nylon qui frottent l\u2019un contre l\u2019autre au niveau des mollets, gr\u00e9sillement du goudron qui fond sous la chaleur, gr\u00e9sillement du crachin sur une pancarte en t\u00f4le, gr\u00e9sillement d\u2019un rasoir \u00e9lectrique provenant de l\u2019habitacle d\u2019un taxi gar\u00e9 dans une impasse. Gr\u00e9sillement d\u2019une plaque de gaz qu\u2019on allume, glissant du haut d\u2019un immeuble par une fen\u00eatre entr\u2019ouverte. Gr\u00e9sillement d\u2019une m\u00e8che de cheveux br\u00fbl\u00e9e dans un cendrier, gr\u00e9sillement du fer \u00e0 friser dans l\u2019officine d\u2019un coiffeur pour dames. Gr\u00e9sillement du saindoux fondant dans une po\u00eale, dans la cuisine de ce restaurant. Gr\u00e9sillement du pain dans le grille-pain. Un gr\u00e9sillement \u00e9lectrique, un gr\u00e9sillement continu, un gr\u00e9sillement permanent auquel on fini par s\u2019habituer, le gr\u00e9sillement s\u2019accentue, s\u2019amoindrit s\u2019att\u00e9nue, s\u2019arr\u00eate, reprend . On n\u2019entend plus le gr\u00e9sillement.\n\nLe gr\u00e9sillement habituel dans la grisaille du petit matin. Le gr\u00e9sillement des cat\u00e9naires dans le silence du quai. Le gr\u00e9sillement d\u2019un insecte contre une vitre \u00e9paisse. Le gr\u00e9sillement au d\u00e9but presque inaudible envahit maintenant tout l\u2019espace de la rue.\n\nChuintement des oiseaux de nuit sur le plomb des toits. Une fois l\u2019averse pass\u00e9e, le goudron chuinta, laissant \u00e9chapper de petits nuages flottant \u00e7a et l\u00e0.\n\nGrincement. Une porte s\u2019ouvrit en grin\u00e7ant tandis qu\u2019un peu plus loin criss\u00e8rent des freins il y eut un gros boum, quelqu\u2019un sorti d\u2019un v\u00e9hicule, puis il y eut un hurlement, des \u00e9clats de voix, des g\u00e9missements, des cris, des pleurs et puis soudain plus rien, silence. Puis on le d\u00e9marrage d'un moteur, un crissement de pneu, il y eut un vroum, et, enfin, le gr\u00e9sillement familier des n\u00e9ons qui te rappelle \u00e0 ta solitude dans cette rue cette nuit l\u00e0.\n\nBruit du rideau de fer qui se l\u00e8ve ou se baisse. Le fracas habituel. Un fracas ponctuel. Tout en bredouillant de vagues bonjour, en s\u2019excusant de son retard, il man\u0153uvrait la manivelle pour hisser le lourd rideau de fer de la boucherie chevaline.\n\n\n\nDes ann\u00e9es \u00e9taient pass\u00e9es. Il suffisait d\u00e9sormais d\u2019appuyer sur un commutateur pour lever ou baisser le rideau de fer des devantures des magasins de v\u00eatements. L\u2019op\u00e9ration s\u2019effectuait presque silencieusement.\n\nVers 9h tous les rideaux se levant en m\u00eame temps lui serrait le c\u0153ur, apr\u00e8s avoir vaillamment travers\u00e9 la nuit, il fallait encore r\u00e9unir suffisamment d'entrain pour remonter la rue de Rivoli depuis Ch\u00e2telet, atteindre la Bastille se familiariser \u00e0 nouveau avec le bruit assourdissant de la ville, grimper cinq \u00e9tages, dont les marches parfois craquaient, couinaient, grin\u00e7aient, effectuer encore quelques pas feutr\u00e9s jusqu'\u00e0 une porte, tapoter ses poches pour entendre le tintement familier des clefs, introduire une de celles-ci dans la serrure, la faire jouer sa petite musique d'ouverture, refermer doucement la porte derri\u00e8re soi, puis se d\u00e9v\u00eatir le plus silencieusement possible, et enfin tout doucement se glisser contre le corps nu \u00e0 l'abandon sur le lit; dociles les lames du sommier neuf accueillaient son poids sans le trahir, il allait peut-\u00eatre enfin dormir.",
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"title": "Comment interpr\u00e9ter un tableau abstrait de Julie Merhetu ?",
"date_published": "2023-05-05T05:49:14Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z",
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"content_html": " Le stade, les dieux du stade. Une course de 192, 27 m car 600 fois l\u2019empreinte du pied d\u2019Hercule ; soit 600 fois 32 cm soit 12 pouces, ou encore 1 foot anglais. (Cette distance correspondait en 776 avant JC \u00e0 un stadion ou stade. ) A Olympie il n\u2019y a pas vraiment de structure olympique au sens o\u00f9 nous l\u2019entendons d\u00e9sormais. Il s\u2019agit en tout et pour tout d\u2019une piste recouverte d\u2019un m\u00e9lange de terre et de sable et qui forme un rectangle de 212 m de long sur une largeur de 28, 60 m aux extr\u00e9mit\u00e9s avec un renflement l\u2019\u00e9largissant \u00e0 30,70m en son milieu.<\/p>\n On y pratique bien sur la course \u00e0 pied, mais aussi la lutte, le pugilat, le pancrace, des sports \u00e9questres, et aussi des \u00e9preuves musicales.<\/p>\n Au tout d\u00e9but il s\u2019agit pour les coureurs d\u2019atteindre le bois d\u2019Altis. Puis on pratique quelques am\u00e9nagements, un tunnel sera creus\u00e9 depuis Altis permettant aux comp\u00e9titeurs d\u2019appara\u00eetre “ comme par miracle” aux regards des spectateurs. Autour de la piste on cr\u00e9e des remblais et des talus pour offrir des places \u00e0 ceux-ci et quelques unes d\u00e9j\u00e0 en surplomb, pour les privil\u00e9gi\u00e9s. On installe des si\u00e8ges pour les notables, puis viendront ensuite les gradins, avec un ordre de placement hi\u00e9rarchis\u00e9 selon la condition de chacun qui s\u2019y assoit, ou qui ne s\u2019y assoit pas. Car ici du reste la plupart ne peuvent s\u2019asseoir mais reste debout, le peuple. C\u2019est la naissance du stadium le lieu “o\u00f9 l\u2019on se tient debout” et qui peut accueillir jusqu\u2019\u00e0 40 000 personnes.<\/p>\n Le stade se propose comme un espace ferm\u00e9, qui s\u2019articule \u00e0 la ville selon des modalit\u00e9s qui ne sont pas celles de la palestre ( autre lieu sportif r\u00e9serv\u00e9 aux adolescents \u00e2g\u00e9s entre 12 et 16 ans qui y pratiquent la course \u00e9galement mais aussi le lancer de javelot, le lancer de disque, mais aussi \u00e0 cultiver l\u2019art des bonnes mani\u00e8res et la discipline- lieu pr\u00e9paratoire \u00e0 la guerre comme \u00e0 la d\u00e9fense des cit\u00e9s). Ce qui est \u00e9tonnant c\u2019est que le ph\u00e9nom\u00e8ne du stade est perdu au Moyen-Age comme \u00e0 la Renaissance, on ne le retrouve que de nos jours avec la m\u00eame intensit\u00e9 qu\u2019autrefois. Est-ce que le stade s\u2019associe au sport comme on pourrait le penser, certainement pas. Le stade repr\u00e9sente tout autre chose, sans doute la m\u00eame volont\u00e9 qu\u2019autrefois de cr\u00e9er une sorte de consensus \u00e9motionnel, ou d\u2019aveuglement des foules, hypnotis\u00e9es, galvanis\u00e9es par l\u2019aura du sport et de ses divinit\u00e9s, “ses stars.”<\/p>\n Je me demandais si la peinture abstraite contemporaine pouvait exprimer des th\u00e9matiques associ\u00e9es aux temps actuels, si elle pouvait par exemple \u00e9voquer le changement climatique, les conflits sociaux, t\u00e9moigner tout autant que la peinture figurative avait pu le faire et certainement continue \u00e0 le faire de notre temps.<\/p>\n J\u2019ai \u00e9t\u00e9 attir\u00e9 par un tableau de Julie Merehtu intitul\u00e9 The Seven Acts of Mercy, [Les sept actes de mis\u00e9ricorde], et qui fait ainsi r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 une peinture \u00e9ponyme du Caravage, avec plusieurs points de fuite autour d’une structure centrale presque religieuse qui me rappelle vaguement l\u2019image du stade.<\/p>\n Cette toile repr\u00e9sente les sept \u0153uvres de mis\u00e9ricorde dites « corporelles » qui, dans le dogme chr\u00e9tien catholique, consistent \u00e0 : celui-ci \u00e0 \u00e9t\u00e9 peint pour l\u2019\u00e9glise de la congr\u00e9gation du Pio Monte Della Misericordia \u00e0 Naples. A l\u2019\u00e9poque le peintre veut \u00e9chapper \u00e0 la justice romaine, il fuit Rome pour se rendre \u00e0 Naples en 1607 alors sous domination espagnole. C\u2019est sans doute l\u2019\u0153uvre qui lui a rapport\u00e9 le plus d\u2019argent 400 ducats, c\u2019est aussi \u00e0 la m\u00eame \u00e9poque qu\u2019il peint la Flagellation du Christ pour le riche Tommaso de Franchis.<\/p>\n Ce que cela m\u2019inspire est sans doute tir\u00e9 par les cheveux. Autour de quelle institution f\u00e9d\u00e9rer le peuple quand le stade a disparu ? La religion, le catholicisme, la Mis\u00e9ricorde ? Mais tout cela n\u2019est encore une fois de plus qu\u2019une tentative de d\u00e9rivation de la violence inh\u00e9rente \u00e0 l\u2019homme, d\u00e9rivation ou entretien de celle-ci dans l\u2019imposition d\u2019un paradigme bas\u00e9 sur la dualit\u00e9 bien-mal, bonne ou mauvaise action, croire ou ne pas croire et qui entra\u00eenera la cr\u00e9ation de plusieurs inquisitions pratiquement d\u00e8s la naissance de cette institution. Des gestes de peinture plus ou moins appuy\u00e9s presque d\u00e9risoires autour d\u2019une construction architecturale, seul \u00e9l\u00e9ment solide de l\u2019\u0153uvre. Mais quoique \u00e9vanescents, ces gestes, remplissent presque la totalit\u00e9 de l\u2019espace, ils sont majoritaires. Ils cernent le stade comme s\u2019il devenait leur cible, comme s\u2019ils s\u2019y opposaient avec une certaine douceur due notamment aux valeurs de gris peu marqu\u00e9es, \u00e0 une douce confusion, \u00e0 peine relev\u00e9e ici et l\u00e0 de traits plus pr\u00e9cis, souvent en arc de cercles, en courbes, \u00e9voquant peut-\u00eatre une caract\u00e9ristique f\u00e9minine. Il y a l\u00e0 une opposition entre les courbes rigides de la construction architecturale qu\u2019on peut sans peine imaginer masculine, machiste, et celles plus chaotiques d\u2019une f\u00e9minit\u00e9 “sauvage” ou tout simplement naturelle.<\/p>\n Ensuite la relation avec le tableau du Caravage quelle est t\u2019elle vraiment ? Il est question des mis\u00e9ricordes corporelles en opposition \u00e0 celles spirituelles ( 7 de chaque) Ainsi deux oeuvres totalement diff\u00e9rentes plastiquement mais qui traitent d\u2019une m\u00eame th\u00e9matique, celle de la violence finalement, ou encore de l\u2019opposition ombre et clart\u00e9 , f\u00e9minin-masculin, se relient dans une histoire plus vaste de l\u2019humanit\u00e9.<\/p>\n Ensuite, c\u2019est peut-\u00eatre simplement mon point de vue personnel, ma fa\u00e7on d\u2019interpr\u00e9ter les choses et notamment les \u0153uvres qui me passent devant les yeux avec la grille de lecture dont je dispose.<\/p>\n Note : cet article a \u00e9t\u00e9 en partie inspir\u00e9 par un article de Robert Magiorri sur le livre de Marc Perelman, l’Ere des stades (Gen\u00e8se et structure d’un espace historique) , Le cahier Livres de Lib\u00e9 10 juin 2010)<\/p>\n Julie Merhetu est n\u00e9e en Ethiopie en 1970, elle quitte l’Afrique pour s’installer aux Etats-Unis en 1977. Sa th\u00e9matique principale est ax\u00e9e sur les conflits sociaux. ( voir sa page Wikip\u00e9dia <\/a>)<\/p>",
"content_text": "The Seven Acts of Mercy Julie Merhetu 2004Mimer pacifiquement la guerre ? la violence ?\n\nLe stade, les dieux du stade. Une course de 192, 27 m car 600 fois l\u2019empreinte du pied d\u2019Hercule; soit 600 fois 32 cm soit 12 pouces, ou encore 1 foot anglais. (Cette distance correspondait en 776 avant JC \u00e0 un stadion ou stade. )\n\nPar la suite dans les comp\u00e9titions en l\u2019honneur de Zeus, on ajouta le retour, soit le diaulos, puis encore plus fort 24 stades, le dolichos soit 4,6 km.\n\nA Olympie il n\u2019y a pas vraiment de structure olympique au sens o\u00f9 nous l\u2019entendons d\u00e9sormais. Il s\u2019agit en tout et pour tout d\u2019une piste recouverte d\u2019un m\u00e9lange de terre et de sable et qui forme un rectangle de 212 m de long sur une largeur de 28, 60 m aux extr\u00e9mit\u00e9s avec un renflement l\u2019\u00e9largissant \u00e0 30,70m en son milieu.\n\nOn y pratique bien sur la course \u00e0 pied, mais aussi la lutte, le pugilat, le pancrace, des sports \u00e9questres, et aussi des \u00e9preuves musicales.\n\nAu tout d\u00e9but il s\u2019agit pour les coureurs d\u2019atteindre le bois d\u2019Altis. Puis on pratique quelques am\u00e9nagements, un tunnel sera creus\u00e9 depuis Altis permettant aux comp\u00e9titeurs d\u2019appara\u00eetre \u201c comme par miracle\u201d aux regards des spectateurs. Autour de la piste on cr\u00e9e des remblais et des talus pour offrir des places \u00e0 ceux-ci et quelques unes d\u00e9j\u00e0 en surplomb, pour les privil\u00e9gi\u00e9s. On installe des si\u00e8ges pour les notables, puis viendront ensuite les gradins, avec un ordre de placement hi\u00e9rarchis\u00e9 selon la condition de chacun qui s\u2019y assoit, ou qui ne s\u2019y assoit pas. Car ici du reste la plupart ne peuvent s\u2019asseoir mais reste debout, le peuple. C\u2019est la naissance du stadium le lieu \u201co\u00f9 l\u2019on se tient debout\u201d et qui peut accueillir jusqu\u2019\u00e0 40 000 personnes.\u201cune totalit\u00e9 spatiale organique\u201d\n\nLe stade se propose comme un espace ferm\u00e9, qui s\u2019articule \u00e0 la ville selon des modalit\u00e9s qui ne sont pas celles de la palestre ( autre lieu sportif r\u00e9serv\u00e9 aux adolescents \u00e2g\u00e9s entre 12 et 16 ans qui y pratiquent la course \u00e9galement mais aussi le lancer de javelot, le lancer de disque, mais aussi \u00e0 cultiver l\u2019art des bonnes mani\u00e8res et la discipline- lieu pr\u00e9paratoire \u00e0 la guerre comme \u00e0 la d\u00e9fense des cit\u00e9s).\n\nLe stade se diff\u00e9rencie \u00e9galement du xystos, piste couverte dans un gymnase o\u00f9 l\u2019on s\u2019entra\u00eene par mauvais temps ou lorsque il faut trop chaud \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur.\n\nLe stade n\u2019a rien non plus \u00e0 voir avec l\u2019autel, le temple, l\u2019agora ni aucun autre \u00e9difice de la cit\u00e9.\n\nAu bout du compte si on peut imaginer dans la pens\u00e9e premi\u00e8re du roi Iphitos l\u2019utilisation du stade comme amusement, d\u00e9lassement, ersatz de la guerre, le lieu du Jeu, le lieu o\u00f9 m\u00eame un cuisinier peut devenir durant quelques instants un h\u00e9ros, presque d\u00e9j\u00e0 un dieu ( R\u00e9f\u00e9rence \u00e0 K\u00e9r\u00e9bos qui remporta la toute premi\u00e8re course en Olympie) il est possible que l\u2019on se fourvoie.\n\nLe stade permet \u00e0 la guerre de continuer m\u00eame quand elle n\u2019est pas l\u00e0. Le stade permet de conserver actif l\u2019esprit de comp\u00e9tition, l\u2019esprit combatif m\u00eame et surtout en temps de paix.\n\nLe stade acquiert ainsi une place d\u00e9cisive dans la cit\u00e9 il devient le centre n\u00e9vralgique de la comp\u00e9tition autour duquel s\u2019organise la ville et ses nombreuses activit\u00e9s. Il exerce une force centrip\u00e8te sur l\u2019ensemble des peuples hell\u00e8nes, fondant ainsi une nouvelle unit\u00e9 sociopolitique sp\u00e9cifique \u00e0 chaque nouvelle olympiade.Pourquoi le retour des stades ?\n\nCe qui est \u00e9tonnant c\u2019est que le ph\u00e9nom\u00e8ne du stade est perdu au Moyen-Age comme \u00e0 la Renaissance, on ne le retrouve que de nos jours avec la m\u00eame intensit\u00e9 qu\u2019autrefois. Est-ce que le stade s\u2019associe au sport comme on pourrait le penser, certainement pas. Le stade repr\u00e9sente tout autre chose, sans doute la m\u00eame volont\u00e9 qu\u2019autrefois de cr\u00e9er une sorte de consensus \u00e9motionnel, ou d\u2019aveuglement des foules, hypnotis\u00e9es, galvanis\u00e9es par l\u2019aura du sport et de ses divinit\u00e9s, \u201cses stars.\u201d\n\nJe me demandais si la peinture abstraite contemporaine pouvait exprimer des th\u00e9matiques associ\u00e9es aux temps actuels, si elle pouvait par exemple \u00e9voquer le changement climatique, les conflits sociaux, t\u00e9moigner tout autant que la peinture figurative avait pu le faire et certainement continue \u00e0 le faire de notre temps.\n\nJ\u2019ai \u00e9t\u00e9 attir\u00e9 par un tableau de Julie Merehtu intitul\u00e9 The Seven Acts of Mercy, [Les sept actes de mis\u00e9ricorde], et qui fait ainsi r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 une peinture \u00e9ponyme du Caravage, avec plusieurs points de fuite autour d'une structure centrale presque religieuse qui me rappelle vaguement l\u2019image du stade.Que voit-on sur le tableau du Caravage ?\n\n\n\nCette toile repr\u00e9sente les sept \u0153uvres de mis\u00e9ricorde dites \u00ab corporelles \u00bb qui, dans le dogme chr\u00e9tien catholique, consistent \u00e0 :\n\nenterrer les morts. \u00c0 l'arri\u00e8re-plan, deux hommes portent un mort dont on ne voit que les pieds.\n\nvisiter les prisonniers et nourrir les affam\u00e9s. Sur la droite une fille rend visite \u00e0 son p\u00e8re emprisonn\u00e9 et lui donne le sein pour le nourrir (l\u00e9gende de Pero et Micon).\n\naider les sans-abri. Un p\u00e8lerin reconnaissable \u00e0 la coquille sur son chapeau recherche un abri.\n\nvisiter les malades. Le mendiant paralys\u00e9 g\u00eet sur le sol.\n\nv\u00eatir ceux qui n'ont rien (\u00e0 l'exemple de saint Martin qui a donn\u00e9 son manteau au mendiant nu).\n\ndonner \u00e0 boire \u00e0 ceux qui ont soif. Samson boit de l'eau de la m\u00e2choire d'un \u00e2ne.\n\nPetite histoire du tableau du Caravage\n\ncelui-ci \u00e0 \u00e9t\u00e9 peint pour l\u2019\u00e9glise de la congr\u00e9gation du Pio Monte Della Misericordia \u00e0 Naples. A l\u2019\u00e9poque le peintre veut \u00e9chapper \u00e0 la justice romaine, il fuit Rome pour se rendre \u00e0 Naples en 1607 alors sous domination espagnole. C\u2019est sans doute l\u2019\u0153uvre qui lui a rapport\u00e9 le plus d\u2019argent 400 ducats, c\u2019est aussi \u00e0 la m\u00eame \u00e9poque qu\u2019il peint la Flagellation du Christ pour le riche Tommaso de Franchis.\n\nCe que cela m\u2019inspire est sans doute tir\u00e9 par les cheveux. Autour de quelle institution f\u00e9d\u00e9rer le peuple quand le stade a disparu ? La religion, le catholicisme, la Mis\u00e9ricorde ? Mais tout cela n\u2019est encore une fois de plus qu\u2019une tentative de d\u00e9rivation de la violence inh\u00e9rente \u00e0 l\u2019homme, d\u00e9rivation ou entretien de celle-ci dans l\u2019imposition d\u2019un paradigme bas\u00e9 sur la dualit\u00e9 bien-mal, bonne ou mauvaise action, croire ou ne pas croire et qui entra\u00eenera la cr\u00e9ation de plusieurs inquisitions pratiquement d\u00e8s la naissance de cette institution.\n\nLe sport et la religion m\u00eame combat, le but \u00e9tant l\u2019aveuglement collectif, le naufrage dans l\u2019\u00e9motionnel, et bien sur son exploitation par des personnages \u00e0 sang-froid.Que repr\u00e9sente le tableau de Julie Merhetu ?\n\n\n\nDes gestes de peinture plus ou moins appuy\u00e9s presque d\u00e9risoires autour d\u2019une construction architecturale, seul \u00e9l\u00e9ment solide de l\u2019\u0153uvre. Mais quoique \u00e9vanescents, ces gestes, remplissent presque la totalit\u00e9 de l\u2019espace, ils sont majoritaires. Ils cernent le stade comme s\u2019il devenait leur cible, comme s\u2019ils s\u2019y opposaient avec une certaine douceur due notamment aux valeurs de gris peu marqu\u00e9es, \u00e0 une douce confusion, \u00e0 peine relev\u00e9e ici et l\u00e0 de traits plus pr\u00e9cis, souvent en arc de cercles, en courbes, \u00e9voquant peut-\u00eatre une caract\u00e9ristique f\u00e9minine. Il y a l\u00e0 une opposition entre les courbes rigides de la construction architecturale qu\u2019on peut sans peine imaginer masculine, machiste, et celles plus chaotiques d\u2019une f\u00e9minit\u00e9 \u201csauvage\u201d ou tout simplement naturelle.\n\nEnsuite la relation avec le tableau du Caravage quelle est t\u2019elle vraiment ? Il est question des mis\u00e9ricordes corporelles en opposition \u00e0 celles spirituelles ( 7 de chaque)\n\nLe tableau s\u2019organise autour d\u2019un vide, d\u2019une obscurit\u00e9, la lumi\u00e8re vient de la gauche, ce qui \u00e9voque pour moi la maladresse, le hasard, ce qu\u2019on appelle g\u00e9n\u00e9ralement la gaucherie, la femme gauche, la f\u00e9minit\u00e9 ainsi consid\u00e9r\u00e9e durant des si\u00e8cles. Que la lumi\u00e8re de la vienne de la gauche et cr\u00e9e ainsi des contours aux silhouettes, les fait appara\u00eetre hors de l\u2019obscurit\u00e9 de la violence fondamentale et comme surprises dans leurs \u0153uvres nomm\u00e9es mis\u00e9ricordieuses procure une belle \u00e9motion esth\u00e9tique et intellectuelle, assez semblable d\u2019ailleurs \u00e0 celle procur\u00e9e par l\u2019\u0153uvre de Julie Merhetu. Quasiment identique.\n\nAinsi deux oeuvres totalement diff\u00e9rentes plastiquement mais qui traitent d\u2019une m\u00eame th\u00e9matique, celle de la violence finalement, ou encore de l\u2019opposition ombre et clart\u00e9 , f\u00e9minin-masculin, se relient dans une histoire plus vaste de l\u2019humanit\u00e9.\n\nEnsuite, c\u2019est peut-\u00eatre simplement mon point de vue personnel, ma fa\u00e7on d\u2019interpr\u00e9ter les choses et notamment les \u0153uvres qui me passent devant les yeux avec la grille de lecture dont je dispose.\n\nNote: cet article a \u00e9t\u00e9 en partie inspir\u00e9 par un article de Robert Magiorri sur le livre de Marc Perelman, l'Ere des stades (Gen\u00e8se et structure d'un espace historique) , Le cahier Livres de Lib\u00e9 10 juin 2010)\n\nJulie Merhetu est n\u00e9e en Ethiopie en 1970, elle quitte l'Afrique pour s'installer aux Etats-Unis en 1977. Sa th\u00e9matique principale est ax\u00e9e sur les conflits sociaux. ( voir sa page Wikip\u00e9dia ) ",
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"title": "L'impression de perdre son temps",
"date_published": "2023-05-04T05:42:42Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Le temps perdu \u00e0 regarder des vid\u00e9os traitant du logiciel d’\u00e9criture Scrivener. Le temps perdu \u00e0 se dire : tiens c’est nouveau, \u00e7a va peut-\u00eatre me changer la vie. <\/em>Le temps perdu \u00e0 farfouiller dans le logiciel Scrivener dont je viens de charger la version d’essai. Le temps perdu, \u00e0 faire quelques essais, peu concluant, pour essayer d’importer mes articles de blog dans Scrivener. En vain. Il faudra passer Par le format R.T.F ou O.D.T. Et donc encore perdre du temps pour savoir comment passer du X.M.L \u00e0 ces formats. Il y a des matins comme \u00e7a. On sait que l’on est en train de perdre son temps, on le sait pertinemment, mais on ne fait rien pour l’emp\u00eacher. Il est m\u00eame possible qu’on en \u00e9prouve m\u00eame une sorte de jouissance malsaine. Comme si soudain on disait \u00e0 ce monde de contingences qui ne cesse de nous harceler :<\/p>\n —fiche-moi la paix, laisse-moi au moins cette impression de perdre mon temps comme je le d\u00e9sire.<\/p>\n Evidemment le mot procrastiner vient \u00e0 l’esprit.<\/p>\n Ce n’est pas bien de procrastiner. C’est comme entrer dans une boulangerie, s’acheter quelques religieuses puis se les enfiler \u00e0 s’en faire pleurer les yeux.<\/p>\n Ensuite il faut bien choisir sur quel point exact se situer entre une tristesse infinie, et un je m’en foutisme raisonnable<\/p>\n Du reste, il est possible que tout ne soit effectu\u00e9 que dans ce seul but : parvenir \u00e0 ce havre de paix pr\u00e9caire, \u00e0 ce point exact, l’\u0153il du cyclone- quelques instants seulement- puis se faire avaler \u00e0 nouveau par la vanit\u00e9 des choses \u00e0 faire, des responsabilit\u00e9s, l’illusion de gagner ou de perdre ce temps qui, en outre, ne nous appartient pas.<\/p>\n J’ai choisi cette image dans la m\u00e9diath\u00e8que du blog, la seule sens\u00e9e, bien que je ne sache pas vraiment ce qui l’est ou pas en ces temps de fin du monde.<\/p>\n Peut-\u00eatre que l’on perdra d’autant plus ce temps qui ne nous appartient pas, que la fin de ce monde se rapprochera. Qu’on aura encore ces impressions, car ce ne sont bien sur que des impressions.<\/p>",
"content_text": "\n\nLe temps perdu \u00e0 regarder des vid\u00e9os traitant du logiciel d'\u00e9criture Scrivener. Le temps perdu \u00e0 se dire : tiens c'est nouveau, \u00e7a va peut-\u00eatre me changer la vie. Le temps perdu \u00e0 farfouiller dans le logiciel Scrivener dont je viens de charger la version d'essai. Le temps perdu, \u00e0 faire quelques essais, peu concluant, pour essayer d'importer mes articles de blog dans Scrivener. En vain. Il faudra passer Par le format R.T.F ou O.D.T. Et donc encore perdre du temps pour savoir comment passer du X.M.L \u00e0 ces formats. Il y a des matins comme \u00e7a. On sait que l'on est en train de perdre son temps, on le sait pertinemment, mais on ne fait rien pour l'emp\u00eacher. Il est m\u00eame possible qu'on en \u00e9prouve m\u00eame une sorte de jouissance malsaine. Comme si soudain on disait \u00e0 ce monde de contingences qui ne cesse de nous harceler:\n\n\u2014fiche-moi la paix, laisse-moi au moins cette impression de perdre mon temps comme je le d\u00e9sire.\n\nEvidemment le mot procrastiner vient \u00e0 l'esprit. \n\nCe n'est pas bien de procrastiner. C'est comme entrer dans une boulangerie, s'acheter quelques religieuses puis se les enfiler \u00e0 s'en faire pleurer les yeux. \n\nEnsuite il faut bien choisir sur quel point exact se situer entre une tristesse infinie, et un je m'en foutisme raisonnable \n\nDu reste, il est possible que tout ne soit effectu\u00e9 que dans ce seul but : parvenir \u00e0 ce havre de paix pr\u00e9caire, \u00e0 ce point exact, l'\u0153il du cyclone- quelques instants seulement- puis se faire avaler \u00e0 nouveau par la vanit\u00e9 des choses \u00e0 faire, des responsabilit\u00e9s, l'illusion de gagner ou de perdre ce temps qui, en outre, ne nous appartient pas.\n\nJ'ai choisi cette image dans la m\u00e9diath\u00e8que du blog, la seule sens\u00e9e, bien que je ne sache pas vraiment ce qui l'est ou pas en ces temps de fin du monde.\n\nPeut-\u00eatre que l'on perdra d'autant plus ce temps qui ne nous appartient pas, que la fin de ce monde se rapprochera. Qu'on aura encore ces impressions, car ce ne sont bien sur que des impressions.",
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"title": "certain, incertain",
"date_published": "2023-05-03T15:14:52Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " La r\u00e9alit\u00e9 ne propose pas de chemin, elle est une multitude de chemins qui s’enchev\u00eatrent. Suivre un chemin est donc du domaine de la volont\u00e9, pour avant tout ne pas perdre de vue un trac\u00e9 choisi. Mais ce n’est pas un chemin que l’ on effectue dans une r\u00e9alit\u00e9, c’est un d\u00e9placement dans l’arbitraire. Que faire une fois que l’on a compris que tout chemin est arbitraire, qu’il n’a rien \u00e0 voir avec le reel, mais plut\u00f4t avec un double que l’on s’invente ?<\/p>\n L’errance me paraissait id\u00e9ale pour pallier le probl\u00e8me, et durant une bonne partie de mon existence j’y ai cru dur comme fer <\/em>comme si cette duret\u00e9 qu’elle imposait pouvait repr\u00e9senter la duret\u00e9 que j’attribuais au r\u00e9el. Mais l\u00e0 encore je me fourvoyais. Le reel n’est ni dur ni mou, ou bien il est les deux et bien des choses encore. Tout ce que l’on voudra bien imaginer. Autant de choses que l’on voudra d\u00e9poser dans ce double qui n’est pas lui, qui ne peut \u00eatre lui.<\/p>\n Ainsi l’errance poss\u00e8de sa propre d\u00e9termination tout comme le fait de choisir un chemin et s’ y tenir, le but est grosso modo le m\u00eame, consid\u00e9rer le r\u00e9el comme une entit\u00e9 qui nous \u00e9chappe quoiqu’on veuille faire pour essayer de le saisir. Cette esquive de la r\u00e9alit\u00e9 entre certain et incertain forme n\u00e9anmoins une assez touchante histoire. Parfois comique, parfois tragique. D’autres fois encore sans saveur particuli\u00e8re. Peut-\u00eatre que c’est l’histoire- cette r\u00e9alit\u00e9 qu’on ne peut d\u00e9passer, en tant que double double. Double de la r\u00e9alit\u00e9 et double de soi-m\u00eame. Ensuite la difficult\u00e9 r\u00e9side dans le fait qu’on ne peut savoir qu’il s’agit seulement, vraiment d’une histoire, que lorsqu’elle celle-ci s’est achev\u00e9e.<\/p>",
"content_text": "\n\nLa r\u00e9alit\u00e9 ne propose pas de chemin, elle est une multitude de chemins qui s'enchev\u00eatrent. Suivre un chemin est donc du domaine de la volont\u00e9, pour avant tout ne pas perdre de vue un trac\u00e9 choisi. Mais ce n'est pas un chemin que l' on effectue dans une r\u00e9alit\u00e9, c'est un d\u00e9placement dans l'arbitraire. Que faire une fois que l'on a compris que tout chemin est arbitraire, qu'il n'a rien \u00e0 voir avec le reel, mais plut\u00f4t avec un double que l'on s'invente ? \n\nL'errance me paraissait id\u00e9ale pour pallier le probl\u00e8me, et durant une bonne partie de mon existence j'y ai cru dur comme fer comme si cette duret\u00e9 qu'elle imposait pouvait repr\u00e9senter la duret\u00e9 que j'attribuais au r\u00e9el. Mais l\u00e0 encore je me fourvoyais. Le reel n'est ni dur ni mou, ou bien il est les deux et bien des choses encore. Tout ce que l'on voudra bien imaginer. Autant de choses que l'on voudra d\u00e9poser dans ce double qui n'est pas lui, qui ne peut \u00eatre lui. \n\nAinsi l'errance poss\u00e8de sa propre d\u00e9termination tout comme le fait de choisir un chemin et s' y tenir, le but est grosso modo le m\u00eame, consid\u00e9rer le r\u00e9el comme une entit\u00e9 qui nous \u00e9chappe quoiqu'on veuille faire pour essayer de le saisir. Cette esquive de la r\u00e9alit\u00e9 entre certain et incertain forme n\u00e9anmoins une assez touchante histoire. Parfois comique, parfois tragique. D'autres fois encore sans saveur particuli\u00e8re. Peut-\u00eatre que c'est l'histoire- cette r\u00e9alit\u00e9 qu'on ne peut d\u00e9passer, en tant que double double. Double de la r\u00e9alit\u00e9 et double de soi-m\u00eame. Ensuite la difficult\u00e9 r\u00e9side dans le fait qu'on ne peut savoir qu'il s'agit seulement, vraiment d'une histoire, que lorsqu'elle celle-ci s'est achev\u00e9e. ",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/la-joie-de-creer.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/la-joie-de-creer.html",
"title": "la joie de cr\u00e9er",
"date_published": "2023-05-02T08:34:18Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " heureux celui qui cr\u00e9e par nature, il sera dispens\u00e9 de la n\u00e9cessit\u00e9 du gouffre. Pour les autres il faudra s’engouffrer, ramper dans les galeries, remplir leurs poumons de miasmes, d’un air vici\u00e9, affronter maints dangers dont le premier comme l’ultime sera toujours le m\u00eame. Une id\u00e9e d’importance que l’on d\u00e9sire co\u00fbte que co\u00fbte sauvegarder.<\/p>\n Est-il possible ensuite de ressortir du gouffre puis d’embrasser fraternellement notre propre nature, comme universelle ? de rire de ce p\u00e9riple, d’acqu\u00e9rir ce fameux c\u0153ur \u00e0 l’ouvrage, de surmonter le courage du d\u00e9sespoir... s’il n’y avait qu’une toute petite graine d’espoir \u00e0 pr\u00e9server, ne serait-ce pas celle-ci ?<\/p>\n cr\u00e9er par joie dans la joie pour la joie, sans autre.<\/p>\n Cela peut para\u00eetre \u00e9go\u00efste bien sur. Un \u00e9go\u00efste \u00e9tant encore, par ces temps d\u00e9vast\u00e9s, celui qui ne pense pas \u00e0 moi, mais aux autres toujours et ce souvent malgr\u00e9 lui.<\/p>",
"content_text": "\n\nheureux celui qui cr\u00e9e par nature, il sera dispens\u00e9 de la n\u00e9cessit\u00e9 du gouffre. Pour les autres il faudra s'engouffrer, ramper dans les galeries, remplir leurs poumons de miasmes, d'un air vici\u00e9, affronter maints dangers dont le premier comme l'ultime sera toujours le m\u00eame. Une id\u00e9e d'importance que l'on d\u00e9sire co\u00fbte que co\u00fbte sauvegarder. \n\nEst-il possible ensuite de ressortir du gouffre puis d'embrasser fraternellement notre propre nature, comme universelle ? de rire de ce p\u00e9riple, d'acqu\u00e9rir ce fameux c\u0153ur \u00e0 l'ouvrage, de surmonter le courage du d\u00e9sespoir... s'il n'y avait qu'une toute petite graine d'espoir \u00e0 pr\u00e9server, ne serait-ce pas celle-ci ? \n\ncr\u00e9er par joie dans la joie pour la joie, sans autre. \n\nCela peut para\u00eetre \u00e9go\u00efste bien sur. Un \u00e9go\u00efste \u00e9tant encore, par ces temps d\u00e9vast\u00e9s, celui qui ne pense pas \u00e0 moi, mais aux autres toujours et ce souvent malgr\u00e9 lui. ",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/a-quoi-peut-bien-servir-la-glande-pineale.html",
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"title": "\u00e0 quoi peut bien servir la glande pin\u00e9ale ?",
"date_published": "2023-05-02T07:46:07Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Tout doit-il servir ? c’est peut-\u00eatre La question, celle \u00e0 se poser avant toute autre. Sinon c’est l’utile ou son corollaire, l’inutile qui forgeront toutes les r\u00e9ponses.<\/p>\n Par exemple : \u00e0 quoi donc peut bien servir la glande pin\u00e9ale ?<\/p>\n - Elle est utile pour repr\u00e9senter un hi\u00e9roglyphe \u00e9gyptien, elle est utile pour fabriquer de la D.M.T quand on n’a pas d’ayahuasca sous la main. Elle est incontournable pour se peindre un troisi\u00e8me \u0153il quand les deux autres ne voient pas plus loin que le bout du nez. Elle est essentielle pour s’orienter dans les trous de ver reliant les univers parall\u00e8les. Elle peut \u00eatre utilis\u00e9e comme talkie walky pour tailler le bout de gras avec la d\u00e9esse \u00c9ris ( selon les adeptes du discordianisme, ce qui ne fait pas vraiment envie, d\u00e9testant toute discorde) A d\u00e9faut de toutes ces choses, elle peut aussi remplacer le mou pour le chat. En revanche on ne peut pas la d\u00e9couper en morceaux pour remplacer les pignons de pin dans les salades, on y perdrait beaucoup en saveur.<\/p>\n note : D.M.T principe actif de l’ayahuasca, dite aussi dim\u00e9thyltryptamine, permet de vivre des exp\u00e9riences proches des N.D.E ( near death experiences ) experience de mort imminente. ( d’apr\u00e8s Wikipedia ) On peut saluer les indiens d’Amazonie pour avoir r\u00e9ussi cet exploit de trouver la formule pour l’ing\u00e9rer par voie orale... D’ailleurs il faut plut\u00f4t \u00eatre circonspect avant de s’engager \u00e0 boire ce breuvage qui n\u00e9cessite un dosage aux petits oignons, sinon autant aller en for\u00eat et prendre une bouch\u00e9e de champignon toxique, \u00e7a revient au m\u00eame, si on n’en meurt pas.<\/p>",
"content_text": "similaire et identique, toute une histoire ... \n\nTout doit-il servir ? c'est peut-\u00eatre La question, celle \u00e0 se poser avant toute autre. Sinon c'est l'utile ou son corollaire, l'inutile qui forgeront toutes les r\u00e9ponses. \n\nPar exemple: \u00e0 quoi donc peut bien servir la glande pin\u00e9ale ? \n\n- Elle est utile pour repr\u00e9senter un hi\u00e9roglyphe \u00e9gyptien, elle est utile pour fabriquer de la D.M.T quand on n'a pas d'ayahuasca sous la main. Elle est incontournable pour se peindre un troisi\u00e8me \u0153il quand les deux autres ne voient pas plus loin que le bout du nez. Elle est essentielle pour s'orienter dans les trous de ver reliant les univers parall\u00e8les. Elle peut \u00eatre utilis\u00e9e comme talkie walky pour tailler le bout de gras avec la d\u00e9esse \u00c9ris ( selon les adeptes du discordianisme, ce qui ne fait pas vraiment envie, d\u00e9testant toute discorde) A d\u00e9faut de toutes ces choses, elle peut aussi remplacer le mou pour le chat. En revanche on ne peut pas la d\u00e9couper en morceaux pour remplacer les pignons de pin dans les salades, on y perdrait beaucoup en saveur. \n\nnote : D.M.T principe actif de l'ayahuasca, dite aussi dim\u00e9thyltryptamine, permet de vivre des exp\u00e9riences proches des N.D.E ( near death experiences ) experience de mort imminente. ( d'apr\u00e8s Wikipedia ) On peut saluer les indiens d'Amazonie pour avoir r\u00e9ussi cet exploit de trouver la formule pour l'ing\u00e9rer par voie orale... D'ailleurs il faut plut\u00f4t \u00eatre circonspect avant de s'engager \u00e0 boire ce breuvage qui n\u00e9cessite un dosage aux petits oignons, sinon autant aller en for\u00eat et prendre une bouch\u00e9e de champignon toxique, \u00e7a revient au m\u00eame, si on n'en meurt pas. ",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/photographies-sans-interet.html",
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"title": "photographies sans int\u00e9r\u00eat",
"date_published": "2023-05-02T06:51:04Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " pour reprendre une id\u00e9e, celle d’un protocole, prendre des photographies d\u00e9pourvues d’int\u00e9r\u00eat.<\/p>\n Pour \u00e7a il suffit de s’emparer de l’ appareil photo, de sortir de l’atelier, de photographier la premi\u00e8re chose qu’on voit, ne pas chercher le joli cadrage, une esth\u00e9tique, \u00e0 envoyer un message, m\u00eame pas une \u00e9motion. Moins on aura d’int\u00e9r\u00eat \u00e0 le faire mieux \u00e7a sera. Ce qui, paradoxe, construit imm\u00e9diatement un but, et donc l’int\u00e9r\u00eat de vouloir l’atteindre...<\/p>\n De quelle \u00e9poque date l\u2019id\u00e9e que nous puissions vivre dans une simulation ? On pourrait penser que cette id\u00e9e est r\u00e9cente, aux alentours des ann\u00e9es 2000, avec les hypoth\u00e8ses d\u00e9velopp\u00e9es par le philosophe Nick Bostrom. Mais cette vision est peut-\u00eatre une sorte de recyclage opportuniste, li\u00e9 \u00e0 la technologie informatique, au progr\u00e8s des machines, aux pr\u00e9misses de l\u2019intelligence artificielle.<\/p>\n L\u2019id\u00e9e que la r\u00e9alit\u00e9 soit une illusion remonte \u00e0 l\u2019origine de l\u2019humanit\u00e9. Chez les hindous il existe en sanskrit le terme de Maya<\/em> pour nommer la r\u00e9alit\u00e9 mat\u00e9rielle illusoire qui nous entoure. Ren\u00e9 Descartes au 17eme si\u00e8cle et Georges Berkeley au 18 \u00e8me ont \u00e9galement explorer cette hypoth\u00e8se en leur temps, non pas qu\u2019il s\u2019agisse directement du terme de simulation mais plut\u00f4t un questionnement sur la nature de la r\u00e9alit\u00e9, et les limites de notre perception de celle-ci en imaginant une m\u00e9thode d\u2019investigation, le doute m\u00e9thodique. Pour George Berkeley (1685-1753) la r\u00e9alit\u00e9 est subjective, elle n\u2019existe que dans notre esprit, on n\u2019est pas loin de l\u2019id\u00e9e de simulation, c\u2019est l\u2019id\u00e9alisme subjectif.<\/p>\n La notion de simulation informatique, dans laquelle nous baignons aujourd\u2019hui, notamment gr\u00e2ce aux bonds prodigieux du d\u00e9veloppement des jeux vid\u00e9o, nous fait imaginer celle-ci sous un angle technologique. Mais cette id\u00e9e d\u2019illusion date de la naissance de l\u2019humanit\u00e9, elle n’a jamais cess\u00e9 de l’accompagner.<\/p>\n Quand nos anc\u00eatres s\u2019enfoncent au plus profond des grottes obscures pour aller dessiner des animaux, c\u2019est pour perp\u00e9tuer l\u2019id\u00e9e d\u2019une cr\u00e9ation incessante qui provient des entrailles de la terre. Dans le mythe cosmogonique Hopi mais aussi dans de nombreuses ethnies sur la plan\u00e8te l\u2019id\u00e9e que l\u2019\u00eatre humain, ainsi que tous les animaux sont issus des entrailles de la terre est sans doute le mythe cosmogonique encore dominant dans toute l\u2019histoire de l\u2019homme. De m\u00eame qu\u2019\u00e0 cette \u00e9poque la Terre est souvent m\u00e2le et le ciel femelle, c’est-\u00e0-dire l\u2019inverse de ce que nous avons coutume d\u2019imaginer d\u00e9sormais.<\/p>\n L\u2019id\u00e9e de dessiner, de cr\u00e9er, \u00e0 seule fin d\u2019entretenir une continuit\u00e9 du mouvement cr\u00e9atif global me plait bien, sonne juste, comme unique but, ou raison quand je regarde les parois de la grotte Chauvet ou le geste inscrit dans l’espace de la toile chez Fabienne Verdier, voire n’importe quel peintre, m\u00eame d\u00e9butant. Je veux dire que le talent n’entre pas en ligne de compte dans cette affaire, \u00e7a regarde le gout d’une \u00e9poque, l’air du temps, les sommes d’argents que l’on \u00e9change pour acqu\u00e9rir beaut\u00e9, puissance, renomm\u00e9e, pouvoir, n’entrent pas en ligne de compte. Seul le mouvement cr\u00e9atif depuis la premi\u00e8re main sur laquelle on souffle de la poussi\u00e8re d’ocre ou de charbon, cette main pos\u00e9e sur une paroi jusqu’\u00e0 la meilleure r\u00e9alisation en 3 D de nos jours me subjugue. C’est cet ensemble, pas une individualit\u00e9.<\/p>\n Et si, d\u00e9sormais, on imagine qu\u2019une civilisation extraterrestre puisse avoir cr\u00e9e cette simulation dans laquelle nous sommes, elle participe tout autant \u00e0 cet ensemble, elle l’agrandit d’autant. Quel vertige d’imaginer s’\u00e9tendre aux confins de l’univers, ce foisonnement de fantasmes, d\u2019id\u00e9es, de r\u00eaves ou de cauchemars aliens se m\u00e9langeant \u00e0 notre humanit\u00e9 ... D’un seul coup me vient cette vision que toute cr\u00e9ativit\u00e9 se sert de ses cr\u00e9atures pour s\u2019auto entretenir \u00e0 travers mille m\u00e9dia mille supports nous humains, ou extraterrestres potentiels compris.<\/p>\n Ce qui est merveilleux c’est de pouvoir admirer cette cr\u00e9ativit\u00e9 qui ne s\u2019arr\u00eate jamais, qui cr\u00e9e des univers parall\u00e8les, des r\u00e9seaux des couloirs, des tissus, des \u00e9toffes bariol\u00e9s tout en tricotant et d\u00e9tricotant sans rel\u00e2che son support, repoussant m\u00eame selon mon intuition ses limites. Mais pas vraiment d’admiration sur toute notion utilitariste. Peu \u00e9bloui en somme par le fait que nous humains ou extraterrestres puissions l\u2019employer \u00e0 quelque fin que ce soit. L\u2019illusion \u00e0 mon avis est dans le malentendu, la d\u00e9formation de nos pens\u00e9es par toute id\u00e9e de profit, d’int\u00e9r\u00eat . On ne cesse de penser que quelqu\u2019un ou quelque chose puisse tirer profit de la cr\u00e9ativit\u00e9 alors que nous sommes tous \u00e0 son service, que ses buts d\u00e9passent notre compr\u00e9hension. Et si c’\u00e9tait simplement une enfant, si la cr\u00e9ativit\u00e9 n’\u00e9tait qu’un jeu d’enfant sans autre but que celui de s’amuser. Encore faudrait-il faire cet effort d’aller explorer ce qu’est pour nous un amusement, et son contraire le s\u00e9rieux que nous nous targuons de placer en avant de tout vrai travail ... <\/em><\/p>\n Maintenant admettons que nous vivions vraiment dans une simulation cr\u00e9e par des entit\u00e9s extraterrestres, des divinit\u00e9s ou je ne sais quoi, admettons-le. Quel serait le but de cette simulation ? Sommes-nous des Sims s’ agitant dans la game-boy<\/em> d\u2019un adolescent alien boutonneux ? Faisons-nous partie d\u2019un spectacle t\u00e9l\u00e9visuel diffus\u00e9 dans une galaxie voisine, chaque soir apr\u00e8s le JT de 20h heure locale ? Sommes-nous des rats \u00e9tudi\u00e9s dans un laboratoire c\u00e9leste ? Sommes-nous une exp\u00e9rience ? Une r\u00e9serve indig\u00e8ne \u00e0 l\u2019instar de celles prot\u00e9g\u00e9es d’ aborig\u00e8nes en Australie, ou en Amazonie, Sommes-nous une arche de No\u00e9 qui prend l\u2019eau ?<\/p>\n Quelque soit ce que nous sommes dans cette simulation nous servons \u00e0 quelque chose, nous sommes utiles \u00e0 quelque chose, m\u00eame si c\u2019est seulement ludique, peu noble, de la vari\u00e9t\u00e9 pour le populo<\/em> , que ce soit divertissant ou utilitaire, seule notre fiert\u00e9, notre vanit\u00e9 sera susceptible d’en \u00eatre vex\u00e9e, ce qui n’est pas si grave.<\/p>\n L\u2019ennui serait que nous ayons \u00e9t\u00e9 con\u00e7us par des intelligences sup\u00e9rieures disparues \u00e0 jamais depuis des milliers de kalpas, que le sens, les raisons de notre cr\u00e9ation, de notre existence soient pour toujours oubli\u00e9s perdus , que nous existions \u00e0 vide dans le vide intersid\u00e9ral. Jusqu’au moment o\u00f9 la cr\u00e9ativit\u00e9 voudra bien nous amener \u00e0 nous inventer un sens qui tienne la route.<\/p>\n Mais n\u2019est-ce pas l\u00e0 le pire cauchemar de l\u2019individu dit moderne voire aussi de n’importe quel alien singleton qui , comme bon nombre d’entre nous vit dans l’illusion de s\u2019imaginer seul au monde ?<\/p>\n La simulation, l\u2019illusion, est certainement bien plus log\u00e9e dans ce fantasme de solitude que nulle part ailleurs.<\/p>",
"content_text": "Le theme de la simulation est explor\u00e9 par l'artiste Jeremy Geddes dans ses \u0153uvres photographiques \n\nDe quelle \u00e9poque date l\u2019id\u00e9e que nous puissions vivre dans une simulation ? On pourrait penser que cette id\u00e9e est r\u00e9cente, aux alentours des ann\u00e9es 2000, avec les hypoth\u00e8ses d\u00e9velopp\u00e9es par le philosophe Nick Bostrom. Mais cette vision est peut-\u00eatre une sorte de recyclage opportuniste, li\u00e9 \u00e0 la technologie informatique, au progr\u00e8s des machines, aux pr\u00e9misses de l\u2019intelligence artificielle.\n\nL\u2019id\u00e9e que la r\u00e9alit\u00e9 soit une illusion remonte \u00e0 l\u2019origine de l\u2019humanit\u00e9. Chez les hindous il existe en sanskrit le terme de Maya pour nommer la r\u00e9alit\u00e9 mat\u00e9rielle illusoire qui nous entoure. Ren\u00e9 Descartes au 17eme si\u00e8cle et Georges Berkeley au 18 \u00e8me ont \u00e9galement explorer cette hypoth\u00e8se en leur temps, non pas qu\u2019il s\u2019agisse directement du terme de simulation mais plut\u00f4t un questionnement sur la nature de la r\u00e9alit\u00e9, et les limites de notre perception de celle-ci en imaginant une m\u00e9thode d\u2019investigation, le doute m\u00e9thodique. Pour George Berkeley (1685-1753) la r\u00e9alit\u00e9 est subjective, elle n\u2019existe que dans notre esprit, on n\u2019est pas loin de l\u2019id\u00e9e de simulation, c\u2019est l\u2019id\u00e9alisme subjectif.\n\nLa notion de simulation informatique, dans laquelle nous baignons aujourd\u2019hui, notamment gr\u00e2ce aux bonds prodigieux du d\u00e9veloppement des jeux vid\u00e9o, nous fait imaginer celle-ci sous un angle technologique. Mais cette id\u00e9e d\u2019illusion date de la naissance de l\u2019humanit\u00e9, elle n'a jamais cess\u00e9 de l'accompagner. \n\nQuand nos anc\u00eatres s\u2019enfoncent au plus profond des grottes obscures pour aller dessiner des animaux, c\u2019est pour perp\u00e9tuer l\u2019id\u00e9e d\u2019une cr\u00e9ation incessante qui provient des entrailles de la terre. Dans le mythe cosmogonique Hopi mais aussi dans de nombreuses ethnies sur la plan\u00e8te l\u2019id\u00e9e que l\u2019\u00eatre humain, ainsi que tous les animaux sont issus des entrailles de la terre est sans doute le mythe cosmogonique encore dominant dans toute l\u2019histoire de l\u2019homme. De m\u00eame qu\u2019\u00e0 cette \u00e9poque la Terre est souvent m\u00e2le et le ciel femelle, c'est-\u00e0-dire l\u2019inverse de ce que nous avons coutume d\u2019imaginer d\u00e9sormais.\n\nL\u2019id\u00e9e de dessiner, de cr\u00e9er, \u00e0 seule fin d\u2019entretenir une continuit\u00e9 du mouvement cr\u00e9atif global me plait bien, sonne juste, comme unique but, ou raison quand je regarde les parois de la grotte Chauvet ou le geste inscrit dans l'espace de la toile chez Fabienne Verdier, voire n'importe quel peintre, m\u00eame d\u00e9butant. Je veux dire que le talent n'entre pas en ligne de compte dans cette affaire, \u00e7a regarde le gout d'une \u00e9poque, l'air du temps, les sommes d'argents que l'on \u00e9change pour acqu\u00e9rir beaut\u00e9, puissance, renomm\u00e9e, pouvoir, n'entrent pas en ligne de compte. Seul le mouvement cr\u00e9atif depuis la premi\u00e8re main sur laquelle on souffle de la poussi\u00e8re d'ocre ou de charbon, cette main pos\u00e9e sur une paroi jusqu'\u00e0 la meilleure r\u00e9alisation en 3 D de nos jours me subjugue. C'est cet ensemble, pas une individualit\u00e9.\n\nEt si, d\u00e9sormais, on imagine qu\u2019une civilisation extraterrestre puisse avoir cr\u00e9e cette simulation dans laquelle nous sommes, elle participe tout autant \u00e0 cet ensemble, elle l'agrandit d'autant. Quel vertige d'imaginer s'\u00e9tendre aux confins de l'univers, ce foisonnement de fantasmes, d\u2019id\u00e9es, de r\u00eaves ou de cauchemars aliens se m\u00e9langeant \u00e0 notre humanit\u00e9 ... D'un seul coup me vient cette vision que toute cr\u00e9ativit\u00e9 se sert de ses cr\u00e9atures pour s\u2019auto entretenir \u00e0 travers mille m\u00e9dia mille supports nous humains, ou extraterrestres potentiels compris.\n\nCe qui est merveilleux c'est de pouvoir admirer cette cr\u00e9ativit\u00e9 qui ne s\u2019arr\u00eate jamais, qui cr\u00e9e des univers parall\u00e8les, des r\u00e9seaux des couloirs, des tissus, des \u00e9toffes bariol\u00e9s tout en tricotant et d\u00e9tricotant sans rel\u00e2che son support, repoussant m\u00eame selon mon intuition ses limites. Mais pas vraiment d'admiration sur toute notion utilitariste. Peu \u00e9bloui en somme par le fait que nous humains ou extraterrestres puissions l\u2019employer \u00e0 quelque fin que ce soit. L\u2019illusion \u00e0 mon avis est dans le malentendu, la d\u00e9formation de nos pens\u00e9es par toute id\u00e9e de profit, d'int\u00e9r\u00eat . On ne cesse de penser que quelqu\u2019un ou quelque chose puisse tirer profit de la cr\u00e9ativit\u00e9 alors que nous sommes tous \u00e0 son service, que ses buts d\u00e9passent notre compr\u00e9hension. Et si c'\u00e9tait simplement une enfant, si la cr\u00e9ativit\u00e9 n'\u00e9tait qu'un jeu d'enfant sans autre but que celui de s'amuser. Encore faudrait-il faire cet effort d'aller explorer ce qu'est pour nous un amusement, et son contraire le s\u00e9rieux que nous nous targuons de placer en avant de tout vrai travail ... \n\nMaintenant admettons que nous vivions vraiment dans une simulation cr\u00e9e par des entit\u00e9s extraterrestres, des divinit\u00e9s ou je ne sais quoi, admettons-le. Quel serait le but de cette simulation ? Sommes-nous des Sims s' agitant dans la game-boy d\u2019un adolescent alien boutonneux ? Faisons-nous partie d\u2019un spectacle t\u00e9l\u00e9visuel diffus\u00e9 dans une galaxie voisine, chaque soir apr\u00e8s le JT de 20h heure locale ? Sommes-nous des rats \u00e9tudi\u00e9s dans un laboratoire c\u00e9leste ? Sommes-nous une exp\u00e9rience ? Une r\u00e9serve indig\u00e8ne \u00e0 l\u2019instar de celles prot\u00e9g\u00e9es d' aborig\u00e8nes en Australie, ou en Amazonie, Sommes-nous une arche de No\u00e9 qui prend l\u2019eau ? \n\nQuelque soit ce que nous sommes dans cette simulation nous servons \u00e0 quelque chose, nous sommes utiles \u00e0 quelque chose, m\u00eame si c\u2019est seulement ludique, peu noble, de la vari\u00e9t\u00e9 pour le populo , que ce soit divertissant ou utilitaire, seule notre fiert\u00e9, notre vanit\u00e9 sera susceptible d'en \u00eatre vex\u00e9e, ce qui n'est pas si grave. \n\nL\u2019ennui serait que nous ayons \u00e9t\u00e9 con\u00e7us par des intelligences sup\u00e9rieures disparues \u00e0 jamais depuis des milliers de kalpas, que le sens, les raisons de notre cr\u00e9ation, de notre existence soient pour toujours oubli\u00e9s perdus , que nous existions \u00e0 vide dans le vide intersid\u00e9ral. Jusqu'au moment o\u00f9 la cr\u00e9ativit\u00e9 voudra bien nous amener \u00e0 nous inventer un sens qui tienne la route. \n\nMais n\u2019est-ce pas l\u00e0 le pire cauchemar de l\u2019individu dit moderne voire aussi de n'importe quel alien singleton qui , comme bon nombre d'entre nous vit dans l'illusion de s\u2019imaginer seul au monde ?\n\nLa simulation, l\u2019illusion, est certainement bien plus log\u00e9e dans ce fantasme de solitude que nulle part ailleurs.",
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"title": "menues choses \u00e0 r\u00e9gler avant de partir",
"date_published": "2023-05-01T08:32:00Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Pour partir le coeur l\u00e9ger. Pour en finir avec le regret. Pour laisser propre, si possible, derri\u00e8re soi. A l’ impossible nul n’est tenu. Ceux qui n’ont rien compris, on ne leur en voudra pas. On ne s’est pas compris soi-m\u00eame. Il n’y a peut-\u00eatre rien \u00e0 comprendre. La t\u00eate ailleurs, t\u00eate de cochon ou t\u00eate de lard, l’ent\u00eatement et l’endettement, l’abus de croyance, les exc\u00e8s de cr\u00e9dits comme de m\u00e9fiance, tous les exc\u00e8s pour mesurer la dose exacte, sans oublier l’obsession du manque. Le manque d’entrain, le manque de rigueur, le manque \u00e0 gagner, les occasions manqu\u00e9es, celles surtout de la boucler, la bouche en c\u0153ur, le manque de souplesse, de fermet\u00e9, le manque d’app\u00e9tit, le manque de retenue, les heures de colle, les id\u00e9es noires, les nuits blanches, les petits matins bl\u00eames, les difficult\u00e9s persistantes, le manque d’argent, le manque de temps, le manque de confiance, le manque d’humilit\u00e9, le manque d’imagination, le manque de repartie, le manque d’ argument, le moule \u00e0 manque, le manquement \u00e0 la r\u00e8gle, les r\u00e9ussites et les d\u00e9faites, les petites combines \u00e0 deux balles, le plomb dans la cervelle, les mensonges, les omissions, les p\u00e9ch\u00e9s, les bonnes poires, la queue de cerise d\u00e9rob\u00e9e, la pomme croqu\u00e9e, la banane \u00e9pluch\u00e9e, les p\u00e9pins du raisin, l’absurdit\u00e9 des raisons, le ver dans la prune, la ficelle du poulet r\u00f4ti, la peau des andouilles, la peau du lapin, la papatte du chien, la langue pendante, les pieds sur les deux freins, le pied sur le champignon, toujours le sempiternel refrain, le geste auguste du semeur, le bras d’honneur, le noeud gordien, le foin pour lequel on fait l’\u00e2ne, le couteau trouv\u00e9 par la poule, le bonheur des imbeciles, la b\u00e9atitude des serins, la m\u00e9lancolie des g\u00e9nies, la messe de minuit, P\u00e2ques au tison, un \u00e9t\u00e9 pourri, une fleur au fusil, le manque de t\u00e9nacit\u00e9, l’exc\u00e8s de d\u00e9sinvolture, la cuiller\u00e9e pour maman, la bouch\u00e9e pour papa, le yin et le yang, les herbes aromatiques, le go\u00fbt perdu, le go\u00fbt retrouv\u00e9 la longue cohorte des d\u00e9go\u00fbts, le soup\u00e7on de sel, le scrupule en la mati\u00e8re, la t\u00eate \u00e0 Toto, le ventre de Paris, l’araign\u00e9e au plafond, le lupin des pr\u00e9s, les allers et les retours, les dimanches qui n’en finissent pas, le tour de France. le petit v\u00e9lo, l’\u00e9ternel perdant, le second permanent, les virements bancaires, le ch\u00e8que en bois, les montagnes de toc, les lundis sous la pluie, la montre plaqu\u00e9e, la gourmette qui brille trop, les orifices bouch\u00e9s, les plaies qui suintent, la musique de supermarch\u00e9, les caddies qui bouchonnent, la caissi\u00e8re aux l\u00e8vres gerc\u00e9es, le patron beat, le coup du p\u00e8re Fran\u00e7ois, celui de Trafalgar, les 400 coups, celui de Jarnac, la botte de Nevers, le lasso de Buffalo Bill, l’herbe de bison dans la bouteille, la vodka trop chaude, le canon tremp\u00e9 dans une barrique de flotte, pour tuer plus et plus vite, le lieu o\u00f9 les Satrapes s’attrap\u00e9rent, le bras perdu \u00e0 la victoire de Samothrace, les bras qui tombent vu l’ampleur des d\u00e9g\u00e2ts, les maudits trous dans le gruy\u00e8re, la dent cass\u00e9e sur une porte claqu\u00e9e, la Fanny des boules, la glace qui fond sur le cornet puis sur les doigts, le temps qui se brouille, la m\u00e9moire qui fait d\u00e9faut, la paille dans la main, la poussi\u00e8re dans l’\u0153il, les poches crev\u00e9es, la fausse monnaie, le retour \u00e0 l’envoyeur, le chien de ma chienne, le taureau pris par les cornes, la corrida de No\u00ebl, le m’as-tu-vu du samedi soir, le fond du verre, la bouteille \u00e0 moiti\u00e9 vide, le fond de veau, l’acidit\u00e9 des prunelles, la grenouille qui veut se faire aussi grosse qu’un b\u0153uf, le grenier o\u00f9 elle s\u00e8che, la cave o\u00f9 il fait noir, la m\u00e8re a quatre bras du puit, la chouette crucifi\u00e9e sur la porte, l’oiseau frapp\u00e9 en plein vol, la d\u00e9rive des incontinents, le rapprochement des faits, la preuve par neuf, la baignoire qui fuit, le robinet qui coule, le printemps qui revient, les femmes prises pour des truies par des veaux, les vessies prises pour des lanternes, le meunier qui dort, le crocodile qui veille au grain, l’hallali les jours de solde, la course \u00e0 l’\u00e9chalote, le pluriel des attentes interminables, le singulier de la foule, l’\u00e9tranget\u00e9 des \u00e9vidences, la frappe jet\u00e9e par l’ alignement, la propri\u00e9t\u00e9 c’est le vol, la b\u00eatise la mieux partag\u00e9e, la raison du plus fort, les yeux qui s,injectent de sang, le carton rouge donn\u00e9 par l’arbitre, la joie simple des gueux, le bon sens des repus, l’affiche rouge, le pull over rouge, le petit livre rouge, les betteraves rouges, l’arrogance des minables, le parfum de l’entourloupe, le monologue incessant, la barre au t, le point sur le i, la cuisson exag\u00e9r\u00e9e des carottes, le point \u00e0 la ligne.<\/p>",
"content_text": "\n\nPour partir le coeur l\u00e9ger. Pour en finir avec le regret. Pour laisser propre, si possible, derri\u00e8re soi. A l' impossible nul n'est tenu. Ceux qui n'ont rien compris, on ne leur en voudra pas. On ne s'est pas compris soi-m\u00eame. Il n'y a peut-\u00eatre rien \u00e0 comprendre. La t\u00eate ailleurs, t\u00eate de cochon ou t\u00eate de lard, l'ent\u00eatement et l'endettement, l'abus de croyance, les exc\u00e8s de cr\u00e9dits comme de m\u00e9fiance, tous les exc\u00e8s pour mesurer la dose exacte, sans oublier l'obsession du manque. Le manque d'entrain, le manque de rigueur, le manque \u00e0 gagner, les occasions manqu\u00e9es, celles surtout de la boucler, la bouche en c\u0153ur, le manque de souplesse, de fermet\u00e9, le manque d'app\u00e9tit, le manque de retenue, les heures de colle, les id\u00e9es noires, les nuits blanches, les petits matins bl\u00eames, les difficult\u00e9s persistantes, le manque d'argent, le manque de temps, le manque de confiance, le manque d'humilit\u00e9, le manque d'imagination, le manque de repartie, le manque d' argument, le moule \u00e0 manque, le manquement \u00e0 la r\u00e8gle, les r\u00e9ussites et les d\u00e9faites, les petites combines \u00e0 deux balles, le plomb dans la cervelle, les mensonges, les omissions, les p\u00e9ch\u00e9s, les bonnes poires, la queue de cerise d\u00e9rob\u00e9e, la pomme croqu\u00e9e, la banane \u00e9pluch\u00e9e, les p\u00e9pins du raisin, l'absurdit\u00e9 des raisons, le ver dans la prune, la ficelle du poulet r\u00f4ti, la peau des andouilles, la peau du lapin, la papatte du chien, la langue pendante, les pieds sur les deux freins, le pied sur le champignon, toujours le sempiternel refrain, le geste auguste du semeur, le bras d'honneur, le noeud gordien, le foin pour lequel on fait l'\u00e2ne, le couteau trouv\u00e9 par la poule, le bonheur des imbeciles, la b\u00e9atitude des serins, la m\u00e9lancolie des g\u00e9nies, la messe de minuit, P\u00e2ques au tison, un \u00e9t\u00e9 pourri, une fleur au fusil, le manque de t\u00e9nacit\u00e9, l'exc\u00e8s de d\u00e9sinvolture, la cuiller\u00e9e pour maman, la bouch\u00e9e pour papa, le yin et le yang, les herbes aromatiques, le go\u00fbt perdu, le go\u00fbt retrouv\u00e9 la longue cohorte des d\u00e9go\u00fbts, le soup\u00e7on de sel, le scrupule en la mati\u00e8re, la t\u00eate \u00e0 Toto, le ventre de Paris, l'araign\u00e9e au plafond, le lupin des pr\u00e9s, les allers et les retours, les dimanches qui n'en finissent pas, le tour de France. le petit v\u00e9lo, l'\u00e9ternel perdant, le second permanent, les virements bancaires, le ch\u00e8que en bois, les montagnes de toc, les lundis sous la pluie, la montre plaqu\u00e9e, la gourmette qui brille trop, les orifices bouch\u00e9s, les plaies qui suintent, la musique de supermarch\u00e9, les caddies qui bouchonnent, la caissi\u00e8re aux l\u00e8vres gerc\u00e9es, le patron beat, le coup du p\u00e8re Fran\u00e7ois, celui de Trafalgar, les 400 coups, celui de Jarnac, la botte de Nevers, le lasso de Buffalo Bill, l'herbe de bison dans la bouteille, la vodka trop chaude, le canon tremp\u00e9 dans une barrique de flotte, pour tuer plus et plus vite, le lieu o\u00f9 les Satrapes s'attrap\u00e9rent, le bras perdu \u00e0 la victoire de Samothrace, les bras qui tombent vu l'ampleur des d\u00e9g\u00e2ts, les maudits trous dans le gruy\u00e8re, la dent cass\u00e9e sur une porte claqu\u00e9e, la Fanny des boules, la glace qui fond sur le cornet puis sur les doigts, le temps qui se brouille, la m\u00e9moire qui fait d\u00e9faut, la paille dans la main, la poussi\u00e8re dans l'\u0153il, les poches crev\u00e9es, la fausse monnaie, le retour \u00e0 l'envoyeur, le chien de ma chienne, le taureau pris par les cornes, la corrida de No\u00ebl, le m'as-tu-vu du samedi soir, le fond du verre, la bouteille \u00e0 moiti\u00e9 vide, le fond de veau, l'acidit\u00e9 des prunelles, la grenouille qui veut se faire aussi grosse qu'un b\u0153uf, le grenier o\u00f9 elle s\u00e8che, la cave o\u00f9 il fait noir, la m\u00e8re a quatre bras du puit, la chouette crucifi\u00e9e sur la porte, l'oiseau frapp\u00e9 en plein vol, la d\u00e9rive des incontinents, le rapprochement des faits, la preuve par neuf, la baignoire qui fuit, le robinet qui coule, le printemps qui revient, les femmes prises pour des truies par des veaux, les vessies prises pour des lanternes, le meunier qui dort, le crocodile qui veille au grain, l'hallali les jours de solde, la course \u00e0 l'\u00e9chalote, le pluriel des attentes interminables, le singulier de la foule, l'\u00e9tranget\u00e9 des \u00e9vidences, la frappe jet\u00e9e par l' alignement, la propri\u00e9t\u00e9 c'est le vol, la b\u00eatise la mieux partag\u00e9e, la raison du plus fort, les yeux qui s,injectent de sang, le carton rouge donn\u00e9 par l'arbitre, la joie simple des gueux, le bon sens des repus, l'affiche rouge, le pull over rouge, le petit livre rouge, les betteraves rouges, l'arrogance des minables, le parfum de l'entourloupe, le monologue incessant, la barre au t, le point sur le i, la cuisson exag\u00e9r\u00e9e des carottes, le point \u00e0 la ligne. 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"date_published": "2023-05-01T05:23:28Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z",
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"content_html": " Ce sont les cellules du corps qui se nourrissent d’impressions comme la cervelle de pens\u00e9es, le ventre de farfalles au pesto.<\/p>\n la pens\u00e9e, le ventre, la langue ne devraient pas chercher a extraire quoique ce soit de l’impression, ce ne sont pas leur domaine.<\/p>\n la substantifique moelle de l’impression sera r\u00e9serv\u00e9e \u00e0 la cellule seule.<\/p>\n l’usage de la m\u00e9taphore comme d\u00e9rivation des impressions devrait \u00eatre interdite par d\u00e9cret, ou mieux encore, l’inscrire dans la constitution.<\/p>\n Se sentir affam\u00e9, en manque de tout \u00e0 un tel point, qu’on se rue sur la m\u00e9taphore.<\/p>\n se laisser traverser de part en part par une impression. L’observer sans y toucher, sans la tripoter.<\/p>\n Est-ce que tu tripoterais une jolie femme qui passe devant tes yeux ? une vieille femme hideuse ? un crotale ?<\/p>\n une fois j’ai lev\u00e9 la main et un billet de 200 francs s’y est coll\u00e9, j’ai juste eu le temps de voir le chiffre 200 et je l’ai aussit\u00f4t fourr\u00e9 dans ma poche de peur que ce ne soit qu’un r\u00eave. Mais ce n’\u00e9tait qu’un r\u00eave dans le r\u00eave \u00e9videmment. Quel b\u00e9n\u00e9fice en ai-je tir\u00e9 ? quelques bi\u00e8res, quelques kebab du c\u00f4t\u00e9 de Chateau-Rouge, le renouvellement des \u00e9pices \u00e0 l’\u00e9picerie africaine sous mes fen\u00eatres. Tout est all\u00e9 au ventre. Si je n’avais pas ferm\u00e9 la main le billet se serait envol\u00e9 de nouveau vers une autre main, l’id\u00e9e d’un billet de 200 francs qui vole ainsi de main en main et que personne ne saisit, que chacun laisse s’envoler \u00e0 nouveau. J’\u00e9tais peut-\u00eatre un maillon d’une tr\u00e8s longue cha\u00eenes de renoncements. Moi j’ai referm\u00e9 la main sur ce billet. Ai-je failli, comme on fait faillite \u00e0 ce moment l\u00e0 ? j’ai imm\u00e9diatement song\u00e9 que j’avais \u00e9t\u00e9 choisi par la Providence, bien s\u00fbr. Grossi\u00e8re erreur de d\u00e9butant.<\/p>\n Le beau temps n’appartient pas plus \u00e0 moi qu’\u00e0 personne d’autre. C’est sans doute pour \u00e7a que tout le monde dit il faut beau<\/em>... pour essayer de partager cette impression qui n’appartient \u00e0 personne, au lieu de dire quelque chose de concret comme : as-tu pens\u00e9 \u00e0 racheter des filtres \u00e0 caf\u00e9 ?<\/p>\n Ce qui reste d’une impression lorsque celle-ci a satisfait la cellule, est une scorie que la pens\u00e9e peut parfois utiliser, mais de fa\u00e7on inconsciente. Que l’art aussi utilis\u00e9 en toute inconscience. Sachant aussi qu’au dernier niveau de la ma\u00eetrise conscience et inconscience s’inversent, que C\u00e9sar rend tout au centuple \u00e0 son peuple.<\/p>\n j’ai l’impression qu’il va pleuvoir. Non tu n’as rien du tout, sauf des \u00e9cailles devant les yeux.<\/p>\n Il \u00e9tait impressionnant. C’est \u00e0 dire que toutes les cellules de mon corps attach\u00e8rent leur serviette leur cou et s’emparant de leurs couverts, firent dans mon corps un tintamarre du feu de Dieu.<\/p>\n une impression photographique, la persistance r\u00e9tinienne. Appuyez donc votre menton, rapprochez-vous, regarder le,point vert, ne cillez plus. Un parfait rond violet clair, presque rose, persiste ensuite dans la p\u00e9nombre du cabinet aux murs verts. FOND DE L’\u0152IL.<\/p>\n impr\u00e9cise, l’impression perdure.<\/p>\n On s’attarde ainsi plus sur les fonds, en peinture, une fois la pr\u00e9cision des premiers plans aval\u00e9s. La pr\u00e9cision marque le gibier, le flou aide le li\u00e8vre \u00e0 se fondre dans les luzernes.<\/p>\n une impression peut se relier a une autre, faire une cha\u00eene, un collier, mais pas un os dans le nez.<\/p>\n une impression peut embo\u00eeter le pas d’une autre impression, mais parvenu devant le tourniquet du m\u00e9tro chacune doit enfiler son propre ticket pour parvenir \u00e0 quai.<\/p>\n La chair de poule n’est pas une impression, elle est seulement la manifestation de ce qui se produit dans une salle de fitness int\u00e9rieure, lorsque les cellules trop gav\u00e9es p\u00e9dalent \u00e0 en perdre haleine<\/p>\n On ne devrait pas dire : j’ai une ou des impressions bizarres , mais plut\u00f4t : Je suis travers\u00e9 en ce moment par quelque chose qui ne s’adresse pas directement \u00e0 moi. Cela produirait un d\u00e9doublement d\u00e9sopilant du je, qui pourrait enfin lacer ses chaussures sans se briser le dos, ou martyriser un siege.<\/p>\n Se fier \u00e0 une impression, de pr\u00e9f\u00e9rence la premi\u00e8re , est en contradiction avec ne pas se fier aux apparences, vous l’aurez s\u00fbrement remarqu\u00e9.<\/p>\n les peintres impressionnistes au bout d’une assez longue et p\u00e9nible d\u00e9votion, ne m’impressionn\u00e8rent plus, et c’est justement \u00e0 ce moment pr\u00e9cis que je pus les appr\u00e9cier.<\/p>\n Paul C\u00e9zanne peignit tant de fois la Sainte-Victoire parce qu’il cherchait la nature de l’impression qu’elle lui procurait. Qu’elle procurait surtout aux cellules de ses jambes, de son dos pour pouvoir marcher et trimballer son mat\u00e9riel, \u00e0 chaque fois, chaque jour, vers cette source de ravitaillement infinie.<\/p>",
"content_text": "Paul C\u00e9zanne La sainte Victoire \n\nCe sont les cellules du corps qui se nourrissent d'impressions comme la cervelle de pens\u00e9es, le ventre de farfalles au pesto.\n\nla pens\u00e9e, le ventre, la langue ne devraient pas chercher a extraire quoique ce soit de l'impression, ce ne sont pas leur domaine. \n\nla substantifique moelle de l'impression sera r\u00e9serv\u00e9e \u00e0 la cellule seule.\n\nl'usage de la m\u00e9taphore comme d\u00e9rivation des impressions devrait \u00eatre interdite par d\u00e9cret, ou mieux encore, l'inscrire dans la constitution. \n\nSe sentir affam\u00e9, en manque de tout \u00e0 un tel point, qu'on se rue sur la m\u00e9taphore. \n\nse laisser traverser de part en part par une impression. L'observer sans y toucher, sans la tripoter. \n\nEst-ce que tu tripoterais une jolie femme qui passe devant tes yeux ? une vieille femme hideuse? un crotale ? \n\nune fois j'ai lev\u00e9 la main et un billet de 200 francs s'y est coll\u00e9, j'ai juste eu le temps de voir le chiffre 200 et je l'ai aussit\u00f4t fourr\u00e9 dans ma poche de peur que ce ne soit qu'un r\u00eave. Mais ce n'\u00e9tait qu'un r\u00eave dans le r\u00eave \u00e9videmment. Quel b\u00e9n\u00e9fice en ai-je tir\u00e9 ? quelques bi\u00e8res, quelques kebab du c\u00f4t\u00e9 de Chateau-Rouge, le renouvellement des \u00e9pices \u00e0 l'\u00e9picerie africaine sous mes fen\u00eatres. Tout est all\u00e9 au ventre. Si je n'avais pas ferm\u00e9 la main le billet se serait envol\u00e9 de nouveau vers une autre main, l'id\u00e9e d'un billet de 200 francs qui vole ainsi de main en main et que personne ne saisit, que chacun laisse s'envoler \u00e0 nouveau. J'\u00e9tais peut-\u00eatre un maillon d'une tr\u00e8s longue cha\u00eenes de renoncements. Moi j'ai referm\u00e9 la main sur ce billet. Ai-je failli, comme on fait faillite \u00e0 ce moment l\u00e0 ? j'ai imm\u00e9diatement song\u00e9 que j'avais \u00e9t\u00e9 choisi par la Providence, bien s\u00fbr. Grossi\u00e8re erreur de d\u00e9butant.\n\nLe beau temps n'appartient pas plus \u00e0 moi qu'\u00e0 personne d'autre. C'est sans doute pour \u00e7a que tout le monde dit il faut beau... pour essayer de partager cette impression qui n'appartient \u00e0 personne, au lieu de dire quelque chose de concret comme: as-tu pens\u00e9 \u00e0 racheter des filtres \u00e0 caf\u00e9 ? \n\nCe qui reste d'une impression lorsque celle-ci a satisfait la cellule, est une scorie que la pens\u00e9e peut parfois utiliser, mais de fa\u00e7on inconsciente. Que l'art aussi utilis\u00e9 en toute inconscience. Sachant aussi qu'au dernier niveau de la ma\u00eetrise conscience et inconscience s'inversent, que C\u00e9sar rend tout au centuple \u00e0 son peuple. \n\nj'ai l'impression qu'il va pleuvoir. Non tu n'as rien du tout, sauf des \u00e9cailles devant les yeux. \n\nIl \u00e9tait impressionnant. C'est \u00e0 dire que toutes les cellules de mon corps attach\u00e8rent leur serviette leur cou et s'emparant de leurs couverts, firent dans mon corps un tintamarre du feu de Dieu. \n\nune impression photographique, la persistance r\u00e9tinienne. Appuyez donc votre menton, rapprochez-vous, regarder le,point vert, ne cillez plus. Un parfait rond violet clair, presque rose, persiste ensuite dans la p\u00e9nombre du cabinet aux murs verts. FOND DE L'\u0152IL.\n\nimpr\u00e9cise, l'impression perdure. \n\nOn s'attarde ainsi plus sur les fonds, en peinture, une fois la pr\u00e9cision des premiers plans aval\u00e9s. La pr\u00e9cision marque le gibier, le flou aide le li\u00e8vre \u00e0 se fondre dans les luzernes. \n\nune impression peut se relier a une autre, faire une cha\u00eene, un collier, mais pas un os dans le nez. \n\nune impression peut embo\u00eeter le pas d'une autre impression, mais parvenu devant le tourniquet du m\u00e9tro chacune doit enfiler son propre ticket pour parvenir \u00e0 quai.\n\nLa chair de poule n'est pas une impression, elle est seulement la manifestation de ce qui se produit dans une salle de fitness int\u00e9rieure, lorsque les cellules trop gav\u00e9es p\u00e9dalent \u00e0 en perdre haleine \n\nOn ne devrait pas dire : j'ai une ou des impressions bizarres , mais plut\u00f4t : Je suis travers\u00e9 en ce moment par quelque chose qui ne s'adresse pas directement \u00e0 moi. Cela produirait un d\u00e9doublement d\u00e9sopilant du je, qui pourrait enfin lacer ses chaussures sans se briser le dos, ou martyriser un siege. \n\nSe fier \u00e0 une impression, de pr\u00e9f\u00e9rence la premi\u00e8re , est en contradiction avec ne pas se fier aux apparences, vous l'aurez s\u00fbrement remarqu\u00e9. \n\nles peintres impressionnistes au bout d'une assez longue et p\u00e9nible d\u00e9votion, ne m'impressionn\u00e8rent plus, et c'est justement \u00e0 ce moment pr\u00e9cis que je pus les appr\u00e9cier. \n\nPaul C\u00e9zanne peignit tant de fois la Sainte-Victoire parce qu'il cherchait la nature de l'impression qu'elle lui procurait. Qu'elle procurait surtout aux cellules de ses jambes, de son dos pour pouvoir marcher et trimballer son mat\u00e9riel, \u00e0 chaque fois, chaque jour, vers cette source de ravitaillement infinie. ",
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"date_published": "2023-05-01T04:04:38Z",
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"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " le dispositif serait le suivant : un pr\u00e9nom et la phrase \"ce que c’est que...\" plus une image inspir\u00e9e aussit\u00f4t par la rencontre, un panoramique de cette image, une sorte de petit \u00e9puisement de cet arbitraire- 3 minutes pour \u00e9couter, sentir, s’entretenir avec elle ou lui, sur l’\u00eatre qui porte ce pr\u00e9nom. Sont-ils r\u00e9el ? imaginaires ? aucune importance. L’arbitraire de ce que cette situation inspire, sera \u00e9crit un peu plus tard, en une vingtaine de minutes et ne devrait faire qu’une seule page.<\/p>\n d’apr\u00e8s une id\u00e9e de Fran\u00e7ois Bon et de R\u00e9mi Checchetto.<\/p>\n En lisant les scans envoy\u00e9s par Fran\u00e7ois, je d\u00e9couvre la bienveillance de R\u00e9mi Checchetto envers ses mod\u00e8les. En effet ces portraits sont ensuite livr\u00e9s \u00e0 leurs mod\u00e8les, mieux vaut \u00eatre prudent. D’autre part ce qui est \u00e9crit ne se base que sur un aper\u00e7u lacunaire, ce sont des portraits partiels, des portraits qui ne repr\u00e9sentent que l’arbitraire des trois minutes \u00e9chang\u00e9es avec la personne, dans un instant donn\u00e9, et que cet instantan\u00e9 d\u00e9clenche par la suite dans la vingtaine de minutes d’\u00e9criture.<\/p>\n Le mode bienveillant. Se mettre en mode bienveillant. Basculer, sombrer, s’\u00e9lever dans ce mode, en \u00e9tant plut\u00f4t bienveillant. Une pr\u00e9f\u00e9rence pour la bienveillance. Bon enfant. Pas envers la personne finalement, mais avec la notion d’arbitraire. Accueillir l’arbitraire l’esprit ouvert. Rester comme \u00e0 distance de ce qui vient se recueillir, s’\u00e9crire, puis s’en aller. Ce que l’on va choisir d’\u00e9crire ne devrait porter pr\u00e9judice \u00e0 personne, notamment pas \u00e0 soi-m\u00eame. Dans ce soi devenant creuset de cet arbitraire. Un exercice de tournure d’esprit bien plus qu’un simple exercice d’\u00e9criture. S’agit pas non plus d’\u00eatre l\u00e9nifiant. Comme en peinture il serait bien utile de trouver le ton, ou en musique l’accord qui sonne juste. On pourrait utiliser cet exercice comme outil de r\u00e9capitulation chamanique. Remonter \u00e0 certains noeuds dans lesquels une \u00e9nergie est rest\u00e9e bloqu\u00e9e, col\u00e8re, jalousie, envie, etc. Renverser les points de vue, changer de point d’assemblage. En profiter pour d\u00e9nouer.<\/p>\n P. 1980<\/p>\n Ce que c’est que d’avoir peur de se faire avoir, une peur \u00e0 transformer en autre chose, une r\u00e9sistance. Vouloir \u00eatre indemne, rester indemne, trouver en soi le courage de renoncer \u00e0 se faire avoir. Agir \u00e0 partir de ce courage, de cette peur. C’est peut-\u00eatre le d\u00e9sir de ne pas se faire avoir par la peur d’avoir peur. Par la peur du d\u00e9sir de sombrer et le lieu ici soudain semble essentiel. Le lieu du combat, le lieu du sacrifice, l’autel ou le ring sur lequel se laisser envahir ou combattre la peur. L’ici contre l’ailleurs, la lumi\u00e8re contre l’ombre, la chaleur contre le froid, le soleil contre la nuit, l’indiff\u00e9rence contre l’amour. Une affaire de localisation. La peur d’\u00eatre localis\u00e9 d\u00e9finitivement dans l’ici et de rater l’ailleurs. La peur de rater par peur de ce qu’impose le d\u00e9sir d’ailleurs. La peur de devenir trop localis\u00e9e, de se sentir mal localis\u00e9e, de ne pas se sentir \u00e0 l’aise dans un lieu, de vouloir changer de lieu, pas forc\u00e9ment pour se rendre quelque part, mais pour ne pas rester ici terrass\u00e9e par la peur ou le d\u00e9sir sans rien faire, d’\u00eatre t\u00e9tanis\u00e9e par la peur et le d\u00e9sir et de ne rien savoir qu’en faire. De ne pas savoir que faire de la peur ni du d\u00e9sir. S’\u00e9nerver, se mettre en col\u00e8re, s’en prendre \u00e0 soi-m\u00eame, se mettre en col\u00e8re de ne pas pouvoir faire un seul pas en dehors du cercle de cette peur, de ce d\u00e9sir. Pousser la col\u00e8re et les regrets. Et soudain se lancer, peu importe la maladresse, peu importe les tergiversations, peu importe les avis, peu importe l’opinions des autres, pas m\u00eame la sienne, lui qui est assez fort, il comprendra, et s’il ne comprend pas tant pis. Ca peut prendre un peu de temps le temps qu’il comprenne. Tant pis ou tant mieux. Il faut voir confiance, il faut se faire confiance. il ne faut pas rester dans le doute, dans l’h\u00e9sitation, dans la peur, il faut agir maintenant, il faut partir, il faut aller tr\u00e8s loin. se d\u00e9localiser, devenir ind\u00e9tectable, parce que le lieu et la peur sont devenus trop intimes, parce que le d\u00e9sir et les lieux sont trop li\u00e9s. Il faut trancher. Il faut lever le pied, lever le camp, faire un pas, sortir de chez soi, plonger dans l’ailleurs, vaincre la peur, vaincre le d\u00e9sir, choisir, \u00eatre libre<\/p>\n P. 1989<\/p>\n Ce que c’est que la m\u00e9fiance. De devoir la d\u00e9passer pour faire confiance. Quand chaque trahison est un morceau d’\u00e2me qu’on voit partir, qu’on croit perdre, mais qui ne sont qu’\u00e9tapes vers la confiance en soi. \u00c0 venir. \u00c7e que c’est que la m\u00e9fiance. Un petit bout de glace dans l’\u0153il qui trouble la puret\u00e9 de l’air. Une poussi\u00e8re dans l’\u0153il qui fait qu’on louche, qu’on devient myope, qu’on se recroqueville sur soi-m\u00eame. Il faudrait croire en une possibilit\u00e9 d’accueil quand on a \u00e9t\u00e9 banni, d’autant plus qu’on aura \u00e9t\u00e9 banni. Il faudrait parvenir \u00e0 s’\u00e9lever, \u00e0 prendre de l’altitude, \u00e0 sourire de la trahison m\u00eame. Sourire du manque de confiance des autres en eux-m\u00eames, pas m\u00e9chamment, mais comme on observe un moineau voler du pain aux pigeons. En rire. Rire de ses propres m\u00e9fiances, rire des trahisons \u00e0 venir, cueillir tout cela comme on accueille le soleil ou la pluie. R\u00e9cup\u00e9rer ainsi la force, l’\u00e9nergie perdu dans les chagrins dans la tristesse, la rancune, parvenir \u00e0 s’\u00e9lever au-dessus de tout cela, des pens\u00e9es surtout, revenir aux impressions, \u00e0 la sympathie premi\u00e8re. au primordial, comme \u00e0 la solitude essentielle, au lieu exact de toutes les retrouvailles.<\/p>\n M. 2023.<\/p>\n Ce que c’est qu’une pr\u00e9sence que cr\u00e9el’absence. Les ombres coupantes dans une ruelle de Casa, d’un bidonville. Le soleil sur une peau blanche ponctu\u00e9e de taches de rousseur, des l\u00e8vres p\u00e2les, un triste sourire, contre mauvaise fortune bon c\u0153ur. Les pr\u00e9sences aussi cr\u00e9ent l’absence, les illusions, la rage, l’envie d’apprendre. Ce que sont pr\u00e9sences et absences sous un m\u00eame ciel, dans cet air qu’on respire cette eau qu’on boit , la nuit qui revient chaque soir, les souvenirs et l’oubli. La gentillesse s’envole soudain comme une palombe, \u00e0 l’angle d’une rue ; La m\u00e9taphore ultime recours du d\u00e9pourvu. La gentillesse ne dispara\u00eet que si l’on ne regarde plus le ciel. La gentillesse comme la na\u00efvet\u00e9 que l’on croit perdre et qui revient comme une chatte se frotter contre la joue. Le je n’est plus qu’un jeu, la gravit\u00e9 s’est m\u00e9tamorphos\u00e9e en l\u00e9g\u00e8ret\u00e9, en odeurs de thym ent\u00eatantes, les champs sont bleus lavandes. Sur un coin de table ces oignons \u00e9pluch\u00e9s et coup\u00e9s luisent dangereusement, saliver n’est plus de mise cependant. La frugalit\u00e9 est venue comme une bogue qui choit sur un chemin terreux, le brillant du marron rit, et nous aussi aller.<\/p>\n Quelques tentatives, un d\u00e9but. Ce n’est pas encore tout \u00e0 fait \u00e7a, mais comme on dit, un pas apr\u00e8s l’autre.<\/p>",
"content_text": "\n\nle dispositif serait le suivant : un pr\u00e9nom et la phrase \"ce que c'est que...\" plus une image inspir\u00e9e aussit\u00f4t par la rencontre, un panoramique de cette image, une sorte de petit \u00e9puisement de cet arbitraire- 3 minutes pour \u00e9couter, sentir, s'entretenir avec elle ou lui, sur l'\u00eatre qui porte ce pr\u00e9nom. Sont-ils r\u00e9el ? imaginaires ? aucune importance. L'arbitraire de ce que cette situation inspire, sera \u00e9crit un peu plus tard, en une vingtaine de minutes et ne devrait faire qu'une seule page. \n\nd'apr\u00e8s une id\u00e9e de Fran\u00e7ois Bon et de R\u00e9mi Checchetto.\n\nEn lisant les scans envoy\u00e9s par Fran\u00e7ois, je d\u00e9couvre la bienveillance de R\u00e9mi Checchetto envers ses mod\u00e8les. En effet ces portraits sont ensuite livr\u00e9s \u00e0 leurs mod\u00e8les, mieux vaut \u00eatre prudent. D'autre part ce qui est \u00e9crit ne se base que sur un aper\u00e7u lacunaire, ce sont des portraits partiels, des portraits qui ne repr\u00e9sentent que l'arbitraire des trois minutes \u00e9chang\u00e9es avec la personne, dans un instant donn\u00e9, et que cet instantan\u00e9 d\u00e9clenche par la suite dans la vingtaine de minutes d'\u00e9criture. \n\nLe mode bienveillant. Se mettre en mode bienveillant. Basculer, sombrer, s'\u00e9lever dans ce mode, en \u00e9tant plut\u00f4t bienveillant. Une pr\u00e9f\u00e9rence pour la bienveillance. Bon enfant. Pas envers la personne finalement, mais avec la notion d'arbitraire. Accueillir l'arbitraire l'esprit ouvert. Rester comme \u00e0 distance de ce qui vient se recueillir, s'\u00e9crire, puis s'en aller. Ce que l'on va choisir d'\u00e9crire ne devrait porter pr\u00e9judice \u00e0 personne, notamment pas \u00e0 soi-m\u00eame. Dans ce soi devenant creuset de cet arbitraire. Un exercice de tournure d'esprit bien plus qu'un simple exercice d'\u00e9criture. S'agit pas non plus d'\u00eatre l\u00e9nifiant. Comme en peinture il serait bien utile de trouver le ton, ou en musique l'accord qui sonne juste. On pourrait utiliser cet exercice comme outil de r\u00e9capitulation chamanique. Remonter \u00e0 certains noeuds dans lesquels une \u00e9nergie est rest\u00e9e bloqu\u00e9e, col\u00e8re, jalousie, envie, etc. Renverser les points de vue, changer de point d'assemblage. En profiter pour d\u00e9nouer.\n\nP. 1980\n\nCe que c'est que d'avoir peur de se faire avoir, une peur \u00e0 transformer en autre chose, une r\u00e9sistance. Vouloir \u00eatre indemne, rester indemne, trouver en soi le courage de renoncer \u00e0 se faire avoir. Agir \u00e0 partir de ce courage, de cette peur. C'est peut-\u00eatre le d\u00e9sir de ne pas se faire avoir par la peur d'avoir peur. Par la peur du d\u00e9sir de sombrer et le lieu ici soudain semble essentiel. Le lieu du combat, le lieu du sacrifice, l'autel ou le ring sur lequel se laisser envahir ou combattre la peur. L'ici contre l'ailleurs, la lumi\u00e8re contre l'ombre, la chaleur contre le froid, le soleil contre la nuit, l'indiff\u00e9rence contre l'amour. Une affaire de localisation. La peur d'\u00eatre localis\u00e9 d\u00e9finitivement dans l'ici et de rater l'ailleurs. La peur de rater par peur de ce qu'impose le d\u00e9sir d'ailleurs. La peur de devenir trop localis\u00e9e, de se sentir mal localis\u00e9e, de ne pas se sentir \u00e0 l'aise dans un lieu, de vouloir changer de lieu, pas forc\u00e9ment pour se rendre quelque part, mais pour ne pas rester ici terrass\u00e9e par la peur ou le d\u00e9sir sans rien faire, d'\u00eatre t\u00e9tanis\u00e9e par la peur et le d\u00e9sir et de ne rien savoir qu'en faire. De ne pas savoir que faire de la peur ni du d\u00e9sir. S'\u00e9nerver, se mettre en col\u00e8re, s'en prendre \u00e0 soi-m\u00eame, se mettre en col\u00e8re de ne pas pouvoir faire un seul pas en dehors du cercle de cette peur, de ce d\u00e9sir. Pousser la col\u00e8re et les regrets. Et soudain se lancer, peu importe la maladresse, peu importe les tergiversations, peu importe les avis, peu importe l'opinions des autres, pas m\u00eame la sienne, lui qui est assez fort, il comprendra, et s'il ne comprend pas tant pis. Ca peut prendre un peu de temps le temps qu'il comprenne. Tant pis ou tant mieux. Il faut voir confiance, il faut se faire confiance. il ne faut pas rester dans le doute, dans l'h\u00e9sitation, dans la peur, il faut agir maintenant, il faut partir, il faut aller tr\u00e8s loin. se d\u00e9localiser, devenir ind\u00e9tectable, parce que le lieu et la peur sont devenus trop intimes, parce que le d\u00e9sir et les lieux sont trop li\u00e9s. Il faut trancher. Il faut lever le pied, lever le camp, faire un pas, sortir de chez soi, plonger dans l'ailleurs, vaincre la peur, vaincre le d\u00e9sir, choisir, \u00eatre libre \n\nP. 1989\n\nCe que c'est que la m\u00e9fiance. De devoir la d\u00e9passer pour faire confiance. Quand chaque trahison est un morceau d'\u00e2me qu'on voit partir, qu'on croit perdre, mais qui ne sont qu'\u00e9tapes vers la confiance en soi. \u00c0 venir. \u00c7e que c'est que la m\u00e9fiance. Un petit bout de glace dans l'\u0153il qui trouble la puret\u00e9 de l'air. Une poussi\u00e8re dans l'\u0153il qui fait qu'on louche, qu'on devient myope, qu'on se recroqueville sur soi-m\u00eame. Il faudrait croire en une possibilit\u00e9 d'accueil quand on a \u00e9t\u00e9 banni, d'autant plus qu'on aura \u00e9t\u00e9 banni. Il faudrait parvenir \u00e0 s'\u00e9lever, \u00e0 prendre de l'altitude, \u00e0 sourire de la trahison m\u00eame. Sourire du manque de confiance des autres en eux-m\u00eames, pas m\u00e9chamment, mais comme on observe un moineau voler du pain aux pigeons. En rire. Rire de ses propres m\u00e9fiances, rire des trahisons \u00e0 venir, cueillir tout cela comme on accueille le soleil ou la pluie. R\u00e9cup\u00e9rer ainsi la force, l'\u00e9nergie perdu dans les chagrins dans la tristesse, la rancune, parvenir \u00e0 s'\u00e9lever au-dessus de tout cela, des pens\u00e9es surtout, revenir aux impressions, \u00e0 la sympathie premi\u00e8re. au primordial, comme \u00e0 la solitude essentielle, au lieu exact de toutes les retrouvailles.\n\nM. 2023.\n\nCe que c'est qu'une pr\u00e9sence que cr\u00e9el'absence. Les ombres coupantes dans une ruelle de Casa, d'un bidonville. Le soleil sur une peau blanche ponctu\u00e9e de taches de rousseur, des l\u00e8vres p\u00e2les, un triste sourire, contre mauvaise fortune bon c\u0153ur. Les pr\u00e9sences aussi cr\u00e9ent l'absence, les illusions, la rage, l'envie d'apprendre. Ce que sont pr\u00e9sences et absences sous un m\u00eame ciel, dans cet air qu'on respire cette eau qu'on boit , la nuit qui revient chaque soir, les souvenirs et l'oubli. La gentillesse s'envole soudain comme une palombe, \u00e0 l'angle d'une rue; La m\u00e9taphore ultime recours du d\u00e9pourvu. La gentillesse ne dispara\u00eet que si l'on ne regarde plus le ciel. La gentillesse comme la na\u00efvet\u00e9 que l'on croit perdre et qui revient comme une chatte se frotter contre la joue. Le je n'est plus qu'un jeu, la gravit\u00e9 s'est m\u00e9tamorphos\u00e9e en l\u00e9g\u00e8ret\u00e9, en odeurs de thym ent\u00eatantes, les champs sont bleus lavandes. Sur un coin de table ces oignons \u00e9pluch\u00e9s et coup\u00e9s luisent dangereusement, saliver n'est plus de mise cependant. La frugalit\u00e9 est venue comme une bogue qui choit sur un chemin terreux, le brillant du marron rit, et nous aussi aller.\n\nQuelques tentatives, un d\u00e9but. Ce n'est pas encore tout \u00e0 fait \u00e7a, mais comme on dit, un pas apr\u00e8s l'autre. ",
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"title": "trois petits travaux",
"date_published": "2023-04-30T06:00:38Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Mal organis\u00e9, inquiet, terroris\u00e9 parfois, j’essaie de surnager comme je peux. L’enfant t\u00eatu ne veut toujours pas couler. Je fais sur la tablette, je vole un peu de temps, de plaisir. Et tant pis s’il n’y a pas de lien, au contraire.<\/p>\n (Premi\u00e8re partie)<\/p>\n \"\u2026 Au lieu d’utiliser des contours, au lieu de faire des formes ou de cr\u00e9er de l’espace, mon dessin d\u00e9clare l’espace. Au lieu de travailler avec les restes de l’espace, je travaille avec tout l’espace. \"<\/p>\n Barnett Newman consid\u00e9rait les dessins comme essentiels \u00e0 sa m\u00e9thode de travail. Et compte tenu de son penchant pour une seule ligne droite pour fa\u00e7onner l’espace (ce qui a \u00e9t\u00e9 surnomm\u00e9 le \"zip\"), il n’est pas clair si l’espace dont il parle est l’espace sur le morceau de papier bidimensionnel, ou un espace plus tridimensionnel. espace. Ou peut-\u00eatre pensait-il \u00e0 l’espace qu’impliquent ses dessins. Ou il aurait pu simplement parler de la zone, ou de l’espace, sur un morceau de papier. Beaucoup de questions que se posent les non-artistes finalement. Encore une fois agir n’est pas r\u00e9fl\u00e9chir. D\u00e9clarer plut\u00f4t que tergiverser.<\/p>\n Le long de l’East River entre le pont de Manhattan et la 14 \u00e8me rue s’\u00e9tend Lower East Side dont la limite ouest est Brodway. Ce quartier fut longtemps habit\u00e9 par une population ouvri\u00e8re et d\u00e9favoris\u00e9e, il n’avait pas bonne r\u00e9putation. Beaucoup de juifs venus d’Europe de l’Est y vivaient et y vivent encore. En 1910 on en comptait 540 000 d’apr\u00e8s le livre de Paul Johnson, une histoire du peuple juif <\/em> ( JC Lattes , 1989) C’est dans ce quartier de New York que nait Barnett Newman, le 29 janvier ( tiens comme moi ) mais lui ce fut l’ann\u00e9e 1905.<\/p>\n En 1905 que se passe t’il aux Etats-Unis d’important ?<\/p>\n Les Etats-Unis prennent le contr\u00f4le des droits de douanes, par un trait\u00e9 sign\u00e9 avec la R\u00e9publique Dominicaine. La cr\u00e9ation du Rotary Club. Cr\u00e9ation d’un protectorat qui mettra fin \u00e0 l’ing\u00e9rence am\u00e9ricaine en R\u00e9publique Dominicaine. Le d\u00e9but de l’\u00e8re Lochner ( la cour supr\u00eame s’oppose syst\u00e9matiquement \u00e0 toute r\u00e8glementation favorisant les conditions de travail, notamment les dur\u00e9es de travail et les salaires ) Ce qui entraine un peu plus tard la cr\u00e9ation d’un syndicat international, le International Workers of the Word \u00e0 Chicago, dont les participants seront nomm\u00e9s les Wobblies ( deux cents socialistes, anarchistes et syndicalistes radicaux) Ils souhaitent ainsi en r\u00e9action \u00e0 la loi Lochner, rassembler les travailleurs sans discrimination de sexe, de race ou de qualification. Ils pr\u00f4nent l\u2019action directe et l\u2019autod\u00e9fense en cas d\u2019agression. Les Noirs se r\u00e9unissent aux chutes du Niagara sous l’impulsion de William Edward Burghardt Du Bois <\/strong><\/em>( diminutif W.E.B du Bois) Des familles noires s’installent \u00e0 Harlem.<\/p>\n Il se passe toujours quelque chose quelque soit l’ann\u00e9e que l’on choisit sur Wikip\u00e9dia, c’est fascinant.<\/p>\n Donc Barnett est d’origine juive. Ses parents viennent de Lomza en Pologne. Le p\u00e8re Abraham gagne sa vie en vendant des pi\u00e8ces d\u00e9tach\u00e9es de machine \u00e0 coudre aux ouvriers des usines de v\u00eatements du coin. Est-ce pour la fabrication des jeans <\/em>qui demande \u00e9norm\u00e9ment de main d’\u0153uvre et de mati\u00e8re premi\u00e8re depuis la d\u00e9couvertes des premiers filons d’or du Klondike quelque ann\u00e9es auparavant ? On peut le supposer. Il faudrait effectuer des recherches pour en \u00eatre vraiment certain. Mais \u00e7a ne changerait en rien la vie de Barnett Newman, ni celle de son p\u00e8re Abraham qui gr\u00e2ce \u00e0 ce commerce permet \u00e0 la famille de vivre assez confortablement. D’ailleurs, en 1915 ils d\u00e9m\u00e9nageront dans le Bronx, et Barnett se met au piano, au sport et au sionisme puisqu’il fr\u00e9quente l’\u00e9cole H\u00e9bra\u00efque. ( il aura m\u00eame des cours particuliers en sus des autres dispens\u00e9s par de jeunes juifs arrivant eux aussi d’Europe)<\/p>\n Entre 1919 et 1923 Barnett fr\u00e9quente plus le M\u00e9tropolitan Mus\u00e9um of Art que l’\u00e9cole. C’est juste \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de l’\u00e9cole donc forc\u00e9ment beaucoup plus attractif. En 1923 il se met \u00e0 fond au dessin et d\u00e9croche un prix pour un dessin intitul\u00e9 \"Much-labored-over\" ( beaucoup travaill\u00e9) Il fait la rencontre d’Adolph Gottlieb qui revient de Paris et qui est fortement influenc\u00e9 par C\u00e9zanne, Matisse et Fernand Leger. Gottlieb dira un jour \" Pour moi, certaines abstractions n’ont rien \u00e0 voir avec l’abstraction. Au contraire, il s’agit du r\u00e9alisme de notre temps.\" <\/em> Ce qui sonne assez juste \u00e0 mon avis. Il cr\u00e9e en 1935 le groupe The Ten. ( Peut-\u00eatre un clin d’\u0153il \u00e0 l’ancien groupe Ten American painters qui fut cr\u00e9e en 1885 pour protester contre le mercantilisme de leurs anciennes expositions et leur ambiance de cirque... ) Ils furent les repr\u00e9sentants de l’impressionnisme am\u00e9ricain durant une bonne vingtaine d’ann\u00e9es.<\/p>\n Barnett est aussi copain avec un certain Aaron Siskind, qui deviendra plus tard un photographe assez connu. Mais pas par moi. Dans son travail, Siskind met en avant des d\u00e9tails de nature et d’architecture. Pour lui, ce sont des surfaces lui permettant de cr\u00e9er de nouvelles images totalement ind\u00e9pendantes de leur sujet d’origine.<\/p>\n Je m’arr\u00e8te l\u00e0 pour aujourd’hui. Suspens.<\/p>\n L’article complet sera publi\u00e9 sous forme de feuilleton pour ne pas accaparer le temps des lecteurs d’un seul coup.<\/p>",
"content_text": "(Premi\u00e8re partie) \n\n\"\u2026 Au lieu d'utiliser des contours, au lieu de faire des formes ou de cr\u00e9er de l'espace, mon dessin d\u00e9clare l'espace. Au lieu de travailler avec les restes de l'espace, je travaille avec tout l'espace. \"\n\nBarnett Newman consid\u00e9rait les dessins comme essentiels \u00e0 sa m\u00e9thode de travail. Et compte tenu de son penchant pour une seule ligne droite pour fa\u00e7onner l'espace (ce qui a \u00e9t\u00e9 surnomm\u00e9 le \"zip\"), il n'est pas clair si l'espace dont il parle est l'espace sur le morceau de papier bidimensionnel, ou un espace plus tridimensionnel. espace. Ou peut-\u00eatre pensait-il \u00e0 l'espace qu'impliquent ses dessins. Ou il aurait pu simplement parler de la zone, ou de l'espace, sur un morceau de papier. Beaucoup de questions que se posent les non-artistes finalement. Encore une fois agir n'est pas r\u00e9fl\u00e9chir. D\u00e9clarer plut\u00f4t que tergiverser.\n\nLe long de l'East River entre le pont de Manhattan et la 14 \u00e8me rue s'\u00e9tend Lower East Side dont la limite ouest est Brodway. Ce quartier fut longtemps habit\u00e9 par une population ouvri\u00e8re et d\u00e9favoris\u00e9e, il n'avait pas bonne r\u00e9putation. Beaucoup de juifs venus d'Europe de l'Est y vivaient et y vivent encore. En 1910 on en comptait 540 000 d'apr\u00e8s le livre de Paul Johnson, une histoire du peuple juif ( JC Lattes , 1989) C'est dans ce quartier de New York que nait Barnett Newman, le 29 janvier ( tiens comme moi ) mais lui ce fut l'ann\u00e9e 1905.\n\nEn 1905 que se passe t'il aux Etats-Unis d'important ?\n\nLes Etats-Unis prennent le contr\u00f4le des droits de douanes, par un trait\u00e9 sign\u00e9 avec la R\u00e9publique Dominicaine. La cr\u00e9ation du Rotary Club. Cr\u00e9ation d'un protectorat qui mettra fin \u00e0 l'ing\u00e9rence am\u00e9ricaine en R\u00e9publique Dominicaine. Le d\u00e9but de l'\u00e8re Lochner ( la cour supr\u00eame s'oppose syst\u00e9matiquement \u00e0 toute r\u00e8glementation favorisant les conditions de travail, notamment les dur\u00e9es de travail et les salaires ) Ce qui entraine un peu plus tard la cr\u00e9ation d'un syndicat international, le International Workers of the Word \u00e0 Chicago, dont les participants seront nomm\u00e9s les Wobblies ( deux cents socialistes, anarchistes et syndicalistes radicaux) Ils souhaitent ainsi en r\u00e9action \u00e0 la loi Lochner, rassembler les travailleurs sans discrimination de sexe, de race ou de qualification. Ils pr\u00f4nent l\u2019action directe et l\u2019autod\u00e9fense en cas d\u2019agression. Les Noirs se r\u00e9unissent aux chutes du Niagara sous l'impulsion de William Edward Burghardt Du Bois ( diminutif W.E.B du Bois) Des familles noires s'installent \u00e0 Harlem. \n\nIl se passe toujours quelque chose quelque soit l'ann\u00e9e que l'on choisit sur Wikip\u00e9dia, c'est fascinant.\n\nDonc Barnett est d'origine juive. Ses parents viennent de Lomza en Pologne. Le p\u00e8re Abraham gagne sa vie en vendant des pi\u00e8ces d\u00e9tach\u00e9es de machine \u00e0 coudre aux ouvriers des usines de v\u00eatements du coin. Est-ce pour la fabrication des jeans qui demande \u00e9norm\u00e9ment de main d'\u0153uvre et de mati\u00e8re premi\u00e8re depuis la d\u00e9couvertes des premiers filons d'or du Klondike quelque ann\u00e9es auparavant ? On peut le supposer. Il faudrait effectuer des recherches pour en \u00eatre vraiment certain. Mais \u00e7a ne changerait en rien la vie de Barnett Newman, ni celle de son p\u00e8re Abraham qui gr\u00e2ce \u00e0 ce commerce permet \u00e0 la famille de vivre assez confortablement. D'ailleurs, en 1915 ils d\u00e9m\u00e9nageront dans le Bronx, et Barnett se met au piano, au sport et au sionisme puisqu'il fr\u00e9quente l'\u00e9cole H\u00e9bra\u00efque. ( il aura m\u00eame des cours particuliers en sus des autres dispens\u00e9s par de jeunes juifs arrivant eux aussi d'Europe) \n\nEntre 1919 et 1923 Barnett fr\u00e9quente plus le M\u00e9tropolitan Mus\u00e9um of Art que l'\u00e9cole. C'est juste \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de l'\u00e9cole donc forc\u00e9ment beaucoup plus attractif. En 1923 il se met \u00e0 fond au dessin et d\u00e9croche un prix pour un dessin intitul\u00e9 \"Much-labored-over\" ( beaucoup travaill\u00e9) Il fait la rencontre d'Adolph Gottlieb qui revient de Paris et qui est fortement influenc\u00e9 par C\u00e9zanne, Matisse et Fernand Leger. Gottlieb dira un jour \" Pour moi, certaines abstractions n'ont rien \u00e0 voir avec l'abstraction. Au contraire, il s'agit du r\u00e9alisme de notre temps.\" Ce qui sonne assez juste \u00e0 mon avis. Il cr\u00e9e en 1935 le groupe The Ten. ( Peut-\u00eatre un clin d'\u0153il \u00e0 l'ancien groupe Ten American painters qui fut cr\u00e9e en 1885 pour protester contre le mercantilisme de leurs anciennes expositions et leur ambiance de cirque... ) Ils furent les repr\u00e9sentants de l'impressionnisme am\u00e9ricain durant une bonne vingtaine d'ann\u00e9es. \n\nBarnett est aussi copain avec un certain Aaron Siskind, qui deviendra plus tard un photographe assez connu. Mais pas par moi. Dans son travail, Siskind met en avant des d\u00e9tails de nature et d'architecture. Pour lui, ce sont des surfaces lui permettant de cr\u00e9er de nouvelles images totalement ind\u00e9pendantes de leur sujet d'origine.Quelques images d'Adolph Gottlieb et de ses \u0153uvres Quelques images d'Aaron Siskind et de ses \u0153uvres\n\nJe m'arr\u00e8te l\u00e0 pour aujourd'hui. Suspens. \n\nL'article complet sera publi\u00e9 sous forme de feuilleton pour ne pas accaparer le temps des lecteurs d'un seul coup.",
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"title": "Ma\u00eetre et serviteur",
"date_published": "2023-04-30T02:31:55Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " \"Bien entendu je me suis encore tromp\u00e9 sur toute la ligne\". La cr\u00e9ature doit se tromper pour que le ma\u00eetre arrive et—normalement— l’extirpe du mauvais pas dans lequel elle s’est fourr\u00e9e.<\/p>\n C’est un jeu, il y a certaines r\u00e8gles, normalement, on devrait se sentir tenu de les respecter.<\/p>\n Mais, cette fois le maitre adopte une toute autre tactique, il d\u00e9cide de ne rien faire et la cr\u00e9ature se retrouve estropi\u00e9e.<\/p>\n Ce qui ne porte pas chance au ma\u00eetre, puisqu’il doit d\u00e9sormais se d\u00e9brouiller pour effectuer seul ses corv\u00e9es quotidiennes.<\/p>\n Les forces en pr\u00e9sence. toujours la m\u00eame chose, depuis des lustres, le bon et le m\u00e9chant, le bien et le mal. C’est la vie comme on dit.<\/p>\n Mais que dire de la troisi\u00e8me force dont on ne parle jamais ? Celle cr\u00e9e par le frottement des deux autres ?<\/p>\n O\u00f9 se situe le v\u00e9ritable courage pour la cr\u00e9ature ? Est-ce le fait d’affronter perp\u00e9tuellement le ma\u00eetre, de lui ob\u00e9ir servilement ? Un peu des deux selon la m\u00e9t\u00e9o ? Rien de tout cela ?<\/p>\n Il y a un myst\u00e8re de la cr\u00e9ature comme il y a un myst\u00e8re du ma\u00eetre.<\/p>\n Dites-moi que les deux se valent.<\/p>\n Il y a aussi un myst\u00e8re du spectateur qui regarde se d\u00e9rouler le roman, le film, sa propre existence.<\/p>\n Ensuite bien sur on peut encore dire beaucoup de choses, tripoter tout cela \u00e0 en vomir d’auto satisfaction, d’ennui ou de d\u00e9gout...Des ma\u00eetres et des serviteurs l’ennui et le d\u00e9gout, au m\u00eame titre que l’occupation et l’amour et m\u00eame l’indiff\u00e9rence.<\/p>\n Et aussi, ne pensez-vous pas que, de fa\u00e7on r\u00e9guli\u00e8re, mettons une fois ou deux par jour , quand ce n’est pas \u00e0 la minute, les r\u00f4les puissent ne pas \u00eatre fig\u00e9s, qu’ ils peuvent s’intervertir, que la cr\u00e9ature devienne un instant le ma\u00eetre et vice versa ?<\/p>\n C’est un dialogue. Au d\u00e9but, un dialogue de sourd. Puis l’oreille s’ouvre comme s’ouvre une marguerite au beau milieu d’un champ de marguerites.<\/p>\n Il n’y a que des marguerites partout et plus personne pour les effeuiller. Elles tournent leurs t\u00eates vers le ciel, vers la lumi\u00e8re ; mais elles ne bronzent pas comme les touristes en ao\u00fbt sur les plages. Elles n’ont pas l’air de subir, il est possible qu’ elles \u00e9changent.<\/p>\n quel myst\u00e8re que ces \u00e9changes !<\/p>\n Peut-\u00eatre que je me suis encore tromp\u00e9 sur toute la ligne oui. Qu’il ne faut rien vouloir construire \u00e0 partir des impressions. Il faut juste les laisser nous p\u00e9n\u00e9trer pour nourrir quelque chose en soi. La cr\u00e9ature boit un caf\u00e9, le ma\u00eetre se laisse p\u00e9n\u00e9trer par l’impression procur\u00e9e par le gout du caf\u00e9, son odeur, le poids du mug. Et puis une fois la tasse repos\u00e9e on passe tous les deux \u00e0 autre chose. Chacun va de son cot\u00e9 On met un temps fou \u00e0 se laisser p\u00e9n\u00e9trer par cette intuition. Ensuite on ne peut strictement rien en faire. C’est comme \u00e7a, c’est la vie. Ce n’est pas triste, pas gai, c’est entre les deux, il s’agit de ne pas tr\u00e9bucher b\u00eatement<\/em>-se dit-on. Et, \u00e9videmment, le simple fait de se le dire nous fait aussit\u00f4t tr\u00e9bucher.<\/p>\n Tant que l’on veut saisir ce qui se dissimule sous les myst\u00e8res ce sera toujours ainsi. Ou totalement diff\u00e9rent. C’est \u00e0 chacun de voir.<\/p>\n Et une fois que l’on a \u00e9crit tout cela est-ce que l’on se sent plus avanc\u00e9 ? Il vaut mieux pas. Cette pens\u00e9e nous ferait aussit\u00f4t reculer de quatre cases sur le jeu de l’Oie.<\/p>",
"content_text": " \"Bien entendu je me suis encore tromp\u00e9 sur toute la ligne\". La cr\u00e9ature doit se tromper pour que le ma\u00eetre arrive et--normalement-- l'extirpe du mauvais pas dans lequel elle s'est fourr\u00e9e. \n\nC'est un jeu, il y a certaines r\u00e8gles, normalement, on devrait se sentir tenu de les respecter.\n\n\n\nMais, cette fois le maitre adopte une toute autre tactique, il d\u00e9cide de ne rien faire et la cr\u00e9ature se retrouve estropi\u00e9e.\n\nCe qui ne porte pas chance au ma\u00eetre, puisqu'il doit d\u00e9sormais se d\u00e9brouiller pour effectuer seul ses corv\u00e9es quotidiennes.\n\nLes forces en pr\u00e9sence. toujours la m\u00eame chose, depuis des lustres, le bon et le m\u00e9chant, le bien et le mal. C'est la vie comme on dit.\n\nMais que dire de la troisi\u00e8me force dont on ne parle jamais ? Celle cr\u00e9e par le frottement des deux autres ?\n\nO\u00f9 se situe le v\u00e9ritable courage pour la cr\u00e9ature ? Est-ce le fait d'affronter perp\u00e9tuellement le ma\u00eetre, de lui ob\u00e9ir servilement ? Un peu des deux selon la m\u00e9t\u00e9o ? Rien de tout cela ? \n\nIl y a un myst\u00e8re de la cr\u00e9ature comme il y a un myst\u00e8re du ma\u00eetre.\n\nDites-moi que les deux se valent. \n\nIl y a aussi un myst\u00e8re du spectateur qui regarde se d\u00e9rouler le roman, le film, sa propre existence.\n\nEnsuite bien sur on peut encore dire beaucoup de choses, tripoter tout cela \u00e0 en vomir d'auto satisfaction, d'ennui ou de d\u00e9gout...Des ma\u00eetres et des serviteurs l'ennui et le d\u00e9gout, au m\u00eame titre que l'occupation et l'amour et m\u00eame l'indiff\u00e9rence.\n\nEt aussi, ne pensez-vous pas que, de fa\u00e7on r\u00e9guli\u00e8re, mettons une fois ou deux par jour , quand ce n'est pas \u00e0 la minute, les r\u00f4les puissent ne pas \u00eatre fig\u00e9s, qu' ils peuvent s'intervertir, que la cr\u00e9ature devienne un instant le ma\u00eetre et vice versa ? \n\nC'est un dialogue. Au d\u00e9but, un dialogue de sourd. Puis l'oreille s'ouvre comme s'ouvre une marguerite au beau milieu d'un champ de marguerites. \n\nIl n'y a que des marguerites partout et plus personne pour les effeuiller. Elles tournent leurs t\u00eates vers le ciel, vers la lumi\u00e8re; mais elles ne bronzent pas comme les touristes en ao\u00fbt sur les plages. Elles n'ont pas l'air de subir, il est possible qu' elles \u00e9changent.\n\nquel myst\u00e8re que ces \u00e9changes !\n\nPeut-\u00eatre que je me suis encore tromp\u00e9 sur toute la ligne oui. Qu'il ne faut rien vouloir construire \u00e0 partir des impressions. Il faut juste les laisser nous p\u00e9n\u00e9trer pour nourrir quelque chose en soi. La cr\u00e9ature boit un caf\u00e9, le ma\u00eetre se laisse p\u00e9n\u00e9trer par l'impression procur\u00e9e par le gout du caf\u00e9, son odeur, le poids du mug. Et puis une fois la tasse repos\u00e9e on passe tous les deux \u00e0 autre chose. Chacun va de son cot\u00e9 On met un temps fou \u00e0 se laisser p\u00e9n\u00e9trer par cette intuition. Ensuite on ne peut strictement rien en faire. C'est comme \u00e7a, c'est la vie. Ce n'est pas triste, pas gai, c'est entre les deux, il s'agit de ne pas tr\u00e9bucher b\u00eatement-se dit-on. Et, \u00e9videmment, le simple fait de se le dire nous fait aussit\u00f4t tr\u00e9bucher.\n\nTant que l'on veut saisir ce qui se dissimule sous les myst\u00e8res ce sera toujours ainsi. Ou totalement diff\u00e9rent. C'est \u00e0 chacun de voir.\n\nEt une fois que l'on a \u00e9crit tout cela est-ce que l'on se sent plus avanc\u00e9 ? Il vaut mieux pas. Cette pens\u00e9e nous ferait aussit\u00f4t reculer de quatre cases sur le jeu de l'Oie.",
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"title": "Sur la route romantique",
"date_published": "2023-04-29T06:17:27Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " G\u00fcnther F\u00f6rg<\/strong> est n\u00e9 en 1952 \u00e0 F\u00fcssen, en Allemagne, en Bavi\u00e8re, l\u00e0 o\u00f9 coule le Lecht, sur la route romantique. Romantique parce que construite par les romains. Il y a un ch\u00e2teau gothique, (Hohes Schloss<\/em>) , l’un des plus beaux de Souabe. On peut le visiter et y d\u00e9couvrir une jolie collection d’\u0153uvres de la p\u00e9riode gothique et de la Renaissance. Un peu plus loin on trouvera le complexe baroque (1697 \u2013 1726) de l’ancien monast\u00e8re b\u00e9n\u00e9dictin de Saint-Magne fond\u00e9 au viiie<\/sup> si\u00e8cle. Le baroque c’est au XVII \u00e8me si\u00e8cle la refonte plus rh\u00e9torique , plus th\u00e9\u00e2trale, d’un vocabulaire formel provenant de l’architecture antique, et d\u00e9j\u00e0 revisit\u00e9 par la Renaissance. C’est dans cette environnement que G\u00fcnther F\u00f6rg est n\u00e9 c’est de l\u00e0 qu’il est parti pour devenir l’un des plus grands artistes de l’abstraction contemporaine. Est-ce \u00e9tonnant qu’il revisite, lui aussi, dans ses peintures abstraites, le vocabulaire formel de la peinture de ces pr\u00e9d\u00e9cesseurs notamment : Barnett Newman, Clifford Still, Willem de Kooning <\/strong> ? Pas vraiment quand on r\u00e9unit ensemble ces quelques informations sur lui et la ville de F\u00fcssen.<\/p>\n Dans les ann\u00e9es 70 il \u00e9tudie \u00e0 l’Acad\u00e9mie des Beaux-Arts de Munich ( Munchen) et tr\u00e8s t\u00f4t \u00e0 partir de 1973 rencontre un succ\u00e8s international.<\/p>\n Ce qui l’int\u00e9resse c’est la modernit\u00e9 et surtout les signes par lesquels elle se manifeste. Il les traque au travers de ses photographies d’architecture concernant l’\u00e9poque du Bauhaus, notamment la confrontation des b\u00e2timents avec l’usure du temps<\/p>\n Quelques images de ses photographies de l’architecture du Bauhaus :<\/p>\n Quelques images de ses peintures abstraites :<\/p>\n Peut-\u00eatre que ce qui choque le public quant \u00e0 ces \u0153uvres abstraites c’est leur apparente simplicit\u00e9 ou facilit\u00e9 d’ex\u00e9cution. On se dit qu’un enfant pourrait le faire. C’est vrai. En ce qui me concerne je ne trouve pas \u00e7a p\u00e9joratif. La diff\u00e9rence se situe dans l’intention avec laquelle un enfant peut r\u00e9aliser un tel travail et celle d’un artiste associ\u00e9e \u00e0 d’autres, en mati\u00e8re de langage formel, et \u00e0 toute une histoire de l’art traitant de la m\u00eame volont\u00e9 , ou curiosit\u00e9, qui le pr\u00e9c\u00e8de.<\/p>\n Quelques \u0153uvres de Barnett Newman ( 1905-1970 )<\/p>\n Quelques \u0153uvres de Clifford Still<\/p>\n Quelques \u0153uvres de Willem de Kooning<\/p>\n Sur la route romantique on se rend compte en premier lieu que \u00e7a vient du romain et non d’un sentiment romantique comme on aurait pu l’imaginer. En second lieu la notion de vocabulaire formel que l’on s’\u00e9change, travaille, r\u00e9invente de g\u00e9n\u00e9ration en g\u00e9n\u00e9ration \u00e0 propos d’une th\u00e9matique quelle qu’elle soit. La modernit\u00e9 n’est pas un champignon qui pousse en une nuit, elle est toujours le fruit d’une histoire, d’une langue, et des \u00eatre qui prennent le temps de se pencher sur cette histoire.<\/p>",
"content_text": " G\u00fcnther F\u00f6rg est n\u00e9 en 1952 \u00e0 F\u00fcssen, en Allemagne, en Bavi\u00e8re, l\u00e0 o\u00f9 coule le Lecht, sur la route romantique. Romantique parce que construite par les romains. Il y a un ch\u00e2teau gothique, (Hohes Schloss) , l'un des plus beaux de Souabe. On peut le visiter et y d\u00e9couvrir une jolie collection d'\u0153uvres de la p\u00e9riode gothique et de la Renaissance. Un peu plus loin on trouvera le complexe baroque (1697 \u2013 1726) de l'ancien monast\u00e8re b\u00e9n\u00e9dictin de Saint-Magne fond\u00e9 au viiie si\u00e8cle. Le baroque c'est au XVII \u00e8me si\u00e8cle la refonte plus rh\u00e9torique , plus th\u00e9\u00e2trale, d'un vocabulaire formel provenant de l'architecture antique, et d\u00e9j\u00e0 revisit\u00e9 par la Renaissance. C'est dans cette environnement que G\u00fcnther F\u00f6rg est n\u00e9 c'est de l\u00e0 qu'il est parti pour devenir l'un des plus grands artistes de l'abstraction contemporaine. Est-ce \u00e9tonnant qu'il revisite, lui aussi, dans ses peintures abstraites, le vocabulaire formel de la peinture de ces pr\u00e9d\u00e9cesseurs notamment : Barnett Newman, Clifford Still, Willem de Kooning ? Pas vraiment quand on r\u00e9unit ensemble ces quelques informations sur lui et la ville de F\u00fcssen.\n\nDans les ann\u00e9es 70 il \u00e9tudie \u00e0 l'Acad\u00e9mie des Beaux-Arts de Munich ( Munchen) et tr\u00e8s t\u00f4t \u00e0 partir de 1973 rencontre un succ\u00e8s international.\n\nCe qui l'int\u00e9resse c'est la modernit\u00e9 et surtout les signes par lesquels elle se manifeste. Il les traque au travers de ses photographies d'architecture concernant l'\u00e9poque du Bauhaus, notamment la confrontation des b\u00e2timents avec l'usure du temps \n\nQuelques images de ses photographies de l'architecture du Bauhaus :\n\nQuelques images de ses peintures abstraites :\n\nPeut-\u00eatre que ce qui choque le public quant \u00e0 ces \u0153uvres abstraites c'est leur apparente simplicit\u00e9 ou facilit\u00e9 d'ex\u00e9cution. On se dit qu'un enfant pourrait le faire. C'est vrai. En ce qui me concerne je ne trouve pas \u00e7a p\u00e9joratif. La diff\u00e9rence se situe dans l'intention avec laquelle un enfant peut r\u00e9aliser un tel travail et celle d'un artiste associ\u00e9e \u00e0 d'autres, en mati\u00e8re de langage formel, et \u00e0 toute une histoire de l'art traitant de la m\u00eame volont\u00e9 , ou curiosit\u00e9, qui le pr\u00e9c\u00e8de. \n\nQuelques \u0153uvres de Barnett Newman ( 1905-1970 ) \n\nQuelques \u0153uvres de Clifford Still \n\nQuelques \u0153uvres de Willem de Kooning\n\nSur la route romantique on se rend compte en premier lieu que \u00e7a vient du romain et non d'un sentiment romantique comme on aurait pu l'imaginer. En second lieu la notion de vocabulaire formel que l'on s'\u00e9change, travaille, r\u00e9invente de g\u00e9n\u00e9ration en g\u00e9n\u00e9ration \u00e0 propos d'une th\u00e9matique quelle qu'elle soit. La modernit\u00e9 n'est pas un champignon qui pousse en une nuit, elle est toujours le fruit d'une histoire, d'une langue, et des \u00eatre qui prennent le temps de se pencher sur cette histoire.",
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"title": "L'entendement et le malentendu, en peinture",
"date_published": "2023-04-29T04:38:56Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " L’entendement, c’est un peu plus que de la compr\u00e9hension, c’est presque de la connaissance, peut-\u00eatre que c’est presque synonyme- le presque<\/em> emp\u00eachant de mentir, de se laisser une porte de sortie, de ne pas enfermer l’entendement dans un lieu clos. Encore qu’entendre la peinture puisse \u00eatre paradoxal puisqu’on \u00e0 coutume de lui associer l’\u0153il, le regard, la vue en tout premier lieu.<\/p>\n Ce n’est pas rare qu’il faille passer par le contournement aujourd’hui, en peinture comme en beaucoup de domaines, pour se d\u00e9sensabler d’habitudes devenues st\u00e9riles. De ces habitudes qui nous figent dans une posture surtout. C’est cette p\u00e9trification l’emp\u00eachement, c’est ce que l’on ne cesse de murmurer en boucle quand on est fatigu\u00e9 surtout. Et c’est un cercle vicieux, on se fatigue \u00e0 murmurer int\u00e9rieurement ce cercle de pens\u00e9es habituelles, \u00e7a doit essayer tant bien que mal de nous rassurer, mais \u00e7a nous fatigue d’autant plus, parce que l’on sent bien que d’\u00eatre rassur\u00e9 ne suffit pas, ne suffit plus. On aimerait retrouver une \u00e9nergie, mais on ne fait pas du neuf avec du vieux, on voudrait du neuf bien sur. On a le sentiment que la nouveaut\u00e9 nous sauvera du marasme, mais la question ne se situe pas au niveau des mots neufs ou anciens, je ne le crois pas. Je ne le crois plus. Au contraire \u00e9vacuer ces deux mots, les expulser hors de soi, l\u00e8ve des barri\u00e8res, des oeill\u00e8res, et sans doute offre une possibilit\u00e9 \u00e0 l’entendement de pouvoir enfin p\u00e9n\u00e9trer doucement en soi.<\/p>\n Il suffit pour cela de faire appel \u00e0 la curiosit\u00e9 bien souvent, de se poser de bonnes questions. Ainsi quitter les r\u00e9seaux sociaux par exemple sur un coup de t\u00eate pour aller qu\u00e9rir dans la solitude de l’atelier des ressources en soi fut une des meilleurs choses que j’ai faites en ces premiers mois de cette ann\u00e9e 2023. Ce n’est peut-\u00eatre pas tant un coup de t\u00eate maintenant que j’y pense. C’est bien plus une lassitude de voir d\u00e9filer dans mon fil d’actualit\u00e9 toujours \u00e0 peu de choses pr\u00e9s les m\u00eames contenus. Associ\u00e9 \u00e0 cela l’id\u00e9e d’y perdre mon temps, de me divertir, de m’\u00e9garer non d’une mani\u00e8re profitable mais plus dans le sens d’une d\u00e9gradation.<\/p>\n Une d\u00e9gradation entrain\u00e9e par la mise en place de rituels toxiques auxquels on s’habitue, dont on est le jouet d’un syst\u00e8me, la victime d’une ali\u00e9nation. Bien sur je mesure ce que j’\u00e9cris, tout le monde n’utilise pas les r\u00e9seaux sociaux ainsi, certains m\u00eame s’en servent tr\u00e8s habilement, et \u00e7a leur est amplement profitable. Tout est affaire d’intention.<\/p>\n Mon intention est de progresser en peinture, de me sortir de l’habitude, de ne pas peindre toujours les m\u00eames sempiternelles tableaux, de voir quelque chose qui me regarde. Il faut que je peigne pour voir quelque chose qui me sorte de ce que je ne cesse de voir tout le temps et qui m’englouti. Il faut que je peigne quelque chose je puisse \u00e0 la fois voir et sur quoi m’appuyer pour mieux voir. Et cela je ne peux le faire que seul. Personne ne peut m’y aider pas plus que de m’y contraindre.<\/p>\n Il y a quelques jours un ami peintre se d\u00e9solait, et je crois qu’il se d\u00e9sole encore, de quelques r\u00e9flexions que je lui ai fournies sur des toiles qu’il me pr\u00e9sentait. Les peintres entre eux sont d\u00e9testables, on ne devrait pas fr\u00e9quenter de peintre quand on est peintre et si on n’a pas l’estomac bien accroch\u00e9. Car \u00e9tant des gens de haute sensibilit\u00e9 un rien venant d’autrui nous accable. Un rien dit ou un rien entendu. Et souvent il y a beaucoup de malentendus entre les peintres.<\/p>\n J’ai donc dit quelque chose comme \"bof... \" en voyant ces tableaux. Je me le suis d’abord dit pour moi-m\u00eame et par amiti\u00e9 je n’ai pas su le garder pour moi, voil\u00e0 la v\u00e9rit\u00e9. Il n’y avait pas de mauvaise intention, juste une erreur d’appr\u00e9ciation, l’oubli que l’autre \u00e9tait peintre avant d’\u00eatre amical.<\/p>\n Entendre la peinture c’est avant tout rep\u00e9rer les couacs. C’est rep\u00e9rer la fausse note, le geste qui ne vient pas du naturel, du spontan\u00e9, mais de l’air du temps, de la ritournelle de l’air du temps. Et j’y suis particuli\u00e8rement sensible, ou r\u00e9volt\u00e9, comme on voudra. Et puis je n’ai pas peur, de personne, pour le dire. A ces moments l\u00e0 la col\u00e8re je crois m’emporte de constater encore qu’un autre sera tomb\u00e9 au champ d’honneur, se sera fait baiser par l’air du temps. Voil\u00e0 le fond de ma pens\u00e9e. Vraiment. C’est dans le fond une base assez bienveillante. Pr\u00e9tentieuse surement, mais bienveillante.<\/p>\n du coup je ne vois personne et c’est bien comme cela. Je pr\u00e9f\u00e8re ne pas voir de peintre en tous cas. A part des peintres d\u00e9butants, des \u00e9l\u00e8ves, des gens qui n’ont pas d’id\u00e9e pr\u00e9cise de la peinture.<\/p>\n De plus en plus quand on me pose des questions sur la peinture, je r\u00e9ponds que je ne sais pas. Ce n’est pas qu’en v\u00e9rit\u00e9 je ne sache pas de r\u00e9ponse. Bien sur que comme tout le monde j’aurais une r\u00e9ponse ou plusieurs r\u00e9ponses toutes faites \u00e0 fournir. Mais, je pr\u00e9f\u00e8re passer pour un ignorant, m\u00eame en temps que professeur, parce que ce n’est tout bonnement pas \u00e0 moi de fournir des r\u00e9ponses \u00e0 toutes les questions que tout le monde se pose sur la peinture. Je trouve que c’est tr\u00e8s bien de poser questions, de se les poser soi-m\u00eame surtout, mais qu’il vaut bien mieux tenter \u00e9galement d’y r\u00e9pondre par soi-m\u00eame. Ou encore mieux, d’entretenir ces questions sans forc\u00e9ment chercher \u00e0 y r\u00e9pondre trop rapidement. R\u00e9gler la question comme on le croit souvent, ne la r\u00e8gle pas, cela la fait disparaitre momentan\u00e9ment.<\/p>\n Donc comment faire pour am\u00e9liorer son entendement en peinture ?<\/p>\n Je crois qu’il faut avant tout un peu d’humilit\u00e9 pour reconnaitre que d’autres ont peint avant soi. Qu’il y a une histoire de la peinture comme une histoire tout court. Si on s’int\u00e9resse \u00e0 l’abstraction par exemple comme c’est toujours mon cas, il est bon de se poser quelques questions sur les origines de celle-ci. De connaitre quelques noms, quelques jalons des diff\u00e9rentes pouss\u00e9es qui ont provoqu\u00e9 tel ou tel tendance ou mouvement. Il est bon de connaitre aussi les contextes social, \u00e9conomique, politique de ces mouvements. Il est bon de trouver des informations, du pour et du contre afin de se cr\u00e9er sa propre id\u00e9e, d’y r\u00e9fl\u00e9chir ensuite par soi-m\u00eame.<\/p>\n Je suis fascin\u00e9 par le gouffre qui s’est cr\u00e9e entre d’une part le grand public, dont d’ailleurs de nombreux peintres de ma connaissance font partie, comme moi-m\u00eame et la poign\u00e9e d’artistes-peintres abstraits, souvent vivant \u00e0 l’\u00e9tranger, mais m\u00eame en France, et qui sont inconnus sauf du march\u00e9 de l’art contemporain.<\/p>\n Comment aider \u00e0 la mise \u00e0 jour, \u00e0 aider le public et moi-m\u00eame \u00e0 mieux saisir ce qui se produit en peinture abstraite de nos jours ? Cela demande de la patience, de l’habilit\u00e9, du discernement, du temps, mais ce n’est pas impossible. Et en plus cerise sur le g\u00e2teau, luxe inesp\u00e9r\u00e9, l’envie est l\u00e0 de m’y mettre. A mon rythme, sans chercher non plus \u00e0 \u00eatre dans une urgence, ni \u00e0 vouloir faire \"une \u0153uvre\" . Non franchement rien de tout cela. Seulement faire part de mes trouvailles, des associations d’id\u00e9es, des d\u00e9ductions, m’\u00e9clairer un peu plus tout en aidant \u00e0 l’\u00e9claircissement g\u00e9n\u00e9ral voil\u00e0 tout. Am\u00e9liorer l’entendement pour \u00e9claircir les choses en peinture. De la pure synesth\u00e9sie en quelque sorte.<\/p>\n note : ( personnage possible \u00e0 utiliser : le professeur didactique qui veut \u00e9claircir le monde.)<\/p>\n Je ne cesse pas d’entendre la g\u00e9n\u00e9alogie de Pantagruel se m\u00ealant \u00e0 celle de l’Ancien Testament. Si je devais \u00e9crire une g\u00e9n\u00e9alogie de l’art abstrait ce serait sans doute la meilleure mani\u00e8re de le faire. Juste une suite de noms avec le minimum d’anecdotes, d’\u00e9l\u00e9ments distinctifs, \u00e0 part ceux bien sur n\u00e9cessaires au rythme du mode r\u00e9citatif ou impr\u00e9catoire.<\/p>",
"content_text": "Clyfford Still with PH-1024, 1976. Photographed by Patricia Still. \u00a9 City and County of Denver, courtesy the Clyfford Still Museum Archives.\n\nL'entendement, c'est un peu plus que de la compr\u00e9hension, c'est presque de la connaissance, peut-\u00eatre que c'est presque synonyme- le presque emp\u00eachant de mentir, de se laisser une porte de sortie, de ne pas enfermer l'entendement dans un lieu clos. Encore qu'entendre la peinture puisse \u00eatre paradoxal puisqu'on \u00e0 coutume de lui associer l'\u0153il, le regard, la vue en tout premier lieu. \n\nCe n'est pas rare qu'il faille passer par le contournement aujourd'hui, en peinture comme en beaucoup de domaines, pour se d\u00e9sensabler d'habitudes devenues st\u00e9riles. De ces habitudes qui nous figent dans une posture surtout. C'est cette p\u00e9trification l'emp\u00eachement, c'est ce que l'on ne cesse de murmurer en boucle quand on est fatigu\u00e9 surtout. Et c'est un cercle vicieux, on se fatigue \u00e0 murmurer int\u00e9rieurement ce cercle de pens\u00e9es habituelles, \u00e7a doit essayer tant bien que mal de nous rassurer, mais \u00e7a nous fatigue d'autant plus, parce que l'on sent bien que d'\u00eatre rassur\u00e9 ne suffit pas, ne suffit plus. On aimerait retrouver une \u00e9nergie, mais on ne fait pas du neuf avec du vieux, on voudrait du neuf bien sur. On a le sentiment que la nouveaut\u00e9 nous sauvera du marasme, mais la question ne se situe pas au niveau des mots neufs ou anciens, je ne le crois pas. Je ne le crois plus. Au contraire \u00e9vacuer ces deux mots, les expulser hors de soi, l\u00e8ve des barri\u00e8res, des oeill\u00e8res, et sans doute offre une possibilit\u00e9 \u00e0 l'entendement de pouvoir enfin p\u00e9n\u00e9trer doucement en soi.\n\nIl suffit pour cela de faire appel \u00e0 la curiosit\u00e9 bien souvent, de se poser de bonnes questions. Ainsi quitter les r\u00e9seaux sociaux par exemple sur un coup de t\u00eate pour aller qu\u00e9rir dans la solitude de l'atelier des ressources en soi fut une des meilleurs choses que j'ai faites en ces premiers mois de cette ann\u00e9e 2023. Ce n'est peut-\u00eatre pas tant un coup de t\u00eate maintenant que j'y pense. C'est bien plus une lassitude de voir d\u00e9filer dans mon fil d'actualit\u00e9 toujours \u00e0 peu de choses pr\u00e9s les m\u00eames contenus. Associ\u00e9 \u00e0 cela l'id\u00e9e d'y perdre mon temps, de me divertir, de m'\u00e9garer non d'une mani\u00e8re profitable mais plus dans le sens d'une d\u00e9gradation.\n\nUne d\u00e9gradation entrain\u00e9e par la mise en place de rituels toxiques auxquels on s'habitue, dont on est le jouet d'un syst\u00e8me, la victime d'une ali\u00e9nation. Bien sur je mesure ce que j'\u00e9cris, tout le monde n'utilise pas les r\u00e9seaux sociaux ainsi, certains m\u00eame s'en servent tr\u00e8s habilement, et \u00e7a leur est amplement profitable. Tout est affaire d'intention.\n\nMon intention est de progresser en peinture, de me sortir de l'habitude, de ne pas peindre toujours les m\u00eames sempiternelles tableaux, de voir quelque chose qui me regarde. Il faut que je peigne pour voir quelque chose qui me sorte de ce que je ne cesse de voir tout le temps et qui m'englouti. Il faut que je peigne quelque chose je puisse \u00e0 la fois voir et sur quoi m'appuyer pour mieux voir. Et cela je ne peux le faire que seul. Personne ne peut m'y aider pas plus que de m'y contraindre.\n\nIl y a quelques jours un ami peintre se d\u00e9solait, et je crois qu'il se d\u00e9sole encore, de quelques r\u00e9flexions que je lui ai fournies sur des toiles qu'il me pr\u00e9sentait. Les peintres entre eux sont d\u00e9testables, on ne devrait pas fr\u00e9quenter de peintre quand on est peintre et si on n'a pas l'estomac bien accroch\u00e9. Car \u00e9tant des gens de haute sensibilit\u00e9 un rien venant d'autrui nous accable. Un rien dit ou un rien entendu. Et souvent il y a beaucoup de malentendus entre les peintres.\n\nJ'ai donc dit quelque chose comme \"bof... \" en voyant ces tableaux. Je me le suis d'abord dit pour moi-m\u00eame et par amiti\u00e9 je n'ai pas su le garder pour moi, voil\u00e0 la v\u00e9rit\u00e9. Il n'y avait pas de mauvaise intention, juste une erreur d'appr\u00e9ciation, l'oubli que l'autre \u00e9tait peintre avant d'\u00eatre amical.\n\nEntendre la peinture c'est avant tout rep\u00e9rer les couacs. C'est rep\u00e9rer la fausse note, le geste qui ne vient pas du naturel, du spontan\u00e9, mais de l'air du temps, de la ritournelle de l'air du temps. Et j'y suis particuli\u00e8rement sensible, ou r\u00e9volt\u00e9, comme on voudra. Et puis je n'ai pas peur, de personne, pour le dire. A ces moments l\u00e0 la col\u00e8re je crois m'emporte de constater encore qu'un autre sera tomb\u00e9 au champ d'honneur, se sera fait baiser par l'air du temps. Voil\u00e0 le fond de ma pens\u00e9e. Vraiment. C'est dans le fond une base assez bienveillante. Pr\u00e9tentieuse surement, mais bienveillante.\n\ndu coup je ne vois personne et c'est bien comme cela. Je pr\u00e9f\u00e8re ne pas voir de peintre en tous cas. A part des peintres d\u00e9butants, des \u00e9l\u00e8ves, des gens qui n'ont pas d'id\u00e9e pr\u00e9cise de la peinture.\n\nDe plus en plus quand on me pose des questions sur la peinture, je r\u00e9ponds que je ne sais pas. Ce n'est pas qu'en v\u00e9rit\u00e9 je ne sache pas de r\u00e9ponse. Bien sur que comme tout le monde j'aurais une r\u00e9ponse ou plusieurs r\u00e9ponses toutes faites \u00e0 fournir. Mais, je pr\u00e9f\u00e8re passer pour un ignorant, m\u00eame en temps que professeur, parce que ce n'est tout bonnement pas \u00e0 moi de fournir des r\u00e9ponses \u00e0 toutes les questions que tout le monde se pose sur la peinture. Je trouve que c'est tr\u00e8s bien de poser questions, de se les poser soi-m\u00eame surtout, mais qu'il vaut bien mieux tenter \u00e9galement d'y r\u00e9pondre par soi-m\u00eame. Ou encore mieux, d'entretenir ces questions sans forc\u00e9ment chercher \u00e0 y r\u00e9pondre trop rapidement. R\u00e9gler la question comme on le croit souvent, ne la r\u00e8gle pas, cela la fait disparaitre momentan\u00e9ment.\n\nDonc comment faire pour am\u00e9liorer son entendement en peinture ? \n\nJe crois qu'il faut avant tout un peu d'humilit\u00e9 pour reconnaitre que d'autres ont peint avant soi. Qu'il y a une histoire de la peinture comme une histoire tout court. Si on s'int\u00e9resse \u00e0 l'abstraction par exemple comme c'est toujours mon cas, il est bon de se poser quelques questions sur les origines de celle-ci. De connaitre quelques noms, quelques jalons des diff\u00e9rentes pouss\u00e9es qui ont provoqu\u00e9 tel ou tel tendance ou mouvement. Il est bon de connaitre aussi les contextes social, \u00e9conomique, politique de ces mouvements. Il est bon de trouver des informations, du pour et du contre afin de se cr\u00e9er sa propre id\u00e9e, d'y r\u00e9fl\u00e9chir ensuite par soi-m\u00eame.\n\nJe suis fascin\u00e9 par le gouffre qui s'est cr\u00e9e entre d'une part le grand public, dont d'ailleurs de nombreux peintres de ma connaissance font partie, comme moi-m\u00eame et la poign\u00e9e d'artistes-peintres abstraits, souvent vivant \u00e0 l'\u00e9tranger, mais m\u00eame en France, et qui sont inconnus sauf du march\u00e9 de l'art contemporain.\n\nComment aider \u00e0 la mise \u00e0 jour, \u00e0 aider le public et moi-m\u00eame \u00e0 mieux saisir ce qui se produit en peinture abstraite de nos jours ? Cela demande de la patience, de l'habilit\u00e9, du discernement, du temps, mais ce n'est pas impossible. Et en plus cerise sur le g\u00e2teau, luxe inesp\u00e9r\u00e9, l'envie est l\u00e0 de m'y mettre. A mon rythme, sans chercher non plus \u00e0 \u00eatre dans une urgence, ni \u00e0 vouloir faire \"une \u0153uvre\" . Non franchement rien de tout cela. Seulement faire part de mes trouvailles, des associations d'id\u00e9es, des d\u00e9ductions, m'\u00e9clairer un peu plus tout en aidant \u00e0 l'\u00e9claircissement g\u00e9n\u00e9ral voil\u00e0 tout. Am\u00e9liorer l'entendement pour \u00e9claircir les choses en peinture. De la pure synesth\u00e9sie en quelque sorte.\n\nnote : ( personnage possible \u00e0 utiliser : le professeur didactique qui veut \u00e9claircir le monde.) \n\nJe ne cesse pas d'entendre la g\u00e9n\u00e9alogie de Pantagruel se m\u00ealant \u00e0 celle de l'Ancien Testament. Si je devais \u00e9crire une g\u00e9n\u00e9alogie de l'art abstrait ce serait sans doute la meilleure mani\u00e8re de le faire. Juste une suite de noms avec le minimum d'anecdotes, d'\u00e9l\u00e9ments distinctifs, \u00e0 part ceux bien sur n\u00e9cessaires au rythme du mode r\u00e9citatif ou impr\u00e9catoire.",
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"title": "Exercice d'\u00e9criture : \"\u00e0 nul moment je n'ai d\u00e9crit ton visage\"",
"date_published": "2023-04-29T03:14:20Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " d’apr\u00e8s une id\u00e9e de Fran\u00e7ois Bon sur son site Tierslivre<\/a><\/p>\n Une mine assombrie, une mine radieuse, une mine pathibulaire, une mine sombre, une mine d\u2019or et de feu, une mine avec quoi on minaude, une mine hypocrite, une mine de faux-cul, une mine impassible, indiff\u00e9rente, une mine \u00e9veill\u00e9e, une grise mine.<\/p>\n La figure hautaine, faire bonne figure, figure-toi donc, au sens propre comme au figur\u00e9, de sa figure qui ne me revenait pas, sa figure s\u2019allongeait, une demie figure, se casser la figure, il lui cassa la figure, il lui aurait bien cass\u00e9 la figure, des bleus sur la figure, figurez-vous, il figure parmi les caids, il se figure qu\u2019il en est un.<\/p>\n Face \u00e0 face ils se regardent. C\u2019est une double-face, un faux-jeton, un hypocrite. S\u2019effacer. Il n\u2019a pas de face. On d\u00e9nombre 14 os dans une face : 13 fixes et un mobile, la mandibule.<\/p>\n -les deux os maxillaires <\/p>\n -les deux os zygomatiques<\/p>\n -les deux os nasaux<\/p>\n -les deux os palatins<\/p>\n -les deux cornets nasaux inf\u00e9rieurs. <\/p>\n Les deux os lacrymaux, ou unguis<\/p>\n -l\u2019os vomer<\/p>\n -la mandibule<\/p>\n Sans oublier les sutures que l\u2019on pourra d\u00e9couvrir dans le massif facial, la fronto-nasale, les deux fronto-maxillaires, les deux fronto-zygomatiques, et maxillo-zygomatiques<\/p>\n \u00c0 tout cela n\u2019omettons pas non plus les sinus, frontaux, maxillaires, sph\u00e9no\u00efdaux, ethmo\u00efdaux.<\/p>\n Au nord la face se limite au cuir chevelu, \u00e0 l\u2019est comme \u00e0 l\u2019ouest par les oreilles, au sud le cou.<\/p>\n Ce n\u2019\u00e9tait pas un groin, une hure, un mufle, pas plus qu\u2019un museau, c\u2019\u00e9tait une face humaine. Elle se leva pour changer le disque de face, pile au moment crucial. Elle peut avoir de nombreuses facettes. Elle est capable de fac\u00e9ties assez facilement. Elle n\u2019est pas d\u00e9nu\u00e9e d\u2019humour. De toutes les fa\u00e7ons quand elle entre dans une pi\u00e8ce, elle l\u2019illumine, on en reste souvent bouche-b\u00e9e. Selon l\u2019expression de son visage, qui peut brusquement changer comme un ciel irlandais, nous essayons en vain d\u2019adopter une tenue. De la fa\u00e7on dont elle nous regarde, pas de peine \u00e0 savoir que \u00e7a va barder. Elle peut compl\u00e8tement changer de facies, devenir m\u00e9connaissable. Nous ne nous reconnaissons plus.<\/p>\n Cependant, en observant attentivement son visage quand elle est en rogne, au plus profond de ses habituelles d\u00e9pressions, ou en pleine crise d\u2019\u00e9thylisme, en repoussant l\u2019inqui\u00e9tude, l\u2019angoisse, la crainte-toute cette trouille- que ces expressions provoquent en nous ; en les surmontant-peut-\u00eatre gr\u00e2ce \u00e0 ce sentiment que l\u2019on nomme espoir ou amour, on finit tant bien que mal par la reconnaitre notre, puisqu’il est entendu que nous formons une famille n\u2019est-ce pas ?<\/p>\n Dans ces moments l\u00e0, on ne peut pas la d\u00e9visager frontalement. Il faut ruser, nous ne pouvons qu\u2019employer la tactique des petits coups d\u2019\u0153il furtifs. Mais, malheur \u00e0 nous si elle surprend le stratag\u00e8me. Elle redouble de col\u00e8re. Le petit coup d\u2019\u0153il furtif ressemble \u00e0 une r\u00e9plique de th\u00e9\u00e2tre, qui lui donne imm\u00e9diatement le \"la\". Aussit\u00f4t, la voici accord\u00e9e, elle se laisser d\u00e9border, s’ aveugle par le manque de confiance en elle. La voil\u00e0 enfin, elle sort de ses gonds pour de bon. A ces moments l\u00e0, elle est tellement d\u00e9pourvue de discernement, qu\u2019elle pourrait certainement nous tuer dans son emportement. Ce qui, nous le pensons, lui fournirait peut-\u00eatre une excellente raison pour se lamenter enfin pour quelque chose de tangible, et ce jusqu\u2019\u00e0 la fin de ses jours. D\u2019ailleurs, peut-\u00eatre que nous faisons tout pour que \u00e7a arrive. Pour qu’elle nous ach\u00e8ve pour de bon. Qu’elle soit coupable enfin de quelque chose vraiment. Pour qu\u2019il lui soit enfin fourni une raison, une logique ; la folie \u00e9tant pour elle ce refuge, dont nous nous sentons irr\u00e9m\u00e9diablement exclus.<\/p>\n Avec le temps j\u2019ai de plus en plus de difficult\u00e9s \u00e0 me souvenir de son visage. Cette familiarit\u00e9 que l\u2019on entretient avec un visage comme pour se rassurer du connu, se pr\u00e9munir en continu de l\u2019inconnu, de l\u2019inconnaissable, cette familiarit\u00e9 se dissipe ou se d\u00e9compose avec les saisons. Putr\u00e9faction de la familiarit\u00e9 que l\u2019on entretenait autrefois comme on entretient une maison, un jardin, une paire de chaussures, l\u2019argenterie des a\u00efeux. Si entre mes doigts, je prends une de ces photographies d’elle en noir et blanc dans la boite o\u00f9 je les ai rang\u00e9es, je peux en m\u00eame temps la reconnaitre comme ne pas la reconnaitre du tout. Elle m\u2019\u00e9chappe. Je peux observer avec une acuit\u00e9 extraordinaire ce mouvement qui s\u2019effectue \u00e0 la fois dans la pens\u00e9e comme dans le c\u0153ur ; cette fuite irr\u00e9versible, comme une fuite de canalisation. On essaie de la colmater gr\u00e2ce \u00e0 l\u2019\u00e9vocation de certains souvenirs, de pr\u00e9f\u00e9rence des bons, m\u00eame s’ils apparaissent rares, mais \u00e7a ne change rien, la fuite continue. On ne sait plus qui est qui \u00e0 ces moments l\u00e0. C\u2019est pour cela que je renonce \u00e0 regarder des photographies d\u2019elle dans la boite. Le d\u00e9sagr\u00e9able n\u2019est pas aussi surmontable que ces anciennes peurs ces anciennes col\u00e8res, toute cette folie d\u2019autrefois.<\/p>\n D\u2019autres fois encore, c\u2019est plus fort que moi, il faut que j\u2019ouvre cette boite, cela devient une urgence, comme pour tenter d\u2019exorciser une angoisse affreuse, me dire que je n\u2019ai tout de m\u00eame pas r\u00eaver tout \u00e7a.<\/p>\n Comme si je voulais me faire mal, ou me pincer. Comme s\u2019il n\u2019y avait que douleur susceptible de l’invoquer. un sacrifice assez b\u00e9nin somme toute vu l’habitude, pour provoquer l\u2019apparition de sa silhouette, de son visage comme seul lien entre nous. Le mal la douleur, la souffrance provoqu\u00e9e par l\u2019ignorance mutuelle, par le surgissement et la disparition intempestive des figures, des expressions d\u2019un visage.<\/p>\n Il m\u2019est d\u00e9sormais impossible de d\u00e9crire son visage. C\u2019est comme si j\u2019avais perdu les mots qui auraient pu jadis m\u2019offrir cette possibilit\u00e9. Une apparente occasion non seulement perdue, mais source de regrets, de rumination infinie encore. Je les ai poss\u00e9d\u00e9s un jour ces mots, comme cette possibilit\u00e9 et je les ai perdus. Sans doute qu\u2019il doit en \u00eatre ainsi.<\/p>\n Dans notre religion nous n\u2019avons pas la possibilit\u00e9 de d\u00e9crire des visages. Parce que tout visage est \u00e0 l\u2019image d\u2019un visage unique dont nous savons qu\u2019il nous \u00e9chappe, qu\u2019il doit toujours nous \u00e9chapper. L’interdit n’est pas toujours fond\u00e9 sur l’idiotie comme on le croit si souvent de nos jours.<\/p>\n Dans notre religion \u00e9trange nous avons appris \u00e0 cr\u00e9e la pr\u00e9sence par l\u2019absence, il en est ainsi, c\u2019est la tradition. On peut faire tout ce que l\u2019on voudra pour tenter d\u2019\u00e9chapper \u00e0 la tradition, \u00e7a ne modifie en rien celle-ci. Au contraire, c\u2019est m\u00eame recommand\u00e9 de s\u2019opposer, c\u2019est un devoir, cela fait int\u00e9gralement partie de la tradition. Cela renforce sa justesse, c\u2019est tout. Pour voir un visage, le voir vraiment, on s’interdit de le d\u00e9crire et contre toute attente le voici, il nous regarde.<\/p>",
"content_text": "d'apr\u00e8s une id\u00e9e de Fran\u00e7ois Bon sur son site TierslivreBritish painter Francis Bacon portrait session on September 29, 1987 in Paris, France. (Photo by Raphael GAILLARDE\/Gamma-Rapho via Getty Images)\n\nUne mine assombrie, une mine radieuse, une mine pathibulaire, une mine sombre, une mine d\u2019or et de feu, une mine avec quoi on minaude, une mine hypocrite, une mine de faux-cul, une mine impassible, indiff\u00e9rente, une mine \u00e9veill\u00e9e, une grise mine.\n\nLa figure hautaine, faire bonne figure, figure-toi donc, au sens propre comme au figur\u00e9, de sa figure qui ne me revenait pas, sa figure s\u2019allongeait, une demie figure, se casser la figure, il lui cassa la figure, il lui aurait bien cass\u00e9 la figure, des bleus sur la figure, figurez-vous, il figure parmi les caids, il se figure qu\u2019il en est un.\n\nFace \u00e0 face ils se regardent. C\u2019est une double-face, un faux-jeton, un hypocrite. S\u2019effacer. Il n\u2019a pas de face. On d\u00e9nombre 14 os dans une face : 13 fixes et un mobile, la mandibule.\n\n -les deux os maxillaires \n\n-les deux os zygomatiques\n\n -les deux os nasaux\n\n -les deux os palatins\n\n -les deux cornets nasaux inf\u00e9rieurs. \n\n Les deux os lacrymaux, ou unguis\n\n -l\u2019os vomer\n\n -la mandibule\n\nSans oublier les sutures que l\u2019on pourra d\u00e9couvrir dans le massif facial, la fronto-nasale, les deux fronto-maxillaires, les deux fronto-zygomatiques, et maxillo-zygomatiques\n\n\u00c0 tout cela n\u2019omettons pas non plus les sinus, frontaux, maxillaires, sph\u00e9no\u00efdaux, ethmo\u00efdaux.\n\nAu nord la face se limite au cuir chevelu, \u00e0 l\u2019est comme \u00e0 l\u2019ouest par les oreilles, au sud le cou.\n\nCe n\u2019\u00e9tait pas un groin, une hure, un mufle, pas plus qu\u2019un museau, c\u2019\u00e9tait une face humaine. Elle se leva pour changer le disque de face, pile au moment crucial. Elle peut avoir de nombreuses facettes. Elle est capable de fac\u00e9ties assez facilement. Elle n\u2019est pas d\u00e9nu\u00e9e d\u2019humour. De toutes les fa\u00e7ons quand elle entre dans une pi\u00e8ce, elle l\u2019illumine, on en reste souvent bouche-b\u00e9e. Selon l\u2019expression de son visage, qui peut brusquement changer comme un ciel irlandais, nous essayons en vain d\u2019adopter une tenue. De la fa\u00e7on dont elle nous regarde, pas de peine \u00e0 savoir que \u00e7a va barder. Elle peut compl\u00e8tement changer de facies, devenir m\u00e9connaissable. Nous ne nous reconnaissons plus.\n\nCependant, en observant attentivement son visage quand elle est en rogne, au plus profond de ses habituelles d\u00e9pressions, ou en pleine crise d\u2019\u00e9thylisme, en repoussant l\u2019inqui\u00e9tude, l\u2019angoisse, la crainte-toute cette trouille- que ces expressions provoquent en nous ; en les surmontant-peut-\u00eatre gr\u00e2ce \u00e0 ce sentiment que l\u2019on nomme espoir ou amour, on finit tant bien que mal par la reconnaitre notre, puisqu'il est entendu que nous formons une famille n\u2019est-ce pas ?\n\nDans ces moments l\u00e0, on ne peut pas la d\u00e9visager frontalement. Il faut ruser, nous ne pouvons qu\u2019employer la tactique des petits coups d\u2019\u0153il furtifs. Mais, malheur \u00e0 nous si elle surprend le stratag\u00e8me. Elle redouble de col\u00e8re. Le petit coup d\u2019\u0153il furtif ressemble \u00e0 une r\u00e9plique de th\u00e9\u00e2tre, qui lui donne imm\u00e9diatement le \"la\". Aussit\u00f4t, la voici accord\u00e9e, elle se laisser d\u00e9border, s' aveugle par le manque de confiance en elle. La voil\u00e0 enfin, elle sort de ses gonds pour de bon. A ces moments l\u00e0, elle est tellement d\u00e9pourvue de discernement, qu\u2019elle pourrait certainement nous tuer dans son emportement. Ce qui, nous le pensons, lui fournirait peut-\u00eatre une excellente raison pour se lamenter enfin pour quelque chose de tangible, et ce jusqu\u2019\u00e0 la fin de ses jours. D\u2019ailleurs, peut-\u00eatre que nous faisons tout pour que \u00e7a arrive. Pour qu'elle nous ach\u00e8ve pour de bon. Qu'elle soit coupable enfin de quelque chose vraiment. Pour qu\u2019il lui soit enfin fourni une raison, une logique ; la folie \u00e9tant pour elle ce refuge, dont nous nous sentons irr\u00e9m\u00e9diablement exclus.\n\nAvec le temps j\u2019ai de plus en plus de difficult\u00e9s \u00e0 me souvenir de son visage. Cette familiarit\u00e9 que l\u2019on entretient avec un visage comme pour se rassurer du connu, se pr\u00e9munir en continu de l\u2019inconnu, de l\u2019inconnaissable, cette familiarit\u00e9 se dissipe ou se d\u00e9compose avec les saisons. Putr\u00e9faction de la familiarit\u00e9 que l\u2019on entretenait autrefois comme on entretient une maison, un jardin, une paire de chaussures, l\u2019argenterie des a\u00efeux. Si entre mes doigts, je prends une de ces photographies d'elle en noir et blanc dans la boite o\u00f9 je les ai rang\u00e9es, je peux en m\u00eame temps la reconnaitre comme ne pas la reconnaitre du tout. Elle m\u2019\u00e9chappe. Je peux observer avec une acuit\u00e9 extraordinaire ce mouvement qui s\u2019effectue \u00e0 la fois dans la pens\u00e9e comme dans le c\u0153ur; cette fuite irr\u00e9versible, comme une fuite de canalisation. On essaie de la colmater gr\u00e2ce \u00e0 l\u2019\u00e9vocation de certains souvenirs, de pr\u00e9f\u00e9rence des bons, m\u00eame s'ils apparaissent rares, mais \u00e7a ne change rien, la fuite continue. On ne sait plus qui est qui \u00e0 ces moments l\u00e0. C\u2019est pour cela que je renonce \u00e0 regarder des photographies d\u2019elle dans la boite. Le d\u00e9sagr\u00e9able n\u2019est pas aussi surmontable que ces anciennes peurs ces anciennes col\u00e8res, toute cette folie d\u2019autrefois.\n\nD\u2019autres fois encore, c\u2019est plus fort que moi, il faut que j\u2019ouvre cette boite, cela devient une urgence, comme pour tenter d\u2019exorciser une angoisse affreuse, me dire que je n\u2019ai tout de m\u00eame pas r\u00eaver tout \u00e7a.\n\nComme si je voulais me faire mal, ou me pincer. Comme s\u2019il n\u2019y avait que douleur susceptible de l'invoquer. un sacrifice assez b\u00e9nin somme toute vu l'habitude, pour provoquer l\u2019apparition de sa silhouette, de son visage comme seul lien entre nous. Le mal la douleur, la souffrance provoqu\u00e9e par l\u2019ignorance mutuelle, par le surgissement et la disparition intempestive des figures, des expressions d\u2019un visage.\n\nIl m\u2019est d\u00e9sormais impossible de d\u00e9crire son visage. C\u2019est comme si j\u2019avais perdu les mots qui auraient pu jadis m\u2019offrir cette possibilit\u00e9. Une apparente occasion non seulement perdue, mais source de regrets, de rumination infinie encore. Je les ai poss\u00e9d\u00e9s un jour ces mots, comme cette possibilit\u00e9 et je les ai perdus. Sans doute qu\u2019il doit en \u00eatre ainsi.\n\nDans notre religion nous n\u2019avons pas la possibilit\u00e9 de d\u00e9crire des visages. Parce que tout visage est \u00e0 l\u2019image d\u2019un visage unique dont nous savons qu\u2019il nous \u00e9chappe, qu\u2019il doit toujours nous \u00e9chapper. L'interdit n'est pas toujours fond\u00e9 sur l'idiotie comme on le croit si souvent de nos jours.\n\nDans notre religion \u00e9trange nous avons appris \u00e0 cr\u00e9e la pr\u00e9sence par l\u2019absence, il en est ainsi, c\u2019est la tradition. On peut faire tout ce que l\u2019on voudra pour tenter d\u2019\u00e9chapper \u00e0 la tradition, \u00e7a ne modifie en rien celle-ci. Au contraire, c\u2019est m\u00eame recommand\u00e9 de s\u2019opposer, c\u2019est un devoir, cela fait int\u00e9gralement partie de la tradition. Cela renforce sa justesse, c\u2019est tout. Pour voir un visage, le voir vraiment, on s'interdit de le d\u00e9crire et contre toute attente le voici, il nous regarde.",
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"title": "voir, s'aveugler",
"date_published": "2023-04-28T03:24:36Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
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"content_html": " voir, \u00eatre \u00e9bahi, sid\u00e9r\u00e9, mais par quoi ?<\/p>\n regarder au travers d’une forme d’aveuglement.<\/p>\n un aveuglement volontaire.<\/p>\n au travers d’un rideau.<\/p>\n on ne sait quoi.<\/p>\n Pas d’id\u00e9e arr\u00eat\u00e9e.<\/p>\n Un obstacle utile pour ne pas se faire des id\u00e9es.<\/p>",
"content_text": "acrylique sur toile format 30x30cm avril 2023\n\nvoir, \u00eatre \u00e9bahi, sid\u00e9r\u00e9, mais par quoi ? \n\nregarder au travers d'une forme d'aveuglement. \n\nun aveuglement volontaire. \n\nau travers d'un rideau. \n\non ne sait quoi. \n\nPas d'id\u00e9e arr\u00eat\u00e9e. \n\nUn obstacle utile pour ne pas se faire des id\u00e9es. ",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/tentative-d-epuisement.html",
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"title": "Tentative d'\u00e9puisement.",
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"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
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"content_html": " Trajectoires, routes, chemins, sentiers, labyrinthes, errances, routines, enfermement dans des routines, habitudes, exceptions, d\u00e9couvertes, \u0153ill\u00e8res, r\u00e9p\u00e9titions, corv\u00e9es, ennui, lassitude, surprise, \u00e9tonnement, hypnose, itin\u00e9raires, d\u00e9cider, se laisser porter, hasard, n\u00e9cessit\u00e9, obligation, r\u00e9sistance, ombre et lumi\u00e8re, gris, couleurs, connu, inconnu, nouveaut\u00e9, fatigue, energie, renouveau.<\/p>\n Une suite de mots s\u00e9par\u00e9s par des virgules. Comme un itin\u00e9raire de pens\u00e9es qui se d\u00e9plie. Eviter la phrase, l\u2019argumentation, l\u2019explication, la justification. Revenir encore sur le tableau demande de d\u00e9passer la fatigue. Revenir sur le tableau demande d\u2019oublier le connu. Revenir sur le tableau. P\u00e9n\u00e9trer dans l\u2019inconnu. Avoir un regard neuf, d\u00e9tach\u00e9, de ce que ce tableau \u00e9tait il y a encore une minute. Ne pas avoir de suite dans les id\u00e9es puisqu\u2019il n\u2019y a pas d\u2019id\u00e9e. Il n\u2019y a pas d\u2019id\u00e9e en amont. Il y a juste l\u2019envie de peindre un tableau. Quel est vraiment mon \u00e2ge quand je peins un tableau ? Quelle est mon exp\u00e9rience ? Est-ce que je peux me servir de cette exp\u00e9rience quand je peins un tableau ? Si je m\u2019en sers je retombe presque toujours sur le m\u00eame tableau. Oublier l\u2019exp\u00e9rience, oublier tous les tableaux d\u00e9j\u00e0 faits. Commencer un tableau c\u2019est commencer une nouvelle vie. Il se peut que cette nouvelle vie soit semblable \u00e0 toutes les autres d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9es. Il se peut qu\u2019il y ait seulement un tout petit d\u00e9calage. Il se peut que ce petit d\u00e9calage soit une opportunit\u00e9 \u00e0 laquelle on peut s\u2019accrocher un moment. On peut encore s\u2019accrocher \u00e0 l\u2019espoir que ce ne soit pas exactement le m\u00eame tableau, la m\u00eame vie. Dans ce cas il faut changer de trajectoire, d\u2019itin\u00e9raire, de routine, d\u2019habitude. Prendre cette habitude de ne pas se laisser enfermer dans les habitudes. R\u00e9sister \u00e0 l\u2019habitude. R\u00e9sister \u00e0 l\u2019ennui qur provoque la r\u00e9p\u00e9tition, la routine, l\u2019habitude. Le hasard existe puis il n\u2019existe plus. La nouveaut\u00e9 peut \u00eatre toxique. N\u2019est-ce pas une forme de handicap que de toujours se cantonner au m\u00eame trajet, suivre le m\u00eame cheminement, se mettres des \u0153ill\u00e8res ? N\u2019est-ce pas un handicap que de ne pouvoir supporter l\u2019id\u00e9e de d\u00e9j\u00e0-vu. N\u2019est-ce pas de la b\u00eatise d\u2019imaginer que l\u2019on se baigne plusieurs fois dans le m\u00eame cours des choses ? N\u2019est-ce pas le d\u00e9j\u00e0-vu l\u2019obstacle ? N\u2019est-ce pas l\u2019illusion d\u2019avoir vu quelque chose, de ne l\u2019avoir vue que partiellement pour une raison ou pour une autre \u00e0 cet instant pr\u00e9cis o\u00f9 on l\u2019a vue qui emp\u00e8che de le regarder \u00e0 nouveau et pourquoi ne pas recommencer, regarder \u00e0 nouveau, s\u2019y prendre \u00e0 deux ou plusieurs fois pour regarder \u00e0 nouveau ?<\/p>\n Et si rien n\u2019\u00e9tait nouveau ? Si c\u2019\u00e9tait seulement l\u2019\u0153il qui soudain s\u2019ouvrait comme par hasard. Il n\u2019y a pas de hasard. Alors pourquoi l\u2019\u0153il s\u2019ouvre \u00e0 ce moment pr\u00e9cis ? Par lassitude de quelque chose qu\u2019il ne d\u00e9sire plus voir. Par lassitude d\u2019une habitude du voir. L\u2019\u0153il change de trajectoire, l\u2019\u0153il emprunte un autre chemin, il d\u00e9cide \u00e0 cet instant pr\u00e9cis de faire une exception \u00e0 son habitude. Il d\u00e9passe l\u2019id\u00e9e de corv\u00e9e, d\u2019obligation, de r\u00e9sistance. Il n\u2019est pas attir\u00e9 par la lumi\u00e8re seulement il explore aussi l\u2019ombre. Il n\u2019est pas attir\u00e9 par ce qui attire r\u00e9guli\u00e8rement, la couleur. Il ne s\u2019oppose plus \u00e0 la nuance. Il accepte le noir et le gris en m\u00eame temps que la couleur. L\u2019\u0153il est fatigu\u00e9 de s\u2019opposer, il l\u00e2che prise, ce n\u2019est pas un hasard. C\u2019est un ressort qui a longtemps \u00e9t\u00e9 compress\u00e9 et qui \u00e0 un moment pr\u00e9cis se rel\u00e2che.<\/p>\n Peut-\u00eatre qu\u2019il faut en finir une bonne fois pour toutes avec l\u2019id\u00e9e de nouveaut\u00e9. Il n\u2019y a jamais eu de nouveaut\u00e9, il n\u2019y en a pas, il n\u2019y en aura plus. Il n\u2019y a pas de hasard pas plus que de nouveaut\u00e9. Il y a seulement de l\u2019aveuglement. Un aveuglement cr\u00e9e par l\u2019habitude. Un aveuglement cr\u00e9e par la peur de voir, la peur de regarder vraiment. Un aveuglement qui est ce qu\u2019on appelle le confort, le « \u00e7a me suffit », le « j\u2019en ai d\u00e9j\u00e0 bien assez ou trop vu ».<\/p>\n Peut-\u00eatre qu\u2019il faut s\u2019enfermer. Il faut s\u2019enfermer avant de l\u2019\u00eatre par hasard. Le hasard n\u2019existe pas. Il faut une m\u00e9thode. Il faut toujours une m\u00e9thode. On croit que l\u2019on n\u2019a pas de m\u00e9thode mais c\u2019est faux. On a une m\u00e9thode. Cela peut \u00eatre inefficace. L\u2019efficacit\u00e9 est-il l\u2019unique validation d\u2019une m\u00e9thode ? Quand saura t\u2019on que l\u2019on est v\u00e9ritablement efficace ? Qu\u2019est ce que \u00e7a peut bien vouloir dire pour un peintre d\u2019\u00eatre efficace ? Ce n\u2019est pas de peindre plus vite. Ce n\u2019est pas suivre le m\u00eame processus pour obtenir toujours le m\u00eame r\u00e9sultat. L\u2019\u00e9motion n\u2019est pas un r\u00e9sultat scientifique. Adopter le m\u00eame protocole de travail conduit \u00e0 une forme d\u2019ali\u00e9nation. C\u2019est le protocole qui peint. Donc ce n\u2019est plus vraiment moi. Qu\u2019est ce qui me g\u00e8ne dans le fait que ce ne soit plus moi qui peigne mais un protocole ? Je ne veux pas mourir ? Je d\u00e9l\u00e8gue quelque chose que je consid\u00e8re important pour moi \u00e0 un protocole qui peu \u00e0 peu me biffe, me gomme ? Est-ce que les gens qui s\u2019appuient sans rel\u00e2che sur des protocoles ne sont pas d\u2019une certaine mani\u00e8re des suicidaires ? Ils veulent tuer le hasard qui n\u2019existe pas. Ils veulent tuer une illusion en eux-m\u00eames. Peut-\u00eatre qu\u2019ils ne savent pas qu\u2019ils sont eux-m\u00eames des illusions. Peut-\u00eatre qu\u2019ils le savent tr\u00e8s bien et qu\u2019ils s\u2019appuient sur des protocoles en esp\u00e9rant que \u00e7a cesse. Faire le tri entre la r\u00e9alit\u00e9 et l\u2019imagination ne peut pas s\u2019effectuer compl\u00e8tement par la logique. Il faut une part d\u2019errance, d\u2019exp\u00e9rimentation. Il faut s\u2019\u00e9carter de la route, emprunter des chemins, des sentiers, se perdre, errer, apprendre \u00e0 transformer des corv\u00e9es en moines zen. Ne plus faire de diff\u00e9rence entre le connu et l\u2019inconnu, entre le courage et la peur, entre la fatigue et l\u2019\u00e9nergie. Peut-\u00eatre que nous sommes comme des ressorts. On se compresse, on se d\u00e9tend, c\u2019est un va et vient plus ou moins r\u00e9gulier. Il faut peut-\u00eatre ouvrir l\u2019\u0153il pour voir \u00e7a. Ne pas rester hypnotis\u00e9 par la source du hasard, qui n\u2019existe pas. Se rendre le plus loin possible, jusqu’\u00e0 l’\u00e9puisement. Ensuite, recommencer.<\/p>",
"content_text": "acrylique sur toile 18x24 cm avril 2023\n\nTrajectoires, routes, chemins, sentiers, labyrinthes, errances, routines, enfermement dans des routines, habitudes, exceptions, d\u00e9couvertes, \u0153ill\u00e8res, r\u00e9p\u00e9titions, corv\u00e9es, ennui, lassitude, surprise, \u00e9tonnement, hypnose, itin\u00e9raires, d\u00e9cider, se laisser porter, hasard, n\u00e9cessit\u00e9, obligation, r\u00e9sistance, ombre et lumi\u00e8re, gris, couleurs, connu, inconnu, nouveaut\u00e9, fatigue, energie, renouveau.\n\nUne suite de mots s\u00e9par\u00e9s par des virgules. Comme un itin\u00e9raire de pens\u00e9es qui se d\u00e9plie. Eviter la phrase, l\u2019argumentation, l\u2019explication, la justification. Revenir encore sur le tableau demande de d\u00e9passer la fatigue. Revenir sur le tableau demande d\u2019oublier le connu. Revenir sur le tableau. P\u00e9n\u00e9trer dans l\u2019inconnu. Avoir un regard neuf, d\u00e9tach\u00e9, de ce que ce tableau \u00e9tait il y a encore une minute. Ne pas avoir de suite dans les id\u00e9es puisqu\u2019il n\u2019y a pas d\u2019id\u00e9e. Il n\u2019y a pas d\u2019id\u00e9e en amont. Il y a juste l\u2019envie de peindre un tableau. Quel est vraiment mon \u00e2ge quand je peins un tableau ? Quelle est mon exp\u00e9rience ? Est-ce que je peux me servir de cette exp\u00e9rience quand je peins un tableau ? Si je m\u2019en sers je retombe presque toujours sur le m\u00eame tableau. Oublier l\u2019exp\u00e9rience, oublier tous les tableaux d\u00e9j\u00e0 faits. Commencer un tableau c\u2019est commencer une nouvelle vie. Il se peut que cette nouvelle vie soit semblable \u00e0 toutes les autres d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9es. Il se peut qu\u2019il y ait seulement un tout petit d\u00e9calage. Il se peut que ce petit d\u00e9calage soit une opportunit\u00e9 \u00e0 laquelle on peut s\u2019accrocher un moment. On peut encore s\u2019accrocher \u00e0 l\u2019espoir que ce ne soit pas exactement le m\u00eame tableau, la m\u00eame vie. Dans ce cas il faut changer de trajectoire, d\u2019itin\u00e9raire, de routine, d\u2019habitude. Prendre cette habitude de ne pas se laisser enfermer dans les habitudes. R\u00e9sister \u00e0 l\u2019habitude. R\u00e9sister \u00e0 l\u2019ennui qur provoque la r\u00e9p\u00e9tition, la routine, l\u2019habitude. Le hasard existe puis il n\u2019existe plus. La nouveaut\u00e9 peut \u00eatre toxique. N\u2019est-ce pas une forme de handicap que de toujours se cantonner au m\u00eame trajet, suivre le m\u00eame cheminement, se mettres des \u0153ill\u00e8res ? N\u2019est-ce pas un handicap que de ne pouvoir supporter l\u2019id\u00e9e de d\u00e9j\u00e0-vu. N\u2019est-ce pas de la b\u00eatise d\u2019imaginer que l\u2019on se baigne plusieurs fois dans le m\u00eame cours des choses ? N\u2019est-ce pas le d\u00e9j\u00e0-vu l\u2019obstacle ? N\u2019est-ce pas l\u2019illusion d\u2019avoir vu quelque chose, de ne l\u2019avoir vue que partiellement pour une raison ou pour une autre \u00e0 cet instant pr\u00e9cis o\u00f9 on l\u2019a vue qui emp\u00e8che de le regarder \u00e0 nouveau et pourquoi ne pas recommencer, regarder \u00e0 nouveau, s\u2019y prendre \u00e0 deux ou plusieurs fois pour regarder \u00e0 nouveau ?\n\nEt si rien n\u2019\u00e9tait nouveau ? Si c\u2019\u00e9tait seulement l\u2019\u0153il qui soudain s\u2019ouvrait comme par hasard. Il n\u2019y a pas de hasard. Alors pourquoi l\u2019\u0153il s\u2019ouvre \u00e0 ce moment pr\u00e9cis ? Par lassitude de quelque chose qu\u2019il ne d\u00e9sire plus voir. Par lassitude d\u2019une habitude du voir. L\u2019\u0153il change de trajectoire, l\u2019\u0153il emprunte un autre chemin, il d\u00e9cide \u00e0 cet instant pr\u00e9cis de faire une exception \u00e0 son habitude. Il d\u00e9passe l\u2019id\u00e9e de corv\u00e9e, d\u2019obligation, de r\u00e9sistance. Il n\u2019est pas attir\u00e9 par la lumi\u00e8re seulement il explore aussi l\u2019ombre. Il n\u2019est pas attir\u00e9 par ce qui attire r\u00e9guli\u00e8rement, la couleur. Il ne s\u2019oppose plus \u00e0 la nuance. Il accepte le noir et le gris en m\u00eame temps que la couleur. L\u2019\u0153il est fatigu\u00e9 de s\u2019opposer, il l\u00e2che prise, ce n\u2019est pas un hasard. C\u2019est un ressort qui a longtemps \u00e9t\u00e9 compress\u00e9 et qui \u00e0 un moment pr\u00e9cis se rel\u00e2che.\n\nPeut-\u00eatre qu\u2019il faut en finir une bonne fois pour toutes avec l\u2019id\u00e9e de nouveaut\u00e9. Il n\u2019y a jamais eu de nouveaut\u00e9, il n\u2019y en a pas, il n\u2019y en aura plus. Il n\u2019y a pas de hasard pas plus que de nouveaut\u00e9. Il y a seulement de l\u2019aveuglement. Un aveuglement cr\u00e9e par l\u2019habitude. Un aveuglement cr\u00e9e par la peur de voir, la peur de regarder vraiment. Un aveuglement qui est ce qu\u2019on appelle le confort, le \u00ab \u00e7a me suffit \u00bb, le \u00ab j\u2019en ai d\u00e9j\u00e0 bien assez ou trop vu \u00bb.\n\nPeut-\u00eatre qu\u2019il faut s\u2019enfermer. Il faut s\u2019enfermer avant de l\u2019\u00eatre par hasard. Le hasard n\u2019existe pas. Il faut une m\u00e9thode. Il faut toujours une m\u00e9thode. On croit que l\u2019on n\u2019a pas de m\u00e9thode mais c\u2019est faux. On a une m\u00e9thode. Cela peut \u00eatre inefficace. L\u2019efficacit\u00e9 est-il l\u2019unique validation d\u2019une m\u00e9thode ? Quand saura t\u2019on que l\u2019on est v\u00e9ritablement efficace ? Qu\u2019est ce que \u00e7a peut bien vouloir dire pour un peintre d\u2019\u00eatre efficace ? Ce n\u2019est pas de peindre plus vite. Ce n\u2019est pas suivre le m\u00eame processus pour obtenir toujours le m\u00eame r\u00e9sultat. L\u2019\u00e9motion n\u2019est pas un r\u00e9sultat scientifique. Adopter le m\u00eame protocole de travail conduit \u00e0 une forme d\u2019ali\u00e9nation. C\u2019est le protocole qui peint. Donc ce n\u2019est plus vraiment moi. Qu\u2019est ce qui me g\u00e8ne dans le fait que ce ne soit plus moi qui peigne mais un protocole ? Je ne veux pas mourir ? Je d\u00e9l\u00e8gue quelque chose que je consid\u00e8re important pour moi \u00e0 un protocole qui peu \u00e0 peu me biffe, me gomme ? Est-ce que les gens qui s\u2019appuient sans rel\u00e2che sur des protocoles ne sont pas d\u2019une certaine mani\u00e8re des suicidaires ? Ils veulent tuer le hasard qui n\u2019existe pas. Ils veulent tuer une illusion en eux-m\u00eames. Peut-\u00eatre qu\u2019ils ne savent pas qu\u2019ils sont eux-m\u00eames des illusions. Peut-\u00eatre qu\u2019ils le savent tr\u00e8s bien et qu\u2019ils s\u2019appuient sur des protocoles en esp\u00e9rant que \u00e7a cesse. Faire le tri entre la r\u00e9alit\u00e9 et l\u2019imagination ne peut pas s\u2019effectuer compl\u00e8tement par la logique. Il faut une part d\u2019errance, d\u2019exp\u00e9rimentation. Il faut s\u2019\u00e9carter de la route, emprunter des chemins, des sentiers, se perdre, errer, apprendre \u00e0 transformer des corv\u00e9es en moines zen. Ne plus faire de diff\u00e9rence entre le connu et l\u2019inconnu, entre le courage et la peur, entre la fatigue et l\u2019\u00e9nergie. Peut-\u00eatre que nous sommes comme des ressorts. On se compresse, on se d\u00e9tend, c\u2019est un va et vient plus ou moins r\u00e9gulier. Il faut peut-\u00eatre ouvrir l\u2019\u0153il pour voir \u00e7a. Ne pas rester hypnotis\u00e9 par la source du hasard, qui n\u2019existe pas. Se rendre le plus loin possible, jusqu'\u00e0 l'\u00e9puisement. Ensuite, recommencer.",
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"title": "moi qui t'ai nourri",
"date_published": "2023-04-26T07:11:10Z",
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"content_html": " je l’ai entendu beaucoup et je l’entends toujours , c’est souvent un reproche ; un rappel \u00e0 l’ordre ou \u00e0 la raison. Mais quoi, comment ose-tu, moi qui ai tout fait pour toi, moi qui t’ai nourri, quelle ingratitude .<\/p>\n Pas rare que ce soit plus facile de faire \u00e0 bouffer que de prendre l’autre dans ses bras, de lui parler, de lui dire vraiment la v\u00e9rit\u00e9.<\/p>\n Le facile et le difficile et tous les modes de communication qui en d\u00e9coulent.<\/p>\n Et si on inverse les choses ?<\/p>\n Pour faire \u00e0 bouffer, il faut du fric, dont il faut en trouver, pour en trouver il faut travailler, se rendre \u00e0 ce travail de bonne heure, supporter les autres toute une journ\u00e9e de travail, qu’on l’accepte ou pas, revenir ensuite, entrer dans un supermarch\u00e9, chez un boucher, un \u00e9picier, \u00eatre \u00e0 peu pr\u00e8s poli, vider son porte-monnaie, faire une carte bleue, grossir encore le d\u00e9couvert, prendre un cr\u00e9dit \u00e0 la consommation, et enfin rentrer chez soi ext\u00e9nu\u00e9.<\/p>\n Faire \u00e0 bouffer.<\/p>\n Et l\u00e0 le merdeux se pointe la gueule enfarin\u00e9e, tu ne m’aimes pas assez etc.<\/p>\n Alors tu r\u00e9ponds moi qui t’ai nourri, ou moi qui t’ai donn\u00e9 la vie, ou moi quelque chose, n’importe quoi en fait pour ne pas \u00eatre gomm\u00e9 de la surface du monde soudain. Quelle injustice non ? Qu’il te reste une maigre chance d’exister un tout petit peu jusqu’au moment de poser la t\u00eate sur l’oreiller quoi.<\/p>\n Moi qui t’ai nourri.... quelle ingratitude.<\/p>\n Le merdeux en profite pour s’enfoncer encore plus dans ses rancunes pour se construire ainsi avec la rancune. Pour n’\u00eatre plus que rancune.<\/p>\n Tristesse, malheur, rancune des trop nourris, des trop habitu\u00e9s, des borgnes parfois tr\u00e8s semblable \u00e0 ceux qui se vivent sous-aliment\u00e9s.<\/p>\n l’origine d’un mode de communication le plus facile du monde sans doute.<\/p>",
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"title": "Lign\u00e9es",
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"date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Il est int\u00e9ressant d’imaginer les liens qui se tissent \u00e0 travers le temps d’un artiste \u00e0 l’autre. Imaginer ou inventer certainement, car nous n’avons pas toujours de preuves pour \u00e9tayer cette intuition. Par exemple ce matin j’effectue quelques recherches sur l’artiste-peintre contemporaine Amy Sillman.<\/p>\n Amy Sillman est une artiste-peintre am\u00e9ricaine n\u00e9e en 1955 \u00e0 D\u00e9troit, Michigan. Elle est connue pour son travail en peinture abstraite, qui explore souvent les relations entre la couleur, la forme et le mouvement.<\/p>\n L’une des contributions les plus importantes de Sillman \u00e0 l’abstraction est sa capacit\u00e9 \u00e0 cr\u00e9er des \u0153uvres d’art qui sont \u00e0 la fois rigoureuses et \u00e9motionnelles. Elle utilise souvent des couleurs vives et des formes abstraites pour cr\u00e9er des compositions qui sont \u00e0 la fois expressives et sophistiqu\u00e9es.<\/p>\n En outre, Sillman est \u00e9galement connue pour son engagement critique envers l’histoire de l’art et les conventions de la peinture abstraite. Elle utilise souvent des r\u00e9f\u00e9rences \u00e0 d’autres artistes pour interroger les id\u00e9es pr\u00e9con\u00e7ues sur l’abstraction. Cette approche a permis de renouveler la peinture abstraite en la connectant \u00e0 des probl\u00e9matiques critiques importantes.<\/p>\n Je tombe sur le r\u00e9sum\u00e9 d’un livre \u00e9crit de la main de l’artiste \" Faux pas\"<\/p>\n Quelques images du travail d’Amy Sillman.<\/p>\n Assez cher, 20 \u20ac \u00e0 la Fnac, je le note pour quand j’aurai de quoi, sinon il y a un petit livre disponible sur Kindle pour 1,70 \u20ac de la superbe collection \"Between artists\" \u00e9dit\u00e9e \u00e0 l’origine par Alejandro Cesarco , publi\u00e9e au d\u00e9but de ART PRESS. C’\u00e9tait introuvable et voici qu’on le trouve en kindle, presque gratuitement. Tout est en anglais bien s\u00fbr.<\/p>\n D’Amy Sillman le fil de l’intuition ou de l’\u00e9criture conduit \u00e0 Pat Steir n\u00e9e plus t\u00f4t en 1940 \u00e0 Newark, New Jersey. Surtout connue pour ses peintures d\u00e9goulinantes, les \"waterfalls\" datant des ann\u00e9es 80. Le lien que l’on peut effectuer se base sur la ligne et le silence, mais chez Pat Steir il y a encore un peu de s\u00e9duction, c’est cette id\u00e9e de s\u00e9duction qui me conduit \u00e0 Agn\u00e8s Martin. Plut\u00f4t le d\u00e9sir chez elle d’y renoncer d\u00e9finitivement.<\/p>\n Quelques images du travail de Pat Steir :<\/p>\n Un lien, une lign\u00e9e se cr\u00e9e soudain avec une autre femme et son travail : Agn\u00e8s Martin.<\/p>\n Agn\u00e8s Martin n\u00e9e en 1912 Macklin (Saskatchewan), au Canada, puis elle d\u00e9m\u00e9nage \u00e0 Vancouver. Le d\u00e9but de son travail comme chez beaucoup de peintres est figuratif. Ensuite elle s’installera aux Etats-Unis, \u00e0 New York 1941 ..? mais je crois qu’elle est arriv\u00e9e aux US en 1931, par contre pas d’information sur la ville, et le travail qu’elle y effectua durant cette longue p\u00e9riode de 10 ans.<\/p>\n Elle est surtout connue pour la derni\u00e8re partie de son travail pictural. Celui-ci constitu\u00e9 de grilles rectangulaires. ( huile et crayon) Bien que minimalistes dans la forme, ces peintures s’\u00e9cartent de l’intellectualisme, fr\u00e9quent dans les d\u00e9marches minimalistes, au profit d’une approche personnelle et spirituelle.<\/p>\n En raison de la dimension spirituelle suppl\u00e9mentaire de son travail, elle a pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 que son travail soit classifi\u00e9 en tant qu’expressionnisme abstrait. Dans ses compositions, elle utilisait essentiellement le noir, blanc, et le brun avant son arriv\u00e9e au Nouveau-Mexique. Ensuite, les compositions ont \u00e9volu\u00e9 par l’emploi de teintes l\u00e9g\u00e8res, changeantes selon la lumi\u00e8re.<\/p>\n Agn\u00e8s Martin oblige le spectateur \u00e0 s’approcher de son \u0153uvre pour la percevoir, en cela elle int\u00e8gre dans ses compositions l’attitude en mouvement du spectateur et l’oblige ainsi \u00e0 une nouvelle dimension de perception ; en cela l’\u0153uvre d’Agn\u00e8s Martin est magistrale.<\/p>\n En 1967 Elle quitte son atelier de Coentis Slip (quartier sud Manhattan) dans un loft, non loin de Robert Rauschenberg, Jasper Johns et James Rosenquist. « l\u2019une des rares enclaves artistiques principalement queer en Am\u00e9rique »<\/em> a dit un historien (J.Katz). Elle en profite pour faire table rase et d\u00e9truire l’ensemble de son travail.<\/p>\n En 1973, elle r\u00e9apparait avec A Clear Day<\/em> (Un jour clair<\/em>) une s\u00e9rie de trente s\u00e9rigraphies (portfolio 30 dessins). Parait cette ann\u00e9e-l\u00e0, son recueil « La perfection inh\u00e9rente \u00e0 la vie » (« On the Perfection Underlying Life »)<\/em>, une tentative de formulation de ses id\u00e9es sous forme de monologue int\u00e9rieur. Un recueil d\u2019aphorismes, de conf\u00e9rences, de po\u00e8mes et de paraboles, un itin\u00e9raire de l\u2019errance et de la perfection.<\/p>\n En 1976, elle ach\u00e8te une cam\u00e9ra et filme en plein air. C\u2019est \"Gabriel\", un film silencieux qui explore le bonheur, l\u2019innocence et la beaut\u00e9, ces \u00e9motions abstraites dont on peut faire l\u2019exp\u00e9rience, selon elle, \u00e0 travers la contemplation du monde naturel.<\/p>\n Agn\u00e8s Martin est r\u00e9compens\u00e9e du lion d\u2019Or de la Biennale de Venise pour l\u2019ensemble de sa carri\u00e8re en 1997. Elle est l\u2019une des grandes artistes du vingti\u00e8me si\u00e8cle.<\/p>\n<\/blockquote><\/blockquote>\n Quelques images du travail d’Agn\u00e8s Martin<\/p>\n Peut-\u00eatre que ce genre de billet int\u00e9ressera les lectrices ou lecteurs de ce blog, peut-\u00eatre pas , peut-\u00eatre que je peux parfois \u00e9viter de parler de \"moi\" comme j’en ai la manie. Encore que tout choix invoque cette instance, ce qui est la raison principale, fausse \u00e9videmment, que je me donne pour toujours avoir l’air de ne rien choisir.<\/p>\n Ne pas faire de choix est aussi un choix. Ensuite le temps dira la raison pour laquelle ces choix ont \u00e9t\u00e9 effectu\u00e9s -soit disant inconsciemment. Le dira t’il vraiment un jour ? parfois j’en doute, c’est un d\u00e9faut qui attend toujours de devenir qualit\u00e9.<\/p>\n D’un autre c\u00f4t\u00e9 :<\/p>\n je me demande souvent en quoi mes choix regardent les autres, lorsque j’ai termin\u00e9 de peindre un tableau, d’\u00e9crire un texte ? J’ai souvent bien des doutes apr\u00e8s coup. Et bien sur que J’imagine aussi que l’int\u00e9r\u00eat sera proportionnel ( pour moi ) au fait que \u00e7a ne semble regarder personne , que cet aveuglement sera m\u00eame \u00e0 l’origine de ce que je consid\u00e8re moi comme un bon billet, un bon tableau.<\/p>\n Ce fait de ne regarder personne.<\/p>\n J’irais ensuite jusqu’ \u00e0 dire m\u00eame pas moi mais ce serait pr\u00e9somptueux, je ne suis pas encore \u00e0 ce niveau. Peut-\u00eatre que c’est pour cela que j’ai encore besoin de publier, d’exposer.<\/p>\n Cet automatisme de publier, d’exposer tout de m\u00eame, comme lorsqu’on vit dans un d\u00e9sert \u00e0 chercher toujours plus ou moins un point d’eau, en apprenant \u00e0 \u00e9conomiser sa salive quand rien ne vient. Mais pour \u00e9conomiser quoique ce soit ne faut-il pas remonter \u00e0 sa valeur, une valeur \u00e0 soi \u00e0 ne pas confondre avec les valeurs g\u00e9n\u00e9rales.<\/p>\n En tous cas cette id\u00e9e de cr\u00e9er ainsi des lign\u00e9es d’artistes me plait bien. On verra bien o\u00f9 \u00e7a m\u00e8ne, pour cela il suffit de s’y mettre r\u00e9guli\u00e8rement voil\u00e0 tout encore une fois.<\/p>",
"content_text": "Il est int\u00e9ressant d'imaginer les liens qui se tissent \u00e0 travers le temps d'un artiste \u00e0 l'autre. Imaginer ou inventer certainement, car nous n'avons pas toujours de preuves pour \u00e9tayer cette intuition. Par exemple ce matin j'effectue quelques recherches sur l'artiste-peintre contemporaine Amy Sillman.\n\nAmy Sillman est une artiste-peintre am\u00e9ricaine n\u00e9e en 1955 \u00e0 D\u00e9troit, Michigan. Elle est connue pour son travail en peinture abstraite, qui explore souvent les relations entre la couleur, la forme et le mouvement.\n\nL'une des contributions les plus importantes de Sillman \u00e0 l'abstraction est sa capacit\u00e9 \u00e0 cr\u00e9er des \u0153uvres d'art qui sont \u00e0 la fois rigoureuses et \u00e9motionnelles. Elle utilise souvent des couleurs vives et des formes abstraites pour cr\u00e9er des compositions qui sont \u00e0 la fois expressives et sophistiqu\u00e9es.\n\nEn outre, Sillman est \u00e9galement connue pour son engagement critique envers l'histoire de l'art et les conventions de la peinture abstraite. Elle utilise souvent des r\u00e9f\u00e9rences \u00e0 d'autres artistes pour interroger les id\u00e9es pr\u00e9con\u00e7ues sur l'abstraction. Cette approche a permis de renouveler la peinture abstraite en la connectant \u00e0 des probl\u00e9matiques critiques importantes.\n\nJe tombe sur le r\u00e9sum\u00e9 d'un livre \u00e9crit de la main de l'artiste \" Faux pas\"\n\nQuelques images du travail d'Amy Sillman.Combien p\u00e8se une couleur? Comment une forme peut-elle \u00eatre politique? Les peintres ont-ils besoin de Freud pour analyser leur passion pour les pots de peinture? Est-ce qu'une toile peut avoir de l'humour? L'abstraction gestuelle est-elle forc\u00e9ment un truc de machos? Figure essentielle de la sc\u00e8ne artistique contemporaine, Amy Sillman est une peintre dont les \u00e9crits r\u00e9g\u00e9n\u00e8rent la pens\u00e9e sur l'art, \u00e0 partir de questions \u00ab pratiques \u00bb qui permettent de consid\u00e9rer d'un \u0153il neuf l'art contemporain. Attentive \u00e0 retracer des id\u00e9es trop vite oubli\u00e9es et \u00e0 r\u00e9\u00e9valuer des \u0153uvres mal consid\u00e9r\u00e9es, elle bouscule les id\u00e9es re\u00e7ues sur les avant-gardes, de Maria Lassnig et Philip Guston \u00e0... Delacroix. Faux Pas rassemble des textes et des cartoons et dessins humoristiques de Sillman, pour beaucoup r\u00e9alis\u00e9s pendant la premi\u00e8re vague du COVID-19, ainsi que des portraits d'artistes au travail, composant un panorama personnel de la peinture contemporaine.\n\nAssez cher, 20 \u20ac \u00e0 la Fnac, je le note pour quand j'aurai de quoi, sinon il y a un petit livre disponible sur Kindle pour 1,70 \u20ac de la superbe collection \"Between artists\" \u00e9dit\u00e9e \u00e0 l'origine par Alejandro Cesarco , publi\u00e9e au d\u00e9but de ART PRESS. C'\u00e9tait introuvable et voici qu'on le trouve en kindle, presque gratuitement. Tout est en anglais bien s\u00fbr.\n\nD'Amy Sillman le fil de l'intuition ou de l'\u00e9criture conduit \u00e0 Pat Steir n\u00e9e plus t\u00f4t en 1940 \u00e0 Newark, New Jersey. Surtout connue pour ses peintures d\u00e9goulinantes, les \"waterfalls\" datant des ann\u00e9es 80. Le lien que l'on peut effectuer se base sur la ligne et le silence, mais chez Pat Steir il y a encore un peu de s\u00e9duction, c'est cette id\u00e9e de s\u00e9duction qui me conduit \u00e0 Agn\u00e8s Martin. Plut\u00f4t le d\u00e9sir chez elle d'y renoncer d\u00e9finitivement.\n\nQuelques images du travail de Pat Steir: \n\nUn lien, une lign\u00e9e se cr\u00e9e soudain avec une autre femme et son travail : Agn\u00e8s Martin.\n\nAgn\u00e8s Martin n\u00e9e en 1912 Macklin (Saskatchewan), au Canada, puis elle d\u00e9m\u00e9nage \u00e0 Vancouver. Le d\u00e9but de son travail comme chez beaucoup de peintres est figuratif. Ensuite elle s'installera aux Etats-Unis, \u00e0 New York 1941 ..? mais je crois qu'elle est arriv\u00e9e aux US en 1931, par contre pas d'information sur la ville, et le travail qu'elle y effectua durant cette longue p\u00e9riode de 10 ans.\n\nElle est surtout connue pour la derni\u00e8re partie de son travail pictural. Celui-ci constitu\u00e9 de grilles rectangulaires. ( huile et crayon) Bien que minimalistes dans la forme, ces peintures s'\u00e9cartent de l'intellectualisme, fr\u00e9quent dans les d\u00e9marches minimalistes, au profit d'une approche personnelle et spirituelle.\n\nEn raison de la dimension spirituelle suppl\u00e9mentaire de son travail, elle a pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 que son travail soit classifi\u00e9 en tant qu'expressionnisme abstrait. Dans ses compositions, elle utilisait essentiellement le noir, blanc, et le brun avant son arriv\u00e9e au Nouveau-Mexique. Ensuite, les compositions ont \u00e9volu\u00e9 par l'emploi de teintes l\u00e9g\u00e8res, changeantes selon la lumi\u00e8re.\n\nAgn\u00e8s Martin oblige le spectateur \u00e0 s'approcher de son \u0153uvre pour la percevoir, en cela elle int\u00e8gre dans ses compositions l'attitude en mouvement du spectateur et l'oblige ainsi \u00e0 une nouvelle dimension de perception ; en cela l'\u0153uvre d'Agn\u00e8s Martin est magistrale.\n\nEn 1967 Elle quitte son atelier de Coentis Slip (quartier sud Manhattan) dans un loft, non loin de Robert Rauschenberg, Jasper Johns et James Rosenquist. \u00abl\u2019une des rares enclaves artistiques principalement queer en Am\u00e9rique\u00bb a dit un historien (J.Katz). Elle en profite pour faire table rase et d\u00e9truire l'ensemble de son travail. \u00ab Je suis instable et je veux essayer de ne pas parler pendant trois ans. Je veux vraiment le faire. \u00ab (lettre \u00e0 un curateur, 1967) \u00abJe m\u2019int\u00e9resse \u00e0 une exp\u00e9rience sans paroles et silencieuse, et \u00e0 son expression dans une \u0153uvre d\u2019art qui est \u00e9galement sans mot et silencieuse. \u00bb\n\nEn 1973, elle r\u00e9apparait avec A Clear Day (Un jour clair) une s\u00e9rie de trente s\u00e9rigraphies (portfolio 30 dessins). Parait cette ann\u00e9e-l\u00e0, son recueil \u00ab La perfection inh\u00e9rente \u00e0 la vie \u00bb (\u00ab On the Perfection Underlying Life \u00bb), une tentative de formulation de ses id\u00e9es sous forme de monologue int\u00e9rieur. Un recueil d\u2019aphorismes, de conf\u00e9rences, de po\u00e8mes et de paraboles, un itin\u00e9raire de l\u2019errance et de la perfection.\n\nEn 1976, elle ach\u00e8te une cam\u00e9ra et filme en plein air. C\u2019est \"Gabriel\", un film silencieux qui explore le bonheur, l\u2019innocence et la beaut\u00e9, ces \u00e9motions abstraites dont on peut faire l\u2019exp\u00e9rience, selon elle, \u00e0 travers la contemplation du monde naturel.\n\nAgn\u00e8s Martin est r\u00e9compens\u00e9e du lion d\u2019Or de la Biennale de Venise pour l\u2019ensemble de sa carri\u00e8re en 1997. Elle est l\u2019une des grandes artistes du vingti\u00e8me si\u00e8cle.\n\nQuelques images du travail d'Agn\u00e8s Martin\n\nPeut-\u00eatre que ce genre de billet int\u00e9ressera les lectrices ou lecteurs de ce blog, peut-\u00eatre pas , peut-\u00eatre que je peux parfois \u00e9viter de parler de \"moi\" comme j'en ai la manie. Encore que tout choix invoque cette instance, ce qui est la raison principale, fausse \u00e9videmment, que je me donne pour toujours avoir l'air de ne rien choisir.\n\nNe pas faire de choix est aussi un choix. Ensuite le temps dira la raison pour laquelle ces choix ont \u00e9t\u00e9 effectu\u00e9s -soit disant inconsciemment. Le dira t'il vraiment un jour ? parfois j'en doute, c'est un d\u00e9faut qui attend toujours de devenir qualit\u00e9.\n\nD'un autre c\u00f4t\u00e9 :\n\nje me demande souvent en quoi mes choix regardent les autres, lorsque j'ai termin\u00e9 de peindre un tableau, d'\u00e9crire un texte ? J'ai souvent bien des doutes apr\u00e8s coup. Et bien sur que J'imagine aussi que l'int\u00e9r\u00eat sera proportionnel ( pour moi ) au fait que \u00e7a ne semble regarder personne , que cet aveuglement sera m\u00eame \u00e0 l'origine de ce que je consid\u00e8re moi comme un bon billet, un bon tableau. \n\nCe fait de ne regarder personne.\n\nJ'irais ensuite jusqu' \u00e0 dire m\u00eame pas moi mais ce serait pr\u00e9somptueux, je ne suis pas encore \u00e0 ce niveau. Peut-\u00eatre que c'est pour cela que j'ai encore besoin de publier, d'exposer. \n\nCet automatisme de publier, d'exposer tout de m\u00eame, comme lorsqu'on vit dans un d\u00e9sert \u00e0 chercher toujours plus ou moins un point d'eau, en apprenant \u00e0 \u00e9conomiser sa salive quand rien ne vient. Mais pour \u00e9conomiser quoique ce soit ne faut-il pas remonter \u00e0 sa valeur, une valeur \u00e0 soi \u00e0 ne pas confondre avec les valeurs g\u00e9n\u00e9rales.\n\nEn tous cas cette id\u00e9e de cr\u00e9er ainsi des lign\u00e9es d'artistes me plait bien. On verra bien o\u00f9 \u00e7a m\u00e8ne, pour cela il suffit de s'y mettre r\u00e9guli\u00e8rement voil\u00e0 tout encore une fois.",
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}D'apr\u00e8s une id\u00e9e d'atelier d'\u00e9criture o\u00f9 je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de m\u00eame <\/code><\/pre>\n
Photo d\u00e9couverte sur l’excellent site https:\/\/www.michellagarde.com\/<\/a> dans ses dramagraphies<\/p>\n
Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous \u00e0 l\u2019Urssaf reculez de trois. Sans oublier l\u2019imprimeur, combien pour une publicit\u00e9 de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-\u00eatre quelques pennies pour une ou deux capitales. C\u2019est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas \u00eatre trop b\u00e9gueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu\u2019il s\u2019agit de l\u2019homme Canon. Une vieille resuc\u00e9e de Luna parc. Rien de tout \u00e7a.
Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah myst\u00e8re et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.<\/p>",
"content_text": "D'apr\u00e8s une id\u00e9e d'atelier d'\u00e9criture o\u00f9 je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de m\u00eame Photo d\u00e9couverte sur l'excellent site https:\/\/www.michellagarde.com\/ dans ses dramagraphies \n\nIl faut vous lancer\u2026 on ne sait pas comment vous le dire\u2026 et sur tous les tons\u2026 lancez-vous\u2026\n\nJe mis un temps avant de comprendre qu\u2019ils s\u2019adressaient \u00e0 moi. Ou du moins \u00e0 eux-m\u00eames au travers de moi. Car il est extr\u00eamement rare que l\u2019on s\u2019adresse vraiment \u00e0 moi tel que je suis. Moi-m\u00eame y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre \u00e0 l\u2019\u00e9vidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n\u2019\u00e9tais ni plus ni moins qu\u2019un \u00e9pouvantail, un homme de paille, \u00e0 moiti\u00e9 Turc. Il insistaient sur la t\u00eate. \n\nSe lancer\u2026 ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme \u00e7a sans y penser. Sans y r\u00e9fl\u00e9chir. Sans \u00e9tablir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l\u2019aval. Sans compter qu\u2019il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une arm\u00e9e d\u2019ing\u00e9nieurs, des super calculateurs. Sans oublier la mati\u00e8re premi\u00e8re, le b\u00e9ton, l\u2019acier, le fer. Sans oublier la bonne volont\u00e9, une quantit\u00e9 tr\u00e8s pr\u00e9cise de hargne, ajout\u00e9 \u00e0 quelques soup\u00e7ons de na\u00efvet\u00e9. Et puis c\u2019est tellement trivial de le dire mais il faut tout de m\u00eame le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. \u00c7a ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie \u00e0 mettre en branle, pour d\u00e9gotter le fameux nerf.\n\nSans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous \u00e0 l\u2019Urssaf reculez de trois. Sans oublier l\u2019imprimeur, combien pour une publicit\u00e9 de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-\u00eatre quelques pennies pour une ou deux capitales. C\u2019est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas \u00eatre trop b\u00e9gueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu\u2019il s\u2019agit de l\u2019homme Canon. Une vieille resuc\u00e9e de Luna parc. Rien de tout \u00e7a.\n\nJuste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah myst\u00e8re et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.",
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"title": "Tendre",
"date_published": "2023-05-13T08:23:19Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
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travail d’\u00e9l\u00e8ve, stage \"oser, h\u00e9siter\" mai 2023<\/p>\n
Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d\u2019attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d\u2019une main l\u2019\u00e9pingle, de l\u2019autre la chemise— si c\u2019est bien une chemise ( on peut le v\u00e9rifier et modifier le mot \u00e7a ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s\u2019efforcer vers \u00e7a est \u00e0 prendre avec des pincettes, sachant d\u2019une part que le mieux est l\u2019ennemi du bien et que d\u2019autre part il faut savoir d\u2019o\u00f9 l\u2019on vient avant de pr\u00e9tendre se rendre o\u00f9 que ce soit. Mais si c\u2019est vers un mieux, il y a de grandes chances que l\u2019origine soit<\/p>\n
Tendre vers une certaine pr\u00e9cision, mais sans jamais l\u2019atteindre de plein fouet, aucun carambolage n\u2019am\u00e9liore la pr\u00e9cision. Aucun carambolage n\u2019apporte quoique ce soit de bien pr\u00e9cis si l\u2019on n\u2019en meurt pas, qu\u2019on ne se retrouve pas h\u00e9mipl\u00e9gique, amn\u00e9sique, amput\u00e9, groggy ou m\u00eame indemne. On a juste assist\u00e9 \u00e0 un carambolage, peut-\u00eatre m\u00eame avoir endoss\u00e9 un r\u00f4le de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l\u2019occasion pour tendre vers la c\u00e9l\u00e9brit\u00e9 tout de m\u00eame, o\u00f9 ce qui est la m\u00eame chose, vers une id\u00e9e toute faite. La pr\u00e9cision ne s\u2019atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se r\u00eave, on peut la d\u00e9sirer certes, la convoiter, mais la poss\u00e9der serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soup\u00e7on de modestie \u00e0 ce moment l\u00e0 si l’on sent que l\u2019on s\u2019\u00e9gare, si l’on tend vers l’abus, l’extr\u00eame.
Dans la tendance moderne d\u2019arriver avant d\u2019\u00eatre parti, tendre est un verbe oubli\u00e9. Enterr\u00e9. Mais dont il faudra tout de m\u00eame faire l’effort se souvenir pour ne pas sombrer \u00e0 la fin des fins. Et puis par piti\u00e9, ne pas s\u2019attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien m\u00eame l’adversit\u00e9 produirait autant d’ efforts d\u00e9mesur\u00e9s pour nous nous maintenir dans l’ignorance ou dans l’oubli.<\/p>\n
Mais l\u2019Ancien Testament est tout de m\u00eame l\u00e0 qu\u2019on le veuille ou pas. L\u2019\u0153il pour \u0153il et le dent pour dent. Et parmi ces r\u00e9miniscences celle qui rappelle qu\u2019il y a un temps pour chaque chose <\/em>et qui se confond avec une place pour chaque chose.<\/em>
Je pense \u00e0 cela ce matin en me souvenant d\u2019un commentaire re\u00e7u sur un de mes textes concernant les gros-mots<\/em> et l\u2019observation donn\u00e9e que leur utilit\u00e9 serait mineure en po\u00e9sie. Qu\u2019avec des gros-mots on ne ferait que de petits po\u00e8mes<\/em>. Et encore, qu\u2019avec des mots simples de la grande<\/em>. Si je suis d\u2019accord avec la seconde assertion, elle coule de source, la premi\u00e8re m\u2019intrigue.
Pourquoi ne pourrait-on faire des odes bourr\u00e9es de jurons, fleuries d\u2019insultes, de belles J\u00e9r\u00e9miades constitu\u00e9e \u00e0 partir d\u2019une prosopop\u00e9e laissant s\u2019exprimer la politesse par sa totale absence.
Il y a un temps pour chaque chose<\/em>, la po\u00e9sie de Ronsard, la prose de Rabelais, les mis\u00e8res de Rutebeuf, de Nerval de Villon, les illuminations <\/em>de Rimbaud ou Baudelaire et encore tant d\u2019autres qu\u2019un dictionnaire entier n\u2019y suffirait pas - nous disent aussi cela
Je veux dire qu\u2019on \u00e9crit on parle on s\u2019exprime toujours peu ou prou avec son temps, qu\u2019on n\u2019est pas compl\u00e8tement d\u00e9tach\u00e9 de celui-ci, ni singleton. Cela se fait sans m\u00eame y penser. On est si imbib\u00e9, en immersion avec un son ambiant qu\u2019on le restitue toujours plus ou moins \u00e0 travers nos filtres.
A moins de n\u2019\u00eatre pas du temps, \u00e0 moins de se cr\u00e9er une illusion d\u2019\u00e9ternit\u00e9 dans laquelle nous nous rapprochons de l\u2019un ou de l\u2019autre pr\u00e9cit\u00e9s pour parler la m\u00eame langue. Mais ce n\u2019est pas tout \u00e0 fait la m\u00eame chose. Etre du temps, ne pas en \u00eatre, s\u2019obliger au simple de fa\u00e7on violente face au compliqu\u00e9, \u00e0 la politesse, face \u00e0 l\u2019insane, c\u2019est cr\u00e9er des cat\u00e9gories, ou les renforcer encore, c\u2019est \u00e9tablir des camps.<\/p>\n
Peut-\u00eatre que ce qui relie Rabelais \u00e0 l\u2019aujourd\u2019hui est un chaos semblable se situant dans ce que nous nommons le bons sens ou la raison, ou encore le savoir. En savons nous beaucoup plus aujourd\u2019hui qu\u2019au temps de Joachim du Bellay ? Avons nous progress\u00e9 d\u2019un pouce sur la compr\u00e9hension du monde, ou de notre esp\u00e8ce ? C\u2019est \u00e0 voir mais grande chance qu\u2019on n\u2019y verra pas grand chose de nouveau.
Il y a un temps pour chaque chose et pas pour rien sans doute mais pour se rendre compte que l\u2019eau comme la parole, l\u2019\u00e9criture empruntent mille formes mais joue toujours la m\u00eame musique malgr\u00e9 les apparences, l\u2019harmonie, les dissonances, l\u2019illusion de la diversit\u00e9 des paysages qu\u2019elles traversent.<\/p>\n
<\/p>\n
—Mais non vous ne pouvez, vous n\u2019avez pas le droit, vous vous \u00e9garez ! Tenez allez donc au coin, prenez ce bonnet d\u2019\u00e2ne, et mon pied au cul, et ma main sur la gueule, en passant.<\/em><\/p>\n
Je comprends mon attrait furieux pour les silex, leur cassure nette, leur avantage tranchant. Je suis du silex comme on est des villes, de la campagne.<\/p>\n
Il fait noir, on n\u2019y voit goutte, mais si l\u2019on bat le briquet l\u2019obscurit\u00e9, l\u2019ignorance reculeront. Ceci expliquant cela il ne fut pas rare que je choisisse l\u2019obscurit\u00e9 en y p\u00e9n\u00e9trant les mains vides, sans silex, sans allumette, sans briquet.
Je crois que je voulais comprendre cette obscurit\u00e9, sa nature, sa raison d\u2019\u00eatre. Me faire ma propre id\u00e9e de cette obscurit\u00e9.<\/p>\n
Il y a l\u00e0 une sorte de r\u00e9tribution du min\u00e9ral, du silex, une intention qui ressurgit du fond des \u00e2ges. La g\u00e9om\u00e9trie, la froideur, les angles aigus, tranchant, les \u00e9tincelles aux surfaces vitr\u00e9es beaucoup plus larges, un meilleur accueil \u00e0 l\u2019\u00e9tincelle, peut-\u00eatre une glorification de celle-ci bien plus que partout ailleurs dans la ville de l\u2019autre cot\u00e9 du pont qui enjambe la Seine.<\/p>\n
<\/p>\n
Raymond Queneau, Photomaton, 1928, Fonds Jean-Marie Queneau\/diff. \u00e9ditions Gallimard.<\/p>\n
dessin \u00e0 la pierre noire mai 2023<\/p>",
"content_text": "De temps \u00e0 autre il essayait de se transformer, d'\u00eatre m\u00e9chant, la gentillesse lui \u00e9tant comme un boulet \u00e0 tra\u00eener qui l'encombrait. Une pudeur mal plac\u00e9e. Mais comme c'\u00e9tait intempestif, on voyait bien \u00e0 quel point il pouvait \u00eatre maladroit. Il \u00e9tait \u00e0 contre courant de nous autres qui faisions tout pour para\u00eetre gentils. Cependant, nous b\u00e9n\u00e9ficiions d'une \u00e9ducation, d'un entra\u00eenement fastidieux et long. Puis un jour les pudeurs s'invers\u00e8rent, sans savoir pourquoi ni comment. Nous d\u00e9couvr\u00eemes que nous \u00e9tions parvenus \u00e0 une forme d'\u00e9galit\u00e9. Nous \u00e9tions tous aussi salauds les uns que les autres conduits par les circonstances, les al\u00e9as, le hasard et les contingences. dessin \u00e0 la pierre noire mai 2023",
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"title": "Au vitriol",
"date_published": "2023-05-12T04:45:55Z",
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Photo de Vlada Karpovich sur Pexels.com<\/a><\/p>\n
—Pauvre conne<\/em> me suis-je dis tout en leur souriant gentiment . Puis je me suis lev\u00e9 pour quitter l\u2019\u00e9tablissement une fois la monnaie enfourn\u00e9e dans la poche. Le loufiat faisait la gueule, j\u2019aurais laiss\u00e9 un pourboire \u00e7\u2019aurait \u00e9t\u00e9 strictement pareil. Les loufiats sont des sales cons en g\u00e9n\u00e9ral, Il faut bien appeler un chat un chat non.<\/p>\n
\n
\n
— S\u00fbr !<\/em>
Puis ils se s\u00e9par\u00e8rent chacun allant de son cot\u00e9. A un moment en poussant la porte de la boulangerie, il regretta d\u2019avoir \u00e9t\u00e9 un peu brusque avec le jeune type. C\u2019est au moment de payer son pain qu\u2019il s\u2019aper\u00e7ut qu\u2019il n\u2019avait plus de portefeuille.
— D\u00e9sol\u00e9 j\u2019ai d\u00fb oublier mon portefeuille \u00e0 la maison dit-il \u00e0 la boulang\u00e8re.<\/em> Puis il revint dans la rue un peu plus triste que lorsqu\u2019il l\u2019avait quitt\u00e9e, mais son pas s\u2019en trouva tout \u00e0 coup beaucoup plus affermi.<\/p>",
"content_text": "Photo de Vlada Karpovich sur Pexels.com\n\n( exercice d\u2019\u00e9criture, s\u2019entra\u00eener \u00e0 croquer de petites sc\u00e8nes ordinaires de la vie de tous les jours )\n\n\u2014C\u2019est difficile d\u2019\u00eatre m\u00e9chante quand on est gentille. C\u2019est ce que dit cette pouffe \u00e0 sa copine, \u00e0 la table d\u2019\u00e0 c\u00f4t\u00e9. Moi qui suis venu l\u00e0 pour \u00eatre peinard, c\u2019est rat\u00e9. J\u2019ai d\u00fb rester encore cinq minutes, le temps d\u2019attendre la monnaie. C\u2019est vachement long cinq minutes \u00e0 \u00e9couter des conneries. La blondasse doit pas \u00eatre loin de devenir championne r\u00e9gionale de d\u00e9bitage de conneries. En tous cas, elle a l\u2019air d\u2019y mettre du c\u0153ur. Encore une qui deviendra am\u00e8re \u00e0 la cinquantaine quand elle d\u00e9couvrira \u00e0 quel point elle s\u2019est gour\u00e9e de sens dans le trafic. Mais \u00e0 la cinquantaine il est g\u00e9n\u00e9ralement trop tard. Elle aura son G\u00e9g\u00e9 incrust\u00e9 dans le canap\u00e9 IKEA, avec son gros bide, sa kro \u00e0 la main et sa bite molle en berne, en train de mater du foot sur grand \u00e9cran. Elle aura beau lui faire la moindre r\u00e9flexion sur la vie de cons qu\u2019ils m\u00e8nent , le prier sur tous les tons de se retirer les doigts du cul, elle fera chou blanc. Prendre une petite voix melliflue pour demander \u2014Ch\u00e9ri peux-tu sortir les poubelles \u00e7a commence \u00e0 puer\u2026 Que nenni. Le G\u00e9g\u00e9 sera sourd comme un pot \u00e9videmment. Peut-\u00eatre m\u00eame qu\u2019il montera le son pour bien rester en immersion au stade des Princes. Et l\u00e0, quand je la regarde elle a quoi, vingt piges \u00e0 tout casser, beau ch\u00e2ssis, t\u00eate vide.\u2014 c\u2019est difficile d\u2019\u00eatre m\u00e9chante quand on est gentille.\n\n\u2014Pauvre conne me suis-je dis tout en leur souriant gentiment . Puis je me suis lev\u00e9 pour quitter l\u2019\u00e9tablissement une fois la monnaie enfourn\u00e9e dans la poche. Le loufiat faisait la gueule, j\u2019aurais laiss\u00e9 un pourboire \u00e7\u2019aurait \u00e9t\u00e9 strictement pareil. Les loufiats sont des sales cons en g\u00e9n\u00e9ral, Il faut bien appeler un chat un chat non.\n\n\u2014Mieux vaut qu\u2019on en reste l\u00e0. \u00c7a lui avait co\u00fbt\u00e9 de tapoter ces quelques mots, mais beaucoup moins que de composer le num\u00e9ro et de l\u2019avoir en direct. Maintenant la pression retombe , il se sent mieux, il a presque l\u2019impression d\u2019avoir \u00e9t\u00e9 courageux. Le texto l\u2019a soulag\u00e9 \u00e0 un point. Et ce bizarrement avait \u00e9t\u00e9 si simple, alors qu\u2019il revoyait mentalement ces derniers jours o\u00f9 il s\u2019\u00e9tait pris la t\u00eate . Sur le comment lui dire que c\u2019\u00e9tait fini qu\u2019il n\u2019avait plus envie de la voir, qu\u2019elle le gonflait, qu\u2019avec elle surtout il se sentirait toujours perdant. Il resta un instant \u00e0 consid\u00e9rer son \u00e9cran de smartphone. Il rouvrit l\u2019application pour \u00eatre certain que le message \u00e9tait bien parti. C\u2019est \u00e0 ce moment l\u00e0 qu\u2019il s\u2019aper\u00e7ut qu\u2019il s\u2019\u00e9tait gour\u00e9 de num\u00e9ro de t\u00e9l\u00e9phone. Il avait envoy\u00e9 le message \u00e0 son patron. Quelques instants plus tard la notification arriva. \u2014 \u00e7a tombe bien que vous preniez l\u2019initiative , j\u2019allais vous le dire.\n\n\u2014 Monsieur, monsieur, \u00e7a va aller ? Le jeune homme qui se penchait sur lui avait une gueule de con mais il n\u2019arrivait pas \u00e0 savoir s\u2019il lui en voulait \u00e0 lui qui voulait l\u2019aider \u00e0 se relever, ou bien \u00e0 lui-m\u00eame qui s\u2019est \u00e9tal\u00e9 de tout son long sur la chauss\u00e9e. Un peu des deux sans doute. Il maugr\u00e9a un \u00e7a va \u00e7a va fichez-moi la paix et parvint \u00e0 se relever tant bien que mal. Le type le palpait en lui redemandant si tout allait bien\u2026 Monsieur, monsieur, rien de cass\u00e9 vous \u00eates s\u00fbr ? Il le toisa en se redressant du mieux qu\u2019il le pouvait de toute sa stature et se fendit d\u2019un \u2014\u00e7a va, je vous remercie. Le type parut rassur\u00e9, il lui posa une main sur l\u2019\u00e9paule et dit encore \u2014 s\u00fbr \u00e7a va aller ?\n\n\u2014 S\u00fbr !\n\nPuis ils se s\u00e9par\u00e8rent chacun allant de son cot\u00e9. A un moment en poussant la porte de la boulangerie, il regretta d\u2019avoir \u00e9t\u00e9 un peu brusque avec le jeune type. C\u2019est au moment de payer son pain qu\u2019il s\u2019aper\u00e7ut qu\u2019il n\u2019avait plus de portefeuille.\n\n\u2014 D\u00e9sol\u00e9 j\u2019ai d\u00fb oublier mon portefeuille \u00e0 la maison dit-il \u00e0 la boulang\u00e8re. Puis il revint dans la rue un peu plus triste que lorsqu\u2019il l\u2019avait quitt\u00e9e, mais son pas s\u2019en trouva tout \u00e0 coup beaucoup plus affermi.",
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"title": "Se faire d\u00e9foncer",
"date_published": "2023-05-11T05:03:26Z",
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<\/p>\n
Je crois qu\u2019au tout d\u00e9but j\u2019aurais aim\u00e9 \u00eatre po\u00e8te, les petites fleurs les petits oiseaux \u00e7a m\u2019allait bien, pour me tenir en tous cas le plus \u00e9loign\u00e9 possible des tous les miasmes. Mais \u00e7a ne marche pas comme \u00e7a, c\u2019est trop facile. Et puis la po\u00e9sie ce n\u2019est pas du tout \u00e7a. Il faut rentrer dans le dur, dans le maquis, ne pas \u00eatre gentil comme il faut. Il faut beaucoup ruer dans les brancards. Il faut se faire d\u00e9foncer correctement voil\u00e0 tout. Ensuite, soit tu arrives \u00e0 t\u2019en relever et t\u2019es po\u00e8te, soit tu deviens moins qu\u2019un cl\u00e9bard, une loque humaine, un pisseux, un foireux, tu deviens gentil par faiblesse, par peur, et bien sur ; tu paies tout rubis sur l\u2019ongle, tout ce qu\u2019on te demandera et m\u00eame plus, tout ce qu\u2019on ne te demande pas. Une fois que t\u2019as bien pris le pli \u00e7a passe presque comme une lettre \u00e0 la poste.<\/p>\n
<\/p>\n
Il se rel\u00e8ve et il souri. il vous regarde avec son air t\u00eatu. On voit bien qu\u2019il se force \u00e0 prendre cet air l\u00e0 et \u00e0 sourire. Et qu\u2019est-ce qu\u2019il r\u00e9pond —\u00e7a ne m\u2019a pas marqu\u00e9 plus que \u00e7a. Du coup il en reprend une forc\u00e9ment. Il en reprendra d\u2019autres, de plus en plus fort, il faut bien qu\u2019un jour \u00e7a rentre, qu\u2019il comprenne. —Un jour tu cr\u00e2neras plus connard. Un jour tu seras comme tout le monde. On te fera la peau une bonne fois pour toutes et tu seras comme tout le monde. Tu auras la trouille, tu la boucleras, tu marcheras droit, voil\u00e0 tout.<\/p>\n
<\/p>\n
Le Tawashi DIY , l’objet le plus inutile du monde que l’on peut confectionner soi-m\u00eame.<\/p>\n
<\/p>\n
Ce qui est vendu comme \u00e9tant le bonheur te fait peur. Comment peut-on tomber si bas, \u00eatre capable de tant d\u2019abjection pour se faire une place au soleil. Au d\u00e9triment, au d\u00e9tritus, \u00e0 la destruction de ce que l\u2019on t\u2019a aussi vendu dans une autre boutique autrefois comme l\u2019humanit\u00e9, l\u2019\u00e2me.
Deux repr\u00e9sentants de commerce s\u2019affrontent dans une m\u00e9taphysique de possession qu\u2019on le veuille ou non.
Ceux qui ne jurent que par les biens, ceux qui ne jurent que par l\u2019asc\u00e8se, la frugalit\u00e9, la temp\u00e9rance. Catholiques et protestants.<\/p>\n
Un magasin comme une boutique de pompes fun\u00e8bres, une boutique de caisses dans lesquelles on s\u2019allonge, dans lesquelles tout loisir de s\u2019allonger dans une caisse est permis, on peut m\u00eame b\u00e9n\u00e9ficier de ce service gratis, du couvercle que l\u2019on cloue pour une immersion parfaite avec le choix de la musique qui ira avec.<\/p>\n
ch\u00e8vrefeuille et jasmin m\u00eal\u00e9s en bas dans la cour.<\/p>\n
<\/p>\n
Georgia O’Keeffe. White Iris, 1930Virginia Museum of Fine Arts, Richmond. Gift of Mr. and Mrs. Bruce C. Gottwald.credit photo : Katherine Wetze \/ Virginia Museum of Fine Arts(photo libre de droit)<\/p>\n
Quand la derni\u00e8re r\u00e9sistance dispara\u00eet dans l\u2019usure, \u00e0 la fonte, larme suave du c\u0153ur du roc.
C\u2019est toi et ce n\u2019est plus sit\u00f4t que vouloir te nommer t\u2019enfermer
Le silence est la coupe que tu me tends et je m\u2019enivre du rien qu\u2019elle contient
D\u00e9sormais l\u2019ivresse du vide de l\u2019aveuglement, folle certitude, \u00e0 danser, la joie se moque bien<\/p>\n
De ces drames ces com\u00e9dies ce frisson sur la paume balay\u00e9 autrefois par la pens\u00e9e, l\u2019ailleurs
Les mots qu\u2019une haleine y aura grav\u00e9s invisibles \u00e0 la pens\u00e9e, le souffle revient la paume se p\u00e2me
\u00e0 la brise printani\u00e8re un frisson change le pain et l\u2019eau en \u00e9tranget\u00e9.
La langue \u00e9trange de l\u2019\u00e9tranget\u00e9 fuyant les m\u00e9andres des pens\u00e9es, une langue venue d\u2019ailleurs
De l\u2019\u00e9blouissement pass\u00e9.<\/p>",
"content_text": "Georgia O\u0092Keeffe. White Iris, 1930Virginia Museum of Fine Arts, Richmond. Gift of Mr. and Mrs. Bruce C. Gottwald.credit photo: Katherine Wetze \/ Virginia Museum of Fine Arts(photo libre de droit)\n\nC\u2019est dans l\u2019\u00e9blouissement que tu r\u00e9sides, au bout de l\u2019ennui dans le silence des travers\u00e9es\n\nQuand la derni\u00e8re r\u00e9sistance dispara\u00eet dans l\u2019usure, \u00e0 la fonte, larme suave du c\u0153ur du roc.\n\nC\u2019est toi et ce n\u2019est plus sit\u00f4t que vouloir te nommer t\u2019enfermer\n\nLe silence est la coupe que tu me tends et je m\u2019enivre du rien qu\u2019elle contient\n\nD\u00e9sormais l\u2019ivresse du vide de l\u2019aveuglement, folle certitude, \u00e0 danser, la joie se moque bien\n\nSur la paume le souffle revient, l\u2019haleine, tout se d\u00e9noue tant fut serr\u00e9e la cha\u00eene et la trame\n\nDe ces drames ces com\u00e9dies ce frisson sur la paume balay\u00e9 autrefois par la pens\u00e9e, l\u2019ailleurs\n\nLes mots qu\u2019une haleine y aura grav\u00e9s invisibles \u00e0 la pens\u00e9e, le souffle revient la paume se p\u00e2me\n\n\u00e0 la brise printani\u00e8re un frisson change le pain et l\u2019eau en \u00e9tranget\u00e9.\n\nLa langue \u00e9trange de l\u2019\u00e9tranget\u00e9 fuyant les m\u00e9andres des pens\u00e9es, une langue venue d\u2019ailleurs\n\nDe l\u2019\u00e9blouissement pass\u00e9.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/variations-sur-le-passage-entre-les-saisons.html",
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"title": "Variations sur le passage entre les saisons",
"date_published": "2023-05-09T02:45:33Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z",
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<\/p>\n
<\/p>\n
Jusques \u00e0 leur contenu
Me s\u00e9pare de mes hardes
Et comme un dieu je vais nu.\"
( La marchande d’habits, dans Po\u00e9sies, St\u00e9phane Mallarm\u00e9 1899)<\/p>\n<\/blockquote>",
"content_text": "\n\nIl y a Mallarm\u00e9 contre lequel je bute r\u00e9guli\u00e8rement comme on bute contre un mur, mettons ce mur immense qu'on a d\u00e9couvert r\u00e9cemment au fond des oc\u00e9ans, qui mesure 3 km de hauteur et 20 de large et qui coure dans les profondeurs encerclant la plan\u00e8te \u00e0 moiti\u00e9. Mais, si je n'avais jamais essay\u00e9 de lire Mallarm\u00e9 , sans doute n'aurais-je jamais pris conscience de ce mur, ce mur entre le visible et ce qu'il dissimule presque toujours, l'invisible.\n\nEnsuite que ce fameux mur soit un bug cr\u00e9e par Google Earth, une affaire de pixel carr\u00e9s, un collage trop pr\u00e9cis d'images et dont le r\u00e9sultat peut faire r\u00eaver, ce n'est pas le probl\u00e8me. Dans la t\u00eate un mur s'est \u00e9lev\u00e9, qu'il provienne de la fr\u00e9n\u00e9sie des magmas ou de la main humaine, cela n'a pas vraiment d'importance. Il y a un mur visible au fond des oc\u00e9ans d\u00e9sormais sur Google Earth, comme en po\u00e9sie il y a Mallarm\u00e9. \n\nIl y a quelque chose que l'on n'avait pas vu avant et qui soudain est devenu tr\u00e8s pr\u00e9sent.\n\nC'est d'autant pr\u00e9sent que \u00e7a r\u00e9sonne avec la question du moment. Qu'est ce que je vois, qu'est-ce que j'entends, qu'est-ce que je pense vraiment. Est-ce que tout \u00e7a n'est qu'une somme d'apprentissages, une \u00e9ducation, un formatage, ou bien suis-je parvenu \u00e0 creuser un \u00e9cart par moi-m\u00eame. Est-ce que je suis un \u00eatre parl\u00e9 par les autres, par une langue commune, une langue pratique, une langue dont l'int\u00e9r\u00eat est de me faire ob\u00e9ir \u00e0 des injonctions qui ne m'appartiennent pas, ou bien suis-je parvenu \u00e0 parler ma propre langue, \u00e0 voir le monde de mes propres yeux, la r\u00e9alit\u00e9 de fa\u00e7on personnelle ?\n\nUne chose m'ennuie dans les ouvrages de fiction, je l'ai d\u00e9j\u00e0 dit, et cet ennui provient de la g\u00e8ne que j'\u00e9prouve instantan\u00e9ment du visible au sens ou le visible se m\u00eale \u00e0 la facilit\u00e9, \u00e0 un mot d'ordre qui voudrait peindre l'\u00e9vidence. L'id\u00e9e de la transparence d'un langage est une id\u00e9e fausse qui dans l'ennui saute aux yeux. \n\nJ'aime bien revenir \u00e0 la lettre dans ces moments l\u00e0. Ces signes bizarres le deviennent d'autant plus qu'on fuira les mots, les phrases, le sens qu'on leur accorde si facilement, de fa\u00e7on automatique. Examiner la lettre c'est comme se munir d'un microscope et zoomer sur l'infiniment petit, se retrouver au m\u00eame niveau que la mol\u00e9cule, l'atome, la bact\u00e9rie. Peut-\u00eatre devenir toutes ces choses soudain par immersion. Car on est vite happ\u00e9 par ce myst\u00e8re des signes que quelques instants auparavant on consid\u00e9rait comme allant de soi. Ils \u00e9taient visibles pourtant mais on ne les voyait pas. On croyait voir une \u00e9vidence et soudain voici qu'elle s'est d\u00e9rob\u00e9e que l'on se retrouve confront\u00e9 au myst\u00e8re des hi\u00e9roglyphes. Comment on r\u00e9agit \u00e0 cela, \u00e0 cette incompr\u00e9hension soudaine ? Je veux dire \u00e0 cet ennui que provoque soudain le visible, \u00e0 la d\u00e9couverte de ce hiatus, entre le signe et la signification, souvent on s'enfuit : trop c'est trop. On referme le livre, on le range au haut d'une \u00e9tag\u00e8re, on l'oublie. Il est possible que nos oublis soient de la m\u00eame cat\u00e9gorie que nos ennuis. On devrait s'en souvenir, et \u00e0 p\u00e9riode r\u00e9guli\u00e8re y revenir, les explorer encore une fois, pour voir.\n\nLa po\u00e9sie de Mallarm\u00e9 pose de belles questions quand on y revient. Et la premi\u00e8re que j'y ai trouv\u00e9e c'est qu'est-ce que c'est que lire. On d\u00e9couvre que lire peut-\u00eatre r\u00e9flexif. Qu'on n'est pas tenu de rester assis sur un banc de l'\u00e9cole \u00e0 bailler en \u00e2nonnant ce que le professeur d\u00e9sire qu'on \u00e2nonne. On peut lire ainsi sans consommer, avaler, bouffer, d\u00e9vorer, dig\u00e9rer. On peut lire avec plus de difficult\u00e9, et apprendre \u00e0 aimer la difficult\u00e9 pour ce qu'elle nous apporte d'autonomie, de cr\u00e9ativit\u00e9, d'intelligence nouvelle des \u00e9changes, des relations entre les mots. Sortir du cadre sujet-verbe-compl\u00e9ment c'est comme sortir de l'hiver et assister \u00e0 l'arriv\u00e9e du printemps. Les branches sont encore nues mais d\u00e9j\u00e0 l'ellipse si pr\u00e9sente laisse au regardeur tout loisir ou devoir de cr\u00e9er la feuille. La notion d'incidence souvent pr\u00e9sente dans la phrase Mallarm\u00e9enne oblige \u00e0 ne pas perdre le fil d'une logique syntaxique qui secoue les neurones, et fabriques des connections secr\u00e8tes in\u00e9dites. Lire Mallarm\u00e9 c'est inventer soi-m\u00eame Ariane tout en \u00e9tant Th\u00e9s\u00e9e, le labyrinthe n'est construit peut-\u00eatre que dans un tel dessein. C'est aussi un bouleversement de l'id\u00e9e de genre comme de l'id\u00e9e de compr\u00e9hension en g\u00e9n\u00e9ral\u2014vouloir comprendre comme p\u00e9n\u00e9trer de fa\u00e7on phallique un sujet, comme en gros on l'apprend sur les bancs de l'\u00e9cole, n'est plus de mise. Pour comprendre il ne faut pas vouloir comprendre ce que veut dire le po\u00e8te, mais la langue. C'est sauter par dessus le d\u00e9faut des langues qui ne vient pas d'elles, mais de nous \u00e0 vouloir les assujettir. Comprendre Mallarm\u00e9 c'est avant tout comprendre qu'il existe mille fa\u00e7ons de trouver son bonheur dans les mots bien au-del\u00e0 de leurs significations vulgaires, de ces significations qui s'offrent si ais\u00e9ment, qui \u00e9cartent les cuisses au tout venant et qui d'ailleurs s'y engouffre si facilement.\n\n\"Le vif \u0153il dont tu regardes\n\nJusques \u00e0 leur contenu\n\nMe s\u00e9pare de mes hardes\n\nEt comme un dieu je vais nu.\"\n\n( La marchande d'habits, dans Po\u00e9sies, St\u00e9phane Mallarm\u00e9 1899) ",
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"title": "Esquisse d'une sensation ( exercice d'\u00e9criture )",
"date_published": "2023-05-08T01:50:05Z",
"date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z",
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<\/p>\nVariations autour de la sensation d'une transition de saison, tout ce qui arrive sans y penser, le premier jet, sans r\u00e9\u00e9criture, ou, autre expression : improvis\u00e9. <em>L'improvisation<\/em> valant peut-\u00eatre ce qu'on entend par <em>pr\u00e9paration<\/em>. Pr\u00e9paration comme en cuisine, pr\u00e9parer un plat, puis le dresser ensuite dans l'assiette sur une table. Avec ou sans fioriture, suivant l'humeur, les circonstances, l'ordinaire, l'extraordinaire, amiti\u00e9s, f\u00eates, naissances, mariages et enterrements.<\/code><\/pre>\n
<\/p>",
"content_text": "Variations autour de la sensation d'une transition de saison, tout ce qui arrive sans y penser, le premier jet, sans r\u00e9\u00e9criture, ou, autre expression : improvis\u00e9. L'improvisation valant peut-\u00eatre ce qu'on entend par pr\u00e9paration. Pr\u00e9paration comme en cuisine, pr\u00e9parer un plat, puis le dresser ensuite dans l'assiette sur une table. Avec ou sans fioriture, suivant l'humeur, les circonstances, l'ordinaire, l'extraordinaire, amiti\u00e9s, f\u00eates, naissances, mariages et enterrements.\n\nCe que d\u00e9clenche en tout premier lieu, l\u2019id\u00e9e de la variation d\u2019une phrase, c'est mon inaptitude \u00e0 la r\u00e9\u00e9criture. Ce blocage face \u00e0 la musique. Cet excessif respect face \u00e0 toute musique d\u00e9sormais apr\u00e8s en avoir t\u00e2t\u00e9 et reconnu cette inaptitude. Apr\u00e8s m'\u00eatre fourr\u00e9 cette sensation d'inaptitude dans le cr\u00e2ne surtout. La sensation qu\u2019on ne peut pas refaire ce qui vient d\u2019\u00eatre fait. Qu'il faille passer par une forme de destruction irr\u00e9versible du pass\u00e9 pour recr\u00e9er \u00e0 vif. Et aussi, en opposition, cette sensation que ce qui est fait ne l\u2019est pas enti\u00e8rement par moi ou je. La sensation que r\u00e9\u00e9crire c\u2019est mettre un peu trop je en avant comme chef des op\u00e9rations. La sensation que je ne suis pas que je quand j\u2019\u00e9cris. La sensation qu\u2019\u00e9prouve le petit je ballott\u00e9 par la langue , qu' il le sait pertinemment, que \u00e7a, la langue, n\u2019appartient pas qu\u2019\u00e0 lui. La sensation de vouloir entrer dans une langue qui en grande partie se refuse en raison d\u2019une croyance qu\u2019on y est avant tout pour moiti\u00e9 \u00e9tranger. La sensation que si je me voue enti\u00e8rement \u00e0 la langue fran\u00e7aise je trahis la langue maternelle. Je les trahis car j\u2019emprunte une autre langue, je les trahis tous ceux qui s\u2019exprim\u00e8rent autrement qu\u2019en fran\u00e7ais, en estonien, mais aussi dans le fran\u00e7ais de tous les jours, le fran\u00e7ais ordinaire, le fran\u00e7ais d'une \u00e9poque, le fran\u00e7ais d'une p\u00e9riode \u00e9conomique, politique, le fran\u00e7ais comme creuset de tous les drames, de toutes les trag\u00e9dies, le laisser aller du fran\u00e7ais dans la violence verbale, la m\u00e9diocrit\u00e9, et parfois aussi sa tendresse tr\u00e8s priv\u00e9e. L\u2019exercice qui consiste \u00e0 partir d\u2019une sensation, de la tentative d\u2019\u00e9criture de cette sensation, du manque que l\u2019\u00e9criture en premier lieu ne peut dire. Comment est-ce que je m\u2019en sors, ou plut\u00f4t ne parviens jamais \u00e0 m'en sortir, de cette traduction personnelle de la sensation. Comment je l\u2019esquive, comment je ne m\u2019y appesantis pas alors que je m\u2019appesantis sur tellement d\u2019autres choses. comme pour me divertir, pour m'aveugler par et dans le divertissement. Comment je peux aussi me mettre \u00e0 d\u00e9lirer au travers de cet exercice de traduction, devenir fou \u00e0 lier parfois, en essayant de rejoindre quelque chose qui m\u2019\u00e9chappe en lui \u00e9chappant moi-m\u00eame le plus souvent. C'est \u00e0 dire en bottant en touche.\n\nLe pi\u00e8ge est-il dans ce d\u00e9lire comme \u00e9chappatoire au v\u00e9ritable travail ? C\u2019est \u00e0 dire de parvenir \u00e0 dire la sensation, le simple passage d\u2019une saison \u00e0 une autre. Sans doute parce que la sensation vient de loin, que lorsqu\u2019elle ressurgit elle m\u2019\u00e9branle dans mes certitudes, la certitude d\u2019arriver r\u00e9guli\u00e8rement au bout de ma vie notamment. Non, quand cette sensation ressurgit, elle gomme cette certitude. Je me retrouve souvent l\u2019enfant que j\u2019\u00e9tais. Je me retrouve en tant qu\u2019enfant. La sensation me transforme, fait voler le temps en \u00e9clats, la sensation de passer de l\u2019hiver au printemps comme une m\u00e9taphore d\u2019une autre sensation plus onirique encore de la vieillesse qui passe \u00e0 la jeunesse. \u00c9videmment qu\u2019Il doit bien y avoir un lien mais comment \u00e7a se fait que cette sensation surgit la toute premi\u00e8re fois, lorsqu\u2019on sort de l\u2019hiver, vers mettons 6 ou 7 ans ? Se sentir d\u00e9j\u00e0 vieux que d'aspirer \u00e0 la jeunesse ainsi tiendrait-il. Que me raconte cette sensation lorsque je la vois surgir en moi soudain sur le chemin de l\u2019\u00e9cole un matin. Comment je la per\u00e7ois comme retrouvailles d\u00e9j\u00e0 dans le chant des oiseaux, dans une l\u00e9g\u00e8ret\u00e9 nouvelle de l\u2019air qui caresse la joue. A quoi je pense en \u00e9prouvant enfant cette sensation \u00e0 la sortie de ces hivers si longs d\u00e9j\u00e0, interminables, est-ce que je pense d\u2019ailleurs \u00e0 quoi que ce soit, ou bien n\u2019est-ce que la sensation du corps qui a moins \u00e0 lutter tout simplement, qui se sent d\u00e9barrass\u00e9 d\u2019un poids, celui des lourds v\u00eatements d\u2019hiver, les ayant troqu\u00e9 pour des tenues plus l\u00e9g\u00e8res. Le retour du short, de l'air frais sur les mollets.\n\nQuelles images viennent simultan\u00e9ment avec la sensation, la sensation qui charrie, la sensation comme le Cher qui coule en bas sous le grand pont et qui charrie les flaques de sang des abattoirs voisins, mais pas seulement, parfois aussi un tronc qui flotte, une transparence au travers de quoi on aper\u00e7oit, dans son lit au lever du soleil, des cheveux d\u2019algues d\u2019un vert tendre. Charroi et sensation. Et cette expression qui revient comme un cheveu d\u2019ange dans l\u2019air l\u00e9ger, que disait-elle d\u00e9j\u00e0 ? \u2014arr\u00eate de charrier, tu me charries, tu charries \u2014 Quelque chose est transport\u00e9 d\u2019un lieu l\u2019autre, d\u2019un temps l\u2019autre par la sensation qui ressurgit. La sensation me transporte, comme la musique peut me transporter, comme les variations musicales qu\u2019on reconna\u00eet sans vraiment en prendre conscience au moment o\u00f9 on les entend. Parce qu\u2019on ne fait qu\u2019entendre on n\u2019\u00e9coute pas. Parce que je n'est pas seul \u00e0 l'\u00e9coute, il ne peut l'\u00eatre, ce serait un illogisme. Parce qu\u2019il faut d\u00e9passer beaucoup de difficult\u00e9s pour \u00e9couter vraiment, notamment celle du c\u0153ur qui cogne dans la poitrine, la douleur que \u00e7a fait dans la poitrine et qu\u2019on ne peut pas dire, la douleur qu\u2019on garde pour soi dans la poitrine. Pour soi ce n'est pas que moi ou je, c'est bien autre chose, c'est un ensemble. Cette douleur que l\u2019on aiguise comme un b\u00e2ton de r\u00e9glisse pour pouvoir la sucer, s\u2019en nourrir, et \u00e0 la fin des fins pouvoir m\u00eame en \u00e9prouver un certain plaisir. Un plaisir solitaire \u00e0 marcher sur le chemin de l\u2019\u00e9cole en \u00e9prouvant cette sensation d\u2019un c\u0153ur qui se serre envahit soudain par le chant des oiseaux, qui se brise se fend, \u00e9clate comme une bogue de marron \u00e0 la moindre sensation retrouv\u00e9e d'une l\u00e9g\u00e8ret\u00e9 de l\u2019air, d' une transparence entr'aper\u00e7ue entre les flaques du sang qui flottent \u00e0 la surface du Cher. Est-ce qu\u2019il manque encore quelque chose \u00e0 cet instant de l\u2019\u00e9criture de la sensation, est-ce que quelque chose de terrible se dissimule encore apr\u00e8s cet \u00e9coulement de mots qui charrie des flaques de sang, des zones de douleurs, le vert des algues qui dansent sous la surface des eaux. La sensation tr\u00e8s pr\u00e9sente de la mort se dissimule encore. Et aussi le contentement de voir ressurgir comme une issue \u00e0 cette peur dans l\u2019arriv\u00e9e soudaine du printemps, dans le chant des oiseaux, quelque chose de violent et de doux en m\u00eame temps.\n\n",
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"title": "Et apr\u00e8s",
"date_published": "2023-05-07T06:14:51Z",
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R\u00e9volte des Gilets Jaunes Photo SIPA<\/p>\n
Ils fracass\u00e8rent les portes du Palais, d\u00e9couvrir encore le hall puis s\u2019arr\u00eat\u00e8rent net.
Ils ne savaient pas ce qu\u2019il fallait faire ensuite.
Ils regard\u00e8rent un instant les ors de la R\u00e9publique, se regard\u00e8rent les uns les autres, puis tr\u00e8s vite ressortirent.<\/p>\n
Une spirale \u00e0 l’encre de chine<\/p>\n
<\/p>\n
Rare \u00e9tait l\u2019exception. Le petit quelque chose<\/em> qui, lorsqu\u2019il tombait dessus recr\u00e9ait le monde, balayait la morosit\u00e9, redonnait un peu d\u2019espoir en la journ\u00e9e qui commence. Il ne parcourait les livres que le matin de bonne heure comme on essaie d\u2019entretenir un jardin par temps de canicule.<\/p>\n
<\/p>\n
Lorsque nous voulons raconter notre vie, nous sombrons si facilement dans le r\u00e9cit, nous r\u00e9inventons la plupart des \u00e9v\u00e9nements, des \u00eatres, nous fabriquons des d\u00e9cors, des personnages, tr\u00e8s souvent \u00e0 seule fin de nous glorifier, de ne pas trop exprimer la honte, la l\u00e2chet\u00e9, la roublardise, de nombreuses de nos interactions avec les autres, avec la vie- soit \u00e0 nos propres yeux avec une mauvaise foi atterrante, soit aux yeux des autres dont la plupart du temps nous ne savons rien.
Encore faut-il, pour \u00e9prouver cette g\u00e8ne fondamentale, avoir vraiment pris conscience de l\u2019absurdit\u00e9 de tout r\u00e9cit de cette cat\u00e9gorie. Car, tr\u00e8s souvent, nous sommes victimes de cette obsession qu\u2019il devienne cr\u00e9dible- avec tout ce que nous imaginons de ce que peut \u00eatre cette cr\u00e9dibilit\u00e9<\/em>- aux yeux d\u2019un public, invent\u00e9, r\u00eav\u00e9 lui aussi.
Nous voudrions \u00eatre l\u2019acteur le plus important de notre r\u00e9cit et, bien sur, erreur de d\u00e9butant, nous projetons cette importance sur ce public fantasm\u00e9.
Mais si l\u2019on prend les choses en sens inverse. Si on part du principe que la plupart des gens se fichent \u00e9perdument de toute autobiographie, que la plupart des gens sentent intuitivement que l\u2019autobiographie est une fiction, on peut changer son fusil d\u2019\u00e9paule. On peut alors dire : “ ceci est une fiction, n\u2019en croyez pas un mot, ceci est un personnage, cela est une histoire comme tant d\u2019autres.”<\/p>\n
<\/p>\n
protocole visuel pour lacer une chaussure.<\/p>\n
<\/p>\n
Liste de bruits par cat\u00e9gorie.
Bruits de la rue
Bruits de la ville
Bruits de la campagne
Bruits dans un appartement en ville
Bruits dans une maison de village, une ferme, une bergerie,
Bruits dans une \u00e9glise, bruits dans une mairie, bruits dans une gare, bruits dans un supermarch\u00e9, bruits dans la salle d\u2019attente d\u2019un dentiste, bruits dans un bistrot, bruits dans un cr\u00e9matorium, bruits dans un cimeti\u00e8re, bruits dans une cour de r\u00e9cr\u00e9ation, bruits dans une salle de classe, bruits dans un jardin, bruits sur un chantier, bruits au bord de la rivi\u00e8re, bruits au bord d\u2019un canal, bruits sur un pont suspendu, bruits dans une galerie souterraine, bruits dans la cave, bruits dans un grenier, bruits dans une maison toute neuve, bruits derri\u00e8re une cloison, bruits provenant du plafond, du plancher, bruits selon les heures de la journ\u00e9e, bruits r\u00e9els, bruits invent\u00e9s, bruits connus et inconnus, bruits par degr\u00e9 d\u2019intensit\u00e9, bruits par degr\u00e9 d\u2019agacement, bruit familier, bruits qui font sursauter, bruits qui font cogner le c\u0153ur dans la poitrine, bruits qui cr\u00e9ent un haut-le c\u0153ur, bruits que l\u2019on peut faire avec les parties du corps, bruits qui n\u00e9cessite un outil, bruits sur lesquels on peut ou on ne peut intervenir.<\/p>\n
Le gr\u00e9sillement habituel dans la grisaille du petit matin. Le gr\u00e9sillement des cat\u00e9naires dans le silence du quai. Le gr\u00e9sillement d\u2019un insecte contre une vitre \u00e9paisse. Le gr\u00e9sillement au d\u00e9but presque inaudible envahit maintenant tout l\u2019espace de la rue.
Chuintement des oiseaux de nuit sur le plomb des toits. Une fois l\u2019averse pass\u00e9e, le goudron chuinta, laissant \u00e9chapper de petits nuages flottant \u00e7a et l\u00e0.
Grincement. Une porte s\u2019ouvrit en grin\u00e7ant tandis qu\u2019un peu plus loin criss\u00e8rent des freins il y eut un gros boum<\/em>, quelqu\u2019un sorti d\u2019un v\u00e9hicule, puis il y eut un hurlement, des \u00e9clats de voix, des g\u00e9missements, des cris, des pleurs et puis soudain plus rien, silence. Puis on le d\u00e9marrage d’un moteur, un crissement de pneu, il y eut un vroum<\/em>, et, enfin, le gr\u00e9sillement familier des n\u00e9ons qui te rappelle \u00e0 ta solitude dans cette rue cette nuit l\u00e0.<\/p>\n
The Seven Acts of Mercy Julie Merhetu 2004<\/p>\nMimer pacifiquement la guerre ? la violence ?<\/h2>\n
Par la suite dans les comp\u00e9titions en l\u2019honneur de Zeus, on ajouta le retour, soit le diaulos, puis encore plus fort 24 stades, le dolichos soit 4,6 km.<\/p>\n“une totalit\u00e9 spatiale organique”<\/h2>\n
Le stade se diff\u00e9rencie \u00e9galement du xystos, piste couverte dans un gymnase o\u00f9 l\u2019on s\u2019entra\u00eene par mauvais temps ou lorsque il faut trop chaud \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur.
Le stade n\u2019a rien non plus \u00e0 voir avec l\u2019autel, le temple, l\u2019agora ni aucun autre \u00e9difice de la cit\u00e9.
Au bout du compte si on peut imaginer dans la pens\u00e9e premi\u00e8re du roi Iphitos l\u2019utilisation du stade comme amusement, d\u00e9lassement, ersatz de la guerre, le lieu du Jeu, le lieu o\u00f9 m\u00eame un cuisinier peut devenir durant quelques instants un h\u00e9ros, presque d\u00e9j\u00e0 un dieu ( R\u00e9f\u00e9rence \u00e0 K\u00e9r\u00e9bos qui remporta la toute premi\u00e8re course en Olympie) il est possible que l\u2019on se fourvoie.
Le stade permet \u00e0 la guerre de continuer m\u00eame quand elle n\u2019est pas l\u00e0. Le stade permet de conserver actif l\u2019esprit de comp\u00e9tition, l\u2019esprit combatif m\u00eame et surtout en temps de paix.
Le stade acquiert ainsi une place d\u00e9cisive dans la cit\u00e9 il devient le centre n\u00e9vralgique de la comp\u00e9tition autour duquel s\u2019organise la ville et ses nombreuses activit\u00e9s. Il exerce une force centrip\u00e8te sur l\u2019ensemble des peuples hell\u00e8nes, fondant ainsi une nouvelle unit\u00e9 sociopolitique sp\u00e9cifique \u00e0 chaque nouvelle olympiade.<\/p>\nPourquoi le retour des stades ?<\/h2>\n
<\/p>\nQue voit-on sur le tableau du Caravage ?<\/h2>\n
enterrer les morts. \u00c0 l’arri\u00e8re-plan, deux hommes portent un mort dont on ne voit que les pieds.
visiter les prisonniers et nourrir les affam\u00e9s. Sur la droite une fille rend visite \u00e0 son p\u00e8re emprisonn\u00e9 et lui donne le sein pour le nourrir (l\u00e9gende de Pero et Micon).
aider les sans-abri. Un p\u00e8lerin reconnaissable \u00e0 la coquille sur son chapeau recherche un abri.
visiter les malades. Le mendiant paralys\u00e9 g\u00eet sur le sol.
v\u00eatir ceux qui n’ont rien (\u00e0 l’exemple de saint Martin qui a donn\u00e9 son manteau au mendiant nu).
donner \u00e0 boire \u00e0 ceux qui ont soif. Samson boit de l’eau de la m\u00e2choire d’un \u00e2ne.<\/p>\n
Petite histoire du tableau du Caravage<\/h2>\n
Le sport et la religion m\u00eame combat, le but \u00e9tant l\u2019aveuglement collectif, le naufrage dans l\u2019\u00e9motionnel, et bien sur son exploitation par des personnages \u00e0 sang-froid.<\/p>\nQue repr\u00e9sente le tableau de Julie Merhetu ?<\/h2>\n
Le tableau s\u2019organise autour d\u2019un vide, d\u2019une obscurit\u00e9, la lumi\u00e8re vient de la gauche, ce qui \u00e9voque pour moi la maladresse, le hasard, ce qu\u2019on appelle g\u00e9n\u00e9ralement la gaucherie, la femme gauche, la f\u00e9minit\u00e9 ainsi consid\u00e9r\u00e9e durant des si\u00e8cles. Que la lumi\u00e8re de la vienne de la gauche et cr\u00e9e ainsi des contours aux silhouettes, les fait appara\u00eetre hors de l\u2019obscurit\u00e9 de la violence fondamentale et comme surprises dans leurs \u0153uvres nomm\u00e9es mis\u00e9ricordieuses procure une belle \u00e9motion esth\u00e9tique et intellectuelle, assez semblable d\u2019ailleurs \u00e0 celle procur\u00e9e par l\u2019\u0153uvre de Julie Merhetu. Quasiment identique.<\/p>\n
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similaire et identique, toute une histoire ...<\/p>\n
<\/a>photographie sans int\u00e9r\u00eat 1, mai 2023
<\/a>photographie sans int\u00e9r\u00eat 2, mai 2023
<\/a>photographie sans int\u00e9r\u00eat 3, mai 2023<\/p>",
"content_text": "pour reprendre une id\u00e9e, celle d'un protocole, prendre des photographies d\u00e9pourvues d'int\u00e9r\u00eat.\n\nPour \u00e7a il suffit de s'emparer de l' appareil photo, de sortir de l'atelier, de photographier la premi\u00e8re chose qu'on voit, ne pas chercher le joli cadrage, une esth\u00e9tique, \u00e0 envoyer un message, m\u00eame pas une \u00e9motion. Moins on aura d'int\u00e9r\u00eat \u00e0 le faire mieux \u00e7a sera. Ce qui, paradoxe, construit imm\u00e9diatement un but, et donc l'int\u00e9r\u00eat de vouloir l'atteindre...photographie sans int\u00e9r\u00eat 1, mai 2023photographie sans int\u00e9r\u00eat 2, mai 2023photographie sans int\u00e9r\u00eat 3, mai 2023",
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"title": "vivons nous dans une simulation ?",
"date_published": "2023-05-02T05:15:51Z",
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Le theme de la simulation est explor\u00e9 par l’artiste Jeremy Geddes dans ses \u0153uvres photographiques<\/p>\n
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Paul C\u00e9zanne La sainte Victoire<\/p>\n
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trois petits travaux sur Procreate avril 2023.<\/p>",
"content_text": "Mal organis\u00e9, inquiet, terroris\u00e9 parfois, j'essaie de surnager comme je peux. L'enfant t\u00eatu ne veut toujours pas couler. Je fais sur la tablette, je vole un peu de temps, de plaisir. Et tant pis s'il n'y a pas de lien, au contraire. trois petits travaux sur Procreate avril 2023.",
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"title": "Barnett Newman n\u00e9 \u00e0 Lower East Side.",
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"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": "Quelques images d’Adolph Gottlieb et de ses \u0153uvres <\/h2>\n



<\/p>\nQuelques images d’Aaron Siskind et de ses \u0153uvres<\/h2>\n



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Clyfford Still with PH-1024, 1976. Photographed by Patricia Still. \u00a9 City and County of Denver, courtesy the Clyfford Still Museum Archives.<\/p>\n
British painter Francis Bacon portrait session on September 29, 1987 in Paris, France. (Photo by Raphael GAILLARDE\/Gamma-Rapho via Getty Images)<\/p>\n
acrylique sur toile format 30x30cm avril 2023<\/p>\n
acrylique sur toile 18x24 cm avril 2023<\/p>\n
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<\/a>Combien p\u00e8se une couleur ? Comment une forme peut-elle \u00eatre politique ? Les peintres ont-ils besoin de Freud pour analyser leur passion pour les pots de peinture ? Est-ce qu’une toile peut avoir de l’humour ? L’abstraction gestuelle est-elle forc\u00e9ment un truc de machos ? Figure essentielle de la sc\u00e8ne artistique contemporaine, Amy Sillman est une peintre dont les \u00e9crits r\u00e9g\u00e9n\u00e8rent la pens\u00e9e sur l’art, \u00e0 partir de questions « pratiques » qui permettent de consid\u00e9rer d’un \u0153il neuf l’art contemporain. Attentive \u00e0 retracer des id\u00e9es trop vite oubli\u00e9es et \u00e0 r\u00e9\u00e9valuer des \u0153uvres mal consid\u00e9r\u00e9es, elle bouscule les id\u00e9es re\u00e7ues sur les avant-gardes, de Maria Lassnig et Philip Guston \u00e0... Delacroix. Faux Pas rassemble des textes et des cartoons et dessins humoristiques de Sillman, pour beaucoup r\u00e9alis\u00e9s pendant la premi\u00e8re vague du COVID-19, ainsi que des portraits d’artistes au travail, composant un panorama personnel de la peinture contemporaine.<\/cite><\/p>\n<\/blockquote>\n
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« Je suis instable et je veux essayer de ne pas parler pendant trois ans. Je veux vraiment le faire. « <\/em>(lettre \u00e0 un curateur, 1967) « Je m\u2019int\u00e9resse \u00e0 une exp\u00e9rience sans paroles et silencieuse, et \u00e0 son expression dans une \u0153uvre d\u2019art qui est \u00e9galement sans mot et silencieuse. »<\/em><\/cite><\/blockquote>\n
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