{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/disparitions-2763.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/disparitions-2763.html", "title": "Disparitions", "date_published": "2023-05-31T06:11:44Z", "date_modified": "2025-05-24T07:11:15Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je relis de vieux articles, pas fameux. Tout en bas, une ou deux personnes semblent s\u2019y \u00eatre arr\u00eat\u00e9es. Je clique sur leur avatar, curieux de voir ce qu\u2019ils font sur WordPress. Et je tombe sur :<\/p>\n

L\u2019auteur a effac\u00e9 son site.<\/p>\n

\u00c9videmment, \u00e7a m\u2019embarque dans les all\u00e9es d\u2019un vieux cimeti\u00e8re, peut-\u00eatre celui du P\u00e8re Lachaise. Il y a les tombes c\u00e9l\u00e8bres, les visites oblig\u00e9es. Mais ce que je garde en m\u00e9moire, c\u2019est l\u2019\u00e9motion particuli\u00e8re face \u00e0 une s\u00e9pulture anonyme. Une dalle fendue, un nom presque effac\u00e9. Parfois, juste une nuance de terre signale qu\u2019un corps repose l\u00e0.<\/p>\n

Voir un site “effac\u00e9 par son auteur” provoque un trouble semblable.<\/p>\n

Je pense \u00e0 septembre, au blog que je n\u2019ai plus envie de renouveler. Trop cher pour ma modeste bourse.<\/p>\n

Comment quitter la table avec \u00e9l\u00e9gance ?<\/p>\n

J\u2019ai tout sauvegard\u00e9, au cas o\u00f9 WordPress d\u00e9cide de tout effacer \u00e0 l\u2019\u00e9ch\u00e9ance. Peut-\u00eatre que je remettrai tout en ligne ailleurs, chez un h\u00e9bergeur plus abordable.<\/p>\n

Ou peut-\u00eatre qu\u2019il faut accepter de tourner la derni\u00e8re page, pour pouvoir en ouvrir une autre.<\/p>\n

Ou peut-\u00eatre que je ne toucherai \u00e0 rien. Et je verrai bien ce qui se passe.<\/p>\n

C\u2019est plut\u00f4t \u00e7a, mon style : faire avec.<\/p>\n

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\n\n \n\t\t<\/a>\n<\/figure>\n<\/div>", "content_text": " Je relis de vieux articles, pas fameux. Tout en bas, une ou deux personnes semblent s\u2019y \u00eatre arr\u00eat\u00e9es. Je clique sur leur avatar, curieux de voir ce qu\u2019ils font sur WordPress. Et je tombe sur : L\u2019auteur a effac\u00e9 son site. \u00c9videmment, \u00e7a m\u2019embarque dans les all\u00e9es d\u2019un vieux cimeti\u00e8re, peut-\u00eatre celui du P\u00e8re Lachaise. Il y a les tombes c\u00e9l\u00e8bres, les visites oblig\u00e9es. Mais ce que je garde en m\u00e9moire, c\u2019est l\u2019\u00e9motion particuli\u00e8re face \u00e0 une s\u00e9pulture anonyme. Une dalle fendue, un nom presque effac\u00e9. Parfois, juste une nuance de terre signale qu\u2019un corps repose l\u00e0. Voir un site \u201ceffac\u00e9 par son auteur\u201d provoque un trouble semblable. Je pense \u00e0 septembre, au blog que je n\u2019ai plus envie de renouveler. Trop cher pour ma modeste bourse. Comment quitter la table avec \u00e9l\u00e9gance ? J\u2019ai tout sauvegard\u00e9, au cas o\u00f9 WordPress d\u00e9cide de tout effacer \u00e0 l\u2019\u00e9ch\u00e9ance. Peut-\u00eatre que je remettrai tout en ligne ailleurs, chez un h\u00e9bergeur plus abordable. Ou peut-\u00eatre qu\u2019il faut accepter de tourner la derni\u00e8re page, pour pouvoir en ouvrir une autre. Ou peut-\u00eatre que je ne toucherai \u00e0 rien. Et je verrai bien ce qui se passe. C\u2019est plut\u00f4t \u00e7a, mon style : faire avec. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/les-saltimbanque-1c81a834.jpg?1748070635", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/31052023.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/31052023.html", "title": "31052023", "date_published": "2023-05-31T05:50:00Z", "date_modified": "2025-11-08T14:40:06Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Une chose est importante quand on veut raconter des histoires, c’est de ne pas perdre le fil de celle-ci. Tous les menteurs savent le risque de se couper<\/em> ainsi qu’il est d’usage d’employer ce mot.<\/p>\n

Mais si l’on utilise ce risque comme ressort de l’histoire, que se passe t’il ?<\/p>\n

Admettons un \u00e9crivain qui perd la m\u00e9moire de son histoire, qui du jour au lendemain ne se souvienne plus du nom de ses personnages, de leurs biographies fictives et qui passe son temps \u00e0 tout modifier... non par malice bien s\u00fbr, mais parce qu’il ne peut faire autrement d\u00e9sormais.<\/p>\n

Comme en peinture le doute et l’h\u00e9sitation provoqueraient un flop \u00e0 coup sur. Donc c’est en assumant totalement cette perte de m\u00e9moire, en y allant \u00e0 fond que \u00e7a risque d’\u00eatre vraiment attrayant. En tous cas au moins pour celui qui \u00e9crira cette histoire.<\/p>\n

A part \u00e7a je suis pass\u00e9 \u00e0 la clinique hier, quelques coups de laser dans chaque \u0153il et un \u00e9blouissement fameux \u00e0 la sortie. Heureusement, mon \u00e9pouse m’a pr\u00eat\u00e9 ses lunettes de soleil. Il y avait un protocole \u00e0 suivre avant l’op\u00e9ration que j’ai compl\u00e8tement zapp\u00e9 \u00e9videmment. Il fallait prendre une s\u00e9rie de gouttes quelques jours avant et je fus penaud d’avouer au toubib que j’avais fait l’impasse. A un moment j’ai cru qu’il allait reporter le RDV au moins suivant. Mais non, restez l\u00e0 je reviens, il m’a flanqu\u00e9 des gouttes \u00e0 lui dans chaque \u0153il j’ai eu l’impression de passer un portail. tout est devenu supersensible, y compris les d\u00e9faillances d’un spot du plafond que je n’avais pas remarqu\u00e9es auparavant. Ensuite une vingtaine de minutes d’attente pour laisser le temps \u00e0 la pupille de se dilater et hop.<\/p>\n

Aucune douleur. Juste des \u00e9blouissements r\u00e9p\u00e9t\u00e9s. Fixez mon oreille gauche me disait le toubib... je ne voyais rien du tout, il fallait inventer, estimer une distance, une t\u00eate, une oreille et fixer l’\u0153il sur cette cr\u00e9ation parfaitement imaginaire.<\/p>\n

\"— juste un peu plus bas si vous pouviez\" ajoutait-il parfois.<\/p>", "content_text": "Une chose est importante quand on veut raconter des histoires, c'est de ne pas perdre le fil de celle-ci. Tous les menteurs savent le risque de se couper ainsi qu'il est d'usage d'employer ce mot.\n\nMais si l'on utilise ce risque comme ressort de l'histoire, que se passe t'il ?\n\nAdmettons un \u00e9crivain qui perd la m\u00e9moire de son histoire, qui du jour au lendemain ne se souvienne plus du nom de ses personnages, de leurs biographies fictives et qui passe son temps \u00e0 tout modifier... non par malice bien s\u00fbr, mais parce qu'il ne peut faire autrement d\u00e9sormais.\n\nComme en peinture le doute et l'h\u00e9sitation provoqueraient un flop \u00e0 coup sur. Donc c'est en assumant totalement cette perte de m\u00e9moire, en y allant \u00e0 fond que \u00e7a risque d'\u00eatre vraiment attrayant. En tous cas au moins pour celui qui \u00e9crira cette histoire.\n\nA part \u00e7a je suis pass\u00e9 \u00e0 la clinique hier, quelques coups de laser dans chaque \u0153il et un \u00e9blouissement fameux \u00e0 la sortie. Heureusement, mon \u00e9pouse m'a pr\u00eat\u00e9 ses lunettes de soleil. Il y avait un protocole \u00e0 suivre avant l'op\u00e9ration que j'ai compl\u00e8tement zapp\u00e9 \u00e9videmment. Il fallait prendre une s\u00e9rie de gouttes quelques jours avant et je fus penaud d'avouer au toubib que j'avais fait l'impasse. A un moment j'ai cru qu'il allait reporter le RDV au moins suivant. Mais non, restez l\u00e0 je reviens, il m'a flanqu\u00e9 des gouttes \u00e0 lui dans chaque \u0153il j'ai eu l'impression de passer un portail. tout est devenu supersensible, y compris les d\u00e9faillances d'un spot du plafond que je n'avais pas remarqu\u00e9es auparavant. Ensuite une vingtaine de minutes d'attente pour laisser le temps \u00e0 la pupille de se dilater et hop.\n\nAucune douleur. Juste des \u00e9blouissements r\u00e9p\u00e9t\u00e9s. Fixez mon oreille gauche me disait le toubib... je ne voyais rien du tout, il fallait inventer, estimer une distance, une t\u00eate, une oreille et fixer l'\u0153il sur cette cr\u00e9ation parfaitement imaginaire.\n\n\"\u2014 juste un peu plus bas si vous pouviez\" ajoutait-il parfois.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1030jpgw758-ab0c0c5c-ebb7f.jpg?1762612422", "tags": ["Autofiction et Introspection"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/assemblage.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/assemblage.html", "title": "Assemblage", "date_published": "2023-05-31T04:21:04Z", "date_modified": "2025-11-08T14:40:32Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Lire avec attention, mais en conservant du recul. Noter au fur et \u00e0 mesure des groupes de mots qui paraissent d\u00e9j\u00e0 vus, bizarres, plats, comiques, illogiques. Et les mettre les uns derri\u00e8re les autres \u00e0 la queue leu leu. voir ensuite ce que \u00e7a fait.<\/code><\/p>\n<\/pre>\n

Grand mythe fondateur. Symbole de vie. Puissance magique. Dispensateur de bienfaits. \u0152uvre d’art comme telle. Savez-vous que. A travers. Vous apprendrez. D\u00e9couvrez le lien. D\u00e9couvrez enfin. Comment [...] pour mieux. Enregistrez ce produit. Partagez votre achat avec vos amis. A d\u00e9faut de pr\u00e9tendre. Pour aller vers le r\u00e9el. Les obstacles auxquels il se heurte. Dans le cadre de. Son vrai titre. Le garant du syst\u00e8me. Conduire une politique. Repr\u00e9senter l’institution. A double-titre. Un organe de presse. Nombreux d\u00e9placements. Le c\u00f4t\u00e9 professionnel. Inciter les citoyens. Lire la presse \u00e9crite. Corriger les in\u00e9galit\u00e9s. Un regard collectif. Nous ferons le n\u00e9cessaire. Dans ce style qui le d\u00e9finit si bien. Un r\u00e9cit passionnant. Dont on ignore encore tant de choses. Accabl\u00e9 de chagrin. Il s’est retir\u00e9 dans la solitude. Il commen\u00e7a \u00e0 se dire qu’une nouvelle vie \u00e9tait possible. Retrouvant ses reflexes. Une tragique pollution. Prot\u00e9ger des malversations. En laissant courir les rumeurs. Une mal\u00e9diction p\u00e8serait sur la ville. Une r\u00e9alit\u00e9 objective. Commentaire autoris\u00e9 et d\u00e9cryptage. Si l’on doit caract\u00e9riser. Un angle mort. Un policier abat un jeune homme. Toute une population. Le contr\u00f4le au facies. Positiver le n\u00e9gatif. C’est une simple bavure. Un plan social. Une affaire de m\u0153urs. La l\u00e9gitime d\u00e9fense. la tyrannie du politiquement correct. Un lynchage m\u00e9diatique. Un quartier sensible. Coller \u00e0 son \u00e9poque. Des instances de m\u00e9diation. La voix de son ma\u00eetre.<\/p>", "content_text": "Lire avec attention, mais en conservant du recul. Noter au fur et \u00e0 mesure des groupes de mots qui paraissent d\u00e9j\u00e0 vus, bizarres, plats, comiques, illogiques. Et les mettre les uns derri\u00e8re les autres \u00e0 la queue leu leu. voir ensuite ce que \u00e7a fait.\n\nGrand mythe fondateur. Symbole de vie. Puissance magique. Dispensateur de bienfaits. \u0152uvre d'art comme telle. Savez-vous que. A travers. Vous apprendrez. D\u00e9couvrez le lien. D\u00e9couvrez enfin. Comment [...] pour mieux. Enregistrez ce produit. Partagez votre achat avec vos amis. A d\u00e9faut de pr\u00e9tendre. Pour aller vers le r\u00e9el. Les obstacles auxquels il se heurte. Dans le cadre de. Son vrai titre. Le garant du syst\u00e8me. Conduire une politique. Repr\u00e9senter l'institution. A double-titre. Un organe de presse. Nombreux d\u00e9placements. Le c\u00f4t\u00e9 professionnel. Inciter les citoyens. Lire la presse \u00e9crite. Corriger les in\u00e9galit\u00e9s. Un regard collectif. Nous ferons le n\u00e9cessaire. Dans ce style qui le d\u00e9finit si bien. Un r\u00e9cit passionnant. Dont on ignore encore tant de choses. Accabl\u00e9 de chagrin. Il s'est retir\u00e9 dans la solitude. Il commen\u00e7a \u00e0 se dire qu'une nouvelle vie \u00e9tait possible. Retrouvant ses reflexes. Une tragique pollution. Prot\u00e9ger des malversations. En laissant courir les rumeurs. Une mal\u00e9diction p\u00e8serait sur la ville. Une r\u00e9alit\u00e9 objective. Commentaire autoris\u00e9 et d\u00e9cryptage. Si l'on doit caract\u00e9riser. Un angle mort. Un policier abat un jeune homme. Toute une population. Le contr\u00f4le au facies. Positiver le n\u00e9gatif. C'est une simple bavure. Un plan social. Une affaire de m\u0153urs. La l\u00e9gitime d\u00e9fense. la tyrannie du politiquement correct. Un lynchage m\u00e9diatique. Un quartier sensible. Coller \u00e0 son \u00e9poque. Des instances de m\u00e9diation. La voix de son ma\u00eetre.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1027jpgw811-f8f5e7a1.jpg?1762612521", "tags": ["Autofiction et Introspection"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/comme-un-jour-de-plus.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/comme-un-jour-de-plus.html", "title": "Comme un jour de plus", "date_published": "2023-05-30T17:06:12Z", "date_modified": "2025-11-08T14:38:29Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Toujours le m\u00eame exercice pour ceux qui suivent...<\/p>\n

Comme quoi\u2026 comme un cochon\u2026 comme un excentrique autour d\u2019un axe tar\u00e9\u2026 comme un jour sans pain\u2026 comme une moule claqu\u00e9e \u2026. Comme trente-six chandelles\u2026. Comme un coup de Sirocco\u2026 comme tu dis\u2026 comme elle est bien roul\u00e9e celle-l\u00e0\u2026 comme elle tu sais bien, machine \u2026 comme trois coups de cuill\u00e8re \u00e0 pot\u2026 comme un os dans le p\u00e2t\u00e9\u2026 comme de l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 dans l\u2019air \u2026 comme \u00e7a ne mange pas de pain\u2026 comme ce n\u2019est pas press\u00e9\u2026 comme il a dit le M\u00f4ssieur\u2026 comme il est mignon le KIKI \u2026 comme chez vous, faites\u2026 comme nous l\u2019avons \u00e9crit nous le faisons\u2026 comme des \u0153ufs au plat\u2026 comme une limande\u2026 comme un \u00e2ne en rut\u2026 Comme si \u00e7a ne suffisait pas d\u00e9j\u00e0\u2026 comme dans du beurre.. Comme un coq en p\u00e2te\u2026 comme papa dans maman\u2026 comme un blanc\u2026 comme un gros rouge qui t\u00e2che\u2026 comme un bourrin\u2026 comme une p\u00e9dale\u2026 comme une danseuse\u2026 Comme un coup de trique\u2026 comme un r\u00eave\u2026 comme un air de reviens-y\u2026 comme dans le temps\u2026 comme (\u00e0 la guerre comme) \u2026 comme un seul homme\u2026 comme un troupeau de moutons\u2026 comme une frayeur\u2026 comme une \u00e9tincelle\u2026comme du pipi de chat\u2026 comme un gros blaireau\u2026 comme un castor\u2026 comme un ouragan\u2026 comme une andouille\u2026 comme une fleur\u2026 comme un poisson dans l\u2019eau\u2026 comme une fausse note\u2026 comme un ange qui passe\u2026 comme un train qui peut en cacher un autre\u2026 comme type tu te poses l\u00e0\u2026 comme on boit sans soif\u2026 comme on rit sans les yeux\u2026 comme on pleure des larmes de crocodile\u2026 comme se range des carrioles\u2026 comme on p\u00e8te dans la soie\u2026 comme qui dirait\u2026 comme la lune pas le doigt\u2026 comme des oignons align\u00e9s\u2026 comme un petit vent frais\u2026 comme un gros coup de pompe\u2026 Comme elle est venue elle est repartie\u2026 Comme quoi j\u2019avais bien raison\u2026 comme une cerise sur le g\u00e2teau\u2026 comme une parenth\u00e8se\u2026 comme une d\u00e9bandade\u2026 comme un coup de grisou.. Comme une maison ( gros ) \u2026 comme une chatte sur un toit br\u00fblant\u2026 comme un film au ralenti\u2026 comme un film \u00e0 l\u2019acc\u00e9l\u00e9r\u00e9\u2026 comme la mer et les poissons\u2026 comme du vent dans les voiles\u2026 comme un avion sans aile\u2026 comme une fourmi sans sucre\u2026 comme une mouche sans coche\u2026 comme un fleuve ass\u00e9ch\u00e9 \u2026 comme un lapin de la derni\u00e8re couv\u00e9e\u2026 comme un chien de ma chienne\u2026 comme une dent contre l\u2019autre\u2026 comme un nez au milieu de la figure\u2026 comme des rats\u2026 comme des sardines\u2026 comme aux heures de pointe\u2026 Comme chien et chat\u2026 comme de l\u2019eau de roche\u2026 Comme un mot de trop\u2026 Comme un aveu\u2026 comme un ciel de plomb\u2026 comme une plume\u2026 comme des pattes de mouche\u2026 comme un porc\u2026 comme une truie\u2026 comme un monstre\u2026 comme s\u2019il fallait remettre encore \u00e7a\u2026 comme j\u2019aurais voulu voir \u00e7a\u2026 Comme il perd rien pour attendre\u2026 comme une odeur de caoutchouc br\u00fbl\u00e9\u2026comme \u00e7a pue \u2026 comme une cr\u00eape\u2026 comme une orange\u2026 comme une pipe\u2026 comme une \u00e9claircie\u2026 comme le bout du tunnel\u2026 comme un coup de trop\u2026 comme de la petite bi\u00e8re\u2026 comme une ville d\u00e9serte\u2026 comme un coin paum\u00e9\u2026 comme un ch\u00e2teau de cartes\u2026 Comme des empreintes de doigt\u2026 comme une preuve par neuf\u2026 comme il fait chaud.. Comme il fait peur\u2026 comme il m\u2019emmerde\u2026 comme il parle pour ne rien dire\u2026 comme il ne dira strictement rien\u2026 comme des veaux\u2026 comme un b\u0153uf \u00e0 l\u2019abattoir\u2026 comme une fl\u00e8che en plein c\u0153ur \u2026 comme une machine dans ma t\u00eate\u2026 comme il est beau mon l\u00e9gionnaire\u2026 comme le loup le renard et la belette\u2026comme un air d\u2019accord\u00e9on\u2026 comme une chanson de Mac Orlan\u2026 comme un po\u00e8me de Pr\u00e9vert\u2026 comme une rue qui s\u2019\u00e9veille\u2026 comme une gr\u00e8ve de poubelle\u2026 comme une lettre \u00e0 la poste\u2026 comme une marque sur le front\u2026 comme un juif, un noir, un arabe\u2026 comme un gland\u2026 comme une pute\u2026 comme un peu de ros\u00e9e\u2026Comme une petite pointe d\u2019ail et de persil\u2026 comme un zeste de citron\u2026 comme c\u2019est alambiqu\u00e9 ton truc mon biquet\u2026 comme elle nous bassine\u2026 comme elle nous retourne\u2026 comme elle nous ach\u00e8ve\u2026 comme elle suce\u2026 comme elle fait les cent pas\u2026 comme elle fait le trottoir\u2026 comme il est con comme un balai\u2026 comme quoi d\u00e9j\u00e0 ?\u2026 Comme un cochon ! Comme l\u2019occasion fait le larron\u2026 comme un air de fandango\u2026comme un loir\u2026 comme une grue\u2026 comme une poule\u2026 comme un pou\u2026 comme des animaux\u2026 comme dans une bauge\u2026 comme un asticot\u2026 comme le ver dans la pomme\u2026 comme une roue voil\u00e9e\u2026 comme une trace de freinage\u2026 comme un oubli\u2026 comme un pet de travers\u2026 comme un coup foireux\u2026 comme en quarante\u2026 comme au boxon\u2026 comme \u00e0 l\u2019\u00e9cole\u2026 Comme \u00e0 la cantine\u2026 comme du papier \u00e0 cigarette\u2026 comme une injonction\u2026 comme une r\u00e9sistance\u2026 comme un n\u0153ud dans la gorge\u2026 comme un truc dans le nez\u2026 comme un sale go\u00fbt dans la bouche\u2026comme des queues de pelles\u2026 comme un manche\u2026 comme une t\u00eate de pioche\u2026 comme un r\u00e2teau\u2026 comme une initiation\u2026 comme une d\u00e9faite cuisante\u2026 comme le passage sous les fourches caudines\u2026 comme un peu de rouge au front.. Comme un \u0153il au beurre noir\u2026 comme une page arrach\u00e9e\u2026 comme des signes n\u00e9fastes\u2026 comme des routes qui ne se croisent jamais\u2026 comme un cerf qui brame\u2026 comme un vol de gerfauts \u2026 comme une ombre\u2026 comme une lueur d\u2019espoir\u2026 comme une pr\u00e9monition \u2026 comme un torticolis \u2026 comme une jambe de bois\u2026 comme un point \u00e0 l\u2019horizon\u2026 comme la fin d\u2019une belle histoire.<\/p>", "content_text": "Toujours le m\u00eame exercice pour ceux qui suivent...\n\nComme quoi\u2026 comme un cochon\u2026 comme un excentrique autour d\u2019un axe tar\u00e9\u2026 comme un jour sans pain\u2026 comme une moule claqu\u00e9e \u2026. Comme trente-six chandelles\u2026. Comme un coup de Sirocco\u2026 comme tu dis\u2026 comme elle est bien roul\u00e9e celle-l\u00e0\u2026 comme elle tu sais bien, machine \u2026 comme trois coups de cuill\u00e8re \u00e0 pot\u2026 comme un os dans le p\u00e2t\u00e9\u2026 comme de l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 dans l\u2019air \u2026 comme \u00e7a ne mange pas de pain\u2026 comme ce n\u2019est pas press\u00e9\u2026 comme il a dit le M\u00f4ssieur\u2026 comme il est mignon le KIKI \u2026 comme chez vous, faites\u2026 comme nous l\u2019avons \u00e9crit nous le faisons\u2026 comme des \u0153ufs au plat\u2026 comme une limande\u2026 comme un \u00e2ne en rut\u2026 Comme si \u00e7a ne suffisait pas d\u00e9j\u00e0\u2026 comme dans du beurre.. Comme un coq en p\u00e2te\u2026 comme papa dans maman\u2026 comme un blanc\u2026 comme un gros rouge qui t\u00e2che\u2026 comme un bourrin\u2026 comme une p\u00e9dale\u2026 comme une danseuse\u2026 Comme un coup de trique\u2026 comme un r\u00eave\u2026 comme un air de reviens-y\u2026 comme dans le temps\u2026 comme (\u00e0 la guerre comme) \u2026 comme un seul homme\u2026 comme un troupeau de moutons\u2026 comme une frayeur\u2026 comme une \u00e9tincelle\u2026comme du pipi de chat\u2026 comme un gros blaireau\u2026 comme un castor\u2026 comme un ouragan\u2026 comme une andouille\u2026 comme une fleur\u2026 comme un poisson dans l\u2019eau\u2026 comme une fausse note\u2026 comme un ange qui passe\u2026 comme un train qui peut en cacher un autre\u2026 comme type tu te poses l\u00e0\u2026 comme on boit sans soif\u2026 comme on rit sans les yeux\u2026 comme on pleure des larmes de crocodile\u2026 comme se range des carrioles\u2026 comme on p\u00e8te dans la soie\u2026 comme qui dirait\u2026 comme la lune pas le doigt\u2026 comme des oignons align\u00e9s\u2026 comme un petit vent frais\u2026 comme un gros coup de pompe\u2026 Comme elle est venue elle est repartie\u2026 Comme quoi j\u2019avais bien raison\u2026 comme une cerise sur le g\u00e2teau\u2026 comme une parenth\u00e8se\u2026 comme une d\u00e9bandade\u2026 comme un coup de grisou.. Comme une maison ( gros ) \u2026 comme une chatte sur un toit br\u00fblant\u2026 comme un film au ralenti\u2026 comme un film \u00e0 l\u2019acc\u00e9l\u00e9r\u00e9\u2026 comme la mer et les poissons\u2026 comme du vent dans les voiles\u2026 comme un avion sans aile\u2026 comme une fourmi sans sucre\u2026 comme une mouche sans coche\u2026 comme un fleuve ass\u00e9ch\u00e9 \u2026 comme un lapin de la derni\u00e8re couv\u00e9e\u2026 comme un chien de ma chienne\u2026 comme une dent contre l\u2019autre\u2026 comme un nez au milieu de la figure\u2026 comme des rats\u2026 comme des sardines\u2026 comme aux heures de pointe\u2026 Comme chien et chat\u2026 comme de l\u2019eau de roche\u2026 Comme un mot de trop\u2026 Comme un aveu\u2026 comme un ciel de plomb\u2026 comme une plume\u2026 comme des pattes de mouche\u2026 comme un porc\u2026 comme une truie\u2026 comme un monstre\u2026 comme s\u2019il fallait remettre encore \u00e7a\u2026 comme j\u2019aurais voulu voir \u00e7a\u2026 Comme il perd rien pour attendre\u2026 comme une odeur de caoutchouc br\u00fbl\u00e9\u2026comme \u00e7a pue \u2026 comme une cr\u00eape\u2026 comme une orange\u2026 comme une pipe\u2026 comme une \u00e9claircie\u2026 comme le bout du tunnel\u2026 comme un coup de trop\u2026 comme de la petite bi\u00e8re\u2026 comme une ville d\u00e9serte\u2026 comme un coin paum\u00e9\u2026 comme un ch\u00e2teau de cartes\u2026 Comme des empreintes de doigt\u2026 comme une preuve par neuf\u2026 comme il fait chaud.. Comme il fait peur\u2026 comme il m\u2019emmerde\u2026 comme il parle pour ne rien dire\u2026 comme il ne dira strictement rien\u2026 comme des veaux\u2026 comme un b\u0153uf \u00e0 l\u2019abattoir\u2026 comme une fl\u00e8che en plein c\u0153ur \u2026 comme une machine dans ma t\u00eate\u2026 comme il est beau mon l\u00e9gionnaire\u2026 comme le loup le renard et la belette\u2026comme un air d\u2019accord\u00e9on\u2026 comme une chanson de Mac Orlan\u2026 comme un po\u00e8me de Pr\u00e9vert\u2026 comme une rue qui s\u2019\u00e9veille\u2026 comme une gr\u00e8ve de poubelle\u2026 comme une lettre \u00e0 la poste\u2026 comme une marque sur le front\u2026 comme un juif, un noir, un arabe\u2026 comme un gland\u2026 comme une pute\u2026 comme un peu de ros\u00e9e\u2026Comme une petite pointe d\u2019ail et de persil\u2026 comme un zeste de citron\u2026 comme c\u2019est alambiqu\u00e9 ton truc mon biquet\u2026 comme elle nous bassine\u2026 comme elle nous retourne\u2026 comme elle nous ach\u00e8ve\u2026 comme elle suce\u2026 comme elle fait les cent pas\u2026 comme elle fait le trottoir\u2026 comme il est con comme un balai\u2026 comme quoi d\u00e9j\u00e0 ?\u2026 Comme un cochon ! Comme l\u2019occasion fait le larron\u2026 comme un air de fandango\u2026comme un loir\u2026 comme une grue\u2026 comme une poule\u2026 comme un pou\u2026 comme des animaux\u2026 comme dans une bauge\u2026 comme un asticot\u2026 comme le ver dans la pomme\u2026 comme une roue voil\u00e9e\u2026 comme une trace de freinage\u2026 comme un oubli\u2026 comme un pet de travers\u2026 comme un coup foireux\u2026 comme en quarante\u2026 comme au boxon\u2026 comme \u00e0 l\u2019\u00e9cole\u2026 Comme \u00e0 la cantine\u2026 comme du papier \u00e0 cigarette\u2026 comme une injonction\u2026 comme une r\u00e9sistance\u2026 comme un n\u0153ud dans la gorge\u2026 comme un truc dans le nez\u2026 comme un sale go\u00fbt dans la bouche\u2026comme des queues de pelles\u2026 comme un manche\u2026 comme une t\u00eate de pioche\u2026 comme un r\u00e2teau\u2026 comme une initiation\u2026 comme une d\u00e9faite cuisante\u2026 comme le passage sous les fourches caudines\u2026 comme un peu de rouge au front.. Comme un \u0153il au beurre noir\u2026 comme une page arrach\u00e9e\u2026 comme des signes n\u00e9fastes\u2026 comme des routes qui ne se croisent jamais\u2026 comme un cerf qui brame\u2026 comme un vol de gerfauts \u2026 comme une ombre\u2026 comme une lueur d\u2019espoir\u2026 comme une pr\u00e9monition \u2026 comme un torticolis \u2026 comme une jambe de bois\u2026 comme un point \u00e0 l\u2019horizon\u2026 comme la fin d\u2019une belle histoire.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1021jpgw1016-21817a88.jpg?1762612627", "tags": ["Autofiction et Introspection", "Narration et Exp\u00e9rimentation"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/comme-si.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/comme-si.html", "title": "Comme si", "date_published": "2023-05-30T08:06:04Z", "date_modified": "2025-10-17T16:13:33Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

c\u2019est comme si [c\u00e9comci]<\/p>\n

Une condition pour qu\u2019il y ait du similaire, du semblable, sinon \u00e7a reste monstrueux. Si c\u2019est presque emblable<\/em>, le comme<\/em> tombe comme un cheveu dans la soupe. Le comme devient alors insens\u00e9.\nJustement, plong\u00e9e dans l\u2019insens\u00e9.<\/p>\n

Comme si de vieilles lunes, d\u00e9j\u00e0, \u00e9taient mille fois tomb\u00e9es sur Terre, emportant dans leurs d\u00e9bris les vivants d\u2019autrefois, surpris en plein r\u00eave.<\/p>\n

Comme si, dans les r\u00e9cits r\u00e9dig\u00e9s en sanskrit, on ne racontait pas des histoires pour enfants sages, mais de vraies histoires cruelles et sanglantes, et o\u00f9 le mal d\u00e9j\u00e0 montrait le vilain bout de son nez.<\/p>\n

Comme si les dieux \u00e9taient des \u00eatres de chair et de sang vraiment, tout aussi impitoyables et col\u00e9riques que nous le sommes envers nous-m\u00eames. Comme si leur image n\u2019\u00e9tait pas pur effet de style. Comme si l\u2019\u00e9ternit\u00e9 dont nous r\u00eavons, la rose ne la r\u00eavait pas aussi, mais la vivait d\u00e9sormais comme nous ne la vivons plus.<\/p>\n

Comme si la rose la vivait d\u2019autant plus fort que nous ne la r\u00eavons plus, pour compenser le manque et redresser un \u00e9quilibre oubli\u00e9, d\u00e9faillant.<\/p>\n

Comme si les ours avaient enseign\u00e9 \u00e0 nos anc\u00eatres, il y a 300 000 ans, \u00e0 utiliser les anfractuosit\u00e9s de la roche pour faire na\u00eetre le vivant au travers de la magie du dessin, en utilisant du bois br\u00fbl\u00e9, de la terre d\u2019ocre.<\/p>\n

Comme si ridicule est ce milliardaire qui se bourre de g\u00e9lules pour garder une peau de b\u00e9b\u00e9, que cet autre, plein aux as, r\u00eavait de conqu\u00e9rir Mars la rouge, qui fut jadis probablement notre origine.<\/p>\n

Comme si les choses s\u2019acc\u00e9l\u00e8rent d\u00e9sormais, \u00e0 un point de non-retour tel que rien ne pourrait plus \u00eatre arr\u00eat\u00e9, sauf par un miracle ou un cataclysme.<\/p>\n

Comme si l\u2019arriv\u00e9e des flottes extraterrestres allait compenser la fuite fiscale des consortiums qui, sur notre dos, se sont tant gav\u00e9s.<\/p>\n

Comme si la voiture \u00e9lectrique, le robot aspirateur \u00e9lectrique, la vitre \u00e9lectrique, le vibromasseur \u00e9lectrique allaient fournir la moindre impulsion \u00e9lectrique \u00e0 nos c\u0153urs \u00e9teints.<\/p>\n

Comme si l\u2019enc\u00e9phalogramme plat allait bondir \u00e0 nouveau vers une orgie de synapses.<\/p>\n

Comme si les bruits de bottes allaient \u00eatre \u00e9touff\u00e9s par les spots publicitaires \u00e0 gogo, les trois pour le prix d\u2019un, les promos.<\/p>\n

C\u2019est comme si Rome, Ath\u00e8nes tombaient encore et encore, en direct au journal de 20 h, et que nous en restions indiff\u00e9rents, d\u00e9c\u00e9r\u00e9br\u00e9s. Comme si la seule sensation valide \u00e9tait encore celle du pouce zappant sur les boutons des cha\u00eenes de nos t\u00e9l\u00e9commandes.<\/p>\n

C\u2019est comme si mai tournait en eau de boudin, que le printemps, jadis si gai, devenait tout \u00e0 coup, comme tout le reste, poussif en nos t\u00eates et c\u0153urs.<\/p>\n

C\u2019est comme si, dans le ciel, les oiseaux se fichaient de nos tourments de riches, d\u2019opulents, et qu\u2019ils partent encore \u00e0 la qu\u00eate de leurs r\u00eaves de nids, de prog\u00e9niture, en s\u2019en moquant.<\/p>", "content_text": " c\u2019est comme si [c\u00e9comci] Une condition pour qu\u2019il y ait du similaire, du semblable, sinon \u00e7a reste monstrueux. Si c\u2019est *presque emblable*, le *comme* tombe comme un cheveu dans la soupe. Le comme devient alors insens\u00e9. Justement, plong\u00e9e dans l\u2019insens\u00e9. Comme si de vieilles lunes, d\u00e9j\u00e0, \u00e9taient mille fois tomb\u00e9es sur Terre, emportant dans leurs d\u00e9bris les vivants d\u2019autrefois, surpris en plein r\u00eave. Comme si, dans les r\u00e9cits r\u00e9dig\u00e9s en sanskrit, on ne racontait pas des histoires pour enfants sages, mais de vraies histoires cruelles et sanglantes, et o\u00f9 le mal d\u00e9j\u00e0 montrait le vilain bout de son nez. Comme si les dieux \u00e9taient des \u00eatres de chair et de sang vraiment, tout aussi impitoyables et col\u00e9riques que nous le sommes envers nous-m\u00eames. Comme si leur image n\u2019\u00e9tait pas pur effet de style. Comme si l\u2019\u00e9ternit\u00e9 dont nous r\u00eavons, la rose ne la r\u00eavait pas aussi, mais la vivait d\u00e9sormais comme nous ne la vivons plus. Comme si la rose la vivait d\u2019autant plus fort que nous ne la r\u00eavons plus, pour compenser le manque et redresser un \u00e9quilibre oubli\u00e9, d\u00e9faillant. Comme si les ours avaient enseign\u00e9 \u00e0 nos anc\u00eatres, il y a 300 000 ans, \u00e0 utiliser les anfractuosit\u00e9s de la roche pour faire na\u00eetre le vivant au travers de la magie du dessin, en utilisant du bois br\u00fbl\u00e9, de la terre d\u2019ocre. Comme si ridicule est ce milliardaire qui se bourre de g\u00e9lules pour garder une peau de b\u00e9b\u00e9, que cet autre, plein aux as, r\u00eavait de conqu\u00e9rir Mars la rouge, qui fut jadis probablement notre origine. Comme si les choses s\u2019acc\u00e9l\u00e8rent d\u00e9sormais, \u00e0 un point de non-retour tel que rien ne pourrait plus \u00eatre arr\u00eat\u00e9, sauf par un miracle ou un cataclysme. Comme si l\u2019arriv\u00e9e des flottes extraterrestres allait compenser la fuite fiscale des consortiums qui, sur notre dos, se sont tant gav\u00e9s. Comme si la voiture \u00e9lectrique, le robot aspirateur \u00e9lectrique, la vitre \u00e9lectrique, le vibromasseur \u00e9lectrique allaient fournir la moindre impulsion \u00e9lectrique \u00e0 nos c\u0153urs \u00e9teints. Comme si l\u2019enc\u00e9phalogramme plat allait bondir \u00e0 nouveau vers une orgie de synapses. Comme si les bruits de bottes allaient \u00eatre \u00e9touff\u00e9s par les spots publicitaires \u00e0 gogo, les trois pour le prix d\u2019un, les promos. C\u2019est comme si Rome, Ath\u00e8nes tombaient encore et encore, en direct au journal de 20 h, et que nous en restions indiff\u00e9rents, d\u00e9c\u00e9r\u00e9br\u00e9s. Comme si la seule sensation valide \u00e9tait encore celle du pouce zappant sur les boutons des cha\u00eenes de nos t\u00e9l\u00e9commandes. C\u2019est comme si mai tournait en eau de boudin, que le printemps, jadis si gai, devenait tout \u00e0 coup, comme tout le reste, poussif en nos t\u00eates et c\u0153urs. C\u2019est comme si, dans le ciel, les oiseaux se fichaient de nos tourments de riches, d\u2019opulents, et qu\u2019ils partent encore \u00e0 la qu\u00eate de leurs r\u00eaves de nids, de prog\u00e9niture, en s\u2019en moquant. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/esprit-vegetal-1-121065bf-b4f45.jpg?1760717386", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/pessoa-comme-lautreamont.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/pessoa-comme-lautreamont.html", "title": "Pessoa comme Lautr\u00e9amont", "date_published": "2023-05-30T07:35:49Z", "date_modified": "2025-10-23T07:44:44Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je l’avais lu t\u00f4t, l’intranquillit\u00e9 de Pessoa r\u00e9sonnait tellement bien avec la mienne. Trop t\u00f4t peut-\u00eatre, j’aurais pu encore jouir un peu de la jeunesse si je l’avais lu vers la quarantaine. Mais cette phrase<\/p>\n

\"vivre cela n’est rien, naviguer est pr\u00e9cieux\" ou encore celle-ci, \"je ne suis rien mais en moi il y a tous les r\u00eaves du monde...\"<\/p>\n

Elle auront achev\u00e9 une grande partie de mes doutes sur le fait de vouloir \u00eatre quelqu’un et certainement avant m\u00eame que je commence \u00e0 en prendre conscience.<\/p>\n

Pas \u00e9tonnant de voir que Lautr\u00e9amont \u00e9voque \u00e9galement cette n\u00e9cessit\u00e9 d’an\u00e9antissement de l’auteur.<\/p>\n

Pessoa comme Lautr\u00e9amont comme on pourrait dire \u00e9toile comme fleur.<\/p>\n

L’utilisation d’un comme n\u00e9cessite une disparition, d’abattre certaines cloisons.<\/p>\n

Il ne s’agit plus de m\u00e9taphore au sens o\u00f9 on utilise la m\u00e9taphore par d\u00e9faut ou par facilit\u00e9.<\/p>\n

Tout au contraire. On use du comme comme d’une gomme.<\/p>\n

Maintenant concernant la conscience que l’on peut continuer \u00e0 entretenir durant la mort comme<\/em> de son vivant, il s’agit probablement de la m\u00eame chose, c’est \u00e0 dire se r\u00e9soudre \u00e0 passer par le goulot \u00e9troit de cet an\u00e9antissement. De mettre fin \u00e0 une fiction. Cette fiction qui, pour exister, aurait besoin d’une r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Une absence parce que les mots viennent mieux ainsi, ils ne sont plus frein\u00e9s.<\/p>\n

Les mots sont comme des bolides qui traversent l’espace int\u00e9rieur, et partant rendent compte de l’existence d’un tel espace. Qu’on puisse les projeter ensuite vers l’ext\u00e9rieur n\u00e9cessite l’invention d’un ext\u00e9rieur \u00e9galement.<\/p>\n

On pourrait dire alors l’int\u00e9rieur comme<\/em> l’ext\u00e9rieur.<\/p>\n

J’ai souvent pens\u00e9 non pas \u00e0 la mort mais \u00e0 qui j’\u00e9tais avant de venir au monde. Avant de naitre et apr\u00e8s-vivre, n’est-ce pas tout comme<\/em>, abstraction faite de toutes les p\u00e9rip\u00e9ties.<\/p>\n

tr\u00e8s m\u00e9taphysique ce mardi.<\/p>", "content_text": "Je l'avais lu t\u00f4t, l'intranquillit\u00e9 de Pessoa r\u00e9sonnait tellement bien avec la mienne. Trop t\u00f4t peut-\u00eatre, j'aurais pu encore jouir un peu de la jeunesse si je l'avais lu vers la quarantaine. Mais cette phrase \n\n\"vivre cela n'est rien, naviguer est pr\u00e9cieux\" ou encore celle-ci, \"je ne suis rien mais en moi il y a tous les r\u00eaves du monde...\" \n\nElle auront achev\u00e9 une grande partie de mes doutes sur le fait de vouloir \u00eatre quelqu'un et certainement avant m\u00eame que je commence \u00e0 en prendre conscience.\n\nPas \u00e9tonnant de voir que Lautr\u00e9amont \u00e9voque \u00e9galement cette n\u00e9cessit\u00e9 d'an\u00e9antissement de l'auteur.\n\nPessoa comme Lautr\u00e9amont comme on pourrait dire \u00e9toile comme fleur.\n\nL'utilisation d'un comme n\u00e9cessite une disparition, d'abattre certaines cloisons.\n\nIl ne s'agit plus de m\u00e9taphore au sens o\u00f9 on utilise la m\u00e9taphore par d\u00e9faut ou par facilit\u00e9.\n\nTout au contraire. On use du comme comme d'une gomme.\n\nMaintenant concernant la conscience que l'on peut continuer \u00e0 entretenir durant la mort comme de son vivant, il s'agit probablement de la m\u00eame chose, c'est \u00e0 dire se r\u00e9soudre \u00e0 passer par le goulot \u00e9troit de cet an\u00e9antissement. De mettre fin \u00e0 une fiction. Cette fiction qui, pour exister, aurait besoin d'une r\u00e9alit\u00e9.\n\nUne absence parce que les mots viennent mieux ainsi, ils ne sont plus frein\u00e9s.\n\nLes mots sont comme des bolides qui traversent l'espace int\u00e9rieur, et partant rendent compte de l'existence d'un tel espace. Qu'on puisse les projeter ensuite vers l'ext\u00e9rieur n\u00e9cessite l'invention d'un ext\u00e9rieur \u00e9galement.\n\nOn pourrait dire alors l'int\u00e9rieur comme l'ext\u00e9rieur. \n\nJ'ai souvent pens\u00e9 non pas \u00e0 la mort mais \u00e0 qui j'\u00e9tais avant de venir au monde. Avant de naitre et apr\u00e8s-vivre, n'est-ce pas tout comme, abstraction faite de toutes les p\u00e9rip\u00e9ties.\n\ntr\u00e8s m\u00e9taphysique ce mardi.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/esprit-vegetal20-4d4e8489.jpg?1761205451", "tags": ["Auteurs litt\u00e9raires"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-imaginaire.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-imaginaire.html", "title": "L'imaginaire", "date_published": "2023-05-30T06:54:41Z", "date_modified": "2025-11-08T14:41:51Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Il faut \u00eatre dans le plus dur du dur de la r\u00e9alit\u00e9 pour d\u00e9couvrir l’immense potentiel de l’imaginaire. Les gens qui vivent dans un certain confort<\/em> ne savent pas \u00e0 cot\u00e9 de quoi ils passent. Je me faisais cette r\u00e9flexion hier encore en inventant une histoire d’enl\u00e8vement par les extraterrestres, en direct, face \u00e0 mon beau-fr\u00e8re. En prenant le ton le plus s\u00e9rieux qu’il soit, et en fournissant suffisamment de d\u00e9tails mais pas trop non plus, l’ellipse est essentielle dans ce genre de narration, je vis son visage s’allonger, son regard chercher un appui sur le mur du fond derri\u00e8re moi.<\/p>\n

\"— Est-il devenu cingl\u00e9 ?\" semblait demander au mur ce regard.<\/p>\n

Evidemment je me mis \u00e0 sourire pour le rassurer.<\/p>\n

\"— je plaisantais, bien s\u00fbr...\"<\/p>\n

Il en fut \u00e0 la fois soulag\u00e9 et un peu triste je crois bien.<\/p>\n

Mais le fait est qu’on ne devrait pas raconter \u00e0 n’importe qui tout ce qui se passe dans notre vie. M\u00eame avec les meilleures intentions du monde. Comme par exemple tenter de r\u00e9veiller un peu l’imagination de nos proches qui souvent parait bien endormie.<\/p>\n

Je racontais \u00e7a au pilote de la soucoupe qui se gondola, si tant est qu’un \u00eatre m\u00e9tamorphe puisse se gondoler comme nous autres humains, bien s\u00fbr. Le voyage est assez long jusqu’\u00e0 Alpha du Centaure, il faut bien parler de quelque chose, m\u00eame si dans le fond, on n’a pas grand chose \u00e0 dire.<\/p>", "content_text": "Il faut \u00eatre dans le plus dur du dur de la r\u00e9alit\u00e9 pour d\u00e9couvrir l'immense potentiel de l'imaginaire. Les gens qui vivent dans un certain confort ne savent pas \u00e0 cot\u00e9 de quoi ils passent. Je me faisais cette r\u00e9flexion hier encore en inventant une histoire d'enl\u00e8vement par les extraterrestres, en direct, face \u00e0 mon beau-fr\u00e8re. En prenant le ton le plus s\u00e9rieux qu'il soit, et en fournissant suffisamment de d\u00e9tails mais pas trop non plus, l'ellipse est essentielle dans ce genre de narration, je vis son visage s'allonger, son regard chercher un appui sur le mur du fond derri\u00e8re moi.\n\n\"\u2014 Est-il devenu cingl\u00e9 ?\" semblait demander au mur ce regard.\n\nEvidemment je me mis \u00e0 sourire pour le rassurer. \n\n\"\u2014 je plaisantais, bien s\u00fbr...\"\n\nIl en fut \u00e0 la fois soulag\u00e9 et un peu triste je crois bien.\n\nMais le fait est qu'on ne devrait pas raconter \u00e0 n'importe qui tout ce qui se passe dans notre vie. M\u00eame avec les meilleures intentions du monde. Comme par exemple tenter de r\u00e9veiller un peu l'imagination de nos proches qui souvent parait bien endormie.\n\nJe racontais \u00e7a au pilote de la soucoupe qui se gondola, si tant est qu'un \u00eatre m\u00e9tamorphe puisse se gondoler comme nous autres humains, bien s\u00fbr. Le voyage est assez long jusqu'\u00e0 Alpha du Centaure, il faut bien parler de quelque chose, m\u00eame si dans le fond, on n'a pas grand chose \u00e0 dire.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/annales-akashiqu-acfeb611-cbc83.jpg?1762612864", "tags": ["Autofiction et Introspection"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/comme-un-chant.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/comme-un-chant.html", "title": "Comme un chant", "date_published": "2023-05-30T06:39:19Z", "date_modified": "2025-11-08T14:43:23Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

( suite de l’exercice d’\u00e9criture d’un atelier de FB \u00e0 partir de l’adverbe Comme et de Marcelin Pleynet, de Lautr\u00e9amont.) <\/code><\/p>\n<\/pre>\n

comme j’allais \u00e0 rebours, effeuillant page \u00e0 page, feuille \u00e0 feuille, la fausse m\u00e9moire de ma fausse vie, je d\u00e9couvris soudain un vide log\u00e9 dans la reliure qui m’intrigua et dans lequel je p\u00e9n\u00e9trai, non sans quelques difficult\u00e9s, car j’avais, dans l’op\u00e9ration pr\u00e9c\u00e9dente d\u00e9j\u00e0, perdu \u00e9norm\u00e9ment de mon ancienne souplesse.<\/p>\n

comme j’atteignais l’obscurit\u00e9 totale je n’avais aucune indication concernant la taille de l’excavation. \u00c9tait-elle de la taille d’une boite \u00e0 g\u00e2teaux, d’une tombe, d’un continent noir, cette question me servi un instant de b\u00e9quille pour m’installer au calme dans la nuit.<\/p>\n

comme j’\u00e9tais l\u00e0 depuis un moment, \u00e9tait-ce des minutes, des heures, des si\u00e8cles, difficile \u00e0 dire, mes yeux peu \u00e0 peu s’habitu\u00e8rent et commenc\u00e8rent \u00e0 distinguer les contours d’une terre immense, sorte de paysage marin, peut-\u00eatre une grande baie bord\u00e9e de part et d’autres par de prodigieuses falaises.<\/p>\n

Comme je m’interrogeais sur la hauteur de ces falaises j’aper\u00e7us soudain dans le ciel des milliers d’\u00e9toiles dont les lueurs brillaient faiblement mais suffisamment pour que je puisse me faire une id\u00e9e assez juste de l’innombrable.<\/p>\n

comme j’\u00e9tais allong\u00e9 sur le sol l’id\u00e9e me pris de me relever et de me d\u00e9gourdir les jambes, j’y voyais d\u00e9sormais suffisamment pour rejoindre une grande plage o\u00f9 la p\u00e2leur semblait indiquer qu’elle \u00e9tait constitu\u00e9 de sable clair.<\/p>\n

comme j’\u00e9tais entr\u00e9 pieds nus dans cet \u00e9trange pays, je fus heureux de constater que je retrouvais de vieilles sensations oubli\u00e9es, comme celle de marcher sur une herbe mouill\u00e9e, puis sur le sable, et m\u00eame parfois de sentir sous la plante la duret\u00e9 tout \u00e0 fait agr\u00e9able d’une pierre, d’un rocher.<\/p>\n

comme je m’interrogeais sur le diff\u00e9rence appr\u00e9ciable entre ces sensations que j’appelais nouvelles faute de mieux et celles habituelles quand dans la vie de tous les jours on marche pieds nus sur de l’herbe ou du sable ou des rochers, l’id\u00e9e suivante et qui parut \u00e0 ce moment \u00e9minemment logique \u00e9tait celle qu’en passant \u00e0 travers la reliure du faux livre de ma fausse vie j’\u00e9tais mort.<\/p>\n

comme je r\u00e9fl\u00e9chissais \u00e0 la nature de cette mort, et que je d\u00e9sirais pousser la logique vers ses extr\u00e9mit\u00e9s les plus extr\u00eames je d\u00e9couvris soudain que j’\u00e9tais encore plus vivant que jamais je ne l’avais jusque l\u00e0 \u00e9t\u00e9.<\/p>\n

comme j’en \u00e9tais content, j’ouvris la bouche et sans la moindre volont\u00e9 de ma part quelque chose en sorti et qui r\u00e9flexion faite, avait l’air d’\u00eatre un chant.<\/p>\n

NB. Il est possible de supprimer la toute premi\u00e8re phrase, ou de la sauter, elle ne sert \u00e0 rien sauf \u00e0 commencer.<\/code><\/pre>",
        "content_text": "( suite de l'exercice d'\u00e9criture d'un atelier de FB \u00e0 partir de l'adverbe Comme et de Marcelin Pleynet, de Lautr\u00e9amont.) \n\ncomme j'allais \u00e0 rebours, effeuillant page \u00e0 page, feuille \u00e0 feuille, la fausse m\u00e9moire de ma fausse vie, je d\u00e9couvris soudain un vide log\u00e9 dans la reliure qui m'intrigua et dans lequel je p\u00e9n\u00e9trai, non sans quelques difficult\u00e9s, car j'avais, dans l'op\u00e9ration pr\u00e9c\u00e9dente d\u00e9j\u00e0, perdu \u00e9norm\u00e9ment de mon ancienne souplesse. \n\ncomme j'atteignais l'obscurit\u00e9 totale je n'avais aucune indication concernant la taille de l'excavation. \u00c9tait-elle de la taille d'une boite \u00e0 g\u00e2teaux, d'une tombe, d'un continent noir, cette question me servi un instant de b\u00e9quille pour m'installer au calme dans la nuit.\n\ncomme j'\u00e9tais l\u00e0 depuis un moment, \u00e9tait-ce des minutes, des heures, des si\u00e8cles, difficile \u00e0 dire, mes yeux peu \u00e0 peu s'habitu\u00e8rent et commenc\u00e8rent \u00e0 distinguer les contours d'une terre immense, sorte de paysage marin, peut-\u00eatre une grande baie bord\u00e9e de part et d'autres par de prodigieuses falaises.\n\nComme je m'interrogeais sur la hauteur de ces falaises j'aper\u00e7us soudain dans le ciel des milliers d'\u00e9toiles dont les lueurs brillaient faiblement mais suffisamment pour que je puisse me faire une id\u00e9e assez juste de l'innombrable.\n\ncomme j'\u00e9tais allong\u00e9 sur le sol l'id\u00e9e me pris de me relever et de me d\u00e9gourdir les jambes, j'y voyais d\u00e9sormais suffisamment pour rejoindre une grande plage o\u00f9 la p\u00e2leur semblait indiquer qu'elle \u00e9tait constitu\u00e9 de sable clair. \n\ncomme j'\u00e9tais entr\u00e9 pieds nus dans cet \u00e9trange pays, je fus heureux de constater que je retrouvais de vieilles sensations oubli\u00e9es, comme celle de marcher sur une herbe mouill\u00e9e, puis sur le sable, et m\u00eame parfois de sentir sous la plante la duret\u00e9 tout \u00e0 fait agr\u00e9able d'une pierre, d'un rocher. \n\ncomme je m'interrogeais sur le diff\u00e9rence appr\u00e9ciable entre ces sensations que j'appelais nouvelles faute de mieux et celles habituelles quand dans la vie de tous les jours on marche pieds nus sur de l'herbe ou du sable ou des rochers, l'id\u00e9e suivante et qui parut \u00e0 ce moment \u00e9minemment logique \u00e9tait celle qu'en passant \u00e0 travers la reliure du faux livre de ma fausse vie j'\u00e9tais mort.\n\ncomme je r\u00e9fl\u00e9chissais \u00e0 la nature de cette mort, et que je d\u00e9sirais pousser la logique vers ses extr\u00e9mit\u00e9s les plus extr\u00eames je d\u00e9couvris soudain que j'\u00e9tais encore plus vivant que jamais je ne l'avais jusque l\u00e0 \u00e9t\u00e9.\n\ncomme j'en \u00e9tais content, j'ouvris la bouche et sans la moindre volont\u00e9 de ma part quelque chose en sorti et qui r\u00e9flexion faite, avait l'air d'\u00eatre un chant.NB. Il est possible de supprimer la toute premi\u00e8re phrase, ou de la sauter, elle ne sert \u00e0 rien sauf \u00e0 commencer.",
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        "title": "Biblioth\u00e8que de sons",
        "date_published": "2023-05-30T06:15:00Z",
        "date_modified": "2025-11-03T14:21:12Z",
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        "content_html": "

De quoi a t’on besoin pour \u00e9crire ? des sons essentiellement. Peut-\u00eatre qu’on se fabrique ainsi, sans le savoir, une gigantesque biblioth\u00e8que de sons et qu’\u00e0 un moment ne sachant quoi vraiment en faire, on se met \u00e0 les \u00e9crire.<\/p>\n

Ensuite quelle intention se cache encore derri\u00e8re le fait de les faire \u00e9couter \u00e0 d’autres ?<\/p>\n

Il faut peut-\u00eatre rester ferme vis \u00e0 vis de nos curiosit\u00e9s, ne pas les \u00e9couter.<\/p>\n

Ecouter n’est pas savoir, et probable que c’est aussi cela savoir<\/em>.<\/p>", "content_text": "De quoi a t'on besoin pour \u00e9crire ? des sons essentiellement. Peut-\u00eatre qu'on se fabrique ainsi, sans le savoir, une gigantesque biblioth\u00e8que de sons et qu'\u00e0 un moment ne sachant quoi vraiment en faire, on se met \u00e0 les \u00e9crire.\n\nEnsuite quelle intention se cache encore derri\u00e8re le fait de les faire \u00e9couter \u00e0 d'autres ?\n\nIl faut peut-\u00eatre rester ferme vis \u00e0 vis de nos curiosit\u00e9s, ne pas les \u00e9couter.\n\nEcouter n'est pas savoir, et probable que c'est aussi cela savoir.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/esprit-vegetal-2-d48d4dc7.jpg?1762179608", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/des-raisons-de-refuser.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/des-raisons-de-refuser.html", "title": "Des raisons de refuser", "date_published": "2023-05-30T05:43:53Z", "date_modified": "2025-11-03T14:19:10Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

soudain cette phrase qui parait sortir de la page :<\/p>\n

\"Il y avait, je crois, des choses qu’il ne voulait pas comprendre pour ne rien perdre de ses antipathies et de ses d\u00e9dains.\"<\/em><\/p>", "content_text": "soudain cette phrase qui parait sortir de la page :\n\n\"Il y avait, je crois, des choses qu'il ne voulait pas comprendre pour ne rien perdre de ses antipathies et de ses d\u00e9dains.\"", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/2012-10-12-18430-cee0a44b-76167.jpg?1762179501", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/komme.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/komme.html", "title": "Komme", "date_published": "2023-05-30T05:31:58Z", "date_modified": "2025-11-08T14:44:18Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Ils sont dans la p\u00e9nombre de ce que j’imagine \u00eatre un wagon \u00e0 bestiaux, dans un train, ils ne se parlent pas, ils se regardent, et l\u00e0, elle Romy dit<\/p>\n

\"—komme\"<\/p>\n

\u00e0 Jean-Louis.<\/p>\n

Sauf qu’elle n’est pas Romy mais Anna et lui n’est pas Jean-Louis mais Julien.<\/p>\n

Que le wagon \u00e0 bestiaux est en fait un fourgon selon la page Wikip\u00e9dia du film.<\/p>\n

Mais peu importe les pr\u00e9noms, les mots, l’\u00e9poque, les diff\u00e9rents caract\u00e8res qui surgissent \u00e0 l’int\u00e9rieur de de cette sc\u00e8ne,<\/p>\n

Soudain un portail s’ouvre entre le r\u00e9el et l’imaginaire.<\/p>\n

Est-ce que \u00e7a change grand-chose que ce soit en allemand ou en fran\u00e7ais ?<\/p>\n

\"— komme, viens...\"<\/p>\n

C’est bien possible.<\/p>\n

\"—Viens\" aurait un tout autre effet, peut-\u00eatre de l’ordre du trivial, un mot qui appartient plus au vocabulaire de la prostitu\u00e9e pr\u00e9sente dans le wagon ( R\u00e9gine)<\/p>\n

Ce komme<\/em> cr\u00e9e une sacr\u00e9e diff\u00e9rence, comme un saut quantique.<\/p>\n

C’est comme un livre de litt\u00e9rature classique qu’on ouvre, comment lit-on aujourd’hui au XXI \u00e8me si\u00e8cle un tel texte ? Quelle est la r\u00e9ception actuelle d’un texte de Cervantes, de Montaigne, de Rabelais ?<\/p>\n

Se prendre un livre de litt\u00e9rature classique de plein fouet sans avoir \u00e9t\u00e9 pr\u00e9venu comme on peut se prendre un poteau, un autobus.<\/p>\n

Le texte comme le dialogue d’un film reste immuable, intemporel. La lecture est du temps, elle est du temps dans le temps. Lire c’est peut-\u00eatre amortir. Amortissement pas forc\u00e9ment un mot de comptable.<\/p>\n

la chute d’une feuille, un \u00e9clat de voix, le temps que prend une nouvelle pour nous parvenir.<\/p>\n

La lecture et son lent d\u00e9ploiement, ses ramifications, ses affluents.<\/p>\n

S’y avancer nu tout en restant attentif \u00e0 ce qui nous touche est essentiel.<\/p>\n

Ensevelir un texte sous des r\u00e9f\u00e9rences historiques, universitaires peut le rendre impressionnant bien s\u00fbr mais ce sera tout de m\u00eame l’\u00e9motion \u00e9prouv\u00e9e qui nous aidera \u00e0 en conserver le souvenir, la trace.<\/p>\n

Un livre peut dire \"—komme\"<\/p>\n

un lecteur peut dire \"— j’arrive\" sans prononcer le moindre mot.<\/p>", "content_text": "Ils sont dans la p\u00e9nombre de ce que j'imagine \u00eatre un wagon \u00e0 bestiaux, dans un train, ils ne se parlent pas, ils se regardent, et l\u00e0, elle Romy dit \n\n\"\u2014komme\" \n\n\u00e0 Jean-Louis. \n\nSauf qu'elle n'est pas Romy mais Anna et lui n'est pas Jean-Louis mais Julien.\n\nQue le wagon \u00e0 bestiaux est en fait un fourgon selon la page Wikip\u00e9dia du film.\n\nMais peu importe les pr\u00e9noms, les mots, l'\u00e9poque, les diff\u00e9rents caract\u00e8res qui surgissent \u00e0 l'int\u00e9rieur de de cette sc\u00e8ne, \n\nSoudain un portail s'ouvre entre le r\u00e9el et l'imaginaire.\n\nEst-ce que \u00e7a change grand-chose que ce soit en allemand ou en fran\u00e7ais ?\n\n\"\u2014 komme, viens...\" \n\nC'est bien possible. \n\n\"\u2014Viens\" aurait un tout autre effet, peut-\u00eatre de l'ordre du trivial, un mot qui appartient plus au vocabulaire de la prostitu\u00e9e pr\u00e9sente dans le wagon ( R\u00e9gine) \n\nCe komme cr\u00e9e une sacr\u00e9e diff\u00e9rence, comme un saut quantique.\n\nC'est comme un livre de litt\u00e9rature classique qu'on ouvre, comment lit-on aujourd'hui au XXI \u00e8me si\u00e8cle un tel texte ? Quelle est la r\u00e9ception actuelle d'un texte de Cervantes, de Montaigne, de Rabelais ?\n\nSe prendre un livre de litt\u00e9rature classique de plein fouet sans avoir \u00e9t\u00e9 pr\u00e9venu comme on peut se prendre un poteau, un autobus.\n\nLe texte comme le dialogue d'un film reste immuable, intemporel. La lecture est du temps, elle est du temps dans le temps. Lire c'est peut-\u00eatre amortir. Amortissement pas forc\u00e9ment un mot de comptable.\n\nla chute d'une feuille, un \u00e9clat de voix, le temps que prend une nouvelle pour nous parvenir. \n\nLa lecture et son lent d\u00e9ploiement, ses ramifications, ses affluents.\n\nS'y avancer nu tout en restant attentif \u00e0 ce qui nous touche est essentiel. \n\nEnsevelir un texte sous des r\u00e9f\u00e9rences historiques, universitaires peut le rendre impressionnant bien s\u00fbr mais ce sera tout de m\u00eame l'\u00e9motion \u00e9prouv\u00e9e qui nous aidera \u00e0 en conserver le souvenir, la trace.\n\nUn livre peut dire \"\u2014komme\"\n\nun lecteur peut dire \"\u2014 j'arrive\" sans prononcer le moindre mot.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/the_train-874499-8b00e07f.jpg?1761562398", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/30052023.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/30052023.html", "title": "30052023", "date_published": "2023-05-30T04:19:22Z", "date_modified": "2025-11-08T14:45:33Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

R\u00e9ception des ambassadeurs siamois par l’Empereur Napol\u00e9on III au palais de Fontainebleau, 27 juin 1861\u00a9 RMN-GP (Ch\u00e2teau de Versailles) \/ Droits r\u00e9serv\u00e9s<\/p>\n

\u00c7a y est mai se termine. Je n\u2019ai pas compt\u00e9 le nombre de textes \u00e9crits ce mois-ci. Il doit y en avoir un bon paquet. Minimum deux par jour en moyenne. Et d\u2019ailleurs quelle importance de compter. Tu ne vas pas t\u2019y mettre aujourd\u2019hui.
Lu hier soir un peu du Lautr\u00e9amont de Marcelin Pleynet. Que de supputations de part et d\u2019autre. Un peu \u00e9tonn\u00e9 par les avis de Bachelard concernant la biographie du jeune Ducasse et surtout toutes ces interpr\u00e9tations qui seront extraites de si de peu de chose finalement.
Que la litt\u00e9rature soit le fruit d\u2019un r\u00e8glement de compte, d\u2019une revanche, d\u2019un complexe d\u2019inf\u00e9riorit\u00e9 ou de sup\u00e9riorit\u00e9 la place dans le camp des psychologues et des universitaires qui cherchent toujours des raisons \u00e0 tout. D\u2019ailleurs ceux qui prendront Lautr\u00e9amont pour un doux dingue sont souvent dans l\u2019enseignement. Ce sont les serviteurs d\u2019une certaine vision de la litt\u00e9rature au m\u00eame titre qu’on retrouvera les m\u00eames en peinture. Chaque art institutionnalis\u00e9 poss\u00e8de ses serviteurs z\u00e9l\u00e9s pour entretenir les \u00e9chafaudages branlants de la culture telle qu\u2019on veut nous l\u2019imposer.
Il y a une g\u00e8ne \u00e0 penser que Lautr\u00e9amont ou Ducasse soit mort jeune. Et qu’on profite ainsi de sa disparition pr\u00e9coce. Qu’on l’\u00e9l\u00e8ve ainsi \u00e0 une position d’\u00e9toile presque naturellement. Car dans le fond, Que sait-on vraiment de l\u2019existence \u00e0 25 ans ? Et surtout possible que nombre de vieux barbons ayant renonc\u00e9 \u00e0 la fulgurance du g\u00e9nie de leur jeunesse en soient non pas admiratifs chez l\u2019autre mais fondamentalement jaloux. Cette jalousie se dissimulant dans de gros livres bourr\u00e9s de propos pr\u00e9tendus s\u00e9rieux ou savants.
Ce dont se moque \u00e9perdument le g\u00e9nie de la jeunesse qui d’ailleurs ne sait m\u00eame pas qu’il est g\u00e9nie.<\/p>\n

Est-il possible d\u2019admirer qui que ce soit sans que cette admiration nous propose un reflet de nous-m\u00eames, de qui nous f\u00fbmes, de qui nous r\u00eavions d\u2019\u00eatre dans le temps ?
C\u2019est le fameux ph\u00e9nom\u00e8ne d\u2019identification sur lequel on nous interroge avec inqui\u00e9tude tout au long de notre scolarit\u00e9.
“—Va t\u2019il enfin pouvoir s\u2019identifier \u00e0 quelqu\u2019un ? \u00c7a nous soulagerait bien, et nous serions tranquilles un moment”
Comprendre ce ph\u00e9nom\u00e8ne de reflet trop jeune est une mal\u00e9diction car on ne peut que se m\u00e9fier alors de toute admiration.
Toute admiration pr\u00e9tendument spontan\u00e9e<\/em> fini par \u00eatre pollu\u00e9e par l\u2019introspection.
C\u2019est un long processus de passer de l\u2019admiration \u00e0 l\u2019amour. Et encore il faudra se farcir toutes les strates pour parvenir \u00e0 s\u2019an\u00e9antir proprement face \u00e0 l\u2019\u00e9v\u00e9nement d\u2019aimer, face \u00e0 son authenticit\u00e9 surtout si on y acc\u00e8de apr\u00e8s avoir rumin\u00e9 longuement le mot authentique.<\/p>\n

Pleynet d\u00e9bute son livre avec des t\u00e9moignages concernant la jeunesse de Lautr\u00e9amont ( je pr\u00e9f\u00e8re dire Lautr\u00e9amont que Ducasse finalement )
C\u2019est toujours la m\u00eame sc\u00e8ne qui est reprise de t\u00e9moignage en t\u00e9moignage. Un jeune homme efflanqu\u00e9 assis devant un piano dans une chambre d\u2019h\u00f4tel et qui, au fur et \u00e0 mesure qu\u2019il \u00e9crit plaque des accords au grand d\u00e9sespoir de ses voisins.<\/p>\n

Sorte d\u2019image refuge pour la plupart. De m\u00eame que le r\u00e9cit de la vie scolaire est toujours celui d\u2019un \u00eatre qui semble perdu, dans sa bulle et qui n’est visiblement pas tr\u00e8s dou\u00e9 pour la po\u00e9sie voire qui la r\u00e9fute telle qu\u2019elle est enseign\u00e9e.
On pourra dire ce que l\u2019on voudra, \u00e9tudier Lautr\u00e9amont au lyc\u00e9e est une ineptie. D\u00e9j\u00e0 parce que les enseignants ne font que r\u00e9p\u00e9ter ce que d\u2019autres leur ont appris de l\u2019\u0153uvre la plupart du temps et que de plus les phrases \u00e0 rallonge n\u2019offrent que peu d\u2019int\u00e9r\u00eat aux \u00e9tudiants de cet \u00e2ge.<\/p>\n

Ca les ennuie surtout. Encore que je ne fasse encore que parler de moi bien sur. De ce moi \u00e0 l\u2019\u00e2ge des \u00e9tudiants d\u2019un lyc\u00e9e d\u2019autrefois, dans les ann\u00e9es 70. Alors qu\u2019il y avait tant de choses \u00e0 \u00e9tudier d\u2019autre, notamment cette libert\u00e9 sexuelle, grande nouveaut\u00e9 s\u2019il en est.<\/p>\n

A moins que justement les t\u00eates pensantes de l\u2019Acad\u00e9mie imaginent le placer dans le programme pour tenter de canaliser une libido d\u00e9bordante. Car un psychologue ne verrait dans ce texte des Chants qu\u2019une resuc\u00e9e de ce que lui a enseign\u00e9 Sigmund, que le sexe est \u00e0 l\u2019origine de tout, y compris des chants de Maldoror, surtout de ce genre de textes.<\/p>\n

Alors que si l\u2019on lit ce qu\u2019en dit l\u2019auteur c\u2019est tout le contraire, c\u2019est l\u2019an\u00e9antissement par d\u2019autres moyens, par tout autre moyen, notamment celui de l\u2019exercice de la langue, une remont\u00e9e \u00e0 ses origines, \u00e0 son incoh\u00e9rence fondamentale.<\/p>\n

A l\u2019incoh\u00e9rence fondamentale de l\u2019\u00e9go tout autant que de tout narrateur, tout personnage et m\u00eame de toute histoire, notamment celle litt\u00e9raire.<\/p>\n

En quoi tout cela m\u2019int\u00e9resse t\u2019il soudain ? Assez modestement quant \u00e0 la r\u00e9daction de ce blog dont les enjeux sont \u00e0 peu pr\u00e8s les m\u00eames, y compris cette n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019an\u00e9antissement.<\/p>\n

Cet an\u00e9antissement ce n\u2019est pas celui de l\u2019\u00eatre cependant mais de cet ensemble de couches mensong\u00e8res que la notion d\u2019avoir, de poss\u00e9der ; de ma\u00eetriser, aura enseveli
Comment en finir avec ce mensonge, en le montrant, en le d\u00e9signant sous toutes ses formes, en l\u2019\u00e9puisant, ce qui n\u2019est pas une mince affaire.<\/p>\n

Parall\u00e8lement je reviens sur le fait d\u2019avoir perdu ma voix il y a deux semaines et qui prend un sens symbolique tout \u00e0 coup
Perdre sa voix ce n\u2019est pas rien.
Je suis all\u00e9 consulter et je m\u2019en suis tir\u00e9 avec une semaine d\u2019antibiotique. Ma voix est revenue. Mais un petit doute subsiste. Si ma voix physique est revenue, quelque chose s\u2019est produit dans l\u2019invisible. Une mue.
Ce qui provoque un certain nombre de r\u00eaveries tout droit surgies de l\u2019enfance, comme si perdre ma voix d\u2019adulte me ramenait illico \u00e0 une p\u00e9riode de pubert\u00e9. A cette charni\u00e8re o\u00f9 l\u2019on voit s\u2019\u00e9vanouir sa voix d\u2019enfant, mais pas seulement, tout un monde que l\u2019on porte en soi et dont l\u2019abandon sonne le glas de cette enfance.
Comme si l\u2019on se sentait pouss\u00e9 par des forces mal\u00e9fiques \u00e0 troquer son enfance ; et tout ce qui nous est de plus cher, contre des compromis m\u00e9diocres afin de p\u00e9n\u00e9trer dans l’\u00e2ge adulte. Avec surtout cette obsession, cette obstination \u00e0 \u00eatre accept\u00e9 comme tel.<\/p>\n

Troquer une immaturit\u00e9 pr\u00e9tendue contre une autre av\u00e9r\u00e9e alors qu’on sait d’avance qu’av\u00e9r\u00e9e est synonyme d’impos\u00e9e, c’est un supplice.<\/p>\n

De l\u00e0 tous ces ph\u00e9nom\u00e8nes d\u2019identification, ce besoin de mod\u00e8les, ces admirations etc etc.<\/p>\n

Il y a aussi une envie de renoncement tr\u00e8s forte \u00e0 ce monde dit adulte mais que je consid\u00e8re totalement cingl\u00e9.<\/p>\n

Bien sur je ne le peux pas. Je ne peux pas renoncer compl\u00e8tement.<\/p>\n

Mais \u00e9crire une histoire f\u00e9erique m\u2019attire beaucoup. Revenir \u00e0 des arch\u00e9types essentiels. A une relation binaire bien et mal serait reposant, voire m\u00eame roboratif. Quand je repense aux textes d\u2019Elie Faure sur la d\u00e9cadence de l\u2019art chez les grecs, c\u2019est, dit-il par l\u2019exc\u00e8s de d\u00e9tails, de drap\u00e9 surtout, par l\u2019abondance de nuances que la d\u00e9cr\u00e9pitude s\u2019installe.<\/p>\n

Et du coup si je poursuis ce raisonnement je ne peux pas faire l’impasse sur ce qui est en train de se produire en Espagne comme un peu partout d\u00e9sormais en Europe. La mont\u00e9e de l’extr\u00eame droite qui justement pr\u00e9tend proposer une vision binaire du monde, du bien et du mal, de revenir \u00e0 des valeurs claires, bien tranch\u00e9es dans le vif, rassurantes.<\/p>\n


Et pour revenir \u00e0 Lautr\u00e9amont et \u00e0 cette p\u00e9riode sinistre dans laquelle il a v\u00e9cu il est difficile de ne pas faire un rapprochement avec la notre. Napol\u00e9on III et la naissance du capitalisme, la naissance de l\u2019horreur et puis cette p\u00e9riode dans laquelle nous sommes, son agonie, ses sursauts effroyables encore \u00e0 venir certainement du monstre qui sent bien qu\u2019il est en train de crever. Possible que le d\u00e9sir d’ordre, de dictature soit l’accompagnement r\u00e9current de l’an\u00e9antissement d’un ph\u00e9nom\u00e8ne \u00e9conomique d\u00e9faillant.<\/p>\n

Une sorte d’outrance comme on peut trouver dans les phrases \u00e0 rallonge, bourr\u00e9es d’images de m\u00e9taphores en regard d’une autre outrance qui elle ass\u00e8ne \u00e0 coups de bottes et d’armes lourdes l’imp\u00e9ratif de la sobri\u00e9t\u00e9.<\/p>", "content_text": "R\u00e9ception des ambassadeurs siamois par l'Empereur Napol\u00e9on III au palais de Fontainebleau, 27 juin 1861\u00a9 RMN-GP (Ch\u00e2teau de Versailles) \/ Droits r\u00e9serv\u00e9s\n\n\u00c7a y est mai se termine. Je n\u2019ai pas compt\u00e9 le nombre de textes \u00e9crits ce mois-ci. Il doit y en avoir un bon paquet. Minimum deux par jour en moyenne. Et d\u2019ailleurs quelle importance de compter. Tu ne vas pas t\u2019y mettre aujourd\u2019hui.\n\nLu hier soir un peu du Lautr\u00e9amont de Marcelin Pleynet. Que de supputations de part et d\u2019autre. Un peu \u00e9tonn\u00e9 par les avis de Bachelard concernant la biographie du jeune Ducasse et surtout toutes ces interpr\u00e9tations qui seront extraites de si de peu de chose finalement.\n\nQue la litt\u00e9rature soit le fruit d\u2019un r\u00e8glement de compte, d\u2019une revanche, d\u2019un complexe d\u2019inf\u00e9riorit\u00e9 ou de sup\u00e9riorit\u00e9 la place dans le camp des psychologues et des universitaires qui cherchent toujours des raisons \u00e0 tout. D\u2019ailleurs ceux qui prendront Lautr\u00e9amont pour un doux dingue sont souvent dans l\u2019enseignement. Ce sont les serviteurs d\u2019une certaine vision de la litt\u00e9rature au m\u00eame titre qu'on retrouvera les m\u00eames en peinture. Chaque art institutionnalis\u00e9 poss\u00e8de ses serviteurs z\u00e9l\u00e9s pour entretenir les \u00e9chafaudages branlants de la culture telle qu\u2019on veut nous l\u2019imposer.\n\nIl y a une g\u00e8ne \u00e0 penser que Lautr\u00e9amont ou Ducasse soit mort jeune. Et qu'on profite ainsi de sa disparition pr\u00e9coce. Qu'on l'\u00e9l\u00e8ve ainsi \u00e0 une position d'\u00e9toile presque naturellement. Car dans le fond, Que sait-on vraiment de l\u2019existence \u00e0 25 ans ? Et surtout possible que nombre de vieux barbons ayant renonc\u00e9 \u00e0 la fulgurance du g\u00e9nie de leur jeunesse en soient non pas admiratifs chez l\u2019autre mais fondamentalement jaloux. Cette jalousie se dissimulant dans de gros livres bourr\u00e9s de propos pr\u00e9tendus s\u00e9rieux ou savants.\n\nCe dont se moque \u00e9perdument le g\u00e9nie de la jeunesse qui d'ailleurs ne sait m\u00eame pas qu'il est g\u00e9nie.\n\nEst-il possible d\u2019admirer qui que ce soit sans que cette admiration nous propose un reflet de nous-m\u00eames, de qui nous f\u00fbmes, de qui nous r\u00eavions d\u2019\u00eatre dans le temps ?\n\nC\u2019est le fameux ph\u00e9nom\u00e8ne d\u2019identification sur lequel on nous interroge avec inqui\u00e9tude tout au long de notre scolarit\u00e9.\n\n\u201c\u2014Va t\u2019il enfin pouvoir s\u2019identifier \u00e0 quelqu\u2019un ? \u00c7a nous soulagerait bien, et nous serions tranquilles un moment\u201d\n\nComprendre ce ph\u00e9nom\u00e8ne de reflet trop jeune est une mal\u00e9diction car on ne peut que se m\u00e9fier alors de toute admiration.\n\nToute admiration pr\u00e9tendument spontan\u00e9e fini par \u00eatre pollu\u00e9e par l\u2019introspection.\n\nC\u2019est un long processus de passer de l\u2019admiration \u00e0 l\u2019amour. Et encore il faudra se farcir toutes les strates pour parvenir \u00e0 s\u2019an\u00e9antir proprement face \u00e0 l\u2019\u00e9v\u00e9nement d\u2019aimer, face \u00e0 son authenticit\u00e9 surtout si on y acc\u00e8de apr\u00e8s avoir rumin\u00e9 longuement le mot authentique.\n\n\n\nPleynet d\u00e9bute son livre avec des t\u00e9moignages concernant la jeunesse de Lautr\u00e9amont ( je pr\u00e9f\u00e8re dire Lautr\u00e9amont que Ducasse finalement )\n\nC\u2019est toujours la m\u00eame sc\u00e8ne qui est reprise de t\u00e9moignage en t\u00e9moignage. Un jeune homme efflanqu\u00e9 assis devant un piano dans une chambre d\u2019h\u00f4tel et qui, au fur et \u00e0 mesure qu\u2019il \u00e9crit plaque des accords au grand d\u00e9sespoir de ses voisins.\n\nSorte d\u2019image refuge pour la plupart. De m\u00eame que le r\u00e9cit de la vie scolaire est toujours celui d\u2019un \u00eatre qui semble perdu, dans sa bulle et qui n'est visiblement pas tr\u00e8s dou\u00e9 pour la po\u00e9sie voire qui la r\u00e9fute telle qu\u2019elle est enseign\u00e9e.\n\nOn pourra dire ce que l\u2019on voudra, \u00e9tudier Lautr\u00e9amont au lyc\u00e9e est une ineptie. D\u00e9j\u00e0 parce que les enseignants ne font que r\u00e9p\u00e9ter ce que d\u2019autres leur ont appris de l\u2019\u0153uvre la plupart du temps et que de plus les phrases \u00e0 rallonge n\u2019offrent que peu d\u2019int\u00e9r\u00eat aux \u00e9tudiants de cet \u00e2ge.\n\nCa les ennuie surtout. Encore que je ne fasse encore que parler de moi bien sur. De ce moi \u00e0 l\u2019\u00e2ge des \u00e9tudiants d\u2019un lyc\u00e9e d\u2019autrefois, dans les ann\u00e9es 70. Alors qu\u2019il y avait tant de choses \u00e0 \u00e9tudier d\u2019autre, notamment cette libert\u00e9 sexuelle, grande nouveaut\u00e9 s\u2019il en est.\n\n\n\nA moins que justement les t\u00eates pensantes de l\u2019Acad\u00e9mie imaginent le placer dans le programme pour tenter de canaliser une libido d\u00e9bordante. Car un psychologue ne verrait dans ce texte des Chants qu\u2019une resuc\u00e9e de ce que lui a enseign\u00e9 Sigmund, que le sexe est \u00e0 l\u2019origine de tout, y compris des chants de Maldoror, surtout de ce genre de textes.\n\n\n\nAlors que si l\u2019on lit ce qu\u2019en dit l\u2019auteur c\u2019est tout le contraire, c\u2019est l\u2019an\u00e9antissement par d\u2019autres moyens, par tout autre moyen, notamment celui de l\u2019exercice de la langue, une remont\u00e9e \u00e0 ses origines, \u00e0 son incoh\u00e9rence fondamentale.\n\n\n\nA l\u2019incoh\u00e9rence fondamentale de l\u2019\u00e9go tout autant que de tout narrateur, tout personnage et m\u00eame de toute histoire, notamment celle litt\u00e9raire.\n\nEn quoi tout cela m\u2019int\u00e9resse t\u2019il soudain ? Assez modestement quant \u00e0 la r\u00e9daction de ce blog dont les enjeux sont \u00e0 peu pr\u00e8s les m\u00eames, y compris cette n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019an\u00e9antissement.\n\n\n\nCet an\u00e9antissement ce n\u2019est pas celui de l\u2019\u00eatre cependant mais de cet ensemble de couches mensong\u00e8res que la notion d\u2019avoir, de poss\u00e9der; de ma\u00eetriser, aura enseveli\n\nComment en finir avec ce mensonge, en le montrant, en le d\u00e9signant sous toutes ses formes, en l\u2019\u00e9puisant, ce qui n\u2019est pas une mince affaire.\n\n\n\nParall\u00e8lement je reviens sur le fait d\u2019avoir perdu ma voix il y a deux semaines et qui prend un sens symbolique tout \u00e0 coup\n\nPerdre sa voix ce n\u2019est pas rien.\n\nJe suis all\u00e9 consulter et je m\u2019en suis tir\u00e9 avec une semaine d\u2019antibiotique. Ma voix est revenue. Mais un petit doute subsiste. Si ma voix physique est revenue, quelque chose s\u2019est produit dans l\u2019invisible. Une mue.\n\nCe qui provoque un certain nombre de r\u00eaveries tout droit surgies de l\u2019enfance, comme si perdre ma voix d\u2019adulte me ramenait illico \u00e0 une p\u00e9riode de pubert\u00e9. A cette charni\u00e8re o\u00f9 l\u2019on voit s\u2019\u00e9vanouir sa voix d\u2019enfant, mais pas seulement, tout un monde que l\u2019on porte en soi et dont l\u2019abandon sonne le glas de cette enfance.\n\nComme si l\u2019on se sentait pouss\u00e9 par des forces mal\u00e9fiques \u00e0 troquer son enfance; et tout ce qui nous est de plus cher, contre des compromis m\u00e9diocres afin de p\u00e9n\u00e9trer dans l'\u00e2ge adulte. Avec surtout cette obsession, cette obstination \u00e0 \u00eatre accept\u00e9 comme tel.\n\nTroquer une immaturit\u00e9 pr\u00e9tendue contre une autre av\u00e9r\u00e9e alors qu'on sait d'avance qu'av\u00e9r\u00e9e est synonyme d'impos\u00e9e, c'est un supplice.\n\n\n\nDe l\u00e0 tous ces ph\u00e9nom\u00e8nes d\u2019identification, ce besoin de mod\u00e8les, ces admirations etc etc.\n\n\n\nIl y a aussi une envie de renoncement tr\u00e8s forte \u00e0 ce monde dit adulte mais que je consid\u00e8re totalement cingl\u00e9.\n\nBien sur je ne le peux pas. Je ne peux pas renoncer compl\u00e8tement.\n\n\n\nMais \u00e9crire une histoire f\u00e9erique m\u2019attire beaucoup. Revenir \u00e0 des arch\u00e9types essentiels. A une relation binaire bien et mal serait reposant, voire m\u00eame roboratif. Quand je repense aux textes d\u2019Elie Faure sur la d\u00e9cadence de l\u2019art chez les grecs, c\u2019est, dit-il par l\u2019exc\u00e8s de d\u00e9tails, de drap\u00e9 surtout, par l\u2019abondance de nuances que la d\u00e9cr\u00e9pitude s\u2019installe.\n\nEt du coup si je poursuis ce raisonnement je ne peux pas faire l'impasse sur ce qui est en train de se produire en Espagne comme un peu partout d\u00e9sormais en Europe. La mont\u00e9e de l'extr\u00eame droite qui justement pr\u00e9tend proposer une vision binaire du monde, du bien et du mal, de revenir \u00e0 des valeurs claires, bien tranch\u00e9es dans le vif, rassurantes.\n\n\n\nEt pour revenir \u00e0 Lautr\u00e9amont et \u00e0 cette p\u00e9riode sinistre dans laquelle il a v\u00e9cu il est difficile de ne pas faire un rapprochement avec la notre. Napol\u00e9on III et la naissance du capitalisme, la naissance de l\u2019horreur et puis cette p\u00e9riode dans laquelle nous sommes, son agonie, ses sursauts effroyables encore \u00e0 venir certainement du monstre qui sent bien qu\u2019il est en train de crever. Possible que le d\u00e9sir d'ordre, de dictature soit l'accompagnement r\u00e9current de l'an\u00e9antissement d'un ph\u00e9nom\u00e8ne \u00e9conomique d\u00e9faillant. \n\nUne sorte d'outrance comme on peut trouver dans les phrases \u00e0 rallonge, bourr\u00e9es d'images de m\u00e9taphores en regard d'une autre outrance qui elle ass\u00e8ne \u00e0 coups de bottes et d'armes lourdes l'imp\u00e9ratif de la sobri\u00e9t\u00e9. 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Ordre chronologique des textes comme ils arrivent.<\/p>\n

Aphone<\/a><\/p>\n

Vampirella<\/a><\/p>\n

L’insomnie<\/a><\/p>\n

Aphone <\/h2>

J\u2019essaie de reconstituer les diff\u00e9rentes \u00e9tapes de cette histoire ; mais je ne sais pas si j\u2019aurais le temps. Peut-\u00eatre que le fait de revenir \u00e0 chaque moment clef de cette sinistre aventure me fournira quelques indications sur la logique de celle-ci. A condition qu\u2019il existe encore une logique au sens o\u00f9 nous l\u2019entendions avant mon d\u00e9part. Une logique humaine \u00e9videmment. Et peut-\u00eatre que gr\u00e2ce \u00e0 la logique je d\u00e9couvrirai une issue avant qu\u2019il ne soit trop tard. En tous cas il parait urgent de remettre un peu d\u2019ordre dans mes pens\u00e9es que la panique depuis quelques semaines a compl\u00e8tement chamboul\u00e9es.
J\u2019allumai une cigarette, une “Benson and Hedge”s que j\u2019avais chip\u00e9e \u00e0 ma m\u00e8re puis ouvris la fen\u00eatre qui donne sur la plaine. Les silhouettes mena\u00e7antes des usines se dress\u00e8rent presque aussit\u00f4t telle des g\u00e9ants belliqueux au pied des montagnes du Pil\u00e2t. Puis, il y eut un mouvement rapide, une ombre mangea le ciel et une \u00e9norme pie vint se poser sur l\u2019olivier en pot de la cour,. Elle tourna la t\u00eate \u00e0 quatre-vingt dix degr\u00e9s et son \u0153il rond sembla me d\u00e9visager. Elle d\u00fb voir que je la regardais moi aussi et d\u2019\u2019un coup d\u2019aile elle fut sur la margelle de la fen\u00eatre puis se mis \u00e0 me parler dans son langage de pie. Un langage parfaitement compr\u00e9hensible et qui disait :
“—D\u00e9p\u00eache toi jeune Guillaume, ils sont \u00e0 ta recherche “
Ce n\u2019\u00e9tait pas vraiment une surprise de comprendre la langue des pies. En tous cas, depuis que j\u2019\u00e9tais devenu aphone, de tr\u00e8s \u00e9tranges choses avaient commenc\u00e9es \u00e0 surgir dans ma vie il y avait environ trois semaines.<\/p>\n

Peut-\u00eatre devrais-je d\u2019ailleurs commencer par l\u00e0. Par ce samedi matin o\u00f9 Madame Blaisot, professeur de fran\u00e7ais me demanda de lire devant toute la classe un expos\u00e9 sur Lautr\u00e9amont. J\u2019avais travaill\u00e9 dur pour \u00e9tudier la biographie d\u2019Isidore Ducasse et je dois avouer que “Les Chant de Maldoror” ne m\u2019avaient pas vraiment captiv\u00e9. Mais je m\u2019\u00e9tais accroch\u00e9, le fran\u00e7ais \u00e9tant ma mati\u00e8re pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e et Madame Blaisot ma prof pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e.<\/p>\n

A la v\u00e9rit\u00e9 j\u2019avais plagi\u00e9 une grande partie des \u00e9crivains qui avaient dissert\u00e9 sur l\u2019\u0153uvre de Ducasse. Le peu que j\u2019en avais retenu \u00e9tait digne d\u2019int\u00e9r\u00eat, mais beaucoup moins que de tenter de me rapprocher d\u2019Isabelle Bondarenko, une petite brune bien roul\u00e9e aux yeux d\u2019acier.<\/p>\n

Et ces derni\u00e8res semaines d\u00e9couvrant un rival potentiel en la personne d\u2019 Edouard Bonnichon, j\u2019avais du mettre les bouch\u00e9es doubles pour cr\u00e9er l\u2019int\u00e9r\u00eat de la magnifique jeune fille.<\/p>\n

A commencer par mettre un poing dans la figure d\u2019Edouard Bonnichon au beau milieu de la cour du lyc\u00e9e quand il s\u2019\u00e9tait permis d\u2019haranguer la foule pr\u00e9textant avec d\u00e9dain :
“—qu\u2019aucune ne lui r\u00e9sistait, pas m\u00eame cette b\u00eacheuse d\u2019Isabelle Bondarenko.”<\/p>\n

Apr\u00e8s la surprise de la claque re\u00e7ue de ma part, Bonnichon retrouva vite ses esprits et me laissa sur le carreau. Mais mon objectif \u00e9tait atteint. Isabelle se pencha sur moi en me donnant des petites tapes sur les joues un peu inqui\u00e8te
“— \u00e7a va Guillaume rien de cass\u00e9 ?”
Sur quoi je feignis de ne pas pouvoir bouger. Enfin, voyant que mon adversaire se rapprochait \u00e0 nouveau pour se moquer de toute \u00e9vidence, je fus sur pieds aussit\u00f4t et lui rentrait \u00e0 nouveau dans le lard sans pr\u00e9venir.
Il s\u2019\u00e9croula lui aussi et j\u2019eus juste eu le temps de voir le sourire b\u00e9at d\u2019isabelle Bondarenko que je sentis mon oreille s\u2019\u00e9tirer sous la pression des doigts du Berk le pion qui avait un flair incomparable pour d\u00e9tecter la moindre embrouille dans l\u2019enceinte de l\u2019\u00e9tablissement.<\/p>\n

Et donc ce fut juste apr\u00e8s cette bagarre que je dus monter sur l\u2019estrade pour faire mon expos\u00e9. Ce n\u2019\u00e9tait pas franchement mauvais, j\u2019avais pris soin de r\u00e9\u00e9crire dans une syntaxe compr\u00e9hensible par mes camarades les mots de Gracq , de Pleynet, de Blanchot. Mais le fait est qu\u2019au moment d\u2019ouvrir la bouche, il se passa une chose bizarre, aucun son ne put sortir de ma bouche. J\u2019\u00e9tais devenu aphone.<\/p>\n

Et encore au moment o\u00f9 j\u2019\u00e9cris ces lignes je n\u2019ai pas retrouv\u00e9 ma voix d\u2019avant, je m\u2019exprime comme un vieillard chevrotant alors que j\u2019ai une sacr\u00e9e belle voix normalement. Mais comme je le disais normalement est d\u00e9sormais un mot \u00e0 bannir du vocabulaire que j\u2019emploie pour \u00e9crire ces lignes.<\/p>\n

“—M\u00e9fie toi jeune Guillaume repris la pie qui ne m\u2019avait pas quitt\u00e9 de l\u2019\u0153il pendant que j\u2019essayais de retrouver le fil des \u00e9v\u00e9nement. Et si tu pouvais t\u2019abstenir de fumer ces salet\u00e9s \u00e7a te donnerait sans doute un peu plus de chance pour l\u2019avenir.”
Puis la pie s\u2019envola du cot\u00e9 des montagnes du Pil\u00e2t, je la suivis des yeux un moment, \u00e9crasai la cigarette dans un vieux pot de fleur qui contenait d\u00e9j\u00e0 une bonne dizaine de m\u00e9gots. Enfin j\u2019aspergeais la pi\u00e8ce de V\u00e9tiver et refermais la fen\u00eatre.<\/p>\n


Vampirella<\/h2>\n

Ma m\u00e8re \u00e9tait dans la cuisine. Attabl\u00e9e devant son petit verre de blanc, elle alluma une nouvelle cigarette.
“— Le repas est pr\u00eat si tu veux manger”, dit-elle fatigu\u00e9e
Je soulevai le couvercle de la marmite, il y avait des p\u00e2tes ti\u00e8des. Je m\u2019en servi une assiette puis vins m\u2019installer pr\u00e8s d\u2019elle.
“— tu as peint aujourd\u2019hui ?” lui demandai-je
Mais elle ne dit rien, elle semblait ailleurs, elle se contenta de remplir son verre.
Cela faisait plusieurs jours qu\u2019elle ne peignait plus. Elle avait rang\u00e9 son mat\u00e9riel. Le salon \u00e9tait nickel. Elle avait fait le m\u00e9nage de fond en comble, mon p\u00e8re \u00e9tait en d\u00e9placement dans l\u2019Est, il ne devait revenir qu\u2019en fin de semaine.
“— Tu pourras aller voir ce que fabrique ton fr\u00e8re je ne l\u2019ai pas vu depuis qu\u2019il est rentr\u00e9 de l\u2019\u00e9cole” Elle avait les yeux vitreux et sa voix \u00e9tait lasse, l\u00e9g\u00e8rement \u00e9raill\u00e9e.
“— Dis-lui que le repas est pr\u00eat \u00e7a le fera peut-\u00eatre descendre\u2026” ajouta t\u2019elle tandis que je montais l\u2019escalier.
Mon frangin \u00e9coutait Johnny, \u00e9couteurs dans les oreilles, en regardant le plafond. Nous avions trois ans de diff\u00e9rence et des go\u00fbts musicaux contraires. A l\u2019\u00e9poque j\u2019\u00e9tais dans Tangerin Dream, Pink Floyd, Led Zep. Les bourges du Lyc\u00e9e \u00e9coutaient Status Quo et Magma ce qui m\u2019avait fait prendre ces groupes en grippe. Et bien s\u00fbr la vari\u00e9t\u00e9 fran\u00e7aise n\u2019\u00e9tait pas ma tasse de th\u00e9.
“— Si tu veux bouffer c\u2019est pr\u00eat” je lui dis puis je refermai la porte et m\u2019enfermai dans ma propre chambre pour \u00e9couter Get Your Wings d\u2019A\u00e9rosmith.
Il n\u2019y avait pas longtemps qu\u2019on avait emm\u00e9nag\u00e9 dans cette maison. Peut-\u00eatre deux ou trois mois \u00e0 peine. J\u2019avais \u00e0 peine eu le temps de prendre mes marques que les grandes vacances commen\u00e7aient et que j\u2019allais dans le bourbonnais chez mes grands-parents paternels. Nous \u00e9tions d\u00e9but septembre, c\u2019\u00e9tait la rentr\u00e9e et tout en fredonnant
\"— it’s the same old story, same old song and dance, my friend
— it’s the same old story, same old song and dance, my friend\"
J\u2019observais ce visage de femme style Vampirella dessin\u00e9 directement au feutre noir sur le mur blanc. Puis je m\u2019assoupis emport\u00e9 par les accords endiabl\u00e9s de Brad Whitford, guitariste nettement sup\u00e9rieur \u00e0 Ray Tabano, mais ce n\u2019est bien sur que mon humble avis.
Ce fut ce jour l\u00e0 que les choses commenc\u00e8rent \u00e0 se modifier, au d\u00e9but imperceptiblement, par toute petite touches
Ainsi quand je me r\u00e9veillai surpris par le silence r\u00e9gnant dans la maison mon regard se porta sur le dessin et d\u00e9couvris que la bouche tout \u00e0 l\u2019heure un peu d\u00e9daigneuse de Vampirella formait d\u00e9sormais un “oh” parfaitement rond d\u2019\u00e9tonnement. Je voulu pousser une exclamation mais rien ne pu sortir. Je restais sans voix.<\/p>\n


L’insomnie <\/h2>\n

Le sommeil est un refuge, le refuge de ce moi qui ne peut \u00eatre moi dans le vie diurne. Il suffit de peu de chose pour que je sois soudain pris d\u2019engourdissement, que ma vision se brouille, que mon regard devienne lunaire, que mes oreilles se ferment \u00e0 tous les bruits ext\u00e9rieurs pour ne plus s\u2019ouvrir que sur ceux provenant d’ un int\u00e9rieur rassurant. Le bruit de la respiration surtout, bien plus que les battements de c\u0153ur qui m\u2019ont toujours plus ou moins angoiss\u00e9s. Je crois que j\u2019ai pass\u00e9 toute ma jeunesse et m\u00eame au del\u00e0 ma vie de jeune adulte dans un sommeil plus ou moins continuel, plus ou moins profond. Aussi, peut-\u00eatre n\u2019est-il pas \u00e9tonnant que je perde le sommeil comme on perd beaucoup de choses qui, le croyons-nous na\u00efvement, nous appartiennent. Au d\u00e9but je n\u2019ai pas trouv\u00e9 que l\u2019insomnie \u00e9tait une chose ennuyeuse, refusant de rester allong\u00e9 quand elle me surprenait, j\u2019allais dans l\u2019entr\u00e9e de l\u2019appartement o\u00f9 nous vivions et j\u2019allumais l\u2019agrandisseur pos\u00e9 sur le r\u00e9frig\u00e9rateur, je me retournais ensuite pour baisser une planche accroch\u00e9e au mur avec des cha\u00eenettes, un dispositif rudimentaire que j\u2019avais confectionn\u00e9 pour compenser l\u2019exigu\u00eft\u00e9 des lieux, je d\u00e9veloppais des tirages en noir et blanc essentiellement, et je pouvais passer ainsi une nuit blanche, prendre un repos d\u2019\u00e0 peine une heure vers le petit matin et encha\u00eener avec mes journ\u00e9es de travail ensuite sans en subir de p\u00e9nibles cons\u00e9quences. Mon esprit restait vif quoique l\u00e9g\u00e8rement embrum\u00e9 par moment, et je crois m\u00eame que j\u2019ai d\u00fb b\u00e9nir l\u2019insomnie de nombreuses fois car elle me procurait comme une facult\u00e9 d\u2019amortir les \u00e9v\u00e9nements de la r\u00e9alit\u00e9. Que ce soit une critique, un compliment, une opinion qu\u2019on me livrait, l\u2019\u00e9trange sensation qu\u2019elle s\u2019adressaient d\u00e9sormais \u00e0 une sorte de double de moi-m\u00eame me projetait \u00e0 bonne distance de tout agacement inutile, de col\u00e8res intempestives. D\u2019une certaine mani\u00e8re l\u2019insomnie m\u2019aura enseign\u00e9 \u00e0 \u00eatre zen bien avant que je ne le pratique des ann\u00e9es plus tard. Plonger dans la photographie durant une nuit d’ insomnie est bien \u00e9trange car on se rend compte aussi qu\u2019on ne peut exister dans celles-ci qu\u2019au pr\u00e9sent. La photographie et l\u2019insomnie sont consubstantielles au pr\u00e9sent. Les temps de pause et de r\u00e9v\u00e9lation des images semblent \u00e9troitement li\u00e9s au moment pr\u00e9sent, m\u00eame si on compte parfois mentalement les secondes, il semble que ce ne soit que pour du beurre si je peux employer ce genre d\u2019expression. Car effectivement c\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 la photographie que nous p\u00fbmes ajouter du beurre dans les \u00e9pinards r\u00e9ellement. Tr\u00e8s vite le cabinet d\u2019architecte o\u00f9 je travaillais m\u2019offrit la possibilit\u00e9 de faire des clich\u00e9s de maquettes et de les d\u00e9velopper, ce qui fut pour moi comme une sorte de petite promotion sociale sur laquelle je ne crachai pas.<\/p>\n


", "content_text": "Ordre chronologique des textes comme ils arrivent.\n\nAphone\n\nVampirella\n\nL'insomnieAphone \n\nJ\u2019essaie de reconstituer les diff\u00e9rentes \u00e9tapes de cette histoire; mais je ne sais pas si j\u2019aurais le temps. Peut-\u00eatre que le fait de revenir \u00e0 chaque moment clef de cette sinistre aventure me fournira quelques indications sur la logique de celle-ci. A condition qu\u2019il existe encore une logique au sens o\u00f9 nous l\u2019entendions avant mon d\u00e9part. Une logique humaine \u00e9videmment. Et peut-\u00eatre que gr\u00e2ce \u00e0 la logique je d\u00e9couvrirai une issue avant qu\u2019il ne soit trop tard. En tous cas il parait urgent de remettre un peu d\u2019ordre dans mes pens\u00e9es que la panique depuis quelques semaines a compl\u00e8tement chamboul\u00e9es.\n\nJ\u2019allumai une cigarette, une \u201cBenson and Hedge\u201ds que j\u2019avais chip\u00e9e \u00e0 ma m\u00e8re puis ouvris la fen\u00eatre qui donne sur la plaine. Les silhouettes mena\u00e7antes des usines se dress\u00e8rent presque aussit\u00f4t telle des g\u00e9ants belliqueux au pied des montagnes du Pil\u00e2t. Puis, il y eut un mouvement rapide, une ombre mangea le ciel et une \u00e9norme pie vint se poser sur l\u2019olivier en pot de la cour,. Elle tourna la t\u00eate \u00e0 quatre-vingt dix degr\u00e9s et son \u0153il rond sembla me d\u00e9visager. Elle d\u00fb voir que je la regardais moi aussi et d\u2019\u2019un coup d\u2019aile elle fut sur la margelle de la fen\u00eatre puis se mis \u00e0 me parler dans son langage de pie. Un langage parfaitement compr\u00e9hensible et qui disait:\n\n\u201c\u2014D\u00e9p\u00eache toi jeune Guillaume, ils sont \u00e0 ta recherche \u201c\n\nCe n\u2019\u00e9tait pas vraiment une surprise de comprendre la langue des pies. En tous cas, depuis que j\u2019\u00e9tais devenu aphone, de tr\u00e8s \u00e9tranges choses avaient commenc\u00e9es \u00e0 surgir dans ma vie il y avait environ trois semaines.\n\nPeut-\u00eatre devrais-je d\u2019ailleurs commencer par l\u00e0. Par ce samedi matin o\u00f9 Madame Blaisot, professeur de fran\u00e7ais me demanda de lire devant toute la classe un expos\u00e9 sur Lautr\u00e9amont. J\u2019avais travaill\u00e9 dur pour \u00e9tudier la biographie d\u2019Isidore Ducasse et je dois avouer que \u201cLes Chant de Maldoror\u201d ne m\u2019avaient pas vraiment captiv\u00e9. Mais je m\u2019\u00e9tais accroch\u00e9, le fran\u00e7ais \u00e9tant ma mati\u00e8re pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e et Madame Blaisot ma prof pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e.\n\nA la v\u00e9rit\u00e9 j\u2019avais plagi\u00e9 une grande partie des \u00e9crivains qui avaient dissert\u00e9 sur l\u2019\u0153uvre de Ducasse. Le peu que j\u2019en avais retenu \u00e9tait digne d\u2019int\u00e9r\u00eat, mais beaucoup moins que de tenter de me rapprocher d\u2019Isabelle Bondarenko, une petite brune bien roul\u00e9e aux yeux d\u2019acier.\n\nEt ces derni\u00e8res semaines d\u00e9couvrant un rival potentiel en la personne d\u2019 Edouard Bonnichon, j\u2019avais du mettre les bouch\u00e9es doubles pour cr\u00e9er l\u2019int\u00e9r\u00eat de la magnifique jeune fille.\n\nA commencer par mettre un poing dans la figure d\u2019Edouard Bonnichon au beau milieu de la cour du lyc\u00e9e quand il s\u2019\u00e9tait permis d\u2019haranguer la foule pr\u00e9textant avec d\u00e9dain:\n\n\u201c\u2014qu\u2019aucune ne lui r\u00e9sistait, pas m\u00eame cette b\u00eacheuse d\u2019Isabelle Bondarenko.\u201d\n\nApr\u00e8s la surprise de la claque re\u00e7ue de ma part, Bonnichon retrouva vite ses esprits et me laissa sur le carreau. Mais mon objectif \u00e9tait atteint. Isabelle se pencha sur moi en me donnant des petites tapes sur les joues un peu inqui\u00e8te\n\n\u201c\u2014 \u00e7a va Guillaume rien de cass\u00e9 ?\u201d\n\nSur quoi je feignis de ne pas pouvoir bouger. Enfin, voyant que mon adversaire se rapprochait \u00e0 nouveau pour se moquer de toute \u00e9vidence, je fus sur pieds aussit\u00f4t et lui rentrait \u00e0 nouveau dans le lard sans pr\u00e9venir.\n\nIl s\u2019\u00e9croula lui aussi et j\u2019eus juste eu le temps de voir le sourire b\u00e9at d\u2019isabelle Bondarenko que je sentis mon oreille s\u2019\u00e9tirer sous la pression des doigts du Berk le pion qui avait un flair incomparable pour d\u00e9tecter la moindre embrouille dans l\u2019enceinte de l\u2019\u00e9tablissement.\n\nEt donc ce fut juste apr\u00e8s cette bagarre que je dus monter sur l\u2019estrade pour faire mon expos\u00e9. Ce n\u2019\u00e9tait pas franchement mauvais, j\u2019avais pris soin de r\u00e9\u00e9crire dans une syntaxe compr\u00e9hensible par mes camarades les mots de Gracq , de Pleynet, de Blanchot. Mais le fait est qu\u2019au moment d\u2019ouvrir la bouche, il se passa une chose bizarre, aucun son ne put sortir de ma bouche. J\u2019\u00e9tais devenu aphone.\n\nEt encore au moment o\u00f9 j\u2019\u00e9cris ces lignes je n\u2019ai pas retrouv\u00e9 ma voix d\u2019avant, je m\u2019exprime comme un vieillard chevrotant alors que j\u2019ai une sacr\u00e9e belle voix normalement. Mais comme je le disais normalement est d\u00e9sormais un mot \u00e0 bannir du vocabulaire que j\u2019emploie pour \u00e9crire ces lignes.\n\n\u201c\u2014M\u00e9fie toi jeune Guillaume repris la pie qui ne m\u2019avait pas quitt\u00e9 de l\u2019\u0153il pendant que j\u2019essayais de retrouver le fil des \u00e9v\u00e9nement. Et si tu pouvais t\u2019abstenir de fumer ces salet\u00e9s \u00e7a te donnerait sans doute un peu plus de chance pour l\u2019avenir.\u201d\n\nPuis la pie s\u2019envola du cot\u00e9 des montagnes du Pil\u00e2t, je la suivis des yeux un moment, \u00e9crasai la cigarette dans un vieux pot de fleur qui contenait d\u00e9j\u00e0 une bonne dizaine de m\u00e9gots. Enfin j\u2019aspergeais la pi\u00e8ce de V\u00e9tiver et refermais la fen\u00eatre.Vampirella\n\nMa m\u00e8re \u00e9tait dans la cuisine. Attabl\u00e9e devant son petit verre de blanc, elle alluma une nouvelle cigarette.\n\n\u201c\u2014 Le repas est pr\u00eat si tu veux manger\u201d, dit-elle fatigu\u00e9e\n\nJe soulevai le couvercle de la marmite, il y avait des p\u00e2tes ti\u00e8des. Je m\u2019en servi une assiette puis vins m\u2019installer pr\u00e8s d\u2019elle.\n\n\u201c\u2014 tu as peint aujourd\u2019hui ?\u201d lui demandai-je\n\nMais elle ne dit rien, elle semblait ailleurs, elle se contenta de remplir son verre.\n\nCela faisait plusieurs jours qu\u2019elle ne peignait plus. Elle avait rang\u00e9 son mat\u00e9riel. Le salon \u00e9tait nickel. Elle avait fait le m\u00e9nage de fond en comble, mon p\u00e8re \u00e9tait en d\u00e9placement dans l\u2019Est, il ne devait revenir qu\u2019en fin de semaine.\n\n\u201c\u2014 Tu pourras aller voir ce que fabrique ton fr\u00e8re je ne l\u2019ai pas vu depuis qu\u2019il est rentr\u00e9 de l\u2019\u00e9cole\u201d Elle avait les yeux vitreux et sa voix \u00e9tait lasse, l\u00e9g\u00e8rement \u00e9raill\u00e9e.\n\n\u201c\u2014 Dis-lui que le repas est pr\u00eat \u00e7a le fera peut-\u00eatre descendre\u2026\u201d ajouta t\u2019elle tandis que je montais l\u2019escalier.\n\nMon frangin \u00e9coutait Johnny, \u00e9couteurs dans les oreilles, en regardant le plafond. Nous avions trois ans de diff\u00e9rence et des go\u00fbts musicaux contraires. A l\u2019\u00e9poque j\u2019\u00e9tais dans Tangerin Dream, Pink Floyd, Led Zep. Les bourges du Lyc\u00e9e \u00e9coutaient Status Quo et Magma ce qui m\u2019avait fait prendre ces groupes en grippe. Et bien s\u00fbr la vari\u00e9t\u00e9 fran\u00e7aise n\u2019\u00e9tait pas ma tasse de th\u00e9.\n\n\u201c\u2014 Si tu veux bouffer c\u2019est pr\u00eat\u201d je lui dis puis je refermai la porte et m\u2019enfermai dans ma propre chambre pour \u00e9couter Get Your Wings d\u2019A\u00e9rosmith.\n\nIl n\u2019y avait pas longtemps qu\u2019on avait emm\u00e9nag\u00e9 dans cette maison. Peut-\u00eatre deux ou trois mois \u00e0 peine. J\u2019avais \u00e0 peine eu le temps de prendre mes marques que les grandes vacances commen\u00e7aient et que j\u2019allais dans le bourbonnais chez mes grands-parents paternels. Nous \u00e9tions d\u00e9but septembre, c\u2019\u00e9tait la rentr\u00e9e et tout en fredonnant\n\n\"\u2014 it's the same old story, same old song and dance, my friend\n\n\u2014 it's the same old story, same old song and dance, my friend\"\n\nJ\u2019observais ce visage de femme style Vampirella dessin\u00e9 directement au feutre noir sur le mur blanc. Puis je m\u2019assoupis emport\u00e9 par les accords endiabl\u00e9s de Brad Whitford, guitariste nettement sup\u00e9rieur \u00e0 Ray Tabano, mais ce n\u2019est bien sur que mon humble avis.\n\nCe fut ce jour l\u00e0 que les choses commenc\u00e8rent \u00e0 se modifier, au d\u00e9but imperceptiblement, par toute petite touches\n\nAinsi quand je me r\u00e9veillai surpris par le silence r\u00e9gnant dans la maison mon regard se porta sur le dessin et d\u00e9couvris que la bouche tout \u00e0 l\u2019heure un peu d\u00e9daigneuse de Vampirella formait d\u00e9sormais un \u201coh\u201d parfaitement rond d\u2019\u00e9tonnement. Je voulu pousser une exclamation mais rien ne pu sortir. Je restais sans voix.L'insomnie \n\nLe sommeil est un refuge, le refuge de ce moi qui ne peut \u00eatre moi dans le vie diurne. Il suffit de peu de chose pour que je sois soudain pris d\u2019engourdissement, que ma vision se brouille, que mon regard devienne lunaire, que mes oreilles se ferment \u00e0 tous les bruits ext\u00e9rieurs pour ne plus s\u2019ouvrir que sur ceux provenant d' un int\u00e9rieur rassurant. Le bruit de la respiration surtout, bien plus que les battements de c\u0153ur qui m\u2019ont toujours plus ou moins angoiss\u00e9s. Je crois que j\u2019ai pass\u00e9 toute ma jeunesse et m\u00eame au del\u00e0 ma vie de jeune adulte dans un sommeil plus ou moins continuel, plus ou moins profond. Aussi, peut-\u00eatre n\u2019est-il pas \u00e9tonnant que je perde le sommeil comme on perd beaucoup de choses qui, le croyons-nous na\u00efvement, nous appartiennent. Au d\u00e9but je n\u2019ai pas trouv\u00e9 que l\u2019insomnie \u00e9tait une chose ennuyeuse, refusant de rester allong\u00e9 quand elle me surprenait, j\u2019allais dans l\u2019entr\u00e9e de l\u2019appartement o\u00f9 nous vivions et j\u2019allumais l\u2019agrandisseur pos\u00e9 sur le r\u00e9frig\u00e9rateur, je me retournais ensuite pour baisser une planche accroch\u00e9e au mur avec des cha\u00eenettes, un dispositif rudimentaire que j\u2019avais confectionn\u00e9 pour compenser l\u2019exigu\u00eft\u00e9 des lieux, je d\u00e9veloppais des tirages en noir et blanc essentiellement, et je pouvais passer ainsi une nuit blanche, prendre un repos d\u2019\u00e0 peine une heure vers le petit matin et encha\u00eener avec mes journ\u00e9es de travail ensuite sans en subir de p\u00e9nibles cons\u00e9quences. Mon esprit restait vif quoique l\u00e9g\u00e8rement embrum\u00e9 par moment, et je crois m\u00eame que j\u2019ai d\u00fb b\u00e9nir l\u2019insomnie de nombreuses fois car elle me procurait comme une facult\u00e9 d\u2019amortir les \u00e9v\u00e9nements de la r\u00e9alit\u00e9. Que ce soit une critique, un compliment, une opinion qu\u2019on me livrait, l\u2019\u00e9trange sensation qu\u2019elle s\u2019adressaient d\u00e9sormais \u00e0 une sorte de double de moi-m\u00eame me projetait \u00e0 bonne distance de tout agacement inutile, de col\u00e8res intempestives. D\u2019une certaine mani\u00e8re l\u2019insomnie m\u2019aura enseign\u00e9 \u00e0 \u00eatre zen bien avant que je ne le pratique des ann\u00e9es plus tard. Plonger dans la photographie durant une nuit d' insomnie est bien \u00e9trange car on se rend compte aussi qu\u2019on ne peut exister dans celles-ci qu\u2019au pr\u00e9sent. La photographie et l\u2019insomnie sont consubstantielles au pr\u00e9sent. Les temps de pause et de r\u00e9v\u00e9lation des images semblent \u00e9troitement li\u00e9s au moment pr\u00e9sent, m\u00eame si on compte parfois mentalement les secondes, il semble que ce ne soit que pour du beurre si je peux employer ce genre d\u2019expression. Car effectivement c\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 la photographie que nous p\u00fbmes ajouter du beurre dans les \u00e9pinards r\u00e9ellement. Tr\u00e8s vite le cabinet d\u2019architecte o\u00f9 je travaillais m\u2019offrit la possibilit\u00e9 de faire des clich\u00e9s de maquettes et de les d\u00e9velopper, ce qui fut pour moi comme une sorte de petite promotion sociale sur laquelle je ne crachai pas.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/pie-et-hiboujpgw-7559fd59-35d33.jpg?1762613168", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/noyer-le-poisson.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/noyer-le-poisson.html", "title": "Noyer le poisson", "date_published": "2023-05-29T08:00:27Z", "date_modified": "2025-11-08T14:48:14Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Pour noyer un poisson,<\/p>\n

pr\u00e9sentez vous au bord de l’eau,<\/p>\n

tendez votre ligne,<\/p>\n

surveillez le bouchon,<\/p>\n

attention attention ...<\/p>\n

ferrez !<\/p>\n

Ensuite d\u00e9posez le dans un joli plat \u00e0 la table familiale<\/p>\n

Parlez de choses et d’autres pendant qu’il agonise gentiment.<\/p>\n

Passe moi le sel passe moi le beure<\/p>\n

Quand l’\u0153il devient vitreux qu’il ne se d\u00e9bat plus<\/p>\n

qu’il ne saute ni ne bronche plus<\/p>\n

C’est qu’il est noy\u00e9 pour de bon.<\/p>\n

D\u00e9barrassez la table et foncez sur la t\u00e9l\u00e9commande de la TV<\/p>\n

avant qu’on ne vous prenne de vitesse.<\/p>", "content_text": "Pour noyer un poisson,\n\npr\u00e9sentez vous au bord de l'eau, \n\ntendez votre ligne, \n\nsurveillez le bouchon,\n\nattention attention ...\n\nferrez !\n\nEnsuite d\u00e9posez le dans un joli plat \u00e0 la table familiale \n\nParlez de choses et d'autres pendant qu'il agonise gentiment.\n\nPasse moi le sel passe moi le beure \n\nQuand l'\u0153il devient vitreux qu'il ne se d\u00e9bat plus \n\nqu'il ne saute ni ne bronche plus \n\nC'est qu'il est noy\u00e9 pour de bon. \n\nD\u00e9barrassez la table et foncez sur la t\u00e9l\u00e9commande de la TV \n\navant qu'on ne vous prenne de vitesse.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/materialites1jpg-1e2e413d-c9786.jpg?1762613249", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/29052023-suite.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/29052023-suite.html", "title": "29052023 ( suite )", "date_published": "2023-05-29T06:06:49Z", "date_modified": "2025-11-05T13:10:54Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

J\u2019aurais pu ajouter ces lignes dans la premi\u00e8re partie, peut-\u00eatre le ferais-je plus tard. J\u2019ai encore un peu de temps ce matin et j\u2019oscille entre fiction et journal. C\u2019est d\u00e9sagr\u00e9able \u00e0 premi\u00e8re vue d\u2019osciller. Mais en prenant du recul je crois que ce sont ces oscillations justement qui sont utiles \u00e0 toute esp\u00e9rance de progression. Pourquoi faut-il que les choses soient toujours aussi d\u00e9sagr\u00e9ables \u00e0 premi\u00e8re vue ? Parce qu\u2019elles nous expulsent d\u2019un confort, d\u2019une habitude tout en la renfor\u00e7ant
Prendre l\u2019habitude de vivre cet aspect d\u00e9sagr\u00e9able, jouer le jeu qu\u2019impose cette sensation premi\u00e8re. Il est cependant n\u00e9cessaire de ne pas s\u2019appuyer sur l\u2019espoir que les choses \u00e0 un moment ou l\u2019autre s\u2019inversent.<\/p>\n

\u00c9crire n\u2019est pas une recherche de martingale.<\/p>\n

Un nouvel exercice propos\u00e9 dans le cadre de l\u2019atelier d\u2019\u00e9criture de FB. L\u2019adverbe comme avec comme protagonistes Lautr\u00e9amont et Marcellin Pleynet.<\/p>\n

Le premier comme<\/em> compte pour du beurre. Et je n’ai rien contre Isidore Ducasse.<\/p>\n

Il est con comme un balai ( par exemple) Oui mais suivre ensuite les mouvements du balai, qui au bout du compte ne s\u2019av\u00e8re pas si con que \u00e7a puisqu\u2019au bout on retombe toujours plus ou moins sur une table de dissection avec une machine \u00e0 coudre, un parapluie et une rencontre assez surr\u00e9aliste.<\/p>\n

C\u2019est comme Am\u00e9lie Nothomb qui dit que la m\u00e9taphore est \u00e0 bannir, que c\u2019est bien trop facile, qu\u2019\u00e9crire \u00e0 grand renfort de m\u00e9taphores est une forme de paresse affligeante.<\/p>\n

En sommes-nous encore \u00e0 une affliction pr\u00e8s ?<\/p>\n

Ce n\u2019est pas la m\u00eame chose d\u2019\u00e9crire en jouant avec ce qui s\u2019\u00e9crit au fur et \u00e0 mesure que de penser \u00e9crire en pensant dur comme fer avoir vraiment quelque chose \u00e0 dire.
C\u2019est comme pisser dans un violon, la seconde mani\u00e8re de plus en plus.
Car ai-je quelque chose \u00e0 dire ?<\/p>\n

J\u2019ai des choses qui poussent, qui s\u2019embrouillent au portillon. Ticket s\u2019il vous pla\u00eet ! Faites donc un petit tour au guichet, la queue comme tout le monde, ensuite revenez voir.<\/p>\n

Soyons s\u00e9rieux comme un pape. ( admettons le s\u00e9rieux des papes c\u2019est plus simple que d\u2019admettre le s\u00e9rieux d\u2019Artaban) Car la fiert\u00e9 est une affaire de s\u00e9rieux o\u00f9 elle n\u2019est pas. Maintenant est-ce Perse ou Parthes bien malin qui pourra le savoir.<\/p>\n

\u00c9crire en se d\u00e9tournant du s\u00e9rieux donne du fil \u00e0 tordre. Puis peut devenir une fuite en avant.
Une lente implosion, une implosion comme au ralenti de tout s\u00e9rieux creuse progressivement une distance, un \u00e9cart avec l\u2019objet d\u2019apparence solide qu\u2019il pensait \u00eatre.<\/p>\n

Sombrer dans l\u2019oulipo. Faire naufrage chez les oulipiens. A moins que comme d\u2019habitude ce soit exactement le contraire.<\/p>\n

dans la collection \u00e9crire avec quelque chose \u00e0 dire, je m’aper\u00e7ois que j’ai compl\u00e8tement oubli\u00e9 d’\u00e9crire ce que je voulais dire en ouvrant \u00e0 nouveau l’\u00e9diteur.<\/p>\n

comme un blanc.<\/p>\n

Je voulais dire qu’un lecteur qui paie, qui ach\u00e8te son livre justement parce qu’il paie peut se sentir l\u00e9gitime de fournir son avis sur ce livre. Mais un lecteur de blog ne se sent m\u00eame pas tenu de mettre un like s’il d\u00e9sire lire de fa\u00e7on anonyme.<\/p>\n

Ensuite donner un avis de quelque mani\u00e8re que ce soit y compris en \u00e9crivant un journal, est-ce bien pour cela qu’on s’enferme ? \u00e7a m’\u00e9tonnerait bien.<\/p>\n

C’est comme un frottement, deux b\u00e2tons l’un contre l’autre qui attendent de concert l’\u00e9tincelle.<\/p>\n

Les meilleures sont celles qu’ont ne voit pas. C’est comme le feu qui entre dans la terre qu’on ne voit pas mais qui \u00e0 la plus petite occasion rejailli et d\u00e9vaste une ville enti\u00e8re.<\/p>\n

Une arm\u00e9e de drones peut-elle r\u00e9duire en poudre une ville enti\u00e8re aussi surement que cette \u00e9tincelle invisible, il faudrait peser le pour et le contre comme toujours.<\/p>\n

Hier j’ai revu ce film avec Trintignant et Romy Schneider. C’est dr\u00f4le comme certains films ne prennent aucune ride alors que lorsque je l’avais vu la premi\u00e8re fois il m’avait agac\u00e9, j’y avais vu beaucoup de clich\u00e9s. A moins que je ne fasse plus aussi attention aux clich\u00e9s, que je me fiche des clich\u00e9s. Peut-\u00eatre m\u00eame que je trouve assez rassurant de les retrouver finalement ces clich\u00e9s.<\/p>\n

L’image de la France que traverse ce train je ne l’ai pas connue. Mon image viendra plus tardivement et je me demande dans quelle mesure cette image d\u00e9j\u00e0 aper\u00e7ue autrefois dans ce film y participe.<\/p>\n

J’ai pass\u00e9 un temps fous \u00e0 vouloir d\u00e9m\u00ealer les images ou \u00e0 m’imaginer le faire.<\/p>\n

C’est comme courir au devant de sa peur. C’est comme vouloir \u00eatre autre pour essayer de s’extraire d’une fatalit\u00e9 d’\u00eatre toujours le m\u00eame.<\/p>", "content_text": "J\u2019aurais pu ajouter ces lignes dans la premi\u00e8re partie, peut-\u00eatre le ferais-je plus tard. J\u2019ai encore un peu de temps ce matin et j\u2019oscille entre fiction et journal. C\u2019est d\u00e9sagr\u00e9able \u00e0 premi\u00e8re vue d\u2019osciller. Mais en prenant du recul je crois que ce sont ces oscillations justement qui sont utiles \u00e0 toute esp\u00e9rance de progression. Pourquoi faut-il que les choses soient toujours aussi d\u00e9sagr\u00e9ables \u00e0 premi\u00e8re vue ? Parce qu\u2019elles nous expulsent d\u2019un confort, d\u2019une habitude tout en la renfor\u00e7ant\n\nPrendre l\u2019habitude de vivre cet aspect d\u00e9sagr\u00e9able, jouer le jeu qu\u2019impose cette sensation premi\u00e8re. Il est cependant n\u00e9cessaire de ne pas s\u2019appuyer sur l\u2019espoir que les choses \u00e0 un moment ou l\u2019autre s\u2019inversent. \n\n\u00c9crire n\u2019est pas une recherche de martingale.\n\nUn nouvel exercice propos\u00e9 dans le cadre de l\u2019atelier d\u2019\u00e9criture de FB. L\u2019adverbe comme avec comme protagonistes Lautr\u00e9amont et Marcellin Pleynet.\n\nLe premier comme compte pour du beurre. Et je n'ai rien contre Isidore Ducasse.\n\nIl est con comme un balai ( par exemple) Oui mais suivre ensuite les mouvements du balai, qui au bout du compte ne s\u2019av\u00e8re pas si con que \u00e7a puisqu\u2019au bout on retombe toujours plus ou moins sur une table de dissection avec une machine \u00e0 coudre, un parapluie et une rencontre assez surr\u00e9aliste.\n\nC\u2019est comme Am\u00e9lie Nothomb qui dit que la m\u00e9taphore est \u00e0 bannir, que c\u2019est bien trop facile, qu\u2019\u00e9crire \u00e0 grand renfort de m\u00e9taphores est une forme de paresse affligeante.\n\nEn sommes-nous encore \u00e0 une affliction pr\u00e8s ?\n\nCe n\u2019est pas la m\u00eame chose d\u2019\u00e9crire en jouant avec ce qui s\u2019\u00e9crit au fur et \u00e0 mesure que de penser \u00e9crire en pensant dur comme fer avoir vraiment quelque chose \u00e0 dire.\n\nC\u2019est comme pisser dans un violon, la seconde mani\u00e8re de plus en plus.\n\nCar ai-je quelque chose \u00e0 dire ?\n\nJ\u2019ai des choses qui poussent, qui s\u2019embrouillent au portillon. Ticket s\u2019il vous pla\u00eet ! Faites donc un petit tour au guichet, la queue comme tout le monde, ensuite revenez voir.\n\nSoyons s\u00e9rieux comme un pape. ( admettons le s\u00e9rieux des papes c\u2019est plus simple que d\u2019admettre le s\u00e9rieux d\u2019Artaban) Car la fiert\u00e9 est une affaire de s\u00e9rieux o\u00f9 elle n\u2019est pas. Maintenant est-ce Perse ou Parthes bien malin qui pourra le savoir.\n\n\u00c9crire en se d\u00e9tournant du s\u00e9rieux donne du fil \u00e0 tordre. Puis peut devenir une fuite en avant.\n\nUne lente implosion, une implosion comme au ralenti de tout s\u00e9rieux creuse progressivement une distance, un \u00e9cart avec l\u2019objet d\u2019apparence solide qu\u2019il pensait \u00eatre.\n\nSombrer dans l\u2019oulipo. Faire naufrage chez les oulipiens. A moins que comme d\u2019habitude ce soit exactement le contraire.\n\ndans la collection \u00e9crire avec quelque chose \u00e0 dire, je m'aper\u00e7ois que j'ai compl\u00e8tement oubli\u00e9 d'\u00e9crire ce que je voulais dire en ouvrant \u00e0 nouveau l'\u00e9diteur.\n\ncomme un blanc.\n\nJe voulais dire qu'un lecteur qui paie, qui ach\u00e8te son livre justement parce qu'il paie peut se sentir l\u00e9gitime de fournir son avis sur ce livre. Mais un lecteur de blog ne se sent m\u00eame pas tenu de mettre un like s'il d\u00e9sire lire de fa\u00e7on anonyme.\n\nEnsuite donner un avis de quelque mani\u00e8re que ce soit y compris en \u00e9crivant un journal, est-ce bien pour cela qu'on s'enferme ? \u00e7a m'\u00e9tonnerait bien.\n\nC'est comme un frottement, deux b\u00e2tons l'un contre l'autre qui attendent de concert l'\u00e9tincelle.\n\nLes meilleures sont celles qu'ont ne voit pas. C'est comme le feu qui entre dans la terre qu'on ne voit pas mais qui \u00e0 la plus petite occasion rejailli et d\u00e9vaste une ville enti\u00e8re.\n\nUne arm\u00e9e de drones peut-elle r\u00e9duire en poudre une ville enti\u00e8re aussi surement que cette \u00e9tincelle invisible, il faudrait peser le pour et le contre comme toujours.\n\nHier j'ai revu ce film avec Trintignant et Romy Schneider. C'est dr\u00f4le comme certains films ne prennent aucune ride alors que lorsque je l'avais vu la premi\u00e8re fois il m'avait agac\u00e9, j'y avais vu beaucoup de clich\u00e9s. A moins que je ne fasse plus aussi attention aux clich\u00e9s, que je me fiche des clich\u00e9s. Peut-\u00eatre m\u00eame que je trouve assez rassurant de les retrouver finalement ces clich\u00e9s.\n\nL'image de la France que traverse ce train je ne l'ai pas connue. Mon image viendra plus tardivement et je me demande dans quelle mesure cette image d\u00e9j\u00e0 aper\u00e7ue autrefois dans ce film y participe.\n\nJ'ai pass\u00e9 un temps fous \u00e0 vouloir d\u00e9m\u00ealer les images ou \u00e0 m'imaginer le faire.\n\nC'est comme courir au devant de sa peur. C'est comme vouloir \u00eatre autre pour essayer de s'extraire d'une fatalit\u00e9 d'\u00eatre toujours le m\u00eame.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/le-tube-de-peint-6a1542dc-b2c66.jpg?1762348211", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/jeunesse.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/jeunesse.html", "title": "Jeunesse", "date_published": "2023-05-29T04:34:54Z", "date_modified": "2025-11-08T14:49:11Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Un homme seul nourrit parfois de sombres pens\u00e9es. Cet adverbe collerait presque aux pens\u00e9es qui accompagnaient autrefois les fins de semaine. Toujours<\/em> fonctionnerait mieux mais serait peu cr\u00e9dible. A l\u2019\u00e9poque je travaillais comme archiviste dans un cabinet d\u2019architectes pr\u00e8s de l\u2019appartement o\u00f9 nous vivions la semaine. Elle poursuivait ses \u00e9tudes de m\u00e9decine et le vendredi soir elle rejoignait ses parents en banlieue. Je restai tout \u00e0 coup seul le vendredi soir et la d\u00e9flagration durait jusqu\u2019au au dimanche soir. Et, bien sur, je nourrissais de sombres pens\u00e9es parce que j\u2019\u00e9tais seul et que je trouvais cela injuste, m\u00eame si parfois, le dimanche, juste avant qu\u2019elle ne revienne, je tentais de me raisonner. En fait, je crois que l\u2019adverbe parfois<\/em> glisse assez vite vers toujours<\/em> ou jamais<\/em> sans que je n\u2019y pr\u00eate vraiment une attention soutenue. Parfois <\/em>n’est qu’un mot qu’on utilise faute de mieux pour s’attendrir tout seul, pour ne pas vouloir voir \u00e0 quel point on r\u00e9agit de la m\u00eame fa\u00e7on \u00e0 certains \u00e9v\u00e9nements de notre vie.<\/p>\n

Toutes les fins de semaine je nourrissais de sombres pens\u00e9es. Je pourrais aussi bien dire que je n\u2019avais aucune pens\u00e9e digne de ce nom. Que la pulsion, la panique, la col\u00e8re faisaient office de pens\u00e9e.<\/p>\n

Ce n\u2019est pas que le travail en semaine fut difficile, ou \u00e9reintant. Mais je m\u2019y ennuyais copieusement du lundi au vendredi comme bon nombre de personnes s\u2019ennuient dans cette ville pour gagner leur vie. Je ne rechignais pas au travail, je n\u2019ai jamais manqu\u00e9 un seul jour. Je faisais le job ainsi qu\u2019il devait \u00eatre fait selon ma propre id\u00e9e. Celle qui consiste encore \u00e0 trouver cet \u00e9quilibre pr\u00e9caire entre le trop peu <\/em>et le beaucoup trop.<\/em><\/p>\n

Chaque jour, la curiosit\u00e9 de parvenir \u00e0 trouver cet \u00e9quilibre m\u2019occupait assez bien l\u2019esprit et j\u2019arrivais \u00e0 tenir mes cinq jours de boulot sans d\u00e9primer.
Le plus gros du travail avait \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9 dans l\u2019enthousiasme que m\u2019avait procur\u00e9 l\u2019obtention d\u2019un CDI.<\/p>\n

J\u2019avais retrouss\u00e9 mes manches, aiguis\u00e9 mes m\u00e9ninges pour trouver une fa\u00e7on de mettre de l\u2019ordre dans ces archives. C\u2019\u00e9tait surtout les dossiers de sinistres que les circonstance poussaient \u00e0 retrouver le cas \u00e9ch\u00e9ant en cas de p\u00e9pin. Je trouvais donc un moyen de les r\u00e9pertorier par chronologie, par importance, et par type de proc\u00e9dure, en cours<\/em> ou achev\u00e9es<\/em>.<\/p>\n

Le local dans lequel je passais mes journ\u00e9es \u00e9tait un sous sol aveugle \u00e9clair\u00e9 par deux rang\u00e9es de n\u00e9ons. La premi\u00e8re semaine, j\u2019avais d\u00e9pens\u00e9 une belle \u00e9nergie \u00e0 balayer les sols, lessiver les \u00e9tag\u00e8res et \u00e9pousseter les dossiers. Je crois que c\u2019\u00e9tait surtout pour prendre possession des lieux, pour marquer mon territoire. Peut-\u00eatre aussi pour fournir une image flatteuse, une impression encourageante \u00e0 mes patrons car j\u2019avais une quinzaine de jours \u00e0 l\u2019essai.<\/p>\n

Mais les week-end je ne pouvais m\u2019emp\u00eacher de nourrir de sombres pens\u00e9es sur la vie que je menais, sur mon avenir, sur ma relation avec elle. Je crois que c\u2019\u00e9tait surtout en automne ou au printemps que ces sombres pens\u00e9es affluaient.<\/p>\n

je m\u2019arrangeais alors pour mettre les bouch\u00e9es doubles le matin afin d\u2019\u00eatre plus tranquille l\u2019apr\u00e8s-midi. Et c\u2019est \u00e0 ces moments l\u00e0 que je lisais ou plut\u00f4t que je d\u00e9vorais une grande quantit\u00e9 de livres sur n\u2019importe quel sujet.<\/p>\n

Je crois que la perception de plus en plus aigu\u00eb d\u2019\u00eatre ignorant dans \u00e0 peu pr\u00e8s tous les domaines de l\u2019existence, et particuli\u00e8rement celui des femmes, m’aida \u00e0 cette \u00e9poque \u00e0 p\u00e9n\u00e9trer dans cette fr\u00e9n\u00e9sie de lectures. Tous les philosophes que je lisais \u00e0 cette \u00e9poque insistaient sur la prise de conscience de ce pr\u00e9ambule. Il faut \u00eatre averti de notre propre ignorance, sans quoi rien n’est possible par la suite.<\/p>\n

Les fins de semaine, puisque je me retrouvais seul, je consacrais une grande partie de mes journ\u00e9es \u00e0 marcher dans la ville. La ville \u00e9tait une image r\u00e9duite du monde qu\u2019\u00e9voquent les contes de f\u00e9es quand il s\u2019agit pour le h\u00e9ros de partir de chez lui pour d\u00e9couvrir le vaste monde. Mais il ne se passait jamais rien de ce que les h\u00e9ros d\u00e9couvrent dans ces histoires au fur et \u00e0 mesure de leurs p\u00e9riples. Aucun g\u00e9ant, aucun ogre, aucun dragon, aucune f\u00e9e. Seulement des rues peupl\u00e9s d\u2019anonymes qui renforc\u00e8rent ce sentiment de plus en plus envahissant d\u2019anonymat que je transportais en moi. Je n\u2019\u00e9tais qu\u2019un quidam parmi des millions d\u2019autres, une \u00e9nigme que je cherchais \u00e0 r\u00e9soudre parce qu\u2019une obsession de vouloir r\u00e9soudre quelque chose me tenait en haleine, m\u2019emp\u00eachait de m\u2019\u00e9crouler ou de me dissiper compl\u00e8tement dans le n\u00e9ant, l\u2019insignifiance.<\/p>\n

C’est \u00e0 peu pr\u00e8s en m\u00eame temps que centre Beaubourg ouvrit ses portes ses portes et proposa l’acc\u00e8s \u00e0 une vaste biblioth\u00e8que Chaque promenade que j\u2019effectuais dans la ville se termina depuis lors dans cette biblioth\u00e8que. C\u2019est l\u00e0 que je parvenais enfin \u00e0 me calmer apr\u00e8s avoir \u00e9puiser un trop plein d\u2019\u00e9nergie en arpentant la ville. Comme on vient chercher la paix dans une \u00e9glise, une cath\u00e9drale, mais je n’\u00e9tais pas port\u00e9 sur les bondieuseries communes, je venais ici pour me livrer au hasard de la lecture.<\/p>\n

Les heures passaient sans qu\u2019elles ne p\u00e8sent , et, le samedi soir notamment, \u00e0 l\u2019heure de la fermeture, quand la foule se dispersait sur le parvis puis dans les ruelles adjacentes, un sentiment de solitude fameux me revenait comme un boomerang austral en plein c\u0153ur.
Et cette solitude s’accompagnait d’ un peu de col\u00e8re aussi. Une col\u00e8re due je crois \u00e0 une sensation d\u2019injustice profonde. Je pensais \u00e0 elle qui pr\u00e9parait le d\u00eener avec sa famille, qui s\u2019appr\u00eatait \u00e0 passer \u00e0 table, \u00e0 discuter de tout et de rien comme le font toutes les familles du monde qu\u2019on peut ais\u00e9ment imaginer. Et bien sur j\u2019en \u00e9prouvais une infinie tristesse sans trop savoir pourquoi car personnellement l\u2019id\u00e9e de la famille, de ma propre famille n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 mon fort. Peut-\u00eatre que la col\u00e8re m’aidait \u00e0 tromper cette tristesse, ce ne serait pas original.<\/p>\n

Peut-\u00eatre \u00e9prouvais-je aussi, \u00e0 ces moments l\u00e0 un peu de jalousie aussi car j\u2019id\u00e9alisais beaucoup sa famille d\u2019autant que la mienne m\u2019\u00e9tait devenue insupportable, une source de regret et de chagrin.<\/p>\n

Enfin j’entendais soudain son pas dans le couloir derri\u00e8re la porte, la clef jouant dans la serrure et durant assez longtemps mes pens\u00e9es sombres s’envolaient parfois. C’est \u00e0 dire pas toujours, voire jamais. Quelque chose de toxique faisait peu \u00e0 peu son nid et se mis \u00e0 pourrir notre vie commune durant la semaine d\u00e9sormais.<\/p>\n

Ses parents l’avaient pr\u00e9venue que cette histoire ne la m\u00e8nerait nulle part, qu’il valaient bien mieux qu’elle choisisse un m\u00e9decin, quelqu’un de bien, de solide de s\u00e9rieux. Je ne sais m\u00eame plus si je lui en ai voulu les jours qui suivirent ce dimanche soir o\u00f9 elle ne revint plus , le jour o\u00f9 je m’aper\u00e7us qu’elle avait d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 toutes ses affaires de l’appartement.<\/p>\n

Je me demande m\u00eame si durant quelques jours je n’ai pas \u00e9t\u00e9 soulag\u00e9 de ne pas la voir revenir. C’\u00e9tait une gentille fille dans le fond et \u00e7a avait d\u00fb lui couter beaucoup d’aller \u00e0 l’encontre de la volont\u00e9 familiale. Des ann\u00e9es plus tard gr\u00e2ce \u00e0 internet j’ai vu qu’elle \u00e9tait mari\u00e9e \u00e0 un m\u00e9decin, qu’elle avait eu deux enfants. Tout avait l’air de baigner.<\/p>\n

Et peut-\u00eatre que d’une certaine fa\u00e7on, \u00e0 ma fa\u00e7on, j’ai un peu particip\u00e9 \u00e0 la construction de cet apparent bonheur qu’elle affiche sur les photographies que j’ai aper\u00e7ues.<\/p>", "content_text": "Un homme seul nourrit parfois de sombres pens\u00e9es. Cet adverbe collerait presque aux pens\u00e9es qui accompagnaient autrefois les fins de semaine. Toujours fonctionnerait mieux mais serait peu cr\u00e9dible. A l\u2019\u00e9poque je travaillais comme archiviste dans un cabinet d\u2019architectes pr\u00e8s de l\u2019appartement o\u00f9 nous vivions la semaine. Elle poursuivait ses \u00e9tudes de m\u00e9decine et le vendredi soir elle rejoignait ses parents en banlieue. Je restai tout \u00e0 coup seul le vendredi soir et la d\u00e9flagration durait jusqu\u2019au au dimanche soir. Et, bien sur, je nourrissais de sombres pens\u00e9es parce que j\u2019\u00e9tais seul et que je trouvais cela injuste, m\u00eame si parfois, le dimanche, juste avant qu\u2019elle ne revienne, je tentais de me raisonner. En fait, je crois que l\u2019adverbe parfois glisse assez vite vers toujours ou jamais sans que je n\u2019y pr\u00eate vraiment une attention soutenue. Parfois n'est qu'un mot qu'on utilise faute de mieux pour s'attendrir tout seul, pour ne pas vouloir voir \u00e0 quel point on r\u00e9agit de la m\u00eame fa\u00e7on \u00e0 certains \u00e9v\u00e9nements de notre vie.\n\nToutes les fins de semaine je nourrissais de sombres pens\u00e9es. Je pourrais aussi bien dire que je n\u2019avais aucune pens\u00e9e digne de ce nom. Que la pulsion, la panique, la col\u00e8re faisaient office de pens\u00e9e.\n\nCe n\u2019est pas que le travail en semaine fut difficile, ou \u00e9reintant. Mais je m\u2019y ennuyais copieusement du lundi au vendredi comme bon nombre de personnes s\u2019ennuient dans cette ville pour gagner leur vie. Je ne rechignais pas au travail, je n\u2019ai jamais manqu\u00e9 un seul jour. Je faisais le job ainsi qu\u2019il devait \u00eatre fait selon ma propre id\u00e9e. Celle qui consiste encore \u00e0 trouver cet \u00e9quilibre pr\u00e9caire entre le trop peu et le beaucoup trop.\n\nChaque jour, la curiosit\u00e9 de parvenir \u00e0 trouver cet \u00e9quilibre m\u2019occupait assez bien l\u2019esprit et j\u2019arrivais \u00e0 tenir mes cinq jours de boulot sans d\u00e9primer.\n\nLe plus gros du travail avait \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9 dans l\u2019enthousiasme que m\u2019avait procur\u00e9 l\u2019obtention d\u2019un CDI. \n\nJ\u2019avais retrouss\u00e9 mes manches, aiguis\u00e9 mes m\u00e9ninges pour trouver une fa\u00e7on de mettre de l\u2019ordre dans ces archives. C\u2019\u00e9tait surtout les dossiers de sinistres que les circonstance poussaient \u00e0 retrouver le cas \u00e9ch\u00e9ant en cas de p\u00e9pin. Je trouvais donc un moyen de les r\u00e9pertorier par chronologie, par importance, et par type de proc\u00e9dure, en cours ou achev\u00e9es. \n\nLe local dans lequel je passais mes journ\u00e9es \u00e9tait un sous sol aveugle \u00e9clair\u00e9 par deux rang\u00e9es de n\u00e9ons. La premi\u00e8re semaine, j\u2019avais d\u00e9pens\u00e9 une belle \u00e9nergie \u00e0 balayer les sols, lessiver les \u00e9tag\u00e8res et \u00e9pousseter les dossiers. Je crois que c\u2019\u00e9tait surtout pour prendre possession des lieux, pour marquer mon territoire. Peut-\u00eatre aussi pour fournir une image flatteuse, une impression encourageante \u00e0 mes patrons car j\u2019avais une quinzaine de jours \u00e0 l\u2019essai.\n\n\n\nMais les week-end je ne pouvais m\u2019emp\u00eacher de nourrir de sombres pens\u00e9es sur la vie que je menais, sur mon avenir, sur ma relation avec elle. Je crois que c\u2019\u00e9tait surtout en automne ou au printemps que ces sombres pens\u00e9es affluaient.\n\n\n\nje m\u2019arrangeais alors pour mettre les bouch\u00e9es doubles le matin afin d\u2019\u00eatre plus tranquille l\u2019apr\u00e8s-midi. Et c\u2019est \u00e0 ces moments l\u00e0 que je lisais ou plut\u00f4t que je d\u00e9vorais une grande quantit\u00e9 de livres sur n\u2019importe quel sujet.\n\nJe crois que la perception de plus en plus aigu\u00eb d\u2019\u00eatre ignorant dans \u00e0 peu pr\u00e8s tous les domaines de l\u2019existence, et particuli\u00e8rement celui des femmes, m'aida \u00e0 cette \u00e9poque \u00e0 p\u00e9n\u00e9trer dans cette fr\u00e9n\u00e9sie de lectures. Tous les philosophes que je lisais \u00e0 cette \u00e9poque insistaient sur la prise de conscience de ce pr\u00e9ambule. Il faut \u00eatre averti de notre propre ignorance, sans quoi rien n'est possible par la suite.\n\nLes fins de semaine, puisque je me retrouvais seul, je consacrais une grande partie de mes journ\u00e9es \u00e0 marcher dans la ville. La ville \u00e9tait une image r\u00e9duite du monde qu\u2019\u00e9voquent les contes de f\u00e9es quand il s\u2019agit pour le h\u00e9ros de partir de chez lui pour d\u00e9couvrir le vaste monde. Mais il ne se passait jamais rien de ce que les h\u00e9ros d\u00e9couvrent dans ces histoires au fur et \u00e0 mesure de leurs p\u00e9riples. Aucun g\u00e9ant, aucun ogre, aucun dragon, aucune f\u00e9e. Seulement des rues peupl\u00e9s d\u2019anonymes qui renforc\u00e8rent ce sentiment de plus en plus envahissant d\u2019anonymat que je transportais en moi. Je n\u2019\u00e9tais qu\u2019un quidam parmi des millions d\u2019autres, une \u00e9nigme que je cherchais \u00e0 r\u00e9soudre parce qu\u2019une obsession de vouloir r\u00e9soudre quelque chose me tenait en haleine, m\u2019emp\u00eachait de m\u2019\u00e9crouler ou de me dissiper compl\u00e8tement dans le n\u00e9ant, l\u2019insignifiance. \n\nC'est \u00e0 peu pr\u00e8s en m\u00eame temps que centre Beaubourg ouvrit ses portes ses portes et proposa l'acc\u00e8s \u00e0 une vaste biblioth\u00e8que Chaque promenade que j\u2019effectuais dans la ville se termina depuis lors dans cette biblioth\u00e8que. C\u2019est l\u00e0 que je parvenais enfin \u00e0 me calmer apr\u00e8s avoir \u00e9puiser un trop plein d\u2019\u00e9nergie en arpentant la ville. Comme on vient chercher la paix dans une \u00e9glise, une cath\u00e9drale, mais je n'\u00e9tais pas port\u00e9 sur les bondieuseries communes, je venais ici pour me livrer au hasard de la lecture.\n\n\n\nLes heures passaient sans qu\u2019elles ne p\u00e8sent , et, le samedi soir notamment, \u00e0 l\u2019heure de la fermeture, quand la foule se dispersait sur le parvis puis dans les ruelles adjacentes, un sentiment de solitude fameux me revenait comme un boomerang austral en plein c\u0153ur.\n\nEt cette solitude s'accompagnait d' un peu de col\u00e8re aussi. Une col\u00e8re due je crois \u00e0 une sensation d\u2019injustice profonde. Je pensais \u00e0 elle qui pr\u00e9parait le d\u00eener avec sa famille, qui s\u2019appr\u00eatait \u00e0 passer \u00e0 table, \u00e0 discuter de tout et de rien comme le font toutes les familles du monde qu\u2019on peut ais\u00e9ment imaginer. Et bien sur j\u2019en \u00e9prouvais une infinie tristesse sans trop savoir pourquoi car personnellement l\u2019id\u00e9e de la famille, de ma propre famille n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 mon fort. Peut-\u00eatre que la col\u00e8re m'aidait \u00e0 tromper cette tristesse, ce ne serait pas original.\n\n\n\nPeut-\u00eatre \u00e9prouvais-je aussi, \u00e0 ces moments l\u00e0 un peu de jalousie aussi car j\u2019id\u00e9alisais beaucoup sa famille d\u2019autant que la mienne m\u2019\u00e9tait devenue insupportable, une source de regret et de chagrin.\n\nEnfin j'entendais soudain son pas dans le couloir derri\u00e8re la porte, la clef jouant dans la serrure et durant assez longtemps mes pens\u00e9es sombres s'envolaient parfois. C'est \u00e0 dire pas toujours, voire jamais. Quelque chose de toxique faisait peu \u00e0 peu son nid et se mis \u00e0 pourrir notre vie commune durant la semaine d\u00e9sormais. \n\nSes parents l'avaient pr\u00e9venue que cette histoire ne la m\u00e8nerait nulle part, qu'il valaient bien mieux qu'elle choisisse un m\u00e9decin, quelqu'un de bien, de solide de s\u00e9rieux. Je ne sais m\u00eame plus si je lui en ai voulu les jours qui suivirent ce dimanche soir o\u00f9 elle ne revint plus , le jour o\u00f9 je m'aper\u00e7us qu'elle avait d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 toutes ses affaires de l'appartement.\n\nJe me demande m\u00eame si durant quelques jours je n'ai pas \u00e9t\u00e9 soulag\u00e9 de ne pas la voir revenir. C'\u00e9tait une gentille fille dans le fond et \u00e7a avait d\u00fb lui couter beaucoup d'aller \u00e0 l'encontre de la volont\u00e9 familiale. Des ann\u00e9es plus tard gr\u00e2ce \u00e0 internet j'ai vu qu'elle \u00e9tait mari\u00e9e \u00e0 un m\u00e9decin, qu'elle avait eu deux enfants. Tout avait l'air de baigner.\n\nEt peut-\u00eatre que d'une certaine fa\u00e7on, \u00e0 ma fa\u00e7on, j'ai un peu particip\u00e9 \u00e0 la construction de cet apparent bonheur qu'elle affiche sur les photographies que j'ai aper\u00e7ues.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_20181207_164-4ae9bc90-afd5e.jpg?1762613319", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/29052023.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/29052023.html", "title": "29052023", "date_published": "2023-05-29T03:45:56Z", "date_modified": "2025-11-08T14:50:28Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Supporter la peur jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019elle se change en col\u00e8re puis en rage. Ce n\u2019est pas nouveau. J\u2019ai d\u00e9j\u00e0 d\u00fb vivre \u00e7a plus d\u2019une fois. La peur est quelque chose d\u2019injuste. A classer parmi les choses injustes. On se dit \u00e7a adulte ( 63 ans est-ce suffisamment adulte ?) Mais lorsqu\u2019on est enfant on subi la peur la plupart du temps on ne peut pas faire autrement.
Le fait de s\u2019absenter de son propre corps est une strat\u00e9gie. Il faut y parvenir plusieurs fois pour se rendre compte qu\u2019il n\u2019y a rien de magique l\u00e0-dedans. Avec de l\u2019entra\u00eenement, la r\u00e9p\u00e9tition, un peu de s\u00e9rieux et de r\u00e9gularit\u00e9, se servir de la peut permet d\u2019\u00e9laborer de plus en plus finement ce genre de strat\u00e9gie, de jouer m\u00eame sur le temps, de la cr\u00e9er en un clin d\u2019\u0153il.
On est l\u00e0 et l\u2019instant d\u2019apr\u00e8s on n\u2019est plus l\u00e0. On est quelque part mais pas bien pr\u00e9cis. Diffus. Un conscience diffuse de ce qui est en train d\u2019arriver \u00e0 ce pauvre corps.
Ce pauvre corps, j\u2019\u00e9cris cela ainsi. \u00c7a vient du fait que lorsque j\u2019y pense j\u2019\u00e9prouve un peu de compassion. C\u2019est l\u2019\u00e9criture qui m\u2019inspire l\u2019adjectif surtout car, en v\u00e9rit\u00e9- (et je suis le premier \u00e0 dire m\u00e9fiez-vous de tous ceux qui commence une phrase par en v\u00e9rit\u00e9) on n\u2019\u00e9prouve pas vraiment de compassion. On s\u2019en fout royalement. On assiste \u00e0 une sorte de spectacle. Le corps n\u2019est qu\u2019une sorte de pantin d\u00e9sarticul\u00e9 qui valdingue d\u2019un point \u00e0 l\u2019autre d\u2019un lieu.
Une d\u00e9programmation vitesse grand V. Il y a un bug. On n\u2019est plus du tout dans la course. On regarde la course continuer sans y participer. On est derri\u00e8re les barri\u00e8res non, ce n\u2019est pas tout \u00e0 fait \u00e7a. On est partout et nulle part en m\u00eame temps, on assiste \u00e0 cette course et on pourrait tout aussi bien ne pas y assister, c\u2019est \u00e9gal.
J\u2019essaie de me retenir d\u2019employer l\u2019adverbe comme. De trouver des subterfuges pour ne pas d\u00e9clencher ce que comme d\u00e9clenche. Retarder ses comme comme on se retient dans le co\u00eft, pour que \u00e7a dure encore plus, pour que \u00e7a soit encore plus intense.
Comme envoyer la pur\u00e9e s\u2019il faut \u00eatre cru. Des souvenirs de cantine. De grandes tabl\u00e9es avec des gamins \u00e0 la figure de pomme de terre caboss\u00e9e, de l\u00e9gumes peu calibr\u00e9s. Gueule de patate, de carotte, de tomate de chou-fleur de radis. Au bout de la table il y a la gueule de salsifis, qui discute avec une gueule de navet. C\u2019est une gueule d\u2019andouille qui voit tout cela. L\u2019andouille est l\u2019intrus dans ce parterre de l\u00e9gumes.
La pur\u00e9e sur la fourchette pour repeindre le d\u00e9cor. Tracer des rails dans la pur\u00e9e, aplatir le monticule, charger la catapulte, franchir les murailles de l\u2019ordre et de la r\u00e8gle, monter aux cr\u00e9neaux, \u00e0 l\u2019assaut de quelque chose qui ressemble de loin \u00e0 l\u2019espoir.
Pr\u00eat, partez !
Des dizaines de catapultes balancent la pur\u00e9e sur les gueules de l\u00e9gumes, c\u2019est le chaos, le grand r\u00e9confort du chaos qui vient mettre l\u2019ordre \u00e0 bas.
Tout le monde rigole bien et puis soudain quelqu\u2019un dit, vous avez vu qu\u2019il y a un intrus ici et tout le monde regarde l\u2019andouille. C\u2019est le signal. Tout le monde tombe sur l\u2019andouille.
La peur ne dure que quelques microsecondes \u00e0 peine. Je crois que c\u2019est un ph\u00e9nom\u00e8ne accompagnant la pr\u00e9monition. Comme si on savait \u00e0 l\u2019avance que cette phrase sera prononc\u00e9e de toutes fa\u00e7ons. Que cette phrase est inscrite dans notre propre destin\u00e9e.
“—Vous avez-vu qu\u2019il y a un intrus ici ?”
Ensuite on se retrouve avec la figure pleine de pur\u00e9e ti\u00e8de sur la figure.<\/p>\n

C\u2019est \u00e0 peu pr\u00e8s dr\u00f4le sauf que \u00e7a ne s\u2019arr\u00eate pas \u00e0 la dr\u00f4lerie. Dans la cour de r\u00e9cr\u00e9ation \u00e7a fini au sol, on mord la poussi\u00e8re, on sent le poids des autres corps sur ce corps. On sent les coups au d\u00e9but. On essaie maladroitement d\u2019en rendre quelques uns, mais \u00e7a ne change pas grand-chose. On est victime du nombre. Ils sont trop nombreux ou l\u2019on est beaucoup trop seul.
C\u2019est \u00e0 ce moment l\u00e0 que la col\u00e8re ou la rage remplace la peur, puis on s\u2019\u00e9vanouit, on sort du corps, et tout ce qui se passe ensuite ne nous regarde plus vraiment.
C\u2019est juste quelqu\u2019un qui est au sol avec d\u2019autres qui sont grimp\u00e9s dessus.
Avec les ann\u00e9es on dit parfois que les choses changent. C\u2019est \u00e0 moiti\u00e9 vrai. Les choses ne changent pas tant que \u00e7a. On les regarde diff\u00e9remment, on essaie de les voir diff\u00e9remment parce que la r\u00e9p\u00e9tition est telle qu\u2019elle peut rendre cingl\u00e9. L\u2019ennui est tel qu\u2019il faut des nerfs d\u2019acier pour pouvoir le supporter. Avoir des nerfs d\u2019acier n\u00e9cessite de creuser profond pour trouver le minerai n\u00e9cessaire \u00e0 la fabrication de ce genre d\u2019acier. D\u2019une part il faut le minerai et de l\u2019autre un sacr\u00e9 four. Faire de nombreux essais pour fondre fer et carbone<\/p>\n

L\u2019\u00c2ge du fer se caract\u00e9rise par l\u2019adaptation du bas fourneau \u00e0 la r\u00e9duction du fer. Ce bas fourneau produit une loupe, un m\u00e9lange h\u00e9t\u00e9rog\u00e8ne de fer, d\u2019acier et de laitier, dont les meilleurs morceaux doivent \u00eatre s\u00e9lectionn\u00e9s, puis cingl\u00e9s pour en chasser le laitier ( ce que nous dit Wikip\u00e9dia je n\u2019invente rien )<\/p>\n

Des nerfs en acier tremp\u00e9 \u00e7a ne vient pas de fa\u00e7on inn\u00e9e. La d\u00e9couverte d\u2019une science pr\u00e9monitoire non plus ne s\u2019effectue pas vraiment au hasard. Le destin a peut-\u00eatre quelque chose \u00e0 voir avec tout cela, mais on ne peut s\u2019en rendre compte imm\u00e9diatement. Il faut des ann\u00e9es pour parvenir \u00e0 s\u2019\u00f4ter d\u2019une vie, \u00e0 la voir d\u00e9filer de sang-froid en \u00e9vacuant toute id\u00e9e de propri\u00e9t\u00e9, en ne se raccrochant plus au c\u2019est moi<\/em>.<\/p>", "content_text": "Supporter la peur jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019elle se change en col\u00e8re puis en rage. Ce n\u2019est pas nouveau. J\u2019ai d\u00e9j\u00e0 d\u00fb vivre \u00e7a plus d\u2019une fois. La peur est quelque chose d\u2019injuste. A classer parmi les choses injustes. On se dit \u00e7a adulte ( 63 ans est-ce suffisamment adulte ?) 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Il faut des ann\u00e9es pour parvenir \u00e0 s\u2019\u00f4ter d\u2019une vie, \u00e0 la voir d\u00e9filer de sang-froid en \u00e9vacuant toute id\u00e9e de propri\u00e9t\u00e9, en ne se raccrochant plus au c\u2019est moi.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_20181207_170-a34f028f-d1f62.jpg?1762613381", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/metaphore.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/metaphore.html", "title": "M\u00e9taphore", "date_published": "2023-05-27T00:43:38Z", "date_modified": "2025-11-03T14:48:42Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

C\u2019est comme \u00e7a. Comme il arrive elle repart. Comme on dit. Comme on fait son lit on se couche. Com\u00e9die. Comme elle est belle. Elle est belle comme le jour. Elle est sage comme une image. C\u2019est un jour comme un autre. Une image comme mille mots. Comme les copains, comme les jours se suivent et ne se ressemblent pas, comme deux gouttes d\u2019eau, comme un soleil, comme un jour \u00e0 marquer d\u2019une pierre blanche, venez comme vous \u00eates, en un mot comme en dix, comme si \u00e7a suffisait, comme si \u00e7a excusait tout, faites donc comme \u00e7a, faites comme ci, comme des chiens, comme des cons, long comme un jour sans pain.
Le jour est comme la nuit, la nuit comme un manteau, la lune comme un pi\u00e8ce d\u2019argent, l\u2019herbe comme un tapis, l\u2019eau comme une peau, la terre comme une cro\u00fbte, la douleur comme un aiguillon, la joie comme une pr\u00e9sence, l\u2019absence comme une pr\u00e9sence, la mort comme une fatalit\u00e9.
Un mot comme un autre, une fille comme une autre, un jour comme un autre, une main comme une autre, un gars comme un autre, un arbre comme un autre, une maison comme une autre, une fen\u00eatre comme une autre, un mur comme un autre
\u00c7a ressemble \u00e0 l\u2019Italie, \u00e7a ressemble au pesto, \u00e7a ressemble \u00e0 rien.
Des journ\u00e9es longues comme sans pain. De longues journ\u00e9es sans croissant, sans brioche, sans pain russe. Des journ\u00e9es suffisamment longues pour qu\u2019on se demande o\u00f9 est le pain. Une journ\u00e9e de la taille d\u2019un pain de quatre livres. Des jours ressemblant \u00e0 des nuits, des nuits ressemblant \u00e0 des jours, on ne savait plus si on \u00e9tait le jour ou la nuit, on \u00e9tait comme perdu, \u00e9gar\u00e9, on avait perdu le go\u00fbt de l\u2019eau.
Un petit go\u00fbt de reviens-y. Il a un go\u00fbt de chiotte celui-l\u00e0. Des go\u00fbts et des couleurs, comme \u00e7a ne se discute pas. Comme une rue morte. Comme une ville morte. Comme un rien. Comme un tout. Ce n\u2019est pas comme si tu voulais vraiment dire quelque chose. Tu te prends pour qui quand tu dis \u00e7a. Comme le go\u00fbt de l\u2019oseille sur la langue. Son rouge \u00e0 l\u00e8vre a un go\u00fbt de fraise. Elle fait une bouche en cul de poule. Elle a les yeux revolver. Elle arrive on dirait une panth\u00e8re mouchet\u00e9e, et lui un \u00e9l\u00e9phant dans un magasin de porcelaine. Elle a des yeux verts yeux de vip\u00e8re, elle est blonde comme les bl\u00e9s, elle a une peau de b\u00e9b\u00e9, il sent bon le sable chaud, on dirait bien qu\u2019il va pleuvoir comme vache qui pisse. Comme un ouragan s\u2019abattant sur Monaco, l\u00e0 bas au loin, dans les ann\u00e9es 90, tandis qu\u2019ils v\u00e9g\u00e9taient dans la villa en bordure de la Grande Corniche.
Comme une andouille il en bafouilla, puis il d\u00e9campa.
L\u2019ennui s\u2019abat comme une chape de plomb. C\u2019est ce fichu point de vue fig\u00e9 sur le monde comme vous pouvez le constater qui fut la cause d\u2019une telle d\u00e9sesp\u00e9rance. Comme un chat il poss\u00e8de neuf vies. Celle-ci fut un coup pour rien, un coup \u00e0 blanc, un brouillon. La prochaine serait peut-\u00eatre un chef d\u2019\u0153uvre, mais rien n\u2019\u00e9tait moins sur. En attendant il peint il \u00e9crit comme un d\u00e9rat\u00e9.
Elle est bonne comme le bon pain. Il est chaud comme la braise. Ils baisent comme des lapins.<\/p>", "content_text": "C\u2019est comme \u00e7a. Comme il arrive elle repart. Comme on dit. Comme on fait son lit on se couche. Com\u00e9die. Comme elle est belle. Elle est belle comme le jour. Elle est sage comme une image. C\u2019est un jour comme un autre. Une image comme mille mots. Comme les copains, comme les jours se suivent et ne se ressemblent pas, comme deux gouttes d\u2019eau, comme un soleil, comme un jour \u00e0 marquer d\u2019une pierre blanche, venez comme vous \u00eates, en un mot comme en dix, comme si \u00e7a suffisait, comme si \u00e7a excusait tout, faites donc comme \u00e7a, faites comme ci, comme des chiens, comme des cons, long comme un jour sans pain.\n\nLe jour est comme la nuit, la nuit comme un manteau, la lune comme un pi\u00e8ce d\u2019argent, l\u2019herbe comme un tapis, l\u2019eau comme une peau, la terre comme une cro\u00fbte, la douleur comme un aiguillon, la joie comme une pr\u00e9sence, l\u2019absence comme une pr\u00e9sence, la mort comme une fatalit\u00e9.\n\nUn mot comme un autre, une fille comme une autre, un jour comme un autre, une main comme une autre, un gars comme un autre, un arbre comme un autre, une maison comme une autre, une fen\u00eatre comme une autre, un mur comme un autre\n\n\u00c7a ressemble \u00e0 l\u2019Italie, \u00e7a ressemble au pesto, \u00e7a ressemble \u00e0 rien.\n\nDes journ\u00e9es longues comme sans pain. De longues journ\u00e9es sans croissant, sans brioche, sans pain russe. Des journ\u00e9es suffisamment longues pour qu\u2019on se demande o\u00f9 est le pain. Une journ\u00e9e de la taille d\u2019un pain de quatre livres. Des jours ressemblant \u00e0 des nuits, des nuits ressemblant \u00e0 des jours, on ne savait plus si on \u00e9tait le jour ou la nuit, on \u00e9tait comme perdu, \u00e9gar\u00e9, on avait perdu le go\u00fbt de l\u2019eau.\n\nUn petit go\u00fbt de reviens-y. Il a un go\u00fbt de chiotte celui-l\u00e0. Des go\u00fbts et des couleurs, comme \u00e7a ne se discute pas. Comme une rue morte. Comme une ville morte. Comme un rien. Comme un tout. Ce n\u2019est pas comme si tu voulais vraiment dire quelque chose. Tu te prends pour qui quand tu dis \u00e7a. Comme le go\u00fbt de l\u2019oseille sur la langue. Son rouge \u00e0 l\u00e8vre a un go\u00fbt de fraise. Elle fait une bouche en cul de poule. Elle a les yeux revolver. Elle arrive on dirait une panth\u00e8re mouchet\u00e9e, et lui un \u00e9l\u00e9phant dans un magasin de porcelaine. Elle a des yeux verts yeux de vip\u00e8re, elle est blonde comme les bl\u00e9s, elle a une peau de b\u00e9b\u00e9, il sent bon le sable chaud, on dirait bien qu\u2019il va pleuvoir comme vache qui pisse. Comme un ouragan s\u2019abattant sur Monaco, l\u00e0 bas au loin, dans les ann\u00e9es 90, tandis qu\u2019ils v\u00e9g\u00e9taient dans la villa en bordure de la Grande Corniche.\n\nComme une andouille il en bafouilla, puis il d\u00e9campa.\n\nL\u2019ennui s\u2019abat comme une chape de plomb. C\u2019est ce fichu point de vue fig\u00e9 sur le monde comme vous pouvez le constater qui fut la cause d\u2019une telle d\u00e9sesp\u00e9rance. Comme un chat il poss\u00e8de neuf vies. Celle-ci fut un coup pour rien, un coup \u00e0 blanc, un brouillon. La prochaine serait peut-\u00eatre un chef d\u2019\u0153uvre, mais rien n\u2019\u00e9tait moins sur. En attendant il peint il \u00e9crit comme un d\u00e9rat\u00e9.\n\nElle est bonne comme le bon pain. Il est chaud comme la braise. Ils baisent comme des lapins.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/p1040613jpgw1000-fec8dde7.jpg?1762181279", "tags": ["carnet de fiction"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/23-mai-2023-485.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/23-mai-2023-485.html", "title": "23 mai 2023", "date_published": "2023-05-23T09:01:00Z", "date_modified": "2024-11-25T10:01:55Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "

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J\u2019observe. Une id\u00e9e vient, plong\u00e9e. Elle parait bonne. La maintenir dans la dur\u00e9e oui mais comment ?
\nChaque jour, la r\u00e9p\u00e9tition, impossible \u00e0 tenir. Impossible car cette r\u00e9gularit\u00e9 impos\u00e9e n\u2019est pas naturelle, elle ne produit pas une musique. Elle fait un bruit de marteau-piqueur. Pourtant je m\u2019acharne, chaque jour \u00e0 ob\u00e9ir \u00e0 l\u2019instance d\u2019une id\u00e9e qui vient en acceptant pleinement son \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Elle surgit je m\u2019y accroche un instant, le temps de quelques centaines de mots, puis j\u2019ouvre la main elle repart. Je crois que c\u2019est parce que j\u2019ouvre ainsi la main \u00e0 un moment pr\u00e9cis, difficile \u00e0 d\u00e9finir d\u2019ailleurs, qu\u2019elle reviendra \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Je crois que parce que je ne veux pas la retenir absolument dans une main, l\u2019emprisonner, qu\u2019elle acquiert confiance et revient.
\nQuand ? Je ne le sais pas. Il faut du silence en deux notes pour pouvoir les entendre.
\nLe temps de l\u2019\u00e9criture est peut-\u00eatre un genre de partition. Des id\u00e9es viennent se poser puis repartent qu\u2019on retrouve quelques mesures plus tard en aval. Sans doute est-ce tout l\u2019attrait d\u2019un journal. Voir ainsi ces id\u00e9es aller et venir au fur et \u00e0 mesure des textes qu\u2019on \u00e9crit, des fragments de longueurs in\u00e9gales. Il y a un rythme dans tout cela, un rythme naturel je crois. Et donc de la musique. Rythmes et cycles, comment les rep\u00e9rer, comment sortir de la partition pour en juger, et en juger a t\u2019il vraiment un int\u00e9r\u00eat ? Un oiseau a t\u2019il la possibilit\u00e9 de quitter le ciel pour se regarder voler ?
\nCette obsession de l\u2019image envoy\u00e9e, cette obsession des r\u00e9ceptions, comme on la trouve \u00e9tonnante quand tout \u00e0 coup elle se dissipe. \u00c7a ne dure pas longtemps. La lucidit\u00e9 aussi poss\u00e8de son propre rythme comme la na\u00efvet\u00e9.
\nMais si l\u2019on parvient aussi \u00e0 d\u00e9passer ces cat\u00e9gories \u00e0 n\u2019\u00e9couter que la musique, rien de bien grave.
\nLa seule chose d\u00e9plaisante vraiment en \u00e9tat de fatigue est le bruit des marteaux-piqueurs, et la publicit\u00e9 ass\u00e9n\u00e9e un peu partout dans les boites mail, la t\u00e9l\u00e9, les slogans et les mots d\u2019ordre des couples.
\nD\u2019o\u00f9 prendre soin de sa sant\u00e9, bien dormir, manger sobrement le plus possible, aller toucher un arbre de temps en temps. \u00catre en mesure de supporter le rythme des choses m\u00eame quand il ne semble pas produire de la musique.
\nRester dans une ignorance de ce qu\u2019est la musique, ne pas se faire d\u2019id\u00e9e sur ce qu\u2019est v\u00e9ritablement la musique.
\nEtre ainsi surpris autant par une musique que par une id\u00e9e. Et ne pas refermer la main, les laisser vivre leurs vies.<\/p>", "content_text": "J\u2019observe. Une id\u00e9e vient, plong\u00e9e. Elle parait bonne. La maintenir dans la dur\u00e9e oui mais comment ? Chaque jour, la r\u00e9p\u00e9tition, impossible \u00e0 tenir. Impossible car cette r\u00e9gularit\u00e9 impos\u00e9e n\u2019est pas naturelle, elle ne produit pas une musique. Elle fait un bruit de marteau-piqueur. Pourtant je m\u2019acharne, chaque jour \u00e0 ob\u00e9ir \u00e0 l\u2019instance d\u2019une id\u00e9e qui vient en acceptant pleinement son \u00e9ph\u00e9m\u00e8re. Elle surgit je m\u2019y accroche un instant, le temps de quelques centaines de mots, puis j\u2019ouvre la main elle repart. Je crois que c\u2019est parce que j\u2019ouvre ainsi la main \u00e0 un moment pr\u00e9cis, difficile \u00e0 d\u00e9finir d\u2019ailleurs, qu\u2019elle reviendra \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Je crois que parce que je ne veux pas la retenir absolument dans une main, l\u2019emprisonner, qu\u2019elle acquiert confiance et revient. Quand ? Je ne le sais pas. Il faut du silence en deux notes pour pouvoir les entendre. Le temps de l\u2019\u00e9criture est peut-\u00eatre un genre de partition. Des id\u00e9es viennent se poser puis repartent qu\u2019on retrouve quelques mesures plus tard en aval. Sans doute est-ce tout l\u2019attrait d\u2019un journal. Voir ainsi ces id\u00e9es aller et venir au fur et \u00e0 mesure des textes qu\u2019on \u00e9crit, des fragments de longueurs in\u00e9gales. Il y a un rythme dans tout cela, un rythme naturel je crois. Et donc de la musique. Rythmes et cycles, comment les rep\u00e9rer, comment sortir de la partition pour en juger, et en juger a t\u2019il vraiment un int\u00e9r\u00eat ? Un oiseau a t\u2019il la possibilit\u00e9 de quitter le ciel pour se regarder voler ? Cette obsession de l\u2019image envoy\u00e9e, cette obsession des r\u00e9ceptions, comme on la trouve \u00e9tonnante quand tout \u00e0 coup elle se dissipe. \u00c7a ne dure pas longtemps. La lucidit\u00e9 aussi poss\u00e8de son propre rythme comme la na\u00efvet\u00e9. Mais si l\u2019on parvient aussi \u00e0 d\u00e9passer ces cat\u00e9gories \u00e0 n\u2019\u00e9couter que la musique, rien de bien grave. La seule chose d\u00e9plaisante vraiment en \u00e9tat de fatigue est le bruit des marteaux-piqueurs, et la publicit\u00e9 ass\u00e9n\u00e9e un peu partout dans les boites mail, la t\u00e9l\u00e9, les slogans et les mots d\u2019ordre des couples. D\u2019o\u00f9 prendre soin de sa sant\u00e9, bien dormir, manger sobrement le plus possible, aller toucher un arbre de temps en temps. \u00catre en mesure de supporter le rythme des choses m\u00eame quand il ne semble pas produire de la musique. Rester dans une ignorance de ce qu\u2019est la musique, ne pas se faire d\u2019id\u00e9e sur ce qu\u2019est v\u00e9ritablement la musique. Etre ainsi surpris autant par une musique que par une id\u00e9e. Et ne pas refermer la main, les laisser vivre leurs vies. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/naissance-des-formes1.webp?1748065163", "tags": [] } ] }