{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/comme.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/comme.html", "title": "Comme", "date_published": "2023-05-29T07:44:20Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa f\u00eate, l’engloutir tout entier en deux coups les gros. L’air du temps me rattrape et je me mettrais bien \u00e0 courir comme un d\u00e9rat\u00e9 dans l’espoir de trouver une hauteur. En vain. C’est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu’il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c’est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m’enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m’excite me fait dresser les poils. Ta gueule l’ange je dis et \u00e7a m’extrait d’un coup des sables. Me v’la qui l\u00e9vite. Comme par enchantement. L’ange se marre. Genre t’inqui\u00e8te j’ai toujours raison, le con. Que t’aies la foi ou pas n’a aucune esp\u00e8ce d’importance. Comment on en est arriv\u00e9 l\u00e0 ? Aucune id\u00e9e j’ai juste dit comme <\/em>au d\u00e9but et puis ensuite j’ai laiss\u00e9 fil\u00e9 pour arriver \u00e0 la fin.<\/p>", "content_text": "\n\nComme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa f\u00eate, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien \u00e0 courir comme un d\u00e9rat\u00e9 dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et \u00e7a m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui l\u00e9vite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inqui\u00e8te j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune esp\u00e8ce d'importance. Comment on en est arriv\u00e9 l\u00e0 ? Aucune id\u00e9e j'ai juste dit comme au d\u00e9but et puis ensuite j'ai laiss\u00e9 fil\u00e9 pour arriver \u00e0 la fin.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/28052023.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/28052023.html", "title": "28052023", "date_published": "2023-05-28T05:06:15Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

S\u2019atteler \u00e0 une t\u00e2che, \u00e0 un travail, \u00e0 un projet. Ce qui conduit \u00e0 s\u2019atteler. Qu\u2019il reste quelque chose malgr\u00e9 tout. S\u2019atteler \u00e0 l\u2019\u00e9criture d\u2019un journal, d\u2019un carnet, laisser une trace. Ce qui est paradoxal puisque tu ne te relis jamais.<\/p>\n

Une trace pour qui alors ?<\/p>\n

Une trace dans l\u2019invisible. Une op\u00e9ration magique. Peut-\u00eatre.<\/p>\n

Et ensuite quand tu publies c\u2019est que tu es d\u00e9j\u00e0 mort, que tout \u00e7a ne te concerne plus. Que tu n\u2019es d\u00e9j\u00e0 plus celui qui \u00e9crit ces lignes.<\/p>\n

Peut-\u00eatre aussi.<\/p>\n

Les hypoth\u00e8ses ne manquent pas.<\/p>\n

— Tu es trop tourn\u00e9 vers toi, penses un peu \u00e0 moi.
Exactement le genre de phrase que j\u2019entends depuis toujours.<\/p>\n

Cette culpabilit\u00e9 qu\u2019on voudrait que tu \u00e9prouves et par laquelle tu parviens, enfin, \u00e0 bien vouloir prendre conscience du monde. A daigner prendre conscience de l\u2019autre comme monde<\/p>\n

Le monde se r\u00e9sumant \u00e0 moi que tu ne regardes pas <\/em>n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 le monde,
Peut-\u00eatre parce que l\u2019on a commis cette erreur une fois et qu\u2019on ne s\u2019en est jamais totalement remis.<\/p>\n

mais comment l\u2019expliquer et pourquoi.<\/p>\n

As-tu encore envie de d\u00e9penser une \u00e9nergie quelconque \u00e0 vouloir expliquer quoi que e soit ? Aucune envie justement.
\u00c7a n\u2019en vaut pas la peine. C\u2019est idiot cette expression, mais c\u2019est \u00e0 peu pr\u00e8s \u00e7a, une peine d\u00e9pens\u00e9e \u00e0 vide, pour rien.
Fut un temps o\u00f9 tu ne m\u00e9nageas pas ta peine. Puis ce fut ridicule de peiner ainsi \u00e0 vide. Totalement ridicule.<\/p>\n

Regarder froidement les faits.<\/p>\n

Le fait de ne pas assumer pleinement une solitude. De faire chier le monde parce qu\u2019on se sent seul abandonn\u00e9. Le fait de se coller \u00e0 l’autre comme si c’\u00e9tait une bou\u00e9e, qu’on se sente naufrag\u00e9.<\/p>\n

C\u2019est toujours la m\u00eame histoire. Ne pas vouloir crever.<\/p>\n

On ne peut pas en vouloir aux gens pour \u00e7a, c\u2019est humain. Etre humain excuserait \u00e0 peu pr\u00e8s tout.<\/p>\n

C\u2019est toi qui es bizarre souviens t\u2019en. Pour eux tu es une bizarrerie. Tu te fous de tout et de toi-m\u00eame. Quelque chose ne tourne pas rond.<\/p>\n

\u00catre ou ne pas \u00eatre du cot\u00e9 de la vie, de ce qu\u2019ils appellent la vie.<\/em><\/p>\n

— oui je veux pouvoir m\u2019acheter du parfum, aller chez le coiffeur, partir en vacances, aller au restaurant \u2026
\u00c7a peut se comprendre.
L\u2019\u00e9cart peut se mesurer.<\/p>\n

Tout laisser derri\u00e8re soi encore une fois et partir. Ce refrain qui revient encore et encore. Tu ne sais que fuir m\u2019a t\u2019on dit avec chagrin.
Rejouer encore une fois sa vie aux d\u00e9s. Quand je vois toutes les l\u00e2chet\u00e9s dont on est capable pour maintenir un certain niveau de confort ou de paix tout simplement. Une ob\u00e9issance insupportable - qu\u2019on ne peut plus supporter du tout - intol\u00e9rable- \u00e0 un ordre des choses.<\/p>\n

Peut-\u00eatre que je serais d\u2019accord pour qu\u2019on m\u2019enferme. Qu\u2019on m\u2019isole, qu\u2019on me jette aux ordures comme une pomme pourrie pour ne pas contaminer toutes les autres pommes du panier.
Et tous ces imb\u00e9ciles en transe avec leur confiance en soi jetteraient la clef de la cellule.<\/p>\n

Aucune envie de vengeance cependant pour m\u2019aider \u00e0 tenir de longues ann\u00e9es dans les souterrains d\u2019un ch\u00e2teau.<\/p>\n

Mais la nuit bien sur que je m\u2019exercerais en douce \u00e0 traverser les murs.<\/p>\n

On ne peut faire autrement que de recr\u00e9er sans cesse le monde. M\u00eame si on ne le veut pas, si on tente de s\u2019y opposer, le refus cr\u00e9er encore quelque chose de proche de la m\u00eame id\u00e9e. Un gant retourn\u00e9 c’est toujours un gant.<\/p>", "content_text": "\n\nS\u2019atteler \u00e0 une t\u00e2che, \u00e0 un travail, \u00e0 un projet. Ce qui conduit \u00e0 s\u2019atteler. Qu\u2019il reste quelque chose malgr\u00e9 tout. S\u2019atteler \u00e0 l\u2019\u00e9criture d\u2019un journal, d\u2019un carnet, laisser une trace. Ce qui est paradoxal puisque tu ne te relis jamais.\n\nUne trace pour qui alors ?\n\nUne trace dans l\u2019invisible. Une op\u00e9ration magique. Peut-\u00eatre.\n\nEt ensuite quand tu publies c\u2019est que tu es d\u00e9j\u00e0 mort, que tout \u00e7a ne te concerne plus. Que tu n\u2019es d\u00e9j\u00e0 plus celui qui \u00e9crit ces lignes.\n\nPeut-\u00eatre aussi.\n\nLes hypoth\u00e8ses ne manquent pas.\n\n\u2014 Tu es trop tourn\u00e9 vers toi, penses un peu \u00e0 moi.\n\nExactement le genre de phrase que j\u2019entends depuis toujours.\n\nCette culpabilit\u00e9 qu\u2019on voudrait que tu \u00e9prouves et par laquelle tu parviens, enfin, \u00e0 bien vouloir prendre conscience du monde. A daigner prendre conscience de l\u2019autre comme monde\n\nLe monde se r\u00e9sumant \u00e0 moi que tu ne regardes pas n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 le monde,\n\nPeut-\u00eatre parce que l\u2019on a commis cette erreur une fois et qu\u2019on ne s\u2019en est jamais totalement remis.\n\nmais comment l\u2019expliquer et pourquoi.\n\nAs-tu encore envie de d\u00e9penser une \u00e9nergie quelconque \u00e0 vouloir expliquer quoi que e soit ? Aucune envie justement.\n\n\u00c7a n\u2019en vaut pas la peine. C\u2019est idiot cette expression, mais c\u2019est \u00e0 peu pr\u00e8s \u00e7a, une peine d\u00e9pens\u00e9e \u00e0 vide, pour rien.\n\nFut un temps o\u00f9 tu ne m\u00e9nageas pas ta peine. Puis ce fut ridicule de peiner ainsi \u00e0 vide. Totalement ridicule.\n\nRegarder froidement les faits.\n\nLe fait de ne pas assumer pleinement une solitude. De faire chier le monde parce qu\u2019on se sent seul abandonn\u00e9. Le fait de se coller \u00e0 l'autre comme si c'\u00e9tait une bou\u00e9e, qu'on se sente naufrag\u00e9.\n\n\n\nC\u2019est toujours la m\u00eame histoire. Ne pas vouloir crever.\n\nOn ne peut pas en vouloir aux gens pour \u00e7a, c\u2019est humain. Etre humain excuserait \u00e0 peu pr\u00e8s tout.\n\nC\u2019est toi qui es bizarre souviens t\u2019en. Pour eux tu es une bizarrerie. Tu te fous de tout et de toi-m\u00eame. Quelque chose ne tourne pas rond.\n\n\u00catre ou ne pas \u00eatre du cot\u00e9 de la vie, de ce qu\u2019ils appellent la vie.\n\n\u2014 oui je veux pouvoir m\u2019acheter du parfum, aller chez le coiffeur, partir en vacances, aller au restaurant \u2026\n\n\u00c7a peut se comprendre.\n\nL\u2019\u00e9cart peut se mesurer.\n\nTout laisser derri\u00e8re soi encore une fois et partir. Ce refrain qui revient encore et encore. Tu ne sais que fuir m\u2019a t\u2019on dit avec chagrin.\n\nRejouer encore une fois sa vie aux d\u00e9s. Quand je vois toutes les l\u00e2chet\u00e9s dont on est capable pour maintenir un certain niveau de confort ou de paix tout simplement. Une ob\u00e9issance insupportable - qu\u2019on ne peut plus supporter du tout - intol\u00e9rable- \u00e0 un ordre des choses.\n\nPeut-\u00eatre que je serais d\u2019accord pour qu\u2019on m\u2019enferme. Qu\u2019on m\u2019isole, qu\u2019on me jette aux ordures comme une pomme pourrie pour ne pas contaminer toutes les autres pommes du panier.\n\nEt tous ces imb\u00e9ciles en transe avec leur confiance en soi jetteraient la clef de la cellule.\n\nAucune envie de vengeance cependant pour m\u2019aider \u00e0 tenir de longues ann\u00e9es dans les souterrains d\u2019un ch\u00e2teau.\n\nMais la nuit bien sur que je m\u2019exercerais en douce \u00e0 traverser les murs.\n\nOn ne peut faire autrement que de recr\u00e9er sans cesse le monde. M\u00eame si on ne le veut pas, si on tente de s\u2019y opposer, le refus cr\u00e9er encore quelque chose de proche de la m\u00eame id\u00e9e. Un gant retourn\u00e9 c'est toujours un gant.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/27052023.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/27052023.html", "title": "27052023", "date_published": "2023-05-27T18:55:09Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

\u00c9crire la date ainsi ressemble \u00e0 l’inscription d’ un tatouage. Il n’y a qu’une seule journ\u00e9e qui porte ce tatouage. Chaque journ\u00e9e tatou\u00e9e pourrait ainsi l’\u00eatre, m\u00eame les plus insignifiantes. Un matricule de la journ\u00e9e. Une succession de matricules pour faire une semaine, un mois, une ann\u00e9e, une vie.<\/p>\n

Dans quelle mesure l’imagination joue t’elle un r\u00f4le sur la perception de ces journ\u00e9es. Des phrases me reviennent. Celles o\u00f9 il est dit qu’on se ferait des id\u00e9es, que l’on verrait les choses en noir. Celles aussi o\u00f9 serait \u00e9voqu\u00e9 le pire. Il pourrait y avoir pire. Ce pourrait \u00eatre bien pire<\/em>. R\u00e9jouissons nous que ce ne soit pas encore pir<\/em>e.<\/p>\n

Ces phrases que l’on dit pour que l’autre revienne au bercail, revienne \u00e0 des pens\u00e9es moins toxiques, \u00e0 je ne sais quelle vie normale. En g\u00e9n\u00e9ral \u00e7a fonctionne. Un peu d’humour par l\u00e0-dessus, \u00e7a peut le faire. Contre mauvaise fortune, bon c\u0153ur. Sauf quand \u00e7a ne le fait pas. Quand on se sent pris au pi\u00e8ge. Qu’on aurait envie de hurler. Que l’on pr\u00e9f\u00e8re se terrer plut\u00f4t que d’avoir \u00e0 parler, \u00e0 expliquer, \u00e0 disserter. Quand les \u00eatres que l’on a l’habitude de nommer nos proches sont \u00e0 des ann\u00e9es-lumi\u00e8re de ce qui se joue vraiment dans notre int\u00e9riorit\u00e9. Et toujours aussi cette honte tenace bien sur de ne pas savoir \u00eatre heureux avec ce que l’on a. De ne pas savoir s’y contraindre. De ne pas savoir rendre l’autre heureux.<\/p>\n

Comme s’il s’agissait d’un contrat tacite. Nous devrions nous rendre heureux, ce serait la moindre des choses<\/em>. Et la fermeture soudaine de l’un envers l’autre quand ce contrat pour une raison ou une autre est rompu. Il faut toujours trouver la raison<\/em>. L’inventer au besoin. L’affrontement rend cr\u00e9atif. Sauf quand cet affrontement n’est pas possible, car il coute trop d’\u00e9nergie, une \u00e9nergie qui n’est plus disponible.<\/p>\n

—La d\u00e9prime normalement \u00e7a vient en septembre. Tu ne vas pas te mettre aussi \u00e0 te d\u00e9primer au printemps. Il y a dans ses mots une crainte bien s\u00fbr, une inqui\u00e9tude. Comme si on n’avait pas d\u00e9j\u00e0 suffisamment d’emp\u00eachements comme \u00e7a pour que tu en rajoutes. Normalement je fais face, normalement. Mais ce mot, normalement <\/em>, me semble \u00eatre du chinois ces derniers jours. J’ai agi normalement toute ma vie. On me file des coups je tends l’autre joue. Enfin pas toujours, mais assez r\u00e9guli\u00e8rement je me plie \u00e0 la coutume. Normalement c’est comme \u00e7a que \u00e7a fonctionne. Normalement, c’est bien l\u00e0 le jeu. Sauf que l\u00e0 non, pas envie de jouer.<\/p>\n

On a bien le droit de ne pas jouer de temps en temps, de s’extraire du jeu, de botter en touche. Est-ce trop demander ? \u00e7a parait tellement insupportable et surtout tu te rends compte j’esp\u00e8re, au printemps.<\/em><\/p>\n

Que devrions-nous choisir d’\u00e9crire dans un journal qui puisse \u00eatre lu ensuite sans dommage. Que devrions-nous dissimuler dans l’id\u00e9e, l’espoir la crainte d’\u00eatre un jour lu. Cette peur que l’autre d\u00e9couvre \u00e0 quel point nous lui sommes parfois \u00e9tranger. Il est possible de l’\u00e9crire bien sur pour soi, pour se souvenir \u00e0 quel point parfois on peut se sentir \u00e9tranger \u00e0 tout et \u00e0 chacun. Avons nous tant besoin de le noter pour nous en souvenir. N’est-ce pas plut\u00f4t de l’ordre du testamentaire.<\/p>\n

Je ne me suis jamais remis de la d\u00e9couverte des camps, \u00e0 l’\u00e2ge de 10 ans. Cela aura toujours paru tellement absurde. Comment le monde pouvait-il pr\u00e9tendre \u00eatre joyeux apr\u00e8s cela ? Comme pouvions nous oublier soit disant parce qu’il faut vivre. C’est que l’on a fait bien s\u00fbr, on a oubli\u00e9 autant qu’on le pouvait je crois. Jusqu’\u00e0 ce que \u00e7a nous revienne soudain dans les relents lourds du jasmin, dans l’insignifiance des spots publicitaires, dans les paroles insipides des politiciens, dans l’horreur de s’apercevoir face \u00e0 une banalisation des crimes, des scandales, des guerres ; dans les lettres de relance des cr\u00e9anciers. Dans l’abjection qui ne parvient plus \u00e0 faire bonne figure<\/em>. L’a t’elle jamais vraiment fait d’ailleurs ou bien \u00e9vitions nous de la voir telle qu’elle est toujours ? Cette obsession de toujours vouloir relativiser l’horreur, l’ailleurs, repousser tout \u00e7a au loin.<\/p>\n

—Tu exag\u00e8res, tu ne peux pas prendre sur toi tous les malheurs du monde. Tu devrais ne t’occuper que de tes affaires, te boucher le nez les oreilles, les yeux.<\/p>\n

—Oui c’est vrai, c’est comme \u00e7a que l’on vit normalement. Sauf certains jours o\u00f9 la coupe est pleine, qu’elle d\u00e9borde, que l’’on ne parvient plus \u00e0 stopper l’h\u00e9morragie. Mais n’aies pas trop d’inqui\u00e9tude, je suis bien aussi l\u00e2che que n’importe qui d’autre. Sans doute plus. Ne t’inqui\u00e8te pas trop. Demain, je penserai \u00e0 autre chose bien sur. Demain j’aurais oubli\u00e9. Demain il fera beau, j’arriverais \u00e0 oublier tout cela, et peut-\u00eatre \u00e0 chantonner en d\u00e9coupant les oignons pourquoi pas. Je pleurerai en \u00e9pluchant les oignons et ce sera tout \u00e0 fait normal, les choses seront rentr\u00e9es dans l’ordre.<\/p>", "content_text": "\n\n\u00c9crire la date ainsi ressemble \u00e0 l'inscription d' un tatouage. Il n'y a qu'une seule journ\u00e9e qui porte ce tatouage. Chaque journ\u00e9e tatou\u00e9e pourrait ainsi l'\u00eatre, m\u00eame les plus insignifiantes. Un matricule de la journ\u00e9e. Une succession de matricules pour faire une semaine, un mois, une ann\u00e9e, une vie. \n\nDans quelle mesure l'imagination joue t'elle un r\u00f4le sur la perception de ces journ\u00e9es. Des phrases me reviennent. Celles o\u00f9 il est dit qu'on se ferait des id\u00e9es, que l'on verrait les choses en noir. Celles aussi o\u00f9 serait \u00e9voqu\u00e9 le pire. Il pourrait y avoir pire. Ce pourrait \u00eatre bien pire. R\u00e9jouissons nous que ce ne soit pas encore pire.\n\nCes phrases que l'on dit pour que l'autre revienne au bercail, revienne \u00e0 des pens\u00e9es moins toxiques, \u00e0 je ne sais quelle vie normale. En g\u00e9n\u00e9ral \u00e7a fonctionne. Un peu d'humour par l\u00e0-dessus, \u00e7a peut le faire. Contre mauvaise fortune, bon c\u0153ur. Sauf quand \u00e7a ne le fait pas. Quand on se sent pris au pi\u00e8ge. Qu'on aurait envie de hurler. Que l'on pr\u00e9f\u00e8re se terrer plut\u00f4t que d'avoir \u00e0 parler, \u00e0 expliquer, \u00e0 disserter. Quand les \u00eatres que l'on a l'habitude de nommer nos proches sont \u00e0 des ann\u00e9es-lumi\u00e8re de ce qui se joue vraiment dans notre int\u00e9riorit\u00e9. Et toujours aussi cette honte tenace bien sur de ne pas savoir \u00eatre heureux avec ce que l'on a. De ne pas savoir s'y contraindre. De ne pas savoir rendre l'autre heureux.\n\nComme s'il s'agissait d'un contrat tacite. Nous devrions nous rendre heureux, ce serait la moindre des choses. Et la fermeture soudaine de l'un envers l'autre quand ce contrat pour une raison ou une autre est rompu. Il faut toujours trouver la raison. L'inventer au besoin. L'affrontement rend cr\u00e9atif. Sauf quand cet affrontement n'est pas possible, car il coute trop d'\u00e9nergie, une \u00e9nergie qui n'est plus disponible.\n\n\u2014La d\u00e9prime normalement \u00e7a vient en septembre. Tu ne vas pas te mettre aussi \u00e0 te d\u00e9primer au printemps. Il y a dans ses mots une crainte bien s\u00fbr, une inqui\u00e9tude. Comme si on n'avait pas d\u00e9j\u00e0 suffisamment d'emp\u00eachements comme \u00e7a pour que tu en rajoutes. Normalement je fais face, normalement. Mais ce mot, normalement , me semble \u00eatre du chinois ces derniers jours. J'ai agi normalement toute ma vie. On me file des coups je tends l'autre joue. Enfin pas toujours, mais assez r\u00e9guli\u00e8rement je me plie \u00e0 la coutume. Normalement c'est comme \u00e7a que \u00e7a fonctionne. Normalement, c'est bien l\u00e0 le jeu. Sauf que l\u00e0 non, pas envie de jouer. \n\nOn a bien le droit de ne pas jouer de temps en temps, de s'extraire du jeu, de botter en touche. Est-ce trop demander ? \u00e7a parait tellement insupportable et surtout tu te rends compte j'esp\u00e8re, au printemps.\n\nQue devrions-nous choisir d'\u00e9crire dans un journal qui puisse \u00eatre lu ensuite sans dommage. Que devrions-nous dissimuler dans l'id\u00e9e, l'espoir la crainte d'\u00eatre un jour lu. Cette peur que l'autre d\u00e9couvre \u00e0 quel point nous lui sommes parfois \u00e9tranger. Il est possible de l'\u00e9crire bien sur pour soi, pour se souvenir \u00e0 quel point parfois on peut se sentir \u00e9tranger \u00e0 tout et \u00e0 chacun. Avons nous tant besoin de le noter pour nous en souvenir. N'est-ce pas plut\u00f4t de l'ordre du testamentaire.\n\nJe ne me suis jamais remis de la d\u00e9couverte des camps, \u00e0 l'\u00e2ge de 10 ans. Cela aura toujours paru tellement absurde. Comment le monde pouvait-il pr\u00e9tendre \u00eatre joyeux apr\u00e8s cela ? Comme pouvions nous oublier soit disant parce qu'il faut vivre. C'est que l'on a fait bien s\u00fbr, on a oubli\u00e9 autant qu'on le pouvait je crois. Jusqu'\u00e0 ce que \u00e7a nous revienne soudain dans les relents lourds du jasmin, dans l'insignifiance des spots publicitaires, dans les paroles insipides des politiciens, dans l'horreur de s'apercevoir face \u00e0 une banalisation des crimes, des scandales, des guerres; dans les lettres de relance des cr\u00e9anciers. Dans l'abjection qui ne parvient plus \u00e0 faire bonne figure. L'a t'elle jamais vraiment fait d'ailleurs ou bien \u00e9vitions nous de la voir telle qu'elle est toujours ? Cette obsession de toujours vouloir relativiser l'horreur, l'ailleurs, repousser tout \u00e7a au loin. \n\n\u2014Tu exag\u00e8res, tu ne peux pas prendre sur toi tous les malheurs du monde. Tu devrais ne t'occuper que de tes affaires, te boucher le nez les oreilles, les yeux. \n\n\u2014Oui c'est vrai, c'est comme \u00e7a que l'on vit normalement. Sauf certains jours o\u00f9 la coupe est pleine, qu'elle d\u00e9borde, que l''on ne parvient plus \u00e0 stopper l'h\u00e9morragie. Mais n'aies pas trop d'inqui\u00e9tude, je suis bien aussi l\u00e2che que n'importe qui d'autre. Sans doute plus. Ne t'inqui\u00e8te pas trop. Demain, je penserai \u00e0 autre chose bien sur. Demain j'aurais oubli\u00e9. Demain il fera beau, j'arriverais \u00e0 oublier tout cela, et peut-\u00eatre \u00e0 chantonner en d\u00e9coupant les oignons pourquoi pas. Je pleurerai en \u00e9pluchant les oignons et ce sera tout \u00e0 fait normal, les choses seront rentr\u00e9es dans l'ordre.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/parler.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/parler.html", "title": "Parler", "date_published": "2023-05-27T00:04:34Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Une po\u00e9sie qui parle ou qui ne parle pas
La po\u00e9sie qui leur parle ou pas
Il y a des po\u00e9sies qui ne me disent rien
Cela ne me dit rien<\/p>\n

Il faudra un jour qu\u2019on en parle
Et bien justement parlons-en
Ils parlent derri\u00e8re son dos
Ils parlent \u00e0 voix basse
Ils parlent \u00e0 tort et \u00e0 travers
Ils parlent de tout et de rien<\/p>\n

Ils lui ont mal parl\u00e9
Une parole maladroite
Il parle pour ne rien dire
Il veut avoir le dernier mot
Ses derni\u00e8res paroles
C\u2019est un homme de parole
Il n\u2019a que de la gueule
Il n\u2019est qu\u2019un mot
En un mot comme en dix
Ils lui dirent ses quatre v\u00e9rit\u00e9s
Il ne pipa plus mot
Parle moi d\u2019amour
Le parler comme le manger
Il mangeait ses propres mots
Il parle dans sa barbe
Tu parles Charles
Donner sa parole
Serrer les dents
Ravaler ses mots
Revenir sur une parole
Manquer \u00e0 sa parole<\/p>\n

Parler de la pluie et du beau temps
La parole est un instrument de domination
Le dernier qui parle a gagn\u00e9
Avoir le dernier mot
Mais si seulement ils pouvaient se taire
Ils se turent, leur parole tomba dans la nuit<\/p>\n

Les Saint-Jean bouche d’or ou Chrysostome<\/p>\n

Parler et \u00e9couter, entendre.
Mieux vaut \u00eatre sourd que de ne rien entendre.<\/p>\n

Assez parl\u00e9, chantons
Le d\u00e9versement de la parole
Le fil t\u00e9nu de ses paroles
Tu peux toujours parler
Parle \u00e0 mon cul ma t\u00eate est malade<\/p>\n

Ils ne savaient quoi dire , ils ne se parlaient pas. Ils restaient muets. Il n’y avait pas de mur. Ils ne se renvoyaient pas la balle. Ils n’\u00e9prouv\u00e8rent pas le besoin de parler<\/p>\n

Elle parle lentement, elle le fait expr\u00e8s, elle en profite. Tant qu’elle parle on ne pourra rien faire. Mais elle devrait parler plus vite, un peu plus vite. Le fait qu’elle s’applique \u00e0 la lenteur pour parler devient suspect.<\/p>\n

Elle domine par la parole, par la lenteur de sa parole. On est dans l’attente ainsi de ce qu’elle veut dire. Mais elle ne veut rien dire, elle veut juste prendre la parole.<\/p>\n

C’est une torture de l’\u00e9couter parler. Parfois il est pr\u00e9f\u00e9rable de prendre ses jambes \u00e0 son cou plut\u00f4t que de se laisser envahir, impuissant, par sa parole.<\/p>\n

Il lui donne des coups, elle lui ass\u00e8ne des mots. Le gamin compte les points.<\/p>\n

Une parole incoh\u00e9rente une parole solitaire un monologue une parole vide des paroles st\u00e9riles une parole f\u00e9conde, la parole est d’argent le silence est d’or, joindre l’acte \u00e0 la parole, des paroles mensong\u00e8res, marcher sa parole, il tiendra parole, il d\u00e9versera un flot de paroles, une histoire sans parole. Ce n’est pas parce que l’on parle qu’on a quelque chose \u00e0 dire. On en parlera \u00e0 un autre moment. On n’en parla jamais. Il aurait aim\u00e9 pouvoir lui parler avant qu’il disparaisse. Il regretta ses paroles.<\/p>\n

De quoi allons-nous donc encore parler
C\u2019\u00e9tait un v\u00e9ritable moulin \u00e0 paroles
Il avait son franc-parler
Tu parles.<\/p>\n

La parole est \u00e0 la d\u00e9fense
Des paroles vivres
Des lettres mortes
Il n\u2019a qu\u2019une parole
Cause toujours
Une parole incessante
Il a parl\u00e9
Ils ont parl\u00e9
Il leur a coup\u00e9 la parole
Les \u00e9crits restent les paroles s\u2019envolent
Des pourparlers
De sobres paroles
Des paroles inaudibles
Le vent emporte ses paroles
Lettre morte parole vive
Ils n\u2019ont pas voix au chapitre
Ils ne manquent pas d\u2019air
Ils parlent pour ne rien dire
Le patriarche a parl\u00e9
D\u00e9sirez vous ajouter quelque chose ?
On en reparlera<\/p>\n

Elle veut qu’ils se parlent, qu’il lui parle. Si on se parle \u00e7a va mieux. elle ne supporte pas le silence. Alors il parle de choses futiles, du temps qu’il fait, de choses insignifiantes, l’important est de parler pas d’avoir quelque chose \u00e0 dire. Au bout d’un certain temps la parole ainsi fut pire que du silence.<\/p>\n

Ils ne s’entendent plus.<\/p>", "content_text": "\n\nUne po\u00e9sie qui parle ou qui ne parle pas\n\nLa po\u00e9sie qui leur parle ou pas\n\nIl y a des po\u00e9sies qui ne me disent rien\n\nCela ne me dit rien\n\nIl faudra un jour qu\u2019on en parle\n\nEt bien justement parlons-en\n\nIls parlent derri\u00e8re son dos\n\nIls parlent \u00e0 voix basse\n\nIls parlent \u00e0 tort et \u00e0 travers\n\nIls parlent de tout et de rien\n\nIls lui ont mal parl\u00e9\n\nUne parole maladroite\n\nIl parle pour ne rien dire\n\nIl veut avoir le dernier mot\n\nSes derni\u00e8res paroles\n\nC\u2019est un homme de parole\n\nIl n\u2019a que de la gueule\n\nIl n\u2019est qu\u2019un mot\n\nEn un mot comme en dix\n\nIls lui dirent ses quatre v\u00e9rit\u00e9s\n\nIl ne pipa plus mot\n\nParle moi d\u2019amour\n\nLe parler comme le manger\n\nIl mangeait ses propres mots\n\nIl parle dans sa barbe\n\nTu parles Charles\n\nDonner sa parole\n\nSerrer les dents\n\nRavaler ses mots\n\nRevenir sur une parole\n\nManquer \u00e0 sa parole\n\nParler de la pluie et du beau temps\n\nLa parole est un instrument de domination\n\nLe dernier qui parle a gagn\u00e9\n\nAvoir le dernier mot\n\nMais si seulement ils pouvaient se taire\n\nIls se turent, leur parole tomba dans la nuit\n\nLes Saint-Jean bouche d'or ou Chrysostome\n\nParler et \u00e9couter, entendre.\n\nMieux vaut \u00eatre sourd que de ne rien entendre.\n\nAssez parl\u00e9, chantons\n\nLe d\u00e9versement de la parole\n\nLe fil t\u00e9nu de ses paroles\n\nTu peux toujours parler\n\nParle \u00e0 mon cul ma t\u00eate est malade\n\nIls ne savaient quoi dire , ils ne se parlaient pas. Ils restaient muets. Il n'y avait pas de mur. Ils ne se renvoyaient pas la balle. Ils n'\u00e9prouv\u00e8rent pas le besoin de parler \n\nElle parle lentement, elle le fait expr\u00e8s, elle en profite. Tant qu'elle parle on ne pourra rien faire. Mais elle devrait parler plus vite, un peu plus vite. Le fait qu'elle s'applique \u00e0 la lenteur pour parler devient suspect.\n\nElle domine par la parole, par la lenteur de sa parole. On est dans l'attente ainsi de ce qu'elle veut dire. Mais elle ne veut rien dire, elle veut juste prendre la parole.\n\nC'est une torture de l'\u00e9couter parler. Parfois il est pr\u00e9f\u00e9rable de prendre ses jambes \u00e0 son cou plut\u00f4t que de se laisser envahir, impuissant, par sa parole.\n\nIl lui donne des coups, elle lui ass\u00e8ne des mots. Le gamin compte les points. \n\nUne parole incoh\u00e9rente une parole solitaire un monologue une parole vide des paroles st\u00e9riles une parole f\u00e9conde, la parole est d'argent le silence est d'or, joindre l'acte \u00e0 la parole, des paroles mensong\u00e8res, marcher sa parole, il tiendra parole, il d\u00e9versera un flot de paroles, une histoire sans parole. Ce n'est pas parce que l'on parle qu'on a quelque chose \u00e0 dire. On en parlera \u00e0 un autre moment. On n'en parla jamais. Il aurait aim\u00e9 pouvoir lui parler avant qu'il disparaisse. Il regretta ses paroles. \n\nDe quoi allons-nous donc encore parler\n\nC\u2019\u00e9tait un v\u00e9ritable moulin \u00e0 paroles\n\nIl avait son franc-parler\n\nTu parles.\n\nLa parole est \u00e0 la d\u00e9fense\n\nDes paroles vivres\n\nDes lettres mortes\n\nIl n\u2019a qu\u2019une parole\n\nCause toujours\n\nUne parole incessante\n\nIl a parl\u00e9\n\nIls ont parl\u00e9\n\nIl leur a coup\u00e9 la parole\n\nLes \u00e9crits restent les paroles s\u2019envolent\n\nDes pourparlers\n\nDe sobres paroles\n\nDes paroles inaudibles\n\nLe vent emporte ses paroles\n\nLettre morte parole vive\n\nIls n\u2019ont pas voix au chapitre\n\nIls ne manquent pas d\u2019air\n\nIls parlent pour ne rien dire\n\nLe patriarche a parl\u00e9\n\nD\u00e9sirez vous ajouter quelque chose ?\n\nOn en reparlera\n\nElle veut qu'ils se parlent, qu'il lui parle. Si on se parle \u00e7a va mieux. elle ne supporte pas le silence. Alors il parle de choses futiles, du temps qu'il fait, de choses insignifiantes, l'important est de parler pas d'avoir quelque chose \u00e0 dire. Au bout d'un certain temps la parole ainsi fut pire que du silence.\n\nIls ne s'entendent plus.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/suivez-le-guide.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/suivez-le-guide.html", "title": "Suivez le guide", "date_published": "2023-05-26T10:29:29Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Prends une phrase, n\u2019importe laquelle, celle-ci par exemple. Puis vois o\u00f9 elle te m\u00e8ne, c\u2019est \u00e0 dire \u00e0 celle-l\u00e0.<\/p>", "content_text": "\n\nPrends une phrase, n\u2019importe laquelle, celle-ci par exemple. Puis vois o\u00f9 elle te m\u00e8ne, c\u2019est \u00e0 dire \u00e0 celle-l\u00e0.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/mort-face-au-chaos.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/mort-face-au-chaos.html", "title": "Mort face au chaos", "date_published": "2023-05-26T09:31:33Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Je place tous mes espoirs dans cette nouvelle toile,
et bien sur je perds le fil, le labyrinthe me d\u00e9sarme.
A gauche ou \u00e0 droite , je t\u00e2tonne, je me perds<\/p>\n

de plus en plus loin.<\/p>\n

Le lendemain je me tiens devant la toile je ne vois rien.
Je plisse les yeux je ne vois rien.
Rien ne tient
Aucune joie, aucun plaisir
A gauche \u00e0 droite je t\u00e2tonne, j\u2019efface et je reprends
Rien ne va
J\u2019abandonne tout espoir tout plaisir toute joie
Je suis mort face au chaos
Assis sur ma chaise
Immobile
J\u2019ai mal au cul
\u00c7a me r\u00e9veille
Je rigole
Comme un idiot<\/p>\n

La chatte fait sa toilette
Sur la table de l\u2019atelier
Au mur la pendule est arr\u00eat\u00e9e
Sur 10h10
Depuis des ann\u00e9es<\/p>", "content_text": "\n\nJe place tous mes espoirs dans cette nouvelle toile,\n\net bien sur je perds le fil, le labyrinthe me d\u00e9sarme.\n\nA gauche ou \u00e0 droite , je t\u00e2tonne, je me perds\n\nde plus en plus loin.\n\n\n\nLe lendemain je me tiens devant la toile je ne vois rien.\n\nJe plisse les yeux je ne vois rien.\n\nRien ne tient\n\nAucune joie, aucun plaisir\n\nA gauche \u00e0 droite je t\u00e2tonne, j\u2019efface et je reprends\n\nRien ne va\n\nJ\u2019abandonne tout espoir tout plaisir toute joie\n\nJe suis mort face au chaos\n\nAssis sur ma chaise\n\nImmobile\n\nJ\u2019ai mal au cul\n\n\u00c7a me r\u00e9veille\n\nJe rigole\n\nComme un idiot\n\nLa chatte fait sa toilette\n\nSur la table de l\u2019atelier\n\nAu mur la pendule est arr\u00eat\u00e9e\n\nSur 10h10\n\nDepuis des ann\u00e9es", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/des-phrases-a-la-queue-leu-leu.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/des-phrases-a-la-queue-leu-leu.html", "title": "Des phrases \u00e0 la queue leu leu", "date_published": "2023-05-26T07:43:01Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Tout va bien, puis il y a un couac, rien ne va plus.<\/p>\n

La cigogne se posa et le poids du volatile, ajout\u00e9 \u00e0 celui du nid, le toit de la baraque s\u2019effondra.<\/p>\n

La choucroute repr\u00e9sente encore une \u00e9nigme, commencer par le chou ou la charcuterie, ce dilemme est idiot mais j\u2019y tiens. De toutes fa\u00e7ons impossible de faire la diff\u00e9rence entre le Gewurtz et le Riesling, et puis zut \u00e0 la fin je pr\u00e9f\u00e8re la bi\u00e8re.<\/p>\n

De deux choses la troisi\u00e8me me s\u00e9duira toujours un petit peu plus.<\/p>\n

Agrandir, grossir \u00e0 loisir l\u2019anfractuosit\u00e9 d\u2019un mur, puis s\u2019y glisser, un jeu d\u2019enfant.<\/p>\n

La relation que l\u2019on \u00e9tablit avec un nuage n\u2019est pas \u00e0 prendre \u00e0 la l\u00e9g\u00e8re. Car m\u00eame changeant m\u00eame si un nuage ne cesse jamais de se m\u00e9tamorphoser, ce qui op\u00e8re \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019y celui ce changement est stable comme le roc.<\/p>\n

J\u2019ai souvent jou\u00e9 \u00e0 chat avec ce nuage \u00e0 t\u00eate de chien. Autrefois je ne levais pas les yeux au ciel par d\u00e9pit comme aujourd\u2019hui.<\/p>\n

On peut parfois sentir le bl\u00e9 en herbe \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur des os et qui remue doucement au passage des vents<\/p>\n

L\u2019int\u00e9rieur d\u2019un os est comme l\u2019ext\u00e9rieur du monde, \u00e0 tr\u00e8s peu de chose pr\u00e8s.<\/p>\n

Sans vase pas de lotus
Pas de golem sans boue
Pas de r\u00e9alit\u00e9 sans r\u00eave
Pas de trois sans un et deux.<\/p>\n

La danse est un moyen du corps de protester contre la domination de la t\u00eate.
La nuit il danse. Il met n\u2019importe quelle musique qui lui tombe sous la main sur son mange-disque et il danse
Mal. Tr\u00e8s mal.
Mais aucune importance,
il est seul, il ne peut \u00e9craser les pieds de quelqu\u2019un d\u2019autre
Il s\u2019en donne \u00e0 c\u0153ur joie.<\/p>\n

Renouer par la danse avec le mouvement naturel du sang dans les veines les art\u00e8res la liquidit\u00e9
Se liquider par la danse<\/p>\n

Ou bien fendre en quatre quelques b\u00fbches avec une cogn\u00e9e
Le manche et la cogn\u00e9e, un couple toujours d\u2019actualit\u00e9
\u00c7a peut vous boucher un coin en un rien de temps
En plein hiver suer sang et eau, ahaner, en mettre un bon coup
Puis se retrouver comme un con du dos coinc\u00e9.
Immobilis\u00e9 au milieu de nulle part
La neige autour
Les loups sortent du bois
Et ne rien pouvoir faire
Que devenir arbre mort
Une infinie patience
Se r\u00e9soudre en une infinie patience.<\/p>\n

Rejoindre l\u2019int\u00e9rieur de ses propres os
Les os et leurs eaux
La substantifique moelle
Ne s\u2019\u00e9tale pas sur l\u2019invisible tranche
Le pot au feu
Les bas morceaux
La moutarde rena\u00eet fleur
Et cr\u00e9e le d\u00e9gel<\/p>\n

Le dos reprend sa forme, r\u00e9invente ses vert\u00e8bres
Les articulations s\u2019articulent comme par enchantement
Les loups doucement refluent dans le sous-bois
Le sous bois expire aspire le loup
Le loup est l\u2019air de nos forets
Comme la biche celui des vieilles lunes
Exhalaisons des bu\u00e9es de l\u2019imaginaire<\/p>\n

Encore une st\u00e8re de bois devant soi quel bonheur<\/p>\n

Affronter les intemp\u00e9ries, faire face, puis danser joue contre joue
S\u2019\u00e9crouler ensuite comme la montagne en \u00e9boulis
Achever sa course sur la plage se livrer \u00e0 la mar\u00e9e<\/p>\n

Devenir nuage \u00e0 t\u00eate de chien
En bas il y a un enfant qui joue \u00e0 chat<\/p>", "content_text": "\n\nTout va bien, puis il y a un couac, rien ne va plus.\n\nLa cigogne se posa et le poids du volatile, ajout\u00e9 \u00e0 celui du nid, le toit de la baraque s\u2019effondra.\n\nLa choucroute repr\u00e9sente encore une \u00e9nigme, commencer par le chou ou la charcuterie, ce dilemme est idiot mais j\u2019y tiens. De toutes fa\u00e7ons impossible de faire la diff\u00e9rence entre le Gewurtz et le Riesling, et puis zut \u00e0 la fin je pr\u00e9f\u00e8re la bi\u00e8re.\n\nDe deux choses la troisi\u00e8me me s\u00e9duira toujours un petit peu plus.\n\nAgrandir, grossir \u00e0 loisir l\u2019anfractuosit\u00e9 d\u2019un mur, puis s\u2019y glisser, un jeu d\u2019enfant.\n\nLa relation que l\u2019on \u00e9tablit avec un nuage n\u2019est pas \u00e0 prendre \u00e0 la l\u00e9g\u00e8re. Car m\u00eame changeant m\u00eame si un nuage ne cesse jamais de se m\u00e9tamorphoser, ce qui op\u00e8re \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019y celui ce changement est stable comme le roc.\n\nJ\u2019ai souvent jou\u00e9 \u00e0 chat avec ce nuage \u00e0 t\u00eate de chien. Autrefois je ne levais pas les yeux au ciel par d\u00e9pit comme aujourd\u2019hui.\n\nOn peut parfois sentir le bl\u00e9 en herbe \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur des os et qui remue doucement au passage des vents\n\nL\u2019int\u00e9rieur d\u2019un os est comme l\u2019ext\u00e9rieur du monde, \u00e0 tr\u00e8s peu de chose pr\u00e8s.\n\nSans vase pas de lotus\n\nPas de golem sans boue\n\nPas de r\u00e9alit\u00e9 sans r\u00eave\n\nPas de trois sans un et deux.\n\nLa danse est un moyen du corps de protester contre la domination de la t\u00eate.\n\nLa nuit il danse. Il met n\u2019importe quelle musique qui lui tombe sous la main sur son mange-disque et il danse\n\nMal. Tr\u00e8s mal.\n\nMais aucune importance,\n\nil est seul, il ne peut \u00e9craser les pieds de quelqu\u2019un d\u2019autre\n\nIl s\u2019en donne \u00e0 c\u0153ur joie.\n\nRenouer par la danse avec le mouvement naturel du sang dans les veines les art\u00e8res la liquidit\u00e9\n\nSe liquider par la danse\n\nOu bien fendre en quatre quelques b\u00fbches avec une cogn\u00e9e\n\nLe manche et la cogn\u00e9e, un couple toujours d\u2019actualit\u00e9\n\n\u00c7a peut vous boucher un coin en un rien de temps\n\nEn plein hiver suer sang et eau, ahaner, en mettre un bon coup\n\nPuis se retrouver comme un con du dos coinc\u00e9.\n\nImmobilis\u00e9 au milieu de nulle part\n\nLa neige autour\n\nLes loups sortent du bois\n\nEt ne rien pouvoir faire\n\nQue devenir arbre mort\n\nUne infinie patience\n\nSe r\u00e9soudre en une infinie patience.\n\nRejoindre l\u2019int\u00e9rieur de ses propres os\n\nLes os et leurs eaux\n\nLa substantifique moelle\n\nNe s\u2019\u00e9tale pas sur l\u2019invisible tranche\n\nLe pot au feu\n\nLes bas morceaux\n\nLa moutarde rena\u00eet fleur\n\nEt cr\u00e9e le d\u00e9gel\n\nLe dos reprend sa forme, r\u00e9invente ses vert\u00e8bres\n\nLes articulations s\u2019articulent comme par enchantement\n\nLes loups doucement refluent dans le sous-bois\n\nLe sous bois expire aspire le loup\n\nLe loup est l\u2019air de nos forets\n\nComme la biche celui des vieilles lunes\n\nExhalaisons des bu\u00e9es de l\u2019imaginaire\n\nEncore une st\u00e8re de bois devant soi quel bonheur\n\nAffronter les intemp\u00e9ries, faire face, puis danser joue contre joue\n\nS\u2019\u00e9crouler ensuite comme la montagne en \u00e9boulis\n\nAchever sa course sur la plage se livrer \u00e0 la mar\u00e9e\n\nDevenir nuage \u00e0 t\u00eate de chien\n\nEn bas il y a un enfant qui joue \u00e0 chat", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/26052023.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/26052023.html", "title": "26052023", "date_published": "2023-05-26T06:52:15Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Ils ne voient pas les pi\u00e8ces d\u2019or,<\/p>\n

ils se souviennent de celles appartenant \u00e0 d\u2019autres,<\/p>\n

qui eux-m\u00eames ne les voyaient d\u00e9j\u00e0 pas.<\/p>\n

L\u2019or est un r\u00eave.<\/p>\n

Il regarde la pi\u00e8ce dans la paume de la main. Il ne voit pas la pi\u00e8ce mais l\u2019un de ses doubles, l\u2019un de ses fant\u00f4mes. Les m\u00eames fant\u00f4mes de pi\u00e8ces d\u2019or qui sillonnent les terres imaginaires de nos mondes int\u00e9rieurs.
Le poids de la pi\u00e8ce d\u2019or parvenant sur sa paume est infime au regard du poids des songes qui occupa son esprit durant la travers\u00e9e.
La richesse est un r\u00eave \u00e0 port\u00e9e de main parait-il.
Mais l\u2019autre dit que la main n\u2019a pas grand chose \u00e0 voir dans cette affaire,
hormis pour perp\u00e9trer massacres et tueries
Que le Congo est d\u2019abord un fleuve avant d\u2019\u00eatre un pays.<\/p>\n

Il se tient devant la devanture de la boulangerie attir\u00e9 par les p\u00e2tisseries
Des \u00e9clairs au chocolat luisant, des Paris-Brest bourr\u00e9s de cr\u00e8me beurr\u00e9e
Passe en arri\u00e8re plan un corbillard tout noir
Dans la bouche le go\u00fbt de mort \u00e9vacue celui du sucre.<\/p>\n

Dans la librairie sous cellophane les magazines tentant le chaland
Parution mensuelle, bis-mensuelle, hebdomadaires, bis-semestrielle
Avec des bonus, des CD, des DVD, des D\u00e9calcomanies, des pin\u2019s.
Se concentrer sur le timbre-poste qu\u2019on est venu ici acheter
Ne pas s\u2019\u00e9garer, r\u00e9sister, dans la queue pas \u00e0 pas ne pas flancher.<\/p>\n

L\u2019irr\u00e9el du beau temps de plus en plus visible.
Le beau temps ne peut plus dissimuler cet aspect
De l\u2019irr\u00e9alit\u00e9
Du coup le mauvais temps en devient presque<\/em> rassurant<\/p>\n

Du coup de gong explosant dans la pi\u00e8ce l\u2019\u00e9cho persiste encore au del\u00e0 des murs
Au del\u00e0 de la ville
Au del\u00e0 des ann\u00e9es
Il ne fut pas nonchalamment donn\u00e9 ce coup de gong
Il fut de ma\u00eetre lib\u00e9rant ses esclaves.<\/p>\n

Dans Lausanne il y a des bas et des hauts puis le lac
Ou bien
Il y a d\u2019abord le lac puis la ville est des bas et des hauts.<\/p>\n

Dans quel ordre se d\u00e9crit-on le d\u00e9sordre qui nous parvient
Quel ordre cr\u00e9ons-nous pour que notre d\u00e9sordre soit compr\u00e9hensible
\u00c0 nous-m\u00eames
Aux autres<\/p>\n

Par la fen\u00eatre de la cuisine la chatte vaque, elle va et vient libre
Et je m\u2019inqui\u00e8te.
J\u2019ai du mal \u00e0 m\u2019y faire
Puis je m\u2019y fais,
ou j\u2019apprends \u00e0 faire avec l\u2019inqui\u00e9tude
Vivre avec cette inqui\u00e9tude
Surmonter l\u2019inqui\u00e9tude
Ou se laisser dominer par celle-ci<\/p>\n

visc\u00e9ralement inquiet<\/p>\n

Comme un bourdon incessant du foie et des tripes, les nerfs \u00e0 vif, la rate au court-bouillon, l’intestin et son destin,<\/p>\n

le ciboulot toujours au boulot.<\/p>\n

L\u2019odeur du jasmin est comme le poids de l\u2019or dans la main
Fugace
Rien vraiment ne nous appartient.
Pourquoi ne pas s\u2019en r\u00e9jouir
Et honorer nos morts<\/p>\n

Qui tout \u00e0 fait comme nous pensons l’\u00eatre<\/p>\n

furent jadis, autrefois, nagu\u00e8re, des vivants<\/p>\n

Lu quelques pages de Conte de f\u00e9e de Stephen King, rondement men\u00e9. Simple \u00e0 lire trompe l\u2019insomnie. Derri\u00e8re l\u2019apparence simple du travail, beaucoup. Populaire ne signifie pas indigent, enfin pas encore tout \u00e0 fait. Et il y a a apprendre partout, ce pourrait \u00eatre une devise. Il est tout aussi int\u00e9ressant de lire King que Michon ou Echenoz ou encore Harrison, sans que je ne puisse dire clairement pourquoi je trouve cela int\u00e9ressant vraiment. Tout ce qui est \u00e9crit semble digne d\u2019int\u00e9r\u00eat. Ce que l\u2019on en attend ou plut\u00f4t n\u2019attend plus peut-\u00eatre un indice de cet int\u00e9r\u00eat ou de cette curiosit\u00e9. Observer la machinerie, les rouages, le chant des sir\u00e8nes, se laisser emporter juste ce qu\u2019il faut pour se dire —tiens je me laisse emporter, comment donc est-ce possible.
Lire plusieurs ouvrages en parall\u00e8le permet de prendre une distance avec tous, et ce quelque soit l\u2019int\u00e9r\u00eat qu\u2019on y puisse trouver \u00e0 chacun.
L\u2019int\u00e9r\u00eat nous regarde en chien de fa\u00efence.<\/p>\n

On ne lit pas par sympathie tel ou tel auteur. On ne lit plus ainsi. On lit pour ce qui est \u00e9crit sur la page blanche, on chasse le reflet, on parvient parfois \u00e0 le d\u00e9busquer. On le d\u00e9busquera t\u00f4t ou tard.<\/p>\n

Le rare reflet comme le grand cerf mythique, celui qui d\u00e9sar\u00e7onne et rend fou, par exemple Moby Dick.<\/p>\n

On n’en est plus \u00e0 lancer des harpons, \u00e0 vouloir s\u2019y accrocher, \u00e0 visiter les profondeurs, \u00e0 vouloir se mesurer en perdant toute mesure.<\/p>\n

Lire tranquillement une phrase apr\u00e8s l\u2019autre. Consid\u00e9rer l\u2019autonomie de chaque phrase, perdre au fur et \u00e0 mesure l\u2019id\u00e9e d\u2019une continuit\u00e9 fictive. C\u2019est lire diff\u00e9remment. C\u2019est lire comme si on \u00e9crivait.<\/p>", "content_text": "\n\nIls ne voient pas les pi\u00e8ces d\u2019or, \n\nils se souviennent de celles appartenant \u00e0 d\u2019autres, \n\nqui eux-m\u00eames ne les voyaient d\u00e9j\u00e0 pas.\n\n\n\nL\u2019or est un r\u00eave.\n\n\n\nIl regarde la pi\u00e8ce dans la paume de la main. Il ne voit pas la pi\u00e8ce mais l\u2019un de ses doubles, l\u2019un de ses fant\u00f4mes. Les m\u00eames fant\u00f4mes de pi\u00e8ces d\u2019or qui sillonnent les terres imaginaires de nos mondes int\u00e9rieurs.\n\nLe poids de la pi\u00e8ce d\u2019or parvenant sur sa paume est infime au regard du poids des songes qui occupa son esprit durant la travers\u00e9e.\n\nLa richesse est un r\u00eave \u00e0 port\u00e9e de main parait-il.\n\nMais l\u2019autre dit que la main n\u2019a pas grand chose \u00e0 voir dans cette affaire,\n\nhormis pour perp\u00e9trer massacres et tueries\n\nQue le Congo est d\u2019abord un fleuve avant d\u2019\u00eatre un pays.\n\nIl se tient devant la devanture de la boulangerie attir\u00e9 par les p\u00e2tisseries\n\nDes \u00e9clairs au chocolat luisant, des Paris-Brest bourr\u00e9s de cr\u00e8me beurr\u00e9e\n\nPasse en arri\u00e8re plan un corbillard tout noir\n\nDans la bouche le go\u00fbt de mort \u00e9vacue celui du sucre.\n\nDans la librairie sous cellophane les magazines tentant le chaland\n\nParution mensuelle, bis-mensuelle, hebdomadaires, bis-semestrielle\n\nAvec des bonus, des CD, des DVD, des D\u00e9calcomanies, des pin\u2019s.\n\nSe concentrer sur le timbre-poste qu\u2019on est venu ici acheter\n\nNe pas s\u2019\u00e9garer, r\u00e9sister, dans la queue pas \u00e0 pas ne pas flancher.\n\nL\u2019irr\u00e9el du beau temps de plus en plus visible.\n\nLe beau temps ne peut plus dissimuler cet aspect\n\nDe l\u2019irr\u00e9alit\u00e9\n\nDu coup le mauvais temps en devient presque rassurant\n\nDu coup de gong explosant dans la pi\u00e8ce l\u2019\u00e9cho persiste encore au del\u00e0 des murs\n\nAu del\u00e0 de la ville\n\nAu del\u00e0 des ann\u00e9es\n\nIl ne fut pas nonchalamment donn\u00e9 ce coup de gong\n\nIl fut de ma\u00eetre lib\u00e9rant ses esclaves.\n\nDans Lausanne il y a des bas et des hauts puis le lac\n\nOu bien\n\nIl y a d\u2019abord le lac puis la ville est des bas et des hauts.\n\nDans quel ordre se d\u00e9crit-on le d\u00e9sordre qui nous parvient\n\nQuel ordre cr\u00e9ons-nous pour que notre d\u00e9sordre soit compr\u00e9hensible\n\n\u00c0 nous-m\u00eames\n\nAux autres\n\nPar la fen\u00eatre de la cuisine la chatte vaque, elle va et vient libre\n\nEt je m\u2019inqui\u00e8te.\n\nJ\u2019ai du mal \u00e0 m\u2019y faire\n\nPuis je m\u2019y fais,\n\nou j\u2019apprends \u00e0 faire avec l\u2019inqui\u00e9tude\n\nVivre avec cette inqui\u00e9tude\n\nSurmonter l\u2019inqui\u00e9tude\n\nOu se laisser dominer par celle-ci\n\nvisc\u00e9ralement inquiet\n\nComme un bourdon incessant du foie et des tripes, les nerfs \u00e0 vif, la rate au court-bouillon, l'intestin et son destin, \n\nle ciboulot toujours au boulot. \n\nL\u2019odeur du jasmin est comme le poids de l\u2019or dans la main\n\nFugace\n\nRien vraiment ne nous appartient.\n\nPourquoi ne pas s\u2019en r\u00e9jouir\n\nEt honorer nos morts\n\nQui tout \u00e0 fait comme nous pensons l'\u00eatre \n\nfurent jadis, autrefois, nagu\u00e8re, des vivants\n\nLu quelques pages de Conte de f\u00e9e de Stephen King, rondement men\u00e9. Simple \u00e0 lire trompe l\u2019insomnie. Derri\u00e8re l\u2019apparence simple du travail, beaucoup. Populaire ne signifie pas indigent, enfin pas encore tout \u00e0 fait. Et il y a a apprendre partout, ce pourrait \u00eatre une devise. Il est tout aussi int\u00e9ressant de lire King que Michon ou Echenoz ou encore Harrison, sans que je ne puisse dire clairement pourquoi je trouve cela int\u00e9ressant vraiment. Tout ce qui est \u00e9crit semble digne d\u2019int\u00e9r\u00eat. Ce que l\u2019on en attend ou plut\u00f4t n\u2019attend plus peut-\u00eatre un indice de cet int\u00e9r\u00eat ou de cette curiosit\u00e9. Observer la machinerie, les rouages, le chant des sir\u00e8nes, se laisser emporter juste ce qu\u2019il faut pour se dire \u2014tiens je me laisse emporter, comment donc est-ce possible.\n\nLire plusieurs ouvrages en parall\u00e8le permet de prendre une distance avec tous, et ce quelque soit l\u2019int\u00e9r\u00eat qu\u2019on y puisse trouver \u00e0 chacun.\n\nL\u2019int\u00e9r\u00eat nous regarde en chien de fa\u00efence.\n\nOn ne lit pas par sympathie tel ou tel auteur. On ne lit plus ainsi. On lit pour ce qui est \u00e9crit sur la page blanche, on chasse le reflet, on parvient parfois \u00e0 le d\u00e9busquer. On le d\u00e9busquera t\u00f4t ou tard.\n\nLe rare reflet comme le grand cerf mythique, celui qui d\u00e9sar\u00e7onne et rend fou, par exemple Moby Dick.\n\nOn n'en est plus \u00e0 lancer des harpons, \u00e0 vouloir s\u2019y accrocher, \u00e0 visiter les profondeurs, \u00e0 vouloir se mesurer en perdant toute mesure.\n\nLire tranquillement une phrase apr\u00e8s l\u2019autre. Consid\u00e9rer l\u2019autonomie de chaque phrase, perdre au fur et \u00e0 mesure l\u2019id\u00e9e d\u2019une continuit\u00e9 fictive. C\u2019est lire diff\u00e9remment. C\u2019est lire comme si on \u00e9crivait.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/encore-de-la-glisse-dans-les-images.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/encore-de-la-glisse-dans-les-images.html", "title": "Encore de la glisse dans les images", "date_published": "2023-05-25T15:37:40Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

un petit peu tous les jours et on verra \u00e0 la fin.<\/code><\/pre>\n

Installation de la fibre, percement du mur ext\u00e9rieur, longue m\u00e8che
Travers\u00e9e de la paroi
Percez et vous verrez
Un serpent sort des murs pour se rendre chez les voisins
Technicien et proprio \u00e9berlu\u00e9s
Petite t\u00eate long corps, couleuvre
\u00c9l\u00e9gant reptile
Faut-il y voir un signe, pas facile.<\/p>\n

Que penser de Grigori Grabovo\u00ef
Ce savant russe, math\u00e9maticien qui promet de ressusciter les morts
En visualisant des s\u00e9ries de chiffres.
Pour changer la r\u00e9alit\u00e9.
\u00c9videmment un ouragan de critiques s\u2019abat sur l\u2019homme
On le traite de menteur, de faussaire de gourou
Il faut dire qu\u2019il fait payer cher ses services
40000 roubles pour r\u00e9ssusciter un enfant
Pas donn\u00e9
Et rien de certain
En plus.
Neuf ans de prison puis lib\u00e9r\u00e9 pour bonne conduite
Et la petite entreprise prosp\u00e8re.
Sur le net.<\/p>\n

Bien mais imaginons que nous soyons des programmes informatiques, dans un simulacron g\u00e9ant
Il serait logique qu\u2019une s\u00e9rie de chiffre qu\u2019on r\u00e9p\u00e8terait comme un mantra
Nous change favorablement la vie.
Quel est le chiffre pour se d\u00e9barrasser \u00e0 tout jamais de l\u2019URSSAF<\/p>\n

celui pour plus de beurre dans les \u00e9pinards<\/p>\n

J\u2019aimerais tellement les prononcer en boucle
Assis sur un tapis \u00e0 clous.<\/p>\n

Quel est le chiffre pour voir la r\u00e9alit\u00e9 vraie
Oh non pas celui l\u00e0, on risque de ne voir que des c\u00e2bles des tuyaux des fils cousus de blanc<\/p>\n

La belle endormie est donc seulement un robot ?<\/p>\n

Heureusement le vin est le vin
Pas le vingt du mois<\/p>\n

o\u00f9 l’on tire la langue<\/p>\n

Le vin divin.<\/p>", "content_text": "un petit peu tous les jours et on verra \u00e0 la fin.\n\nInstallation de la fibre, percement du mur ext\u00e9rieur, longue m\u00e8che\n\nTravers\u00e9e de la paroi\n\nPercez et vous verrez\n\nUn serpent sort des murs pour se rendre chez les voisins\n\nTechnicien et proprio \u00e9berlu\u00e9s\n\nPetite t\u00eate long corps, couleuvre\n\n\u00c9l\u00e9gant reptile\n\nFaut-il y voir un signe, pas facile.\n\nQue penser de Grigori Grabovo\u00ef\n\nCe savant russe, math\u00e9maticien qui promet de ressusciter les morts\n\nEn visualisant des s\u00e9ries de chiffres.\n\nPour changer la r\u00e9alit\u00e9.\n\n\u00c9videmment un ouragan de critiques s\u2019abat sur l\u2019homme\n\nOn le traite de menteur, de faussaire de gourou\n\nIl faut dire qu\u2019il fait payer cher ses services\n\n40000 roubles pour r\u00e9ssusciter un enfant\n\nPas donn\u00e9\n\nEt rien de certain\n\nEn plus.\n\nNeuf ans de prison puis lib\u00e9r\u00e9 pour bonne conduite\n\nEt la petite entreprise prosp\u00e8re.\n\nSur le net.\n\nBien mais imaginons que nous soyons des programmes informatiques, dans un simulacron g\u00e9ant\n\nIl serait logique qu\u2019une s\u00e9rie de chiffre qu\u2019on r\u00e9p\u00e8terait comme un mantra\n\nNous change favorablement la vie.\n\nQuel est le chiffre pour se d\u00e9barrasser \u00e0 tout jamais de l\u2019URSSAF\n\ncelui pour plus de beurre dans les \u00e9pinards \n\n\n\nJ\u2019aimerais tellement les prononcer en boucle\n\nAssis sur un tapis \u00e0 clous.\n\nQuel est le chiffre pour voir la r\u00e9alit\u00e9 vraie\n\nOh non pas celui l\u00e0, on risque de ne voir que des c\u00e2bles des tuyaux des fils cousus de blanc\n\n\n\nLa belle endormie est donc seulement un robot ?\n\nHeureusement le vin est le vin\n\nPas le vingt du mois\n\no\u00f9 l'on tire la langue \n\n\n\nLe vin divin.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/recalcitrant.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/recalcitrant.html", "title": "R\u00e9calcitrant", "date_published": "2023-05-25T06:13:19Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Peut-\u00eatre un mot associ\u00e9 encore \u00e0 messie. Le messie r\u00e9calcitrant. Un livre de Richard Bach l’auteur de Jonathan Livingstone le go\u00e9land. Que j’associe \u00e0 des souvenirs du merveilleux voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerl\u00f6f. Etre r\u00e9calcitrant. Etre r\u00e9calcitrant de nature.<\/p>\n

Il ne pouvait s’emp\u00eacher d’\u00eatre r\u00e9calcitrant. C’est plus fort que lui.<\/p>\n

La croyance dans le fait qu’\u00eatre r\u00e9calcitrant conduit \u00e0 quelque chose dont on ne sait jamais rien d’avance. Le pire ou le meilleur peu importe. Etre r\u00e9calcitrant pour s’opposer \u00e0 une pente, \u00e0 une destin\u00e9e toute faite. Etre r\u00e9calcitrant vis \u00e0 vis de tout consensus. R\u00e9calcitrant face aux paroles creuses, aux pens\u00e9es pr\u00e9m\u00e2ch\u00e9es, envers toute id\u00e9ologie, tout dogme, toute v\u00e9rit\u00e9 \u00e9nonc\u00e9e ass\u00e9n\u00e9e, \u00eatre r\u00e9calcitrant en disant les quatre v\u00e9rit\u00e9s \u00e0 qui veut en n’imposer qu’une.<\/p>\n

Le plaisir d’\u00eatre r\u00e9calcitrant pour l’\u00eatre en oubliant tout des raisons qui nous aurons conduit \u00e0 le devenir.<\/p>\n

Etre r\u00e9calcitrant comme certains sont par nature bon enfant, affables, urbains.<\/p>\n

Un havre de paix, une ile, une bulle. Etre r\u00e9calcitrant quelque que soit ce qui va se pr\u00e9senter \u00e0 l’horizon. Une seconde nature.<\/p>\n

Laquelle serait la premi\u00e8re dans ce cas ?<\/p>\n

Illustration peinture d’une \u00e9l\u00e8ve parfois r\u00e9calcitrante.<\/p>", "content_text": "\n\nPeut-\u00eatre un mot associ\u00e9 encore \u00e0 messie. Le messie r\u00e9calcitrant. Un livre de Richard Bach l'auteur de Jonathan Livingstone le go\u00e9land. Que j'associe \u00e0 des souvenirs du merveilleux voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerl\u00f6f. Etre r\u00e9calcitrant. Etre r\u00e9calcitrant de nature. \n\nIl ne pouvait s'emp\u00eacher d'\u00eatre r\u00e9calcitrant. C'est plus fort que lui. \n\nLa croyance dans le fait qu'\u00eatre r\u00e9calcitrant conduit \u00e0 quelque chose dont on ne sait jamais rien d'avance. Le pire ou le meilleur peu importe. Etre r\u00e9calcitrant pour s'opposer \u00e0 une pente, \u00e0 une destin\u00e9e toute faite. Etre r\u00e9calcitrant vis \u00e0 vis de tout consensus. R\u00e9calcitrant face aux paroles creuses, aux pens\u00e9es pr\u00e9m\u00e2ch\u00e9es, envers toute id\u00e9ologie, tout dogme, toute v\u00e9rit\u00e9 \u00e9nonc\u00e9e ass\u00e9n\u00e9e, \u00eatre r\u00e9calcitrant en disant les quatre v\u00e9rit\u00e9s \u00e0 qui veut en n'imposer qu'une.\n\nLe plaisir d'\u00eatre r\u00e9calcitrant pour l'\u00eatre en oubliant tout des raisons qui nous aurons conduit \u00e0 le devenir.\n\nEtre r\u00e9calcitrant comme certains sont par nature bon enfant, affables, urbains.\n\nUn havre de paix, une ile, une bulle. Etre r\u00e9calcitrant quelque que soit ce qui va se pr\u00e9senter \u00e0 l'horizon. Une seconde nature.\n\nLaquelle serait la premi\u00e8re dans ce cas ?\n\nIllustration peinture d'une \u00e9l\u00e8ve parfois r\u00e9calcitrante.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/point-de-vue.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/point-de-vue.html", "title": "Point de vue", "date_published": "2023-05-25T05:53:49Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Je vois
Il voit<\/p>\n

voyons voir<\/p>\n

Le pronom et le temps comme point de vue.<\/p>\n

La conjugaison d\u00e9limite une profondeur de champs<\/p>\n

Je vois des arbres qui demain ne seront plus.<\/p>\n

J\u2019ai connu un homme que j\u2019ai longtemps appel\u00e9 papa, il est mort en 2011.
Je n\u2019ai que tr\u00e8s peu connu cet homme que j\u2019appelle encore papa silencieusement.<\/p>\n

Depuis la fen\u00eatre de la chambre l\u2019enfant peut voir les collines sombres barrant l\u2019horizon. Elles continuent encore aujourd\u2019hui \u00e0 barrer l\u2019horizon ces collines.<\/p>\n

Au cr\u00e9puscule il enjambe le muret au fond du jardin, traverse le grand champs, parvient \u00e0 la ferme et tend son pot au lait pour que la femme du paysans le remplisse.<\/p>\n

Il y a un cerisier maigrichon. Pres du poulailler il y a un arbre maigrichon, c\u2019est un cerisier qui produit des fruits acides.
Dans une description trouver le mot juste est plus important que d\u2019aligner des mots qui ne veulent pas dire grand chose.
Un cerisier maigrichon. Un gamin maigrichon. Quelque chose qu\u2019on voudrait dire en l\u2019att\u00e9nuant.
Un cerisier maigre ? Un cerisier ch\u00e9tif ? Un cerisier \u00e9tique ? Malingre ? D\u00e9charn\u00e9 ?<\/p>\n

Une fois il mettra le feu au poulailler, c\u2019\u00e9tait le genre de b\u00eatise \u00e0 sa mesure.
Une fois il avait mis le feu au poulailler, c\u2019est le genre de b\u00eatise qui le caract\u00e9rise en quelques mots.
Un jour il mettra le feu au poulailler, il fera cette b\u00eatise.<\/p>\n

Le go\u00fbt de l\u2019oseille r\u00e9veille les papilles tout comme le go\u00fbt des cerises acides.
L\u2019acidit\u00e9 dont il a besoin.
L\u2019acide contre l\u2019alcalin. Le calcaire contre l\u2019acide. Le salp\u00eatre qu\u2019il recueille sur les vieux murs dans des exp\u00e9riences de chimie en vue de la fabrication de nitroglyc\u00e9rine.
Le go\u00fbt du salp\u00eatre sur la langue n\u2019est pas le m\u00eame que celui du haricot vert qu\u2019on croque \u00e0 belles dents.
Faire rouler un petit pois entre la langue et le palais.
Croquer dans un petit pois, go\u00fbter \u00e0 la fra\u00eecheur d\u2019un petit pois qui explose en bouche.<\/p>\n

La tentation de l\u2019omniscience, la facilit\u00e9 qu\u2019elle propose et le doute o\u00f9 elle conduit.
Une vision kal\u00e9idoscopique cr\u00e9e par la multiplicit\u00e9 des points de vue, le rythme des textes, la longueur des phrases, les dialogues qui s\u2019enchev\u00eatrent.
Si l\u2019on multiplie les points de vue, donc les personnages il est possible de cr\u00e9er un prisme dot\u00e9 de multiples facettes.
Dot\u00e9, qui h\u00e9rite en vue d\u2019un mariage, qui fait honneur \u00e0 l\u2019image que d\u00e9sire renvoyer au monde une famille.<\/p>\n

Il est possible de cr\u00e9er un prisme par la multiplicit\u00e9 des pronoms et des temps.
L\u2019histoire est la restitution de ces multiples points de vue \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019une dur\u00e9e.<\/p>\n

L\u2019int\u00e9r\u00eat d\u2019une histoire r\u00e9side dans l\u2019interaction entre chaque point de vue et la dur\u00e9e de cette interaction.
L\u2019int\u00e9r\u00eat d\u2019une histoire r\u00e9side dans une dur\u00e9e au cours de laquelle interagissent des personnages qui ont chacun leur point de vue.<\/p>\n

Dans quelle mesure la nouvelle est-elle pr\u00e9f\u00e9rable au roman, et est-ce une affaire de pr\u00e9f\u00e9rence.
Dans quel ordre se poser ces questions
A t\u2019il une pr\u00e9f\u00e9rence pour \u00e9crire nouvelle ou roman ?
Ciseler une nouvelle
Se r\u00e9pandre dans un roman
En quoi \u00e9crire une nouvelle agit-il sur une recherche morale, en quoi un roman s\u2019en \u00e9gare t\u2019il ?<\/p>\n

Tenir une place, tenir un point de vue, tenir une colline.
Tenir dans une dur\u00e9e.<\/p>", "content_text": "\n\nJe vois\n\nIl voit\n\nvoyons voir\n\nLe pronom et le temps comme point de vue.\n\nLa conjugaison d\u00e9limite une profondeur de champs\n\nJe vois des arbres qui demain ne seront plus.\n\nJ\u2019ai connu un homme que j\u2019ai longtemps appel\u00e9 papa, il est mort en 2011.\n\nJe n\u2019ai que tr\u00e8s peu connu cet homme que j\u2019appelle encore papa silencieusement.\n\nDepuis la fen\u00eatre de la chambre l\u2019enfant peut voir les collines sombres barrant l\u2019horizon. Elles continuent encore aujourd\u2019hui \u00e0 barrer l\u2019horizon ces collines.\n\nAu cr\u00e9puscule il enjambe le muret au fond du jardin, traverse le grand champs, parvient \u00e0 la ferme et tend son pot au lait pour que la femme du paysans le remplisse.\n\nIl y a un cerisier maigrichon. Pres du poulailler il y a un arbre maigrichon, c\u2019est un cerisier qui produit des fruits acides.\n\nDans une description trouver le mot juste est plus important que d\u2019aligner des mots qui ne veulent pas dire grand chose.\n\nUn cerisier maigrichon. Un gamin maigrichon. Quelque chose qu\u2019on voudrait dire en l\u2019att\u00e9nuant.\n\nUn cerisier maigre ? Un cerisier ch\u00e9tif ? Un cerisier \u00e9tique ? Malingre ? D\u00e9charn\u00e9 ?\n\nUne fois il mettra le feu au poulailler, c\u2019\u00e9tait le genre de b\u00eatise \u00e0 sa mesure.\n\nUne fois il avait mis le feu au poulailler, c\u2019est le genre de b\u00eatise qui le caract\u00e9rise en quelques mots.\n\nUn jour il mettra le feu au poulailler, il fera cette b\u00eatise.\n\nLe go\u00fbt de l\u2019oseille r\u00e9veille les papilles tout comme le go\u00fbt des cerises acides.\n\nL\u2019acidit\u00e9 dont il a besoin.\n\nL\u2019acide contre l\u2019alcalin. Le calcaire contre l\u2019acide. Le salp\u00eatre qu\u2019il recueille sur les vieux murs dans des exp\u00e9riences de chimie en vue de la fabrication de nitroglyc\u00e9rine.\n\nLe go\u00fbt du salp\u00eatre sur la langue n\u2019est pas le m\u00eame que celui du haricot vert qu\u2019on croque \u00e0 belles dents.\n\nFaire rouler un petit pois entre la langue et le palais.\n\nCroquer dans un petit pois, go\u00fbter \u00e0 la fra\u00eecheur d\u2019un petit pois qui explose en bouche.\n\nLa tentation de l\u2019omniscience, la facilit\u00e9 qu\u2019elle propose et le doute o\u00f9 elle conduit.\n\nUne vision kal\u00e9idoscopique cr\u00e9e par la multiplicit\u00e9 des points de vue, le rythme des textes, la longueur des phrases, les dialogues qui s\u2019enchev\u00eatrent.\n\nSi l\u2019on multiplie les points de vue, donc les personnages il est possible de cr\u00e9er un prisme dot\u00e9 de multiples facettes.\n\nDot\u00e9, qui h\u00e9rite en vue d\u2019un mariage, qui fait honneur \u00e0 l\u2019image que d\u00e9sire renvoyer au monde une famille.\n\nIl est possible de cr\u00e9er un prisme par la multiplicit\u00e9 des pronoms et des temps.\n\nL\u2019histoire est la restitution de ces multiples points de vue \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019une dur\u00e9e.\n\nL\u2019int\u00e9r\u00eat d\u2019une histoire r\u00e9side dans l\u2019interaction entre chaque point de vue et la dur\u00e9e de cette interaction.\n\nL\u2019int\u00e9r\u00eat d\u2019une histoire r\u00e9side dans une dur\u00e9e au cours de laquelle interagissent des personnages qui ont chacun leur point de vue.\n\nDans quelle mesure la nouvelle est-elle pr\u00e9f\u00e9rable au roman, et est-ce une affaire de pr\u00e9f\u00e9rence.\n\nDans quel ordre se poser ces questions\n\nA t\u2019il une pr\u00e9f\u00e9rence pour \u00e9crire nouvelle ou roman ?\n\nCiseler une nouvelle\n\nSe r\u00e9pandre dans un roman\n\nEn quoi \u00e9crire une nouvelle agit-il sur une recherche morale, en quoi un roman s\u2019en \u00e9gare t\u2019il ?\n\nTenir une place, tenir un point de vue, tenir une colline.\n\nTenir dans une dur\u00e9e.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/25052023.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/25052023.html", "title": "25052023", "date_published": "2023-05-25T05:03:33Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

le progr\u00e8s technologique se substitue au progr\u00e8s moral par le biais de la croyance en un syst\u00e8me , c’est l’erreur de Rousseau et de tous les th\u00e9oriciens qui suivent. Mettons en place un syst\u00e8me qui palliera la d\u00e9faillance. Le politique ne peut pas pallier la morale au sens o\u00f9 il n’y a de morale v\u00e9ritable qu’individuelle. Que le progr\u00e8s moral est sans cesse \u00e0 red\u00e9finir pour et par chaque nouvel individu qui na\u00eet. Ce que l’on nomme morale vis \u00e0 vis d’un groupe n’est qu’un ensemble de r\u00e8gles, ou une tradition qu’on suit parce que c’est plus simple de la suivre que de s’y opposer.<\/p>\n

Est-ce que ce que je viens d\u2019\u00e9crire m\u2019appartient, o\u00f9 bien n\u2019est-ce qu\u2019une id\u00e9e attrap\u00e9e dans l\u2019air du temps. Il est toujours difficile de discerner l\u2019origine de nos pens\u00e9es, pour autant qu\u2019on s\u2019int\u00e9resse \u00e0 cette origine.
Reprise de la lecture de Bergounioux, son carnet de la d\u00e9cennie 80-90 et stup\u00e9fait de voir \u00e0 quel point je m\u2019y retrouve, le style est diff\u00e9rent, les pr\u00e9occupations concernant entomologie et g\u00e9ologie sont parfois \u00e9loign\u00e9es encore que j\u2019avais bien mes lubies aussi. C\u2019est plut\u00f4t une affaire de ton, le ton d\u2019une \u00e9poque. Pas \u00e9tonn\u00e9 qu\u2019il lise J\u00fcrger. Dans les ann\u00e9es 80 beaucoup semblent avoir lu J\u00fcnger. Il faudrait v\u00e9rifier s\u2019il n\u2019y a pas une r\u00e9\u00e9dition du trait\u00e9 du rebelle<\/em> pile au moment des \u00e9lections.
Dans quelle mesure un homme qui \u00e9crit un journal ne se laisse t\u2019il pas prendre \u00e0 son propre pi\u00e8ge. C\u2019est \u00e0 dire devient son personnage. Ne vit que pour ce personnage.
Et aussi parfois l\u2019impossibilit\u00e9 de cacher une grande na\u00efvet\u00e9 ou candeur entre les lignes.
« Une trentaine de pages \u00e0 ce cahier. Que restera-t-il dans dix ans, dans vingt ans, si je suis encore l\u00e0, de ces heures dont j\u2019essaie de fixer la teneur ? D\u00e9j\u00e0 ne subsiste plus, pour certaines, que la mention que j\u2019en ai faite. Quinze jours, et la main de l\u2019oubli a pass\u00e9. Mais ce p\u00e2le t\u00e9moignage est encore pr\u00e9f\u00e9rable \u00e0 l\u2019ab\u00eeme qui nous talonne. »
Extrait de
Carnet de notes, 1980-1990
Bergounioux, Pierre<\/p>\n

l’\u00e2ge et peut-\u00eatre un l\u00e9ger progr\u00e8s moral font que ces mots r\u00e9actualisent, quelques instants, des pr\u00e9occupations anciennes, d\u00e9sormais vid\u00e9es de leur ancienne importance. Une br\u00e8ve nostalgie, mais pas de regret.<\/p>\n

Entendu qu\u2019au Mexique- parait-il, il existe des joutes d’\u00e9criture, semblables \u00e0 des tournois de catch. Les protagonistes sont masqu\u00e9s et leur prose est projet\u00e9e sur \u00e9cran g\u00e9ant. Plus spectaculaire qu’un blog.<\/p>\n

\u00c9crire dans le vide, \u00e9crire \u00e0 vide. Avide d\u2019\u00e9crire et de lire, encore oui. Mais je ne crois plus \u00e0 ces histoires de post\u00e9rit\u00e9 , je n\u2019en ai plus besoin, ni m\u00eame \u00e0 la publication d\u2019un livre comme objectif ou carotte pour \u00e9crire.
Dans quelle mesure la phrase juste au dessus de celle-ci dit-elle la v\u00e9rit\u00e9 ?<\/p>\n

Le retour \u00e0 un journal est tentant. Tenir son journal au jour le jour ou r\u00e9guli\u00e8rement, et y noter tous les petits faits du quotidien qui ont attir\u00e9 l\u2019attention. Mais dans quel but encore sinon pour se relire \u00e0 un moment ou l\u2019autre, se souvenir, ou v\u00e9rifier \u00e9ventuellement des faits dont nous ne sommes plus vraiment certains avec le temps.<\/p>\n

Un journal peut-\u00eatre utile en cas de d\u00e9but d\u2019Alzheimer. Si toutefois on se souvient que c\u2019est soi qui l\u2019a \u00e9crit, que ce n\u2019est pas un roman.
Le progr\u00e8s moral consiste \u00e0 r\u00e9duire bien des croyances, comme autant d\u2019 objets, et probablement d\u2019\u00eatres imaginaires, de choses vagues qui autrefois furent qualifi\u00e9es d\u2019essentielles, d\u2019indispensables et qui ne le sont plus. Le progr\u00e8s moral est directement en lien avec un progr\u00e8s de l\u2019imagination. Une imagination plus claire ?
A moins qu\u2019il ne soit la quintessence d\u2019un parcours d\u2019assassin.<\/p>\n

Hier soir entre deux ateliers j’ouvre la fen\u00eatre de la salle et je plonge le regard dans les tilleuls du jardin d’en face. Plonger le regard comme pour le nettoyer. Une certaine luminosit\u00e9 de la pierre du mur, dans l’ombre des feuillages, ces verts sombres \u00e0 cot\u00e9 des tendres \u00e9clair\u00e9s par la la lumi\u00e8re de la fin de journ\u00e9e, un petit bouleversement. Petit parce que pas le temps de m’y installer qu’un \u00e9l\u00e8ve entre dans les lieux. Mais instinctivement j’ai pris une photographie. Tout \u00e0 fait le genre de petit bouleversement qu’on peut noter dans les pages d’un journal le lendemain.<\/p>", "content_text": "\n\nle progr\u00e8s technologique se substitue au progr\u00e8s moral par le biais de la croyance en un syst\u00e8me , c'est l'erreur de Rousseau et de tous les th\u00e9oriciens qui suivent. Mettons en place un syst\u00e8me qui palliera la d\u00e9faillance. Le politique ne peut pas pallier la morale au sens o\u00f9 il n'y a de morale v\u00e9ritable qu'individuelle. Que le progr\u00e8s moral est sans cesse \u00e0 red\u00e9finir pour et par chaque nouvel individu qui na\u00eet. Ce que l'on nomme morale vis \u00e0 vis d'un groupe n'est qu'un ensemble de r\u00e8gles, ou une tradition qu'on suit parce que c'est plus simple de la suivre que de s'y opposer.\n\nEst-ce que ce que je viens d\u2019\u00e9crire m\u2019appartient, o\u00f9 bien n\u2019est-ce qu\u2019une id\u00e9e attrap\u00e9e dans l\u2019air du temps. Il est toujours difficile de discerner l\u2019origine de nos pens\u00e9es, pour autant qu\u2019on s\u2019int\u00e9resse \u00e0 cette origine.\n\nReprise de la lecture de Bergounioux, son carnet de la d\u00e9cennie 80-90 et stup\u00e9fait de voir \u00e0 quel point je m\u2019y retrouve, le style est diff\u00e9rent, les pr\u00e9occupations concernant entomologie et g\u00e9ologie sont parfois \u00e9loign\u00e9es encore que j\u2019avais bien mes lubies aussi. C\u2019est plut\u00f4t une affaire de ton, le ton d\u2019une \u00e9poque. Pas \u00e9tonn\u00e9 qu\u2019il lise J\u00fcrger. Dans les ann\u00e9es 80 beaucoup semblent avoir lu J\u00fcnger. Il faudrait v\u00e9rifier s\u2019il n\u2019y a pas une r\u00e9\u00e9dition du trait\u00e9 du rebelle pile au moment des \u00e9lections.\n\nDans quelle mesure un homme qui \u00e9crit un journal ne se laisse t\u2019il pas prendre \u00e0 son propre pi\u00e8ge. C\u2019est \u00e0 dire devient son personnage. Ne vit que pour ce personnage.\n\nEt aussi parfois l\u2019impossibilit\u00e9 de cacher une grande na\u00efvet\u00e9 ou candeur entre les lignes.\n\n\u00ab Une trentaine de pages \u00e0 ce cahier. Que restera-t-il dans dix ans, dans vingt ans, si je suis encore l\u00e0, de ces heures dont j\u2019essaie de fixer la teneur ? D\u00e9j\u00e0 ne subsiste plus, pour certaines, que la mention que j\u2019en ai faite. Quinze jours, et la main de l\u2019oubli a pass\u00e9. Mais ce p\u00e2le t\u00e9moignage est encore pr\u00e9f\u00e9rable \u00e0 l\u2019ab\u00eeme qui nous talonne. \u00bb\n\nExtrait de\n\nCarnet de notes, 1980-1990\n\nBergounioux, Pierre\n\nl'\u00e2ge et peut-\u00eatre un l\u00e9ger progr\u00e8s moral font que ces mots r\u00e9actualisent, quelques instants, des pr\u00e9occupations anciennes, d\u00e9sormais vid\u00e9es de leur ancienne importance. Une br\u00e8ve nostalgie, mais pas de regret.\n\nEntendu qu\u2019au Mexique- parait-il, il existe des joutes d'\u00e9criture, semblables \u00e0 des tournois de catch. Les protagonistes sont masqu\u00e9s et leur prose est projet\u00e9e sur \u00e9cran g\u00e9ant. Plus spectaculaire qu'un blog.\n\n\u00c9crire dans le vide, \u00e9crire \u00e0 vide. Avide d\u2019\u00e9crire et de lire, encore oui. Mais je ne crois plus \u00e0 ces histoires de post\u00e9rit\u00e9 , je n\u2019en ai plus besoin, ni m\u00eame \u00e0 la publication d\u2019un livre comme objectif ou carotte pour \u00e9crire.\n\nDans quelle mesure la phrase juste au dessus de celle-ci dit-elle la v\u00e9rit\u00e9 ?\n\nLe retour \u00e0 un journal est tentant. Tenir son journal au jour le jour ou r\u00e9guli\u00e8rement, et y noter tous les petits faits du quotidien qui ont attir\u00e9 l\u2019attention. Mais dans quel but encore sinon pour se relire \u00e0 un moment ou l\u2019autre, se souvenir, ou v\u00e9rifier \u00e9ventuellement des faits dont nous ne sommes plus vraiment certains avec le temps.\n\nUn journal peut-\u00eatre utile en cas de d\u00e9but d\u2019Alzheimer. Si toutefois on se souvient que c\u2019est soi qui l\u2019a \u00e9crit, que ce n\u2019est pas un roman.\n\nLe progr\u00e8s moral consiste \u00e0 r\u00e9duire bien des croyances, comme autant d\u2019 objets, et probablement d\u2019\u00eatres imaginaires, de choses vagues qui autrefois furent qualifi\u00e9es d\u2019essentielles, d\u2019indispensables et qui ne le sont plus. Le progr\u00e8s moral est directement en lien avec un progr\u00e8s de l\u2019imagination. Une imagination plus claire ?\n\nA moins qu\u2019il ne soit la quintessence d\u2019un parcours d\u2019assassin.\n\nHier soir entre deux ateliers j'ouvre la fen\u00eatre de la salle et je plonge le regard dans les tilleuls du jardin d'en face. Plonger le regard comme pour le nettoyer. Une certaine luminosit\u00e9 de la pierre du mur, dans l'ombre des feuillages, ces verts sombres \u00e0 cot\u00e9 des tendres \u00e9clair\u00e9s par la la lumi\u00e8re de la fin de journ\u00e9e, un petit bouleversement. Petit parce que pas le temps de m'y installer qu'un \u00e9l\u00e8ve entre dans les lieux. Mais instinctivement j'ai pris une photographie. Tout \u00e0 fait le genre de petit bouleversement qu'on peut noter dans les pages d'un journal le lendemain. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/coule-oeuvre.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/coule-oeuvre.html", "title": "Coule \u0153uvre", "date_published": "2023-05-24T07:06:25Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Installation de la fibre hier. L\u2019un des deux types a sorti une m\u00e8che d\u2019un m\u00e8tre de long pour percer le mur de la rue. Je voulais voir \u00e7a de plus pr\u00e8s et ai ouvert la porte d\u2019entr\u00e9e. Un serpent vert se tenait juste devant moi, il m\u2019a fait face un instant, autant surpris que je l\u2019\u00e9tais je crois. Cela a dur\u00e9 quelques secondes, sa petite t\u00eate dress\u00e9e et son corps ramass\u00e9 en m\u00e9andres pr\u00eat \u00e0 l\u2019attaque ou \u00e0 la d\u00e9fense tel un ressort. Puis il a fil\u00e9 sur la chauss\u00e9e en zigzagant \u00e9l\u00e9gamment, sans se presser , a travers\u00e9 la rue pour s\u2019introduire sous la porte d\u2019entr\u00e9e des voisins d\u2019en face. Pas longtemps, il ressort et voici qu\u2019il s\u2019enfile dans un trou du trottoir, je vois encore la queue dispara\u00eetre puis plus rien. Tellement surpris que je n\u2019ai pas eu le r\u00e9flexe de prendre une photo. Le technicien en a pris une, tellement surpris lui aussi. Mais je n’ai pas pens\u00e9 \u00e0 lui demander qu’il me l’envoie.
Ce que \u00e7a fait d\u2019imaginer un serpent dans ses murs. Probablement dans le bo\u00eetier du compteur \u00e0 gaz. Et en m\u00eame temps j\u2019imagine le technicien qui vient relever le compteur et qui tombe l\u00e0-dessus. Peut-\u00eatre qu\u2019il ne parviendra pas \u00e0 lire la consommation de gaz. Qu\u2019il s\u2019enfuira. qu’on ne paiera plus jamais le gaz que notre domicile sera effac\u00e9 des listes... Faut pas r\u00eaver non plus. Et apr\u00e8s tout il ne s\u2019agit que d\u2019une couleuvre. La couleuvre du gaz. Une de plus. Ou vieux serpent de mer.
Ce que \u00e7a fait d\u2019imaginer un serpent dans ses murs quand m\u00eame. Peut-\u00eatre y en a t\u2019il plusieurs, un nid. Merde pourquoi ma maison. Pourquoi moi.
Je suis all\u00e9 voir ce que \u00e7a signifie comme symbole car le malaise reste tenace. Comme quoi on \u00e0 beau faire vouloir \u00eatre raisonnable, rationnel, et prendre les choses avec humour. On reste quand m\u00eame \u00e0 vouloir s\u2019accrocher \u00e0 quelque chose quand \u00e7a sort des sentiers battus.
Je pr\u00e9f\u00e8re penser \u00e0 une mue qu\u2019\u00e0 quoique ce soit d\u2019autre. Une nouvelle peau. \u00c7a ne serait pas du luxe.<\/p>\n

Avaler des couleuvres est une chose mais les abriter chez soi\u2026 Retour \u00e0 l\u2019envoyeur.<\/p>\n

Travaill\u00e9 t\u00f4t ce matin sur un texte qui ne donne rien. Sur l\u2019exercice de la semaine, les images gliss\u00e9es cass\u00e9es, tourn\u00e9 autour de l\u2019\u00e9cole communale, le chemin pour s\u2019y rendre, pour en revenir. Les saisons qui passent et ce chemin interminable qui les traverse. L\u2019\u00e9cole o\u00f9 l\u2019on n\u2019apprend pas grand chose de ce qui importe vraiment. Punitions et r\u00e9compenses, information plus que formation, et ruse plus qu\u2019intelligence. Le c\u0153ur n\u2019a pas sa place ici. La notion de par c\u0153ur, une foutaise.<\/p>\n

C’est \u00e0 l’\u00e9cole aussi que l’on pourrait \u00eatre attentif aux temp\u00e9raments des enfants, parvenir \u00e0 les discerner et ainsi apprendre \u00e0 r\u00eaver aux m\u00e9lancoliques, \u00e0 inciter \u00e0 l’action les flegmatiques, et ainsi de suite. Mais \u00e9videmment Hippocrate n’est pas au programme. L’\u00e9cole ne forme pas elle d\u00e9forme, le niv\u00e8lement par l’incompl\u00e9tude.<\/p>\n

Trouv\u00e9 une lecture des vies minuscules de Pierre Michon en audio, mais Andr\u00e9 Marcon lit la premi\u00e8re histoire celle de Dufourneau au pas de course presque sans respirer, ce qui m\u2019am\u00e8ne au bord de l\u2019asphyxie. La d\u00e9solation des livres audio parfois. Je verrai pour les deux autres histoires sur la route tout \u00e0 l’heure, ce sont d\u2019autres acteurs.
En m\u00eame temps les phrases de Michon ne sont pas donn\u00e9es, il faut parfois s\u2019y reprendre \u00e0 plusieurs fois pour les lire d\u2019affil\u00e9e.<\/p>\n

Un serpent c\u2019est un peu comme une phrase ou vice versa. \u00c7a peut \u00eatre sinueux, se ramasser sur soi, bondir et mordre. Une phrase venimeuse. Un serpent admirablement bien ponctu\u00e9 de petites t\u00e2ches sombres sur fond vert.<\/p>\n

Coule \u0153uvre.
Cool \u0153uvre.
Impr\u00e9cation pour que \u00e7a vienne un de ces quatre jeudi.<\/p>", "content_text": "\n\nInstallation de la fibre hier. L\u2019un des deux types a sorti une m\u00e8che d\u2019un m\u00e8tre de long pour percer le mur de la rue. Je voulais voir \u00e7a de plus pr\u00e8s et ai ouvert la porte d\u2019entr\u00e9e. Un serpent vert se tenait juste devant moi, il m\u2019a fait face un instant, autant surpris que je l\u2019\u00e9tais je crois. Cela a dur\u00e9 quelques secondes, sa petite t\u00eate dress\u00e9e et son corps ramass\u00e9 en m\u00e9andres pr\u00eat \u00e0 l\u2019attaque ou \u00e0 la d\u00e9fense tel un ressort. Puis il a fil\u00e9 sur la chauss\u00e9e en zigzagant \u00e9l\u00e9gamment, sans se presser , a travers\u00e9 la rue pour s\u2019introduire sous la porte d\u2019entr\u00e9e des voisins d\u2019en face. Pas longtemps, il ressort et voici qu\u2019il s\u2019enfile dans un trou du trottoir, je vois encore la queue dispara\u00eetre puis plus rien. Tellement surpris que je n\u2019ai pas eu le r\u00e9flexe de prendre une photo. Le technicien en a pris une, tellement surpris lui aussi. Mais je n'ai pas pens\u00e9 \u00e0 lui demander qu'il me l'envoie.\n\nCe que \u00e7a fait d\u2019imaginer un serpent dans ses murs. Probablement dans le bo\u00eetier du compteur \u00e0 gaz. Et en m\u00eame temps j\u2019imagine le technicien qui vient relever le compteur et qui tombe l\u00e0-dessus. Peut-\u00eatre qu\u2019il ne parviendra pas \u00e0 lire la consommation de gaz. Qu\u2019il s\u2019enfuira. qu'on ne paiera plus jamais le gaz que notre domicile sera effac\u00e9 des listes... Faut pas r\u00eaver non plus. Et apr\u00e8s tout il ne s\u2019agit que d\u2019une couleuvre. La couleuvre du gaz. Une de plus. Ou vieux serpent de mer.\n\nCe que \u00e7a fait d\u2019imaginer un serpent dans ses murs quand m\u00eame. Peut-\u00eatre y en a t\u2019il plusieurs, un nid. Merde pourquoi ma maison. Pourquoi moi.\n\nJe suis all\u00e9 voir ce que \u00e7a signifie comme symbole car le malaise reste tenace. Comme quoi on \u00e0 beau faire vouloir \u00eatre raisonnable, rationnel, et prendre les choses avec humour. On reste quand m\u00eame \u00e0 vouloir s\u2019accrocher \u00e0 quelque chose quand \u00e7a sort des sentiers battus.\n\nJe pr\u00e9f\u00e8re penser \u00e0 une mue qu\u2019\u00e0 quoique ce soit d\u2019autre. Une nouvelle peau. \u00c7a ne serait pas du luxe.\n\nAvaler des couleuvres est une chose mais les abriter chez soi\u2026 Retour \u00e0 l\u2019envoyeur.\n\nTravaill\u00e9 t\u00f4t ce matin sur un texte qui ne donne rien. Sur l\u2019exercice de la semaine, les images gliss\u00e9es cass\u00e9es, tourn\u00e9 autour de l\u2019\u00e9cole communale, le chemin pour s\u2019y rendre, pour en revenir. Les saisons qui passent et ce chemin interminable qui les traverse. L\u2019\u00e9cole o\u00f9 l\u2019on n\u2019apprend pas grand chose de ce qui importe vraiment. Punitions et r\u00e9compenses, information plus que formation, et ruse plus qu\u2019intelligence. Le c\u0153ur n\u2019a pas sa place ici. La notion de par c\u0153ur, une foutaise.\n\nC'est \u00e0 l'\u00e9cole aussi que l'on pourrait \u00eatre attentif aux temp\u00e9raments des enfants, parvenir \u00e0 les discerner et ainsi apprendre \u00e0 r\u00eaver aux m\u00e9lancoliques, \u00e0 inciter \u00e0 l'action les flegmatiques, et ainsi de suite. Mais \u00e9videmment Hippocrate n'est pas au programme. L'\u00e9cole ne forme pas elle d\u00e9forme, le niv\u00e8lement par l'incompl\u00e9tude.\n\nTrouv\u00e9 une lecture des vies minuscules de Pierre Michon en audio, mais Andr\u00e9 Marcon lit la premi\u00e8re histoire celle de Dufourneau au pas de course presque sans respirer, ce qui m\u2019am\u00e8ne au bord de l\u2019asphyxie. La d\u00e9solation des livres audio parfois. Je verrai pour les deux autres histoires sur la route tout \u00e0 l'heure, ce sont d\u2019autres acteurs.\n\nEn m\u00eame temps les phrases de Michon ne sont pas donn\u00e9es, il faut parfois s\u2019y reprendre \u00e0 plusieurs fois pour les lire d\u2019affil\u00e9e.\n\nUn serpent c\u2019est un peu comme une phrase ou vice versa. \u00c7a peut \u00eatre sinueux, se ramasser sur soi, bondir et mordre. Une phrase venimeuse. Un serpent admirablement bien ponctu\u00e9 de petites t\u00e2ches sombres sur fond vert.\n\nCoule \u0153uvre.\n\nCool \u0153uvre.\n\nImpr\u00e9cation pour que \u00e7a vienne un de ces quatre jeudi.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/lier-delier-entretenir.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/lier-delier-entretenir.html", "title": "Lier, d\u00e9lier, entretenir.", "date_published": "2023-05-23T06:55:28Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

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Se lier. Lier des relations, passer du temps \u00e0 les entretenir, \u00eatre attentif, se rappeler au bon souvenir de, faire un signe, donner des nouvelles, en prendre, penser aux autres, s\u2019int\u00e9resser aux autres, aller vers les autres. Autant de termes implant\u00e9s de longue date dans la cervelle et qui produisent ce bruit de marteau-piqueur. Une cacophonie, une panique de l\u2019ou\u00efe. Je me suis toujours senti incapable d\u2019effectuer ces actions ainsi qu\u2019on me le demande sans cesse depuis ma naissance. Non seulement incapable mais de plus je suis entr\u00e9 en r\u00e9sistance vis \u00e0 vis de cette chose imp\u00e9rieuse, le contact.
Je ne me sens pas naturellement port\u00e9 vers le contact. Bien sur au d\u00e9but il a fallu que je me force un peu. Beaucoup. La gr\u00e9garit\u00e9, faire comme tout le monde, apprendre les codes, serrer des mains, claquer la bise, tapoter un dos une \u00e9paule, passer deux doigts sur une joue, tout cela je l\u2019ai fait. Mais sans vraiment en \u00e9prouver un r\u00e9el plaisir. Cela fit partie des innombrables initiations, le passage obligatoire pour faire partie d\u2019une communaut\u00e9.
Ensuite on oublie ces r\u00e9sistances car trop content de b\u00e9n\u00e9ficier de l\u2019illusion d\u2019\u00eatre devenu \u00e9l\u00e9ment d\u2019un groupe.
Tant qu\u2019on ne quitte pas le groupe l\u2019oubli peut \u00eatre b\u00e9n\u00e9fique. C\u2019est un genre d\u2019hypnose progressive. On s\u2019invente une cordialit\u00e9, une fraternit\u00e9, une famille de la m\u00eame fa\u00e7on que dans les nuages on aper\u00e7oit des t\u00eates de chien, ou sur les vieux murs on voit des paysages fantastiques. On veut y croire. Tout n\u2019est que volont\u00e9. Jusqu\u2019\u00e0 la blessure. La blessure nous ram\u00e8ne \u00e0 l\u2019\u00e9veil, \u00e0 la vraie vie. A la vie du corps, de la mati\u00e8re. On prend un peu de distance avec le virtuel, l\u2019imaginaire, et on aff\u00fbte ses sens pour mieux voir, mieux entendre, mieux sentir surtout.
On ne veut pas que la blessure se referme, on ne veut pas re sombrer dans l\u2019oubli, dans l\u2019illusion. On se d\u00e9cale. On se d\u00e9lie, on s\u2019\u00e9loigne, on se terre, on s\u2019isole, on devient silencieux, on ne donne plus signe.
Et puis on entre encore plus profond\u00e9ment dans l\u2019oubli, dans le monde des pierres, des arbres, des astres morts, dans un travail pour se nourrir, car il faut malgr\u00e9 tout vivre, il faut accepter que vivre est un choix, que vivre n\u2019est ni une b\u00e9n\u00e9diction ni une mal\u00e9diction. Vivre est un choix de longue date. Rien n’est plus juste que l’expression c’est comme \u00e7a.<\/em> \u00e0 condition d’en avoir \u00e9tudi\u00e9 minutieusement chaque terme.
On parvient ainsi \u00e0 sentir un oiseau se poser sur une branche, une herbe se relever d\u2019un pas qui l\u2019a \u00e9cras\u00e9e, \u00e0 retrouver dans l\u2019\u00e9tang le son des sources, et celui des pluies. Un cercle s\u2019est cr\u00e9e, peut-\u00eatre en est on un des multiples centres, suivant notre appr\u00e9hension des p\u00e9riph\u00e9ries.
Se lier se d\u00e9lier n\u2019a plus de raison fausse d\u2019\u00eatre comme de ne pas \u00eatre. On prend les choses comme elles viennent, on n\u2019est ni triste ni gai ni de les voir surgir ou repartir. On ne bouscule plus l\u2019\u00e9quilibre pr\u00e9caire du silence amical qu\u2019on aura mis tant de temps \u00e0 bien vouloir accueillir.
Pour un peu on dirait bien qu\u2019on est fin pr\u00eat soi-m\u00eame \u00e0 partir ou repartir<\/p>\n

C\u2019est comme autrefois ce vieux solex qui ne d\u00e9marrait pas, on effectuait de multiples tentatives et on finissait par se f\u00e2cher, s\u2019\u00e9nerver contre la machine, puis on laissait tomber, on allait \u00e0 pied. Le lendemain on d\u00e9montait la bougie, on la nettoyait calmement, on la repla\u00e7ait gentiment et tout \u00e0 coup le moteur repartait de plus belle. Quel air penaud on avait sous le sourire.<\/p>", "content_text": "\n\nSe lier. Lier des relations, passer du temps \u00e0 les entretenir, \u00eatre attentif, se rappeler au bon souvenir de, faire un signe, donner des nouvelles, en prendre, penser aux autres, s\u2019int\u00e9resser aux autres, aller vers les autres. Autant de termes implant\u00e9s de longue date dans la cervelle et qui produisent ce bruit de marteau-piqueur. Une cacophonie, une panique de l\u2019ou\u00efe. Je me suis toujours senti incapable d\u2019effectuer ces actions ainsi qu\u2019on me le demande sans cesse depuis ma naissance. Non seulement incapable mais de plus je suis entr\u00e9 en r\u00e9sistance vis \u00e0 vis de cette chose imp\u00e9rieuse, le contact.\n\nJe ne me sens pas naturellement port\u00e9 vers le contact. Bien sur au d\u00e9but il a fallu que je me force un peu. Beaucoup. La gr\u00e9garit\u00e9, faire comme tout le monde, apprendre les codes, serrer des mains, claquer la bise, tapoter un dos une \u00e9paule, passer deux doigts sur une joue, tout cela je l\u2019ai fait. Mais sans vraiment en \u00e9prouver un r\u00e9el plaisir. Cela fit partie des innombrables initiations, le passage obligatoire pour faire partie d\u2019une communaut\u00e9.\n\nEnsuite on oublie ces r\u00e9sistances car trop content de b\u00e9n\u00e9ficier de l\u2019illusion d\u2019\u00eatre devenu \u00e9l\u00e9ment d\u2019un groupe.\n\nTant qu\u2019on ne quitte pas le groupe l\u2019oubli peut \u00eatre b\u00e9n\u00e9fique. C\u2019est un genre d\u2019hypnose progressive. On s\u2019invente une cordialit\u00e9, une fraternit\u00e9, une famille de la m\u00eame fa\u00e7on que dans les nuages on aper\u00e7oit des t\u00eates de chien, ou sur les vieux murs on voit des paysages fantastiques. On veut y croire. Tout n\u2019est que volont\u00e9. Jusqu\u2019\u00e0 la blessure. La blessure nous ram\u00e8ne \u00e0 l\u2019\u00e9veil, \u00e0 la vraie vie. A la vie du corps, de la mati\u00e8re. On prend un peu de distance avec le virtuel, l\u2019imaginaire, et on aff\u00fbte ses sens pour mieux voir, mieux entendre, mieux sentir surtout.\n\nOn ne veut pas que la blessure se referme, on ne veut pas re sombrer dans l\u2019oubli, dans l\u2019illusion. On se d\u00e9cale. On se d\u00e9lie, on s\u2019\u00e9loigne, on se terre, on s\u2019isole, on devient silencieux, on ne donne plus signe.\n\nEt puis on entre encore plus profond\u00e9ment dans l\u2019oubli, dans le monde des pierres, des arbres, des astres morts, dans un travail pour se nourrir, car il faut malgr\u00e9 tout vivre, il faut accepter que vivre est un choix, que vivre n\u2019est ni une b\u00e9n\u00e9diction ni une mal\u00e9diction. Vivre est un choix de longue date. Rien n'est plus juste que l'expression c'est comme \u00e7a. \u00e0 condition d'en avoir \u00e9tudi\u00e9 minutieusement chaque terme.\n\nOn parvient ainsi \u00e0 sentir un oiseau se poser sur une branche, une herbe se relever d\u2019un pas qui l\u2019a \u00e9cras\u00e9e, \u00e0 retrouver dans l\u2019\u00e9tang le son des sources, et celui des pluies. Un cercle s\u2019est cr\u00e9e, peut-\u00eatre en est on un des multiples centres, suivant notre appr\u00e9hension des p\u00e9riph\u00e9ries.\n\nSe lier se d\u00e9lier n\u2019a plus de raison fausse d\u2019\u00eatre comme de ne pas \u00eatre. On prend les choses comme elles viennent, on n\u2019est ni triste ni gai ni de les voir surgir ou repartir. On ne bouscule plus l\u2019\u00e9quilibre pr\u00e9caire du silence amical qu\u2019on aura mis tant de temps \u00e0 bien vouloir accueillir.\n\nPour un peu on dirait bien qu\u2019on est fin pr\u00eat soi-m\u00eame \u00e0 partir ou repartir\n\nC\u2019est comme autrefois ce vieux solex qui ne d\u00e9marrait pas, on effectuait de multiples tentatives et on finissait par se f\u00e2cher, s\u2019\u00e9nerver contre la machine, puis on laissait tomber, on allait \u00e0 pied. Le lendemain on d\u00e9montait la bougie, on la nettoyait calmement, on la repla\u00e7ait gentiment et tout \u00e0 coup le moteur repartait de plus belle. Quel air penaud on avait sous le sourire.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/sur-le-rythme.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/sur-le-rythme.html", "title": "Sur le rythme", "date_published": "2023-05-23T06:18:39Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"Naissance des formes 36x48 cm huile sur toile 2016<\/p>\n

J\u2019observe. Une id\u00e9e vient, plong\u00e9e. Elle parait bonne. La maintenir dans la dur\u00e9e oui mais comment ?
Chaque jour, la r\u00e9p\u00e9tition, impossible \u00e0 tenir. Impossible car cette r\u00e9gularit\u00e9 impos\u00e9e n\u2019est pas naturelle, elle ne produit pas une musique. Elle fait un bruit de marteau-piqueur. Pourtant je m\u2019acharne, chaque jour \u00e0 ob\u00e9ir \u00e0 l\u2019instance d\u2019une id\u00e9e qui vient en acceptant pleinement son \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Elle surgit je m\u2019y accroche un instant, le temps de quelques centaines de mots, puis j\u2019ouvre la main elle repart. Je crois que c\u2019est parce que j\u2019ouvre ainsi la main \u00e0 un moment pr\u00e9cis, difficile \u00e0 d\u00e9finir d\u2019ailleurs, qu\u2019elle reviendra \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Je crois que parce que je ne veux pas la retenir absolument dans une main, l\u2019emprisonner, qu\u2019elle acquiert confiance et revient.
Quand ? Je ne le sais pas. Il faut du silence en deux notes pour pouvoir les entendre.
Le temps de l\u2019\u00e9criture est peut-\u00eatre un genre de partition. Des id\u00e9es viennent se poser puis repartent qu\u2019on retrouve quelques mesures plus tard en aval. Sans doute est-ce tout l\u2019attrait d\u2019un journal. Voir ainsi ces id\u00e9es aller et venir au fur et \u00e0 mesure des textes qu\u2019on \u00e9crit, des fragments de longueurs in\u00e9gales. Il y a un rythme dans tout cela, un rythme naturel je crois. Et donc de la musique. Rythmes et cycles, comment les rep\u00e9rer, comment sortir de la partition pour en juger, et en juger a t\u2019il vraiment un int\u00e9r\u00eat ? Un oiseau a t\u2019il la possibilit\u00e9 de quitter le ciel pour se regarder voler ?
Cette obsession de l\u2019image envoy\u00e9e, cette obsession des r\u00e9ceptions, comme on la trouve \u00e9tonnante quand tout \u00e0 coup elle se dissipe. \u00c7a ne dure pas longtemps. La lucidit\u00e9 aussi poss\u00e8de son propre rythme comme la na\u00efvet\u00e9.
Mais si l\u2019on parvient aussi \u00e0 d\u00e9passer ces cat\u00e9gories \u00e0 n\u2019\u00e9couter que la musique, rien de bien grave.
La seule chose d\u00e9plaisante vraiment en \u00e9tat de fatigue est le bruit des marteaux-piqueurs, et la publicit\u00e9 ass\u00e9n\u00e9e un peu partout dans les boites mail, la t\u00e9l\u00e9, les slogans et les mots d\u2019ordre des couples.
D\u2019o\u00f9 prendre soin de sa sant\u00e9, bien dormir, manger sobrement le plus possible, aller toucher un arbre de temps en temps. \u00catre en mesure de supporter le rythme des choses m\u00eame quand il ne semble pas produire de la musique.
Rester dans une ignorance de ce qu\u2019est la musique, ne pas se faire d\u2019id\u00e9e sur ce qu\u2019est v\u00e9ritablement la musique.
Etre ainsi surpris autant par une musique que par une id\u00e9e. Et ne pas refermer la main, les laisser vivre leurs vies.<\/p>", "content_text": "Naissance des formes 36x48 cm huile sur toile 2016\n\nJ\u2019observe. Une id\u00e9e vient, plong\u00e9e. Elle parait bonne. La maintenir dans la dur\u00e9e oui mais comment ?\n\nChaque jour, la r\u00e9p\u00e9tition, impossible \u00e0 tenir. Impossible car cette r\u00e9gularit\u00e9 impos\u00e9e n\u2019est pas naturelle, elle ne produit pas une musique. Elle fait un bruit de marteau-piqueur. Pourtant je m\u2019acharne, chaque jour \u00e0 ob\u00e9ir \u00e0 l\u2019instance d\u2019une id\u00e9e qui vient en acceptant pleinement son \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Elle surgit je m\u2019y accroche un instant, le temps de quelques centaines de mots, puis j\u2019ouvre la main elle repart. Je crois que c\u2019est parce que j\u2019ouvre ainsi la main \u00e0 un moment pr\u00e9cis, difficile \u00e0 d\u00e9finir d\u2019ailleurs, qu\u2019elle reviendra \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Je crois que parce que je ne veux pas la retenir absolument dans une main, l\u2019emprisonner, qu\u2019elle acquiert confiance et revient.\n\nQuand ? Je ne le sais pas. Il faut du silence en deux notes pour pouvoir les entendre.\n\nLe temps de l\u2019\u00e9criture est peut-\u00eatre un genre de partition. Des id\u00e9es viennent se poser puis repartent qu\u2019on retrouve quelques mesures plus tard en aval. Sans doute est-ce tout l\u2019attrait d\u2019un journal. Voir ainsi ces id\u00e9es aller et venir au fur et \u00e0 mesure des textes qu\u2019on \u00e9crit, des fragments de longueurs in\u00e9gales. Il y a un rythme dans tout cela, un rythme naturel je crois. Et donc de la musique. Rythmes et cycles, comment les rep\u00e9rer, comment sortir de la partition pour en juger, et en juger a t\u2019il vraiment un int\u00e9r\u00eat ? Un oiseau a t\u2019il la possibilit\u00e9 de quitter le ciel pour se regarder voler ?\n\nCette obsession de l\u2019image envoy\u00e9e, cette obsession des r\u00e9ceptions, comme on la trouve \u00e9tonnante quand tout \u00e0 coup elle se dissipe. \u00c7a ne dure pas longtemps. La lucidit\u00e9 aussi poss\u00e8de son propre rythme comme la na\u00efvet\u00e9.\n\nMais si l\u2019on parvient aussi \u00e0 d\u00e9passer ces cat\u00e9gories \u00e0 n\u2019\u00e9couter que la musique, rien de bien grave.\n\nLa seule chose d\u00e9plaisante vraiment en \u00e9tat de fatigue est le bruit des marteaux-piqueurs, et la publicit\u00e9 ass\u00e9n\u00e9e un peu partout dans les boites mail, la t\u00e9l\u00e9, les slogans et les mots d\u2019ordre des couples.\n\nD\u2019o\u00f9 prendre soin de sa sant\u00e9, bien dormir, manger sobrement le plus possible, aller toucher un arbre de temps en temps. \u00catre en mesure de supporter le rythme des choses m\u00eame quand il ne semble pas produire de la musique.\n\nRester dans une ignorance de ce qu\u2019est la musique, ne pas se faire d\u2019id\u00e9e sur ce qu\u2019est v\u00e9ritablement la musique.\n\nEtre ainsi surpris autant par une musique que par une id\u00e9e. Et ne pas refermer la main, les laisser vivre leurs vies.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/images-glissees-cassees-au-travers-d-une-lecture.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/images-glissees-cassees-au-travers-d-une-lecture.html", "title": "Images gliss\u00e9es cass\u00e9es au travers d\u2019une lecture", "date_published": "2023-05-23T05:46:50Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Dispositif personnel d\u00e9tournement d'un exercice d'atelier d'\u00e9criture.<br>Ouvrir une page Wikip\u00e9dia sur un sujet qui m\u2019int\u00e9resse, laisser venir les associations<br>Exemple avec Ernst Lubitsch n\u00e9 le 29 janvier 1892 \u00e0 Berlin, mort le 30 novembre 1947 \u00e0 Bel air ( Los Angeles)<\/code><\/pre>\n

Le fait qu\u2019il naisse un 29 janvier, m\u00eame jour que moi, me le rend proche aussit\u00f4t. Combien de personnes ai-je rencontr\u00e9es dans la vie n\u00e9es un 29 janvier. Et encore pas directement mais par leurs ouvrages ou par ou\u00efe dire Que des morts \u00e0 bien y r\u00e9fl\u00e9chir. Tcheckov, Romain Rolland, Blasco Ibanez, Barnett Newman, Maurice Joyeux, Henri Queffelec et donc Ernst Lubitsch, pour ne citer que les premiers qui me viennent \u00e0 l\u2019esprit
Cette proximit\u00e9 de dates, l\u2019int\u00e9r\u00eat d\u00e9clench\u00e9 par une proximit\u00e9 astrologique, ce que \u00e7a vaut vraiment, aucune id\u00e9e. Semble pu\u00e9ril, enfantin.
Cela m\u2019indique tout de m\u00eame \u00e0 quel point je fus imbib\u00e9 jadis enfant dans les propos astrologiques et combien tout \u00e7a perdure.
A Paris dans l\u2019appartement de la rue Jobb\u00e9- Duval, en jouant sous la table de la salle \u00e0 manger.
Dans les journaux que mes grand-parents lisaient, un magazine, la grand-m\u00e8re surtout, lisait \u00e0 haute-voix les minces paragraphes de chaque signe astrologique des habitants du lieu. Elle pronon\u00e7ait bien fort le nom du signe pour qu\u2019on l\u2019entende du fin fond de l\u2019appartement, jusque dans la salle de bain.
POISSON pour nommer celui du grand-p\u00e8re et s\u2019il y avait une menace qui pesait, un danger, quelque chose \u00e0 redouter, elle prenait un plaisir non dissimul\u00e9 \u00e0 le dire.<\/p>\n

...20 marks par jour, au lieu de 100 par mois ! en 1912, la m\u00eame ann\u00e9e que la repr\u00e9sentation de Miracle est film\u00e9e, ce n\u2019est pas la passion du cin\u00e9ma qui fit entrer Ernest dans la cin\u00e9ma mais plut\u00f4t l\u2019app\u00e2t du gain...<\/p>\n

La notion de glissement d\u2019une image \u00e0 l\u2019autre. On part sur Ernst Lubitsch \u00e0 Berlin on arrive soudain dans une chronique astrologique en 1965 \u00e0 Paris.
Le personnage de Meier est \u00e0 rapproch\u00e9 de celui de Schlemilhl
Meier personnage cr\u00e9e par Lubitsch et qui est l\u2019arch\u00e9type du comique juif-allemand.
Schlemilhl ou l\u2019\u00e9trange histoire de l\u2019homme qui avait vendu son ombre , personnage d\u2019une histoire de Adelbert Von Chamisso. Publi\u00e9 en allemagne en 1813, parut en France en 1822, traduction Hyppolyte Chamisso<\/p>\n

Qu\u2019un homme vende son ombre pour se retrouver \u00e0 r\u00e9aliser des films dans lesquels il joue le r\u00f4le de Meier la boucle semble boucl\u00e9e
Lubtitsch sera \u00e0 cette \u00e9poque aussi c\u00e9l\u00e8bre dans ce r\u00f4le en Allemagne que Harold Lloyd et Chaplin en Am\u00e9rique, Max Linder en France
En 1916 Lubitsch abandonne sa carri\u00e8re d\u2019acteur pour se consacrer \u00e0 ses propres films ( 1918 Les yeux de la momie, et Carmen ) ( 1919 la princesse aux hu\u00eetres ) Il r\u00e9alise \u00e9galement quelques films historiques ( la Du Barry et Ann Boleyn) ainsi que des com\u00e9dies. Il acquiert une stature internationale et en 1921 sera invit\u00e9 aux Etats-Unis pour la premi\u00e8re fois.<\/p>\n

Le cin\u00e9ma et le th\u00e9\u00e2tre d’ombres, la lecture de l\u2019histoire de Peter Schlemilhl continue \u00e0 produire son effet sur la lecture de la biographie de Lubitsch.
Cette histoire je l\u2019ai lue alors que j\u2019\u00e9tais enfant parmi tous les autres contes, je l\u2019avais oubli\u00e9e et voici que tout \u00e0 coup elle ressurgit avec son aura pr\u00e9monitoire de menaces.
Ce qu\u2019elle signifie c\u2019est que la r\u00e9ussite ne va pas sans un sacrifice important, ombre ou \u00e2me, qu\u2019on peut poursuivre cette erreur jusque la limite de l\u2019ultime avant de soudain prendre conscience de l\u2019illusoire d\u2019un tel but
Mais il est souvent trop tard, la d\u00e9ch\u00e9ance est le tribut \u00e0 payer \u00e0 l\u2019\u00e9garement. On jette la bourse de Fortunatus dans un puits et le diable avec. La seule qu\u00eate qui vaille ensuite est de retrouver son c\u0153ur.
Ainsi retrouver le c\u0153ur redonnerait en m\u00eame temps une ombre et une \u00e2me \u00e0 celui qui les aura perdues.
Toujours enfantin en premier lieu, pu\u00e9ril. Ces mots qui surgissent comme une r\u00e9sistance, un barrage.<\/p>\n

En filigrane une reconnaissance de la jud\u00e9it\u00e9 ashkenaze, m\u00e9lange de fatalit\u00e9 et d\u2019humour. A rapprocher \u00e9trangement de la mentalit\u00e9 sicilienne, notamment ceux qui ont d\u00fb \u00e9migrer en Afrique du Nord. Ce qui rapproche c\u2019est bien cette notion de “c\u0153ur” d\u2019humanit\u00e9, d\u2019acceptation de l\u2019autre, de sa reconnaissance. Une pl\u00e9nitude de la reconnaissance. La pl\u00e9nitude d’un ciel bleu.
A moins que ce ne soit que mon fantasme personnel que je ne cesse de projeter sur ces communaut\u00e9s.<\/p>\n

Je passe la p\u00e9riode Hollywoodienne qui ne parait pas \u00eatre un succ\u00e8s.<\/p>\n

Qu\u2019est-ce qu\u2019on appelle la Lubitsch touch ? qu’est- ce que j\u2019en retiens, ce qui m\u2019int\u00e9resse d\u2019y trouver quant \u00e0 l\u2019\u00e9criture\u2026
.Un m\u00e9lange subtil et sexy d’humour et d’esprit de retenue.
-Un contrepoint de tristesse poignante pendant les moments les plus gais d’un film.
-C’\u00e9tait l’utilisation \u00e9l\u00e9gante de la super blague. Vous aviez une blague et vous vous sentiez satisfait, puis il y avait une autre grosse blague dessus. La blague \u00e0 laquelle vous ne vous attendiez pas. C’\u00e9tait la Lubitsch Touch
-.. un style qui fait allusion au sexe, de mani\u00e8re ludique adulte dans ses th\u00e8mes, sans jamais franchir la ligne de d\u00e9marcation invisible qui s\u00e9parait le charbon du g\u00e9nie.
-La Lubitsch Touch\" peut \u00eatre consid\u00e9r\u00e9e de mani\u00e8re concr\u00e8te comme d\u00e9rivant d’un dispositif narratif standard du film muet : interrompre l’\u00e9change dramatique en se concentrant sur des objets ou des petits d\u00e9tails qui font un commentaire spirituel ou une r\u00e9v\u00e9lation surprenante sur l’action principale.
-Dans son sens le plus large, cela signifiait aller du g\u00e9n\u00e9ral au particulier, pour se condenser soudainement en un seul instant rapide et habile cristallisant une sc\u00e8ne ou m\u00eame le th\u00e8me entier \u2026 l’id\u00e9e d’utiliser le pouvoir de la m\u00e9taphore en condensant soudainement la quintessence de son sujet dans un commentaire ironique - un commentaire visuel, naturellement - qui disait tout<\/p>\n

L\u2019attirance pour les contraires n\u2019est pas une l\u00e9gende. C\u2019est la premi\u00e8re r\u00e9flexion qui me vient apr\u00e8s avoir not\u00e9 toutes les vertus lubitschiennes.<\/p>\n

Pourquoi ai-je choisi Lubitsch ?
Mon int\u00e9r\u00eat pour le montage vid\u00e9o en ce moment m\u2019entra\u00eene \u00e0 examiner de plus pr\u00e8s ma fa\u00e7on de voir le cin\u00e9ma et la vid\u00e9o. C\u2019est \u00e0 dire toute image mouvante, glissante et la fa\u00e7on surtout de passer d\u2019un plan \u00e0 un autre. Nous sommes tellement imbib\u00e9s dans cette vision, moderne, en opposition au cin\u00e9ma d\u2019autrefois ( longs plans fixes ) ou m\u00eame \u00e0 l’image fixe, peinture photographie, que nous ne nous en rendons m\u00eames plus compte. C\u2019est devenu compl\u00e8tement inconscient ( en tous cas pour moi )
J\u2019avais d\u00e9j\u00e0 rep\u00e9r\u00e9 ce ph\u00e9nom\u00e8ne enfant alors que je m\u2019immergeais dans la lecture des bandes dessin\u00e9es. La vitesse avec laquelle on s\u2019immerge dans un code sans m\u00eame l\u2019analyser consciemment. On saisit inconsciemment le code.<\/p>\n

Ce ph\u00e9nom\u00e8ne d\u2019immersion aura toujours \u00e9t\u00e9 prioritaire je crois. D\u2019abord je m\u2019immerge, je suis submerg\u00e9, et longtemps apr\u00e8s je r\u00e9fl\u00e9chis \u00e0 la fa\u00e7on dont cela s\u2019est pass\u00e9, ce que \u00e7a a produit, pour en extraire des r\u00e9flexions que je nomme personnelles.<\/em>
Il en va exactement de m\u00eame avec la peinture et l\u2019\u00e9criture.
Je me laisse submerger, comme si je n\u2019attribuais plus aucune confiance \u00e0 l\u2019analyse, \u00e0 tout ce qui peut constituer un m\u00e9canisme de d\u00e9fense, de protection, une strat\u00e9gie de combat. Puis, \u00e0 un moment, principalement en temps de crise profonde, g\u00e9n\u00e9ralement financi\u00e8re, la pens\u00e9e, l\u2019analyse, ressurgissent
L\u2019image de la V\u00e9nus de Botticelli dans son coquillage qui sort de la mer
L\u2019all\u00e9gorie de la renaissance.<\/p>\n

Certainement \u00e0 associer aussi avec Dante et B\u00e9atrix
Ou avec ma vie sentimentale dans son ensemble.
Qu\u2019un visage, une silhouette, qu\u2019un \u00eatre que l\u2019on pense conna\u00eetre puisse ainsi glisser vers l\u2019all\u00e9gorie
Ce glissement provient certainement d\u2019une instance profonde de modestie, d\u2019humilit\u00e9 v\u00e9ritable, le gant retourn\u00e9 de l’orgueil.
Je sais que je ne peux te conna\u00eetre donc je plonge dans l\u2019inconscient l\u00e0 o\u00f9 nous pouvons peut-\u00eatre nous rejoindre et nous perdre en m\u00eame temps.<\/em><\/p>\n

Mon premier reflexe \u00e9tait de placer la V\u00e9nus de Botticelli en illustration. Puis j’ai pens\u00e9 \u00e0 son San S\u00e9bastian, bien sup\u00e9rieur en s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 \u00e0 mon sens malgr\u00e9 toutes les fl\u00e8ches qui le transpercent.<\/p>\n

Il se peut que le mot s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 soit un mot clef. Non pas une qu\u00eate de s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 comme souvent on se trompe \u00e0 le dire, mais plut\u00f4t une longue, et parfois fastidieuse et p\u00e9nible v\u00e9rification qu’elle est belle et bien \u00e0 l’int\u00e9rieur de soi, qu’on ne puisse rien faire vraiment pour la perdre.<\/p>\n

Ce qui encore une fois parait pu\u00e9ril, enfantin, na\u00eff naturellement.<\/p>", "content_text": "Dispositif personnel d\u00e9tournement d'un exercice d'atelier d'\u00e9criture.\n\nOuvrir une page Wikip\u00e9dia sur un sujet qui m\u2019int\u00e9resse, laisser venir les associations\n\nExemple avec Ernst Lubitsch n\u00e9 le 29 janvier 1892 \u00e0 Berlin, mort le 30 novembre 1947 \u00e0 Bel air ( Los Angeles)\n\nLe fait qu\u2019il naisse un 29 janvier, m\u00eame jour que moi, me le rend proche aussit\u00f4t. Combien de personnes ai-je rencontr\u00e9es dans la vie n\u00e9es un 29 janvier. Et encore pas directement mais par leurs ouvrages ou par ou\u00efe dire Que des morts \u00e0 bien y r\u00e9fl\u00e9chir. Tcheckov, Romain Rolland, Blasco Ibanez, Barnett Newman, Maurice Joyeux, Henri Queffelec et donc Ernst Lubitsch, pour ne citer que les premiers qui me viennent \u00e0 l\u2019esprit\n\nCette proximit\u00e9 de dates, l\u2019int\u00e9r\u00eat d\u00e9clench\u00e9 par une proximit\u00e9 astrologique, ce que \u00e7a vaut vraiment, aucune id\u00e9e. Semble pu\u00e9ril, enfantin.\n\nCela m\u2019indique tout de m\u00eame \u00e0 quel point je fus imbib\u00e9 jadis enfant dans les propos astrologiques et combien tout \u00e7a perdure.\n\nA Paris dans l\u2019appartement de la rue Jobb\u00e9- Duval, en jouant sous la table de la salle \u00e0 manger.\n\nDans les journaux que mes grand-parents lisaient, un magazine, la grand-m\u00e8re surtout, lisait \u00e0 haute-voix les minces paragraphes de chaque signe astrologique des habitants du lieu. Elle pronon\u00e7ait bien fort le nom du signe pour qu\u2019on l\u2019entende du fin fond de l\u2019appartement, jusque dans la salle de bain.\n\nPOISSON pour nommer celui du grand-p\u00e8re et s\u2019il y avait une menace qui pesait, un danger, quelque chose \u00e0 redouter, elle prenait un plaisir non dissimul\u00e9 \u00e0 le dire.\n\n...20 marks par jour, au lieu de 100 par mois ! en 1912, la m\u00eame ann\u00e9e que la repr\u00e9sentation de Miracle est film\u00e9e, ce n\u2019est pas la passion du cin\u00e9ma qui fit entrer Ernest dans la cin\u00e9ma mais plut\u00f4t l\u2019app\u00e2t du gain...\n\nLa notion de glissement d\u2019une image \u00e0 l\u2019autre. On part sur Ernst Lubitsch \u00e0 Berlin on arrive soudain dans une chronique astrologique en 1965 \u00e0 Paris.\n\nLe personnage de Meier est \u00e0 rapproch\u00e9 de celui de Schlemilhl\n\nMeier personnage cr\u00e9e par Lubitsch et qui est l\u2019arch\u00e9type du comique juif-allemand.\n\nSchlemilhl ou l\u2019\u00e9trange histoire de l\u2019homme qui avait vendu son ombre , personnage d\u2019une histoire de Adelbert Von Chamisso. Publi\u00e9 en allemagne en 1813, parut en France en 1822, traduction Hyppolyte Chamisso\n\nQu\u2019un homme vende son ombre pour se retrouver \u00e0 r\u00e9aliser des films dans lesquels il joue le r\u00f4le de Meier la boucle semble boucl\u00e9e\n\nLubtitsch sera \u00e0 cette \u00e9poque aussi c\u00e9l\u00e8bre dans ce r\u00f4le en Allemagne que Harold Lloyd et Chaplin en Am\u00e9rique, Max Linder en France\n\nEn 1916 Lubitsch abandonne sa carri\u00e8re d\u2019acteur pour se consacrer \u00e0 ses propres films ( 1918 Les yeux de la momie, et Carmen ) ( 1919 la princesse aux hu\u00eetres ) Il r\u00e9alise \u00e9galement quelques films historiques ( la Du Barry et Ann Boleyn) ainsi que des com\u00e9dies. Il acquiert une stature internationale et en 1921 sera invit\u00e9 aux Etats-Unis pour la premi\u00e8re fois.\n\nLe cin\u00e9ma et le th\u00e9\u00e2tre d'ombres, la lecture de l\u2019histoire de Peter Schlemilhl continue \u00e0 produire son effet sur la lecture de la biographie de Lubitsch.\n\nCette histoire je l\u2019ai lue alors que j\u2019\u00e9tais enfant parmi tous les autres contes, je l\u2019avais oubli\u00e9e et voici que tout \u00e0 coup elle ressurgit avec son aura pr\u00e9monitoire de menaces.\n\nCe qu\u2019elle signifie c\u2019est que la r\u00e9ussite ne va pas sans un sacrifice important, ombre ou \u00e2me, qu\u2019on peut poursuivre cette erreur jusque la limite de l\u2019ultime avant de soudain prendre conscience de l\u2019illusoire d\u2019un tel but\n\nMais il est souvent trop tard, la d\u00e9ch\u00e9ance est le tribut \u00e0 payer \u00e0 l\u2019\u00e9garement. On jette la bourse de Fortunatus dans un puits et le diable avec. La seule qu\u00eate qui vaille ensuite est de retrouver son c\u0153ur.\n\nAinsi retrouver le c\u0153ur redonnerait en m\u00eame temps une ombre et une \u00e2me \u00e0 celui qui les aura perdues.\n\nToujours enfantin en premier lieu, pu\u00e9ril. Ces mots qui surgissent comme une r\u00e9sistance, un barrage.\n\nEn filigrane une reconnaissance de la jud\u00e9it\u00e9 ashkenaze, m\u00e9lange de fatalit\u00e9 et d\u2019humour. A rapprocher \u00e9trangement de la mentalit\u00e9 sicilienne, notamment ceux qui ont d\u00fb \u00e9migrer en Afrique du Nord. Ce qui rapproche c\u2019est bien cette notion de \u201cc\u0153ur\u201d d\u2019humanit\u00e9, d\u2019acceptation de l\u2019autre, de sa reconnaissance. Une pl\u00e9nitude de la reconnaissance. La pl\u00e9nitude d'un ciel bleu.\n\nA moins que ce ne soit que mon fantasme personnel que je ne cesse de projeter sur ces communaut\u00e9s.\n\nJe passe la p\u00e9riode Hollywoodienne qui ne parait pas \u00eatre un succ\u00e8s.\n\nQu\u2019est-ce qu\u2019on appelle la Lubitsch touch ? qu'est- ce que j\u2019en retiens, ce qui m\u2019int\u00e9resse d\u2019y trouver quant \u00e0 l\u2019\u00e9criture\u2026\n\n.Un m\u00e9lange subtil et sexy d'humour et d'esprit de retenue.\n\n-Un contrepoint de tristesse poignante pendant les moments les plus gais d'un film.\n\n-C'\u00e9tait l'utilisation \u00e9l\u00e9gante de la super blague. Vous aviez une blague et vous vous sentiez satisfait, puis il y avait une autre grosse blague dessus. La blague \u00e0 laquelle vous ne vous attendiez pas. C'\u00e9tait la Lubitsch Touch\n\n-.. un style qui fait allusion au sexe, de mani\u00e8re ludique adulte dans ses th\u00e8mes, sans jamais franchir la ligne de d\u00e9marcation invisible qui s\u00e9parait le charbon du g\u00e9nie.\n\n-La Lubitsch Touch\" peut \u00eatre consid\u00e9r\u00e9e de mani\u00e8re concr\u00e8te comme d\u00e9rivant d'un dispositif narratif standard du film muet : interrompre l'\u00e9change dramatique en se concentrant sur des objets ou des petits d\u00e9tails qui font un commentaire spirituel ou une r\u00e9v\u00e9lation surprenante sur l'action principale.\n\n-Dans son sens le plus large, cela signifiait aller du g\u00e9n\u00e9ral au particulier, pour se condenser soudainement en un seul instant rapide et habile cristallisant une sc\u00e8ne ou m\u00eame le th\u00e8me entier \u2026 l'id\u00e9e d'utiliser le pouvoir de la m\u00e9taphore en condensant soudainement la quintessence de son sujet dans un commentaire ironique - un commentaire visuel, naturellement - qui disait tout\n\nL\u2019attirance pour les contraires n\u2019est pas une l\u00e9gende. C\u2019est la premi\u00e8re r\u00e9flexion qui me vient apr\u00e8s avoir not\u00e9 toutes les vertus lubitschiennes.\n\nPourquoi ai-je choisi Lubitsch ?\n\nMon int\u00e9r\u00eat pour le montage vid\u00e9o en ce moment m\u2019entra\u00eene \u00e0 examiner de plus pr\u00e8s ma fa\u00e7on de voir le cin\u00e9ma et la vid\u00e9o. C\u2019est \u00e0 dire toute image mouvante, glissante et la fa\u00e7on surtout de passer d\u2019un plan \u00e0 un autre. Nous sommes tellement imbib\u00e9s dans cette vision, moderne, en opposition au cin\u00e9ma d\u2019autrefois ( longs plans fixes ) ou m\u00eame \u00e0 l'image fixe, peinture photographie, que nous ne nous en rendons m\u00eames plus compte. C\u2019est devenu compl\u00e8tement inconscient ( en tous cas pour moi )\n\nJ\u2019avais d\u00e9j\u00e0 rep\u00e9r\u00e9 ce ph\u00e9nom\u00e8ne enfant alors que je m\u2019immergeais dans la lecture des bandes dessin\u00e9es. La vitesse avec laquelle on s\u2019immerge dans un code sans m\u00eame l\u2019analyser consciemment. On saisit inconsciemment le code.\n\nCe ph\u00e9nom\u00e8ne d\u2019immersion aura toujours \u00e9t\u00e9 prioritaire je crois. D\u2019abord je m\u2019immerge, je suis submerg\u00e9, et longtemps apr\u00e8s je r\u00e9fl\u00e9chis \u00e0 la fa\u00e7on dont cela s\u2019est pass\u00e9, ce que \u00e7a a produit, pour en extraire des r\u00e9flexions que je nomme personnelles.\n\nIl en va exactement de m\u00eame avec la peinture et l\u2019\u00e9criture.\n\nJe me laisse submerger, comme si je n\u2019attribuais plus aucune confiance \u00e0 l\u2019analyse, \u00e0 tout ce qui peut constituer un m\u00e9canisme de d\u00e9fense, de protection, une strat\u00e9gie de combat. Puis, \u00e0 un moment, principalement en temps de crise profonde, g\u00e9n\u00e9ralement financi\u00e8re, la pens\u00e9e, l\u2019analyse, ressurgissent\n\nL\u2019image de la V\u00e9nus de Botticelli dans son coquillage qui sort de la mer\n\nL\u2019all\u00e9gorie de la renaissance.\n\nCertainement \u00e0 associer aussi avec Dante et B\u00e9atrix\n\nOu avec ma vie sentimentale dans son ensemble.\n\nQu\u2019un visage, une silhouette, qu\u2019un \u00eatre que l\u2019on pense conna\u00eetre puisse ainsi glisser vers l\u2019all\u00e9gorie\n\nCe glissement provient certainement d\u2019une instance profonde de modestie, d\u2019humilit\u00e9 v\u00e9ritable, le gant retourn\u00e9 de l'orgueil.\n\nJe sais que je ne peux te conna\u00eetre donc je plonge dans l\u2019inconscient l\u00e0 o\u00f9 nous pouvons peut-\u00eatre nous rejoindre et nous perdre en m\u00eame temps.\n\nMon premier reflexe \u00e9tait de placer la V\u00e9nus de Botticelli en illustration. Puis j'ai pens\u00e9 \u00e0 son San S\u00e9bastian, bien sup\u00e9rieur en s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 \u00e0 mon sens malgr\u00e9 toutes les fl\u00e8ches qui le transpercent.\n\nIl se peut que le mot s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 soit un mot clef. Non pas une qu\u00eate de s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 comme souvent on se trompe \u00e0 le dire, mais plut\u00f4t une longue, et parfois fastidieuse et p\u00e9nible v\u00e9rification qu'elle est belle et bien \u00e0 l'int\u00e9rieur de soi, qu'on ne puisse rien faire vraiment pour la perdre.\n\nCe qui encore une fois parait pu\u00e9ril, enfantin, na\u00eff naturellement.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/grand-format-130x96-technique-mixte.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/grand-format-130x96-technique-mixte.html", "title": "grand format 130x96 technique mixte", "date_published": "2023-05-22T15:11:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

mai 2023 inspir\u00e9 d’une fresque vue \u00e0 Cnossos, Cr\u00eate. work in progress<\/p>\n

\"\"technique mixte 130x96 cm mai 2023<\/p>\n

un peu de changements aujourd’hui .... lundi 22 mai<\/p>\n

\"\"<\/a><\/p>", "content_text": "mai 2023 inspir\u00e9 d'une fresque vue \u00e0 Cnossos, Cr\u00eate. work in progress technique mixte 130x96 cm mai 2023 \n\nun peu de changements aujourd'hui .... lundi 22 mai ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/indelebile.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/indelebile.html", "title": "ind\u00e9l\u00e9bile", "date_published": "2023-05-22T09:09:35Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

<\/p>\n

par un myst\u00e8re que je ne cherche pas \u00e0 \u00e9lucider les corrections que j’effectue dans l’\u00e9diteur ne sont pas prises en compte \u00e0 la publication des textes. Donc les fautes deviennent ind\u00e9l\u00e9biles. On ne peut plus dissimuler l’inadvertance ou l’ignorance aux regards du lecteur. Et du coup je me demande pourquoi vouloir dissimuler. Certains puristes s’en soucieront plus que je ne m’en soucierai d\u00e9sormais. Ce sera leur souci, plus le mien. Apr\u00e8s tout le v\u00e9ritable lecteur comme le v\u00e9ritable amoureux aime souvent plus les d\u00e9fauts que les qualit\u00e9s en l’autre ce qui le rassure aussi de n’\u00eatre pas trop diff\u00e9rent. Aussi vive l’\u00e9criture buissonni\u00e8re, les t\u00e2ches d’encres ind\u00e9l\u00e9biles, tout ce qu’on ne peut cacher pour vouloir donner de soi une image qui n’est qu’une image.<\/p>", "content_text": "\n\npar un myst\u00e8re que je ne cherche pas \u00e0 \u00e9lucider les corrections que j'effectue dans l'\u00e9diteur ne sont pas prises en compte \u00e0 la publication des textes. Donc les fautes deviennent ind\u00e9l\u00e9biles. On ne peut plus dissimuler l'inadvertance ou l'ignorance aux regards du lecteur. Et du coup je me demande pourquoi vouloir dissimuler. Certains puristes s'en soucieront plus que je ne m'en soucierai d\u00e9sormais. Ce sera leur souci, plus le mien. Apr\u00e8s tout le v\u00e9ritable lecteur comme le v\u00e9ritable amoureux aime souvent plus les d\u00e9fauts que les qualit\u00e9s en l'autre ce qui le rassure aussi de n'\u00eatre pas trop diff\u00e9rent. Aussi vive l'\u00e9criture buissonni\u00e8re, les t\u00e2ches d'encres ind\u00e9l\u00e9biles, tout ce qu'on ne peut cacher pour vouloir donner de soi une image qui n'est qu'une image. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/nourrir-entretenir.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/nourrir-entretenir.html", "title": "Nourrir, entretenir.", "date_published": "2023-05-22T08:54:27Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

en chemin 120x90 cm huile sur toile<\/p>\n

j’ai plac\u00e9 un tableau inachev\u00e9 dans ma derni\u00e8re exposition dont le titre est \"en chemin\", d’ailleurs la toile aussi est ainsi nomm\u00e9e. Ce qui me fait rebondir sur l’achev\u00e9. L’achev\u00e9 ne peut \u00eatre qu’un jugement temporaire en ce qui me concerne. Tant que je suis vivant je peux toujours reprendre une toile que j’ai \u00e0 un moment ou l’autre d\u00e9sign\u00e9e comme achev\u00e9e voire m\u00eame inachev\u00e9e et inverser les mots comme les usages. la croyance car s’en est une log\u00e9e profond qu’une toile sera par d\u00e9finition achev\u00e9e d\u00e9finitivement quand je le serai \u00e9galement n’est pas un manque de confiance en soi, mais plut\u00f4t une forme de lucidit\u00e9 parfois insupportable.<\/p>\n

Il me semble qu’un tableau se nourrit au fur et \u00e0 mesure du temps du changement de regard, de tout ce qui ne cesse jamais de nous traverser, nous entretenons bien plus qu’une surface une \u00e9paisseur une croyance ainsi. A m\u00eame niveau que l’espoir sans les inconv\u00e9nients des d\u00e9ceptions, c’est vivre avec ce qui nous entoure qu’on le peigne ou pas.<\/p>\n

Un tableau peut avoir le m\u00eame sourire que le chat du Cheshire.<\/p>", "content_text": "en chemin 120x90 cm huile sur toile \n\nj'ai plac\u00e9 un tableau inachev\u00e9 dans ma derni\u00e8re exposition dont le titre est \"en chemin\", d'ailleurs la toile aussi est ainsi nomm\u00e9e. Ce qui me fait rebondir sur l'achev\u00e9. L'achev\u00e9 ne peut \u00eatre qu'un jugement temporaire en ce qui me concerne. Tant que je suis vivant je peux toujours reprendre une toile que j'ai \u00e0 un moment ou l'autre d\u00e9sign\u00e9e comme achev\u00e9e voire m\u00eame inachev\u00e9e et inverser les mots comme les usages. la croyance car s'en est une log\u00e9e profond qu'une toile sera par d\u00e9finition achev\u00e9e d\u00e9finitivement quand je le serai \u00e9galement n'est pas un manque de confiance en soi, mais plut\u00f4t une forme de lucidit\u00e9 parfois insupportable.\n\nIl me semble qu'un tableau se nourrit au fur et \u00e0 mesure du temps du changement de regard, de tout ce qui ne cesse jamais de nous traverser, nous entretenons bien plus qu'une surface une \u00e9paisseur une croyance ainsi. A m\u00eame niveau que l'espoir sans les inconv\u00e9nients des d\u00e9ceptions, c'est vivre avec ce qui nous entoure qu'on le peigne ou pas. \n\nUn tableau peut avoir le m\u00eame sourire que le chat du Cheshire. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/temoigner.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/temoigner.html", "title": "T\u00e9moigner", "date_published": "2023-05-22T05:57:52Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

C\u2019est par p\u00e9riode que ce que j\u2019aime le plus me d\u00e9goute le plus. Dire par exemple le mot artiste, je crois que je l\u2019ai tant d\u00e9sir\u00e9 que c\u2019est normal d\u2019en ressentir cette d\u00e9go\u00fbtation actuelle. Parce qu\u2019un glissement s\u2019est effectu\u00e9. Avant artiste \u00e9tait aur\u00e9ol\u00e9. D\u00e9sormais je ne sais pas de meilleur synonyme \u00e0 ce mot qu\u2019aust\u00e9rit\u00e9. C\u2019est \u00e0 dire qu\u2019il faut enlever beaucoup de choses que l\u2019on projette , comme sur tant d\u2019autres et qui ne nous appartiennent pas. Je crois que j\u2019ai fabriqu\u00e9 avec le temps ma propre d\u00e9finition des mots, dont <\/em>celle d’artiste<\/em>. Je l\u2019utilise avec parcimonie, et jamais vis \u00e0 vis de qui je suis. Sauf quand j\u2019y suis contraint et en m\u2019en moquant int\u00e9rieurement comme pour exorciser toute diablerie encore possible.<\/p>\n

C\u2019est que les mots ont de l\u2019importance. C\u2019est sans doute la chose qui a le plus d\u2019importance puisque il n’y aurait pas de monde pour nous sans les mots. C\u2019est probablement la seule chose digne d\u2019une importance. Ou encore, je ne me sens plus capable vraiment d\u2019accorder une importance \u00e0 autre chose qu\u2019aux mots. Je sais qu\u2019il faut se m\u00e9fier de ce mot d\u2019importance. Que ce mot autrefois a vid\u00e9 le monde entier de ses nombreux attraits vers lesquels j\u2019ai pu \u00eatre attir\u00e9 en me fiant \u00e0 la d\u00e9finition des dictionnaires, ou \u00e0 l\u2019\u00e9ducation qui m\u2019a \u00e9t\u00e9 donn\u00e9e.<\/p>\n

On ne peut que t\u00e9moigner du temps qui passe et ce chacun \u00e0 sa fa\u00e7on. En vivant tout d\u2019abord, en esp\u00e9rant, en renon\u00e7ant. Il n\u2019y a rien de triste \u00e0 se r\u00e9p\u00e9ter que nous sommes semblables aux saisons, que la lune a autant d\u2019influence sur nos d\u00e9sirs que sur les mar\u00e9es. Toujours les m\u00eames et changeant en m\u00eame temps. Si on tient \u00e0 t\u00e9moigner. C\u2019est \u00e0 dire se sentir appel\u00e9 \u00e0 une barre dans un proc\u00e8s quelconque. Si on se sent contraint par son envie ; le devoir civique ou la force publique.<\/p>\n

Mais l\u2019art n\u2019est pas un proc\u00e8s, on ne peut pas s\u2019en servir pour t\u00e9moigner ou juger. Ce serait trop exigu. L\u2019art se transmet depuis la nuit des temps, c\u2019est un v\u00e9hicule. Ensuite se demander s\u2019il utilise des \u00e9nergies fossiles, des moyens modernes, \u00e9cologiques, c\u2019est sans doute une question de mode. Une question \u00e0 la mode pour ce que \u00e7a vaut. Comme peut l\u2019\u00eatre la mode de s\u2019engager pour une cause ou pour une autre afin souvent de se livrer \u00e0 une pulsion gr\u00e9gaire par la m\u00e9diation des mots d\u2019ordre, des slogans.<\/p>\n

On a beaucoup trop parl\u00e9 d’art, moi le premier. Sans doute parce que je cherchais ma d\u00e9finition celle qui me semblait la plus juste \u00e0 mes yeux. Non pour avoir raison, mais pour mieux aligner ma pens\u00e9e avec mon exp\u00e9rience. Car au bout du compte une d\u00e9finition, qu\u2019elle soit cr\u00e9\u00e9e par des millions ou par un seul c\u2019est toujours une tentative d\u2019alignement entre le mot et la chose, entre la pens\u00e9e logique et une sensation d’irrationnel.<\/p>\n

Je crois- car c’est bien sur le bilan d’un ensemble de croyances que l\u2019art est en toute chose, l\u2019art est comme le rire, propre \u00e0 l\u2019\u00eatre, \u00e0 la conscience et ne se limite pas aux cat\u00e9gories humaines. En percevant cela tout s\u2019y trouve impliqu\u00e9 de la particule au mastodonte. depuis l’infime mouvement jusqu’au gigantisme des cataclysmes. C\u2019est une exp\u00e9rience, un v\u00e9hicule qui d\u00e9passe de beaucoup notre entendement qui ces derniers temps \u00e9pouse un peu trop souvent la forme d\u2019une autoroute.
Donc, peut-\u00eatre qu\u2019il serait au bout du compte encore plus juste de refuser toute d\u00e9finition au mot art. De parvenir jusqu’\u00e0 l’oubli de ce mot m\u00eame en tous cas tant qu’il sera aussi proche de cet autre , l’artificiel.<\/p>\n

Je crois aussi que l’art est quelque chose de simple, de vivant, de naturel, c\u2019est tout ce dont je pourrais t\u00e9moigner si j\u2019avais l\u2019obligation ou le d\u00e9sir irr\u00e9pressible de le faire.<\/p>", "content_text": "\n\nC\u2019est par p\u00e9riode que ce que j\u2019aime le plus me d\u00e9goute le plus. Dire par exemple le mot artiste, je crois que je l\u2019ai tant d\u00e9sir\u00e9 que c\u2019est normal d\u2019en ressentir cette d\u00e9go\u00fbtation actuelle. Parce qu\u2019un glissement s\u2019est effectu\u00e9. Avant artiste \u00e9tait aur\u00e9ol\u00e9. D\u00e9sormais je ne sais pas de meilleur synonyme \u00e0 ce mot qu\u2019aust\u00e9rit\u00e9. C\u2019est \u00e0 dire qu\u2019il faut enlever beaucoup de choses que l\u2019on projette , comme sur tant d\u2019autres et qui ne nous appartiennent pas. Je crois que j\u2019ai fabriqu\u00e9 avec le temps ma propre d\u00e9finition des mots, dont celle d'artiste. Je l\u2019utilise avec parcimonie, et jamais vis \u00e0 vis de qui je suis. Sauf quand j\u2019y suis contraint et en m\u2019en moquant int\u00e9rieurement comme pour exorciser toute diablerie encore possible.\n\nC\u2019est que les mots ont de l\u2019importance. C\u2019est sans doute la chose qui a le plus d\u2019importance puisque il n'y aurait pas de monde pour nous sans les mots. C\u2019est probablement la seule chose digne d\u2019une importance. Ou encore, je ne me sens plus capable vraiment d\u2019accorder une importance \u00e0 autre chose qu\u2019aux mots. Je sais qu\u2019il faut se m\u00e9fier de ce mot d\u2019importance. Que ce mot autrefois a vid\u00e9 le monde entier de ses nombreux attraits vers lesquels j\u2019ai pu \u00eatre attir\u00e9 en me fiant \u00e0 la d\u00e9finition des dictionnaires, ou \u00e0 l\u2019\u00e9ducation qui m\u2019a \u00e9t\u00e9 donn\u00e9e.\n\n\n\nOn ne peut que t\u00e9moigner du temps qui passe et ce chacun \u00e0 sa fa\u00e7on. En vivant tout d\u2019abord, en esp\u00e9rant, en renon\u00e7ant. Il n\u2019y a rien de triste \u00e0 se r\u00e9p\u00e9ter que nous sommes semblables aux saisons, que la lune a autant d\u2019influence sur nos d\u00e9sirs que sur les mar\u00e9es. Toujours les m\u00eames et changeant en m\u00eame temps. Si on tient \u00e0 t\u00e9moigner. C\u2019est \u00e0 dire se sentir appel\u00e9 \u00e0 une barre dans un proc\u00e8s quelconque. Si on se sent contraint par son envie; le devoir civique ou la force publique.\n\n\n\nMais l\u2019art n\u2019est pas un proc\u00e8s, on ne peut pas s\u2019en servir pour t\u00e9moigner ou juger. Ce serait trop exigu. L\u2019art se transmet depuis la nuit des temps, c\u2019est un v\u00e9hicule. Ensuite se demander s\u2019il utilise des \u00e9nergies fossiles, des moyens modernes, \u00e9cologiques, c\u2019est sans doute une question de mode. Une question \u00e0 la mode pour ce que \u00e7a vaut. Comme peut l\u2019\u00eatre la mode de s\u2019engager pour une cause ou pour une autre afin souvent de se livrer \u00e0 une pulsion gr\u00e9gaire par la m\u00e9diation des mots d\u2019ordre, des slogans.\n\n\n\nOn a beaucoup trop parl\u00e9 d'art, moi le premier. Sans doute parce que je cherchais ma d\u00e9finition celle qui me semblait la plus juste \u00e0 mes yeux. Non pour avoir raison, mais pour mieux aligner ma pens\u00e9e avec mon exp\u00e9rience. Car au bout du compte une d\u00e9finition, qu\u2019elle soit cr\u00e9\u00e9e par des millions ou par un seul c\u2019est toujours une tentative d\u2019alignement entre le mot et la chose, entre la pens\u00e9e logique et une sensation d'irrationnel.\n\n\n\nJe crois- car c'est bien sur le bilan d'un ensemble de croyances que l\u2019art est en toute chose, l\u2019art est comme le rire, propre \u00e0 l\u2019\u00eatre, \u00e0 la conscience et ne se limite pas aux cat\u00e9gories humaines. En percevant cela tout s\u2019y trouve impliqu\u00e9 de la particule au mastodonte. depuis l'infime mouvement jusqu'au gigantisme des cataclysmes. C\u2019est une exp\u00e9rience, un v\u00e9hicule qui d\u00e9passe de beaucoup notre entendement qui ces derniers temps \u00e9pouse un peu trop souvent la forme d\u2019une autoroute.\n\nDonc, peut-\u00eatre qu\u2019il serait au bout du compte encore plus juste de refuser toute d\u00e9finition au mot art. De parvenir jusqu'\u00e0 l'oubli de ce mot m\u00eame en tous cas tant qu'il sera aussi proche de cet autre , l'artificiel.\n\nJe crois aussi que l'art est quelque chose de simple, de vivant, de naturel, c\u2019est tout ce dont je pourrais t\u00e9moigner si j\u2019avais l\u2019obligation ou le d\u00e9sir irr\u00e9pressible de le faire.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/images-glissees-cassees.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/images-glissees-cassees.html", "title": "Images gliss\u00e9es, cass\u00e9es", "date_published": "2023-05-22T04:55:16Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"Paysage \u00e0 Salaise sur Sanne Dimanche du mois de mai t\u00f4t le matin sur le parking du LIDL<\/p>\n

En train, en mouvement, la vitesse, dans la ville, le lieu, la lenteur , confrontation du regard vers l\u2019ext\u00e9rieur, l\u2019int\u00e9rieur.
Quelques bribes vol\u00e9es \u00e0 Bernard No\u00ebl<\/p>\n
FORBACH<\/td>TGV<\/td><\/tr>
partout les temples de la vieille mis\u00e8re
maisons de peine et d\u2019attente et de trop peu
\u00eatre humain est un long travail d\u2019illusion
la neige et le froid un bien petit hiver
\u00e0 cot\u00e9 des exigences de l\u2019espoir<\/td>
le regard cherche \u00e0 sentir son invasion
une fum\u00e9e trois maisons un trait de neige
comment voir la p\u00e9n\u00e9tration du l\u2019image
son reflux quand les mots la jettent dehors
mais rien et rien et rien un rond de lumi\u00e8re
quelques formes \u00e0 peine vues dans la vitesse
langue balay\u00e9e par la vent\u00e9e du temps
le noir a d\u00e9j\u00e0 imbib\u00e9 tout l\u2019espace
chaque chose ainsi r\u00e9duite \u00e0 sa fum\u00e9e
la solitude s\u2019\u00e9tend sur la fen\u00eatre<\/td><\/tr><\/tbody><\/table>\n

Extrait d’une double page de son ouvrage le reste du voyage <\/em>chez POL<\/p>\n

Des points de vue dissoci\u00e9s entre ce que l’on voit \u00e0 l’ext\u00e9rieur depuis un endroit fixe ( ville de Forbach) et un voyage en train pour rejoindre (peut-\u00eatre) cette ville.<\/p>\n

On est \u00e0 Forbach et partout les temples de la vieille mis\u00e8re sont visibles \u00e0 l’ ext\u00e9rieur, mais avec une consid\u00e9ration issue de int\u00e9rieur<\/p>\n

ce que sont ces temples de la vieille mis\u00e8re, le lecteur peut l’imaginer comme des b\u00e2timents, peut-\u00eatre des usines. Puis un semblant de pr\u00e9cision est fourni avec les mots peine, attente, trop peu<\/p>\n

ensuite une r\u00e9flexion \u00eatre humain un long travail d’illusion<\/p>\n

L’explication fournie est l’exigence de l’espoir \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de quoi l’hiver est moindre<\/p>\n


\n

Je ne sais pas si c’est utile de d\u00e9cortiquer \u00e7a ne donne gu\u00e8re qu’un son de cloche semblable \u00e0 ces glissements.<\/p>\n

ce qui est plus int\u00e9ressant ce sont les images que les groupes de mots d\u00e9clenchent, produisant des images parall\u00e8les.<\/p>\n

Partout les temples de la vieille mis\u00e8re<\/p>\n

Dans le RER pour Paris, le matin avant l’aube, la travers\u00e9e des paysages urbains que l’on devine plus qu’on ne les voit aux travers des vitres Ce m\u00e9lange d\u00e9j\u00e0 entre les images ext\u00e9rieures, par del\u00e0 les vitres. Des immeubles, des zones pavillonnaires, des arbres, des terrains vagues, des temples bouddhistes, des clochers d’\u00e9glises<\/p>\n

mais pas uniquement, il y a aussi les images de l’int\u00e9rieur du wagon qui se refl\u00e8tent sur la vitre et donc celles du paysage ext\u00e9rieur. Des silhouettes, un visage qui regarde vers le dehors aussi, le mouvement des passagers dans l’all\u00e9e, ou encore si on entre dans la gare souterraine de Vincennes, la perspective d\u00e9multipli\u00e9e des diff\u00e9rents quais, des foules, des lignes et des lueurs artificielles.<\/p>\n

Gare de LYON, le regard cherche l’escalier, le regard traverse tout, murs affiches voyageurs il ne veut voir qu’un escalier qui m\u00e8ne vers les \u00e9tages sup\u00e9rieurs le d\u00e9part des grandes lignes. Escalier ou escalator. La gare de Lyon est une escale et, suivant l’itin\u00e9raire d\u00e9cid\u00e9, on choisira Grandes lignes ou m\u00e9tro pour se diriger, mais tout commence par l’escalier. L’imp\u00e9ratif de l’escalier, l’effort \u00e0 produire pour gravir, pour s’\u00e9lever, pour arriver \u00e0 l’\u00e9tage.<\/p>\n

Temples de la mis\u00e8re pour dire usines, ou lieux de torture, ou travail. Ce que je vois en sortant \u00e0 la station Bastille, en \u00e9tant recrach\u00e9 dans la rue Saint Antoine face \u00e0 l’immeuble de la Banque de France . Une perspective qui continue avec la rue de Rivoli, et qui, si je r\u00e9unis tous les souvenirs de l’avoir arpent\u00e9e me m\u00e8ne au Chatelet, au Louvres, puis \u00e0 la Concorde. Chacun de ses mots p\u00e8se son poids d’\u00e9motions, de souvenirs, de petites joies et de petites mis\u00e8res, mais tellement personnelles que \u00e7a devrait le rester.<\/p>\n

Comment parler de ce qui reste entre ces souvenirs, ces \u00e9motions. Comment trouver les mots pour me d\u00e9barrasser de tout \u00e7a. Est-ce un but que celui de vouloir s’en d\u00e9barrasser. Ou au contraire d\u00e9poser une bonne fois pour toutes tout \u00e7a en un lieu, un \u00e9crit, une tombe, un ici-g\u00eet...<\/p>\n

Une trou\u00e9e dans la ville depuis Bastille qui s’ouvre comme une fente, une fente importante de la ville, plus \u00e9troite que la longue rue de Vaugirard dans laquelle j’ai moins de souvenirs et d’\u00e9motions mais qui fait toujours ressurgir ses abattoirs. J’ai plus p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 la ville par cette fente premi\u00e8re que par la seconde dans laquelle je ne me suis qu’ hasard\u00e9. P\u00e9n\u00e9trer la ville de part en part. La connaitre par ses art\u00e8res, ses rues ses venelles, ses impasses, en connaitre chaque quartier, ses raccourcis, ses d\u00e9tours. Avoir des engouements qui poussent \u00e0 revenir dans tel ou tel quartier de la ville, des r\u00e9pulsions \u00e0 revenir dans d’autres.<\/p>\n

Juste quelques bribes de po\u00e9sie lues ce matin et d\u00e9j\u00e0 je pars en prose, comme on s’enfuit d’une chambre d’h\u00f4tel \u00e0 la cloche de bois.<\/p>\n

En parlant des chambres il y a de la mati\u00e8re. Bien qu’il n’y ait toujours qu’un lit, une table, un \u00e9vier, une vague armoire, une chaise et une fen\u00eatre. L’ameublement est toujours \u00e0 peu pr\u00e8s le m\u00eame. Et pourtant il y a tellement de chambres dans ma t\u00eate. Tellement que la chambre devient un symbole. Il suffit que je me dise une chambre pour que \u00e7a devienne une image kal\u00e9idoscopique. D’autant que l’\u00e2ge n’arrange pas les choses, les images se chevauchent se confondent tout comme les \u00e9poques, les lieux les personnes associ\u00e9es \u00e0 chacune de ces chambres .Une vie enti\u00e8re pass\u00e9e de chambre en chambre. La chambre comme un long corridor. La chambre l’antichambre de la naissance et de la mort.<\/p>\n

L’\u00e9tonnement de se retrouver seul dans une chambre inconnue. Entour\u00e9 d’objets inconnus. Un lit inconnu, une table inconnue, une armoire inconnue, une fen\u00eatre par laquelle aucun regard encore n’a travers\u00e9 les vitres. Au contact d’une chambre inconnu on est un inconnu. Il n’y a que de l’inconnu. Ce n’est pas d\u00e9sagr\u00e9able d’\u00e9prouver cette sensation. Ce qui est d\u00e9sagr\u00e9able c’est de vouloir rester qui l’on croit \u00eatre. d’\u00e9prouver un tremblement dans le connu. Une chambre inconnu remet en question qui l’on croit \u00eatre. C’est pour cela qu’on s’assoit sur le lit pour tester le matelas, que l’on d\u00e9place la chaise, la table pour les mettre \u00e0 une autre endroit, ou l’armoire pour mesurer encore sa force. On r\u00e9organise les meubles d’une chambre inconnue pour agir sur l’impression d\u00e9sagr\u00e9able de ne pas se sentir chez soi <\/em>. Mais la sensation peut malgr\u00e9 tout persister une fois cette action effectu\u00e9e. Le peu de r\u00e9pit que provoque l’illusion de vouloir s’accaparer un lieu, peut \u00eatre suffisant pour retrouver une illusion d’espoir. Pour ne pas s’allonger sur le lit, cesser de respirer, vouloir crever. Et m\u00eame si pouss\u00e9 par une sorte de lucidit\u00e9 pouss\u00e9e \u00e0 outrance, on va jusqu’\u00e0 s’allonger sur le lit, essayer d’arr\u00eater de respirer pour crever on se rend compte que ce n’est pas si facile. Que la vie est plus forte. Qu’on est d’une certaine fa\u00e7on oblig\u00e9 de s’y tenir, de s’accrocher \u00e0 quelque chose, n’importe quoi peut \u00e0 ce moment l\u00e0 faire affaire. Comme donner un coup de poing sur les couvertures. Ce qui est risible. Un rire peut nous faire glisser d’une envie de mort \u00e0 une envie de vivre. Il faut s’entrainer encore pas mal avant qu’un rire puisse nous emporter \u00e0 un second degr\u00e9, c’est \u00e0 dire passer d’une id\u00e9e d’importance \u00e0 l’indiff\u00e9rence totale. Ce qui n’est pas si d\u00e9sagr\u00e9able qu’on peut l’imaginer aussi.<\/p>\n

Marcher dans les rues pour se rendre au travail. Etre disponible pour voir ces rues, pour exp\u00e9rimenter de nouveaux itin\u00e9raires, pour observer les modifications li\u00e9es \u00e0 la saison. Les devantures, les vitrines, l’encombrement des rues \u00e0 certaines heures, ou au contraire la tranquillit\u00e9 de celles-ci, entendre son propre pas rebondir contre les murs. Rue du pas de la Mule, sous les arcades de la Place des Vosges, rue de Turenne, rue vieille du Temple. Les bruits propres \u00e0 chacune de ces rues. Les p\u00e9riodes au cours desquelles on sera plus attentif \u00e0 ces bruits, ces odeurs, ces brillances, ces changements subtils de luminosit\u00e9, et qui semblent contraster avec les p\u00e9riodes d’encombrement de soi-m\u00eame. Etre disponible ou indisponible. Etre pris dans la glue de l’habitude. Etre occup\u00e9. Se sentir occup\u00e9, avoir des soucis, des peines, des chagrins, des malheurs qui nous rendent indisponibles. Qui d\u00e9clenchent soudain des envies intempestives, pousser la porte d’une boulangerie, acheter un croissant l’engloutir en marchant, avaler quelque chose de doux en marchant dans l’aridit\u00e9 des rues. Le contact honteux de la main sur la poign\u00e9e d’une porte. La col\u00e8re qui s’empare du corps. Les pens\u00e9es noires que l’on distille au fond d’une pi\u00e8ce aveugle. la bou\u00e9e qu’on trouve en d\u00e9gottant les vies<\/em> de Plutarque. Se calmer par la lecture acharn\u00e9e, pour r\u00e9sister \u00e0 toutes ces heures qu’on donne \u00e0 des \u00e9trangers pour qu’ils nous permettent de payer un loyer, d’acheter un croissant, de vivre tout simplement. Avaler des livres pour s’enfuir comme on avale un croissant pour se souvenir du doux dans la duret\u00e9 des trajets.<\/p>\n

Lire des livres en pagaille. Orgies de lectures, lectures anarchiques. Une biblioth\u00e8que immense dont l’image nous aidera \u00e0 cr\u00e9er une image de l’in\u00e9puisable. D\u00e9sirer \u00e9puiser l’in\u00e9puisable. S’\u00e9puiser dans l’in\u00e9puisable. S’oublier dans l’in\u00e9puisable comme dans une sensualit\u00e9 morbide. S’oublier et se souvenir de quelque chose qui sans cesse s’\u00e9chappe. Se trouver et tout de suite se perdre, s’\u00e9garer encore plus loin. Mar\u00e9es de l’in\u00e9puisable dont il faudrait noter les heures afin de mieux les pr\u00e9voir, trouver des gu\u00e9s, un rythme, une organisation, un emploi du temps. Apprendre \u00e0 lire \u00e0 des heures r\u00e9guli\u00e8res. Cesser de se goinfrer de lecture. Jeuner au besoin. Comment dig\u00e9rer ensuite l’in\u00e9puisable dont on aura arrach\u00e9 la chair avec avidit\u00e9. l’in\u00e9puisable dans le sang, dans les visc\u00e8res continue \u00e0 faire son petit bonhomme de chemin. Les rues que l’on emprunte dans la ville appartiennent \u00e0 d’autres histoires comme les chambres dans lesquelles on se r\u00e9veille ont connu d’autres locataires. Et plus on p\u00e9n\u00e8tre dans l’in\u00e9puisable plus on s’\u00e9puise, on \u00e9puise quelque chose que l’on ne comprend pas, on sent bien qu’il s’agit d’un combat in\u00e9gal. On s’\u00e9puise, on perd une id\u00e9e d’importance comme une fa\u00e7ade r\u00e9nov\u00e9e son \u00e9chafaudage.<\/p>\n

On n’est plus si important qu’on croyait qu’on voulait. On habite seul une chambre dans la ville, on se rend \u00e0 pied \u00e0 son travail, on passe toutes ces heures qui semblent perdues \u00e0 tout jamais au profit de patrons qui vous les r\u00e9mun\u00e8rent chichement. On subit de toute \u00e9vidence au d\u00e9but une injustice. Est-ce que c’est seulement \u00e7a gagner sa vie ? Se contenter de ce qu’on veut bien nous donner, des restes, des os, jeter depuis la grande tabl\u00e9e des banquets. O\u00f9 est la dignit\u00e9 \u00e0 manger \u00e0 m\u00eame le sol les reliefs des riches. Est-ce que s’en plaindre y changera quelque chose. Est-ce que se mettre en rogne changera la donne. Est-ce que devenir z\u00e9l\u00e9, servile, sera vraiment utile. S’apercevoir dans la rue marcher vers un destin partag\u00e9 par des millions et ne pas parvenir \u00e0 saisir le mot solidaire. Prendre l’inverse alors. D\u00e9sirer le pire. Se d\u00e9barrasser de toutes les \u00e9pines. Jeter \u00e0 bas la couronne, l’aur\u00e9ole, la croix et la banni\u00e8re. Se r\u00e9volter comme on implose, en silence, entrer dans une librairie, acheter un carnet, un stylo, trouver un caf\u00e9 ensuite, s’attabler, \u00e9crire. Puis trouver \u00e7a tellement pu\u00e9ril, d\u00e9passer encore \u00e7a le pu\u00e9ril. Puis y revenir, se relire.<\/p>", "content_text": "Paysage \u00e0 Salaise sur Sanne Dimanche du mois de mai t\u00f4t le matin sur le parking du LIDL \n\nEn train, en mouvement, la vitesse, dans la ville, le lieu, la lenteur , confrontation du regard vers l\u2019ext\u00e9rieur, l\u2019int\u00e9rieur.\n\nQuelques bribes vol\u00e9es \u00e0 Bernard No\u00eblFORBACHTGVpartout les temples de la vieille mis\u00e8re\n\nmaisons de peine et d\u2019attente et de trop peu\n\n\u00eatre humain est un long travail d\u2019illusion\n\nla neige et le froid un bien petit hiver\n\n\u00e0 cot\u00e9 des exigences de l\u2019espoirle regard cherche \u00e0 sentir son invasion\n\nune fum\u00e9e trois maisons un trait de neige\n\ncomment voir la p\u00e9n\u00e9tration du l\u2019image\n\nson reflux quand les mots la jettent dehors\n\nmais rien et rien et rien un rond de lumi\u00e8re\n\nquelques formes \u00e0 peine vues dans la vitesse\n\nlangue balay\u00e9e par la vent\u00e9e du temps\n\nle noir a d\u00e9j\u00e0 imbib\u00e9 tout l\u2019espace\n\nchaque chose ainsi r\u00e9duite \u00e0 sa fum\u00e9e\n\nla solitude s\u2019\u00e9tend sur la fen\u00eatreExtrait d'une double page de son ouvrage le reste du voyage chez POL\n\nDes points de vue dissoci\u00e9s entre ce que l'on voit \u00e0 l'ext\u00e9rieur depuis un endroit fixe ( ville de Forbach) et un voyage en train pour rejoindre (peut-\u00eatre) cette ville. \n\nOn est \u00e0 Forbach et partout les temples de la vieille mis\u00e8re sont visibles \u00e0 l' ext\u00e9rieur, mais avec une consid\u00e9ration issue de int\u00e9rieur \n\nce que sont ces temples de la vieille mis\u00e8re, le lecteur peut l'imaginer comme des b\u00e2timents, peut-\u00eatre des usines. Puis un semblant de pr\u00e9cision est fourni avec les mots peine, attente, trop peu\n\nensuite une r\u00e9flexion \u00eatre humain un long travail d'illusion \n\nL'explication fournie est l'exigence de l'espoir \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de quoi l'hiver est moindre \n\nJe ne sais pas si c'est utile de d\u00e9cortiquer \u00e7a ne donne gu\u00e8re qu'un son de cloche semblable \u00e0 ces glissements.\n\nce qui est plus int\u00e9ressant ce sont les images que les groupes de mots d\u00e9clenchent, produisant des images parall\u00e8les.\n\nPartout les temples de la vieille mis\u00e8re \n\nDans le RER pour Paris, le matin avant l'aube, la travers\u00e9e des paysages urbains que l'on devine plus qu'on ne les voit aux travers des vitres Ce m\u00e9lange d\u00e9j\u00e0 entre les images ext\u00e9rieures, par del\u00e0 les vitres. Des immeubles, des zones pavillonnaires, des arbres, des terrains vagues, des temples bouddhistes, des clochers d'\u00e9glises\n\nmais pas uniquement, il y a aussi les images de l'int\u00e9rieur du wagon qui se refl\u00e8tent sur la vitre et donc celles du paysage ext\u00e9rieur. Des silhouettes, un visage qui regarde vers le dehors aussi, le mouvement des passagers dans l'all\u00e9e, ou encore si on entre dans la gare souterraine de Vincennes, la perspective d\u00e9multipli\u00e9e des diff\u00e9rents quais, des foules, des lignes et des lueurs artificielles.\n\nGare de LYON, le regard cherche l'escalier, le regard traverse tout, murs affiches voyageurs il ne veut voir qu'un escalier qui m\u00e8ne vers les \u00e9tages sup\u00e9rieurs le d\u00e9part des grandes lignes. Escalier ou escalator. La gare de Lyon est une escale et, suivant l'itin\u00e9raire d\u00e9cid\u00e9, on choisira Grandes lignes ou m\u00e9tro pour se diriger, mais tout commence par l'escalier. L'imp\u00e9ratif de l'escalier, l'effort \u00e0 produire pour gravir, pour s'\u00e9lever, pour arriver \u00e0 l'\u00e9tage. \n\nTemples de la mis\u00e8re pour dire usines, ou lieux de torture, ou travail. Ce que je vois en sortant \u00e0 la station Bastille, en \u00e9tant recrach\u00e9 dans la rue Saint Antoine face \u00e0 l'immeuble de la Banque de France . Une perspective qui continue avec la rue de Rivoli, et qui, si je r\u00e9unis tous les souvenirs de l'avoir arpent\u00e9e me m\u00e8ne au Chatelet, au Louvres, puis \u00e0 la Concorde. Chacun de ses mots p\u00e8se son poids d'\u00e9motions, de souvenirs, de petites joies et de petites mis\u00e8res, mais tellement personnelles que \u00e7a devrait le rester.\n\nComment parler de ce qui reste entre ces souvenirs, ces \u00e9motions. Comment trouver les mots pour me d\u00e9barrasser de tout \u00e7a. Est-ce un but que celui de vouloir s'en d\u00e9barrasser. Ou au contraire d\u00e9poser une bonne fois pour toutes tout \u00e7a en un lieu, un \u00e9crit, une tombe, un ici-g\u00eet... \n\nUne trou\u00e9e dans la ville depuis Bastille qui s'ouvre comme une fente, une fente importante de la ville, plus \u00e9troite que la longue rue de Vaugirard dans laquelle j'ai moins de souvenirs et d'\u00e9motions mais qui fait toujours ressurgir ses abattoirs. J'ai plus p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 la ville par cette fente premi\u00e8re que par la seconde dans laquelle je ne me suis qu' hasard\u00e9. P\u00e9n\u00e9trer la ville de part en part. La connaitre par ses art\u00e8res, ses rues ses venelles, ses impasses, en connaitre chaque quartier, ses raccourcis, ses d\u00e9tours. Avoir des engouements qui poussent \u00e0 revenir dans tel ou tel quartier de la ville, des r\u00e9pulsions \u00e0 revenir dans d'autres.\n\nJuste quelques bribes de po\u00e9sie lues ce matin et d\u00e9j\u00e0 je pars en prose, comme on s'enfuit d'une chambre d'h\u00f4tel \u00e0 la cloche de bois. \n\nEn parlant des chambres il y a de la mati\u00e8re. Bien qu'il n'y ait toujours qu'un lit, une table, un \u00e9vier, une vague armoire, une chaise et une fen\u00eatre. L'ameublement est toujours \u00e0 peu pr\u00e8s le m\u00eame. Et pourtant il y a tellement de chambres dans ma t\u00eate. Tellement que la chambre devient un symbole. Il suffit que je me dise une chambre pour que \u00e7a devienne une image kal\u00e9idoscopique. D'autant que l'\u00e2ge n'arrange pas les choses, les images se chevauchent se confondent tout comme les \u00e9poques, les lieux les personnes associ\u00e9es \u00e0 chacune de ces chambres .Une vie enti\u00e8re pass\u00e9e de chambre en chambre. La chambre comme un long corridor. La chambre l'antichambre de la naissance et de la mort.\n\nL'\u00e9tonnement de se retrouver seul dans une chambre inconnue. Entour\u00e9 d'objets inconnus. Un lit inconnu, une table inconnue, une armoire inconnue, une fen\u00eatre par laquelle aucun regard encore n'a travers\u00e9 les vitres. Au contact d'une chambre inconnu on est un inconnu. Il n'y a que de l'inconnu. Ce n'est pas d\u00e9sagr\u00e9able d'\u00e9prouver cette sensation. Ce qui est d\u00e9sagr\u00e9able c'est de vouloir rester qui l'on croit \u00eatre. d'\u00e9prouver un tremblement dans le connu. Une chambre inconnu remet en question qui l'on croit \u00eatre. C'est pour cela qu'on s'assoit sur le lit pour tester le matelas, que l'on d\u00e9place la chaise, la table pour les mettre \u00e0 une autre endroit, ou l'armoire pour mesurer encore sa force. On r\u00e9organise les meubles d'une chambre inconnue pour agir sur l'impression d\u00e9sagr\u00e9able de ne pas se sentir chez soi . Mais la sensation peut malgr\u00e9 tout persister une fois cette action effectu\u00e9e. Le peu de r\u00e9pit que provoque l'illusion de vouloir s'accaparer un lieu, peut \u00eatre suffisant pour retrouver une illusion d'espoir. Pour ne pas s'allonger sur le lit, cesser de respirer, vouloir crever. Et m\u00eame si pouss\u00e9 par une sorte de lucidit\u00e9 pouss\u00e9e \u00e0 outrance, on va jusqu'\u00e0 s'allonger sur le lit, essayer d'arr\u00eater de respirer pour crever on se rend compte que ce n'est pas si facile. Que la vie est plus forte. Qu'on est d'une certaine fa\u00e7on oblig\u00e9 de s'y tenir, de s'accrocher \u00e0 quelque chose, n'importe quoi peut \u00e0 ce moment l\u00e0 faire affaire. Comme donner un coup de poing sur les couvertures. Ce qui est risible. Un rire peut nous faire glisser d'une envie de mort \u00e0 une envie de vivre. Il faut s'entrainer encore pas mal avant qu'un rire puisse nous emporter \u00e0 un second degr\u00e9, c'est \u00e0 dire passer d'une id\u00e9e d'importance \u00e0 l'indiff\u00e9rence totale. Ce qui n'est pas si d\u00e9sagr\u00e9able qu'on peut l'imaginer aussi.\n\nMarcher dans les rues pour se rendre au travail. Etre disponible pour voir ces rues, pour exp\u00e9rimenter de nouveaux itin\u00e9raires, pour observer les modifications li\u00e9es \u00e0 la saison. Les devantures, les vitrines, l'encombrement des rues \u00e0 certaines heures, ou au contraire la tranquillit\u00e9 de celles-ci, entendre son propre pas rebondir contre les murs. Rue du pas de la Mule, sous les arcades de la Place des Vosges, rue de Turenne, rue vieille du Temple. Les bruits propres \u00e0 chacune de ces rues. Les p\u00e9riodes au cours desquelles on sera plus attentif \u00e0 ces bruits, ces odeurs, ces brillances, ces changements subtils de luminosit\u00e9, et qui semblent contraster avec les p\u00e9riodes d'encombrement de soi-m\u00eame. Etre disponible ou indisponible. Etre pris dans la glue de l'habitude. Etre occup\u00e9. Se sentir occup\u00e9, avoir des soucis, des peines, des chagrins, des malheurs qui nous rendent indisponibles. Qui d\u00e9clenchent soudain des envies intempestives, pousser la porte d'une boulangerie, acheter un croissant l'engloutir en marchant, avaler quelque chose de doux en marchant dans l'aridit\u00e9 des rues. Le contact honteux de la main sur la poign\u00e9e d'une porte. La col\u00e8re qui s'empare du corps. Les pens\u00e9es noires que l'on distille au fond d'une pi\u00e8ce aveugle. la bou\u00e9e qu'on trouve en d\u00e9gottant les vies de Plutarque. Se calmer par la lecture acharn\u00e9e, pour r\u00e9sister \u00e0 toutes ces heures qu'on donne \u00e0 des \u00e9trangers pour qu'ils nous permettent de payer un loyer, d'acheter un croissant, de vivre tout simplement. Avaler des livres pour s'enfuir comme on avale un croissant pour se souvenir du doux dans la duret\u00e9 des trajets.\n\nLire des livres en pagaille. Orgies de lectures, lectures anarchiques. Une biblioth\u00e8que immense dont l'image nous aidera \u00e0 cr\u00e9er une image de l'in\u00e9puisable. D\u00e9sirer \u00e9puiser l'in\u00e9puisable. S'\u00e9puiser dans l'in\u00e9puisable. S'oublier dans l'in\u00e9puisable comme dans une sensualit\u00e9 morbide. S'oublier et se souvenir de quelque chose qui sans cesse s'\u00e9chappe. Se trouver et tout de suite se perdre, s'\u00e9garer encore plus loin. Mar\u00e9es de l'in\u00e9puisable dont il faudrait noter les heures afin de mieux les pr\u00e9voir, trouver des gu\u00e9s, un rythme, une organisation, un emploi du temps. Apprendre \u00e0 lire \u00e0 des heures r\u00e9guli\u00e8res. Cesser de se goinfrer de lecture. Jeuner au besoin. Comment dig\u00e9rer ensuite l'in\u00e9puisable dont on aura arrach\u00e9 la chair avec avidit\u00e9. l'in\u00e9puisable dans le sang, dans les visc\u00e8res continue \u00e0 faire son petit bonhomme de chemin. Les rues que l'on emprunte dans la ville appartiennent \u00e0 d'autres histoires comme les chambres dans lesquelles on se r\u00e9veille ont connu d'autres locataires. Et plus on p\u00e9n\u00e8tre dans l'in\u00e9puisable plus on s'\u00e9puise, on \u00e9puise quelque chose que l'on ne comprend pas, on sent bien qu'il s'agit d'un combat in\u00e9gal. On s'\u00e9puise, on perd une id\u00e9e d'importance comme une fa\u00e7ade r\u00e9nov\u00e9e son \u00e9chafaudage.\n\nOn n'est plus si important qu'on croyait qu'on voulait. On habite seul une chambre dans la ville, on se rend \u00e0 pied \u00e0 son travail, on passe toutes ces heures qui semblent perdues \u00e0 tout jamais au profit de patrons qui vous les r\u00e9mun\u00e8rent chichement. On subit de toute \u00e9vidence au d\u00e9but une injustice. Est-ce que c'est seulement \u00e7a gagner sa vie ? Se contenter de ce qu'on veut bien nous donner, des restes, des os, jeter depuis la grande tabl\u00e9e des banquets. O\u00f9 est la dignit\u00e9 \u00e0 manger \u00e0 m\u00eame le sol les reliefs des riches. Est-ce que s'en plaindre y changera quelque chose. Est-ce que se mettre en rogne changera la donne. Est-ce que devenir z\u00e9l\u00e9, servile, sera vraiment utile. S'apercevoir dans la rue marcher vers un destin partag\u00e9 par des millions et ne pas parvenir \u00e0 saisir le mot solidaire. Prendre l'inverse alors. D\u00e9sirer le pire. Se d\u00e9barrasser de toutes les \u00e9pines. Jeter \u00e0 bas la couronne, l'aur\u00e9ole, la croix et la banni\u00e8re. Se r\u00e9volter comme on implose, en silence, entrer dans une librairie, acheter un carnet, un stylo, trouver un caf\u00e9 ensuite, s'attabler, \u00e9crire. Puis trouver \u00e7a tellement pu\u00e9ril, d\u00e9passer encore \u00e7a le pu\u00e9ril. Puis y revenir, se relire. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/purete.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/purete.html", "title": "Puret\u00e9", "date_published": "2023-05-21T09:26:13Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"Le passeur 50x70 huile sur toile ( vendu)<\/p>\n

En dessin, que se dit-on pour chercher la puret\u00e9 qui serait d\u2019une efficacit\u00e9 autre, soi-disant sup\u00e9rieure que simple trace. Trouver le trac\u00e9 \u00e0 l\u2019instant T. N\u2019est-ce pas d\u00e9j\u00e0 tellement complexe ? \u00catre dans l\u2019instant pr\u00e9sent qui peut v\u00e9ritablement y parvenir, mais personne. Et quand bien m\u00eame y parviendrait-on rien ne dit qu\u2019on verrait quoi ce soit. Tout aurait d\u00e9j\u00e0 disparu, nous serions d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9s \u00e0 autre chose.
Ensuite si l\u2019on r\u00e9fl\u00e9chit, si l\u2019on cherche la puret\u00e9 , il y a de grandes chances qu\u2019on se perde en supputations. Qu\u2019on mette \u00e0 feu et sang sa maison, son village, sa ville, un pays tout entier voire m\u00eame plusieurs ; sans pour autant la trouver.
Est-ce mieux, est-ce pire, comment puis-je encore am\u00e9liorer etc.<\/p>\n

Ce n\u2019est plus de la puret\u00e9 mais de l\u2019efficacit\u00e9, une illusion, un complexe d\u2019inf\u00e9riorit\u00e9 mal soign\u00e9, une pathologie incurable. Rien \u00e0 voir<\/p>\n

Dessiner comme \u00e7a vient au moment o\u00f9 \u00e7a vient manque parfois d\u2019efficacit\u00e9 mais on y gagne en puret\u00e9, sans le savoir.
Et c\u2019est justement tr\u00e8s bien de ne pas le savoir. C\u2019est ce qu\u2019il faut exactement, se tenir hors de tout savoir, de toute id\u00e9e de d\u00e9j\u00e0 vu concernant cette fameuse puret\u00e9.
Sinon on chercherait une puret\u00e9 semblable \u00e0 une autre, \u00e0 une m\u00e9moire de puret\u00e9, un mensonge et on s\u2019\u00e9garerait encore.
Ensuite, on palabrerait, encore des avis, des opinions parce que \u00e7a ne ressemble pas tout \u00e0 fait \u00e0, parce que c\u2019est disproportionn\u00e9, parce que ci ou \u00e7a, Tout \u00e7a surgirait de l\u2019ext\u00e9rieur ou de l\u2019int\u00e9rieur peu importe.
Les gens et soi-m\u00eame ignorons tout de la puret\u00e9 v\u00e9ritable alors nous nous reportons sur des ersatz. Mais si un ersatz vaut autant qu\u2019un g\u00e9n\u00e9rique voire un placebo, on pourra dire tout ce qu\u2019on voudra ; mais il faudra \u00e9viter de parler de puret\u00e9.
La puret\u00e9 n\u2019est probablement pas dans les choses ni dans les \u00eatres. De plus elle est si multiple qu\u2019on ne peut l\u2019enfermer dans une case ou une cage. Elle chemine dans un perp\u00e9tuel entre-deux, peut-\u00eatre dans ce fameux instant pr\u00e9sent dont tout le monde parle sans jamais le conna\u00eetre vraiment.
Elle ressurgit parfois avec des parures d\u2019\u00e9ternit\u00e9 selon la saison, la mode, le go\u00fbt du temps, pour redevenir brutale le cas \u00e9ch\u00e9ant lorsque la n\u00e9cessit\u00e9, le besoin s\u2019en fait sentir.<\/p>\n

La puret\u00e9 en dessin c\u2019est comme la puret\u00e9 en g\u00e9n\u00e9ral, c\u2019est un loup blanc qu\u2019on ne voit que lorsqu\u2019il s\u2019enfuit d\u00e9j\u00e0 de la p\u00e9riph\u00e9rie de nos regards.<\/p>", "content_text": "Le passeur 50x70 huile sur toile ( vendu) \n\nEn dessin, que se dit-on pour chercher la puret\u00e9 qui serait d\u2019une efficacit\u00e9 autre, soi-disant sup\u00e9rieure que simple trace. Trouver le trac\u00e9 \u00e0 l\u2019instant T. N\u2019est-ce pas d\u00e9j\u00e0 tellement complexe ? \u00catre dans l\u2019instant pr\u00e9sent qui peut v\u00e9ritablement y parvenir, mais personne. Et quand bien m\u00eame y parviendrait-on rien ne dit qu\u2019on verrait quoi ce soit. Tout aurait d\u00e9j\u00e0 disparu, nous serions d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9s \u00e0 autre chose.\n\nEnsuite si l\u2019on r\u00e9fl\u00e9chit, si l\u2019on cherche la puret\u00e9 , il y a de grandes chances qu\u2019on se perde en supputations. Qu\u2019on mette \u00e0 feu et sang sa maison, son village, sa ville, un pays tout entier voire m\u00eame plusieurs; sans pour autant la trouver.\n\nEst-ce mieux, est-ce pire, comment puis-je encore am\u00e9liorer etc.\n\nCe n\u2019est plus de la puret\u00e9 mais de l\u2019efficacit\u00e9, une illusion, un complexe d\u2019inf\u00e9riorit\u00e9 mal soign\u00e9, une pathologie incurable. Rien \u00e0 voir\n\nDessiner comme \u00e7a vient au moment o\u00f9 \u00e7a vient manque parfois d\u2019efficacit\u00e9 mais on y gagne en puret\u00e9, sans le savoir.\n\nEt c\u2019est justement tr\u00e8s bien de ne pas le savoir. C\u2019est ce qu\u2019il faut exactement, se tenir hors de tout savoir, de toute id\u00e9e de d\u00e9j\u00e0 vu concernant cette fameuse puret\u00e9.\n\nSinon on chercherait une puret\u00e9 semblable \u00e0 une autre, \u00e0 une m\u00e9moire de puret\u00e9, un mensonge et on s\u2019\u00e9garerait encore.\n\nEnsuite, on palabrerait, encore des avis, des opinions parce que \u00e7a ne ressemble pas tout \u00e0 fait \u00e0, parce que c\u2019est disproportionn\u00e9, parce que ci ou \u00e7a, Tout \u00e7a surgirait de l\u2019ext\u00e9rieur ou de l\u2019int\u00e9rieur peu importe.\n\nLes gens et soi-m\u00eame ignorons tout de la puret\u00e9 v\u00e9ritable alors nous nous reportons sur des ersatz. Mais si un ersatz vaut autant qu\u2019un g\u00e9n\u00e9rique voire un placebo, on pourra dire tout ce qu\u2019on voudra; mais il faudra \u00e9viter de parler de puret\u00e9.\n\nLa puret\u00e9 n\u2019est probablement pas dans les choses ni dans les \u00eatres. De plus elle est si multiple qu\u2019on ne peut l\u2019enfermer dans une case ou une cage. Elle chemine dans un perp\u00e9tuel entre-deux, peut-\u00eatre dans ce fameux instant pr\u00e9sent dont tout le monde parle sans jamais le conna\u00eetre vraiment.\n\nElle ressurgit parfois avec des parures d\u2019\u00e9ternit\u00e9 selon la saison, la mode, le go\u00fbt du temps, pour redevenir brutale le cas \u00e9ch\u00e9ant lorsque la n\u00e9cessit\u00e9, le besoin s\u2019en fait sentir.\n\nLa puret\u00e9 en dessin c\u2019est comme la puret\u00e9 en g\u00e9n\u00e9ral, c\u2019est un loup blanc qu\u2019on ne voit que lorsqu\u2019il s\u2019enfuit d\u00e9j\u00e0 de la p\u00e9riph\u00e9rie de nos regards.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/la-vraie-definition-du-cretin.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/la-vraie-definition-du-cretin.html", "title": "La vraie d\u00e9finition du cr\u00e9tin", "date_published": "2023-05-21T05:02:36Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

photo prise ce dimanche 21 mai en me promenant dans une zone commerciale d\u00e9serte<\/p>\n

C’est en 1754 dans un article de l’Encyclop\u00e9die que Diderot reprend une d\u00e9finition du cr\u00e9tin des Alpes d’un m\u00e9moire r\u00e9dig\u00e9 le marquis de Maugiron 4 ann\u00e9es auparavant et intitul\u00e9 : \" Voyage en suisse\"<\/p>\n

On y parle du Valais et de sa capitale Sion comme la r\u00e9gion o\u00f9 la densit\u00e9 de cr\u00e9tins est la plus remarquable.<\/p>\n

Voici donc la d\u00e9finition du \"Cr\u00e9tin\" dans le langage d’origine<\/p>\n

« CRETINS<\/strong>, s. m. plur. (Hist. mod.<\/em>) On donne ce nom \u00e0 une esp\u00e8ce d\u2019hommes qui naissent dans le Valais en assez grande quantit\u00e9, & surtout \u00e0 Sion leur capitale. Ils sont sourds, muets, imbecilles, presque insensibles aux coups, & portent des go\u00eatres pendans jusqu\u2019\u00e0 la ceinture ; assez bonnes gens d\u2019ailleurs, ils sont incapables d\u2019id\u00e9es, & n\u2019ont qu\u2019une sorte d\u2019attrait assez violent pour leurs besoins. Ils s\u2019abandonnent aux plaisirs des sens de toute esp\u00e8ce, & leur imbecillit\u00e9 les emp\u00eache d\u2019y voir aucun crime. La simplicit\u00e9 des peuples du Valais leur fait regarder les Cretins<\/em> comme les anges tut\u00e9laires des familles, & ceux qui n\u2019en ont pas se croyent assez mal avec le ciel. Il est difficile d\u2019expliquer la cause & l\u2019effet du Cretinage<\/em>. La malpropret\u00e9, l\u2019\u00e9ducation, la chaleur excessive de ces vall\u00e9es, les eaux, les go\u00eatres m\u00eame, sont communs \u00e0 tous les enfans de ces peuples. Ils ne naissent pas cependant tous Cretins<\/em>.
Il en mourut un \u00e0 Sion pendant le s\u00e9jour que fit en cette ville M. le comte de Maugiron, de la soci\u00e9t\u00e9 royale de Lyon ; on ne voulut point lui permettre de le faire ouvrir. Il s\u2019est born\u00e9 \u00e0 examiner (apparemment sur le vivant) les deux sexes ; il n\u2019y a rien remarqu\u00e9 ext\u00e9rieurement d\u2019extraordinaire que la peau d\u2019un jaune fort livide. Voyez Valais<\/em>. Ce d\u00e9tail est tir\u00e9 d\u2019un m\u00e9moire <\/em>de M. le comte de Maugiron, dont l\u2019extrait nous a \u00e9t\u00e9 communiqu\u00e9, & qui a \u00e9t\u00e9 lu \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9 royale de Lyon. »<\/p>\n

En 1873 un autre rapport commis par le professer Baillarger est remis au Ministre de l’agriculture et du commerce ( De la Bouillerie) en France et qui permet d’analyser la densit\u00e9 de cr\u00e9tins sur une population de 1000 personnes. Les Hautes Alpes et la Savoie remportent haut la main la palme avec respectivement 22.5 et 16 pour 1000. La moyenne g\u00e9n\u00e9rale des autres d\u00e9partements fran\u00e7ais \u00e9tant de 4\/1000<\/p>\n

Le cr\u00e9tinisme est souvent accompagn\u00e9 du goitre qui est une d\u00e9formation de la glande Thyro\u00efde.
\"L\u2019accroissement de la thyro\u00efde, allant de pair avec un fonctionnement d\u00e9fectueux des hormones thyro\u00efdiennes, engendre ce qu\u2019on appelle le « cr\u00e9tinisme », c\u2019est-\u00e0-dire un retard dans la croissance corporelle et mentale. Manifestations connexes : ventre pro\u00e9minent, langue gonfl\u00e9e, traits rugueux et peau s\u00e8che. Cette maladie qui a presque disparu, affectait surtout les populations des vall\u00e9es de la haute montagne. Les hormones thyro\u00efdiennes fonctionnant mal pendant la grossesse faute d\u2019iode, les cr\u00e9tins pr\u00e9sentent souvent des degr\u00e9s de d\u00e9bilit\u00e9 mentale pouvant allant jusqu\u2019\u00e0 l\u2019idiotie. D\u2019autre part, ils sont sexuellement d\u00e9ficients par le fait de la croissance insuffisante des organes g\u00e9nitaux. » reprise du rapport de 1851<\/p>\n

Peut-on extraire des hypoth\u00e8ses \u00e0 partir de cette d\u00e9finition ? Nous savons bien ce que valent les hypoth\u00e8ses. Quand on ne sait pas on tire une hypoth\u00e8se comme au tir au pigeon.<\/p>\n

---Le ph\u00e9nom\u00e8ne aurait-il d\u00e9bord\u00e9 au del\u00e0 du Valais ? Du territoire des Helv\u00e8tes ? Assistons-nous \u00e0 des inondations de cr\u00e9tinisme ?<\/p>\n

— Utilisions-nous le mot cr\u00e9tin \u00e0 tort et \u00e0 travers ?<\/p>\n

— L’Encyclop\u00e9die des Lumi\u00e8res n’\u00e9tait pas plus \u00e9clair\u00e9e que toute autre. Ce qui laisse penser qu’on peut vouloir se dire \u00e9clair\u00e9, que \u00e7a peut devenir une sorte de but, mais qu’au bout du compte on reste dans le noir.<\/p>\n

— Qu’une d\u00e9finition est susceptible de se modifier dans le temps, tout comme un mot ?<\/p>\n

— Nous sommes toujours dans une \u00e9poque de mutation. Tout mute, le cr\u00e9tin n’\u00e9chappe pas \u00e0 la r\u00e8gle.<\/p>\n

— Est-ce de la responsabilit\u00e9 d’Herg\u00e9 d’avoir d\u00e9voy\u00e9 le terme, le transformant en insulte dans la bouche du capitaine Haddock ?<\/p>\n

— Est-ce de la responsabilit\u00e9 d’intellectuels subversifs comme Antoine de<\/p>", "content_text": "photo prise ce dimanche 21 mai en me promenant dans une zone commerciale d\u00e9serte \n\nC'est en 1754 dans un article de l'Encyclop\u00e9die que Diderot reprend une d\u00e9finition du cr\u00e9tin des Alpes d'un m\u00e9moire r\u00e9dig\u00e9 le marquis de Maugiron 4 ann\u00e9es auparavant et intitul\u00e9 : \" Voyage en suisse\"\n\nOn y parle du Valais et de sa capitale Sion comme la r\u00e9gion o\u00f9 la densit\u00e9 de cr\u00e9tins est la plus remarquable. \n\nVoici donc la d\u00e9finition du \"Cr\u00e9tin\" dans le langage d'origine\n\n\u00ab CRETINS, s. m. plur. (Hist. mod.) On donne ce nom \u00e0 une esp\u00e8ce d\u2019hommes qui naissent dans le Valais en assez grande quantit\u00e9, & surtout \u00e0 Sion leur capitale. Ils sont sourds, muets, imbecilles, presque insensibles aux coups, & portent des go\u00eatres pendans jusqu\u2019\u00e0 la ceinture ; assez bonnes gens d\u2019ailleurs, ils sont incapables d\u2019id\u00e9es, & n\u2019ont qu\u2019une sorte d\u2019attrait assez violent pour leurs besoins. Ils s\u2019abandonnent aux plaisirs des sens de toute esp\u00e8ce, & leur imbecillit\u00e9 les emp\u00eache d\u2019y voir aucun crime. La simplicit\u00e9 des peuples du Valais leur fait regarder les Cretins comme les anges tut\u00e9laires des familles, & ceux qui n\u2019en ont pas se croyent assez mal avec le ciel. Il est difficile d\u2019expliquer la cause & l\u2019effet du Cretinage. La malpropret\u00e9, l\u2019\u00e9ducation, la chaleur excessive de ces vall\u00e9es, les eaux, les go\u00eatres m\u00eame, sont communs \u00e0 tous les enfans de ces peuples. Ils ne naissent pas cependant tous Cretins.\n\nIl en mourut un \u00e0 Sion pendant le s\u00e9jour que fit en cette ville M. le comte de Maugiron, de la soci\u00e9t\u00e9 royale de Lyon ; on ne voulut point lui permettre de le faire ouvrir. Il s\u2019est born\u00e9 \u00e0 examiner (apparemment sur le vivant) les deux sexes ; il n\u2019y a rien remarqu\u00e9 ext\u00e9rieurement d\u2019extraordinaire que la peau d\u2019un jaune fort livide. Voyez Valais. Ce d\u00e9tail est tir\u00e9 d\u2019un m\u00e9moire de M. le comte de Maugiron, dont l\u2019extrait nous a \u00e9t\u00e9 communiqu\u00e9, & qui a \u00e9t\u00e9 lu \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9 royale de Lyon. \u00bb\n\nEn 1873 un autre rapport commis par le professer Baillarger est remis au Ministre de l'agriculture et du commerce ( De la Bouillerie) en France et qui permet d'analyser la densit\u00e9 de cr\u00e9tins sur une population de 1000 personnes. Les Hautes Alpes et la Savoie remportent haut la main la palme avec respectivement 22.5 et 16 pour 1000. La moyenne g\u00e9n\u00e9rale des autres d\u00e9partements fran\u00e7ais \u00e9tant de 4\/1000\n\nLe cr\u00e9tinisme est souvent accompagn\u00e9 du goitre qui est une d\u00e9formation de la glande Thyro\u00efde. \n\n\"L\u2019accroissement de la thyro\u00efde, allant de pair avec un fonctionnement d\u00e9fectueux des hormones thyro\u00efdiennes, engendre ce qu\u2019on appelle le \u00ab cr\u00e9tinisme \u00bb, c\u2019est-\u00e0-dire un retard dans la croissance corporelle et mentale. Manifestations connexes : ventre pro\u00e9minent, langue gonfl\u00e9e, traits rugueux et peau s\u00e8che. Cette maladie qui a presque disparu, affectait surtout les populations des vall\u00e9es de la haute montagne. Les hormones thyro\u00efdiennes fonctionnant mal pendant la grossesse faute d\u2019iode, les cr\u00e9tins pr\u00e9sentent souvent des degr\u00e9s de d\u00e9bilit\u00e9 mentale pouvant allant jusqu\u2019\u00e0 l\u2019idiotie. D\u2019autre part, ils sont sexuellement d\u00e9ficients par le fait de la croissance insuffisante des organes g\u00e9nitaux. \u00bb reprise du rapport de 1851 \n\nPeut-on extraire des hypoth\u00e8ses \u00e0 partir de cette d\u00e9finition ? Nous savons bien ce que valent les hypoth\u00e8ses. Quand on ne sait pas on tire une hypoth\u00e8se comme au tir au pigeon. \n\n-\u2014Le ph\u00e9nom\u00e8ne aurait-il d\u00e9bord\u00e9 au del\u00e0 du Valais ? Du territoire des Helv\u00e8tes ? Assistons-nous \u00e0 des inondations de cr\u00e9tinisme ?\n\n\u2014 Utilisions-nous le mot cr\u00e9tin \u00e0 tort et \u00e0 travers ?\n\n\u2014 L'Encyclop\u00e9die des Lumi\u00e8res n'\u00e9tait pas plus \u00e9clair\u00e9e que toute autre. Ce qui laisse penser qu'on peut vouloir se dire \u00e9clair\u00e9, que \u00e7a peut devenir une sorte de but, mais qu'au bout du compte on reste dans le noir.\n\n\u2014 Qu'une d\u00e9finition est susceptible de se modifier dans le temps, tout comme un mot ? \n\n\u2014 Nous sommes toujours dans une \u00e9poque de mutation. Tout mute, le cr\u00e9tin n'\u00e9chappe pas \u00e0 la r\u00e8gle.\n\n\u2014 Est-ce de la responsabilit\u00e9 d'Herg\u00e9 d'avoir d\u00e9voy\u00e9 le terme, le transformant en insulte dans la bouche du capitaine Haddock ?\n\n\u2014 Est-ce de la responsabilit\u00e9 d'intellectuels subversifs comme Antoine de ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/technique-mixte-70x70-cm.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/technique-mixte-70x70-cm.html", "title": "technique mixte 70x70 cm", "date_published": "2023-05-20T15:29:23Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

mai 2023<\/p>\n

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\"\"<\/p>\n

Il la ramenait sans arr\u00eat. Pour un oui, un non. Sans qu\u2019on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l\u2019imaginais aux toilettes pendant qu\u2019il la ramenait. Son gros cul pos\u00e9 sur la lunette. Ou encore accroupi la t\u00eate rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu\u2019il voulait. Je pouvais m\u00eame le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait m\u00eame en ch\u0153ur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales.<\/p>\n

Quand il avait termin\u00e9, il disait
— alors t\u2019en pense quoi ? C\u2019est un sale con n\u2019est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ?<\/p>\n

J\u2019en pensais rien bien s\u00fbr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me d\u00e9p\u00eachais de pr\u00e9texter une course urgente avant que \u00e7a ne lui reprenne, qu\u2019il la ram\u00e8ne encore sur un autre sujet. En gros toujours le m\u00eame. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde ext\u00e9rieur peupl\u00e9 d\u2019idiots, d\u2019idiotes \u00e9cervel\u00e9es.<\/p>\n

Je me tirais au m\u00eame moment o\u00f9 il commen\u00e7ait \u00e0 entrouvrir la bouche de nouveau le laissant l\u00e0 plant\u00e9 comme un poisson en train d’\u00e9touffer<\/p>\n

C’\u00e9tait un miroir qui devait au moins faire sept m\u00e8tre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu’il la ramenait j’ai chop\u00e9 un tabouret et je l’ai envoy\u00e9 valdinguer dans le miroir. Il ne l’a plus ramen\u00e9, c’\u00e9tait fini.<\/p>", "content_text": "\n\nIl la ramenait sans arr\u00eat. Pour un oui, un non. Sans qu\u2019on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l\u2019imaginais aux toilettes pendant qu\u2019il la ramenait. Son gros cul pos\u00e9 sur la lunette. Ou encore accroupi la t\u00eate rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu\u2019il voulait. Je pouvais m\u00eame le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait m\u00eame en ch\u0153ur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales.\n\nQuand il avait termin\u00e9, il disait\n\n\u2014 alors t\u2019en pense quoi ? C\u2019est un sale con n\u2019est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ?\n\n\n\nJ\u2019en pensais rien bien s\u00fbr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me d\u00e9p\u00eachais de pr\u00e9texter une course urgente avant que \u00e7a ne lui reprenne, qu\u2019il la ram\u00e8ne encore sur un autre sujet. En gros toujours le m\u00eame. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde ext\u00e9rieur peupl\u00e9 d\u2019idiots, d\u2019idiotes \u00e9cervel\u00e9es.\n\n\n\nJe me tirais au m\u00eame moment o\u00f9 il commen\u00e7ait \u00e0 entrouvrir la bouche de nouveau le laissant l\u00e0 plant\u00e9 comme un poisson en train d'\u00e9touffer\n\nC'\u00e9tait un miroir qui devait au moins faire sept m\u00e8tre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chop\u00e9 un tabouret et je l'ai envoy\u00e9 valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramen\u00e9, c'\u00e9tait fini. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/consignes.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/consignes.html", "title": "Consignes", "date_published": "2023-05-20T06:02:50Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"Travail d’\u00e9l\u00e8ve en stage<\/p>\n

Il y a stage, il y a th\u00e8me, donc il y a consignes. Et comme je ne pr\u00e9pare jamais rien, la consigne au d\u00e9but n\u2019est qu\u2019un embryon. Un petit bout de quelque chose, une boulette de bousier qui au fur et \u00e0 mesure de la journ\u00e9e s\u2019\u00e9paissit.
C\u2019est pourquoi j\u2019ai pris l\u2019habitude de donner d\u00e8s le d\u00e9part une consigne vague. Par exemple celle-ci
— A l\u2019aide d\u2019une couleur primaire et de sa compl\u00e9mentaire faites donc une peinture sur laquelle on serait incapable de voir ni l\u2019une ni l\u2019autre.<\/p>\n

Ensuite on prend le caf\u00e9, des petits g\u00e2teaux, il y a des questions, plein. Les questions c\u2019est bien. Heureusement qu\u2019il y a toutes ces questions sinon je ne sais pas du tout quelle nouvelle consigne je pourrais leur donner.<\/p>\n

Une consigne pour produire encore plus de questions peut-\u00eatre ... Tentons.<\/p>\n

—On \u00e9tait parti sur le th\u00e8me de la couleur, mais est-ce que vous connaissez vos valeurs au fait ?<\/p>", "content_text": "Travail d'\u00e9l\u00e8ve en stage \n\nIl y a stage, il y a th\u00e8me, donc il y a consignes. Et comme je ne pr\u00e9pare jamais rien, la consigne au d\u00e9but n\u2019est qu\u2019un embryon. Un petit bout de quelque chose, une boulette de bousier qui au fur et \u00e0 mesure de la journ\u00e9e s\u2019\u00e9paissit.\n\nC\u2019est pourquoi j\u2019ai pris l\u2019habitude de donner d\u00e8s le d\u00e9part une consigne vague. Par exemple celle-ci\n\n\u2014 A l\u2019aide d\u2019une couleur primaire et de sa compl\u00e9mentaire faites donc une peinture sur laquelle on serait incapable de voir ni l\u2019une ni l\u2019autre.\n\nEnsuite on prend le caf\u00e9, des petits g\u00e2teaux, il y a des questions, plein. Les questions c\u2019est bien. Heureusement qu\u2019il y a toutes ces questions sinon je ne sais pas du tout quelle nouvelle consigne je pourrais leur donner.\n\nUne consigne pour produire encore plus de questions peut-\u00eatre ... Tentons.\n\n\u2014On \u00e9tait parti sur le th\u00e8me de la couleur, mais est-ce que vous connaissez vos valeurs au fait ?", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/apprendre-a-boire.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/apprendre-a-boire.html", "title": "Apprendre \u00e0 boire", "date_published": "2023-05-20T05:30:39Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

A classer dans le recueil pens\u00e9es d’un idiot<\/em>.<\/p>\n

Parmi les souvenirs de beuverie de ma jeunesse, beaucoup de gueules de bois. L\u2019ivresse se paie ch\u00e8re surtout si pour une raison ou une autre on d\u00e9sire en sortir. De plus il y a toujours quelqu\u2019un d\u2019Agen pour vous dire d\u2019aller \u00e0 Castres ou \u00e0 P\u00e9taouchnok, d\u2019apprendre \u00e0 boire.
Peut-on apprendre \u00e0 boire. Grande question. Cela n\u00e9cessiterait une assez longue explication sur le pourquoi du comment, sur l\u2019inn\u00e9e et l\u2019acquis, sur la multitude des chemins qui n\u2019en fait somme toute aucun. Aucun et quelque chose. Ou encore quelque chose et rien. Sophocle d\u00e9j\u00e0 en parle non sans jouer d\u2019ambigu\u00eft\u00e9 \u00e0 chaque vers.
—Je trouverai le criminel dit son \u0152dipe.
Tout et rien. Ce ne sont pas deux choses mais une. Et cette chose n\u2019est pas grand chose au sens ou grand la distinguerait de rien.
—Boire pour oublier, disent certains. Boire parce qu\u2019elle m\u2019a quitt\u00e9. Boire parce que je ne suis pas gai. Beaucoup de gens boivent \u00e0 tort.
Boire pour boire c\u2019est autre chose de plus franc. Boire en gaulois, Boire en Celte, en Ga\u00e9lique, en Britannique.
Boire pour une identit\u00e9 linguistique. Si \u00e7a peut, faut essayer pour boire.
Boire pour esquiver la r\u00e9alit\u00e9 comme un champion de boxe sur un ring. Jeu de jambes, on titube, on s\u2019\u00e9tale, on se rel\u00e8ve, on tourne en rond dans un espace plut\u00f4t carr\u00e9. Boire avec m\u00e9thode. Boire de fa\u00e7on quasi math\u00e9matique. En mesurant la progression du taux l\u2019alcool dans le sang comme passe temps. \u00catre titubant mais attentif \u00e0 la titubation.
Mais apprendre \u00e0 boire, pas d\u2019\u00e9cole connue, pas de formation.<\/p>\n

C\u2019est que boire est affaire si personnelle dans le fond qu\u2019on serait bien en peine d\u2019en tirer des r\u00e8gles, un manuel, un objet de transmission.
Se bourrer la gueule n\u2019est pas boire comme souffler n\u2019est pas jouer. C\u2019est griller beaucoup d\u2019\u00e9tapes entre le matin et la fin de la journ\u00e9e.
Je vois quelques uns qui se vantent d\u2019absorber en un clin d\u2019\u0153il l\u2019\u00e9quivalent d\u2019un jour ou deux d\u2019opini\u00e2tret\u00e9 et de patience. Pour s\u2019\u00e9crouler lamentablement ensuite dans un sommeil sans r\u00eave.
Ceux l\u00e0 boivent pour dormir.
Alors qu\u2019on peut en buvant atteindre le contraire, s\u2019\u00e9veiller \u00e0 des r\u00e9alit\u00e9s parall\u00e8les, et qui ne touchent jamais cette r\u00e9alit\u00e9-ci.
M\u00eame en cellule de d\u00e9grisement.<\/p>\n

Boire pour naviguer sur une multitude de r\u00e9alit\u00e9s parall\u00e8les est comme naviguer sur aucune. Il convient \u00e0 un moment de s\u2019en rendre compte.
Ce n\u2019est pas apprendre \u00e0 boire qu\u2019il faudrait dire c\u2019est tout ce qu\u2019apprend le boire.
\u00catre un ivrogne ordinaire rien de plus facile. Tout le monde peut y arriver. Mais atteindre \u00e0 l\u2019extraordinaire par la boisson c\u2019est autre chose et d\u2019ailleurs la boisson n\u2019est qu\u2019un outil, elle n\u2019est pas une fin en soi.<\/p>\n

L\u2019important c\u2019est l\u2019ivresse. Et qu\u2019importe le flacon dit-on, la bouteille ou le verre. Cultiver son ivresse est affaire si personnelle qu\u2019il serait pr\u00e9tentieux et parfaitement inutile de vouloir l\u2019enseigner \u00e0 d\u2019autres.<\/p>\n

Peut-\u00eatre en est-il de m\u00eame de toute chose en ce monde une fois qu\u2019on le d\u00e9couvre avec une.
Apprendre \u00e0 \u00e9crire, \u00e0 peindre, \u00e0 aimer.
On peut aussi se demander \u00e0 quoi sert l\u2019\u00e9ducation en g\u00e9n\u00e9ral sinon maintenir la croyance qu\u2019on peut tout apprendre des autres et rien de soi.<\/p>", "content_text": "\n\nA classer dans le recueil pens\u00e9es d'un idiot.\n\n\n\nParmi les souvenirs de beuverie de ma jeunesse, beaucoup de gueules de bois. L\u2019ivresse se paie ch\u00e8re surtout si pour une raison ou une autre on d\u00e9sire en sortir. De plus il y a toujours quelqu\u2019un d\u2019Agen pour vous dire d\u2019aller \u00e0 Castres ou \u00e0 P\u00e9taouchnok, d\u2019apprendre \u00e0 boire. \n\nPeut-on apprendre \u00e0 boire. Grande question. Cela n\u00e9cessiterait une assez longue explication sur le pourquoi du comment, sur l\u2019inn\u00e9e et l\u2019acquis, sur la multitude des chemins qui n\u2019en fait somme toute aucun. Aucun et quelque chose. Ou encore quelque chose et rien. Sophocle d\u00e9j\u00e0 en parle non sans jouer d\u2019ambigu\u00eft\u00e9 \u00e0 chaque vers.\n\n\u2014Je trouverai le criminel dit son \u0152dipe. \n\nTout et rien. Ce ne sont pas deux choses mais une. Et cette chose n\u2019est pas grand chose au sens ou grand la distinguerait de rien.\n\n\u2014Boire pour oublier, disent certains. Boire parce qu\u2019elle m\u2019a quitt\u00e9. Boire parce que je ne suis pas gai. Beaucoup de gens boivent \u00e0 tort.\n\nBoire pour boire c\u2019est autre chose de plus franc. Boire en gaulois, Boire en Celte, en Ga\u00e9lique, en Britannique. \n\nBoire pour une identit\u00e9 linguistique. Si \u00e7a peut, faut essayer pour boire.\n\nBoire pour esquiver la r\u00e9alit\u00e9 comme un champion de boxe sur un ring. Jeu de jambes, on titube, on s\u2019\u00e9tale, on se rel\u00e8ve, on tourne en rond dans un espace plut\u00f4t carr\u00e9. Boire avec m\u00e9thode. Boire de fa\u00e7on quasi math\u00e9matique. En mesurant la progression du taux l\u2019alcool dans le sang comme passe temps. \u00catre titubant mais attentif \u00e0 la titubation.\n\nMais apprendre \u00e0 boire, pas d\u2019\u00e9cole connue, pas de formation.\n\n\n\nC\u2019est que boire est affaire si personnelle dans le fond qu\u2019on serait bien en peine d\u2019en tirer des r\u00e8gles, un manuel, un objet de transmission. \n\nSe bourrer la gueule n\u2019est pas boire comme souffler n\u2019est pas jouer. C\u2019est griller beaucoup d\u2019\u00e9tapes entre le matin et la fin de la journ\u00e9e.\n\nJe vois quelques uns qui se vantent d\u2019absorber en un clin d\u2019\u0153il l\u2019\u00e9quivalent d\u2019un jour ou deux d\u2019opini\u00e2tret\u00e9 et de patience. Pour s\u2019\u00e9crouler lamentablement ensuite dans un sommeil sans r\u00eave. \n\nCeux l\u00e0 boivent pour dormir.\n\nAlors qu\u2019on peut en buvant atteindre le contraire, s\u2019\u00e9veiller \u00e0 des r\u00e9alit\u00e9s parall\u00e8les, et qui ne touchent jamais cette r\u00e9alit\u00e9-ci.\n\nM\u00eame en cellule de d\u00e9grisement.\n\n\n\nBoire pour naviguer sur une multitude de r\u00e9alit\u00e9s parall\u00e8les est comme naviguer sur aucune. Il convient \u00e0 un moment de s\u2019en rendre compte. \n\nCe n\u2019est pas apprendre \u00e0 boire qu\u2019il faudrait dire c\u2019est tout ce qu\u2019apprend le boire.\n\n\u00catre un ivrogne ordinaire rien de plus facile. Tout le monde peut y arriver. Mais atteindre \u00e0 l\u2019extraordinaire par la boisson c\u2019est autre chose et d\u2019ailleurs la boisson n\u2019est qu\u2019un outil, elle n\u2019est pas une fin en soi.\n\n\n\nL\u2019important c\u2019est l\u2019ivresse. Et qu\u2019importe le flacon dit-on, la bouteille ou le verre. Cultiver son ivresse est affaire si personnelle qu\u2019il serait pr\u00e9tentieux et parfaitement inutile de vouloir l\u2019enseigner \u00e0 d\u2019autres.\n\n\n\nPeut-\u00eatre en est-il de m\u00eame de toute chose en ce monde une fois qu\u2019on le d\u00e9couvre avec une.\n\nApprendre \u00e0 \u00e9crire, \u00e0 peindre, \u00e0 aimer. \n\nOn peut aussi se demander \u00e0 quoi sert l\u2019\u00e9ducation en g\u00e9n\u00e9ral sinon maintenir la croyance qu\u2019on peut tout apprendre des autres et rien de soi.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/relecture.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/relecture.html", "title": "Relecture", "date_published": "2023-05-20T01:40:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Il y a quelque chose de douloureux. Douloureux est trop fort, une g\u00e8ne. Je suis g\u00ean\u00e9 lorsque je relis un texte. Pas tous les textes, les miens. D\u00e9\u00e7u est le mot qui accompagne la g\u00e8ne. C\u2019est d\u00e9cevant, c\u2019est g\u00eanant. C\u2019est une question de temporalit\u00e9. Relire ne s\u2019effectue pas dans le m\u00eame temps qu\u2019\u00e9crire. \u00c7a para\u00eetra une \u00e9vidence. Mais si l\u2019on creuse cette \u00e9vidence on en d\u00e9couvre son \u00e9tranget\u00e9. Le d\u00e9calage se fait jour. Le mouvement de l\u2019\u00e9criture, le mouvement de la lecture sont deux mouvements distincts. Peut-\u00eatre parce que lorsque j\u2019\u00e9cris je ne sais pas du tout vers quoi me m\u00e8ne ce mouvement. Je ne fais que suivre le mouvement avec ses variations d\u2019intensit\u00e9 issues d\u2019un mouvement int\u00e9rieur \u00e0 l\u2019\u00e9criture elle-m\u00eame en train de se constituer. Quand je relis je me retrouve face \u00e0 une chose achev\u00e9e, une chose morte, inerte, un cadavre. Je ne me sens pas en mesure de dire c\u2019est un bon cadavre, un mauvais, dans mon esprit tous les cadavres se valent. Ce ne sont qu\u2019enveloppes vides, d\u00e9pouilles de quelque chose qui n\u2019est plus. Se relire est donc li\u00e9 en grande partie \u00e0 la mort. Est-ce douloureux de faire face \u00e0 la mort dans un texte ? Ce serait trop fort, exag\u00e9r\u00e9, grandiloquent. Non il s\u2019agit d\u2019une g\u00e8ne et cette g\u00e8ne cr\u00e9e un emp\u00eachement \u00e0 cet autre mouvement que j\u2019imagine possible bien s\u00fbr sans toutefois y acc\u00e9der : Lire \u00e0 t\u00eate repos\u00e9e. Lire avec sang-froid. Lire froidement. Lire d\u2019une fa\u00e7on impitoyable ces textes. Voil\u00e0 quelque chose de nouveau. L\u2019id\u00e9e d\u2019\u00eatre sans piti\u00e9. Mais pour qui ou quoi ? Pour le texte, pour celui qui l\u2019\u00e9crit ou le r\u00e9\u00e9crit en le lisant de nouveau.<\/p>\n

Avec du recul. Si je m\u2019appuie sur mon exp\u00e9rience en peinture c\u2019est la m\u00eame chose, une totale absence de piti\u00e9 envers mes propres peintures. Rare que la moindre trouve gr\u00e2ce \u00e0 mes yeux quand je prends un tant soit peu de recul. Alors qu\u2019il en est \u00e0 l\u2019oppos\u00e9 pour les peintures r\u00e9alis\u00e9es par mes \u00e9l\u00e8ves. Je suis dot\u00e9 d\u2019une compassion sans borne pour les peintures r\u00e9alis\u00e9es par les enfants notamment. Peut-\u00eatre pas tant pour les adultes \u00e0 la v\u00e9rit\u00e9. C\u2019est difficile. Il faut \u00e0 la fois m\u00e9nager les sensibilit\u00e9s et maintenir un certain niveau d\u2019exigence. Une exigence que j\u2019attribue au fait qu\u2019on me paie pour donner mon avis, ou des conseils. Il est n\u00e9cessaire de ne pas raconter d\u2019histoire ici. Il est n\u00e9cessaire de les raconter habilement. Enseigner demande beaucoup d\u2019habilet\u00e9 pour aplanir les obstacles. Les m\u00eames tr\u00e8s exactement que moi je ne cesse de mettre en travers de ma propre route pour \u00e9crire ou peindre. Quel paradoxe.<\/p>\n

Peut-\u00eatre qu\u2019un texte achev\u00e9, un tableau achev\u00e9 venant de l\u2019autre d\u00e9clenche plus d\u2019am\u00e9nit\u00e9. Je ne peux intervenir sur une chose consid\u00e9r\u00e9e comme achev\u00e9e. Ce n\u2019est pas souhaitable d\u2019intervenir \u00e0 priori. Qui suis-je pour dire cette chose aurait pu \u00eatre un peu mieux achev\u00e9e, ou elle n\u2019est pas tout \u00e0 fait achev\u00e9e, \u00e7a bouge encore, \u00e7a demande \u00e0 vivre ou je ne sais quoi. Mais quand je pense \u00e7a demande \u00e0 vivre<\/em> et que cette phrase surgit presque en m\u00eame temps, simultan\u00e9ment \u00e0 une notion d\u2019ach\u00e8vement, j\u2019ai certainement de quoi me questionner.<\/p>\n

Si ce n\u2019est pas achev\u00e9, si c\u2019est encore trop vivant, ce n\u2019est ni mort ni vif \u00e0 la fa\u00e7on dont je comprends moi qu\u2019une chose est morte ou vive. Qu\u2019en sais je ? Qu\u2019est-ce que je comprends vraiment de ces deux \u00e9tats de l\u2019\u00eatre ou des objets. Et quelle relation cette ambigu\u00eft\u00e9 entretient elle avec une id\u00e9e personnelle de la beaut\u00e9. On parle d\u2019art il faut donc de toute \u00e9vidence du beau.<\/p>\n

Ainsi il y aurait la belle mort et la belle vie. Le regard serait pos\u00e9 sur cet horizon, s\u2019aveuglerait de ce mot sans doute. Resterait dans l\u2019aveuglement un certain temps jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019une sorte de vision soudaine surgisse balayant d\u2019un coup en m\u00eame temps ces deux notions de mort et de vie. Les balayant comme on balaie un sol d\u2019atelier en recueillant la poussi\u00e8re dans une pelle. Pelle qu\u2019on vide ensuite sans y penser dans une poubelle tout en recommen\u00e7ant une nouvelle journ\u00e9e.<\/p>\n

Est-ce que la relecture me g\u00e8ne car elle m\u2019oblige \u00e0 aller explorer la poubelle. Pour voir si je n\u2019ai pas jet\u00e9 autre chose que de la poussi\u00e8re. Si je ne me suis pas tromp\u00e9 quant \u00e0 ce que je consid\u00e8re comme de la poussi\u00e8re, c\u2019est \u00e0 dire du temps qui passe dans lequel on ne parvient pas \u00e0 achever correctement quoi ce soit<\/p>\n

Dans un tel cas il faudrait se mettre \u00e0 l\u2019\u00e9cart du temps, s\u2019isoler du temps afin de mieux le consid\u00e9rer pour ce qu\u2019il est. Un espace. Un espace tout \u00e0 fait semblable \u00e0 une page d\u2019\u00e9criture, un texte. Un espace comme une toile clou\u00e9e sur un ch\u00e2ssis et sur laquelle peine et joie sont m\u00eal\u00e9s \u00e0 un point tel qu’ elles en deviennent indiscernables.<\/p>\n

Peut-\u00eatre que la relecture d\u2019un texte ou d\u2019un tableau repr\u00e9sente l\u2019indiscernable. Me replace dans une strate enfantine oubli\u00e9e dans laquelle la diff\u00e9rence n\u2019existe pas encore. Sauf que l\u2019adulte ne veut rien comprendre de cette strate, il ne veut plus y retourner vue la peine, la difficult\u00e9 qu\u2019il aura eu \u00e0 s\u2019en extraire bien malgr\u00e9 lui.<\/p>\n

S\u2019en extraire pour \u00eatre avec le groupe. Ce qui lui fait finalement d\u00e9tester tout groupe quel qu\u2019il soit par pure r\u00e9flexe animal. L\u00e0 ce n\u2019est plus de la g\u00e8ne c\u2019est une v\u00e9ritable douleur. Cela veut dire tout \u00e7a pour \u00e7a<\/em>, tout \u00e7a que<\/em> pour \u00e7a ?<\/p>\n

Encore que ce d\u00e9go\u00fbt r\u00e9flexe ne provient que d\u2019un engouement b\u00e2illonn\u00e9 depuis belle lurette Un engouement premier contrari\u00e9 qui n\u2019est jamais parvenu \u00e0 reprendre sa forme d\u2019origine. Un engouement premier rest\u00e9 log\u00e9 comme un poignard dans un mur, auquel, \u00e0 force de le voir tous les jours plant\u00e9 l\u00e0, devient parfaitement invisible.<\/p>\n

Relecture, relire, relier. De belles difficult\u00e9s quand on s’y penche.<\/p>", "content_text": "\n\nIl y a quelque chose de douloureux. Douloureux est trop fort, une g\u00e8ne. Je suis g\u00ean\u00e9 lorsque je relis un texte. Pas tous les textes, les miens. D\u00e9\u00e7u est le mot qui accompagne la g\u00e8ne. C\u2019est d\u00e9cevant, c\u2019est g\u00eanant. C\u2019est une question de temporalit\u00e9. Relire ne s\u2019effectue pas dans le m\u00eame temps qu\u2019\u00e9crire. \u00c7a para\u00eetra une \u00e9vidence. Mais si l\u2019on creuse cette \u00e9vidence on en d\u00e9couvre son \u00e9tranget\u00e9. Le d\u00e9calage se fait jour. Le mouvement de l\u2019\u00e9criture, le mouvement de la lecture sont deux mouvements distincts. Peut-\u00eatre parce que lorsque j\u2019\u00e9cris je ne sais pas du tout vers quoi me m\u00e8ne ce mouvement. Je ne fais que suivre le mouvement avec ses variations d\u2019intensit\u00e9 issues d\u2019un mouvement int\u00e9rieur \u00e0 l\u2019\u00e9criture elle-m\u00eame en train de se constituer. Quand je relis je me retrouve face \u00e0 une chose achev\u00e9e, une chose morte, inerte, un cadavre. Je ne me sens pas en mesure de dire c\u2019est un bon cadavre, un mauvais, dans mon esprit tous les cadavres se valent. Ce ne sont qu\u2019enveloppes vides, d\u00e9pouilles de quelque chose qui n\u2019est plus. Se relire est donc li\u00e9 en grande partie \u00e0 la mort. Est-ce douloureux de faire face \u00e0 la mort dans un texte ? Ce serait trop fort, exag\u00e9r\u00e9, grandiloquent. Non il s\u2019agit d\u2019une g\u00e8ne et cette g\u00e8ne cr\u00e9e un emp\u00eachement \u00e0 cet autre mouvement que j\u2019imagine possible bien s\u00fbr sans toutefois y acc\u00e9der: Lire \u00e0 t\u00eate repos\u00e9e. Lire avec sang-froid. Lire froidement. Lire d\u2019une fa\u00e7on impitoyable ces textes. Voil\u00e0 quelque chose de nouveau. L\u2019id\u00e9e d\u2019\u00eatre sans piti\u00e9. Mais pour qui ou quoi ? Pour le texte, pour celui qui l\u2019\u00e9crit ou le r\u00e9\u00e9crit en le lisant de nouveau. \n\nAvec du recul. Si je m\u2019appuie sur mon exp\u00e9rience en peinture c\u2019est la m\u00eame chose, une totale absence de piti\u00e9 envers mes propres peintures. Rare que la moindre trouve gr\u00e2ce \u00e0 mes yeux quand je prends un tant soit peu de recul. Alors qu\u2019il en est \u00e0 l\u2019oppos\u00e9 pour les peintures r\u00e9alis\u00e9es par mes \u00e9l\u00e8ves. Je suis dot\u00e9 d\u2019une compassion sans borne pour les peintures r\u00e9alis\u00e9es par les enfants notamment. Peut-\u00eatre pas tant pour les adultes \u00e0 la v\u00e9rit\u00e9. C\u2019est difficile. Il faut \u00e0 la fois m\u00e9nager les sensibilit\u00e9s et maintenir un certain niveau d\u2019exigence. Une exigence que j\u2019attribue au fait qu\u2019on me paie pour donner mon avis, ou des conseils. Il est n\u00e9cessaire de ne pas raconter d\u2019histoire ici. Il est n\u00e9cessaire de les raconter habilement. Enseigner demande beaucoup d\u2019habilet\u00e9 pour aplanir les obstacles. Les m\u00eames tr\u00e8s exactement que moi je ne cesse de mettre en travers de ma propre route pour \u00e9crire ou peindre. Quel paradoxe.\n\n\n\nPeut-\u00eatre qu\u2019un texte achev\u00e9, un tableau achev\u00e9 venant de l\u2019autre d\u00e9clenche plus d\u2019am\u00e9nit\u00e9. Je ne peux intervenir sur une chose consid\u00e9r\u00e9e comme achev\u00e9e. Ce n\u2019est pas souhaitable d\u2019intervenir \u00e0 priori. Qui suis-je pour dire cette chose aurait pu \u00eatre un peu mieux achev\u00e9e, ou elle n\u2019est pas tout \u00e0 fait achev\u00e9e, \u00e7a bouge encore, \u00e7a demande \u00e0 vivre ou je ne sais quoi. Mais quand je pense \u00e7a demande \u00e0 vivre et que cette phrase surgit presque en m\u00eame temps, simultan\u00e9ment \u00e0 une notion d\u2019ach\u00e8vement, j\u2019ai certainement de quoi me questionner.\n\n\n\nSi ce n\u2019est pas achev\u00e9, si c\u2019est encore trop vivant, ce n\u2019est ni mort ni vif \u00e0 la fa\u00e7on dont je comprends moi qu\u2019une chose est morte ou vive. Qu\u2019en sais je ? Qu\u2019est-ce que je comprends vraiment de ces deux \u00e9tats de l\u2019\u00eatre ou des objets. Et quelle relation cette ambigu\u00eft\u00e9 entretient elle avec une id\u00e9e personnelle de la beaut\u00e9. On parle d\u2019art il faut donc de toute \u00e9vidence du beau. \n\nAinsi il y aurait la belle mort et la belle vie. Le regard serait pos\u00e9 sur cet horizon, s\u2019aveuglerait de ce mot sans doute. Resterait dans l\u2019aveuglement un certain temps jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019une sorte de vision soudaine surgisse balayant d\u2019un coup en m\u00eame temps ces deux notions de mort et de vie. Les balayant comme on balaie un sol d\u2019atelier en recueillant la poussi\u00e8re dans une pelle. Pelle qu\u2019on vide ensuite sans y penser dans une poubelle tout en recommen\u00e7ant une nouvelle journ\u00e9e.\n\n\n\nEst-ce que la relecture me g\u00e8ne car elle m\u2019oblige \u00e0 aller explorer la poubelle. Pour voir si je n\u2019ai pas jet\u00e9 autre chose que de la poussi\u00e8re. Si je ne me suis pas tromp\u00e9 quant \u00e0 ce que je consid\u00e8re comme de la poussi\u00e8re, c\u2019est \u00e0 dire du temps qui passe dans lequel on ne parvient pas \u00e0 achever correctement quoi ce soit\n\n\n\nDans un tel cas il faudrait se mettre \u00e0 l\u2019\u00e9cart du temps, s\u2019isoler du temps afin de mieux le consid\u00e9rer pour ce qu\u2019il est. Un espace. Un espace tout \u00e0 fait semblable \u00e0 une page d\u2019\u00e9criture, un texte. Un espace comme une toile clou\u00e9e sur un ch\u00e2ssis et sur laquelle peine et joie sont m\u00eal\u00e9s \u00e0 un point tel qu' elles en deviennent indiscernables.\n\n\n\nPeut-\u00eatre que la relecture d\u2019un texte ou d\u2019un tableau repr\u00e9sente l\u2019indiscernable. Me replace dans une strate enfantine oubli\u00e9e dans laquelle la diff\u00e9rence n\u2019existe pas encore. Sauf que l\u2019adulte ne veut rien comprendre de cette strate, il ne veut plus y retourner vue la peine, la difficult\u00e9 qu\u2019il aura eu \u00e0 s\u2019en extraire bien malgr\u00e9 lui.\n\n\n\nS\u2019en extraire pour \u00eatre avec le groupe. Ce qui lui fait finalement d\u00e9tester tout groupe quel qu\u2019il soit par pure r\u00e9flexe animal. L\u00e0 ce n\u2019est plus de la g\u00e8ne c\u2019est une v\u00e9ritable douleur. Cela veut dire tout \u00e7a pour \u00e7a, tout \u00e7a que pour \u00e7a ?\n\n\n\nEncore que ce d\u00e9go\u00fbt r\u00e9flexe ne provient que d\u2019un engouement b\u00e2illonn\u00e9 depuis belle lurette Un engouement premier contrari\u00e9 qui n\u2019est jamais parvenu \u00e0 reprendre sa forme d\u2019origine. Un engouement premier rest\u00e9 log\u00e9 comme un poignard dans un mur, auquel, \u00e0 force de le voir tous les jours plant\u00e9 l\u00e0, devient parfaitement invisible.\n\nRelecture, relire, relier. De belles difficult\u00e9s quand on s'y penche.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/d-un-point-de-vue-global.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/d-un-point-de-vue-global.html", "title": "d'un point de vue global", "date_published": "2023-05-19T05:45:09Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

<\/p>\n

Il m’en avait bouch\u00e9 un coin. Comment pouvait-il pr\u00e9tendre voir \u00e7a. Pantois, j’assistais \u00e0 la repr\u00e9sentation. J’avais trouv\u00e9 une place de choix, au premier rang. La difficult\u00e9 comme toujours \u00e9tant celle de maintenir sur mon visage l’impassibilit\u00e9 propre aux sto\u00efques.<\/p>\n

Puis il dit : --- Si \"je\" consid\u00e8re les informations dont \"je\"dispose d’un point de vue global....<\/p>\n

Je sentis mon corps me trahir \u00e0 cet instant pr\u00e9cis du bal de global. Des convulsions irr\u00e9pressibles me jet\u00e8rent hors de moi, m’\u00e9ject\u00e8rent depuis mon si\u00e8ge vers le sol, \u00e0 quelques centim\u00e8tres des chaussures en cuir de vachette de l’orateur qui fit un bond en arri\u00e8re.<\/p>\n

L’assistance un instant stup\u00e9faite, tr\u00e8s vite ensuite se tint les cotes tandis qu’un peu penaud, je retournais m’asseoir \u00e0 ma place.<\/p>", "content_text": "\n\nIl m'en avait bouch\u00e9 un coin. Comment pouvait-il pr\u00e9tendre voir \u00e7a. Pantois, j'assistais \u00e0 la repr\u00e9sentation. J'avais trouv\u00e9 une place de choix, au premier rang. La difficult\u00e9 comme toujours \u00e9tant celle de maintenir sur mon visage l'impassibilit\u00e9 propre aux sto\u00efques. \n\nPuis il dit : --- Si \"je\" consid\u00e8re les informations dont \"je\"dispose d'un point de vue global.... \n\nJe sentis mon corps me trahir \u00e0 cet instant pr\u00e9cis du bal de global. Des convulsions irr\u00e9pressibles me jet\u00e8rent hors de moi, m'\u00e9ject\u00e8rent depuis mon si\u00e8ge vers le sol, \u00e0 quelques centim\u00e8tres des chaussures en cuir de vachette de l'orateur qui fit un bond en arri\u00e8re. \n\nL'assistance un instant stup\u00e9faite, tr\u00e8s vite ensuite se tint les cotes tandis qu'un peu penaud, je retournais m'asseoir \u00e0 ma place. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ce-qui-est-une-tuile.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ce-qui-est-une-tuile.html", "title": "Ce qui est une tuile", "date_published": "2023-05-19T03:30:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Une autre id\u00e9e qui peut \u00eatre digne d\u2019entrer dans le recueil \u201c les pens\u00e9es d\u2019un idiot \u201c<\/code><\/pre>\n

La sensation parfois de pousser le bouchon plus loin que n\u00e9cessaire. Ainsi cette pens\u00e9e sur les \u0153uvres, toutes les \u0153uvres qu\u2019elles qu\u2019elles soient. Celles que l\u2019on classe par cat\u00e9gories, avec des qualificatifs, des jugements, des avis d\u2019experts, celles qui m\u00e9ritent qu\u2019on s\u2019y attarde, et les autres qu\u2019on met en un clin d\u2019\u0153il au rebut.<\/p>\n

Toutes les \u0153uvres se valent sur le plan de l\u2019\u00eatre. Elles sont. Tout \u0153uvre est ce qu\u2019elle est. Et ce avant m\u00eame que l\u2019on pose un regard sur elle. Ce regard qui ensuite d\u00e9sire se l\u2019approprier ou la repousser.<\/p>\n

Le professeur en vieillissant ne parvenait plus \u00e0 dire si les \u0153uvres de ses \u00e9l\u00e8ves \u00e9taient “bonnes” ou “mauvaises”. Avec les ann\u00e9es son \u0153il s\u2019\u00e9tait exerc\u00e9 \u00e0 un tel point qu\u2019il \u00e9tait parvenu \u00e0 d\u00e9passer les crit\u00e8re de jugement habituels que fournissent l\u2019\u00e9ducation, l\u2019apprentissage, la pratique. Il ne parvenait plus vraiment \u00e0 se souvenir \u00e0 quel moment l\u2019\u00e9trange ph\u00e9nom\u00e8ne s\u2019\u00e9tait produit.<\/p>\n

Un jour il ouvrit la porte de l\u2019atelier, aper\u00e7u les \u00e9l\u00e8ves install\u00e9s devant leurs chevalet, puis il avait consid\u00e9r\u00e9 cet ensemble et en \u00e9tait rest\u00e9 interloqu\u00e9. Tout \u00e9tait parfait. Il n\u2019y avait rien \u00e0 dire sur quoique ce soit. Tous les tableaux tombaient d\u2019aplomb. Il n\u2019y voyait partout qu\u2019harmonie, justesse, perfection.
Ce qui est une tuile.<\/strong>
Car si le professeur avait perdu sa langue, il conservait une assez bonne oreille, et peu \u00e0 peu les voix des \u00e9l\u00e8ves lui parvinrent.
— Comme c\u2019est moche.
— Je ne sais vraiment pas o\u00f9 je vais avec cette cro\u00fbte.
— Je suis compl\u00e8tement perdue,<\/p>\n

— Rien ne va plus<\/p>\n

Cela le r\u00e9veilla de sa torpeur, ou de sa r\u00eaverie.<\/p>\n

Il comprit qu\u2019il devait poursuivre sa t\u00e2che jusqu\u2019au bout ainsi que tous attendaient qu\u2019il le fisse ou face. Il ne pouvait pas rester de profil.<\/p>\n

Il passa le reste de la journ\u00e9e \u00e0 produire du conseil comme tous l\u2019attendaient.
—Moins bleu ce bleu
— Plus rouge ce rouge
— Plus \u00e9paisse cette ligne
— Pas n\u00e9cessaire celle-ci.<\/p>\n

Ce faisant, il se voyait lui-m\u00eame d\u2019une fa\u00e7on \u00e9trange. Il \u00e9tait en m\u00eame temps lui et un autre<\/p>\n

tout comme ses \u00e9l\u00e8ves \u00e9taient eux-m\u00eames et encore d\u2019autres.<\/p>\n

Plusieurs fois dans la journ\u00e9e il \u00e9prouva l\u2019envie de dire<\/p>\n

—Arr\u00eatez Arr\u00eatez tout, cessez cette com\u00e9die !<\/p>\n

Cependant il n\u2019en fit rien, la r\u00e9alit\u00e9 grondait derri\u00e8re les verri\u00e8res de l\u2019atelier.<\/p>\n

Un orage formidable, des gr\u00ealons gros comme des \u0153ufs de pigeons.<\/p>", "content_text": "Une autre id\u00e9e qui peut \u00eatre digne d\u2019entrer dans le recueil \u201c les pens\u00e9es d\u2019un idiot \u201c\n\nLa sensation parfois de pousser le bouchon plus loin que n\u00e9cessaire. Ainsi cette pens\u00e9e sur les \u0153uvres, toutes les \u0153uvres qu\u2019elles qu\u2019elles soient. Celles que l\u2019on classe par cat\u00e9gories, avec des qualificatifs, des jugements, des avis d\u2019experts, celles qui m\u00e9ritent qu\u2019on s\u2019y attarde, et les autres qu\u2019on met en un clin d\u2019\u0153il au rebut.\n\nToutes les \u0153uvres se valent sur le plan de l\u2019\u00eatre. Elles sont. Tout \u0153uvre est ce qu\u2019elle est. Et ce avant m\u00eame que l\u2019on pose un regard sur elle. Ce regard qui ensuite d\u00e9sire se l\u2019approprier ou la repousser.\n\nLe professeur en vieillissant ne parvenait plus \u00e0 dire si les \u0153uvres de ses \u00e9l\u00e8ves \u00e9taient \u201cbonnes\u201d ou \u201cmauvaises\u201d. Avec les ann\u00e9es son \u0153il s\u2019\u00e9tait exerc\u00e9 \u00e0 un tel point qu\u2019il \u00e9tait parvenu \u00e0 d\u00e9passer les crit\u00e8re de jugement habituels que fournissent l\u2019\u00e9ducation, l\u2019apprentissage, la pratique. Il ne parvenait plus vraiment \u00e0 se souvenir \u00e0 quel moment l\u2019\u00e9trange ph\u00e9nom\u00e8ne s\u2019\u00e9tait produit. \n\nUn jour il ouvrit la porte de l\u2019atelier, aper\u00e7u les \u00e9l\u00e8ves install\u00e9s devant leurs chevalet, puis il avait consid\u00e9r\u00e9 cet ensemble et en \u00e9tait rest\u00e9 interloqu\u00e9. Tout \u00e9tait parfait. Il n\u2019y avait rien \u00e0 dire sur quoique ce soit. Tous les tableaux tombaient d\u2019aplomb. Il n\u2019y voyait partout qu\u2019harmonie, justesse, perfection.\n\nCe qui est une tuile.\n\nCar si le professeur avait perdu sa langue, il conservait une assez bonne oreille, et peu \u00e0 peu les voix des \u00e9l\u00e8ves lui parvinrent.\n\n\u2014 Comme c\u2019est moche.\n\n\u2014 Je ne sais vraiment pas o\u00f9 je vais avec cette cro\u00fbte.\n\n\u2014 Je suis compl\u00e8tement perdue, \n\n\u2014 Rien ne va plus\n\nCela le r\u00e9veilla de sa torpeur, ou de sa r\u00eaverie.\n\nIl comprit qu\u2019il devait poursuivre sa t\u00e2che jusqu\u2019au bout ainsi que tous attendaient qu\u2019il le fisse ou face. Il ne pouvait pas rester de profil.\n\nIl passa le reste de la journ\u00e9e \u00e0 produire du conseil comme tous l\u2019attendaient.\n\n\u2014Moins bleu ce bleu\n\n\u2014 Plus rouge ce rouge\n\n\u2014 Plus \u00e9paisse cette ligne\n\n\u2014 Pas n\u00e9cessaire celle-ci.\n\nCe faisant, il se voyait lui-m\u00eame d\u2019une fa\u00e7on \u00e9trange. Il \u00e9tait en m\u00eame temps lui et un autre\n\ntout comme ses \u00e9l\u00e8ves \u00e9taient eux-m\u00eames et encore d\u2019autres.\n\n\n\nPlusieurs fois dans la journ\u00e9e il \u00e9prouva l\u2019envie de dire\n\n\n\n\u2014Arr\u00eatez Arr\u00eatez tout, cessez cette com\u00e9die ! \n\nCependant il n\u2019en fit rien, la r\u00e9alit\u00e9 grondait derri\u00e8re les verri\u00e8res de l\u2019atelier. \n\nUn orage formidable, des gr\u00ealons gros comme des \u0153ufs de pigeons.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/Digne-d-etre.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/Digne-d-etre.html", "title": "Digne d\u2019\u00eatre", "date_published": "2023-05-19T02:54:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"Sans titre Techniques mixtes sur toile 80x80 cm Mai 2023<\/p>\n

« Ce livre ne sera publi\u00e9 int\u00e9gralement que quand l’auteur aura acquis assez d’exp\u00e9rience pour en savourer toutes les beaut\u00e9s » Alfred Jarry (\u00e0 propos de “Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien”)<\/p>\n

Pourquoi tu ne fais rien de tout \u00e7a. Si rien signifie pour toi laisser tout \u00e7a -tous ces textes- tranquilles, en l\u2019\u00e9tat.
O\u00f9 encore , si la difficult\u00e9 premi\u00e8re, celle de penser en faire quelque chose
touchait, comme on gratte une cro\u00fbte pour raviver une plaie,
\u00e0 la dignit\u00e9 d\u2019\u00eatre de quoi que ce soit.
L\u2019embarras \u00e0 la seule pens\u00e9e de d\u00e9ranger le monde vraiment.
Vraiment, c\u2019est \u00e0 dire pas pour rire, mais, au contraire,
l\u2019entra\u00eenant vers une tristesse encore plus grande.
L\u2019orgueil peut aller jusqu\u2019\u00e0 ce point de l\u2019horizon ,
attirant ainsi \u00e0 lui, par convergence, toute perspective.<\/p>\n

Car peu de distance en somme entre le rire et la tristesse, dans la logique de ta syntaxe .<\/p>\n

Les textes en l\u2019\u00e9tat doivent donc, encore, toujours, acqu\u00e9rir, pour toi, de la dignit\u00e9.
Ce qui signifie donc qu\u2019\u00e0 l\u2019heure actuelle ils n\u2019en ont pas, ou si peu.
Mais qu\u2019elle est donc cette dignit\u00e9,
quelle id\u00e9e de dignit\u00e9 t\u2019emp\u00eache
et simultan\u00e9ment, par l\u2019effet des vases communicants
te pousse vers l\u2019audace ?
L\u2019audace des timides, des moins que rien, des laiss\u00e9s pour compte.
Aucun entra\u00eenement des nerfs acquis- p\u00e9niblement-
sur les bancs des \u00e9coles, des pensionnats des chapelles, des entreprises,
n\u2019a jamais pu te convaincre d\u2019une dignit\u00e9 digne de ce nom.
Tu leur a oppos\u00e9, \u00e0 toutes, celles entendues, ces dignes dignit\u00e9s affich\u00e9es, et vues, bien vues,
de beaux refus.
En commen\u00e7ant par leur dire — oui, bien sur, montrez-moi donc votre fameuse vertu
Je n\u2019en vis aucune qui ne fut pas soutenue par autre chose qu\u2019un vice.
Le vice et la vertu et vice versa.
L\u2019empressement \u00e0 devenir digne ne vient-il pas toujours de la peur d\u2019\u00eatre indigne ?
Et plus la peur sera grande, plus l\u2019empressement brouillon.
Mais au bout de tous ces brouillons que nous reste t\u2019il ?
Que te reste-t\u2019il ?
Sinon un doute sur ce qui les aura pouss\u00e9 \u00e0 se produire,
se reproduire, se multiplier et cro\u00eetre
La crainte de ne pas \u00eatre ?
Le d\u00e9sir d\u2019\u00eatre ?
Deux erreurs de logique, de m\u00e9taphysique.<\/p>\n

Tentons alors la pataphysique<\/p>\n

Trouvons une solution purement imaginaire
Une hypoth\u00e8se folle peut-elle apporter une sage certitude ?
Et si l\u2019erreur se logeait dans les mots d\u2019abord
Hypoth\u00e8se et certitude.
Sur ce qu\u2019on ne saisit pas des mots
Qu\u2019on ne saisit jamais l\u2019insaisissable des mots.<\/p>\n

Une forme de dignit\u00e9 alors pourrait na\u00eetre sur le seuil de l\u2019insaisissable
Un nouveau-n\u00e9 envelopp\u00e9 dans des linges douteux
Que le d\u00e9sir de ne pas d\u00e9passer ce seuil recueille
Emporte chez lui pour apprendre ou prendre soin,
De la dignit\u00e9 comme de l\u2019insaisissable<\/p>\n

Et, cependant le paradoxe est ce respect envers la chose qui surgit
Le texte qui arrive de nulle part.
Que tu n\u2019oses qu\u2019\u00e0 peine modifier
Pour ne pas mettre trop visiblement ton grain de sel.
Pour ne pas te mettre en avant.
Tu voudrais tellement ne pas te mettre en avant
Que c\u2019est \u00e9videmment tout le contraire qui se produit
Souvent.
Dans ton monde \u00e0 toi pas de diff\u00e9rence entre peur et d\u00e9sir
Dignit\u00e9 et infamie
Encore que tout cela ne soit bien s\u00fbr que des mots
Destin\u00e9s \u00e0 tenter de cerner l\u2019insaisissable
En lui l\u00e2chant la bride
En l\u2019observant s\u2019\u00e9brouer par del\u00e0 les remparts, les barri\u00e8res,
la phrase, le paragraphe, la page
En d\u00e9finitive peux tu dire que tu as compris quoique ce soit \u00e0 tout \u00e7a ?
Parfois tu le crois, d\u2019autre fois non, rien.
Attraction r\u00e9pulsion c\u2019est la loi.
Il y a la dignit\u00e9 que l\u2019on affiche et puis l\u2019autre \u00e0 soi
qu\u2019on n\u2019 exhibe pas.
Entre les deux ce n\u2019est pas ton c\u0153ur qui balance,
c\u2019est plut\u00f4t la loi de l\u2019attraction-r\u00e9pulsion qui commande.<\/p>\n

En m\u00eame temps ce titre ne veut rien dire du tout,<\/p>\n

je crois que c’est juste un pl\u00e9onasme voil\u00e0 tout.<\/p>", "content_text": "Sans titre Techniques mixtes sur toile 80x80 cm Mai 2023\n\n\n\n\u00ab Ce livre ne sera publi\u00e9 int\u00e9gralement que quand l'auteur aura acquis assez d'exp\u00e9rience pour en savourer toutes les beaut\u00e9s \u00bb Alfred Jarry (\u00e0 propos de \u201cGestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien\u201d)\n\nPourquoi tu ne fais rien de tout \u00e7a. Si rien signifie pour toi laisser tout \u00e7a -tous ces textes- tranquilles, en l\u2019\u00e9tat.\n\nO\u00f9 encore , si la difficult\u00e9 premi\u00e8re, celle de penser en faire quelque chose\n\ntouchait, comme on gratte une cro\u00fbte pour raviver une plaie,\n\n\u00e0 la dignit\u00e9 d\u2019\u00eatre de quoi que ce soit.\n\nL\u2019embarras \u00e0 la seule pens\u00e9e de d\u00e9ranger le monde vraiment.\n\nVraiment, c\u2019est \u00e0 dire pas pour rire, mais, au contraire,\n\nl\u2019entra\u00eenant vers une tristesse encore plus grande.\n\nL\u2019orgueil peut aller jusqu\u2019\u00e0 ce point de l\u2019horizon ,\n\nattirant ainsi \u00e0 lui, par convergence, toute perspective.\n\nCar peu de distance en somme entre le rire et la tristesse, dans la logique de ta syntaxe .\n\nLes textes en l\u2019\u00e9tat doivent donc, encore, toujours, acqu\u00e9rir, pour toi, de la dignit\u00e9.\n\nCe qui signifie donc qu\u2019\u00e0 l\u2019heure actuelle ils n\u2019en ont pas, ou si peu.\n\nMais qu\u2019elle est donc cette dignit\u00e9,\n\nquelle id\u00e9e de dignit\u00e9 t\u2019emp\u00eache\n\net simultan\u00e9ment, par l\u2019effet des vases communicants\n\nte pousse vers l\u2019audace ?\n\nL\u2019audace des timides, des moins que rien, des laiss\u00e9s pour compte.\n\nAucun entra\u00eenement des nerfs acquis- p\u00e9niblement-\n\nsur les bancs des \u00e9coles, des pensionnats des chapelles, des entreprises,\n\nn\u2019a jamais pu te convaincre d\u2019une dignit\u00e9 digne de ce nom.\n\nTu leur a oppos\u00e9, \u00e0 toutes, celles entendues, ces dignes dignit\u00e9s affich\u00e9es, et vues, bien vues,\n\nde beaux refus.\n\nEn commen\u00e7ant par leur dire \u2014 oui, bien sur, montrez-moi donc votre fameuse vertu\n\nJe n\u2019en vis aucune qui ne fut pas soutenue par autre chose qu\u2019un vice.\n\nLe vice et la vertu et vice versa.\n\nL\u2019empressement \u00e0 devenir digne ne vient-il pas toujours de la peur d\u2019\u00eatre indigne ?\n\nEt plus la peur sera grande, plus l\u2019empressement brouillon.\n\nMais au bout de tous ces brouillons que nous reste t\u2019il ?\n\nQue te reste-t\u2019il ?\n\nSinon un doute sur ce qui les aura pouss\u00e9 \u00e0 se produire,\n\nse reproduire, se multiplier et cro\u00eetre\n\nLa crainte de ne pas \u00eatre ?\n\nLe d\u00e9sir d\u2019\u00eatre ?\n\nDeux erreurs de logique, de m\u00e9taphysique.\n\nTentons alors la pataphysique\n\nTrouvons une solution purement imaginaire\n\nUne hypoth\u00e8se folle peut-elle apporter une sage certitude ?\n\nEt si l\u2019erreur se logeait dans les mots d\u2019abord\n\nHypoth\u00e8se et certitude.\n\nSur ce qu\u2019on ne saisit pas des mots\n\nQu\u2019on ne saisit jamais l\u2019insaisissable des mots.\n\nUne forme de dignit\u00e9 alors pourrait na\u00eetre sur le seuil de l\u2019insaisissable\n\nUn nouveau-n\u00e9 envelopp\u00e9 dans des linges douteux\n\nQue le d\u00e9sir de ne pas d\u00e9passer ce seuil recueille\n\nEmporte chez lui pour apprendre ou prendre soin,\n\nDe la dignit\u00e9 comme de l\u2019insaisissable\n\nEt, cependant le paradoxe est ce respect envers la chose qui surgit\n\nLe texte qui arrive de nulle part.\n\nQue tu n\u2019oses qu\u2019\u00e0 peine modifier\n\nPour ne pas mettre trop visiblement ton grain de sel.\n\nPour ne pas te mettre en avant.\n\nTu voudrais tellement ne pas te mettre en avant\n\nQue c\u2019est \u00e9videmment tout le contraire qui se produit\n\nSouvent.\n\nDans ton monde \u00e0 toi pas de diff\u00e9rence entre peur et d\u00e9sir\n\nDignit\u00e9 et infamie\n\nEncore que tout cela ne soit bien s\u00fbr que des mots\n\nDestin\u00e9s \u00e0 tenter de cerner l\u2019insaisissable\n\nEn lui l\u00e2chant la bride\n\nEn l\u2019observant s\u2019\u00e9brouer par del\u00e0 les remparts, les barri\u00e8res,\n\nla phrase, le paragraphe, la page\n\nEn d\u00e9finitive peux tu dire que tu as compris quoique ce soit \u00e0 tout \u00e7a ?\n\nParfois tu le crois, d\u2019autre fois non, rien.\n\nAttraction r\u00e9pulsion c\u2019est la loi.\n\nIl y a la dignit\u00e9 que l\u2019on affiche et puis l\u2019autre \u00e0 soi\n\nqu\u2019on n\u2019 exhibe pas.\n\nEntre les deux ce n\u2019est pas ton c\u0153ur qui balance,\n\nc\u2019est plut\u00f4t la loi de l\u2019attraction-r\u00e9pulsion qui commande.\n\nEn m\u00eame temps ce titre ne veut rien dire du tout,\n\nje crois que c'est juste un pl\u00e9onasme voil\u00e0 tout.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/les-pensees-d-un-idiot.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/les-pensees-d-un-idiot.html", "title": "Les pens\u00e9es d\u2019un idiot", "date_published": "2023-05-18T05:31:25Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Une id\u00e9e arrive, je la note. On ne sait jamais. Le narrateur est un idiot, c\u2019est ce qu\u2019il pense. Regrouper de petits fragments de ses idioties.<\/code><\/pre>\n

Ainsi en promenade avec Berthe, nous n\u2019avions pas march\u00e9 cent m\u00e8tres qu\u2019elle pronon\u00e7ait cinq fois le nom d\u2019une amie, en ajoutant qu\u2019elle mentait.
—Claire ment
Claire ment
Claire ment
Claire ment
Claire ment.<\/p>\n

Je me disais que \u00e7a devait l\u2019emb\u00eater beaucoup d\u2019avoir une amie mentant \u00e0 tout bout de champs.
Justement nous arrivions au bout d\u2019un champs
Et une fois de plus elle me dit alors
— Mais Claire ment tu n\u2019as rien compris<\/p>\n

Un peu plus tard j\u2019appris que Claire \u00e9tait le second pr\u00e9nom de cette jeune femme.
Je ne su jamais s\u2019il y avait une relation entre cette Claire et cette Claire qui mentait, je me m\u00e9fie des rapprochements intempestifs.<\/p>\n

Enfin le fait est qu\u2019au bout de cette promenade je ne la revis jamais plus.<\/p>", "content_text": "Une id\u00e9e arrive, je la note. On ne sait jamais. Le narrateur est un idiot, c\u2019est ce qu\u2019il pense. Regrouper de petits fragments de ses idioties.\n\nAinsi en promenade avec Berthe, nous n\u2019avions pas march\u00e9 cent m\u00e8tres qu\u2019elle pronon\u00e7ait cinq fois le nom d\u2019une amie, en ajoutant qu\u2019elle mentait.\n\n\u2014Claire ment\n\nClaire ment\n\nClaire ment\n\nClaire ment\n\nClaire ment.\n\nJe me disais que \u00e7a devait l\u2019emb\u00eater beaucoup d\u2019avoir une amie mentant \u00e0 tout bout de champs.\n\nJustement nous arrivions au bout d\u2019un champs\n\nEt une fois de plus elle me dit alors\n\n\u2014 Mais Claire ment tu n\u2019as rien compris\n\nUn peu plus tard j\u2019appris que Claire \u00e9tait le second pr\u00e9nom de cette jeune femme.\n\nJe ne su jamais s\u2019il y avait une relation entre cette Claire et cette Claire qui mentait, je me m\u00e9fie des rapprochements intempestifs.\n\nEnfin le fait est qu\u2019au bout de cette promenade je ne la revis jamais plus.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/boileau-sans-bol.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/boileau-sans-bol.html", "title": "Boileau sans bol", "date_published": "2023-05-18T04:57:42Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

\u00c9crire de fa\u00e7on simple ou compliqu\u00e9e. Boileau \u00e9videmment. On peut tout aussi bien s\u2019en moquer. Du clairement con su, du clairement et non c\u2019est\u2026
Aiguiser la pens\u00e9e ne peut mener qu\u2019au sang.
Aiguiser les sens vers l\u2019\u00e9garement.<\/p>\n

\u00c9crire avec une paire de vieux ciseaux rouill\u00e9e et ne couper aucune burne.
Laisser les burnes en paix.
Ne pas s\u2019en pr\u00e9occuper.<\/p>\n

En revanche \u00eatre pr\u00e9sent quand \u00e7a s\u2019\u00e9crit
Une politesse.<\/p>", "content_text": "\n\n\u00c9crire de fa\u00e7on simple ou compliqu\u00e9e. Boileau \u00e9videmment. On peut tout aussi bien s\u2019en moquer. Du clairement con su, du clairement et non c\u2019est\u2026\n\nAiguiser la pens\u00e9e ne peut mener qu\u2019au sang.\n\nAiguiser les sens vers l\u2019\u00e9garement.\n\n\u00c9crire avec une paire de vieux ciseaux rouill\u00e9e et ne couper aucune burne.\n\nLaisser les burnes en paix.\n\nNe pas s\u2019en pr\u00e9occuper.\n\nEn revanche \u00eatre pr\u00e9sent quand \u00e7a s\u2019\u00e9crit\n\nUne politesse.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/caviardage-2.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/caviardage-2.html", "title": "caviardage 2", "date_published": "2023-05-18T03:56:23Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

<\/p>\n

ca valait le coup de le pr\u00e9ciser ...<\/p>", "content_text": "\n\nca valait le coup de le pr\u00e9ciser ... ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/un-art-du-prompt.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/un-art-du-prompt.html", "title": "Un art du prompt", "date_published": "2023-05-18T03:28:30Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

L\u2019engouement pour la nouveaut\u00e9 fonctionne toujours aussi bien. Ce que nous appelons nouveau n\u2019est g\u00e9n\u00e9ralement qu\u2019une fa\u00e7on d\u2019emballer l\u2019ancien, du packaging, associ\u00e9 \u00e0 de bonnes campagnes marketing. Comment pouvons-nous avoir la b\u00eatise de penser que nous pouvons cr\u00e9er de la nouveaut\u00e9, cela reste pour moi une \u00e9nigme.
L\u2019intelligence Artificielle ressemble en tous point \u00e0 la nouveaut\u00e9. En tous cas est vendue comme telle. Une r\u00e9volution. Ce n\u2019est pas rien. C\u2019est un objet qui tourne sur lui-m\u00eame. Quelque chose qui tourne en rond.
Si tout le monde a d\u00e9sormais acc\u00e8s \u00e0 Chat GPT, ou \u00e0 Midjourney, la diff\u00e9rence sera toujours tranch\u00e9e entre les imb\u00e9ciles et les personnes qui r\u00e9fl\u00e9chissent un peu.
L\u2019espace o\u00f9 l\u2019on \u00e9crira la requ\u00eate n\u2019est pas un espace de babillard.
Plus on sera pr\u00e9cis dans les termes employ\u00e9s, plus on demandera \u00e0 l\u2019AI de se poser elle-m\u00eame les “bonnes questions” sur telle ou telle sujet plus elle sera efficace.
Le probl\u00e8me r\u00e9side dans le fait que pour demander des choses pr\u00e9cises, il faut en premier lieu se les pr\u00e9ciser \u00e0 soi-m\u00eame,
Ce qui \u00e9videmment laisse encore \u00e0 l\u2019intelligence tout court de beaux jours devant elle.<\/p>\n

L\u2019art du prompt, va se d\u00e9velopper de plus en plus, c\u2019est \u00e0 dire qu\u2019il y aura des formations pour apprendre \u00e0 parler \u00e0 une machine. \u00c7a va aller tr\u00e8s vite, c\u2019est prompt.<\/p>\n

A quand les formations pour apprendre \u00e0 se parler \u00e0 soi-m\u00eame, aucune date n\u2019est encore pr\u00e9cis\u00e9e.<\/p>", "content_text": "\n\nL\u2019engouement pour la nouveaut\u00e9 fonctionne toujours aussi bien. Ce que nous appelons nouveau n\u2019est g\u00e9n\u00e9ralement qu\u2019une fa\u00e7on d\u2019emballer l\u2019ancien, du packaging, associ\u00e9 \u00e0 de bonnes campagnes marketing. Comment pouvons-nous avoir la b\u00eatise de penser que nous pouvons cr\u00e9er de la nouveaut\u00e9, cela reste pour moi une \u00e9nigme.\n\nL\u2019intelligence Artificielle ressemble en tous point \u00e0 la nouveaut\u00e9. En tous cas est vendue comme telle. Une r\u00e9volution. Ce n\u2019est pas rien. C\u2019est un objet qui tourne sur lui-m\u00eame. Quelque chose qui tourne en rond.\n\nSi tout le monde a d\u00e9sormais acc\u00e8s \u00e0 Chat GPT, ou \u00e0 Midjourney, la diff\u00e9rence sera toujours tranch\u00e9e entre les imb\u00e9ciles et les personnes qui r\u00e9fl\u00e9chissent un peu.\n\nL\u2019espace o\u00f9 l\u2019on \u00e9crira la requ\u00eate n\u2019est pas un espace de babillard.\n\nPlus on sera pr\u00e9cis dans les termes employ\u00e9s, plus on demandera \u00e0 l\u2019AI de se poser elle-m\u00eame les \u201cbonnes questions\u201d sur telle ou telle sujet plus elle sera efficace.\n\nLe probl\u00e8me r\u00e9side dans le fait que pour demander des choses pr\u00e9cises, il faut en premier lieu se les pr\u00e9ciser \u00e0 soi-m\u00eame, \n\nCe qui \u00e9videmment laisse encore \u00e0 l\u2019intelligence tout court de beaux jours devant elle.\n\n\n\nL\u2019art du prompt, va se d\u00e9velopper de plus en plus, c\u2019est \u00e0 dire qu\u2019il y aura des formations pour apprendre \u00e0 parler \u00e0 une machine. \u00c7a va aller tr\u00e8s vite, c\u2019est prompt.\n\nA quand les formations pour apprendre \u00e0 se parler \u00e0 soi-m\u00eame, aucune date n\u2019est encore pr\u00e9cis\u00e9e.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/voir-percevoir.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/voir-percevoir.html", "title": "Voir, percevoir", "date_published": "2023-05-18T03:07:59Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Les mots ne se livrent pas si facilement qu’on croit. Il ne suffit pas d’aller jeter un coup d’ \u0153il au dictionnaire. Peut-\u00eatre que \u00e7a nous rassure de poss\u00e9der un dictionnaire pour employer les mots de la bonne mani\u00e8re<\/em>. Pour parler comme tout le monde<\/em>, pour ne pas passer aux yeux du monde pour un idiot. Il faudrait pouvoir revenir sur la toute premi\u00e8re fois o\u00f9 le mot surgit, sur un tableau noir, sur la page blanche d’un livre.
Ainsi on se souviendrait de la confusion entre voir et noir, voir et choir, voir et croire.
Des liens se tissent entre les mots sans qu\u2019on en prenne conscience. Des lapsus s\u2019installent, et dont on ne parle pas. Dont on ne parle jamais.
Pourtant une grande partie de ce qui est nomm\u00e9 po\u00e9sie ne fonctionne qu\u2019ainsi, en effectuant des rapprochements inattendus entre les mots.
Il faut donc creuser \u00e0 travers toutes les strates, toutes les couches qu\u2019une id\u00e9e une volont\u00e9 de normalit\u00e9 aura d\u00e9pos\u00e9es sur cette premi\u00e8re sensation d\u2019un mot, sur nos tentatives maladroites d\u2019en fabriquer des synonymes personnels. Cette maladresse est tout ce qui nous reste une fois que l\u2019id\u00e9e du monde, de la norme et de nous-m\u00eame volent en \u00e9clat. On pourrait consid\u00e9rer cela tragique, mais ce ne l\u2019est pas. C\u2019est plus une longue maturation, un \u0153uf, une coquille qui soudain se brise. Ce qui en sortira ne peut-\u00eatre monstrueux qui s\u2019y l\u2019on s\u2019attarde encore sur la n\u00e9cessit\u00e9 du semblable. C\u2019est presque semblable voil\u00e0 en quoi c\u2019est inqui\u00e9tant pour la plupart, aussi inqui\u00e9tant que de se tenir devant une glace le matin un rasoir \u00e0 la main.<\/p>\n

Ensuite l’important n’est plus ce que l’on per\u00e7oit, ce sera bien plus la fa\u00e7on dont on s’y prend pour percevoir.<\/p>\n

Je per\u00e7ois cette table, mais si je retire de cette perception toute l’histoire que je ne cesse de me raconter avec cette table qu’est ce que je per\u00e7ois vraiment.<\/p>\n

Un mot, une table, une personne. Qu’est ce que je per\u00e7ois sans me raconter d’histoire ?<\/p>\n

Je pourrais en \u00e9tablir une discipline. Durant un quart d’heure par jour, assis tranquillement quelque part je percevrais tout ce qui m’entoure. Je ferais attention \u00e0 la moindre histoire qui surgirait, je n’en tiendrais pas compte, je la laisserais s’\u00e9vanouir comme elle a surgit.<\/p>\n

Je ne m’int\u00e9resserais qu’\u00e0 ces surgissements permanents qui recouvrent les objets, les lieux, les \u00eatres.<\/p>\n

Peut-\u00eatre qu’\u00e0 ce moment pr\u00e9cis j’aurais une fen\u00eatre de vision in\u00e9dite, ou mieux, je retrouverais la vision que je n’ai jamais perdue, qui est toujours au fond de moi-m\u00eame depuis les tous d\u00e9buts de mon existence.<\/p>\n

voir, percevoir cette fragilit\u00e9 enfantine, ce qui r\u00e9siste envers et contre tout, ne pas avoir peur du ridicule, d\u00e9passer le ridicule. Suivre la voie que le ridicule propose.<\/p>", "content_text": "\n\nLes mots ne se livrent pas si facilement qu'on croit. Il ne suffit pas d'aller jeter un coup d' \u0153il au dictionnaire. Peut-\u00eatre que \u00e7a nous rassure de poss\u00e9der un dictionnaire pour employer les mots de la bonne mani\u00e8re. Pour parler comme tout le monde, pour ne pas passer aux yeux du monde pour un idiot. Il faudrait pouvoir revenir sur la toute premi\u00e8re fois o\u00f9 le mot surgit, sur un tableau noir, sur la page blanche d'un livre.\n\nAinsi on se souviendrait de la confusion entre voir et noir, voir et choir, voir et croire.\n\nDes liens se tissent entre les mots sans qu\u2019on en prenne conscience. Des lapsus s\u2019installent, et dont on ne parle pas. Dont on ne parle jamais.\n\nPourtant une grande partie de ce qui est nomm\u00e9 po\u00e9sie ne fonctionne qu\u2019ainsi, en effectuant des rapprochements inattendus entre les mots.\n\nIl faut donc creuser \u00e0 travers toutes les strates, toutes les couches qu\u2019une id\u00e9e une volont\u00e9 de normalit\u00e9 aura d\u00e9pos\u00e9es sur cette premi\u00e8re sensation d\u2019un mot, sur nos tentatives maladroites d\u2019en fabriquer des synonymes personnels. Cette maladresse est tout ce qui nous reste une fois que l\u2019id\u00e9e du monde, de la norme et de nous-m\u00eame volent en \u00e9clat. On pourrait consid\u00e9rer cela tragique, mais ce ne l\u2019est pas. C\u2019est plus une longue maturation, un \u0153uf, une coquille qui soudain se brise. Ce qui en sortira ne peut-\u00eatre monstrueux qui s\u2019y l\u2019on s\u2019attarde encore sur la n\u00e9cessit\u00e9 du semblable. C\u2019est presque semblable voil\u00e0 en quoi c\u2019est inqui\u00e9tant pour la plupart, aussi inqui\u00e9tant que de se tenir devant une glace le matin un rasoir \u00e0 la main.\n\nEnsuite l'important n'est plus ce que l'on per\u00e7oit, ce sera bien plus la fa\u00e7on dont on s'y prend pour percevoir. \n\nJe per\u00e7ois cette table, mais si je retire de cette perception toute l'histoire que je ne cesse de me raconter avec cette table qu'est ce que je per\u00e7ois vraiment. \n\nUn mot, une table, une personne. Qu'est ce que je per\u00e7ois sans me raconter d'histoire ?\n\nJe pourrais en \u00e9tablir une discipline. Durant un quart d'heure par jour, assis tranquillement quelque part je percevrais tout ce qui m'entoure. Je ferais attention \u00e0 la moindre histoire qui surgirait, je n'en tiendrais pas compte, je la laisserais s'\u00e9vanouir comme elle a surgit.\n\nJe ne m'int\u00e9resserais qu'\u00e0 ces surgissements permanents qui recouvrent les objets, les lieux, les \u00eatres.\n\nPeut-\u00eatre qu'\u00e0 ce moment pr\u00e9cis j'aurais une fen\u00eatre de vision in\u00e9dite, ou mieux, je retrouverais la vision que je n'ai jamais perdue, qui est toujours au fond de moi-m\u00eame depuis les tous d\u00e9buts de mon existence.\n\nvoir, percevoir cette fragilit\u00e9 enfantine, ce qui r\u00e9siste envers et contre tout, ne pas avoir peur du ridicule, d\u00e9passer le ridicule. Suivre la voie que le ridicule propose.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/etre-un-autre.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/etre-un-autre.html", "title": "\u00catre un autre", "date_published": "2023-05-18T02:36:59Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

On avait des vues sur ce petit lot. Une vision \u00e9triqu\u00e9e. L\u2019autre avec sa vue basse nous l\u2019aurait vant\u00e9.
— Fermez les yeux, imaginez. Ici une piscine, l\u00e0 un trampoline, sur le pilier du portail une pancarte “sam suffit” Hein que vous seriez bien. Aux petits oignons
Avions-nous pris conscience de la pr\u00e9sence d\u2019une quatre voies \u00e0 deux pas du lieu ?
De la voie de chemin de fer ?
Rien de tout \u00e7a.
Obnubil\u00e9s par le faible prix du terrain, et surtout la sensation in\u00e9dite d\u2019avoir “de quoi”, nous avions fonc\u00e9 t\u00eate baiss\u00e9e.
On avait sign\u00e9 le soir m\u00eame.
Je peux m\u2019en souvenir, j\u2019avais soudain pris conscience \u00e0 ce moment m\u00eame que les choses n\u2019\u00e9taient pas immuables.
Ma vision semblait s\u2019\u00eatre \u00e9largie en m\u00eame temps que ma conscience.
Poss\u00e9der un petit lopin de terre ne vous transformait pas seulement en propri\u00e9taire.
Vous deveniez un autre homme voil\u00e0 tout.<\/p>\n

On peut vivre la m\u00eame chose \u00e0 moindre prix. Acheter une nouvelle paire de chaussures par exemple peut tout aussi bien faire l\u2019affaire.
J\u2019ai conserv\u00e9 \u00e7a de l\u2019enfance. Une nouvelle paire \u00e9tait une f\u00eate v\u00e9ritable. Un bref moment cependant. Car aussit\u00f4t aux pieds je m\u2019\u00e9vertuais \u00e0 la salir. Il ne fait pas bon avoir des chaussures neuves \u00e0 la r\u00e9cr\u00e9ation. On sera trait\u00e9 de tout, moqu\u00e9 ; autant ne pas passer par cette case l\u00e0. Il suffit de marcher dans la boue, dans la cendre, et l\u2019affaire sera r\u00e9gl\u00e9e.
Mais le souvenir d\u2019une paire de chaussures neuves aux pieds, c\u2019est quelque chose. J\u2019ai beau avoir d\u00e9pass\u00e9 la soixantaine, c\u2019est toujours le m\u00eame plaisir, le m\u00eame \u00e9tonnement, la m\u00eame inqui\u00e9tude.<\/p>\n

Changer de voiture peut aussi \u00e9largir la conscience. Am\u00e9liorer nettement la vision des choses. Rien que d\u2019ouvrir la porti\u00e8re, s\u2019installer au volant et renifler cette odeur sp\u00e9cifique du neuf. Encore que je n\u2019ai achet\u00e9 qu\u2019une seule fois de toute ma vie une voiture neuve. Je me souviens comment la m\u00e9tamorphose s\u2019est effectu\u00e9e sans m\u00eame que je ne m\u2019y attende. Ne serait-ce qu\u2019appuyer sur la commande des vitres pour les baisser ou les relever, \u00e7a vous change vraiment un homme.<\/p>\n

Changer de compagne ne fait pas longtemps illusion. Mais les premiers temps malgr\u00e9 tout une sensation d\u2019\u00e9largissement s\u2019op\u00e8re. Une nouvelle compagne vous donne l\u2019illusion d\u2019\u00eatre un nouvel homme. Cependant en moins de six mois de temps vous vous rendez compte que ce n\u2019\u00e9tait qu\u2019une illusion. Le naturel revient au galop.
C\u2019est douloureux les premi\u00e8res fois. Ensuite on s\u2019habitue, on devient plus circonspect avec ses enthousiasmes, on temporise, on se m\u00e9fie. L\u2019autre n\u2019a pas grand chose \u00e0 voir avec le ph\u00e9nom\u00e8ne. Tout \u00e7a vient seulement de soi. On a tellement envie d\u2019\u00eatre un autre \u00e0 certain moment de notre vie que toutes les occasions semblent bonnes pour se leurrer.<\/p>\n

On met du temps \u00e0 prendre conscience que c\u2019est la conscience qui se sert de nous pour se voir elle-m\u00eame. Que nous ne sommes que des jouets qu\u2019elle emprunte le temps d\u2019une ou deux exp\u00e9riences. Peut-\u00eatre que pour une seule exp\u00e9rience qu\u2019elle d\u00e9sire explorer toute une g\u00e9n\u00e9ration de femmes et d\u2019hommes, d\u2019enfants lui seront n\u00e9cessaires. Il n\u2019y a pas \u00e0 s\u2019en plaindre pas plus qu\u2019\u00e0 s\u2019en r\u00e9jouir. Les choses semblent \u00eatre ainsi. Et nous y participons grandement dot\u00e9 de notre sensation du temps, de notre envie de changement, et de l\u2019ennui qui parfois sous-tend nos qu\u00eates.
Nous ne sommes jamais parfaitement heureux de ce que nous avons. Nous ne savons m\u00eame pas ce que nous poss\u00e9dons la plupart du temps. Je ne parle pas de valeur, de mesure, mais de l\u2019importance que nous attribuons vraiment \u00e0 ces choses.
Quelle importance pour moi que ce clavier, cet \u00e9cran, ce stylo, cette table, ce bureau, cette maison, ce village, cette r\u00e9gion, ce pays, cette plan\u00e8te ?
Se pencher sur cette notion d\u2019importance am\u00e9liore peut-\u00eatre la vision, c\u2019est peut-\u00eatre en creusant l\u2019importance qu\u2019on am\u00e9liore sa vue, que la conscience se surprend elle-m\u00eame \u00e0 s\u2019\u00e9largir.<\/p>\n

Ensuite il convient de choisir. Attribuer \u00e0 tout la m\u00eame importance, ou n\u2019en attribuer \u00e0 aucune. Ce sont aussi deux exp\u00e9riences \u00e0 tenter. Il n\u2019y en a pas une meilleure que l\u2019autre.
Ne rien poss\u00e9der change aussi la vision d\u2019un homme, peut tout aussi bien r\u00e9duire drastiquement le champs de vision que le contraire. Pourquoi cela varie t\u2019il suivant les individus, probablement parce que nous sommes des individus. Que chacun est unique quoiqu\u2019on veuille nous faire croire. Que chacun est indispensable \u00e0 la conscience du monde, qu\u2019il ne pourrait m\u00eame n\u2019y avoir aucune conscience sans \u00e7a.<\/p>\n

Il n\u2019y aurait juste qu\u2019un instant pr\u00e9sent, un \u00e9tat d\u2019h\u00e9b\u00e9tude prolong\u00e9 \u00e0 l\u2019infini, Un vaste d\u00e9sert o\u00f9 nous ne serions que des cactus.<\/p>", "content_text": "\n\nOn avait des vues sur ce petit lot. Une vision \u00e9triqu\u00e9e. L\u2019autre avec sa vue basse nous l\u2019aurait vant\u00e9.\n\n\u2014 Fermez les yeux, imaginez. Ici une piscine, l\u00e0 un trampoline, sur le pilier du portail une pancarte \u201csam suffit\u201d Hein que vous seriez bien. 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Une nouvelle paire \u00e9tait une f\u00eate v\u00e9ritable. Un bref moment cependant. Car aussit\u00f4t aux pieds je m\u2019\u00e9vertuais \u00e0 la salir. Il ne fait pas bon avoir des chaussures neuves \u00e0 la r\u00e9cr\u00e9ation. On sera trait\u00e9 de tout, moqu\u00e9; autant ne pas passer par cette case l\u00e0. Il suffit de marcher dans la boue, dans la cendre, et l\u2019affaire sera r\u00e9gl\u00e9e.\n\nMais le souvenir d\u2019une paire de chaussures neuves aux pieds, c\u2019est quelque chose. J\u2019ai beau avoir d\u00e9pass\u00e9 la soixantaine, c\u2019est toujours le m\u00eame plaisir, le m\u00eame \u00e9tonnement, la m\u00eame inqui\u00e9tude.\n\nChanger de voiture peut aussi \u00e9largir la conscience. Am\u00e9liorer nettement la vision des choses. Rien que d\u2019ouvrir la porti\u00e8re, s\u2019installer au volant et renifler cette odeur sp\u00e9cifique du neuf. Encore que je n\u2019ai achet\u00e9 qu\u2019une seule fois de toute ma vie une voiture neuve. Je me souviens comment la m\u00e9tamorphose s\u2019est effectu\u00e9e sans m\u00eame que je ne m\u2019y attende. Ne serait-ce qu\u2019appuyer sur la commande des vitres pour les baisser ou les relever, \u00e7a vous change vraiment un homme.\n\nChanger de compagne ne fait pas longtemps illusion. Mais les premiers temps malgr\u00e9 tout une sensation d\u2019\u00e9largissement s\u2019op\u00e8re. Une nouvelle compagne vous donne l\u2019illusion d\u2019\u00eatre un nouvel homme. Cependant en moins de six mois de temps vous vous rendez compte que ce n\u2019\u00e9tait qu\u2019une illusion. Le naturel revient au galop.\n\nC\u2019est douloureux les premi\u00e8res fois. Ensuite on s\u2019habitue, on devient plus circonspect avec ses enthousiasmes, on temporise, on se m\u00e9fie. L\u2019autre n\u2019a pas grand chose \u00e0 voir avec le ph\u00e9nom\u00e8ne. Tout \u00e7a vient seulement de soi. On a tellement envie d\u2019\u00eatre un autre \u00e0 certain moment de notre vie que toutes les occasions semblent bonnes pour se leurrer.\n\nOn met du temps \u00e0 prendre conscience que c\u2019est la conscience qui se sert de nous pour se voir elle-m\u00eame. Que nous ne sommes que des jouets qu\u2019elle emprunte le temps d\u2019une ou deux exp\u00e9riences. Peut-\u00eatre que pour une seule exp\u00e9rience qu\u2019elle d\u00e9sire explorer toute une g\u00e9n\u00e9ration de femmes et d\u2019hommes, d\u2019enfants lui seront n\u00e9cessaires. Il n\u2019y a pas \u00e0 s\u2019en plaindre pas plus qu\u2019\u00e0 s\u2019en r\u00e9jouir. Les choses semblent \u00eatre ainsi. Et nous y participons grandement dot\u00e9 de notre sensation du temps, de notre envie de changement, et de l\u2019ennui qui parfois sous-tend nos qu\u00eates.\n\nNous ne sommes jamais parfaitement heureux de ce que nous avons. Nous ne savons m\u00eame pas ce que nous poss\u00e9dons la plupart du temps. Je ne parle pas de valeur, de mesure, mais de l\u2019importance que nous attribuons vraiment \u00e0 ces choses.\n\nQuelle importance pour moi que ce clavier, cet \u00e9cran, ce stylo, cette table, ce bureau, cette maison, ce village, cette r\u00e9gion, ce pays, cette plan\u00e8te ?\n\nSe pencher sur cette notion d\u2019importance am\u00e9liore peut-\u00eatre la vision, c\u2019est peut-\u00eatre en creusant l\u2019importance qu\u2019on am\u00e9liore sa vue, que la conscience se surprend elle-m\u00eame \u00e0 s\u2019\u00e9largir.\n\nEnsuite il convient de choisir. Attribuer \u00e0 tout la m\u00eame importance, ou n\u2019en attribuer \u00e0 aucune. Ce sont aussi deux exp\u00e9riences \u00e0 tenter. Il n\u2019y en a pas une meilleure que l\u2019autre.\n\nNe rien poss\u00e9der change aussi la vision d\u2019un homme, peut tout aussi bien r\u00e9duire drastiquement le champs de vision que le contraire. 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Nouveau dossier, nouveau fichier, nouvelle page, nouvelle id\u00e9e, nouvel \u00e9lan, nouvelle tentative, nouvel \u00e9chec, nouveau recommencement, nouvel espoir, nouvelle d\u00e9ception, nouvelle pilule, nouveau cachet, nouvelle boite, nouvelle plaquette de cachets de pilules, nouvelle insomnie, nouveau matin, nouvelle journ\u00e9e, nouvelle saison, nouveau soleil, nouvelle floraison, nouveau truc pour se cantonner \u00e0 du nouveau essentiellement, nouvelle croyance, nouveau regret, nouveau souvenir, nouvelle t\u00e2che, nouvelle date, nouvel \u00e9l\u00e8ve, nouvelle exposition, nouvelle angoisse, nouvelle inqui\u00e9tude, nouveau subterfuge, nouvelles du monde, du pays, du quartier, nouveau magasin, nouvelles t\u00eates, nouvelle poign\u00e9e de main, nouveau cul tourn\u00e9, nouvel an, nouveau si\u00e8cle, nouvelle voiture, nouveaux probl\u00e8mes, nouvelle monnaie, nouveau carburant, nouvelle arnaque, nouveau d\u00e9fi, nouveau supermarch\u00e9, magasin de nouveaut\u00e9s, boutique neuve, nouvelle vitrine, nouveaux produits, nouvelle caissi\u00e8re, nouveau visage, nouvelle voix, nouvelle rencontre, nouveau bar, nouveau discours, nouveaux mensonges, nouvelles querelles, nouveaux malentendus, nouveaux principes, nouvelles habitudes, nouvelles rues, nouveaux d\u00e9tours, nouveaux contours.
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\"\"<\/p>\n

Vous avez pass\u00e9 le code, maintenant passez la conduite
Ils ont leurs codes. Au d\u00e9but \u00e7a peut para\u00eetre herm\u00e9tique.
Il vous faut d\u00e9coder tout \u00e7a. Vous pourriez vous en faire un code d\u2019honneur
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D\u00e9sormais chaque g\u00e9n\u00e9ration poss\u00e8de ses propres codes.
Les codes des cit\u00e9s, les codes des francs-ma\u00e7ons, les codes de la chevalerie, les codes \u00e0 respecter en entreprise, \u00e0 l\u2019\u00e9glise, dans la file d\u2019attente, les codes pour comprendre les codes, les codes pour se rappeler tout ce qui devra \u00eatre oubli\u00e9, le code civil, nul n\u2019est sens\u00e9 ignor\u00e9 la loi, la loi et ses codes, les codes du bien vivre ensemble, les codes pour tenir une fourchette et un couteau, les codes pour dresser une table, pour arranger des fleurs, pour boire de l\u2019eau dans le bon verre.
Le codicille sera \u00e0 ajouter en bas de page, ou sur une feuille \u00e0 part. Le code de bonne conduite. Allumer vos codes, ne roulez pas plein phare, respectez le code de la route. Le code pour la c\u00e9r\u00e9monie du mariage, du bapt\u00eame, de l\u2019enterrement, levez-vous asseyez-vous, chantez, ne chantez plus, ne dormez pas, les codes pour s\u2019asseoir correctement sur un safu. \u00c7a vous fait mal aux genoux, dura lex sed lex. Le code pour se plier en quatre, pour se d\u00e9plier durant les heures de pointe. Le code pour \u00eatre enfin riche, enfin libre, enfin heureux, enfin beau. Le code pour bien manger, le code pour \u00eatre en bonne sant\u00e9, pour vivre vieux en bonne sant\u00e9, le code pour oublier qu\u2019on est cern\u00e9 par les codes.<\/p>", "content_text": "\n\nVous avez pass\u00e9 le code, maintenant passez la conduite\n\nIls ont leurs codes. Au d\u00e9but \u00e7a peut para\u00eetre herm\u00e9tique.\n\nIl vous faut d\u00e9coder tout \u00e7a. Vous pourriez vous en faire un code d\u2019honneur\n\nPouvez-vous allumer les codes s\u2019il vous pla\u00eet, je crois qu\u2019il vous manque une ampoule\n\nPour entrer sur le site inscrivez-vous, choisissez un identifiant et un mot de passe\n\nNe donnez jamais votre num\u00e9ro de code bancaire\n\nTapez votre code. Vous avez perdu votre code ? Pour r\u00e9cup\u00e9rer votre identifiant ou votre mot de passe\n\nCliquez ici.\n\nPour plus de s\u00e9curit\u00e9 une double identification est d\u00e9sormais demand\u00e9e.\n\nSi vous voulez des informations sur vos comptes taper votre code postal, tapez votre num\u00e9ro de compte client\n\nTaper 1, tapez 2 tapez * pour revenir au sommaire.\n\nQuel est votre code guichet, votre code banque ?\n\nJ\u2019essaie de d\u00e9coder ce formulaire. Pourriez-vous m\u2019indiquer le code de la porte\n\nC\u2019est le m\u00eame code pour les deux portes. Par contre le code du portail est diff\u00e9rent.\n\nN\u2019inscrivez pas votre code n\u2019importe o\u00f9. Il est pr\u00e9f\u00e9rable de m\u00e9moriser votre code.\n\nVous pouvez d\u00e9sormais utiliser ce nouveau code. Quel est votre code postal ?\n\nVotre code est confidentiel ne le partagez avec personne.\n\nPour obtenir votre code inscrivez votre identifiant ou votre adresse email\n\nPour entrer sur votre messagerie tapez votre code\n\nVous n\u2019avez pas de m\u00e9moire voici un service payant pour rassembler tous vos codes.\n\nPour y acc\u00e9der taper votre code client.\n\nPour cr\u00e9er votre site pas besoin de savoir coder. Si vous voulez plus d\u2019options ,suivez notre formation\n\nVous deviendrez un expert en code HTML En code CSS en PHP en Python, en C, en C++\n\nAllumez les codes, \u00e9teignez les, vous avez oubli\u00e9 d\u2019\u00e9teindre vos codes. Vous \u00eates \u00e0 plat, il n\u2019y a plus de batterie.\n\nD\u00e9sormais chaque g\u00e9n\u00e9ration poss\u00e8de ses propres codes.\n\nLes codes des cit\u00e9s, les codes des francs-ma\u00e7ons, les codes de la chevalerie, les codes \u00e0 respecter en entreprise, \u00e0 l\u2019\u00e9glise, dans la file d\u2019attente, les codes pour comprendre les codes, les codes pour se rappeler tout ce qui devra \u00eatre oubli\u00e9, le code civil, nul n\u2019est sens\u00e9 ignor\u00e9 la loi, la loi et ses codes, les codes du bien vivre ensemble, les codes pour tenir une fourchette et un couteau, les codes pour dresser une table, pour arranger des fleurs, pour boire de l\u2019eau dans le bon verre.\n\nLe codicille sera \u00e0 ajouter en bas de page, ou sur une feuille \u00e0 part. Le code de bonne conduite. Allumer vos codes, ne roulez pas plein phare, respectez le code de la route. Le code pour la c\u00e9r\u00e9monie du mariage, du bapt\u00eame, de l\u2019enterrement, levez-vous asseyez-vous, chantez, ne chantez plus, ne dormez pas, les codes pour s\u2019asseoir correctement sur un safu. \u00c7a vous fait mal aux genoux, dura lex sed lex. Le code pour se plier en quatre, pour se d\u00e9plier durant les heures de pointe. Le code pour \u00eatre enfin riche, enfin libre, enfin heureux, enfin beau. Le code pour bien manger, le code pour \u00eatre en bonne sant\u00e9, pour vivre vieux en bonne sant\u00e9, le code pour oublier qu\u2019on est cern\u00e9 par les codes.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/marche-aux-sons.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/marche-aux-sons.html", "title": "March\u00e9 aux sons", "date_published": "2023-05-17T03:19:59Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

.<\/p>\n

Par l\u2019ou\u00efe du poisson, par l\u2019\u0153il encore vif, indice de fra\u00eecheur
Vision des files d\u2019attente, perspective des racks des rayons
Silhouettes avec caddies
Musique sirupeuse, r\u00e9flexe de Pavlov,
Le cabillaud lorgne la morue le persil frise.
Le hachoir fend l\u2019\u00e9caille, la chair, l\u2019ar\u00eate, mais pas trop gros
Pas trop \u00e9paisse la tranche,
— Et avec ceci ce sera tout,
— non mettez moi donc
Des moules,
ce petit bout de loup,
et six sardines.
— Je vous les vide ?
— Avec plaisir.
Le son des voix \u00e0 la poissonnerie, dans le supermarch\u00e9 de la ville<\/p>\n

Par le rayon des surgel\u00e9s, le son des emballages, riz cantonnais, paella royale
Un bruit sableux, vague sensation crissement de la sandale sur une plage.
Filets de colin pan\u00e9s en promotion Frites au four, steaks congel\u00e9s.
Au lieu de onze euros si vous en prenez deux.<\/p>\n

Chez le traiteur le bourdonnement sourd de la machine \u00e0 trancher le jambon
— Comme \u00e7a \u00e7a ira ?
— un peu moins \u00e9paisse s\u2019il vous plait
— vous m\u2019avez bien dit quatre ?
— finalement mettez-m \u2019en six et puis deux tranches de p\u00e2t\u00e9 en cro\u00fbte, pas trop \u00e9paisses non plus.<\/p>\n

Caisses devant l\u2019entr\u00e9e pour acc\u00e9der \u00e0 la sortie.
— Je n\u2019ai que \u00e7a je peux passer devant vous
— vous savez \u00e0 nos \u00e2ges on a le temps.
— Il fait si froid pour un mois de mai
— non \u00e7a s\u2019arr\u00eate l\u00e0 le reste est \u00e0 la dame derri\u00e8re.
— vous avez bien pris en compte la r\u00e9duction ?
— j\u2019ai combien de points sur ma carte ?
— Vous payez par carte Vous avez la carte de fid\u00e9lit\u00e9, vous voulez le ticket, vous prenez les vignettes<\/p>\n

Juste avant la sortie le bruit du distributeur de billets
Tr\u00e8s m\u00e9canique froissement violent, crachement de papier
A cot\u00e9 le bruit du flash du photomaton, le bourdonnement du d\u00e9veloppement, le grelot du rideau qu’on tire
Le choc des feuilles plus \u00e9paisses contre la tirette en plastique<\/p>\n

Par le parking le son de la cha\u00eene du caddy qu\u2019on lib\u00e8re en entrant un jeton dans la fente.
Le bruit du caddy qui s\u2019encastre dans un autre caddy
Le bruit de l\u2019allumage du moteur, des pneus qui couinent sur l\u2019asphalte, de la vitesse qu\u2019on passe,
Du klaxon intempestif ou compulsif<\/p>\n

Dans l\u2019habitacle de l\u2019automobile le l\u00e9ger bruit du bouton de l\u2019autoradio qu\u2019on allume
La voix de Bruce Springsteen chantant Born in USA
Le bruit de l’alarme qui dit que la ceinture n\u2019est pas boucl\u00e9e
Le petit clic quand on la boucle
Le bruit du clignotant sur le gauche
La seconde qu\u2019on enclenche<\/p>", "content_text": "\n\n.\n\nPar l\u2019ou\u00efe du poisson, par l\u2019\u0153il encore vif, indice de fra\u00eecheur\n\nVision des files d\u2019attente, perspective des racks des rayons\n\nSilhouettes avec caddies\n\nMusique sirupeuse, r\u00e9flexe de Pavlov,\n\nLe cabillaud lorgne la morue le persil frise.\n\nLe hachoir fend l\u2019\u00e9caille, la chair, l\u2019ar\u00eate, mais pas trop gros\n\nPas trop \u00e9paisse la tranche,\n\n\u2014 Et avec ceci ce sera tout,\n\n\u2014 non mettez moi donc\n\nDes moules,\n\nce petit bout de loup,\n\net six sardines.\n\n\u2014 Je vous les vide ?\n\n\u2014 Avec plaisir.\n\nLe son des voix \u00e0 la poissonnerie, dans le supermarch\u00e9 de la ville\n\nPar le rayon des surgel\u00e9s, le son des emballages, riz cantonnais, paella royale\n\nUn bruit sableux, vague sensation crissement de la sandale sur une plage.\n\nFilets de colin pan\u00e9s en promotion Frites au four, steaks congel\u00e9s.\n\nAu lieu de onze euros si vous en prenez deux.\n\nChez le traiteur le bourdonnement sourd de la machine \u00e0 trancher le jambon\n\n\u2014 Comme \u00e7a \u00e7a ira ?\n\n\u2014 un peu moins \u00e9paisse s\u2019il vous plait\n\n\u2014 vous m\u2019avez bien dit quatre ?\n\n\u2014 finalement mettez-m \u2019en six et puis deux tranches de p\u00e2t\u00e9 en cro\u00fbte, pas trop \u00e9paisses non plus.\n\nCaisses devant l\u2019entr\u00e9e pour acc\u00e9der \u00e0 la sortie.\n\n\u2014 Je n\u2019ai que \u00e7a je peux passer devant vous\n\n\u2014 vous savez \u00e0 nos \u00e2ges on a le temps.\n\n\u2014 Il fait si froid pour un mois de mai\n\n\u2014 non \u00e7a s\u2019arr\u00eate l\u00e0 le reste est \u00e0 la dame derri\u00e8re.\n\n\u2014 vous avez bien pris en compte la r\u00e9duction ?\n\n\u2014 j\u2019ai combien de points sur ma carte ?\n\n\u2014 Vous payez par carte Vous avez la carte de fid\u00e9lit\u00e9, vous voulez le ticket, vous prenez les vignettes\n\nJuste avant la sortie le bruit du distributeur de billets\n\nTr\u00e8s m\u00e9canique froissement violent, crachement de papier\n\nA cot\u00e9 le bruit du flash du photomaton, le bourdonnement du d\u00e9veloppement, le grelot du rideau qu'on tire \n\nLe choc des feuilles plus \u00e9paisses contre la tirette en plastique\n\nPar le parking le son de la cha\u00eene du caddy qu\u2019on lib\u00e8re en entrant un jeton dans la fente.\n\nLe bruit du caddy qui s\u2019encastre dans un autre caddy\n\nLe bruit de l\u2019allumage du moteur, des pneus qui couinent sur l\u2019asphalte, de la vitesse qu\u2019on passe,\n\nDu klaxon intempestif ou compulsif\n\nDans l\u2019habitacle de l\u2019automobile le l\u00e9ger bruit du bouton de l\u2019autoradio qu\u2019on allume\n\nLa voix de Bruce Springsteen chantant Born in USA\n\nLe bruit de l'alarme qui dit que la ceinture n\u2019est pas boucl\u00e9e \n\nLe petit clic quand on la boucle\n\nLe bruit du clignotant sur le gauche\n\nLa seconde qu\u2019on enclenche", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/suivre-la-voie-du-timbre-poste.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/suivre-la-voie-du-timbre-poste.html", "title": "Suivre la voie du timbre-poste", "date_published": "2023-05-17T02:27:07Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

C\u2019est en lisant des po\u00e8mes qu\u2019on peut se rendre compte. Peut-\u00eatre pas tous. Certains po\u00e8mes. Ceux qui ne traitent que d\u2019une seule id\u00e9e \u00e0 la fois . Qui ne sont pas feux d\u2019artifice. Qui ne partent pas dans tous sens. Encore que rien contre tous les sens. Le sens est important. Mais ici, le propos est le timbre-poste. chercher et suivre la voie du timbre. Trouver un timbre-poste, s\u2019y tenir, s\u2019y accrocher, ne pas l\u00e2cher l\u2019affaire, m\u00e9tamorphose en pit-bull philat\u00e9liste, en sp\u00e9l\u00e9ologue explorant les ab\u00eemes du parall\u00e9l\u00e9pip\u00e8de postal. Le timbre-poste n\u2019est pas plat comme une limande. Plus on s\u2019en approche plus on lui d\u00e9couvrira un volume. monumental en proportion de la concentration de qui vient \u00e0 lui. Un timbre-poste peut-\u00eatre un bloc monstrueux, un \u00e9difice inqui\u00e9tant, proche des dolmen, des menhirs, des pyramides azt\u00e8ques ou maya, du gigantisme de Baalbek ou de Lovecraft.<\/p>\n

Trouver un timbre-poste. Aller \u00e0 la rencontre du timbre-poste. Comment faire ? Comment s\u2019y prendre ? Avec toute l\u2019abondance autour comment distinguer celui-ci, que sera le bon timbre, le juste timbre, le gong. un timbre-poste dans le chaos g\u00e9n\u00e9ral. Y aller \u00e0 la loupe et circonspection.<\/p>\n

Prendre l\u2019autoroute pour se rendre dans telle ou telle ville en qu\u00eate du timbre est un risque. On ne sera pas seul sur la route. Beaucoup semble \u00e0 la recherche de la m\u00eame chose. Pr\u00e9f\u00e9rer les nationales, les d\u00e9partementales, les vicinales. Chercher l\u2019oblique la diagonale, bien plus dynamique.<\/p>\n

Faire attention aussi o\u00f9 l\u2019on pose les pieds si l\u2019on marche \u00e0 pied. Y aller d’un bon pas sans se perdre en tergiversations, se munir d’une carte d’une boussole, savoir se rep\u00e9rer gr\u00e2ce au soleil \u00e0 la lune aux \u00e9toiles. \u00c7a prend plus de temps parfois mais ce n’est pas bien grave. On risque moins de rouler sur un timbre-poste sans m\u00eame le voir. A cheval il faut lutter contre la l\u00e9gende transmise de cavalier en cavalier que tout puisse \u00eatre ou ne pas \u00eatre sous le sabot de la monture.<\/p>\n

Vu sous cet angle obtus, par la lorgnette, un \u00eatre humain est un timbre-poste. Sous cellophane, papier cristal planqu\u00e9 dans l\u2019anodin, le d\u00e9sordre, la multiplicit\u00e9 des envies sans but. Dans le chaos des envies brutes. Tout \u00eatre est timbre-poste, non oblit\u00e9r\u00e9, vierge de toute salive encore. Aucun crachat, sans postillon. Pas plaqu\u00e9 sur une enveloppe, autonome, inconnu
Vu sous un autre angle encore plus obtus la phrase. Le mot. La lettre. Tout ce qu\u2019on emploie pour dire la sensation, indicible. Ce qu\u2019on ne sait pas dire, ce qu\u2019on n\u2019arrive pas \u00e0 sortir. Mais qu\u2019 on voudrait quand m\u00eame dire. La toute petite sensation timbre-poste dans laquelle on s\u2019enfonce, on sombre, on d\u00e9croche. Sables mouvant mer au galop, archange juch\u00e9 sur une fl\u00e8che. Omelette \u00e0 gogo. Un morceau de pelouse, un matelas rembourr\u00e9, un corps de tout son long offert et herm\u00e9tique.
Offert \u00e0 l\u2019\u0153il, \u00e0 la main, aux narines, \u00e0 la langue, herm\u00e9tique \u00e0 toute pens\u00e9e. Black-out total. Les neurones dysfonctionnent, court circuit dans les synapses. C\u2019est offert mais inaccessible \u00e0 la pens\u00e9e. Qu\u2019aux sens de s\u2019y risquer. S\u2019y jeter. Se jeter dans le timbre-poste, puits infini, puits sans fond, les yeux ferm\u00e9s, la bouche close, se pincer le nez, les oreilles, comme on plonge dans la mer. La curiosit\u00e9 fera le reste. La curiosit\u00e9 le facteur entre la peau et la cervelle.
Le timbre-poste peut-\u00eatre une obsession. Faire de ses obsessions des timbres-poste. C\u2019est plus facile avec les obsessions. \u00c7a nous regarde.
Au regard de l\u2019obsession qui nous cloue au mur, au sol, \u00e0 l\u2019arbre, au ciel. Ouvrir les yeux en grand, ne pas en perdre une miette. Absorber comme un buvard. Recracher tout ensuite par la bouche p\u00eale-m\u00eale dans un trou. Laisser mijoter un moment. Attendre quelques heures, quelques jours, que l\u2019\u00e9cho fasse son Job.
Que le boomerang revienne.
Au regard de ce qui revient, dit karma, explorer le malaise, devenir circonspect, ne prendre que ce qui nous appartient vraiment. Laisser de cot\u00e9 les courriers mal adress\u00e9s. Retour \u00e0 chaque exp\u00e9diteur , retour \u00e0 l\u2019envoyeur souhait\u00e9 mais pas indispensable.<\/p>\n

Ouvrir les oreilles en grand maintenant. Plonger dans une m\u00e9moire d\u2019\u00e9l\u00e9phant, ne pas se tromper de m\u00e9moire. Reprendre tout \u00e7a, le malaxer dans le son jusqu\u2019\u00e0 trouver l\u2019accord.
Un seul timbre-poste, un unique accord, se d\u00e9lier les doigts, tenter quelques arp\u00e8ges.
Si \u00e7a sonne ne pas courir vers la porte. S\u2019y rendre doucement.<\/p>", "content_text": "\n\nC\u2019est en lisant des po\u00e8mes qu\u2019on peut se rendre compte. Peut-\u00eatre pas tous. Certains po\u00e8mes. Ceux qui ne traitent que d\u2019une seule id\u00e9e \u00e0 la fois . Qui ne sont pas feux d\u2019artifice. Qui ne partent pas dans tous sens. Encore que rien contre tous les sens. Le sens est important. Mais ici, le propos est le timbre-poste. chercher et suivre la voie du timbre. Trouver un timbre-poste, s\u2019y tenir, s\u2019y accrocher, ne pas l\u00e2cher l\u2019affaire, m\u00e9tamorphose en pit-bull philat\u00e9liste, en sp\u00e9l\u00e9ologue explorant les ab\u00eemes du parall\u00e9l\u00e9pip\u00e8de postal. Le timbre-poste n\u2019est pas plat comme une limande. Plus on s\u2019en approche plus on lui d\u00e9couvrira un volume. monumental en proportion de la concentration de qui vient \u00e0 lui. Un timbre-poste peut-\u00eatre un bloc monstrueux, un \u00e9difice inqui\u00e9tant, proche des dolmen, des menhirs, des pyramides azt\u00e8ques ou maya, du gigantisme de Baalbek ou de Lovecraft.\n\nTrouver un timbre-poste. Aller \u00e0 la rencontre du timbre-poste. Comment faire ? Comment s\u2019y prendre ? Avec toute l\u2019abondance autour comment distinguer celui-ci, que sera le bon timbre, le juste timbre, le gong. un timbre-poste dans le chaos g\u00e9n\u00e9ral. Y aller \u00e0 la loupe et circonspection.\n\nPrendre l\u2019autoroute pour se rendre dans telle ou telle ville en qu\u00eate du timbre est un risque. On ne sera pas seul sur la route. Beaucoup semble \u00e0 la recherche de la m\u00eame chose. Pr\u00e9f\u00e9rer les nationales, les d\u00e9partementales, les vicinales. Chercher l\u2019oblique la diagonale, bien plus dynamique.\n\nFaire attention aussi o\u00f9 l\u2019on pose les pieds si l\u2019on marche \u00e0 pied. Y aller d'un bon pas sans se perdre en tergiversations, se munir d'une carte d'une boussole, savoir se rep\u00e9rer gr\u00e2ce au soleil \u00e0 la lune aux \u00e9toiles. \u00c7a prend plus de temps parfois mais ce n'est pas bien grave. On risque moins de rouler sur un timbre-poste sans m\u00eame le voir. A cheval il faut lutter contre la l\u00e9gende transmise de cavalier en cavalier que tout puisse \u00eatre ou ne pas \u00eatre sous le sabot de la monture.\n\nVu sous cet angle obtus, par la lorgnette, un \u00eatre humain est un timbre-poste. Sous cellophane, papier cristal planqu\u00e9 dans l\u2019anodin, le d\u00e9sordre, la multiplicit\u00e9 des envies sans but. Dans le chaos des envies brutes. Tout \u00eatre est timbre-poste, non oblit\u00e9r\u00e9, vierge de toute salive encore. Aucun crachat, sans postillon. Pas plaqu\u00e9 sur une enveloppe, autonome, inconnu\n\nVu sous un autre angle encore plus obtus la phrase. Le mot. La lettre. Tout ce qu\u2019on emploie pour dire la sensation, indicible. Ce qu\u2019on ne sait pas dire, ce qu\u2019on n\u2019arrive pas \u00e0 sortir. Mais qu\u2019 on voudrait quand m\u00eame dire. La toute petite sensation timbre-poste dans laquelle on s\u2019enfonce, on sombre, on d\u00e9croche. Sables mouvant mer au galop, archange juch\u00e9 sur une fl\u00e8che. Omelette \u00e0 gogo. Un morceau de pelouse, un matelas rembourr\u00e9, un corps de tout son long offert et herm\u00e9tique.\n\nOffert \u00e0 l\u2019\u0153il, \u00e0 la main, aux narines, \u00e0 la langue, herm\u00e9tique \u00e0 toute pens\u00e9e. Black-out total. Les neurones dysfonctionnent, court circuit dans les synapses. C\u2019est offert mais inaccessible \u00e0 la pens\u00e9e. Qu\u2019aux sens de s\u2019y risquer. S\u2019y jeter. Se jeter dans le timbre-poste, puits infini, puits sans fond, les yeux ferm\u00e9s, la bouche close, se pincer le nez, les oreilles, comme on plonge dans la mer. La curiosit\u00e9 fera le reste. La curiosit\u00e9 le facteur entre la peau et la cervelle.\n\nLe timbre-poste peut-\u00eatre une obsession. Faire de ses obsessions des timbres-poste. C\u2019est plus facile avec les obsessions. \u00c7a nous regarde.\n\nAu regard de l\u2019obsession qui nous cloue au mur, au sol, \u00e0 l\u2019arbre, au ciel. Ouvrir les yeux en grand, ne pas en perdre une miette. Absorber comme un buvard. Recracher tout ensuite par la bouche p\u00eale-m\u00eale dans un trou. Laisser mijoter un moment. Attendre quelques heures, quelques jours, que l\u2019\u00e9cho fasse son Job.\n\nQue le boomerang revienne.\n\nAu regard de ce qui revient, dit karma, explorer le malaise, devenir circonspect, ne prendre que ce qui nous appartient vraiment. Laisser de cot\u00e9 les courriers mal adress\u00e9s. Retour \u00e0 chaque exp\u00e9diteur , retour \u00e0 l\u2019envoyeur souhait\u00e9 mais pas indispensable.\n\nOuvrir les oreilles en grand maintenant. Plonger dans une m\u00e9moire d\u2019\u00e9l\u00e9phant, ne pas se tromper de m\u00e9moire. Reprendre tout \u00e7a, le malaxer dans le son jusqu\u2019\u00e0 trouver l\u2019accord.\n\nUn seul timbre-poste, un unique accord, se d\u00e9lier les doigts, tenter quelques arp\u00e8ges.\n\nSi \u00e7a sonne ne pas courir vers la porte. S\u2019y rendre doucement.", "image": "", "tags": ["Lovecraft"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/extinction.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/extinction.html", "title": "Extinction", "date_published": "2023-05-16T10:50:23Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

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Extinction de voix. Aujourd\u2019hui je re\u00e7ois les gamins d\u2019une \u00e9cole \u00e0 la m\u00e9diath\u00e8que du village. Le p\u00e8re Fouras de Fort Boyard , ou pas loin. Plusieurs groupes. Celui l\u00e0 regarde uniquement les prix des tableaux.
Ils les disent \u00e0 haute voix tout en s\u2019en offusquant. En en plaisantant. A part \u00e7a, \u00e0 part le prix des choses, les \u00e9motions, les sensations sont \u00e0 peine livr\u00e9es. Ou encore il faut absolument y voir quelque chose, des bonshommes, des fleurs, un l\u00e9zard, une fourmi. Je m\u2019\u00e9coute parler avec ma voix \u00e9teinte. Je me surprends \u00e0 \u00eatre d\u2019une \u00e9tonnante affabilit\u00e9. Si quelqu\u2019un fait une erreur, je dis nous <\/em>avons commis une petite b\u00e9vue. Nous en rigolons. L\u2019heure tourne, les groupes s\u2019encha\u00eenent. Malgr\u00e9 tout, \u00e0 la fin, quelques-uns disent \u00e7a donne envie de dessiner, de peindre<\/em>. On ne sait pas si c\u2019est sinc\u00e8re ou par pure politesse, ou encore si sont de bons \u00e9l\u00e8ves toujours plus ou moins en repr\u00e9sentation devant leur ma\u00eetresse. Mais malgr\u00e9 cela, le temps pourri,et la fin du monde, \u00e7a vaut le coup. \u00c7a vaut toujours le coup de discuter peinture avec les enfants.<\/p>\n

Un homme s\u2019installe \u00e0 la terrasse d\u2019un caf\u00e9 parisien. Il sort un calepin, un stylo et il se met \u00e0 \u00e9crire. Il est absorb\u00e9 par ce qu\u2019il est en train d\u2019\u00e9crire, le monde autour n\u2019existe pas. C\u2019est peut-\u00eatre \u00e7a le bonheur et le malheur d\u2019\u00e9crire tout \u00e0 la fois.
Pour celui qui observe l\u2019homme en train d\u2019\u00e9crire, victime de sa propre fascination, il y a des chances pour que rien d\u2019autre n\u2019existe qu\u2019un homme en train d\u2019\u00e9crire \u00e0 la table devant lui. Observer quelqu\u2019un en train d\u2019\u00e9crire peut tout autant nous retirer du monde.
A quoi pense t\u2019on quand on voit un homme entrer dans ce caf\u00e9, sortir un calepin, un stylo et se jeter t\u00eate la premi\u00e8re dans l\u2019\u00e9criture ? On peut penser \u00e0 une certaine forme de solitude, \u00e0 une repr\u00e9sentation th\u00e9\u00e2trale, on pourrait imaginer un homme dont le but serait de se donner en spectacle. Regardez tous je suis en train d\u2019\u00e9crire. Ou encore du m\u00e9pris, je ne tiens absolument pas compte de vous, du monde dans lequel vous \u00eates, regardez je prends mon calepin, mon stylo et je disparais dans la longue cohorte de signes que j\u2019aligne les uns \u00e0 la suite des autres.
Qu\u2019est-ce qu\u2019il peut bien \u00eatre en train d\u2019\u00e9crire cet homme. On pense presque aussit\u00f4t \u00e0 un journal, ou encore \u00e0 un r\u00e9cit, une nouvelle, des notes pour un roman en cours. On pense beaucoup plus rarement \u00e0 un brouillon de lettre d\u2019amour, un brouillon de lettre de d\u00e9mission, \u00e0 une lettre \u00e0 son p\u00e8re, \u00e0 une lettre de motivation. Peut-\u00eatre n\u2019est-il rien d\u2019autre qu\u2019un fouineur, un d\u00e9tective priv\u00e9 en train d\u2019effectuer un rapport d\u2019adult\u00e8re. Ou encore pire un comptable. Ce ne sont peut-\u00eatre rien d\u2019autre que des suites de chiffres qu\u2019il est en train d\u2019aligner.<\/p>\n

Un homme s\u2019installe \u00e0 la terrasse d\u2019un caf\u00e9. Pourquoi n\u2019ai je rien d\u2019autre \u00e0 faire que de l\u2019observer, que d\u2019y penser. Ce pourrait aussi \u00eatre une tr\u00e8s bonne question \u00e0 me poser.<\/p>\n

Ai-je pris le temps d’observer l’homme pour ce qu’il est vraiment. Froidement. Bien s\u00fbr que non. Il a \u00e9t\u00e9 imm\u00e9diatement class\u00e9 dans une cat\u00e9gorie. La cat\u00e9gorie des hommes qui \u00e9crivent dans les caf\u00e9s. Probable que cela soit aussi la cat\u00e9gorie des \u00e9crivains, peut-\u00eatre celle des journalistes. Cat\u00e9gories arbitraires \u00e9videmment. Car un \u00e9crivain peut tr\u00e8s bien \u00e9crire chez lui de m\u00eame qu’un journaliste. Si je pousse encore plus loin ma pens\u00e9e, n’est-ce pas parce que j’ai moi-m\u00eame \u00e9crit dans de nombreux caf\u00e9s parisiens que m’est venue spontan\u00e9ment cette interpr\u00e9tation. On ne voit gu\u00e8re plus loin que le bout de son nez. C’est un fait. On devrait toujours s’en rappeler. Notamment quand l’attraction devient aussi forte, c’est parce qu’on reconnait quelque chose qui n’appartient qu’\u00e0 nous-m\u00eames.<\/p>\n

Un homme s’est install\u00e9 \u00e0 la table devant la mienne. Il est entre deux \u00e2ges. J’ai toujours une fichue difficult\u00e9 \u00e0 donner un \u00e2ge. Disons la cinquantaine. Il est v\u00eatu sobrement. Pour un peu il pourrait passer inaper\u00e7u. D’ailleurs mon regard fait le tour de la terrasse, il n’y a bien que moi qui regarde cet homme. Les autres consommateurs sont plut\u00f4t perdus dans leurs pens\u00e9es, ou encore \u00e0 regarder leurs \u00e9crans de smartphone, d’autres fument en levant le nez au ciel. Ceux qui sont en couple cherchent des compromis. Le loufiat slalome entre les tables. C’est certainement un homme d’exp\u00e9rience, de m\u00e9tier, d\u00e9tectable \u00e0 son agilit\u00e9 et l’\u00e9conomie de ses pas. Je garde un \u0153il sur l’homme qui \u00e9crit en essayant d’agrandir le p\u00e9rim\u00e8tre. De reprendre peu \u00e0 peu contact avec le monde. Des pigeons lourdauds zigzaguent entre les tables, se faisant d\u00e9pouiller les miettes de pain par des moineaux. De mon point de vue les oiseaux expliquent \u00e0 eux seuls une grande partie du monde tel qu’il est vraiment. Lourdeur, pesanteur, contre agilit\u00e9, fluidit\u00e9, rapidit\u00e9.<\/p>\n

Un homme s’est install\u00e9 \u00e0 la table de ce caf\u00e9 o\u00f9 je me rends r\u00e9guli\u00e8rement pour \u00e9crire moi-m\u00eame. Il a sorti son calepin son stylo et il s’est mis \u00e0 \u00e9crire. La fascination dans laquelle je me suis soudain retrouv\u00e9 provient de toute \u00e9vidence d’un ph\u00e9nom\u00e8ne de reflet. Je n’ai d’ailleurs pas sorti calepin ni stylo. Je me suis content\u00e9 d’observer.<\/p>\n

La r\u00e9daction d’un billet de blog ne devrait pas surprendre le lecteur. Apr\u00e8s tout on est conduit sur un blog suite \u00e0 une requ\u00eate. Aujourd’hui cela se passe comme \u00e7a. Si je tape extinction de l’esp\u00e8ce sur Google ce billet pourrait avoir des chances d’apparaitre vers la centi\u00e8me page que propose le moteur de recherches. Qui est assez patient pour feuilleter un moteur de recherche jusqu’\u00e0 cent pages... personne je crois. Donc je peux bien \u00e9crire tout ce qui me chante sur ce billet de blog \u00e9tant donn\u00e9 le faible pourcentage de chances qu’il apparaisse en premi\u00e8re page.<\/p>\n

Les gens adorent les histoires. Les histoires sont toujours les m\u00eames. On peut imaginer qu’une histoire soit diff\u00e9rente d’une autre, mais en fait il y a de grandes chances pour qu’on d\u00e9couvre qu’on connait d\u00e9j\u00e0 l’histoire au fur et \u00e0 mesure qu’on la lira qu’on s’en souvienne.<\/p>\n

Sur quoi peut-on innover dans ce cas ? L’absence d’histoire ? Ecrire des textes sans histoire ? On peut avoir ce but bien s\u00fbr. Mais le lecteur veut une histoire. Si vous ne lui donnez pas une histoire il l’inventera de lui-m\u00eame. Il dira voici un homme qui a sorti son calepin, son stylo dans un caf\u00e9 parisien, voici un homme en train d’\u00e9crire quelque chose. On ne sait pas ce qu’il \u00e9crit. Qu’est-ce qu’il peut bien \u00eatre en train d’\u00e9crire cet homme ? voil\u00e0, on est d\u00e9j\u00e0 dans une histoire sans m\u00eame rien savoir de ce que l’homme est en train d’\u00e9crire.<\/p>\n

Je pourrais aussi ajouter \u00e0 ce billet la recette de la tourte aux pommes de terre. \u00e7a pourrait constituer un \u00e9l\u00e9ment narratif. Incongru certainement mais sommes-nous \u00e0 une incongruit\u00e9 pr\u00e8s ?<\/p>\n

Il faudra vous munir de deux p\u00e2tes bris\u00e9es ou feuillet\u00e9es. Personnellement j’ai une pr\u00e9f\u00e9rence pour la p\u00e2te bris\u00e9e, son aspect rustique.<\/p>\n

Il vous faudra quelques pommes de terre, 5 ou 6 assez charnues.<\/p>\n

Des oignons, de la cr\u00e8me fraiche , un couteau, un four, du persil.<\/p>\n

coupez les pommes de terre en tranches pas trop fines pas trop \u00e9paisses<\/p>\n

coupez les oignons en tranches idem<\/p>\n

Ensuite mettez donc la p\u00e2te au fond d’un plat \u00e0 tarte<\/p>\n

( vous pouvez conserver le papier sulfuris\u00e9 \u00e7a \u00e9vite de mettre des mati\u00e8res grasses et c’est plus facile \u00e0 nettoyer ensuite)<\/p>\n

une couche de pomme de terre une couche d’oignon, sel, poivre, persil<\/p>\n

on recommence jusqu’au bord du plat \u00e0 tarte.<\/p>\n

Ensuite on recouvre le tout avec la seconde p\u00e2te. On perce une petite chemin\u00e9e dans le centre pour que la tourte n’explose pas<\/p>\n

Four \u00e0 200 degr\u00e9s, 45 minutes de cuissson<\/p>\n

Ensuite on verse la cr\u00e8me fraiche \u00e9paisse par la chemin\u00e9e, on renfourne encore cinq minutes.<\/p>\n

Peut se manger chaud, ti\u00e8de ou froid.<\/p>\n

Excellent comme plat du soir avec un peu de salade verte.<\/p>\n

Un billet de blog peut \u00eatre vraiment quelque chose de tr\u00e8s bizarre. Si on ne tient pas \u00e0 \u00eatre absolument dans les premi\u00e8res pages de google \u00e9videmment.<\/p>\n

Cela me fait penser \u00e0 ces vieux bouquins les tout en un <\/em>j’adorais fourr\u00e9 mon nez dedans par temps de pluie. On pouvait passer ainsi une matin\u00e9e une apr\u00e8s-midi enti\u00e8re \u00e0 naviguer d’un article \u00e0 l’autre sans s’ennuyer le moins du monde. Tout \u00e0 fait autre chose que d’aller se balader dans la campagne. Surtout quand on connait la campagne comme sa poche.<\/p>", "content_text": "\n\nExtinction de voix. Aujourd\u2019hui je re\u00e7ois les gamins d\u2019une \u00e9cole \u00e0 la m\u00e9diath\u00e8que du village. Le p\u00e8re Fouras de Fort Boyard , ou pas loin. Plusieurs groupes. Celui l\u00e0 regarde uniquement les prix des tableaux.\n\nIls les disent \u00e0 haute voix tout en s\u2019en offusquant. En en plaisantant. A part \u00e7a, \u00e0 part le prix des choses, les \u00e9motions, les sensations sont \u00e0 peine livr\u00e9es. Ou encore il faut absolument y voir quelque chose, des bonshommes, des fleurs, un l\u00e9zard, une fourmi. Je m\u2019\u00e9coute parler avec ma voix \u00e9teinte. Je me surprends \u00e0 \u00eatre d\u2019une \u00e9tonnante affabilit\u00e9. Si quelqu\u2019un fait une erreur, je dis nous avons commis une petite b\u00e9vue. Nous en rigolons. L\u2019heure tourne, les groupes s\u2019encha\u00eenent. Malgr\u00e9 tout, \u00e0 la fin, quelques-uns disent \u00e7a donne envie de dessiner, de peindre. On ne sait pas si c\u2019est sinc\u00e8re ou par pure politesse, ou encore si sont de bons \u00e9l\u00e8ves toujours plus ou moins en repr\u00e9sentation devant leur ma\u00eetresse. Mais malgr\u00e9 cela, le temps pourri,et la fin du monde, \u00e7a vaut le coup. \u00c7a vaut toujours le coup de discuter peinture avec les enfants.\n\nUn homme s\u2019installe \u00e0 la terrasse d\u2019un caf\u00e9 parisien. Il sort un calepin, un stylo et il se met \u00e0 \u00e9crire. Il est absorb\u00e9 par ce qu\u2019il est en train d\u2019\u00e9crire, le monde autour n\u2019existe pas. C\u2019est peut-\u00eatre \u00e7a le bonheur et le malheur d\u2019\u00e9crire tout \u00e0 la fois.\n\nPour celui qui observe l\u2019homme en train d\u2019\u00e9crire, victime de sa propre fascination, il y a des chances pour que rien d\u2019autre n\u2019existe qu\u2019un homme en train d\u2019\u00e9crire \u00e0 la table devant lui. Observer quelqu\u2019un en train d\u2019\u00e9crire peut tout autant nous retirer du monde.\n\nA quoi pense t\u2019on quand on voit un homme entrer dans ce caf\u00e9, sortir un calepin, un stylo et se jeter t\u00eate la premi\u00e8re dans l\u2019\u00e9criture ? On peut penser \u00e0 une certaine forme de solitude, \u00e0 une repr\u00e9sentation th\u00e9\u00e2trale, on pourrait imaginer un homme dont le but serait de se donner en spectacle. Regardez tous je suis en train d\u2019\u00e9crire. Ou encore du m\u00e9pris, je ne tiens absolument pas compte de vous, du monde dans lequel vous \u00eates, regardez je prends mon calepin, mon stylo et je disparais dans la longue cohorte de signes que j\u2019aligne les uns \u00e0 la suite des autres.\n\nQu\u2019est-ce qu\u2019il peut bien \u00eatre en train d\u2019\u00e9crire cet homme. On pense presque aussit\u00f4t \u00e0 un journal, ou encore \u00e0 un r\u00e9cit, une nouvelle, des notes pour un roman en cours. On pense beaucoup plus rarement \u00e0 un brouillon de lettre d\u2019amour, un brouillon de lettre de d\u00e9mission, \u00e0 une lettre \u00e0 son p\u00e8re, \u00e0 une lettre de motivation. Peut-\u00eatre n\u2019est-il rien d\u2019autre qu\u2019un fouineur, un d\u00e9tective priv\u00e9 en train d\u2019effectuer un rapport d\u2019adult\u00e8re. Ou encore pire un comptable. Ce ne sont peut-\u00eatre rien d\u2019autre que des suites de chiffres qu\u2019il est en train d\u2019aligner.\n\nUn homme s\u2019installe \u00e0 la terrasse d\u2019un caf\u00e9. Pourquoi n\u2019ai je rien d\u2019autre \u00e0 faire que de l\u2019observer, que d\u2019y penser. Ce pourrait aussi \u00eatre une tr\u00e8s bonne question \u00e0 me poser.\n\nAi-je pris le temps d'observer l'homme pour ce qu'il est vraiment. Froidement. Bien s\u00fbr que non. Il a \u00e9t\u00e9 imm\u00e9diatement class\u00e9 dans une cat\u00e9gorie. La cat\u00e9gorie des hommes qui \u00e9crivent dans les caf\u00e9s. Probable que cela soit aussi la cat\u00e9gorie des \u00e9crivains, peut-\u00eatre celle des journalistes. Cat\u00e9gories arbitraires \u00e9videmment. Car un \u00e9crivain peut tr\u00e8s bien \u00e9crire chez lui de m\u00eame qu'un journaliste. Si je pousse encore plus loin ma pens\u00e9e, n'est-ce pas parce que j'ai moi-m\u00eame \u00e9crit dans de nombreux caf\u00e9s parisiens que m'est venue spontan\u00e9ment cette interpr\u00e9tation. On ne voit gu\u00e8re plus loin que le bout de son nez. C'est un fait. On devrait toujours s'en rappeler. Notamment quand l'attraction devient aussi forte, c'est parce qu'on reconnait quelque chose qui n'appartient qu'\u00e0 nous-m\u00eames. \n\nUn homme s'est install\u00e9 \u00e0 la table devant la mienne. Il est entre deux \u00e2ges. J'ai toujours une fichue difficult\u00e9 \u00e0 donner un \u00e2ge. Disons la cinquantaine. Il est v\u00eatu sobrement. Pour un peu il pourrait passer inaper\u00e7u. D'ailleurs mon regard fait le tour de la terrasse, il n'y a bien que moi qui regarde cet homme. Les autres consommateurs sont plut\u00f4t perdus dans leurs pens\u00e9es, ou encore \u00e0 regarder leurs \u00e9crans de smartphone, d'autres fument en levant le nez au ciel. Ceux qui sont en couple cherchent des compromis. Le loufiat slalome entre les tables. C'est certainement un homme d'exp\u00e9rience, de m\u00e9tier, d\u00e9tectable \u00e0 son agilit\u00e9 et l'\u00e9conomie de ses pas. Je garde un \u0153il sur l'homme qui \u00e9crit en essayant d'agrandir le p\u00e9rim\u00e8tre. De reprendre peu \u00e0 peu contact avec le monde. Des pigeons lourdauds zigzaguent entre les tables, se faisant d\u00e9pouiller les miettes de pain par des moineaux. De mon point de vue les oiseaux expliquent \u00e0 eux seuls une grande partie du monde tel qu'il est vraiment. Lourdeur, pesanteur, contre agilit\u00e9, fluidit\u00e9, rapidit\u00e9. \n\nUn homme s'est install\u00e9 \u00e0 la table de ce caf\u00e9 o\u00f9 je me rends r\u00e9guli\u00e8rement pour \u00e9crire moi-m\u00eame. Il a sorti son calepin son stylo et il s'est mis \u00e0 \u00e9crire. La fascination dans laquelle je me suis soudain retrouv\u00e9 provient de toute \u00e9vidence d'un ph\u00e9nom\u00e8ne de reflet. Je n'ai d'ailleurs pas sorti calepin ni stylo. Je me suis content\u00e9 d'observer. \n\nLa r\u00e9daction d'un billet de blog ne devrait pas surprendre le lecteur. Apr\u00e8s tout on est conduit sur un blog suite \u00e0 une requ\u00eate. Aujourd'hui cela se passe comme \u00e7a. Si je tape extinction de l'esp\u00e8ce sur Google ce billet pourrait avoir des chances d'apparaitre vers la centi\u00e8me page que propose le moteur de recherches. Qui est assez patient pour feuilleter un moteur de recherche jusqu'\u00e0 cent pages... personne je crois. Donc je peux bien \u00e9crire tout ce qui me chante sur ce billet de blog \u00e9tant donn\u00e9 le faible pourcentage de chances qu'il apparaisse en premi\u00e8re page.\n\nLes gens adorent les histoires. Les histoires sont toujours les m\u00eames. On peut imaginer qu'une histoire soit diff\u00e9rente d'une autre, mais en fait il y a de grandes chances pour qu'on d\u00e9couvre qu'on connait d\u00e9j\u00e0 l'histoire au fur et \u00e0 mesure qu'on la lira qu'on s'en souvienne.\n\nSur quoi peut-on innover dans ce cas ? L'absence d'histoire ? Ecrire des textes sans histoire ? On peut avoir ce but bien s\u00fbr. Mais le lecteur veut une histoire. Si vous ne lui donnez pas une histoire il l'inventera de lui-m\u00eame. Il dira voici un homme qui a sorti son calepin, son stylo dans un caf\u00e9 parisien, voici un homme en train d'\u00e9crire quelque chose. On ne sait pas ce qu'il \u00e9crit. Qu'est-ce qu'il peut bien \u00eatre en train d'\u00e9crire cet homme ? voil\u00e0, on est d\u00e9j\u00e0 dans une histoire sans m\u00eame rien savoir de ce que l'homme est en train d'\u00e9crire. \n\nJe pourrais aussi ajouter \u00e0 ce billet la recette de la tourte aux pommes de terre. \u00e7a pourrait constituer un \u00e9l\u00e9ment narratif. Incongru certainement mais sommes-nous \u00e0 une incongruit\u00e9 pr\u00e8s ? \n\nIl faudra vous munir de deux p\u00e2tes bris\u00e9es ou feuillet\u00e9es. Personnellement j'ai une pr\u00e9f\u00e9rence pour la p\u00e2te bris\u00e9e, son aspect rustique. \n\nIl vous faudra quelques pommes de terre, 5 ou 6 assez charnues. \n\nDes oignons, de la cr\u00e8me fraiche , un couteau, un four, du persil.\n\ncoupez les pommes de terre en tranches pas trop fines pas trop \u00e9paisses \n\ncoupez les oignons en tranches idem\n\nEnsuite mettez donc la p\u00e2te au fond d'un plat \u00e0 tarte\n\n( vous pouvez conserver le papier sulfuris\u00e9 \u00e7a \u00e9vite de mettre des mati\u00e8res grasses et c'est plus facile \u00e0 nettoyer ensuite) \n\nune couche de pomme de terre une couche d'oignon, sel, poivre, persil \n\non recommence jusqu'au bord du plat \u00e0 tarte.\n\nEnsuite on recouvre le tout avec la seconde p\u00e2te. On perce une petite chemin\u00e9e dans le centre pour que la tourte n'explose pas\n\nFour \u00e0 200 degr\u00e9s, 45 minutes de cuissson\n\nEnsuite on verse la cr\u00e8me fraiche \u00e9paisse par la chemin\u00e9e, on renfourne encore cinq minutes.\n\nPeut se manger chaud, ti\u00e8de ou froid. \n\nExcellent comme plat du soir avec un peu de salade verte.\n\nUn billet de blog peut \u00eatre vraiment quelque chose de tr\u00e8s bizarre. Si on ne tient pas \u00e0 \u00eatre absolument dans les premi\u00e8res pages de google \u00e9videmment.\n\nCela me fait penser \u00e0 ces vieux bouquins les tout en un j'adorais fourr\u00e9 mon nez dedans par temps de pluie. On pouvait passer ainsi une matin\u00e9e une apr\u00e8s-midi enti\u00e8re \u00e0 naviguer d'un article \u00e0 l'autre sans s'ennuyer le moins du monde. Tout \u00e0 fait autre chose que d'aller se balader dans la campagne. Surtout quand on connait la campagne comme sa poche.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/choses-dont-je-peux-facilement-me-passer.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/choses-dont-je-peux-facilement-me-passer.html", "title": "Choses dont je peux facilement me passer", "date_published": "2023-05-16T04:53:47Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Alors l\u00e0, les choses se bousculent au portillon. L\u2019embarras du choix guette. Il faudrait mettre en place un dispositif pour organiser toutes ces choses. Leur offrir la possibilit\u00e9 de se ranger dans des cat\u00e9gories les calmeraient peut-\u00eatre.
Le s\u00e9rieux. Le ridicule absolu du s\u00e9rieux. Dans lequel je tombe instinctivement comme dans un refuge. De fa\u00e7on inconsciente. Par pur mim\u00e9tisme de que ce j\u2019imagine du s\u00e9rieux.
Monsieur Loyal n\u2019arrive pas \u00e0 occulter Auguste. Mais Auguste ne peut exister que parce que Monsieur Loyal croit dans son propre s\u00e9rieux.
Puis je me passer du s\u00e9rieux comme de la fantaisie ? Que se passerait-il sans ces deux l\u00e0 ?
Ce ne serait pas facile.
Ce serait m\u00eame difficile.
Je ne peux pas me passer du s\u00e9rieux comme je l\u2019entends pour acc\u00e9der \u00e0 une possibilit\u00e9 de fantaisie.<\/p>\n

Ai-je donc besoin de la fantaisie \u00e0 ce point ? Ne suis-je pas fatigu\u00e9 de la fantaisie apr\u00e8s toutes ces ann\u00e9es ? Est-ce que je ne suis pas victime d\u2019une de mes croyances et qui ne cesse de me dire que si je perds la fantaisie je perds tout, qu\u2019il en sera compl\u00e8tement fini de moi. Que je ne serai plus qu\u2019un bidule tournoyant encore quelques instants avant d\u2019\u00eatre aspir\u00e9 par le maelstrom d\u2019un \u00e9vier qui se vide ?<\/p>\n

Ai-je besoin de fantaisie et d\u2019abord qu\u2019est ce que j\u2019appelle fantaisie ? Ne serait-ce pas plut\u00f4t de la magie ? Cette vieille et ch\u00e8re chose qui vient de l\u2019enfance et sur laquelle je n\u2019ai jamais pu tirer un trait d\u00e9finitif ? La croyance en la magie comme r\u00e9sistance farouche au s\u00e9rieux, \u00e0 la tristesse g\u00e9n\u00e9rale du monde. Encore que je dis triste, c\u2019est encore un point de vue. Le monde n\u2019est pas plus triste que gai dans l\u2019absolu, il n\u2019est qu\u2019une constellation de points de vue et qui peuvent se modifier suivant telle ou telle circonstance.
La victoire du Paris Saint Germain. Le couronnement d\u2019un roi cacochyme, un film de Stanley Kubrick r\u00e9alis\u00e9 en 1969 pour faire croire \u00e0 un alunissage. La mont\u00e9e des eaux, la baisse du pouvoir d\u2019achat. Le passage \u00e0 l\u2019euro. La chute du Cac 40, l\u2019invention du twist, du sextant, du fil \u00e0 couper le beurre, du rouleau de caoutchouc pour \u00e9plucher l\u2019ail. La liste est longue et surtout infinie. Car on invente toujours quelque chose de nouveau depuis la nuit des temps.
Le monde peut-\u00eatre aussi bien triste que gai suivant le bout de la lorgnette qu\u2019on prendra pour l\u2019observer. Et on le sait l\u2019observateur fait int\u00e9gralement partie d\u00e9sormais de l\u2019exp\u00e9rience.
\u00c7a change la donne d\u00e9sormais de le savoir.<\/p>\n

Si Magellan, Christophe Colomb, Hitler l\u2019avaient su le monde serait il ce qu\u2019il est ?<\/p>\n

Cette tendance f\u00e2cheuse \u00e0 \u00e9puiser le propos, \u00e0 le presser jusqu\u2019\u00e0 la derni\u00e8re goutte. Pourrais-je m\u2019en passer facilement ? Je ne le crois pas car cette fa\u00e7on d\u2019\u00e9puiser les choses me sert de pens\u00e9e. Si je n\u2019\u00e9puise pas aussit\u00f4t une id\u00e9e qui passe je n\u2019ai pas de pens\u00e9e. La pens\u00e9e est synonyme d\u2019\u00e9puisement. Voil\u00e0 la v\u00e9rit\u00e9 vraie.<\/p>\n

Pourrais-je me passer de penser alors ? J\u2019y ai souvent pens\u00e9. J\u2019y pense encore. \u00catre silencieux et tout entier dans la sensation d\u2019\u00eatre l\u00e0, situation parfaitement intenable. Je ne peux tenir longtemps ainsi, je m\u2019\u00e9croule dans la pens\u00e9e presque instantan\u00e9ment.
Certaines personnes ne supportent pas le silence. Ils ne peuvent tenir dans le silence. Ils s\u2019effondrent dans la parole.
Peut-\u00eatre parce qu\u2019ils ont une vision trop exigu\u00eb du silence. Une vision qui les inqui\u00e8te, qui les met mal \u00e0 l\u2019aise.
Puis me passer facilement de cette sensation de malaise provoqu\u00e9e par le silence ou bien n\u2019est-elle pas plutot consubstantielle \u00e0 ma propre parole ? C\u2019est \u00e0 dire que sans malaise je ne pourrais jamais aligner deux mots. Sans malaise je serais muet totalement.<\/p>\n

Est-ce si g\u00eanant d\u2019\u00eatre muet totalement ? Il faudrait en rechercher l\u2019avantage plut\u00f4t que les inconv\u00e9nients. Ceux qui ne parlent pas ont l\u2019air de penser bien plus de choses et beaucoup plus profond\u00e9ment que ceux qui parlent sans arr\u00eat.
Ils imposent un certain respect, une sorte de crainte, un malaise. Ceux qui ne parlent pas me font toujours beaucoup parler.
Pourrais-je changer cela une bonne fois pour toutes ?<\/p>\n

Est-ce utile vraiment d\u2019\u00eatre dot\u00e9 un tel r\u00e9flexe pavlovien ?<\/p>\n

Une difficult\u00e9 de classement se fait jour. Classer les choses dont je peux me passer. Les ranger dans des boites, les monter au grenier ou les descendre \u00e0 la cave. Peut-\u00eatre qu\u2019une fois que ce sera fait j\u2019y verrai un peu plus clair.<\/p>\n

Est-ce si utile d\u2019y voir clair ? Il me semble aussi que dans ma vie plus j\u2019y ai vu clair plus je me suis rendu malheureux.
Est-ce si utile de se rendre ainsi malheureux pour y voir clair ?<\/p>", "content_text": "\n\nAlors l\u00e0, les choses se bousculent au portillon. L\u2019embarras du choix guette. Il faudrait mettre en place un dispositif pour organiser toutes ces choses. Leur offrir la possibilit\u00e9 de se ranger dans des cat\u00e9gories les calmeraient peut-\u00eatre.\n\nLe s\u00e9rieux. Le ridicule absolu du s\u00e9rieux. Dans lequel je tombe instinctivement comme dans un refuge. De fa\u00e7on inconsciente. Par pur mim\u00e9tisme de que ce j\u2019imagine du s\u00e9rieux.\n\nMonsieur Loyal n\u2019arrive pas \u00e0 occulter Auguste. Mais Auguste ne peut exister que parce que Monsieur Loyal croit dans son propre s\u00e9rieux.\n\nPuis je me passer du s\u00e9rieux comme de la fantaisie ? Que se passerait-il sans ces deux l\u00e0 ?\n\nCe ne serait pas facile.\n\nCe serait m\u00eame difficile.\n\nJe ne peux pas me passer du s\u00e9rieux comme je l\u2019entends pour acc\u00e9der \u00e0 une possibilit\u00e9 de fantaisie.\n\nAi-je donc besoin de la fantaisie \u00e0 ce point ? Ne suis-je pas fatigu\u00e9 de la fantaisie apr\u00e8s toutes ces ann\u00e9es ? Est-ce que je ne suis pas victime d\u2019une de mes croyances et qui ne cesse de me dire que si je perds la fantaisie je perds tout, qu\u2019il en sera compl\u00e8tement fini de moi. Que je ne serai plus qu\u2019un bidule tournoyant encore quelques instants avant d\u2019\u00eatre aspir\u00e9 par le maelstrom d\u2019un \u00e9vier qui se vide ?\n\nAi-je besoin de fantaisie et d\u2019abord qu\u2019est ce que j\u2019appelle fantaisie ? Ne serait-ce pas plut\u00f4t de la magie ? Cette vieille et ch\u00e8re chose qui vient de l\u2019enfance et sur laquelle je n\u2019ai jamais pu tirer un trait d\u00e9finitif ? La croyance en la magie comme r\u00e9sistance farouche au s\u00e9rieux, \u00e0 la tristesse g\u00e9n\u00e9rale du monde. Encore que je dis triste, c\u2019est encore un point de vue. Le monde n\u2019est pas plus triste que gai dans l\u2019absolu, il n\u2019est qu\u2019une constellation de points de vue et qui peuvent se modifier suivant telle ou telle circonstance.\n\nLa victoire du Paris Saint Germain. Le couronnement d\u2019un roi cacochyme, un film de Stanley Kubrick r\u00e9alis\u00e9 en 1969 pour faire croire \u00e0 un alunissage. La mont\u00e9e des eaux, la baisse du pouvoir d\u2019achat. Le passage \u00e0 l\u2019euro. La chute du Cac 40, l\u2019invention du twist, du sextant, du fil \u00e0 couper le beurre, du rouleau de caoutchouc pour \u00e9plucher l\u2019ail. La liste est longue et surtout infinie. Car on invente toujours quelque chose de nouveau depuis la nuit des temps.\n\nLe monde peut-\u00eatre aussi bien triste que gai suivant le bout de la lorgnette qu\u2019on prendra pour l\u2019observer. Et on le sait l\u2019observateur fait int\u00e9gralement partie d\u00e9sormais de l\u2019exp\u00e9rience.\n\n\u00c7a change la donne d\u00e9sormais de le savoir.\n\nSi Magellan, Christophe Colomb, Hitler l\u2019avaient su le monde serait il ce qu\u2019il est ?\n\nCette tendance f\u00e2cheuse \u00e0 \u00e9puiser le propos, \u00e0 le presser jusqu\u2019\u00e0 la derni\u00e8re goutte. Pourrais-je m\u2019en passer facilement ? Je ne le crois pas car cette fa\u00e7on d\u2019\u00e9puiser les choses me sert de pens\u00e9e. Si je n\u2019\u00e9puise pas aussit\u00f4t une id\u00e9e qui passe je n\u2019ai pas de pens\u00e9e. La pens\u00e9e est synonyme d\u2019\u00e9puisement. Voil\u00e0 la v\u00e9rit\u00e9 vraie.\n\nPourrais-je me passer de penser alors ? J\u2019y ai souvent pens\u00e9. J\u2019y pense encore. \u00catre silencieux et tout entier dans la sensation d\u2019\u00eatre l\u00e0, situation parfaitement intenable. Je ne peux tenir longtemps ainsi, je m\u2019\u00e9croule dans la pens\u00e9e presque instantan\u00e9ment.\n\nCertaines personnes ne supportent pas le silence. Ils ne peuvent tenir dans le silence. Ils s\u2019effondrent dans la parole.\n\nPeut-\u00eatre parce qu\u2019ils ont une vision trop exigu\u00eb du silence. Une vision qui les inqui\u00e8te, qui les met mal \u00e0 l\u2019aise.\n\nPuis me passer facilement de cette sensation de malaise provoqu\u00e9e par le silence ou bien n\u2019est-elle pas plutot consubstantielle \u00e0 ma propre parole ? C\u2019est \u00e0 dire que sans malaise je ne pourrais jamais aligner deux mots. Sans malaise je serais muet totalement.\n\nEst-ce si g\u00eanant d\u2019\u00eatre muet totalement ? Il faudrait en rechercher l\u2019avantage plut\u00f4t que les inconv\u00e9nients. Ceux qui ne parlent pas ont l\u2019air de penser bien plus de choses et beaucoup plus profond\u00e9ment que ceux qui parlent sans arr\u00eat. \n\nIls imposent un certain respect, une sorte de crainte, un malaise. Ceux qui ne parlent pas me font toujours beaucoup parler.\n\nPourrais-je changer cela une bonne fois pour toutes ?\n\nEst-ce utile vraiment d\u2019\u00eatre dot\u00e9 un tel r\u00e9flexe pavlovien ?\n\nUne difficult\u00e9 de classement se fait jour. Classer les choses dont je peux me passer. Les ranger dans des boites, les monter au grenier ou les descendre \u00e0 la cave. Peut-\u00eatre qu\u2019une fois que ce sera fait j\u2019y verrai un peu plus clair.\n\nEst-ce si utile d\u2019y voir clair ? 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\"\"<\/p>\n

Un effort mental sera n\u00e9cessaire. Peut-\u00eatre un saut quantique. Pour sauter par dessus l\u2019\u00e9vidence premi\u00e8re. LE FAMEUX POINT GRIS.<\/p>\n

Tr\u00e8s difficile \u00e0 saisir ce concept lorsqu\u2019on est totalement immerg\u00e9 dans l\u2019\u00e9vidence. Qu\u2019on n\u2019imagine pas m\u00eame un au-del\u00e0 de l\u2019\u00e9vidence.
La peinture est un excellent exercice pour apprendre \u00e0 sauter par dessus la surface d\u2019une toile. Pour ne pas tenir compte de la satisfaction ou de l\u2019insatisfaction EVIDENTES qu\u2019elle nous renvoie<\/p>\n

Il ne faut pas pour autant imaginer que ce sera mieux ensuite, ou pire. L\u2019int\u00e9r\u00eat ne se situe pas dans un r\u00e9sultat. Mais dans ce cheminement extr\u00eamement difficile de percevoir que quelque chose cloche dans l\u2019\u00e9vidence et de tenter de vouloir l\u2019\u00e9lucider.<\/p>\n

Donc il y a le fameux point gris. Celui dont la plupart se satisferont parce qu\u2019il ressemble \u00e0 un bon vieux point gris qui nous aveugle confortablement dans un confort une satisfaction.
Ce n\u2019est absolument pas normal de vouloir sauter par dessus, il faut aussi le savoir. On vous prendra pour un fou, pour un malade, il faut accepter tous les qualificatifs sans broncher. Passer outre.<\/p>\n

Ensuite des ann\u00e9es pour prendre son \u00e9lan.
Et un jour le saut s\u2019effectue tout seul, hors de toute volont\u00e9 personnelle. D\u2019ailleurs peut-\u00eatre que ce sont les vases communicants authentiques.<\/p>\n

Plus de volont\u00e9, paf vous sautez par dessus l\u2019\u00e9vidence.<\/p>", "content_text": "\n\nUn effort mental sera n\u00e9cessaire. Peut-\u00eatre un saut quantique. Pour sauter par dessus l\u2019\u00e9vidence premi\u00e8re. LE FAMEUX POINT GRIS.\n\nTr\u00e8s difficile \u00e0 saisir ce concept lorsqu\u2019on est totalement immerg\u00e9 dans l\u2019\u00e9vidence. Qu\u2019on n\u2019imagine pas m\u00eame un au-del\u00e0 de l\u2019\u00e9vidence.\n\nLa peinture est un excellent exercice pour apprendre \u00e0 sauter par dessus la surface d\u2019une toile. Pour ne pas tenir compte de la satisfaction ou de l\u2019insatisfaction EVIDENTES qu\u2019elle nous renvoie\n\nIl ne faut pas pour autant imaginer que ce sera mieux ensuite, ou pire. L\u2019int\u00e9r\u00eat ne se situe pas dans un r\u00e9sultat. Mais dans ce cheminement extr\u00eamement difficile de percevoir que quelque chose cloche dans l\u2019\u00e9vidence et de tenter de vouloir l\u2019\u00e9lucider.\n\nDonc il y a le fameux point gris. Celui dont la plupart se satisferont parce qu\u2019il ressemble \u00e0 un bon vieux point gris qui nous aveugle confortablement dans un confort une satisfaction.\n\nCe n\u2019est absolument pas normal de vouloir sauter par dessus, il faut aussi le savoir. On vous prendra pour un fou, pour un malade, il faut accepter tous les qualificatifs sans broncher. Passer outre.\n\nEnsuite des ann\u00e9es pour prendre son \u00e9lan.\n\nEt un jour le saut s\u2019effectue tout seul, hors de toute volont\u00e9 personnelle. D\u2019ailleurs peut-\u00eatre que ce sont les vases communicants authentiques.\n\nPlus de volont\u00e9, paf vous sautez par dessus l\u2019\u00e9vidence.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/encore-du-protocole.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/encore-du-protocole.html", "title": "Encore du protocole", "date_published": "2023-05-16T03:46:59Z", "date_modified": "2025-07-07T05:17:38Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Il faut que je m\u2019y mette.<\/p>\n

Tout le monde peut le faire pourquoi pas moi. En quoi respecter un protocole me g\u00eanera t\u2019il l encore ?
Au point o\u00f9 j\u2019en suis d\u00e9sormais. Qu\u2019ai-je \u00e0 perdre.
Respecter la phrase qui sort comme elle sort.
Ne pas essayer de la rendre intelligible.
Dans un premier temps et lieu un travail de recueil.
J\u2019ai recueillis l\u2019opinion autrefois je sais de quoi je parle.
Avez-vous entendu parler de Marine Le Pen, Oui ou non ? Et vous diriez que vous lui faites
Absolument confiance
Assez confiance
Moyennement
Peu
Pas du tout ?
Ne pas proposer le NSP.
Pas de r\u00e9ponse libre non plus, pas de pour et de contre
Relancer en r\u00e9p\u00e9tant les items jusqu\u2019\u00e0 ce que l\u2019on vous r\u00e9ponde ou vous raccroche au nez.<\/p>\n

Mais comment j\u2019ai pu tenir toutes ces ann\u00e9es est encore un myst\u00e8re. L\u2019espoir fait vivre. C\u2019est bien vrai. J\u2019esp\u00e9rais devenir quelqu\u2019un d\u2019autre vous voyez. C\u2019est toujours bien mieux chez les autres. Dans l\u2019assiette de l\u2019autre. Et dire que j\u2019ai toujours d\u00e9test\u00e9 qu\u2019on vienne picorer dans la mienne.<\/p>\n

Devenir Henri, John, Franz, Ren\u00e9-Maria, Arthur, Victor.
Merde alors mais c\u2019est vrai que je n\u2019appr\u00e9ciais pas mon pr\u00e9nom.
Dans la prononciation toujours une trique, un coup, une humiliation.
Et pour entrer dans l\u2019autre il faut bien un vecteur.
La lecture, fut le vecteur.<\/p>\n

Je me suis sacrifi\u00e9 pour toi et voil\u00e0 tout ce que tu trouves. Vouloir \u00eatre un autre ? Avec tout ce que j\u2019ai fait pour toi. Nous nous sommes saign\u00e9s \u00e0 blanc pour que tu fasses des \u00e9tudes, voil\u00e0 comment tu nous remercies. Tu nous dois le respect. Tu ne peux pas nous parler comme \u00e7a. Tu crois qu\u2019il n\u2019y a que toi au monde voil\u00e0 le foutu probl\u00e8me. Tu n\u2019en as rien \u00e0 foutre des autres. Beaucoup de foutre en ce temps l\u00e0.<\/p>\n

Concernant votre ligne t\u00e9l\u00e9phonique diriez vous que vous en \u00eatre
Tr\u00e9s satisfait
Assez
Moyennement
Peu
Pas du tout
( \u00e9vitez le nsp , relancez )<\/p>\n

Je ne savais pas que c\u2019\u00e9tait impossible alors je l\u2019ai fait. Ils me l\u2019ont dit maintes fois. Tu ne peux pas vivre comme au XIX \u00e8me. Tu ne peux pas imaginer \u00eatre aussi romanesque. D\u2019autant que lorsque je jetais \u00e0 coup d\u2019\u0153il furtif sur leur modernit\u00e9 j\u2019avais tout suite envie de gerber.<\/p>\n

Et puis ils ont r\u00e9sum\u00e9 cela ainsi, le XIX \u00e8me si\u00e8cle.. Rien n\u2019est moins s\u00fbr. Ils sont tellement ignorants de ce qu\u2019est l\u2019\u00e9criture. On prend peu \u00e0 peu de la distance avec les \u00eatres chers. Plus on lit plus on prend de la distance. Je n\u2019invente rien ce sont les faits.<\/p>\n

Je n\u2019ai jamais vraiment regrett\u00e9 de partir. J\u2019ai regrett\u00e9 les gens, un peu, parfois m\u00eame beaucoup, \u00e9norm\u00e9ment, mais pas les lieux, pas l\u2019atmosph\u00e8re.<\/p>\n

Toute cette col\u00e8re est encore tr\u00e8s pr\u00e9sente. D\u2019autant plus sans doute que je ne suis pas parvenu \u00e0 \u00eatre Henri, John, Franz, Ren\u00e9-Maria, Arthur, Victor.
je ne suis pas parvenu \u00e0 \u00eatre un autre que celui que je suis. M\u00eame si on ne se baigne pas deux fois dans la m\u00eame salle de bain. Quand on a une salle de bain.<\/p>\n

Est-ce si grave d\u2019\u00eatre ce que je suis ? Et qui suis-je d\u2019ailleurs pour en juger vraiment ?
Il faudrait que je parvienne \u00e0 me regarder du dehors.
Cela pourrait faire un admirable protocole c\u2019est exact.<\/p>\n

Et si en plus je d\u00e9place la cible, si je ne me regardais pas moi, mais quoique ce soit d\u2019autre est-ce que ce ne serait pas encore plus agr\u00e9able, moins nocif, moins toxique<\/p>\n

Il faudrait pouvoir se r\u00e9veiller avec l\u2019envie de faire plaisir \u00e0 quelqu\u2019un. J\u2019ai lu \u00e7a il n\u2019y a pas longtemps<\/p>\n

\u00c7a pourrait aussi \u00eatre un protocole. On pourrait fusionner plusieurs protocoles en un.<\/p>\n

Parler par exemple d\u2019un tableau peint par Henri, John, Franz, Ren\u00e9-Maria, Arthur, Victor. Avec l\u2019intention de n\u2019en dire que du bien, d\u2019apporter un peu de plaisir \u00e0 ceux qui l\u2019\u00e9couteront ou le liront.
Cela demande quoi comme ressource ?
S\u2019oublier un peu le temps d\u2019un petit texte de 500 ou 1000 mots. Pas la mer \u00e0 boire.<\/p>\n

Le probl\u00e8me c\u2019est que tu ne peux parler de rien s\u2019en t\u2019en servir comme support ou miroir. Il faut une sacr\u00e9e dose de distraction pour ne pas se rendre compte qu\u2019on parle de soi \u00e0 pr\u00e9sent.<\/p>\n

Je crois que le probl\u00e8me se tient l\u00e0. Les gens demandent \u00e0 \u00eatre distraits d\u2019eux-m\u00eames. Peut-\u00eatre que toi tu cherches \u00e0 te distraire de toi en premier lieu et que tu projettes \u00e7a sur le monde entier. Comme on fait son lit on se couche.<\/p>\n

C\u2019est difficile de vraiment voir les choses du dehors. On est oblig\u00e9 d\u2019inventer un dehors. Comment invente t\u2019on un dehors ?<\/p>\n

Peut-\u00eatre en allant de plus en plus profond\u00e9ment dans le dedans, les choses \u00e0 un moment s\u2019inversent t\u2019elles, le dedans devient le dehors. On ne sait plus qui l\u2019on est ni qui sont les autres.<\/p>\n

Le protocole serait donc et ce de toute urgence une plong\u00e9e dans le dedans. Avec l\u2019espoir d\u2019en ressortir les yeux brid\u00e9s. Il faut bien un espoir, peu importe lequel apr\u00e8s tout.<\/p>\n

Il est peut-\u00eatre utile de poser quelques limites. La pi\u00e8ce dans laquelle tu te tiens. C’est encore trop vaste. La table alors ?<\/p>\n

Faire l’inventaire de tout ce qui se trouve sur cette table. Reprendre les choses au commencement.<\/p>\n

Je jette un coup d’\u0153il rapide et je ne vois que du bordel. Rien n’a de sens ici sur la table. On y trouve p\u00ealem\u00eale des papiers administratifs \u00e9tal\u00e9s, des c\u00e2bles informatiques, une plaquette de pastilles, un mug, des cartes bancaires p\u00e9rim\u00e9es, des disques durs, certains fonctionnent encore d’autres sont fichus, un classeur vide, deux \u00e9crans d’ordinateur, un appareil photographique de la marque canon, un pot avec des crayons et des stylos, une souche de ch\u00e9quier, des batteries de remplacement, un taille crayon, un couteau suisse, un caisson de basse, des trombones rassembl\u00e9s en collier, des cartouches d’encre usag\u00e9es, un briquet usag\u00e9, des tickets de carte bancaire datant de plusieurs ann\u00e9es. Des notes manuscrites \u00e9parses. Une liste de courses. un trousseau de clefs appartenant \u00e0 une voiture que je ne poss\u00e8de plus. Des gommes. Une paire de ciseaux. Une fiche couche de poussi\u00e8re.<\/p>\n

C’est une grande table en verre. Je l’ai achet\u00e9e en revenant de Suisse en 2003. J’avais les poches pleines. Je m’\u00e9tais rendu chez IKEA et j’avais achet\u00e9 de quoi me meubler. Je n’avais plus rien, \u00e0 part quelques cartons de textes, quelques v\u00eatements. Une voiture que je n’ai jamais termin\u00e9 de payer. J’avais rachet\u00e9 tout le mobilier \u00e0 l’\u00e9poque. Claqu\u00e9 tout le fric comme par d\u00e9pit. Un canap\u00e9 lit, un micro onde, une grande table en verre. Quelques \u00e9tag\u00e8res. Et bien sur un ordinateur. tout le pognon y est pass\u00e9 . Quand j’y r\u00e9fl\u00e9chis \u00e0 present je n’avais peut-\u00eatre pas tant d’argent que je l’imaginais. Et puis la France \u00e9tait pass\u00e9e \u00e0 l’EURO. Ce fut le choc. Le prix du pain \u00e9tait proprement hallucinant. tout le monde semble \u00e0 cette \u00e9poque avoir \u00e9t\u00e9 lobotomis\u00e9. Des jeteurs de sorts \u00e9taient pass\u00e9s. La confusion provenait du fait qu’un euro semblait \u00eatre un franc sur les \u00e9tiquettes.<\/p>\n

Rat\u00e9. Je repars aussit\u00f4t \u00e0 raconter encore ma vie.<\/p>\n

Il faudrait \u00e9laguer. S’\u00f4ter de tout \u00e7a. Disparaitre.<\/p>\n

Le protocole s’affine. Aller le plus loin possible dans le dedans, disparaitre.<\/p>\n

Une fois que ce sera clair, solide, j’auras certainement fait le plus gros, le plus difficile. Ensuite il ne restera plus qu’\u00e0 s’y atteler, suivre le protocole \u00e0 la lettre, ne pas louper une seule journ\u00e9e sous peine d’avoir tout \u00e0 recommencer.<\/p>\n

Trouver un protocole suffisamment amusant pour ne pas le zapper, prendre du plaisir \u00e0 y revenir. Trouver des avantages \u00e0 p\u00e9n\u00e9trer dans un protocole.<\/p>\n

Un protocole pour se tirer d’affaire du cancer que repr\u00e9sente l’histoire, le clich\u00e9, l’individualisme forcen\u00e9 ?<\/p>", "content_text": "\n\nIl faut que je m\u2019y mette. \n\nTout le monde peut le faire pourquoi pas moi. En quoi respecter un protocole me g\u00eanera t\u2019il l encore ?\n\nAu point o\u00f9 j\u2019en suis d\u00e9sormais. Qu\u2019ai-je \u00e0 perdre.\n\nRespecter la phrase qui sort comme elle sort.\n\nNe pas essayer de la rendre intelligible.\n\nDans un premier temps et lieu un travail de recueil.\n\nJ\u2019ai recueillis l\u2019opinion autrefois je sais de quoi je parle.\n\nAvez-vous entendu parler de Marine Le Pen, Oui ou non ? Et vous diriez que vous lui faites\n\nAbsolument confiance\n\nAssez confiance\n\nMoyennement\n\nPeu\n\nPas du tout ?\n\nNe pas proposer le NSP.\n\nPas de r\u00e9ponse libre non plus, pas de pour et de contre\n\nRelancer en r\u00e9p\u00e9tant les items jusqu\u2019\u00e0 ce que l\u2019on vous r\u00e9ponde ou vous raccroche au nez.\n\nMais comment j\u2019ai pu tenir toutes ces ann\u00e9es est encore un myst\u00e8re. L\u2019espoir fait vivre. C\u2019est bien vrai. J\u2019esp\u00e9rais devenir quelqu\u2019un d\u2019autre vous voyez. C\u2019est toujours bien mieux chez les autres. Dans l\u2019assiette de l\u2019autre. Et dire que j\u2019ai toujours d\u00e9test\u00e9 qu\u2019on vienne picorer dans la mienne.\n\nDevenir Henri, John, Franz, Ren\u00e9-Maria, Arthur, Victor.\n\nMerde alors mais c\u2019est vrai que je n\u2019appr\u00e9ciais pas mon pr\u00e9nom.\n\nDans la prononciation toujours une trique, un coup, une humiliation.\n\nEt pour entrer dans l\u2019autre il faut bien un vecteur.\n\nLa lecture, fut le vecteur.\n\nJe me suis sacrifi\u00e9 pour toi et voil\u00e0 tout ce que tu trouves. Vouloir \u00eatre un autre ? Avec tout ce que j\u2019ai fait pour toi. Nous nous sommes saign\u00e9s \u00e0 blanc pour que tu fasses des \u00e9tudes, voil\u00e0 comment tu nous remercies. Tu nous dois le respect. Tu ne peux pas nous parler comme \u00e7a. Tu crois qu\u2019il n\u2019y a que toi au monde voil\u00e0 le foutu probl\u00e8me. Tu n\u2019en as rien \u00e0 foutre des autres. Beaucoup de foutre en ce temps l\u00e0.\n\nConcernant votre ligne t\u00e9l\u00e9phonique diriez vous que vous en \u00eatre\n\nTr\u00e9s satisfait\n\nAssez\n\nMoyennement\n\nPeu\n\nPas du tout\n\n( \u00e9vitez le nsp , relancez )\n\nJe ne savais pas que c\u2019\u00e9tait impossible alors je l\u2019ai fait. Ils me l\u2019ont dit maintes fois. Tu ne peux pas vivre comme au XIX \u00e8me. Tu ne peux pas imaginer \u00eatre aussi romanesque. D\u2019autant que lorsque je jetais \u00e0 coup d\u2019\u0153il furtif sur leur modernit\u00e9 j\u2019avais tout suite envie de gerber.\n\nEt puis ils ont r\u00e9sum\u00e9 cela ainsi, le XIX \u00e8me si\u00e8cle.. Rien n\u2019est moins s\u00fbr. Ils sont tellement ignorants de ce qu\u2019est l\u2019\u00e9criture. On prend peu \u00e0 peu de la distance avec les \u00eatres chers. Plus on lit plus on prend de la distance. Je n\u2019invente rien ce sont les faits.\n\nJe n\u2019ai jamais vraiment regrett\u00e9 de partir. J\u2019ai regrett\u00e9 les gens, un peu, parfois m\u00eame beaucoup, \u00e9norm\u00e9ment, mais pas les lieux, pas l\u2019atmosph\u00e8re.\n\nToute cette col\u00e8re est encore tr\u00e8s pr\u00e9sente. D\u2019autant plus sans doute que je ne suis pas parvenu \u00e0 \u00eatre Henri, John, Franz, Ren\u00e9-Maria, Arthur, Victor.\n\nje ne suis pas parvenu \u00e0 \u00eatre un autre que celui que je suis. M\u00eame si on ne se baigne pas deux fois dans la m\u00eame salle de bain. Quand on a une salle de bain.\n\nEst-ce si grave d\u2019\u00eatre ce que je suis ? Et qui suis-je d\u2019ailleurs pour en juger vraiment ?\n\nIl faudrait que je parvienne \u00e0 me regarder du dehors.\n\nCela pourrait faire un admirable protocole c\u2019est exact.\n\nEt si en plus je d\u00e9place la cible, si je ne me regardais pas moi, mais quoique ce soit d\u2019autre est-ce que ce ne serait pas encore plus agr\u00e9able, moins nocif, moins toxique\n\nIl faudrait pouvoir se r\u00e9veiller avec l\u2019envie de faire plaisir \u00e0 quelqu\u2019un. J\u2019ai lu \u00e7a il n\u2019y a pas longtemps\n\n\u00c7a pourrait aussi \u00eatre un protocole. On pourrait fusionner plusieurs protocoles en un.\n\nParler par exemple d\u2019un tableau peint par Henri, John, Franz, Ren\u00e9-Maria, Arthur, Victor. Avec l\u2019intention de n\u2019en dire que du bien, d\u2019apporter un peu de plaisir \u00e0 ceux qui l\u2019\u00e9couteront ou le liront.\n\nCela demande quoi comme ressource ?\n\nS\u2019oublier un peu le temps d\u2019un petit texte de 500 ou 1000 mots. Pas la mer \u00e0 boire.\n\nLe probl\u00e8me c\u2019est que tu ne peux parler de rien s\u2019en t\u2019en servir comme support ou miroir. Il faut une sacr\u00e9e dose de distraction pour ne pas se rendre compte qu\u2019on parle de soi \u00e0 pr\u00e9sent.\n\nJe crois que le probl\u00e8me se tient l\u00e0. Les gens demandent \u00e0 \u00eatre distraits d\u2019eux-m\u00eames. Peut-\u00eatre que toi tu cherches \u00e0 te distraire de toi en premier lieu et que tu projettes \u00e7a sur le monde entier. Comme on fait son lit on se couche.\n\nC\u2019est difficile de vraiment voir les choses du dehors. On est oblig\u00e9 d\u2019inventer un dehors. Comment invente t\u2019on un dehors ?\n\nPeut-\u00eatre en allant de plus en plus profond\u00e9ment dans le dedans, les choses \u00e0 un moment s\u2019inversent t\u2019elles, le dedans devient le dehors. On ne sait plus qui l\u2019on est ni qui sont les autres.\n\nLe protocole serait donc et ce de toute urgence une plong\u00e9e dans le dedans. Avec l\u2019espoir d\u2019en ressortir les yeux brid\u00e9s. Il faut bien un espoir, peu importe lequel apr\u00e8s tout.\n\nIl est peut-\u00eatre utile de poser quelques limites. La pi\u00e8ce dans laquelle tu te tiens. C'est encore trop vaste. La table alors ? \n\nFaire l'inventaire de tout ce qui se trouve sur cette table. Reprendre les choses au commencement. \n\nJe jette un coup d'\u0153il rapide et je ne vois que du bordel. Rien n'a de sens ici sur la table. On y trouve p\u00ealem\u00eale des papiers administratifs \u00e9tal\u00e9s, des c\u00e2bles informatiques, une plaquette de pastilles, un mug, des cartes bancaires p\u00e9rim\u00e9es, des disques durs, certains fonctionnent encore d'autres sont fichus, un classeur vide, deux \u00e9crans d'ordinateur, un appareil photographique de la marque canon, un pot avec des crayons et des stylos, une souche de ch\u00e9quier, des batteries de remplacement, un taille crayon, un couteau suisse, un caisson de basse, des trombones rassembl\u00e9s en collier, des cartouches d'encre usag\u00e9es, un briquet usag\u00e9, des tickets de carte bancaire datant de plusieurs ann\u00e9es. Des notes manuscrites \u00e9parses. Une liste de courses. un trousseau de clefs appartenant \u00e0 une voiture que je ne poss\u00e8de plus. Des gommes. Une paire de ciseaux. Une fiche couche de poussi\u00e8re. \n\nC'est une grande table en verre. Je l'ai achet\u00e9e en revenant de Suisse en 2003. J'avais les poches pleines. Je m'\u00e9tais rendu chez IKEA et j'avais achet\u00e9 de quoi me meubler. Je n'avais plus rien, \u00e0 part quelques cartons de textes, quelques v\u00eatements. Une voiture que je n'ai jamais termin\u00e9 de payer. J'avais rachet\u00e9 tout le mobilier \u00e0 l'\u00e9poque. Claqu\u00e9 tout le fric comme par d\u00e9pit. Un canap\u00e9 lit, un micro onde, une grande table en verre. Quelques \u00e9tag\u00e8res. Et bien sur un ordinateur. tout le pognon y est pass\u00e9 . Quand j'y r\u00e9fl\u00e9chis \u00e0 present je n'avais peut-\u00eatre pas tant d'argent que je l'imaginais. Et puis la France \u00e9tait pass\u00e9e \u00e0 l'EURO. Ce fut le choc. Le prix du pain \u00e9tait proprement hallucinant. tout le monde semble \u00e0 cette \u00e9poque avoir \u00e9t\u00e9 lobotomis\u00e9. Des jeteurs de sorts \u00e9taient pass\u00e9s. La confusion provenait du fait qu'un euro semblait \u00eatre un franc sur les \u00e9tiquettes. \n\nRat\u00e9. Je repars aussit\u00f4t \u00e0 raconter encore ma vie. \n\nIl faudrait \u00e9laguer. S'\u00f4ter de tout \u00e7a. Disparaitre.\n\nLe protocole s'affine. Aller le plus loin possible dans le dedans, disparaitre.\n\nUne fois que ce sera clair, solide, j'auras certainement fait le plus gros, le plus difficile. Ensuite il ne restera plus qu'\u00e0 s'y atteler, suivre le protocole \u00e0 la lettre, ne pas louper une seule journ\u00e9e sous peine d'avoir tout \u00e0 recommencer.\n\nTrouver un protocole suffisamment amusant pour ne pas le zapper, prendre du plaisir \u00e0 y revenir. Trouver des avantages \u00e0 p\u00e9n\u00e9trer dans un protocole. \n\nUn protocole pour se tirer d'affaire du cancer que repr\u00e9sente l'histoire, le clich\u00e9, l'individualisme forcen\u00e9 ?", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/distance.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/distance.html", "title": "Distance", "date_published": "2023-05-15T05:20:51Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

Prendre de la distance. Effectuer un mouvement de recul. Ne pas rester coll\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9vidence. Se d\u00e9tacher peu \u00e0 peu de l’\u00e9vidence, du clich\u00e9, d’une id\u00e9e toute faite . Consid\u00e9rer l\u2019ensemble. Les tenants et aboutissants. Poss\u00e9der un peu de bon sens , le faire hurler si possible dans l\u2019\u00e9treinte afin qu\u2019il s\u2019amollisse devienne plus coulant. Puis s’installer en p\u00e9riph\u00e9rie, en marge, en orbite. Devenir spectateur sur les gradins. Trouver une bonne place si possible.<\/p>\n

Qu’y a t\u2019il donc \u00e0 voir ainsi qui ne soit d\u00e9j\u00e0 vu mille fois et revu. Ce n\u2019est sans doute pas ce qu\u2019il y a \u00e0 voir l\u2019important. C\u2019est le point de vue o\u00f9 on se situera pour voir. Chercher en premier lieu le point de vue. T\u00e2tonner au besoin. Ne pas emprunter les sentiers battus. Se perdre en consid\u00e9rations puis lever le nez, se fier aux \u00e9toiles.<\/p>\n

Estimer la distance. Respecter la distance. Appr\u00e9cier la distance. L\u2019appr\u00e9hender. La craindre. \u00c9valuer la distance. Se tenir \u00e0 bonne distance. Maintenir une distance. Gommer, effacer la distance. Briser la glace. Affronter la distance. Ne pas tenir compte de la distance. Subir le choc de plein fouet. Se retrouver en \u00e9tat de choc. Se remettre du choc.<\/p>\n

Recommencer \u00e0 prendre de la distance, etc, etc<\/p>", "content_text": "\n\nPrendre de la distance. Effectuer un mouvement de recul. Ne pas rester coll\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9vidence. Se d\u00e9tacher peu \u00e0 peu de l'\u00e9vidence, du clich\u00e9, d'une id\u00e9e toute faite . Consid\u00e9rer l\u2019ensemble. Les tenants et aboutissants. Poss\u00e9der un peu de bon sens , le faire hurler si possible dans l\u2019\u00e9treinte afin qu\u2019il s\u2019amollisse devienne plus coulant. Puis s'installer en p\u00e9riph\u00e9rie, en marge, en orbite. Devenir spectateur sur les gradins. Trouver une bonne place si possible. \n\nQu'y a t\u2019il donc \u00e0 voir ainsi qui ne soit d\u00e9j\u00e0 vu mille fois et revu. Ce n\u2019est sans doute pas ce qu\u2019il y a \u00e0 voir l\u2019important. C\u2019est le point de vue o\u00f9 on se situera pour voir. Chercher en premier lieu le point de vue. T\u00e2tonner au besoin. Ne pas emprunter les sentiers battus. Se perdre en consid\u00e9rations puis lever le nez, se fier aux \u00e9toiles.\n\nEstimer la distance. Respecter la distance. Appr\u00e9cier la distance. L\u2019appr\u00e9hender. La craindre. \u00c9valuer la distance. Se tenir \u00e0 bonne distance. Maintenir une distance. Gommer, effacer la distance. Briser la glace. Affronter la distance. Ne pas tenir compte de la distance. Subir le choc de plein fouet. Se retrouver en \u00e9tat de choc. Se remettre du choc.\n\nRecommencer \u00e0 prendre de la distance, etc, etc", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/voir-du-dehors-quand-on-est-mort.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/voir-du-dehors-quand-on-est-mort.html", "title": "Voir du dehors quand on est mort", "date_published": "2023-05-15T03:36:51Z", "date_modified": "2025-07-07T05:10:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"\"<\/p>\n

(Exercice d’\u00e9criture, notes, brouillon)<\/p>\n

Ce que l\u2019on peut voir du dehors, depuis la mort est apaisant. Il ne sert strictement \u00e0 rien de s\u2019\u00e9nerver. Il n\u2019y a plus la moindre raison de s\u2019\u00e9nerver, ou d\u2019avoir peur, ou de continuer \u00e0 porter des \u0153ill\u00e8res. \u00catre vivant n\u00e9cessite des \u0153ill\u00e8res. L\u2019illusion est \u00e0 ce point totale du temps et de l\u2019espace, que pour se diriger dans la vie il faut des \u0153ill\u00e8res quand on est dans la vie. Quand on est mort plus d\u2019espace-temps pour voir il suffit juste d\u2019y penser, de vouloir voir. Et c\u2019est instantan\u00e9. La chose \u00e0 voir nous est donn\u00e9e aussit\u00f4t \u00e0 voir. Comment voir une chose quand on est mort sans tous les outils, les sens qui nous permettaient, vivant , de la voir.
C\u2019est simple il suffit de se d\u00e9tacher d\u2019une ancienne vision subjective et donc fausse la plupart du temps. Encore que dans la mort les choses \u00e0 voir ne soient pas plus justes que fausses. Ni agr\u00e9ables ou d\u00e9sagr\u00e9ables.
Les choses que l\u2019on voit quand on est mort sont de la m\u00eame neutralit\u00e9 que celui qui les voit. Et comment ne pourrait-on pas \u00eatre neutre dans cet \u00e9tat l\u00e0 ? Comment pourrait on encore \u00e9prouver la plus petite pr\u00e9f\u00e9rence, le moindre engouement, de la d\u00e9ception, de l\u2019aversion, ou on ne sait quoi encore qui ne cesse de casser les pieds des vivants.
\u00catre mort et regarder les choses ainsi comme du dehors, mais c\u2019est bien s\u00fbr une expression. Car mort la notion de dehors et de dedans dispara\u00eet elle-aussi.
La question est ensuite de savoir si le ph\u00e9nom\u00e8ne se produit de fa\u00e7on instantan\u00e9e. Est-ce que l\u2019on perd imm\u00e9diatement toute subjectivit\u00e9 envers ce que l\u2019on voit quand on pense \u00e0 quelque chose. Est-ce que penser \u00e0 quelque chose est encore possible durant un certain temps. Le temps de la d\u00e9composition du corps par exemple.
On pense tant qu\u2019il a \u00e0 bouffer pour les vers, ou les asticots, nos pens\u00e9es transitent ainsi vers un monde d\u2019invert\u00e9br\u00e9s les nourrissent, comme nos pens\u00e9es nourrissent la terre, \u00e9quilibre les taux, le ph, fournit suffisamment d\u2019acide ou d\u2019alcalinit\u00e9 aux sols. Ce n\u2019est pas si sot de songer que la chimie de nos pens\u00e9es dans le ph\u00e9nom\u00e8ne de la d\u00e9composition r\u00e9\u00e9quilibre l\u2019argile, la glaise, la faune, la flore. Ce serait un minimum, la moindre des politesses.
Regarder n\u2019est pas le bon mot. Contempler le monde du dehors. Peut-\u00eatre que la d\u00e9composition m\u00e8ne \u00e0 un certain “l\u00e2cher prise” authentique celui-l\u00e0. Et une fois que tout nous sera parfaitement \u00e9gal on pourra enfin contempler du dehors le monde.
Termin\u00e9s les liens de filiation, les hi\u00e9rarchies, la peur des fins de mois, l\u2019avidit\u00e9 des soldes, la course \u00e0 l\u2019\u00e9chalote. Enfin pas tout \u00e0 fait. \u00c7a continuera. Bien sur que tout \u00e7a continuera. Mais on pourra le voir sans y prendre part. En \u00e9tant parfaitement d\u00e9tach\u00e9 du pourquoi et du comment. Alors c\u2019est certain on verra bien mieux tout \u00e7a du dehors que du dedans autrefois. Ce sera comme un ballet, un tableau, un film d\u2019auteur, un spectacle incessant. Et qui durera le temps n\u00e9cessaire, ou suffisant satisfaisant ce d\u00e9sir de voir. Car au bout d\u2019un moment plus ou moins long quand le vent du d\u00e9sert soul\u00e8vera la poussi\u00e8re de nos os, nous n\u2019aurons peut-\u00eatre plus besoin de rien, pas m\u00eame de voir. Il y aura une f\u00eate dans le dehors \u00e0 ce moment l\u00e0 chez les vivants. Les oiseaux s\u2019\u00e9broueront dans les mares les \u00e9tangs chanteront. Ce sera le signal. Le vent pourra nous soulever tr\u00e8s haut dans le ciel, peut-\u00eatre que durant un moment on sera oiseau. Peut-\u00eatre que tout finira ainsi en trille, en spirale, en volutes. On verra encore une toute derni\u00e8re fois la terre et les habitants de la terre, puis les champs rapetisseront comme des mouchoirs, un patchwork irlandais. On sortira de la stratosph\u00e8re, on continuera ainsi \u00e0 s\u2019\u00e9lever, puis \u00e0 sortir du syst\u00e8me solaire, de la galaxie, de la voie Lact\u00e9e, on naviguera ainsi jusqu\u2019aux confins de l\u2019univers, puis on en sortira aussi d\u00e9finitivement. On ne verra plus rien mais on verra \u00e7a tr\u00e8s bien, parfaitement, comme un nez au milieu d\u2019une figure. Et ce sera fini vraiment une bonne fois pour toutes.<\/p>", "content_text": "\n\n(Exercice d'\u00e9criture, notes, brouillon) \n\nCe que l\u2019on peut voir du dehors, depuis la mort est apaisant. Il ne sert strictement \u00e0 rien de s\u2019\u00e9nerver. Il n\u2019y a plus la moindre raison de s\u2019\u00e9nerver, ou d\u2019avoir peur, ou de continuer \u00e0 porter des \u0153ill\u00e8res. \u00catre vivant n\u00e9cessite des \u0153ill\u00e8res. L\u2019illusion est \u00e0 ce point totale du temps et de l\u2019espace, que pour se diriger dans la vie il faut des \u0153ill\u00e8res quand on est dans la vie. Quand on est mort plus d\u2019espace-temps pour voir il suffit juste d\u2019y penser, de vouloir voir. Et c\u2019est instantan\u00e9. La chose \u00e0 voir nous est donn\u00e9e aussit\u00f4t \u00e0 voir. Comment voir une chose quand on est mort sans tous les outils, les sens qui nous permettaient, vivant , de la voir.\n\nC\u2019est simple il suffit de se d\u00e9tacher d\u2019une ancienne vision subjective et donc fausse la plupart du temps. Encore que dans la mort les choses \u00e0 voir ne soient pas plus justes que fausses. Ni agr\u00e9ables ou d\u00e9sagr\u00e9ables.\n\nLes choses que l\u2019on voit quand on est mort sont de la m\u00eame neutralit\u00e9 que celui qui les voit. Et comment ne pourrait-on pas \u00eatre neutre dans cet \u00e9tat l\u00e0 ? Comment pourrait on encore \u00e9prouver la plus petite pr\u00e9f\u00e9rence, le moindre engouement, de la d\u00e9ception, de l\u2019aversion, ou on ne sait quoi encore qui ne cesse de casser les pieds des vivants.\n\n\u00catre mort et regarder les choses ainsi comme du dehors, mais c\u2019est bien s\u00fbr une expression. Car mort la notion de dehors et de dedans dispara\u00eet elle-aussi.\n\nLa question est ensuite de savoir si le ph\u00e9nom\u00e8ne se produit de fa\u00e7on instantan\u00e9e. Est-ce que l\u2019on perd imm\u00e9diatement toute subjectivit\u00e9 envers ce que l\u2019on voit quand on pense \u00e0 quelque chose. Est-ce que penser \u00e0 quelque chose est encore possible durant un certain temps. Le temps de la d\u00e9composition du corps par exemple.\n\nOn pense tant qu\u2019il a \u00e0 bouffer pour les vers, ou les asticots, nos pens\u00e9es transitent ainsi vers un monde d\u2019invert\u00e9br\u00e9s les nourrissent, comme nos pens\u00e9es nourrissent la terre, \u00e9quilibre les taux, le ph, fournit suffisamment d\u2019acide ou d\u2019alcalinit\u00e9 aux sols. Ce n\u2019est pas si sot de songer que la chimie de nos pens\u00e9es dans le ph\u00e9nom\u00e8ne de la d\u00e9composition r\u00e9\u00e9quilibre l\u2019argile, la glaise, la faune, la flore. Ce serait un minimum, la moindre des politesses.\n\nRegarder n\u2019est pas le bon mot. Contempler le monde du dehors. Peut-\u00eatre que la d\u00e9composition m\u00e8ne \u00e0 un certain \u201cl\u00e2cher prise\u201d authentique celui-l\u00e0. Et une fois que tout nous sera parfaitement \u00e9gal on pourra enfin contempler du dehors le monde.\n\nTermin\u00e9s les liens de filiation, les hi\u00e9rarchies, la peur des fins de mois, l\u2019avidit\u00e9 des soldes, la course \u00e0 l\u2019\u00e9chalote. Enfin pas tout \u00e0 fait. \u00c7a continuera. Bien sur que tout \u00e7a continuera. Mais on pourra le voir sans y prendre part. En \u00e9tant parfaitement d\u00e9tach\u00e9 du pourquoi et du comment. Alors c\u2019est certain on verra bien mieux tout \u00e7a du dehors que du dedans autrefois. Ce sera comme un ballet, un tableau, un film d\u2019auteur, un spectacle incessant. Et qui durera le temps n\u00e9cessaire, ou suffisant satisfaisant ce d\u00e9sir de voir. Car au bout d\u2019un moment plus ou moins long quand le vent du d\u00e9sert soul\u00e8vera la poussi\u00e8re de nos os, nous n\u2019aurons peut-\u00eatre plus besoin de rien, pas m\u00eame de voir. Il y aura une f\u00eate dans le dehors \u00e0 ce moment l\u00e0 chez les vivants. Les oiseaux s\u2019\u00e9broueront dans les mares les \u00e9tangs chanteront. Ce sera le signal. Le vent pourra nous soulever tr\u00e8s haut dans le ciel, peut-\u00eatre que durant un moment on sera oiseau. Peut-\u00eatre que tout finira ainsi en trille, en spirale, en volutes. On verra encore une toute derni\u00e8re fois la terre et les habitants de la terre, puis les champs rapetisseront comme des mouchoirs, un patchwork irlandais. On sortira de la stratosph\u00e8re, on continuera ainsi \u00e0 s\u2019\u00e9lever, puis \u00e0 sortir du syst\u00e8me solaire, de la galaxie, de la voie Lact\u00e9e, on naviguera ainsi jusqu\u2019aux confins de l\u2019univers, puis on en sortira aussi d\u00e9finitivement. On ne verra plus rien mais on verra \u00e7a tr\u00e8s bien, parfaitement, comme un nez au milieu d\u2019une figure. 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\"\"\"Dans les ann\u00e9es 50, on avait montr\u00e9 d\u00e9j\u00e0 que plus une foule se densifie, moins elle se d\u00e9place vite. Cela s’appelle le diagramme fondamental et cela relie la densit\u00e9 et la vitesse de d\u00e9placement d’une foule.\" Mehdi Moussa\u00efd - CC \/ photo_collection<\/p>\n

D\u00e9noncer ou avouer, le fait que ---jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent, aucun \u00e9nonc\u00e9 ne se soit livr\u00e9 sans difficult\u00e9. Qu\u2019\u2019aucun \u00e9nonc\u00e9 ne fut pris pour argent comptant. Que le moindre \u00e9nonc\u00e9 entendu ou lu, donna toujours beaucoup de fil \u00e0 retordre. Du fil de fer. Du fil de fer barbel\u00e9 qui plus est. Des rouleaux entiers de fils de fer barbel\u00e9, des trains entiers , des convois sans cesse r\u00e9p\u00e9t\u00e9s. Et, \u00e0 chaque fois, le passage de fourches plus ou ou moins caudines, au petit matin, dans le brouillard glac\u00e9, o\u00f9, en levant le cou, le menton, la t\u00eate, les yeux, le regard on pouvait lire : “ARBEIT MACHT FREI”<\/p>\n

“On fixa ensuite le moment o\u00f9 seraient livr\u00e9s les otages et o\u00f9 les l\u00e9gions, priv\u00e9es de leurs armes, passeraient sous le joug. (\u2026) Tous courb\u00e8rent donc ainsi la t\u00eate sous le joug, et, ce qui \u00e9tait en quelque sorte plus accablant, pass\u00e8rent sous les yeux des ennemis. Lorsqu’ils furent sortis du d\u00e9fil\u00e9, quoique, pareils \u00e0 des hommes arrach\u00e9s des enfers, il leur sembl\u00e2t voir la lumi\u00e8re pour la premi\u00e8re fois, cette lumi\u00e8re m\u00eame, leur d\u00e9couvrant \u00e0 quel point \u00e9tait humiliant l’\u00e9tat de l’arm\u00e9e, leur fut plus insupportable que tous les genres de mort.(Tite-Live, Histoire romaine )<\/p>\n

Il faut regarder ainsi les choses ,— froidement comme si on \u00e9tait mort aux alentours de 1943, 44. Comme si tout ce qui va se passer ensuite , se reproduire et se reproduire sans rel\u00e2che, ne soit pas diff\u00e9rent, mais du m\u00eame, de l\u2019approchant, du presque semblable. Du monstrueux. Il ne s\u2019agit que d\u2019am\u00e9liorations progressives, d\u2019affinements successifs pour produire de nouveaux produits hallucinog\u00e8nes. Un nouveau joug, de nouveaux brevets dans le progr\u00e8s des inventions en mati\u00e8re d humiliations, de brimades, de punitions.<\/p>\n

C\u2019est que la science en g\u00e9n\u00e9ral, la m\u00e9decine et en particulier le management des entreprises, ne peuvent faire l\u2019impasse envers de telles avanc\u00e9es, de si formidables d\u00e9couvertes. La possibilit\u00e9 d\u2019un surcro\u00eet de rentabilit\u00e9 les torture et les seconde pour qu\u2019ils d\u00e9veloppent encore et encore leur cr\u00e9ativit\u00e9 afin de nous asservir ou nous avilir. Bien s\u00fbr on changera le d\u00e9cor, on le modifiera un peu, parfois beaucoup, mais le fond reste identique. Il s\u2019agit toujours de reformuler un genre d’\u00e9nonc\u00e9s bien rod\u00e9. “ARBEIT MACHT FREI”<\/p>\n

Et on peut le d\u00e9cliner en Fran\u00e7ais, en Anglais, en Russe, en Chinois, en Malgache, le fond reste le m\u00eame si la sonorit\u00e9 peut para\u00eetre \u00e9trang\u00e8re voire divertissante.<\/p>\n

L\u2019efficacit\u00e9 <\/em>n\u2019est que la partie visible de l\u2019iceberg. C\u2019est pourquoi les \u00e9nonc\u00e9s paraissent en premier lieu simples presque inoffensifs. On ne s\u2019attarde gu\u00e8re sous la surface. On ne veut pas aller regarder sous la surface. On ne gratte pas la surface, seulement les parois des chambres \u00e0 gaz quand c’est trop tard.<\/p>\n

To work even harder. Miasa mafy kokoa. Rabotat’ yeshche userdneye. G\u00e8ngji\u0101 n\u01d4l\u00ec d\u00ec g\u014dngzu\u00f2<\/p>\n

On peut prendre tous ces \u00e9nonc\u00e9s et en toutes les langues, sous leur surface on trouvera toujours la m\u00eame chose : Nous voulons que tu cr\u00e8ves en tant qu\u2019individu.<\/em> Nous voulons que tu rejoignes la confr\u00e9rie, la coterie, le groupe, la foule, la masse. Nous voulons que tu paies, que tu consommes, que tu disparaisses totalement dans le cercle vicieux , payer, consommer, s\u2019amuser.<\/p>\n

L\u2019\u00e9nonc\u00e9 lu entendu sans cela, sans tout cela, en premier lieu n\u2019est qu\u2019une suite de sons qui ne veut absolument rien dire.<\/p>\n

Ensuite lorsqu’on est au fait de ce que peut dissimuler le moindre \u00e9nonc\u00e9, il est possible de se transformer en entomologiste. Consid\u00e9rer alors tout \u00e9nonc\u00e9 comme un insecte. Prendre le temps de l’observer dans ses moindres d\u00e9tails. tenter de remonter sa g\u00e9n\u00e9alogie, ses mutations, les variations de climat qui l’obligent \u00e0 renforcer ici une carapace, l\u00e0 \u00e0 se laisser pousser une nouvelle paire d’antennes ou de pattes. S’attarder sur chaque \u00e9nonc\u00e9, comme s’il l’on se trouvait confront\u00e9 soudain \u00e0 une nouvelle esp\u00e8ce d’insecte. Le photographier sous toutes les coutures. Puis la coller dans une boite en verre et le d\u00e9poser sur une \u00e9tag\u00e8re. Fabriquer une \u00e9tiquette ensuite en utilisant un mot latin ou grec en hommage aux anciens, qui d\u00e8s l’origine savaient d\u00e9j\u00e0 tout cela sur le bout des doigts. Avant que l’amn\u00e9sie ne nous tombe dessus.<\/p>", "content_text": "\"Dans les ann\u00e9es 50, on avait montr\u00e9 d\u00e9j\u00e0 que plus une foule se densifie, moins elle se d\u00e9place vite. Cela s'appelle le diagramme fondamental et cela relie la densit\u00e9 et la vitesse de d\u00e9placement d'une foule.\" Mehdi Moussa\u00efd - CC \/ photo_collection\n\nD\u00e9noncer ou avouer, le fait que -\u2014jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent, aucun \u00e9nonc\u00e9 ne se soit livr\u00e9 sans difficult\u00e9. Qu\u2019\u2019aucun \u00e9nonc\u00e9 ne fut pris pour argent comptant. Que le moindre \u00e9nonc\u00e9 entendu ou lu, donna toujours beaucoup de fil \u00e0 retordre. Du fil de fer. Du fil de fer barbel\u00e9 qui plus est. Des rouleaux entiers de fils de fer barbel\u00e9, des trains entiers , des convois sans cesse r\u00e9p\u00e9t\u00e9s. Et, \u00e0 chaque fois, le passage de fourches plus ou ou moins caudines, au petit matin, dans le brouillard glac\u00e9, o\u00f9, en levant le cou, le menton, la t\u00eate, les yeux, le regard on pouvait lire : \u201cARBEIT MACHT FREI\u201d\n\n\u201cOn fixa ensuite le moment o\u00f9 seraient livr\u00e9s les otages et o\u00f9 les l\u00e9gions, priv\u00e9es de leurs armes, passeraient sous le joug. (\u2026) Tous courb\u00e8rent donc ainsi la t\u00eate sous le joug, et, ce qui \u00e9tait en quelque sorte plus accablant, pass\u00e8rent sous les yeux des ennemis. Lorsqu'ils furent sortis du d\u00e9fil\u00e9, quoique, pareils \u00e0 des hommes arrach\u00e9s des enfers, il leur sembl\u00e2t voir la lumi\u00e8re pour la premi\u00e8re fois, cette lumi\u00e8re m\u00eame, leur d\u00e9couvrant \u00e0 quel point \u00e9tait humiliant l'\u00e9tat de l'arm\u00e9e, leur fut plus insupportable que tous les genres de mort.(Tite-Live, Histoire romaine )\n\nIl faut regarder ainsi les choses ,\u2014 froidement comme si on \u00e9tait mort aux alentours de 1943, 44. Comme si tout ce qui va se passer ensuite , se reproduire et se reproduire sans rel\u00e2che, ne soit pas diff\u00e9rent, mais du m\u00eame, de l\u2019approchant, du presque semblable. Du monstrueux. Il ne s\u2019agit que d\u2019am\u00e9liorations progressives, d\u2019affinements successifs pour produire de nouveaux produits hallucinog\u00e8nes. 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Il s\u2019agit toujours de reformuler un genre d'\u00e9nonc\u00e9s bien rod\u00e9. \u201cARBEIT MACHT FREI\u201d\n\nEt on peut le d\u00e9cliner en Fran\u00e7ais, en Anglais, en Russe, en Chinois, en Malgache, le fond reste le m\u00eame si la sonorit\u00e9 peut para\u00eetre \u00e9trang\u00e8re voire divertissante.\n\nL\u2019efficacit\u00e9 n\u2019est que la partie visible de l\u2019iceberg. C\u2019est pourquoi les \u00e9nonc\u00e9s paraissent en premier lieu simples presque inoffensifs. On ne s\u2019attarde gu\u00e8re sous la surface. On ne veut pas aller regarder sous la surface. On ne gratte pas la surface, seulement les parois des chambres \u00e0 gaz quand c'est trop tard. \n\nTo work even harder. Miasa mafy kokoa. Rabotat' yeshche userdneye. G\u00e8ngji\u0101 n\u01d4l\u00ec d\u00ec g\u014dngzu\u00f2\n\nOn peut prendre tous ces \u00e9nonc\u00e9s et en toutes les langues, sous leur surface on trouvera toujours la m\u00eame chose: Nous voulons que tu cr\u00e8ves en tant qu\u2019individu. Nous voulons que tu rejoignes la confr\u00e9rie, la coterie, le groupe, la foule, la masse. Nous voulons que tu paies, que tu consommes, que tu disparaisses totalement dans le cercle vicieux , payer, consommer, s\u2019amuser.\n\nL\u2019\u00e9nonc\u00e9 lu entendu sans cela, sans tout cela, en premier lieu n\u2019est qu\u2019une suite de sons qui ne veut absolument rien dire.\n\nEnsuite lorsqu'on est au fait de ce que peut dissimuler le moindre \u00e9nonc\u00e9, il est possible de se transformer en entomologiste. Consid\u00e9rer alors tout \u00e9nonc\u00e9 comme un insecte. Prendre le temps de l'observer dans ses moindres d\u00e9tails. tenter de remonter sa g\u00e9n\u00e9alogie, ses mutations, les variations de climat qui l'obligent \u00e0 renforcer ici une carapace, l\u00e0 \u00e0 se laisser pousser une nouvelle paire d'antennes ou de pattes. S'attarder sur chaque \u00e9nonc\u00e9, comme s'il l'on se trouvait confront\u00e9 soudain \u00e0 une nouvelle esp\u00e8ce d'insecte. Le photographier sous toutes les coutures. Puis la coller dans une boite en verre et le d\u00e9poser sur une \u00e9tag\u00e8re. Fabriquer une \u00e9tiquette ensuite en utilisant un mot latin ou grec en hommage aux anciens, qui d\u00e8s l'origine savaient d\u00e9j\u00e0 tout cela sur le bout des doigts. Avant que l'amn\u00e9sie ne nous tombe dessus. 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\"\"Jan-Gossaert dit \"Mabuse\" 1478-1532-Madone-\u00e0 -l’Enfant<\/p>\n

Tout \u00e7a pourrait rendre cingl\u00e9. Peut-\u00eatre est-il d\u00e9j\u00e0 trop tard. Cette profusion d\u2019id\u00e9es qui ne cesse de se d\u00e9verser comme l\u2019eau d\u2019une fontaine de jardin, une fontaine qui s\u2019autopompe en circuit clos. Les nains de jardin tout autour restent silencieux. Un merle moqueur se moque. Prisonnier de l\u2019abondance, vilain condamn\u00e9 \u00e0 la servilit\u00e9 pire qu\u2019ob\u00e9ir , serf mis\u00e9rable. Le malgr\u00e9-soi revient \u00e0 fond de train. La victime. Un peu de mesure mon petit vieux. Tout \u00e0 fait le genre de victime qui \u00e9tablit m\u00e9ticuleux le compte des lunettes, de dents en or, de cheveux dans les camps. On compte et puis on balance sur le tas, des montagnes se cr\u00e9ent ainsi. Des concr\u00e9tions infinies. Le malgr\u00e9-soi capot. Mais quel petit salaud. Petit doigt sur la couture du pyjama ray\u00e9. Non mais tu te rends compte, toi qui voulais r\u00e9sister. Preuve qu\u2019on ne change pas si facilement sa nature. Que pour certain la n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019un ma\u00eetre va se loger dans la profondeur la plus d\u00e9bile de l\u2019\u00eatre. \u00catre ainsi domin\u00e9 par sa propre abondance, ne pas savoir comment lui r\u00e9sister. Une soumission terrifiante, quand on y pense.<\/p>\n

Que la mesure jaillisse de ce tas de boue, en fabrique un golem, pr\u00e9serve les enfants prisonniers du ghetto. Tomber \u00e0 genoux. Implorer la g\u00e9om\u00e9trie. Allumer des cierges au Nombre d\u2019Or. Se mettre \u00e0 plat ventre devant la moindre repr\u00e9sentation d\u2019un fantasme de simple, d\u2019aust\u00e9rit\u00e9.<\/p>\n

Puis une fois la bonne conscience refaite, repartir ventre \u00e0 terre. Se vautrer dans l\u2019abondance de nouveau. Se r\u00e9veiller la nuit pour mieux encore la servir. Des fois qu\u2019on aurait eut malheur de laisser passer une id\u00e9e. Des fois que la culpabilit\u00e9 nous tenaillerait d\u2019avoir laisser sans contr\u00f4le la main mise sur la profusion. Des fois qu\u2019on toucherait enfin la flamme, qu\u2019elle nous liquiderait nous consumant comme il faut. Carbonisation totale de l\u2019\u00e9ph\u00e9m\u00e8re, fauch\u00e9 en plein vol. Combustion impeccable, petit tas de cendres choyant au sol, vite balay\u00e9 par les grands vents, la pluie, aval\u00e9 aussit\u00f4t par les terres, la rigole qui zigzag entre les limaces, les salades. Dig\u00e9r\u00e9 par l\u2019oubli.<\/p>\n

Chaque jour c\u2019est ainsi que Sisyphe vit. Et \u00e7a ne lui viendrait pas \u00e0 l\u2019id\u00e9e de laisser tomber son caillou, de dire \u00e7a suffit comme \u00e7a<\/em> les conneries. De prendre sa serviette de bain, de se rendre \u00e0 la plage, de piquer une t\u00eate puis d\u2019aller s\u2019allonger sur le sable, se r\u00f4tir la couenne au soleil. De prendre du bon temps.<\/p>\n

Un sacr\u00e9 manque d\u2019imagination finalement.<\/p>\n

La mesure viendra d\u2019elle-m\u00eame ou bien ne viendra pas.<\/em><\/p>\n

C\u2019est ce que rumine Sisyphe comme but ou comme raison. Sans doute est-ce la seule possibilit\u00e9 d\u2019imagination une fois que toutes les autres auront \u00e9t\u00e9 dans l\u2019ivresse, la fi\u00e8vre, \u00e9puis\u00e9es.<\/p>\n

Br\u00fbler l\u2019abondance , la mesure, par les deux bouts.<\/em><\/p>", "content_text": "Jan-Gossaert dit \"Mabuse\" 1478-1532-Madone-\u00e0 -l'Enfant\n\nTout \u00e7a pourrait rendre cingl\u00e9. Peut-\u00eatre est-il d\u00e9j\u00e0 trop tard. Cette profusion d\u2019id\u00e9es qui ne cesse de se d\u00e9verser comme l\u2019eau d\u2019une fontaine de jardin, une fontaine qui s\u2019autopompe en circuit clos. Les nains de jardin tout autour restent silencieux. Un merle moqueur se moque. Prisonnier de l\u2019abondance, vilain condamn\u00e9 \u00e0 la servilit\u00e9 pire qu\u2019ob\u00e9ir , serf mis\u00e9rable. Le malgr\u00e9-soi revient \u00e0 fond de train. La victime. Un peu de mesure mon petit vieux. Tout \u00e0 fait le genre de victime qui \u00e9tablit m\u00e9ticuleux le compte des lunettes, de dents en or, de cheveux dans les camps. On compte et puis on balance sur le tas, des montagnes se cr\u00e9ent ainsi. Des concr\u00e9tions infinies. Le malgr\u00e9-soi capot. Mais quel petit salaud. Petit doigt sur la couture du pyjama ray\u00e9. Non mais tu te rends compte, toi qui voulais r\u00e9sister. Preuve qu\u2019on ne change pas si facilement sa nature. Que pour certain la n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019un ma\u00eetre va se loger dans la profondeur la plus d\u00e9bile de l\u2019\u00eatre. \u00catre ainsi domin\u00e9 par sa propre abondance, ne pas savoir comment lui r\u00e9sister. Une soumission terrifiante, quand on y pense.\n\nQue la mesure jaillisse de ce tas de boue, en fabrique un golem, pr\u00e9serve les enfants prisonniers du ghetto. Tomber \u00e0 genoux. Implorer la g\u00e9om\u00e9trie. Allumer des cierges au Nombre d\u2019Or. Se mettre \u00e0 plat ventre devant la moindre repr\u00e9sentation d\u2019un fantasme de simple, d\u2019aust\u00e9rit\u00e9.\n\nPuis une fois la bonne conscience refaite, repartir ventre \u00e0 terre. Se vautrer dans l\u2019abondance de nouveau. Se r\u00e9veiller la nuit pour mieux encore la servir. Des fois qu\u2019on aurait eut malheur de laisser passer une id\u00e9e. Des fois que la culpabilit\u00e9 nous tenaillerait d\u2019avoir laisser sans contr\u00f4le la main mise sur la profusion. Des fois qu\u2019on toucherait enfin la flamme, qu\u2019elle nous liquiderait nous consumant comme il faut. Carbonisation totale de l\u2019\u00e9ph\u00e9m\u00e8re, fauch\u00e9 en plein vol. Combustion impeccable, petit tas de cendres choyant au sol, vite balay\u00e9 par les grands vents, la pluie, aval\u00e9 aussit\u00f4t par les terres, la rigole qui zigzag entre les limaces, les salades. Dig\u00e9r\u00e9 par l\u2019oubli.\n\nChaque jour c\u2019est ainsi que Sisyphe vit. Et \u00e7a ne lui viendrait pas \u00e0 l\u2019id\u00e9e de laisser tomber son caillou, de dire \u00e7a suffit comme \u00e7a les conneries. De prendre sa serviette de bain, de se rendre \u00e0 la plage, de piquer une t\u00eate puis d\u2019aller s\u2019allonger sur le sable, se r\u00f4tir la couenne au soleil. De prendre du bon temps. \n\nUn sacr\u00e9 manque d\u2019imagination finalement.\n\n\u2014La mesure viendra d\u2019elle-m\u00eame ou bien ne viendra pas. \n\nC\u2019est ce que rumine Sisyphe comme but ou comme raison. Sans doute est-ce la seule possibilit\u00e9 d\u2019imagination une fois que toutes les autres auront \u00e9t\u00e9 dans l\u2019ivresse, la fi\u00e8vre, \u00e9puis\u00e9es.\n\n\u2014Br\u00fbler l\u2019abondance , la mesure, par les deux bouts.", "image": "", "tags": [] } ] }