{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/carnet-14.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/carnet-14.html", "title": "Carnet 14", "date_published": "2022-11-23T02:00:20Z", "date_modified": "2025-11-03T15:07:48Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"Encore une fois, l\u2019attendre, cette seconde qui voudra \u00eatre \u00e9crite, conjonction de perceptions et sensations, distorsions et cahors (ou tout le contraire, un bruissement de vent dans des feuilles, \u00e0 vous de positionner votre curseur d\u2019abstraction), mais que ce soit cette phrase qui vous dise vouloir \u00eatre \u00e9crite. Trop facile, sinon, se rem\u00e9morer. Et la rem\u00e9moration ne saurait pas isoler une dur\u00e9e d\u2019une seconde, m\u00eame si de prononcer simplement une phrase comme « je traverse le trottoir, pousse la porte de la Poste et m’avance jusqu’au guichet nouvellement d\u00e9cor\u00e9 d\u2019une et une seule guirlande de No\u00ebl » c\u2019est d\u00e9j\u00e0 \u00e9puiser une seconde de ce qu\u2019a \u00e9t\u00e9 ma journ\u00e9e (qui en compte 86 400), et cr\u00e9er un texte qui demande une seconde pour \u00eatre prononc\u00e9. Le texte que vous allez \u00e9crire n\u2019ob\u00e9it pas \u00e0 cette contrainte : il \u00e9puise, si possible (et c\u2019est ce qu\u2019on nomme po\u00e9sie qui va en tendre le trait). « ou, s\u2019ils sont \u00e0 pied, les bras en avant, comme s\u2019ils allaient enfin d\u00e9gager et d\u00e9broussailler pour de bon cet Univers plein de difficult\u00e9s et d\u2019incidents qui se pr\u00e9sente sans cesse devant eux » : ce qu\u2019il y a d\u2019incroyable, dans les Hizivinikis d\u2019Henri Michaux, c\u2019est qu\u2019il n\u2019y prononce jamais les mots vite ni vitesse. C\u2019est la langue qui est devenue cette compression du temps, le mouvement saisi et aval\u00e9 par la langue qui dit cette fraction de temps. Question technique aussi : oui, certainement. Avoir cela en permanence pr\u00e9sent. Et, pour cela : eh bien, le faire ? Quand vous saurez, au cours de la journ\u00e9e de demain, qu\u2019elle est l\u00e0, pr\u00e9cis\u00e9ment l\u00e0, cette seconde qui va devenir votre texte, l\u2019arr\u00eater, l\u2019\u00e9crire \u2013\u2013 la diff\u00e9rence avec l\u2019exercice pr\u00e9c\u00e9dent ? On arr\u00eatait tout mouvement, on saisissait une r\u00e9alit\u00e9 fixe. Aujourd\u2019hui vous en mouvement ou le contraire, ce que vous \u00e9crivez \u00e9tant mouvement et vous non, c\u2019est le mouvement qui sera la phrase. Comme on tombe.\" Fran\u00e7ois Bon, Atelier d’\u00e9criture le grand Carnet <\/a><\/code><\/p>\n<\/pre>

1h35. Sur l’exercice pr\u00e9c\u00e9dent le choix d’\u00e9crire une fiction pour installer une dur\u00e9e du moment, l’\u00eele \u00e9tait ce moment que l’on cherche \u00e0 atteindre et qui \u00e0 la fois ne se laisse pas voir ais\u00e9ment, mais de plus se d\u00e9robe ou est inhospitalier. (voir carnet 13<\/a>) D\u00e9sormais c’est tout l’inverse, prendre quelque chose de gros et le r\u00e9duire \u00e0 sa plus petite expression. Tout Platon en une phrase si on veut. Ou une ville, ou une histoire d’amour. Maintenant si cela doit se passer dans une seule de nos journ\u00e9es. L’effet peut \u00eatre rigolo s’il arrive par la r\u00e9p\u00e9tition ( une seconde sans fin) On peut aussi penser \u00e0 exercices de styles<\/em> de Queneau, la m\u00eame sc\u00e8ne, l’entr\u00e9e dans l’autobus d\u00e9crite plusieurs fois sur des tons diff\u00e9rents avec des conjugaisons diff\u00e9rentes, forme active, passive voire des d\u00e9tails qui surgissent soudain d’une version l’autre.<\/p>\n

Faire quelque chose que l’on doit faire, une chose simple, qui ne dure qu’une seconde.<\/p>\n

En une seconde, le rouge arriva pile poil o\u00f9 il devait se rendre sur la toile.<\/p>\n

En une seconde j’arrive a rouler une cigarette d’une main comme Lucky Luke, \u00e0 grimper sur Jolly Jumper et \u00e0 d\u00e9gommer tous les chapeaux des Dalton. tout \u00e7a en fermant les yeux \u00e9videmment.<\/p>\n

En moins d’une seconde j’ai vu ma vie d\u00e9filer toute enti\u00e8re, lorsqu’en arrosant les b\u00e9gonias, mes jambes se d\u00e9rob\u00e8rent.<\/p>\n

Une seconde \u00e0 peine et il avait d\u00e9j\u00e0 aper\u00e7u simultan\u00e9ment la tuile se d\u00e9tachant du toit, la femme poussant le landau, et le point de rencontre probable de ces deux \u00e9l\u00e9ments \u00e0 quelques m\u00e8tres devant lui.<\/p>\n

Evidemment c’est trop facile d’\u00e9voquer que toutes ces actions se d\u00e9roulent en une seconde.<\/p>\n

De quoi suis-je vraiment conscient lorsque l’aiguille de l’horloge avance d’un cran. La pens\u00e9e va beaucoup plus vite que mes jambes, mais mon inconscient la double. si je trouvais un moyen par autohypnose de d\u00e9baller tout ce qui est per\u00e7u durant l’\u00e9cart entre ces deux positions de l’aiguille, alors je me situerais en m\u00e9ta position par rapport \u00e0 l’\u00e9coulement du temps. Je verrais le temps tel qu’il est vraiment comme un flux d’imaginaire charriant des bouts de r\u00e9el. ( \u00e0 moins que ce ne soit le contraire ?!) Je serais au bord d’une rivi\u00e8re. et comme autrefois je lancerais ma ligne \u00e0 l’eau, guetterais le bouchon color\u00e9, puis ferrerais sit\u00f4t qu’il s’enfonce sous la surface de l’eau. Je me dirais que j’ai p\u00e9ch\u00e9 un poisson.<\/p>\n

Un poisson nage entre deux eaux, un ver surgit devant sa gueule qu’il ouvre et referme , puis l’hame\u00e7on lui perce la joue et il se sent soulev\u00e9 violemment vers la surface, qu’il cr\u00e8ve, gerbes d’eau, vaste ciel poisson volant, pour parvenir dans une main d’enfant, qui le d\u00e9gorge, le jette dans une bourriche o\u00f9 il suffoque et finit par tourner de l’\u0153il.<\/p>\n

L’enfant ferre en apercevant son bouchon plonger sous l’eau, puis le contact visqueux d’un poisson dans la paume de sa main. Un corps froid et vibrant de vie qui se d\u00e9bat dans la paume de la main. —c’est un gardon —se dit-il pour \u00e9loigner de lui l’ \u00e9trange, le trouble qui surgit encore un peu de tenir un poisson dans sa main.<\/p>\n

c’est un gardon pense l’enfant en regardant le poisson gigoter dans sa main. Puis il d\u00e9croche l’hame\u00e7on, flanque le gardon dans la bourriche, place un nouveau ver sur l’hame\u00e7on et jette \u00e0 nouveau la ligne.<\/p>\n

Contraste de cette matin\u00e9e de p\u00e8che, la tranquillit\u00e9 de la rivi\u00e8re, pas de vent, et soudain un poisson mord \u00e0 l’hame\u00e7on. Les battements de c\u0153ur s’acc\u00e9l\u00e8rent, qu’est-ce qu’on peut bien avoir attrap\u00e9 au milieu m\u00eame de ce calme de cette tranquillit\u00e9.<\/p>\n

Si je me mets \u00e0 penser je freine quelque chose. Si je me mets \u00e0 \u00e9crire je peux contr\u00f4ler partiellement tout ce qui surgit au moment m\u00eame o\u00f9 j’\u00e9cris—l’\u00e9criture et la p\u00e8che— Puis quand je reviens chez moi, je vide les poissons en \u00e9talant une double feuille de papier journal, une de la montagne<\/em>, journal local. Puis avec le temps il arrive un temps que je ne les vide plus. Qu’ils pourrissent dans la bourriche. Quelle raison puis-je trouver encore \u00e0 cela. Que tout le monde se fichait de mon menu fretin. Que ma m\u00e8re d\u00e9testait l’odeur du poisson qui frit dans l’huile. Que mon p\u00e8re p\u00eacheur n’\u00e9tait jamais l\u00e0. Que j’avais toujours mille autres choses \u00e0 faire. Que j’ai fini \u00e0 partir de 7 ans et des raisons obscures par d\u00e9tester le monde et moi-m\u00eame en laissant pourrir ainsi \u00e0 peu pr\u00e8s tout ce que je touchais et qui m’avait durant une ou deux secondes, r\u00e9joui<\/p>\n

Si je ne freine pas les choses, surgissent la plainte, la col\u00e8re, le malheur en boucle. Je suis une r\u00e9incarnation d\u00e9bile de Jules Roy. D’ailleurs j’y ai pens\u00e9 pas plus tard qu’hier. Je ne sais plus pourquoi \u00e7a m’est venu, en observant mon malheur justement, le malheur de vieillir, d’avoir mal aux chevilles, de ne plus pouvoir marcher comme avant. D’\u00eatre un vieux quoi. Et je crois aussi que j’ai voulu compter mes amiti\u00e9s, \u00e0 peine autant que les doigts d’une main. tout c’est d\u00e9roul\u00e9 vers l’heure du d\u00e9jeuner, juste avant de traverser la cour qui m\u00e8ne \u00e0 la maison, en posant la main sur la poign\u00e9e de la porte avant de l’ouvrir. Une poign\u00e9e froide, comme un poisson mort dans la main.<\/p>\n

Trois pas en arri\u00e8re pour voir le tableau, je me roule une cigarette, je n’ach\u00e8te plus de toutes faites<\/em> d\u00e9sormais, bien trop couteux, je ne mets pas de filtre non plus, \u00e9conomie. Et puis je crois que je m’en fous surtout. Oui c’est cela je m’en fous. Il y a des moments o\u00f9 l’image se fige et devient nette. Perdu pour perdu. J’avais travaill\u00e9 depuis le matin sur ce tableau mais sans conviction vraiment, parce qu’il faut bien le faire. C’est d\u00e9sastreux d’en \u00eatre parvenu l\u00e0. Je me sens comme autrefois \u00e0 la chaine, m\u00eame si je lutte comme autrefois pour tenter de me d\u00e9filer, la machinerie est belle et bien l\u00e0, comme cette presse pour fabriquer des disques de r\u00e9sine, pas int\u00e9r\u00eat \u00e0 r\u00eavasser ni \u00e0 dormir debout, sinon crac plus de main. tout me revient comme \u00e7a sans crier gare en touchant cette putain de poign\u00e9e de porte. Comment on se sort de \u00e7a. avoir faim voil\u00e0 comment. S’imaginer des odeurs de cuisses de poulet grill\u00e9es au four \u00e7a devrait aller. Ce qu’il y a derri\u00e8re cette invention, on verra plus tard un autre jour, mais pas maintenant, pas la force vraiment.<\/p>\n

Inversion des propositions dans la vieille langue. La grammaire n’\u00e9tait pas la m\u00eame qu’aujourd’hui, alors \u00e9vident qu’il fut utile, n\u00e9cessaire de trouver des astuces pour indiquer une dur\u00e9e, un temps.<\/p>\n

Tant d’astuces surgissent, p\u00eale-m\u00eale en cet organe, icelui sis entre les deux oreilles, que d’abord s’en effraye, mais aguerri par luttes et mis\u00e8res, des mariages et des guerres, s’assoie , observe puis rit. Car le rire etc etc etc.<\/p>\n

Dans cette hypnose \u00e0 laquelle on se soumet plus ou moins volontairement— Sur les r\u00e9seaux— j’avise une publicit\u00e9 pour une machine \u00e0 caf\u00e9 De Longhi. Pour 1.95\u20ac ! Une f\u00e9brilit\u00e9 formidable s’empare de moi tandis que je fais deux pas en dehors du canap\u00e9 o\u00f9 j’\u00e9tais assis. Je me fois remplir le formulaire, aller chercher mon portefeuille, en extirper ma carte bancaire, effectuer toutes les op\u00e9rations fastidieuses mais n\u00e9cessaires pour que le paiement soit valid\u00e9. Puis je m’assoie \u00e0 cot\u00e9 de moi-m\u00eame et me montre les petits caract\u00e8res de la fameuse annonce. Et l\u00e0 enfin, mon double s’aper\u00e7ois que ce n’est qu’un putain de jeu concours. Que la probabilit\u00e9 pour qu’il gagne ce magnifique objet, au final inutile puisque nous poss\u00e9dons d\u00e9j\u00e0 deux cafeti\u00e8res, une de la marque Nespresso que nous n’utilisons que lorsque nous invitons des amis, et une autre plus basique que nous utilisons tous les jours, parfois m\u00eame plusieurs fois par jour, que cette probabilit\u00e9 de l’obtenir donc, soit quasi nulle. Ensuite de se consoler comme on peut d’avoir \u00e9t\u00e9 si con en allant chercher une banane et l’\u00e9plucher en silence avant de l’engloutir. Mais tout de m\u00eame voil\u00e0 comment on se fait voler 1.95\u20ac et par soi-m\u00eame, par pure faiblesse, par cupidit\u00e9 surement aussi, pour un seul instant d’inadvertance.<\/p>\n

A 10h30 hier je refais une tentative pour poster le colis que je n’ai pu poster l’avant veille. Toute la cartographie a chang\u00e9 en une nuit ou une journ\u00e9e. Le passage qui avait \u00e9t\u00e9 cr\u00e9e pour les pi\u00e9tons au beau milieu de ce merdier formidable qu’est devenue la transformation de la Place Paul Morand, n’existe plus. Mais un nouveau chemin a \u00e9t\u00e9 trac\u00e9 pour rejoindre plus facilement la Poste, et je me dis qu’avec un peu de chance celle-ci daignera \u00eatre ouverte. Double miracle puisque mon espoir et la rapidit\u00e9 pour l’atteindre ne dure qu’une centaine de m\u00e8tres \u00e0 peine. Et l\u00e0 je me rend compte dans quel monde nous vivons. \" Sonnez pour entrer\" m\u00eame \u00e0 la Poste il faut montrer patte blanche, c’est \u00e0 dire se pr\u00e9senter face cam\u00e9ra. Enfin la porte s’ouvre. Personne sauf une employ\u00e9e, sorte de grande jument d\u00e9gingand\u00e9e qui me jette un bonjour c’est pourquoi. <\/strong> Je r\u00e9ponds m\u00eame pas. Je sors mon colis du sac Lidl dans lequel je l’avais plac\u00e9 au cas o\u00f9 il pleuve et lui tend. Evidemment j’ai d\u00e9j\u00e0 tout pr\u00e9par\u00e9 \u00e0 partir de mon ordinateur, imprim\u00e9 et coll\u00e9 l’\u00e9tiquette, et lui tend le bordereau pour qu’elle le tamponne. Paf ! violence du coup de tampon. Et hop je ressors en disant quand m\u00eame merci, bonne journ\u00e9e, parce que je suis poli. Arriv\u00e9 dehors j’\u00e9prouve ce soulagement bizarre toujours quand je poste quelque chose. Mais l\u00e0 en plus je crois que la rapidit\u00e9, la fluidit\u00e9, l’enchainement de toutes les mini actions effectu\u00e9es pour en arriver \u00e0 l’\u00e9prouver de nouveau, participent d’une sorte de gr\u00e2ce, ou du grand art. Pour un peu je dirais merci merci tout le long du chemin pour revenir \u00e0 ma maison.<\/p>\n

tr\u00e8s t\u00f4t hier encore Mon \u00e9pouse est la seule cliente du village \u00e0 exiger que la boulang\u00e8re lui coupe sa baguette tradi en tranches. Je crois qu’elle a beaucoup travaill\u00e9 \u00e0 l’acceptation de cette nouvelle r\u00e9alit\u00e9, tout du moins pour la commer\u00e7ante, en se rendant elle-m\u00eame et souvent dans cette boulangerie. Toujours la m\u00eame. Mon \u00e9pouse ne l\u00e2che pas facilement l’affaire quand elle veut obtenir quelque chose. Ne serait-ce qu’une baguette tradi tranch\u00e9e. Alors que moi je suis beaucoup plus coulant. Si on me demandait quel int\u00e9r\u00eat de trancher une baguette, je serais assez faible de caract\u00e8re pour \u00eatre d’accord avec la premi\u00e8re personne venue qui me dirait \"aucun\". En tous cas ce matin c’est moi qui m’y colle pour aller au pain<\/em>. et donc il va falloir que je demande ( le plus naturellement du monde comme si c’\u00e9tait une formulation ordinaire, banale ) une baguette tranch\u00e9e. Et ce alors que je suis connu de la m\u00eame boulang\u00e8re pour ne jamais acheter de baguette tranch\u00e9e tradi ou pas. d’habitude je dis juste — une baguette tradi pas trop cuite s’il vous plait—. Et bien la boulang\u00e8re avait l’air bien lun\u00e9e, elle ne m’a pas pos\u00e9 de question, elle a juste dit —ah c’est pour la petite dame qui vient de bonne heure le matin. Comme si soudain elle avait compris quelque chose et le disait \u00e0 haute voix. Puis elle a attrap\u00e9 une baguette et je l’ai vu disparaitre dans le laboratoire \u00e0 cot\u00e9. \u00e0 peine le temps pour le dire qu’elle \u00e9tait revenue et me rendait la monnaie de mon billet. J’en suis rest\u00e9 baba. Puis mon \u00e9pouse me vit d\u00e9poser comme un troph\u00e9e mon sac en plastique rempli de tranches de pain, sur la table de la cuisine, elle a hoch\u00e9 la t\u00eate, et encore une fois, petite satisfaction, la journ\u00e9e d\u00e9marrait bien.<\/p>\n

Hier une autre toile commenc\u00e9e en parall\u00e8le des autres. Toutes ces expos qui arrivent vite, f\u00e9vrier la premi\u00e8re. Sur les femmes en plus. Comme si soudain je ne savais plus du tout peindre la trouille. Concomitamment aper\u00e7u une affiche d\u2019expo Eug\u00e8ne Leroy, qui a eu lieu cette ann\u00e9e sans que je ne puisse la visiter. Je crois que ce tableau est directement inspir\u00e9 de lui. Comme quoi je suis d\u2019une une \u00e9ponge et deux que les femmes continuent toujours \u00e0 me faire peur m\u00eame \u00e0 les peindre. Disons que j\u2019en suis plus conscient qu\u2019avant surtout. Privil\u00e8ge de vieillir.<\/p>", "content_text": "\"Encore une fois, l\u2019attendre, cette seconde qui voudra \u00eatre \u00e9crite, conjonction de perceptions et sensations, distorsions et cahors (ou tout le contraire, un bruissement de vent dans des feuilles, \u00e0 vous de positionner votre curseur d\u2019abstraction), mais que ce soit cette phrase qui vous dise vouloir \u00eatre \u00e9crite. Trop facile, sinon, se rem\u00e9morer. Et la rem\u00e9moration ne saurait pas isoler une dur\u00e9e d\u2019une seconde, m\u00eame si de prononcer simplement une phrase comme \u00ab je traverse le trottoir, pousse la porte de la Poste et m'avance jusqu'au guichet nouvellement d\u00e9cor\u00e9 d\u2019une et une seule guirlande de No\u00ebl \u00bb c\u2019est d\u00e9j\u00e0 \u00e9puiser une seconde de ce qu\u2019a \u00e9t\u00e9 ma journ\u00e9e (qui en compte 86 400), et cr\u00e9er un texte qui demande une seconde pour \u00eatre prononc\u00e9. Le texte que vous allez \u00e9crire n\u2019ob\u00e9it pas \u00e0 cette contrainte : il \u00e9puise, si possible (et c\u2019est ce qu\u2019on nomme po\u00e9sie qui va en tendre le trait). \u00ab ou, s\u2019ils sont \u00e0 pied, les bras en avant, comme s\u2019ils allaient enfin d\u00e9gager et d\u00e9broussailler pour de bon cet Univers plein de difficult\u00e9s et d\u2019incidents qui se pr\u00e9sente sans cesse devant eux \u00bb : ce qu\u2019il y a d\u2019incroyable, dans les Hizivinikis d\u2019Henri Michaux, c\u2019est qu\u2019il n\u2019y prononce jamais les mots vite ni vitesse. C\u2019est la langue qui est devenue cette compression du temps, le mouvement saisi et aval\u00e9 par la langue qui dit cette fraction de temps. Question technique aussi : oui, certainement. Avoir cela en permanence pr\u00e9sent. Et, pour cela : eh bien, le faire ? Quand vous saurez, au cours de la journ\u00e9e de demain, qu\u2019elle est l\u00e0, pr\u00e9cis\u00e9ment l\u00e0, cette seconde qui va devenir votre texte, l\u2019arr\u00eater, l\u2019\u00e9crire \u2013\u2013 la diff\u00e9rence avec l\u2019exercice pr\u00e9c\u00e9dent ? On arr\u00eatait tout mouvement, on saisissait une r\u00e9alit\u00e9 fixe. Aujourd\u2019hui vous en mouvement ou le contraire, ce que vous \u00e9crivez \u00e9tant mouvement et vous non, c\u2019est le mouvement qui sera la phrase. Comme on tombe.\" Fran\u00e7ois Bon, Atelier d'\u00e9criture le grand Carnet \n\n1h35. Sur l'exercice pr\u00e9c\u00e9dent le choix d'\u00e9crire une fiction pour installer une dur\u00e9e du moment, l'\u00eele \u00e9tait ce moment que l'on cherche \u00e0 atteindre et qui \u00e0 la fois ne se laisse pas voir ais\u00e9ment, mais de plus se d\u00e9robe ou est inhospitalier. (voir carnet 13) D\u00e9sormais c'est tout l'inverse, prendre quelque chose de gros et le r\u00e9duire \u00e0 sa plus petite expression. Tout Platon en une phrase si on veut. Ou une ville, ou une histoire d'amour. Maintenant si cela doit se passer dans une seule de nos journ\u00e9es. L'effet peut \u00eatre rigolo s'il arrive par la r\u00e9p\u00e9tition ( une seconde sans fin) On peut aussi penser \u00e0 exercices de styles de Queneau, la m\u00eame sc\u00e8ne, l'entr\u00e9e dans l'autobus d\u00e9crite plusieurs fois sur des tons diff\u00e9rents avec des conjugaisons diff\u00e9rentes, forme active, passive voire des d\u00e9tails qui surgissent soudain d'une version l'autre.\n\nFaire quelque chose que l'on doit faire, une chose simple, qui ne dure qu'une seconde.\n\nEn une seconde, le rouge arriva pile poil o\u00f9 il devait se rendre sur la toile. \n\nEn une seconde j'arrive a rouler une cigarette d'une main comme Lucky Luke, \u00e0 grimper sur Jolly Jumper et \u00e0 d\u00e9gommer tous les chapeaux des Dalton. tout \u00e7a en fermant les yeux \u00e9videmment.\n\nEn moins d'une seconde j'ai vu ma vie d\u00e9filer toute enti\u00e8re, lorsqu'en arrosant les b\u00e9gonias, mes jambes se d\u00e9rob\u00e8rent.\n\nUne seconde \u00e0 peine et il avait d\u00e9j\u00e0 aper\u00e7u simultan\u00e9ment la tuile se d\u00e9tachant du toit, la femme poussant le landau, et le point de rencontre probable de ces deux \u00e9l\u00e9ments \u00e0 quelques m\u00e8tres devant lui.\n\nEvidemment c'est trop facile d'\u00e9voquer que toutes ces actions se d\u00e9roulent en une seconde.\n\nDe quoi suis-je vraiment conscient lorsque l'aiguille de l'horloge avance d'un cran. La pens\u00e9e va beaucoup plus vite que mes jambes, mais mon inconscient la double. si je trouvais un moyen par autohypnose de d\u00e9baller tout ce qui est per\u00e7u durant l'\u00e9cart entre ces deux positions de l'aiguille, alors je me situerais en m\u00e9ta position par rapport \u00e0 l'\u00e9coulement du temps. Je verrais le temps tel qu'il est vraiment comme un flux d'imaginaire charriant des bouts de r\u00e9el. ( \u00e0 moins que ce ne soit le contraire?!) Je serais au bord d'une rivi\u00e8re. et comme autrefois je lancerais ma ligne \u00e0 l'eau, guetterais le bouchon color\u00e9, puis ferrerais sit\u00f4t qu'il s'enfonce sous la surface de l'eau. Je me dirais que j'ai p\u00e9ch\u00e9 un poisson.\n\nUn poisson nage entre deux eaux, un ver surgit devant sa gueule qu'il ouvre et referme , puis l'hame\u00e7on lui perce la joue et il se sent soulev\u00e9 violemment vers la surface, qu'il cr\u00e8ve, gerbes d'eau, vaste ciel poisson volant, pour parvenir dans une main d'enfant, qui le d\u00e9gorge, le jette dans une bourriche o\u00f9 il suffoque et finit par tourner de l'\u0153il.\n\nL'enfant ferre en apercevant son bouchon plonger sous l'eau, puis le contact visqueux d'un poisson dans la paume de sa main. Un corps froid et vibrant de vie qui se d\u00e9bat dans la paume de la main. --c'est un gardon --se dit-il pour \u00e9loigner de lui l' \u00e9trange, le trouble qui surgit encore un peu de tenir un poisson dans sa main.\n\nc'est un gardon pense l'enfant en regardant le poisson gigoter dans sa main. Puis il d\u00e9croche l'hame\u00e7on, flanque le gardon dans la bourriche, place un nouveau ver sur l'hame\u00e7on et jette \u00e0 nouveau la ligne.\n\nContraste de cette matin\u00e9e de p\u00e8che, la tranquillit\u00e9 de la rivi\u00e8re, pas de vent, et soudain un poisson mord \u00e0 l'hame\u00e7on. Les battements de c\u0153ur s'acc\u00e9l\u00e8rent, qu'est-ce qu'on peut bien avoir attrap\u00e9 au milieu m\u00eame de ce calme de cette tranquillit\u00e9.\n\nSi je me mets \u00e0 penser je freine quelque chose. Si je me mets \u00e0 \u00e9crire je peux contr\u00f4ler partiellement tout ce qui surgit au moment m\u00eame o\u00f9 j'\u00e9cris--l'\u00e9criture et la p\u00e8che-- Puis quand je reviens chez moi, je vide les poissons en \u00e9talant une double feuille de papier journal, une de la montagne, journal local. Puis avec le temps il arrive un temps que je ne les vide plus. Qu'ils pourrissent dans la bourriche. Quelle raison puis-je trouver encore \u00e0 cela. Que tout le monde se fichait de mon menu fretin. Que ma m\u00e8re d\u00e9testait l'odeur du poisson qui frit dans l'huile. Que mon p\u00e8re p\u00eacheur n'\u00e9tait jamais l\u00e0. Que j'avais toujours mille autres choses \u00e0 faire. Que j'ai fini \u00e0 partir de 7 ans et des raisons obscures par d\u00e9tester le monde et moi-m\u00eame en laissant pourrir ainsi \u00e0 peu pr\u00e8s tout ce que je touchais et qui m'avait durant une ou deux secondes, r\u00e9joui\n\nSi je ne freine pas les choses, surgissent la plainte, la col\u00e8re, le malheur en boucle. Je suis une r\u00e9incarnation d\u00e9bile de Jules Roy. D'ailleurs j'y ai pens\u00e9 pas plus tard qu'hier. Je ne sais plus pourquoi \u00e7a m'est venu, en observant mon malheur justement, le malheur de vieillir, d'avoir mal aux chevilles, de ne plus pouvoir marcher comme avant. D'\u00eatre un vieux quoi. Et je crois aussi que j'ai voulu compter mes amiti\u00e9s, \u00e0 peine autant que les doigts d'une main. tout c'est d\u00e9roul\u00e9 vers l'heure du d\u00e9jeuner, juste avant de traverser la cour qui m\u00e8ne \u00e0 la maison, en posant la main sur la poign\u00e9e de la porte avant de l'ouvrir. Une poign\u00e9e froide, comme un poisson mort dans la main.\n\nTrois pas en arri\u00e8re pour voir le tableau, je me roule une cigarette, je n'ach\u00e8te plus de toutes faites d\u00e9sormais, bien trop couteux, je ne mets pas de filtre non plus, \u00e9conomie. Et puis je crois que je m'en fous surtout. Oui c'est cela je m'en fous. Il y a des moments o\u00f9 l'image se fige et devient nette. Perdu pour perdu. J'avais travaill\u00e9 depuis le matin sur ce tableau mais sans conviction vraiment, parce qu'il faut bien le faire. C'est d\u00e9sastreux d'en \u00eatre parvenu l\u00e0. Je me sens comme autrefois \u00e0 la chaine, m\u00eame si je lutte comme autrefois pour tenter de me d\u00e9filer, la machinerie est belle et bien l\u00e0, comme cette presse pour fabriquer des disques de r\u00e9sine, pas int\u00e9r\u00eat \u00e0 r\u00eavasser ni \u00e0 dormir debout, sinon crac plus de main. tout me revient comme \u00e7a sans crier gare en touchant cette putain de poign\u00e9e de porte. Comment on se sort de \u00e7a. avoir faim voil\u00e0 comment. S'imaginer des odeurs de cuisses de poulet grill\u00e9es au four \u00e7a devrait aller. Ce qu'il y a derri\u00e8re cette invention, on verra plus tard un autre jour, mais pas maintenant, pas la force vraiment.\n\nInversion des propositions dans la vieille langue. La grammaire n'\u00e9tait pas la m\u00eame qu'aujourd'hui, alors \u00e9vident qu'il fut utile, n\u00e9cessaire de trouver des astuces pour indiquer une dur\u00e9e, un temps.\n\nTant d'astuces surgissent, p\u00eale-m\u00eale en cet organe, icelui sis entre les deux oreilles, que d'abord s'en effraye, mais aguerri par luttes et mis\u00e8res, des mariages et des guerres, s'assoie , observe puis rit. Car le rire etc etc etc.\n\nDans cette hypnose \u00e0 laquelle on se soumet plus ou moins volontairement-- Sur les r\u00e9seaux-- j'avise une publicit\u00e9 pour une machine \u00e0 caf\u00e9 De Longhi. Pour 1.95\u20ac ! Une f\u00e9brilit\u00e9 formidable s'empare de moi tandis que je fais deux pas en dehors du canap\u00e9 o\u00f9 j'\u00e9tais assis. Je me fois remplir le formulaire, aller chercher mon portefeuille, en extirper ma carte bancaire, effectuer toutes les op\u00e9rations fastidieuses mais n\u00e9cessaires pour que le paiement soit valid\u00e9. Puis je m'assoie \u00e0 cot\u00e9 de moi-m\u00eame et me montre les petits caract\u00e8res de la fameuse annonce. Et l\u00e0 enfin, mon double s'aper\u00e7ois que ce n'est qu'un putain de jeu concours. Que la probabilit\u00e9 pour qu'il gagne ce magnifique objet, au final inutile puisque nous poss\u00e9dons d\u00e9j\u00e0 deux cafeti\u00e8res, une de la marque Nespresso que nous n'utilisons que lorsque nous invitons des amis, et une autre plus basique que nous utilisons tous les jours, parfois m\u00eame plusieurs fois par jour, que cette probabilit\u00e9 de l'obtenir donc, soit quasi nulle. Ensuite de se consoler comme on peut d'avoir \u00e9t\u00e9 si con en allant chercher une banane et l'\u00e9plucher en silence avant de l'engloutir. Mais tout de m\u00eame voil\u00e0 comment on se fait voler 1.95\u20ac et par soi-m\u00eame, par pure faiblesse, par cupidit\u00e9 surement aussi, pour un seul instant d'inadvertance.\n\nA 10h30 hier je refais une tentative pour poster le colis que je n'ai pu poster l'avant veille. Toute la cartographie a chang\u00e9 en une nuit ou une journ\u00e9e. Le passage qui avait \u00e9t\u00e9 cr\u00e9e pour les pi\u00e9tons au beau milieu de ce merdier formidable qu'est devenue la transformation de la Place Paul Morand, n'existe plus. Mais un nouveau chemin a \u00e9t\u00e9 trac\u00e9 pour rejoindre plus facilement la Poste, et je me dis qu'avec un peu de chance celle-ci daignera \u00eatre ouverte. Double miracle puisque mon espoir et la rapidit\u00e9 pour l'atteindre ne dure qu'une centaine de m\u00e8tres \u00e0 peine. Et l\u00e0 je me rend compte dans quel monde nous vivons. \" Sonnez pour entrer\" m\u00eame \u00e0 la Poste il faut montrer patte blanche, c'est \u00e0 dire se pr\u00e9senter face cam\u00e9ra. Enfin la porte s'ouvre. Personne sauf une employ\u00e9e, sorte de grande jument d\u00e9gingand\u00e9e qui me jette un bonjour c'est pourquoi. Je r\u00e9ponds m\u00eame pas. Je sors mon colis du sac Lidl dans lequel je l'avais plac\u00e9 au cas o\u00f9 il pleuve et lui tend. Evidemment j'ai d\u00e9j\u00e0 tout pr\u00e9par\u00e9 \u00e0 partir de mon ordinateur, imprim\u00e9 et coll\u00e9 l'\u00e9tiquette, et lui tend le bordereau pour qu'elle le tamponne. Paf ! violence du coup de tampon. Et hop je ressors en disant quand m\u00eame merci, bonne journ\u00e9e, parce que je suis poli. Arriv\u00e9 dehors j'\u00e9prouve ce soulagement bizarre toujours quand je poste quelque chose. Mais l\u00e0 en plus je crois que la rapidit\u00e9, la fluidit\u00e9, l'enchainement de toutes les mini actions effectu\u00e9es pour en arriver \u00e0 l'\u00e9prouver de nouveau, participent d'une sorte de gr\u00e2ce, ou du grand art. Pour un peu je dirais merci merci tout le long du chemin pour revenir \u00e0 ma maison.\n\ntr\u00e8s t\u00f4t hier encore Mon \u00e9pouse est la seule cliente du village \u00e0 exiger que la boulang\u00e8re lui coupe sa baguette tradi en tranches. Je crois qu'elle a beaucoup travaill\u00e9 \u00e0 l'acceptation de cette nouvelle r\u00e9alit\u00e9, tout du moins pour la commer\u00e7ante, en se rendant elle-m\u00eame et souvent dans cette boulangerie. Toujours la m\u00eame. Mon \u00e9pouse ne l\u00e2che pas facilement l'affaire quand elle veut obtenir quelque chose. Ne serait-ce qu'une baguette tradi tranch\u00e9e. Alors que moi je suis beaucoup plus coulant. Si on me demandait quel int\u00e9r\u00eat de trancher une baguette, je serais assez faible de caract\u00e8re pour \u00eatre d'accord avec la premi\u00e8re personne venue qui me dirait \"aucun\". En tous cas ce matin c'est moi qui m'y colle pour aller au pain. et donc il va falloir que je demande ( le plus naturellement du monde comme si c'\u00e9tait une formulation ordinaire, banale ) une baguette tranch\u00e9e. Et ce alors que je suis connu de la m\u00eame boulang\u00e8re pour ne jamais acheter de baguette tranch\u00e9e tradi ou pas. d'habitude je dis juste -- une baguette tradi pas trop cuite s'il vous plait--. Et bien la boulang\u00e8re avait l'air bien lun\u00e9e, elle ne m'a pas pos\u00e9 de question, elle a juste dit --ah c'est pour la petite dame qui vient de bonne heure le matin. Comme si soudain elle avait compris quelque chose et le disait \u00e0 haute voix. Puis elle a attrap\u00e9 une baguette et je l'ai vu disparaitre dans le laboratoire \u00e0 cot\u00e9. \u00e0 peine le temps pour le dire qu'elle \u00e9tait revenue et me rendait la monnaie de mon billet. J'en suis rest\u00e9 baba. Puis mon \u00e9pouse me vit d\u00e9poser comme un troph\u00e9e mon sac en plastique rempli de tranches de pain, sur la table de la cuisine, elle a hoch\u00e9 la t\u00eate, et encore une fois, petite satisfaction, la journ\u00e9e d\u00e9marrait bien.\n\nHier une autre toile commenc\u00e9e en parall\u00e8le des autres. Toutes ces expos qui arrivent vite, f\u00e9vrier la premi\u00e8re. Sur les femmes en plus. Comme si soudain je ne savais plus du tout peindre la trouille. Concomitamment aper\u00e7u une affiche d\u2019expo Eug\u00e8ne Leroy, qui a eu lieu cette ann\u00e9e sans que je ne puisse la visiter. Je crois que ce tableau est directement inspir\u00e9 de lui. Comme quoi je suis d\u2019une une \u00e9ponge et deux que les femmes continuent toujours \u00e0 me faire peur m\u00eame \u00e0 les peindre. Disons que j\u2019en suis plus conscient qu\u2019avant surtout. Privil\u00e8ge de vieillir. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/poissons-dans-un-c2832946.jpg?1762182422", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/de-peindre.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/de-peindre.html", "title": "De peindre", "date_published": "2022-11-20T04:15:16Z", "date_modified": "2025-10-26T10:49:55Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Cheminement de l’\u00e9criture le matin. Reprendre un vieux texte pour le r\u00e9duire. \u00e9crire comme on se chauffe. En remettre une nouvelle couche.<\/code><\/p>\n<\/pre>\n

Tu n\u2019es pas l\u00e0, tu n\u2019y arrives pas. Inspire. Profond\u00e9ment. Maintenant danse. Laisse danser le corps, le pinceau. Respire. Voil\u00e0 tu y es. Tu y arrives. Et ce n\u2019est plus toi. C\u2019est un pinceau qui danse.<\/p>\n

Pas compris comment une pens\u00e9e pouvait parvenir au bout de mon pinceau. J’ai toujours peint sans y penser.<\/p>\n

Pr\u00e8s de l’\u00e9tang de Saint-Bonnet de Tron\u00e7ais dans l’Allier, les roseaux peignent sans pens\u00e9e. Plus loin \u00e0 Oullins sur le bord de l’Yseron, les longs bambous encore verts ach\u00e8vent le tableau.<\/p>\n

toute toile commenc\u00e9e demande qu’on l’ach\u00e8ve mais on n’est pas tenu de l’\u00e9couter tout le temps.<\/p>\n

L’inachev\u00e9 c’est un chemin offert \u00e0 l’autre.<\/p>\n

Rien n’est irr\u00e9m\u00e9diable en peinture sauf si toi tu veux en d\u00e9cider autrement.<\/p>\n

On ne peint pas pour exposer son travail. on peint parce qu’on ne peut pas faire autrement.<\/p>\n

Dire je peins pour vivre est souvent plus juste que le contraire.<\/p>\n

La sensiblerie existe en peinture, mais tu ne la vois toujours que chez les autres. Elle te d\u00e9goute au d\u00e9but, puis tu comprends qu’elle est ta propre id\u00e9e de la sensiblerie.<\/p>\n

Ce que tu appelles sensiblerie est cet obstacle que tu places inconsciemment sur le chemin vers l’autre.<\/p>\n

Ta m\u00e8re, tout bien r\u00e9fl\u00e9chi, n’\u00e9tait que sensiblerie. Et elle te d\u00e9fendait de parler sit\u00f4t qu’elle reconnaissait dans tes propos sa propre sensiblerie. Elle disait : —arr\u00eate de te r\u00e9fugier dans la sensiblerie. ta m\u00e8re a toujours refus\u00e9 une trop grande proximit\u00e9 avec l’autre quel qu’il soit. Et on peut bien dormir dans un m\u00eame lit, avoir des enfants, les \u00e9duquer sans jamais se d\u00e9partir d’une tel r\u00e8gle que l’on s’impose comme on enfonce un clou dans sa paume.. Je crois que le refus de la proximit\u00e9 la renforce encore plus. Les enfants surtout le ressentent. ce qu’elle nommait sensiblerie \u00e9tait-ce vraiment de la sensiblerie, c’est plut\u00f4t ce qui lui appartenait le plus qu’elle ne cessait jamais de vouloir dissimuler. Parce qu’elle se faisait un id\u00e9e d’elle de femme forte. Parce que mon p\u00e8re \u00e9tait un enfant col\u00e9rique d’une sensiblerie monstrueuse. Il l’aurait d\u00e9vor\u00e9e toute enti\u00e8re si elle n’avait pas eu l’intuition de dissimuler ses v\u00e9ritables sentiments aussi bien \u00e0 lui, \u00e0 nous, et au bout du compte \u00e0 elle-m\u00eame. D’ailleurs si on s’appuie sur les faits seulement, sa volont\u00e9 d’\u00eatre incin\u00e9r\u00e9e, que ses cendres soient dispers\u00e9es, indique bien \u00e0 quel point elle s’\u00e9loignerait un jour d\u00e9finitivement. Qu’elle recouvrirait sa libert\u00e9, qu’elle serait \u00e0 ce moment l\u00e0, une inconnue pour nous tous. Lorsque mon \u00e9pouse que j’ai connue quelques semaines avant le d\u00e9c\u00e8s de ma m\u00e8re, voit la sc\u00e8ne, elle comprend aussit\u00f4t l’intensit\u00e9 de la trag\u00e9die. Nous sommes all\u00e9s le jour m\u00eame de l’incin\u00e9ration faire graver une plaque \" ASTRID\" et achet\u00e9 une concession pour d\u00e9poser ensuite la plaque. Ton p\u00e8re cependant a respect\u00e9 \u00e0 la lettre les volont\u00e9s de ta m\u00e8re. Les cendres furent malgr\u00e9 nos tentatives, mon \u00e9pouse et moi de l’en dissuader, dispers\u00e9es sur un ensemble de galets au milieu du jardin du souvenir. Et regarde un peu la sensiblerie ici : des ann\u00e9es il se sera recueillit sur une tombe vide, face \u00e0 la plaque que nous avions fait graver, sachant pertinemment qu’il n’y avait pas d’urne, pas de cendre ici. Il n’y avait l\u00e0 qu’un \"ici-g\u00eet\" extr\u00eamement path\u00e9tique voire grotesque, un ci-g\u00eet sans d\u00e9pouille. Cela en dit long sur l’imagination de chacun. Lui aura continu\u00e9 \u00e0 s’imaginer avoir perdu la femme de sa vie alors que durant toute l’existence de celle-ci il l’a trait\u00e9e comme une moins que rien. Parce qu’il en avait peur dans le fond. Le despotisme vient souvent de peurs irraisonn\u00e9es. Quant \u00e0 moi j’ai toujours eu un doute vis \u00e0 vis de cette femme que j’ai appel\u00e9e maman. Enfant je la sentais fausse. Mais elle n’\u00e9tait que seule, profond\u00e9ment, et vivait dans un malaise permanent de ne jamais pouvoir s’exprimer vraiment. Elle s’essaya \u00e0 la peinture et y r\u00e9ussit. Du moins pour la reproduction, la copie, elle avait l’\u0153il. Ce qui lui a manqu\u00e9 je crois c’est d’oser cr\u00e9er quelque chose qui lui appartienne. Mais comment y parvenir dans des conditions pareilles. Cela aurait n\u00e9cessit\u00e9 qu’elle tombe le masque totalement. Qu’elle fut vraiment elle-m\u00eame. et sans doute qu’ils se s\u00e9parent mon p\u00e8re et elle. Elle devait penser qu’elle l’aurait tu\u00e9. Car dans cette histoire elle aussi s’imaginait que son \u00e9poux n’\u00e9tait qu’un enfant dissimul\u00e9 dans une carapace d’ogre insatiable. Ainsi vont les imaginations et elles sont sans limites. la peur de le tuer ou de perdre un certain confort, peut-on jamais savoir. Enfin mon p\u00e8re changea du tout au tout apr\u00e8s sa disparition il devint une sorte caricature de lui-m\u00eame. . Mon p\u00e8re devint cet enfant \u00e9go\u00efste \u00e0 la sensiblerie d\u00e9sastreuse peu apr\u00e8s qu’il fut seul. Il parlait \u00e0 sa chienne comme \u00e0 une vraie personne. Et c’\u00e9tait path\u00e9tique de voir cet homme qui fut \u00e0 un moment de ta vie ton pire ennemi, ton Dieu, tomber le masque pour de vrai. tu devins le p\u00e8re de ton p\u00e8re par un \u00e9trange renversement des choses. Le grondant comme un enfant capricieux. Le remettant en place comme jamais avant tu n’aurais eu l’audace de le faire. A ces moments l\u00e0 il me semble que c’est cette partie scell\u00e9e de ta m\u00e8re et dont tu as h\u00e9rit\u00e9e qui disait enfin sa vraie v\u00e9rit\u00e9. Mais \u00e0 quoi bon s’acharner sur un vieil enfant. cela aussi tu l’auras vite compris. L’\u00e9criture sans doute t’aura aider \u00e0 d\u00e9baller ton sac \u00e0 exprimer ta col\u00e8re de nombreuses fois, bien que ce ne soit \u00e9videmment pas la m\u00eame chose, et surtout parce que l’on ne r\u00e8gle pas ses compte en \u00e9crivant.<\/p>", "content_text": "Cheminement de l'\u00e9criture le matin. Reprendre un vieux texte pour le r\u00e9duire. \u00e9crire comme on se chauffe. En remettre une nouvelle couche.\n\nTu n\u2019es pas l\u00e0, tu n\u2019y arrives pas. Inspire. Profond\u00e9ment. Maintenant danse. Laisse danser le corps, le pinceau. Respire. Voil\u00e0 tu y es. Tu y arrives. Et ce n\u2019est plus toi. C\u2019est un pinceau qui danse.\n\nPas compris comment une pens\u00e9e pouvait parvenir au bout de mon pinceau. J'ai toujours peint sans y penser.\n\nPr\u00e8s de l'\u00e9tang de Saint-Bonnet de Tron\u00e7ais dans l'Allier, les roseaux peignent sans pens\u00e9e. Plus loin \u00e0 Oullins sur le bord de l'Yseron, les longs bambous encore verts ach\u00e8vent le tableau.\n\ntoute toile commenc\u00e9e demande qu'on l'ach\u00e8ve mais on n'est pas tenu de l'\u00e9couter tout le temps.\n\nL'inachev\u00e9 c'est un chemin offert \u00e0 l'autre.\n\nRien n'est irr\u00e9m\u00e9diable en peinture sauf si toi tu veux en d\u00e9cider autrement.\n\nOn ne peint pas pour exposer son travail. on peint parce qu'on ne peut pas faire autrement.\n\nDire je peins pour vivre est souvent plus juste que le contraire.\n\nLa sensiblerie existe en peinture, mais tu ne la vois toujours que chez les autres. Elle te d\u00e9goute au d\u00e9but, puis tu comprends qu'elle est ta propre id\u00e9e de la sensiblerie.\n\nCe que tu appelles sensiblerie est cet obstacle que tu places inconsciemment sur le chemin vers l'autre.\n\nTa m\u00e8re, tout bien r\u00e9fl\u00e9chi, n'\u00e9tait que sensiblerie. Et elle te d\u00e9fendait de parler sit\u00f4t qu'elle reconnaissait dans tes propos sa propre sensiblerie. Elle disait: --arr\u00eate de te r\u00e9fugier dans la sensiblerie. ta m\u00e8re a toujours refus\u00e9 une trop grande proximit\u00e9 avec l'autre quel qu'il soit. Et on peut bien dormir dans un m\u00eame lit, avoir des enfants, les \u00e9duquer sans jamais se d\u00e9partir d'une tel r\u00e8gle que l'on s'impose comme on enfonce un clou dans sa paume.. Je crois que le refus de la proximit\u00e9 la renforce encore plus. Les enfants surtout le ressentent. ce qu'elle nommait sensiblerie \u00e9tait-ce vraiment de la sensiblerie, c'est plut\u00f4t ce qui lui appartenait le plus qu'elle ne cessait jamais de vouloir dissimuler. Parce qu'elle se faisait un id\u00e9e d'elle de femme forte. Parce que mon p\u00e8re \u00e9tait un enfant col\u00e9rique d'une sensiblerie monstrueuse. Il l'aurait d\u00e9vor\u00e9e toute enti\u00e8re si elle n'avait pas eu l'intuition de dissimuler ses v\u00e9ritables sentiments aussi bien \u00e0 lui, \u00e0 nous, et au bout du compte \u00e0 elle-m\u00eame. D'ailleurs si on s'appuie sur les faits seulement, sa volont\u00e9 d'\u00eatre incin\u00e9r\u00e9e, que ses cendres soient dispers\u00e9es, indique bien \u00e0 quel point elle s'\u00e9loignerait un jour d\u00e9finitivement. Qu'elle recouvrirait sa libert\u00e9, qu'elle serait \u00e0 ce moment l\u00e0, une inconnue pour nous tous. Lorsque mon \u00e9pouse que j'ai connue quelques semaines avant le d\u00e9c\u00e8s de ma m\u00e8re, voit la sc\u00e8ne, elle comprend aussit\u00f4t l'intensit\u00e9 de la trag\u00e9die. Nous sommes all\u00e9s le jour m\u00eame de l'incin\u00e9ration faire graver une plaque \" ASTRID\" et achet\u00e9 une concession pour d\u00e9poser ensuite la plaque. Ton p\u00e8re cependant a respect\u00e9 \u00e0 la lettre les volont\u00e9s de ta m\u00e8re. Les cendres furent malgr\u00e9 nos tentatives, mon \u00e9pouse et moi de l'en dissuader, dispers\u00e9es sur un ensemble de galets au milieu du jardin du souvenir. Et regarde un peu la sensiblerie ici : des ann\u00e9es il se sera recueillit sur une tombe vide, face \u00e0 la plaque que nous avions fait graver, sachant pertinemment qu'il n'y avait pas d'urne, pas de cendre ici. Il n'y avait l\u00e0 qu'un \"ici-g\u00eet\" extr\u00eamement path\u00e9tique voire grotesque, un ci-g\u00eet sans d\u00e9pouille. Cela en dit long sur l'imagination de chacun. Lui aura continu\u00e9 \u00e0 s'imaginer avoir perdu la femme de sa vie alors que durant toute l'existence de celle-ci il l'a trait\u00e9e comme une moins que rien. Parce qu'il en avait peur dans le fond. Le despotisme vient souvent de peurs irraisonn\u00e9es. Quant \u00e0 moi j'ai toujours eu un doute vis \u00e0 vis de cette femme que j'ai appel\u00e9e maman. Enfant je la sentais fausse. Mais elle n'\u00e9tait que seule, profond\u00e9ment, et vivait dans un malaise permanent de ne jamais pouvoir s'exprimer vraiment. Elle s'essaya \u00e0 la peinture et y r\u00e9ussit. Du moins pour la reproduction, la copie, elle avait l'\u0153il. Ce qui lui a manqu\u00e9 je crois c'est d'oser cr\u00e9er quelque chose qui lui appartienne. Mais comment y parvenir dans des conditions pareilles. Cela aurait n\u00e9cessit\u00e9 qu'elle tombe le masque totalement. Qu'elle fut vraiment elle-m\u00eame. et sans doute qu'ils se s\u00e9parent mon p\u00e8re et elle. Elle devait penser qu'elle l'aurait tu\u00e9. Car dans cette histoire elle aussi s'imaginait que son \u00e9poux n'\u00e9tait qu'un enfant dissimul\u00e9 dans une carapace d'ogre insatiable. Ainsi vont les imaginations et elles sont sans limites. la peur de le tuer ou de perdre un certain confort, peut-on jamais savoir. Enfin mon p\u00e8re changea du tout au tout apr\u00e8s sa disparition il devint une sorte caricature de lui-m\u00eame. . Mon p\u00e8re devint cet enfant \u00e9go\u00efste \u00e0 la sensiblerie d\u00e9sastreuse peu apr\u00e8s qu'il fut seul. Il parlait \u00e0 sa chienne comme \u00e0 une vraie personne. Et c'\u00e9tait path\u00e9tique de voir cet homme qui fut \u00e0 un moment de ta vie ton pire ennemi, ton Dieu, tomber le masque pour de vrai. tu devins le p\u00e8re de ton p\u00e8re par un \u00e9trange renversement des choses. Le grondant comme un enfant capricieux. Le remettant en place comme jamais avant tu n'aurais eu l'audace de le faire. A ces moments l\u00e0 il me semble que c'est cette partie scell\u00e9e de ta m\u00e8re et dont tu as h\u00e9rit\u00e9e qui disait enfin sa vraie v\u00e9rit\u00e9. Mais \u00e0 quoi bon s'acharner sur un vieil enfant. cela aussi tu l'auras vite compris. L'\u00e9criture sans doute t'aura aider \u00e0 d\u00e9baller ton sac \u00e0 exprimer ta col\u00e8re de nombreuses fois, bien que ce ne soit \u00e9videmment pas la m\u00eame chose, et surtout parce que l'on ne r\u00e8gle pas ses compte en \u00e9crivant.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/image-1pngw500-bc26fe04-d3b73.png?1761475722", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/force-et-faiblesse.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/force-et-faiblesse.html", "title": "force et faiblesse", "date_published": "2022-11-18T09:24:47Z", "date_modified": "2025-10-26T10:52:49Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Ce que c\u2019est que la force ce que c\u2019est que la faiblesse, pas grand chose d\u2019autre qu\u2019une permutation, un interrupteur. Encore du binaire. Moi je dis que force et faiblesse sont des mots fourre-tout. Que l\u2019invisible qu\u2019ils voudraient nous imposer est incomplet, amput\u00e9, rabougris. Que derri\u00e8re les mots force et faiblesse se tiennent des rires d\u2019enfants, des gazouillis d\u2019oiseau, le grand silence de l\u2019hiver et les fanfares de juillet. tout autant. Une \u00e9quidistance qui permet aux silences de prendre des couleurs ou des refroidissements. Une \u00e9quidistance pour passer le temps.<\/p>\n

Cette toile faite dans la matin\u00e9e par dessus une autre on pourra toujours me dire force et faiblesse, \u00e7a n\u2019a pas vraiment d\u2019importance. D\u2019o\u00f9 elle surgit telle qu\u2019elle est aujourd\u2019hui c\u2019est un \u00e9tat du silence qui peut changer demain. Comme change le temps, comme tout change et reste pareil si on regarde bien. Huile sur toile 60x80<\/p>", "content_text": "Ce que c\u2019est que la force ce que c\u2019est que la faiblesse, pas grand chose d\u2019autre qu\u2019une permutation, un interrupteur. Encore du binaire. Moi je dis que force et faiblesse sont des mots fourre-tout. Que l\u2019invisible qu\u2019ils voudraient nous imposer est incomplet, amput\u00e9, rabougris. Que derri\u00e8re les mots force et faiblesse se tiennent des rires d\u2019enfants, des gazouillis d\u2019oiseau, le grand silence de l\u2019hiver et les fanfares de juillet. tout autant. Une \u00e9quidistance qui permet aux silences de prendre des couleurs ou des refroidissements. Une \u00e9quidistance pour passer le temps.\n\nCette toile faite dans la matin\u00e9e par dessus une autre on pourra toujours me dire force et faiblesse, \u00e7a n\u2019a pas vraiment d\u2019importance. D\u2019o\u00f9 elle surgit telle qu\u2019elle est aujourd\u2019hui c\u2019est un \u00e9tat du silence qui peut changer demain. Comme change le temps, comme tout change et reste pareil si on regarde bien. Huile sur toile 60x80 ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7190jpgw787-d7afc3b5.jpg?1761475919", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/souffrir.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/souffrir.html", "title": "souffrir", "date_published": "2022-11-18T06:53:06Z", "date_modified": "2025-10-26T10:26:18Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Tu te tiens encore debout m\u00eame si la plupart du temps \u00e0 cette heure du matin on te verra assis. Et tu penses \u00e0 la souffrance g\u00e9n\u00e9rale. La souffrance du jour qui se l\u00e8ve avec le jour. On ne peut pas ne pas la voir n\u2019est-ce pas. Tu ne cherches plus \u00e0 t\u2019en convaincre puisque chaque jour tu la vois tu la vis. Tu supportes. Tu endures. Toutes les strat\u00e9gies sont \u00e0 recommencer chaque jour car c\u2019est par des angles d\u2019attaque insolites que cette souffrance revient. La curiosit\u00e9 peut-elle \u00eatre un atout vraiment d\u2019examiner comment elle te surprend encore et encore et toujours cette souffrance du monde. N\u2019aurais-tu pas autre chose de mieux \u00e0 faire, d\u00e9tourner les yeux pour ne plus l\u2019affronter en face. Mais elle est si pr\u00e9sente qu\u2019elle ne cesse de te terrasser d\u00e9sormais. Bien s\u00fbr la vuln\u00e9rabilit\u00e9 que tu attribues \u00e0 l\u2019\u00e2ge, \u00e0 la fatigue de lui voir au final toujours le m\u00eame nez au milieu de la figure. Vieille femme sans fard, impudique, obsc\u00e8ne. Et pourtant tellement humaine. On tente de s\u2019apaiser en ouvrant le traitement de texte, de s\u2019exercer gentiment \u00e0 la technique, au vocabulaire, \u00e0 revisiter de vieilles r\u00e8gles oubli\u00e9es de grammaire, mais on sent bien que l\u2019on cherche \u00e0 s\u2019\u00e9carter ainsi d\u2019un point \u00e0 vif, d\u2019une plaie sanguinolente, un point central. On prend son pouls, 90 battements par minute. On allume une nouvelle cigarette. On saisit la tasse de caf\u00e9 ti\u00e8de. On se d\u00e9bat. Une oscillation par petits gestes, de petits d\u00e9s\u00e9quilibres pour raffermir la croyance que l\u2019\u00e9quilibre le plus vrai provient de l\u2019asym\u00e9trie. Mais ce matin quelque chose tourne \u00e0 vide. Pas de joker. On doit se laver le regard des r\u00eaves. Entr\u00e9e de plain pied dans le cauchemar. Rester debout tout en s\u2019accrochant \u00e0 son si\u00e8ge \u00e0 sa cigarette \u00e0 cette tasse \u00e0 ce clavier. Se r\u00e9inventer une dentition pour se dire serre les dents. Et soudain le souvenir de cette histoire de veill\u00e9e fun\u00e8bre. Le corps de Schopenhauer. Un dentier qui se carapate sous l\u2019effet de la d\u00e9composition des chairs. La peur et le rire pour la contrer. Et encore l\u2019envie d\u2019\u00e9couter le canto general, de pleurer seul ici dans l\u2019atelier. Tout n\u2019est pas si pourri puisque il y a encore \u00e7a.<\/p>\n

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Peinture num\u00e9rique<\/p>\n

Fatigue habitude sommeil rare repos r\u00eave s\u2019asseoir souffler —repartir—d\u00e9j\u00e0 pour l\u2019ordinaire le minimum on conna\u00eet habitu\u00e9 roule \u00e0 vide la plus grande part du temps ne nous appartient pas dur \u00e0 comprendre accepter mais quand on le sait —la plus petite part du temps— on la r\u00e9chauffe mains jointes elle en devient immense la plus petite part du temps la garde t\u2019on pour soi pour autant non —l\u2019offrir du mieux qu\u2019on peut —ne pas pouvoir faire autrement et continuer comme —seul combat continuer —comme seul mot continuer assis debout et m\u00eame couch\u00e9 —en rampant en griffant les sols dans la boue dans la merde —dans l\u2019odeur du pain chaud du matin dans la puanteur des cadavres le soir —dans les d\u00e9serts blancs de nuit —quand on n\u2019a plus que ce mot pour —puiser tous les autres possibles ou impossibles —ceux que l\u2019on ne voudrait pas que l\u2019on puise mais que l\u2019on continuera \u00e0 chercher m\u00eame s\u2019ils n\u2019existent pas.<\/p>", "content_text": "Peinture num\u00e9rique \n\nFatigue habitude sommeil rare repos r\u00eave s\u2019asseoir souffler \u2014repartir\u2014d\u00e9j\u00e0 pour l\u2019ordinaire le minimum on conna\u00eet habitu\u00e9 roule \u00e0 vide la plus grande part du temps ne nous appartient pas dur \u00e0 comprendre accepter mais quand on le sait \u2014la plus petite part du temps\u2014 on la r\u00e9chauffe mains jointes elle en devient immense la plus petite part du temps la garde t\u2019on pour soi pour autant non \u2014l\u2019offrir du mieux qu\u2019on peut \u2014ne pas pouvoir faire autrement et continuer comme \u2014seul combat continuer \u2014comme seul mot continuer assis debout et m\u00eame couch\u00e9 \u2014en rampant en griffant les sols dans la boue dans la merde \u2014dans l\u2019odeur du pain chaud du matin dans la puanteur des cadavres le soir \u2014dans les d\u00e9serts blancs de nuit \u2014quand on n\u2019a plus que ce mot pour \u2014puiser tous les autres possibles ou impossibles \u2014ceux que l\u2019on ne voudrait pas que l\u2019on puise mais que l\u2019on continuera \u00e0 chercher m\u00eame s\u2019ils n\u2019existent pas. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7172jpgw1024-fe126c68.jpg?1761474789", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/attirance-et-repulsion.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/attirance-et-repulsion.html", "title": "Attirance et r\u00e9pulsion", "date_published": "2022-11-17T05:06:48Z", "date_modified": "2025-10-26T10:35:01Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Se pencher attentivement sur le rythme attirance-r\u00e9pulsion. Que ce soit en peinture, dans l\u2019\u00e9criture et bien s\u00fbr les \u00eatres que l\u2019on c\u00f4toie. Comment ces rythmes naissent, \u00e0 quel moment la r\u00e9pulsion devient attirance ou le contraire. Ce n\u2019est jamais vraiment tranch\u00e9. Comme si toujours il fallait laisser une chance \u00e0 ce mouvement interne de s\u2019effectuer selon sa propre pente. Chez certains \u00eatres la r\u00e9alit\u00e9 des relations se construit ainsi par ce bin\u00f4me d\u2019\u00e9motions indissociables. Cela peut m\u00eame changer rapidement en l\u2019espace d\u2019un instant sans que rien ne soit arr\u00eat\u00e9. Sans qu\u2019un choix soit d\u00e9cid\u00e9 une bonne fois pour toutes. Ou alors si cela arrive c\u2019est que l\u2019autre est mort. Et encore ce n\u2019est m\u00eame pas vrai. Je repense \u00e0 la conversation de Villeneuve sur Berg. Cet homme qui vient dit-il d\u2019un univers bourgeois et qui devient \u00e9ducateur d\u2019abord dans le monde carc\u00e9ral des adolescents puis de la prostitution, de la d\u00e9linquance. Ce qu\u2019il dit sur l\u2019\u00e9tablissement des limites. A partir du moment o\u00f9 les jeunes sont astreint \u00e0 des horaires fixes pour se lever le matin, d\u00e9jeuner, travailler, s\u2019amuser, qu\u2019ils peuvent s\u2019appuyer sur des rep\u00e8res leurs conditions de vie peuvent nettement s\u2019am\u00e9liorer. N\u2019est-ce pas le propre des jeunes des ado d\u2019\u00eatre pris dans cette m\u00e9canique d\u2019attirances et de r\u00e9pulsions qui les domine. Et qui sait aujourd\u2019hui quand se termine cette fameuse adolescence. Dans ma t\u00eate je suis en m\u00eame temps jeune et vieux. Je suis toujours soumis \u00e0 l\u2019attirance r\u00e9pulsion comme un adolescent. Sauf que j\u2019en ai conscience que je continue \u00e0 \u00e9tudier ces forces en pr\u00e9sence perp\u00e9tuellement pr\u00e9sentes en chacun de nous. M\u00eame si sous pr\u00e9texte de maturit\u00e9 on pense les avoir dompt\u00e9es. Et que pour ce faire on se soit bard\u00e9 d\u2019habitudes de rituels ou d\u2019\u0153ill\u00e8res. Et on appelle \u00e7a la maturit\u00e9 ou la sagesse. Je dirais bien un gros mot \u00e0 ce point pr\u00e9cis de ma pens\u00e9e. Mais non. Un sourire suffit. Le sourire du chat du Cheshire. Ces derniers temps une attention plus accrue \u00e0 certains faits divers. Un jeune tue sa petite copine. Plusieurs fois. Attirance-r\u00e9pulsion dans sa version la plus ultime. Est-ce que j\u2019aurais pu tuer \u00e0 leur \u00e2ge, non car \u00e0 l\u2019\u00e9poque j\u2019\u00e9tais trop tenu par une morale d\u00e9j\u00e0. Je connaissais un minimum de limites entre l\u2019imaginaire et la r\u00e9alit\u00e9 telle qu\u2019il en faut bien une pour vivre avec les autres. Par contre des pens\u00e9es de meurtre certes oui. Le fait que le passage \u00e0 l\u2019acte ne s\u2019effectue pas ou s\u2019effectue justement n\u2019est-ce pas du \u00e0 cette confusion entretenue entre le r\u00eave et le r\u00e9el. Toutes ces histoires \u00e0 dormir debout sur l\u2019amour... plus belle la vie, l\u2019amour est dans le pr\u00e8s, prendre les vessies pour des lanternes... mais allez vous \u00e9clairer la nuit ensuite avec une vessie \u00e0 bout de bras hein. Hier soir le groupe des adultes. J\u2019aurais d\u00fb m\u2019enregistrer. Je leur ai propos\u00e9 un exercice en peinture o\u00f9 l\u2019habituelle r\u00eaverie li\u00e9e \u00e0 la profondeur \u00e9tait bannie. Pas question que l\u2019on voit un paysage, pas question que l\u2019on utilise les plans pour s\u2019enfoncer dans la profondeur et cette r\u00eaverie. De la surface voil\u00e0 ce que je veux, tout et rien d\u2019autre dans l\u2019\u00e9paisseur et la surface. Du crade et surtout pas du joli ou du beau. Je crois avoir aper\u00e7u \u00e7a et l\u00e0 dans les regards de v\u00e9ritables lueurs meurtri\u00e8res. Une seule personne pour le moment a bien voulu jouer le jeu. Et encore pas assez crade. Mais je ne vais pas me plaindre que la mari\u00e9e soit trop belle aller.<\/p>\n

\"\"\"\"\"\"Surfaces, acrylique sur toile petits formats, travail d\u2019\u00e9l\u00e8ve.<\/p>", "content_text": "Se pencher attentivement sur le rythme attirance-r\u00e9pulsion. Que ce soit en peinture, dans l\u2019\u00e9criture et bien s\u00fbr les \u00eatres que l\u2019on c\u00f4toie. Comment ces rythmes naissent, \u00e0 quel moment la r\u00e9pulsion devient attirance ou le contraire. Ce n\u2019est jamais vraiment tranch\u00e9. Comme si toujours il fallait laisser une chance \u00e0 ce mouvement interne de s\u2019effectuer selon sa propre pente. Chez certains \u00eatres la r\u00e9alit\u00e9 des relations se construit ainsi par ce bin\u00f4me d\u2019\u00e9motions indissociables. Cela peut m\u00eame changer rapidement en l\u2019espace d\u2019un instant sans que rien ne soit arr\u00eat\u00e9. Sans qu\u2019un choix soit d\u00e9cid\u00e9 une bonne fois pour toutes. Ou alors si cela arrive c\u2019est que l\u2019autre est mort. Et encore ce n\u2019est m\u00eame pas vrai. Je repense \u00e0 la conversation de Villeneuve sur Berg. Cet homme qui vient dit-il d\u2019un univers bourgeois et qui devient \u00e9ducateur d\u2019abord dans le monde carc\u00e9ral des adolescents puis de la prostitution, de la d\u00e9linquance. Ce qu\u2019il dit sur l\u2019\u00e9tablissement des limites. A partir du moment o\u00f9 les jeunes sont astreint \u00e0 des horaires fixes pour se lever le matin, d\u00e9jeuner, travailler, s\u2019amuser, qu\u2019ils peuvent s\u2019appuyer sur des rep\u00e8res leurs conditions de vie peuvent nettement s\u2019am\u00e9liorer. N\u2019est-ce pas le propre des jeunes des ado d\u2019\u00eatre pris dans cette m\u00e9canique d\u2019attirances et de r\u00e9pulsions qui les domine. Et qui sait aujourd\u2019hui quand se termine cette fameuse adolescence. Dans ma t\u00eate je suis en m\u00eame temps jeune et vieux. Je suis toujours soumis \u00e0 l\u2019attirance r\u00e9pulsion comme un adolescent. Sauf que j\u2019en ai conscience que je continue \u00e0 \u00e9tudier ces forces en pr\u00e9sence perp\u00e9tuellement pr\u00e9sentes en chacun de nous. M\u00eame si sous pr\u00e9texte de maturit\u00e9 on pense les avoir dompt\u00e9es. Et que pour ce faire on se soit bard\u00e9 d\u2019habitudes de rituels ou d\u2019\u0153ill\u00e8res. Et on appelle \u00e7a la maturit\u00e9 ou la sagesse. Je dirais bien un gros mot \u00e0 ce point pr\u00e9cis de ma pens\u00e9e. Mais non. Un sourire suffit. Le sourire du chat du Cheshire. Ces derniers temps une attention plus accrue \u00e0 certains faits divers. Un jeune tue sa petite copine. Plusieurs fois. Attirance-r\u00e9pulsion dans sa version la plus ultime. Est-ce que j\u2019aurais pu tuer \u00e0 leur \u00e2ge, non car \u00e0 l\u2019\u00e9poque j\u2019\u00e9tais trop tenu par une morale d\u00e9j\u00e0. Je connaissais un minimum de limites entre l\u2019imaginaire et la r\u00e9alit\u00e9 telle qu\u2019il en faut bien une pour vivre avec les autres. Par contre des pens\u00e9es de meurtre certes oui. Le fait que le passage \u00e0 l\u2019acte ne s\u2019effectue pas ou s\u2019effectue justement n\u2019est-ce pas du \u00e0 cette confusion entretenue entre le r\u00eave et le r\u00e9el. Toutes ces histoires \u00e0 dormir debout sur l\u2019amour... plus belle la vie, l\u2019amour est dans le pr\u00e8s, prendre les vessies pour des lanternes... mais allez vous \u00e9clairer la nuit ensuite avec une vessie \u00e0 bout de bras hein. Hier soir le groupe des adultes. J\u2019aurais d\u00fb m\u2019enregistrer. Je leur ai propos\u00e9 un exercice en peinture o\u00f9 l\u2019habituelle r\u00eaverie li\u00e9e \u00e0 la profondeur \u00e9tait bannie. Pas question que l\u2019on voit un paysage, pas question que l\u2019on utilise les plans pour s\u2019enfoncer dans la profondeur et cette r\u00eaverie. De la surface voil\u00e0 ce que je veux, tout et rien d\u2019autre dans l\u2019\u00e9paisseur et la surface. Du crade et surtout pas du joli ou du beau. Je crois avoir aper\u00e7u \u00e7a et l\u00e0 dans les regards de v\u00e9ritables lueurs meurtri\u00e8res. Une seule personne pour le moment a bien voulu jouer le jeu. Et encore pas assez crade. Mais je ne vais pas me plaindre que la mari\u00e9e soit trop belle aller. Surfaces, acrylique sur toile petits formats, travail d\u2019\u00e9l\u00e8ve. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7180jpgw752-7bf95b5e-37d02.jpg?1761474851", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/je-l-ecoute-parler.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/je-l-ecoute-parler.html", "title": "je l\u2019\u00e9coute parler", "date_published": "2022-11-14T12:04:31Z", "date_modified": "2025-10-26T10:38:18Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Bien plac\u00e9 au premier rang je l\u2019\u00e9coute parler. Le d\u00e9bit est rapide, les mots simples, le tout sans phrase excessivement longue, des poses bien mesur\u00e9es entre virgules et point. De tant \u00e0 autre surgissement d\u2019un point-virgule. D\u2019une pose significative , sugg\u00e9rant la suspension, mais le contenu ne m\u2019int\u00e9resse pas du tout. Nul besoin de comprendre le sens de ces phrases, du discours, du blabla. Je le regarde je ne l\u2019admire pas. Il me fait mal. Tout mon corps se rebiffe en l\u2019\u00e9coutant, de la chair \u00e0 l\u2019os du plus petit nerf au plus massif des tendons. Les mots en moi attaquent le corps comme des fauves. Ils ne le suppportent plus, les mots se r\u00e9voltent se rebellent. Ils sont comme des b\u00eates sauvages. Quand \u00e0 lui pensez vous que \u00e7a le g\u00eane, mais pas du tout. Il se tient comme un surfeur sur la cr\u00eate de cette putain de vague qu\u2019il conna\u00eet, qu\u2019il ma\u00eetrise. Aucune erreur. Aucune maladresse. Ce type ne doit pas \u00eatre humain. Il s\u2019agit d\u2019un mutant ou d\u2019un nouveau mod\u00e8le d\u2019andro\u00efde. Et je sais qu\u2019il ment. Il ment d\u2019une fa\u00e7on spectaculaire, \u00e9hont\u00e9e, sans la plus petite trace de remords de regret dans le blanc de l\u2019\u0153il. Il se tient sur la couche la plus superficielle du langage. Il n\u2019en d\u00e9mordra pas. En douce je sors mon portable pour ouvrir l\u2019appli photo. C\u2019est bien lui pas d\u2019ambigu\u00eft\u00e9 possible. J\u2019attends encore un peu, le temps de num\u00e9roter mes abattis, puis je bondis de mon si\u00e8ge sur l\u2019estrade et je lui tranche direct la carotide avec les dents. Son sang gicle sur mon visage chaud et \u00e9pais, pression \u00e9tonnamment ordinaire, normale du flux, si je prenais son pouls il n\u2019exc\u00e8derait m\u00eame pas 60 battements par minute. Il me regarde l\u00e9g\u00e8rement \u00e9tonn\u00e9, ses l\u00e8vres continuent \u00e0 balbutier quelque chose, il ne peut donc toujours pas s\u2019emp\u00eacher de jacqueter m\u00eame au moment de crever. Je l\u2019\u00e9coute encore, je sais que ce ne sera plus tr\u00e8s long avant qu\u2019il ne la ferme d\u00e9finitivement.<\/p>", "content_text": "Bien plac\u00e9 au premier rang je l\u2019\u00e9coute parler. Le d\u00e9bit est rapide, les mots simples, le tout sans phrase excessivement longue, des poses bien mesur\u00e9es entre virgules et point. De tant \u00e0 autre surgissement d\u2019un point-virgule. D\u2019une pose significative , sugg\u00e9rant la suspension, mais le contenu ne m\u2019int\u00e9resse pas du tout. Nul besoin de comprendre le sens de ces phrases, du discours, du blabla. Je le regarde je ne l\u2019admire pas. Il me fait mal. Tout mon corps se rebiffe en l\u2019\u00e9coutant, de la chair \u00e0 l\u2019os du plus petit nerf au plus massif des tendons. Les mots en moi attaquent le corps comme des fauves. Ils ne le suppportent plus, les mots se r\u00e9voltent se rebellent. Ils sont comme des b\u00eates sauvages. Quand \u00e0 lui pensez vous que \u00e7a le g\u00eane, mais pas du tout. Il se tient comme un surfeur sur la cr\u00eate de cette putain de vague qu\u2019il conna\u00eet, qu\u2019il ma\u00eetrise. Aucune erreur. Aucune maladresse. Ce type ne doit pas \u00eatre humain. Il s\u2019agit d\u2019un mutant ou d\u2019un nouveau mod\u00e8le d\u2019andro\u00efde. Et je sais qu\u2019il ment. Il ment d\u2019une fa\u00e7on spectaculaire, \u00e9hont\u00e9e, sans la plus petite trace de remords de regret dans le blanc de l\u2019\u0153il. Il se tient sur la couche la plus superficielle du langage. Il n\u2019en d\u00e9mordra pas. En douce je sors mon portable pour ouvrir l\u2019appli photo. C\u2019est bien lui pas d\u2019ambigu\u00eft\u00e9 possible. J\u2019attends encore un peu, le temps de num\u00e9roter mes abattis, puis je bondis de mon si\u00e8ge sur l\u2019estrade et je lui tranche direct la carotide avec les dents. Son sang gicle sur mon visage chaud et \u00e9pais, pression \u00e9tonnamment ordinaire, normale du flux, si je prenais son pouls il n\u2019exc\u00e8derait m\u00eame pas 60 battements par minute. Il me regarde l\u00e9g\u00e8rement \u00e9tonn\u00e9, ses l\u00e8vres continuent \u00e0 balbutier quelque chose, il ne peut donc toujours pas s\u2019emp\u00eacher de jacqueter m\u00eame au moment de crever. Je l\u2019\u00e9coute encore, je sais que ce ne sera plus tr\u00e8s long avant qu\u2019il ne la ferme d\u00e9finitivement.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7146jpgw1000-4a6b4738.jpg?1761475017", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-personnage-et-son-auteur.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-personnage-et-son-auteur.html", "title": "Le personnage et son auteur", "date_published": "2022-11-10T18:31:12Z", "date_modified": "2025-10-26T10:21:44Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Comment agir subtilement dans la r\u00e9alit\u00e9 du quotidien, sinon par un nombre ph\u00e9nom\u00e9nal de compromissions, de mensonges \u00e9hont\u00e9s, de mimiques d\u2019approbation entendues, de sourires complices, de petites tapes dans le dos, de mine contrite ou affect\u00e9e. Sans omettre l\u2019apprentissage de listes de mots favorisant une connexion avec les divers groupes humains auxquels on se retrouve contraint de partager des activit\u00e9s. Apprendre, par exemple, quelques noms de joueurs de football et leur position sur le terrain, peut permettre parfois de briser le silence pesant lors d\u2019un repas d\u2019entreprise. \u00c0 moins que cela n\u2019arrive comme un cheveu sur la soupe. Que l\u2019on devine presque aussit\u00f4t ainsi votre fond brutal, indocile, votre inaptitude crasse \u00e0 participer \u00e0 des conversations s\u00e9rieuses. Votre absence d\u2019\u00e0- propos se superposant tout \u00e0 coup \u00e0 votre manque criant de professionnalisme. Le seul fait d\u2019\u00eatre rep\u00e9r\u00e9 comme individu g\u00ean\u00e9 par l\u2019ennui, \u00e0 cet instant, atomisera tout espoir de carri\u00e8re par la suite. On se souviendra de vous comme le gars qui flanque du football sur la table, pauvre gars, aussi maladroitement que de la sauce bolognaise le jour des nouilles \u00e0 la cantine. Apprenons des listes de mots certes, mais \u00e9galement \u00e0 les utiliser \u00e0 bon escient. Un apprentissage long et fastidieux, mais souvent payant. Savoir jouer de la cornemuse sans pour autant l\u2019exhiber, une science d\u00e9licate qui authentifiera \u00e0 coup s\u00fbr votre personnage de gentleman.<\/p>\n

Pourquoi faire autant d\u2019effort pour un r\u00e9sultat somme toute si d\u00e9cevant ? Puisque au fond de vous, peu vous chaut d\u2019\u00eatre ce que vous n\u2019\u00eates pas. Vous le savez, vous vous indignez m\u00eame parfois. Mais, vous continuez parce que vous ignorez surtout comment faire autrement. C\u2019est une habitude bien ancr\u00e9e. Qu\u2019il vous prenne comme un refroidissement de vouloir tout \u00e0 coup changer d\u2019usage, c\u2019est encore pire. Vous sortez de vos gonds, employez un langage de barbare, arborez une tenue d\u00e9braill\u00e9e, misez tout sur un engouement soudain et absolument irr\u00e9fl\u00e9chi pour la provocation. Vous constaterez alors que l\u2019indiff\u00e9rence na\u00eet encore plus vite dans l\u2019\u0153il de vos interlocuteurs. Que vous soyez poli ou rustre, les gens s\u2019en foutent royalement. Tout ce qui compte, c’est le r\u00f4le qu\u2019ils vous attribuent pour une raison extr\u00eamement pr\u00e9cise. De plus, il semble y avoir autant de raisons que d\u2019\u00eatres humains sur la terre, et toutes peuvent para\u00eetre \u00e0 priori singuli\u00e8res. N\u00e9anmoins, avec de l\u2019entra\u00eenement, un peu d\u2019observations ajout\u00e9es \u00e0 quelques d\u00e9boires, une classification simple peut s\u2019\u00e9tablir. Surtout vous aider \u00e0 comprendre que ces raisons qui paraissent si nombreuses ne le sont que par pure dissimulation de la part de leurs \u00e9metteurs. Bouffer, baiser, accessoirement se reproduire, se sentir en s\u00e9curit\u00e9, avoir un toit au-dessus de la t\u00eate, acqu\u00e9rir un pouvoir sur autrui, voil\u00e0 en gros les principaux fondements. Une fois qu\u2019on le sait, la vie devient d\u00e9licieusement plus simple \u00e0 vivre. Et l’on peut m\u00eame s\u2019amuser \u00e0 constater la cr\u00e9ativit\u00e9 de nos contemporains qui s\u2019evertuent \u00e0 les \u00e9vincer derri\u00e8re un blabla path\u00e9tique, des gesticulations horripilantes, des sentiments de pacotille. Tout le monde ouvre sa porte le matin et refuse de sortir \u00e0 poil. La n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019un habit, d\u2019un costume, d\u2019une panoplie reconnaissable entre toutes fera de vous un type reconnaissable entre tous. Ainsi, la confiance na\u00eetra comme par magie avec l\u2019habitude prise de vous voir avec syst\u00e9matiquement le m\u00eame nez au milieu de la figure. Que soudain un accident se produise, un accroc m\u00eame l\u00e9ger, les jugements fuseront alors en priorit\u00e9 dans votre propre cervelle. Vous oubliez toujours que les gens n\u2019en ont strictement rien \u00e0 foutre de vous, de votre personnage tant que tout roule comme sur des roulettes. M\u00eame si vous chutez en plein milieu de la chauss\u00e9e, l\u2019unique personne qui trouvera cela con, qui se d\u00e9battra encore pour avoir l\u2019air, ce sera encore et toujours vous. Voici la r\u00e9alit\u00e9 dans laquelle nous vivons. Un th\u00e9\u00e2tre de fant\u00f4mes o\u00f9 chacun s\u2019imagine des histoires en continu pour tenter d\u2019incarner un tout petit peu quelque chose ou quelqu\u2019un. Le public, quel est-il, mais vous-m\u00eame toujours. Vous \u00eates de m\u00eame l’acteur et le narrateur de votre propre aventure. \u00c7a vous occupe. \u00c7a passe le temps. Pas grand-chose d\u2019autre sinon. En prendre conscience est une b\u00e9n\u00e9diction autant qu\u2019une mal\u00e9diction. Toujours ce foutu jugement sur tout ce qui vous arrive. Que pouvons-nous vraiment y faire, cela para\u00eet insoluble \u00e0 premi\u00e8re vue. Ensuite, il semble d\u00e9risoire de flanquer un coup de coude \u00e0 notre voisin en s\u2019exclamant tout \u00e0 coup:je viens de me r\u00e9veiller. Tu peux le faire aussi. Non non non, mauvaise id\u00e9e. Trop frontale. Continuez d’apprendre des listes de mots sans les utiliser n\u2019importe comment. Construisez-vous une perspective. Meme si elle n\u2019aboutit \u00e0 rien, cela vous aidera \u00e0 passer le temps plus agr\u00e9ablement. Sinon vous pouvez aussi adopter un chien, un chat, un perroquet, faire des enfants et vous en occuper. Vu sous un nouvel angle ce peut \u00eatre divertissant. Mais pas un mot sur ce que je viens de vous dire, gardons cela secret, absolument inutile de le r\u00e9pandre au tout venant.<\/p>", "content_text": "Comment agir subtilement dans la r\u00e9alit\u00e9 du quotidien, sinon par un nombre ph\u00e9nom\u00e9nal de compromissions, de mensonges \u00e9hont\u00e9s, de mimiques d\u2019approbation entendues, de sourires complices, de petites tapes dans le dos, de mine contrite ou affect\u00e9e. Sans omettre l\u2019apprentissage de listes de mots favorisant une connexion avec les divers groupes humains auxquels on se retrouve contraint de partager des activit\u00e9s. Apprendre, par exemple, quelques noms de joueurs de football et leur position sur le terrain, peut permettre parfois de briser le silence pesant lors d\u2019un repas d\u2019entreprise. \u00c0 moins que cela n\u2019arrive comme un cheveu sur la soupe. Que l\u2019on devine presque aussit\u00f4t ainsi votre fond brutal, indocile, votre inaptitude crasse \u00e0 participer \u00e0 des conversations s\u00e9rieuses. Votre absence d\u2019\u00e0- propos se superposant tout \u00e0 coup \u00e0 votre manque criant de professionnalisme. Le seul fait d\u2019\u00eatre rep\u00e9r\u00e9 comme individu g\u00ean\u00e9 par l\u2019ennui, \u00e0 cet instant, atomisera tout espoir de carri\u00e8re par la suite. On se souviendra de vous comme le gars qui flanque du football sur la table, pauvre gars, aussi maladroitement que de la sauce bolognaise le jour des nouilles \u00e0 la cantine. Apprenons des listes de mots certes, mais \u00e9galement \u00e0 les utiliser \u00e0 bon escient. Un apprentissage long et fastidieux, mais souvent payant. Savoir jouer de la cornemuse sans pour autant l\u2019exhiber, une science d\u00e9licate qui authentifiera \u00e0 coup s\u00fbr votre personnage de gentleman. \n\nPourquoi faire autant d\u2019effort pour un r\u00e9sultat somme toute si d\u00e9cevant ? Puisque au fond de vous, peu vous chaut d\u2019\u00eatre ce que vous n\u2019\u00eates pas. Vous le savez, vous vous indignez m\u00eame parfois. Mais, vous continuez parce que vous ignorez surtout comment faire autrement. C\u2019est une habitude bien ancr\u00e9e. Qu\u2019il vous prenne comme un refroidissement de vouloir tout \u00e0 coup changer d\u2019usage, c\u2019est encore pire. Vous sortez de vos gonds, employez un langage de barbare, arborez une tenue d\u00e9braill\u00e9e, misez tout sur un engouement soudain et absolument irr\u00e9fl\u00e9chi pour la provocation. Vous constaterez alors que l\u2019indiff\u00e9rence na\u00eet encore plus vite dans l\u2019\u0153il de vos interlocuteurs. Que vous soyez poli ou rustre, les gens s\u2019en foutent royalement. Tout ce qui compte, c'est le r\u00f4le qu\u2019ils vous attribuent pour une raison extr\u00eamement pr\u00e9cise. De plus, il semble y avoir autant de raisons que d\u2019\u00eatres humains sur la terre, et toutes peuvent para\u00eetre \u00e0 priori singuli\u00e8res. N\u00e9anmoins, avec de l\u2019entra\u00eenement, un peu d\u2019observations ajout\u00e9es \u00e0 quelques d\u00e9boires, une classification simple peut s\u2019\u00e9tablir. Surtout vous aider \u00e0 comprendre que ces raisons qui paraissent si nombreuses ne le sont que par pure dissimulation de la part de leurs \u00e9metteurs. Bouffer, baiser, accessoirement se reproduire, se sentir en s\u00e9curit\u00e9, avoir un toit au-dessus de la t\u00eate, acqu\u00e9rir un pouvoir sur autrui, voil\u00e0 en gros les principaux fondements. Une fois qu\u2019on le sait, la vie devient d\u00e9licieusement plus simple \u00e0 vivre. Et l'on peut m\u00eame s\u2019amuser \u00e0 constater la cr\u00e9ativit\u00e9 de nos contemporains qui s\u2019evertuent \u00e0 les \u00e9vincer derri\u00e8re un blabla path\u00e9tique, des gesticulations horripilantes, des sentiments de pacotille. Tout le monde ouvre sa porte le matin et refuse de sortir \u00e0 poil. La n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019un habit, d\u2019un costume, d\u2019une panoplie reconnaissable entre toutes fera de vous un type reconnaissable entre tous. Ainsi, la confiance na\u00eetra comme par magie avec l\u2019habitude prise de vous voir avec syst\u00e9matiquement le m\u00eame nez au milieu de la figure. Que soudain un accident se produise, un accroc m\u00eame l\u00e9ger, les jugements fuseront alors en priorit\u00e9 dans votre propre cervelle. Vous oubliez toujours que les gens n\u2019en ont strictement rien \u00e0 foutre de vous, de votre personnage tant que tout roule comme sur des roulettes. M\u00eame si vous chutez en plein milieu de la chauss\u00e9e, l\u2019unique personne qui trouvera cela con, qui se d\u00e9battra encore pour avoir l\u2019air, ce sera encore et toujours vous. Voici la r\u00e9alit\u00e9 dans laquelle nous vivons. Un th\u00e9\u00e2tre de fant\u00f4mes o\u00f9 chacun s\u2019imagine des histoires en continu pour tenter d\u2019incarner un tout petit peu quelque chose ou quelqu\u2019un. Le public, quel est-il, mais vous-m\u00eame toujours. Vous \u00eates de m\u00eame l'acteur et le narrateur de votre propre aventure. \u00c7a vous occupe. \u00c7a passe le temps. Pas grand-chose d\u2019autre sinon. En prendre conscience est une b\u00e9n\u00e9diction autant qu\u2019une mal\u00e9diction. Toujours ce foutu jugement sur tout ce qui vous arrive. Que pouvons-nous vraiment y faire, cela para\u00eet insoluble \u00e0 premi\u00e8re vue. Ensuite, il semble d\u00e9risoire de flanquer un coup de coude \u00e0 notre voisin en s\u2019exclamant tout \u00e0 coup:je viens de me r\u00e9veiller. Tu peux le faire aussi. Non non non, mauvaise id\u00e9e. Trop frontale. Continuez d'apprendre des listes de mots sans les utiliser n\u2019importe comment. Construisez-vous une perspective. Meme si elle n\u2019aboutit \u00e0 rien, cela vous aidera \u00e0 passer le temps plus agr\u00e9ablement. Sinon vous pouvez aussi adopter un chien, un chat, un perroquet, faire des enfants et vous en occuper. Vu sous un nouvel angle ce peut \u00eatre divertissant. Mais pas un mot sur ce que je viens de vous dire, gardons cela secret, absolument inutile de le r\u00e9pandre au tout venant. 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Une duret\u00e9 qui jusque l\u00e0 fut prioritaire, n\u00e9cessaire \u00e0 la survie. Un imp\u00e9ratif cat\u00e9gorique sur lequel par d\u00e9finition il m\u2019aura \u00e9t\u00e9 impossible de revenir. Une histoire ancienne de renard capable de s\u2019amputer seul d\u2019une patte une fois le constat \u00e9tabli du pi\u00e8ge referm\u00e9e sur elle. Cette duret\u00e9 remonte \u00e0 aussi loin que je puisse me souvenir. M\u00eame si autrefois, pour att\u00e9nuer son emprise, j\u2019avais trouv\u00e9 fortuitement, inconsciemment la solution de me scinder en deux, cr\u00e9ant soudain vers l\u2019\u00e2ge de 4 ou 5 ans un compagnon<\/em> imaginaire. C\u2019\u00e9tait un \u00eatre assez terrifiant, toute la part d\u2019ombre lui avait \u00e9t\u00e9 attribu\u00e9e afin que le peu de moi qui restait alors luise, bien qu\u2019assez faiblement. Afin que je me permette de me r\u00e9fugier tout entier dans cette faible lueur. D\u2019ailleurs les grandes clart\u00e9s m\u2019\u00e9berluaient. Les jours de grand soleil m\u2019aveuglaient. Toute ma vie j\u2019ai toujours choisi des int\u00e9rieurs peu \u00e9clair\u00e9s, une formation du go\u00fbt guid\u00e9e par la n\u00e9cessit\u00e9, par la duret\u00e9. Il m\u2019\u00e9tait impossible d\u2019appara\u00eetre en pleine lumi\u00e8re. J\u2019aurais \u00e9t\u00e9 beaucoup trop visible et partant trop vuln\u00e9rable. Mon p\u00e8re aussi pr\u00e9f\u00e9rait la p\u00e9nombre. Les derni\u00e8res ann\u00e9es de sa vie il les a pass\u00e9es dans la chambre conjugale, apr\u00e8s le d\u00e9c\u00e8s de ma m\u00e8re. Volets ferm\u00e9s lampe de chevet faible intensit\u00e9. Il pouvait rester au lit toute la sainte journ\u00e9e apr\u00e8s avoir accompli le minimum de rituels lui permettant encore d\u2019appara\u00eetre un peu humain, un peu normal. Le caf\u00e9 \u00e9tait programm\u00e9 de la veille, pr\u00e9vu pour couler a 6 heures le lendemain. \u00c0 six heures trente il p\u00e9n\u00e9trait dans sa salle de bain, se douchait, se rasait, s\u2019aspergeant d\u2019un parfum que je peux encore sentir parfois lorsque je monte au grenier, que le courage me prend de farfouiller dans les cartons que j\u2019ai \u00e0 peine d\u00e9ball\u00e9s depuis la vente de la maison, le d\u00e9m\u00e9nagement. A sept heure promenade en for\u00eat avec la chienne. A neuf heure courses chez Leader Price. C\u2019\u00e9tait \u00e0 peu pr\u00e8s tout. Je crois que mon p\u00e8re poss\u00e9dait cette duret\u00e9 et qu\u2019il me l\u2019a l\u00e9gu\u00e9 tr\u00e8s t\u00f4t. Non par m\u00e9chancet\u00e9, non par b\u00eatise. Mais parce qu\u2019il l\u2019aura consid\u00e9r\u00e9e comme sa meilleure alli\u00e9e lui aussi, n\u00e9cessaire \u00e0 sa propre survie, puis \u00e0 la survie de notre famille. L\u2019\u00e9ducation qu\u2019il me dispensa fut abrupte. Ce fut comme se jeter du haut d\u2019une falaise presque \u00e0 chaque fois. Apprendre \u00e0 nager par exemple ne se r\u00e9solvait pas autrement que de me jeter \u00e0 l\u2019eau et m\u2019encourager ensuite \u00e0 me d\u00e9brouiller. \u00c9tais-je curieux d\u2019un objet, il me le mettait dans les mains pour que je l\u2019exp\u00e9rimente dans ce qu\u2019il consid\u00e9rait \u00eatre une r\u00e9alit\u00e9. Ainsi l\u2019allume-cigare de l\u2019ami-8. Il me conseilla de mettre un doigt sur la partie cramoisie pour que je me crame la pulpe du doigt. Ainsi par cette exp\u00e9rience, cet enseignement il savait que je ne jouerais plus avec si par hasard il devait me laisser seul dans le v\u00e9hicule pendant qu\u2019il irait acheter le pain. Son jugement sur les gens \u00e9tait d\u2019une duret\u00e9 sans concession. Assez binaire toutefois quand j\u2019y repense mais pas pire que ce que nous faisons tous plus ou moins hypocritement. Il y avait les cons, nombreux, et les types biens, rares. Quant aux femmes rares aussi \u00e9taient celles qui ne fussent pas des idiotes accomplies \u00e0 commencer par ma m\u00e8re. Ou des putes ce qui pour lui devait probablement \u00eatre synonymes. En tous cas des emmerdeuses quasiment toutes sans exception cette fois. Il le disait si ouvertement d\u2019ailleurs devant mon fr\u00e8re et moi que c\u2019\u00e9tait devenu naturel, on n\u2019y faisait plus attention vraiment. Comme l\u2019habitude des trempes, naturelle aussi. Tout ce naturel qui s\u2019engouffre en soi et que l\u2019on fini par consid\u00e9rer naturel pour soi. Il faudra des ann\u00e9es ensuite pour comprendre que ce naturel l\u00e0 n\u2019est plus d\u2019\u00e9poque. Qu\u2019il est est anachronique avant d\u2019\u00eatre rel\u00e9gu\u00e9 dans un non-dit, dans l\u2019oubli. M\u00eame si finalement ce naturel appartient aussi \u00e0 tout le r\u00e9seau de liens qu\u2019on \u00e9tablit avec la figure du p\u00e8re. L\u2019oublier, le rejeter, c\u2019est rejeter aussi tous les liens avec. Un jour j\u2019ai quitt\u00e9 la maison familiale. A l\u2019\u00e2ge de 16 ans. Je n\u2019en pouvais plus. Ce qui me peinait le plus je crois c\u2019\u00e9tait d\u2019avoir d\u00e9couvert que mon p\u00e8re \u00e9tait un \u00e9norme connard bouffi de faiblesses crasses. Partir fut un acte vital, du domaine de la survie. R\u00e9ciprocit\u00e9 de la duret\u00e9. Pas un sou en poche, se retrouver soudain \u00e0 la gare de Boissy-Saint-Leger. Juste le temps de respirer l\u2019odeur des lilas sur le chemin qui menait tout en bas. Cette douceur soudaine per\u00e7ue dans l\u2019odeur du lilas. Un soulagement et une consolation bizarre tout en m\u00eame temps. Puis la rame qui s\u2019\u00e9branle lentement, au ralenti, les diff\u00e9rents arr\u00eats, les silhouettes qui montent et descendent du RER. Et la bas, au bout l\u2019inconnu, la ville, Paris. Et ne pas savoir o\u00f9 dormir. Sans cette duret\u00e9 h\u00e9rit\u00e9e je ne sais pas comment j\u2019aurais pu jamais m\u2019en sortir. Comment j\u2019aurais surv\u00e9cu dans la ville. Comment aussi j\u2019aurais pu m\u2019abaisser \u00e0 un tel point parfois sachant que je finirais toujours par retrouver t\u00f4t ou tard la possibilit\u00e9 de cette duret\u00e9 pour continuer \u00e0 avancer m\u00eame si je n\u2019ai jamais voulu d\u00e9cider vraiment d\u2019une destination pr\u00e9cise.<\/p>", "content_text": "Une duret\u00e9 qui jusque l\u00e0 fut prioritaire, n\u00e9cessaire \u00e0 la survie. Un imp\u00e9ratif cat\u00e9gorique sur lequel par d\u00e9finition il m\u2019aura \u00e9t\u00e9 impossible de revenir. Une histoire ancienne de renard capable de s\u2019amputer seul d\u2019une patte une fois le constat \u00e9tabli du pi\u00e8ge referm\u00e9e sur elle. Cette duret\u00e9 remonte \u00e0 aussi loin que je puisse me souvenir. M\u00eame si autrefois, pour att\u00e9nuer son emprise, j\u2019avais trouv\u00e9 fortuitement, inconsciemment la solution de me scinder en deux, cr\u00e9ant soudain vers l\u2019\u00e2ge de 4 ou 5 ans un compagnon imaginaire. C\u2019\u00e9tait un \u00eatre assez terrifiant, toute la part d\u2019ombre lui avait \u00e9t\u00e9 attribu\u00e9e afin que le peu de moi qui restait alors luise, bien qu\u2019assez faiblement. Afin que je me permette de me r\u00e9fugier tout entier dans cette faible lueur. D\u2019ailleurs les grandes clart\u00e9s m\u2019\u00e9berluaient. Les jours de grand soleil m\u2019aveuglaient. Toute ma vie j\u2019ai toujours choisi des int\u00e9rieurs peu \u00e9clair\u00e9s, une formation du go\u00fbt guid\u00e9e par la n\u00e9cessit\u00e9, par la duret\u00e9. Il m\u2019\u00e9tait impossible d\u2019appara\u00eetre en pleine lumi\u00e8re. J\u2019aurais \u00e9t\u00e9 beaucoup trop visible et partant trop vuln\u00e9rable. Mon p\u00e8re aussi pr\u00e9f\u00e9rait la p\u00e9nombre. Les derni\u00e8res ann\u00e9es de sa vie il les a pass\u00e9es dans la chambre conjugale, apr\u00e8s le d\u00e9c\u00e8s de ma m\u00e8re. Volets ferm\u00e9s lampe de chevet faible intensit\u00e9. Il pouvait rester au lit toute la sainte journ\u00e9e apr\u00e8s avoir accompli le minimum de rituels lui permettant encore d\u2019appara\u00eetre un peu humain, un peu normal. Le caf\u00e9 \u00e9tait programm\u00e9 de la veille, pr\u00e9vu pour couler a 6 heures le lendemain. \u00c0 six heures trente il p\u00e9n\u00e9trait dans sa salle de bain, se douchait, se rasait, s\u2019aspergeant d\u2019un parfum que je peux encore sentir parfois lorsque je monte au grenier, que le courage me prend de farfouiller dans les cartons que j\u2019ai \u00e0 peine d\u00e9ball\u00e9s depuis la vente de la maison, le d\u00e9m\u00e9nagement. A sept heure promenade en for\u00eat avec la chienne. A neuf heure courses chez Leader Price. C\u2019\u00e9tait \u00e0 peu pr\u00e8s tout. Je crois que mon p\u00e8re poss\u00e9dait cette duret\u00e9 et qu\u2019il me l\u2019a l\u00e9gu\u00e9 tr\u00e8s t\u00f4t. Non par m\u00e9chancet\u00e9, non par b\u00eatise. Mais parce qu\u2019il l\u2019aura consid\u00e9r\u00e9e comme sa meilleure alli\u00e9e lui aussi, n\u00e9cessaire \u00e0 sa propre survie, puis \u00e0 la survie de notre famille. L\u2019\u00e9ducation qu\u2019il me dispensa fut abrupte. Ce fut comme se jeter du haut d\u2019une falaise presque \u00e0 chaque fois. Apprendre \u00e0 nager par exemple ne se r\u00e9solvait pas autrement que de me jeter \u00e0 l\u2019eau et m\u2019encourager ensuite \u00e0 me d\u00e9brouiller. \u00c9tais-je curieux d\u2019un objet, il me le mettait dans les mains pour que je l\u2019exp\u00e9rimente dans ce qu\u2019il consid\u00e9rait \u00eatre une r\u00e9alit\u00e9. Ainsi l\u2019allume-cigare de l\u2019ami-8. Il me conseilla de mettre un doigt sur la partie cramoisie pour que je me crame la pulpe du doigt. Ainsi par cette exp\u00e9rience, cet enseignement il savait que je ne jouerais plus avec si par hasard il devait me laisser seul dans le v\u00e9hicule pendant qu\u2019il irait acheter le pain. Son jugement sur les gens \u00e9tait d\u2019une duret\u00e9 sans concession. Assez binaire toutefois quand j\u2019y repense mais pas pire que ce que nous faisons tous plus ou moins hypocritement. Il y avait les cons, nombreux, et les types biens, rares. Quant aux femmes rares aussi \u00e9taient celles qui ne fussent pas des idiotes accomplies \u00e0 commencer par ma m\u00e8re. Ou des putes ce qui pour lui devait probablement \u00eatre synonymes. En tous cas des emmerdeuses quasiment toutes sans exception cette fois. Il le disait si ouvertement d\u2019ailleurs devant mon fr\u00e8re et moi que c\u2019\u00e9tait devenu naturel, on n\u2019y faisait plus attention vraiment. Comme l\u2019habitude des trempes, naturelle aussi. Tout ce naturel qui s\u2019engouffre en soi et que l\u2019on fini par consid\u00e9rer naturel pour soi. Il faudra des ann\u00e9es ensuite pour comprendre que ce naturel l\u00e0 n\u2019est plus d\u2019\u00e9poque. Qu\u2019il est est anachronique avant d\u2019\u00eatre rel\u00e9gu\u00e9 dans un non-dit, dans l\u2019oubli. M\u00eame si finalement ce naturel appartient aussi \u00e0 tout le r\u00e9seau de liens qu\u2019on \u00e9tablit avec la figure du p\u00e8re. L\u2019oublier, le rejeter, c\u2019est rejeter aussi tous les liens avec. Un jour j\u2019ai quitt\u00e9 la maison familiale. A l\u2019\u00e2ge de 16 ans. Je n\u2019en pouvais plus. Ce qui me peinait le plus je crois c\u2019\u00e9tait d\u2019avoir d\u00e9couvert que mon p\u00e8re \u00e9tait un \u00e9norme connard bouffi de faiblesses crasses. Partir fut un acte vital, du domaine de la survie. R\u00e9ciprocit\u00e9 de la duret\u00e9. Pas un sou en poche, se retrouver soudain \u00e0 la gare de Boissy-Saint-Leger. Juste le temps de respirer l\u2019odeur des lilas sur le chemin qui menait tout en bas. Cette douceur soudaine per\u00e7ue dans l\u2019odeur du lilas. Un soulagement et une consolation bizarre tout en m\u00eame temps. Puis la rame qui s\u2019\u00e9branle lentement, au ralenti, les diff\u00e9rents arr\u00eats, les silhouettes qui montent et descendent du RER. Et la bas, au bout l\u2019inconnu, la ville, Paris. Et ne pas savoir o\u00f9 dormir. Sans cette duret\u00e9 h\u00e9rit\u00e9e je ne sais pas comment j\u2019aurais pu jamais m\u2019en sortir. Comment j\u2019aurais surv\u00e9cu dans la ville. Comment aussi j\u2019aurais pu m\u2019abaisser \u00e0 un tel point parfois sachant que je finirais toujours par retrouver t\u00f4t ou tard la possibilit\u00e9 de cette duret\u00e9 pour continuer \u00e0 avancer m\u00eame si je n\u2019ai jamais voulu d\u00e9cider vraiment d\u2019une destination pr\u00e9cise.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7108jpgw300-1beadc67-49c25.jpg?1761474941", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/bonnes-questions.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/bonnes-questions.html", "title": "bonnes questions", "date_published": "2022-11-10T06:01:48Z", "date_modified": "2025-10-26T10:40:36Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Stephen King sugg\u00e8re que si vous \u00e9prouvez le besoin imp\u00e9rieux de raconter votre vie \u00e0 une personne, il est pr\u00e9f\u00e9rable le faire la nuit au fond d\u2019un bar. \u00c0 la condition expresse de consommer r\u00e9guli\u00e8rement pour d\u00e9dommager le barman de l\u2019attention plus ou moins sinc\u00e8re et polie qu\u2019il vous adressera. Nos vies, quelles qu\u2019elles soient, n\u2019offrent que peu d\u2019int\u00e9r\u00eat aux autres, et nos \u00e9tats d\u2019\u00e2me encore moins. C\u2019est une r\u00e9alit\u00e9 \u00e0 consid\u00e9rer aussit\u00f4t que l\u2019on s\u2019empare d\u2019un stylo ou d\u2019un clavier pour \u00e9crire. Sinon la d\u00e9ception n\u2019en sera que plus cuisante. Inutile aussi de perdre du temps \u00e0 se lamenter d\u2019une telle r\u00e9alit\u00e9, d\u2019\u00e9mettre des jugements sur la nature humaine, sur l\u2019immense souffrance de vous d\u00e9couvrir incompris. La nature humaine est ce qu\u2019elle est, nul ne peut la changer. Si l\u2019on persiste \u00e0 ne pas vouloir l\u2019accepter, on continue \u00e0 marcher \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de ses pompes. C\u2019est exactement ainsi. Inutile de chercher \u00e0 voir les choses autrement.<\/p>\n

Un examen de conscience s\u2019impose \u00e0 partir de ce pr\u00e9ambule, est-ce que j\u2019ai vraiment envie d’\u00e9crire encore toutes ces histoires, de persister \u00e0 raconter ma vie comme je le fais depuis des ann\u00e9es d\u00e9sormais. Bien s\u00fbr que oui, je continue, pr\u00e9textant que j\u2019en ai dor\u00e9navant pris l\u2019habitude, qu\u2019\u00e0 mon \u00e2ge on ne change pas facilement d\u2019habitude. Bien entendu, je peux aussi ajouter une excuse, un leitmotiv. Me r\u00e9p\u00e9ter en boucle que gr\u00e2ce \u00e0 ces textes que je r\u00e9dige chaque matin, j\u2019\u00e9prouve le soulagement d\u2019avoir accompli au moins une chose utile pour moi durant ces fichues journ\u00e9es qui, pour le reste, ne cessent plus de m\u2019\u00e9chapper. \u00c9crire est une action qui me fait du bien. J\u2019\u00e9prouve cette sensation, difficile \u00e0 remettre en question, et d\u2019ailleurs souvent inexacte, qu\u2019\u00e9crire procure un sens \u00e0 ma vie. Le seul sens qui vaille tout compte fait. Et bien en amont de ce que me propose ma seconde activit\u00e9, la peinture. C\u2019est tellement romantique, tellement grotesque simultan\u00e9ment. \u00c9videmment, je continue \u00e0 me bercer d\u2019illusion comme je l\u2019ai toujours fait depuis ces quatre derni\u00e8res ann\u00e9es en \u00e9crivant et surtout en publiant sur ce blog. Mais, si je veux bien \u00eatre honn\u00eate avant tout et notamment avec moi-m\u00eame, le r\u00e9sultat est tr\u00e8s loin de ce que j\u2019esp\u00e9rais. Et, qu’esp\u00e9rais-je, voil\u00e0 justement une excellente question. Je ne me souviens m\u00eame plus de ce que j\u2019esp\u00e9rais. Il faudrait peut-\u00eatre remonter bien plus loin dans le temps pour tenter de retrouver la trace de cet espoir. Si toutefois un jour celui-ci a vraiment exist\u00e9. Ce qui, me connaissant, est loin d\u2019\u00eatre \u00e9vident. Probablement qu\u2019il serait utile alors de revenir sur les lieux, de se tenir attentif quelques secondes avant m\u00eame de pousser la porte de cette librairie d\u00e9couverte au hasard de mes d\u00e9ambulations dans la ville. Quelques secondes avant d\u2019attraper sur l\u2019une des \u00e9tag\u00e8res le tout premier carnet. Revenir dans le d\u00e9sagr\u00e9able, le terre-\u00e0-terre d\u2019une existence jug\u00e9e m\u00e9diocre. Revenir sur ces lieux dans lesquels s\u2019affrontent toujours en moi la honte et la col\u00e8re. La honte d\u2019\u00eatre tout \u00e0 coup arriv\u00e9 l\u00e0 o\u00f9 j\u2019en suis, alors que j\u2019imaginais valoir beaucoup \u00e9videmment<\/em> bien mieux que \u00e7a. Et, la col\u00e8re de ne pas m\u2019\u00eatre donn\u00e9 suffisamment de moyens, de n\u2019avoir pas fourni suffisamment d\u2019efforts pour m\u2019\u00e9lever justement au-dessus de cette m\u00e9diocrit\u00e9. Dans le fond, une histoire banale que tout le monde conna\u00eet par c\u0153ur. Une histoire tellement peu int\u00e9ressante. Mais, pr\u00e9cis\u00e9ment, comment la rendre attrayante cette histoire ? Pourquoi cette histoire peut-elle atteindre, int\u00e9resser, \u00e9mouvoir, captiver l\u2019autre, comment tenir le lecteur par les couilles<\/em> depuis la toute premi\u00e8re phrase pour qu\u2019il ne la l\u00e2che pas, ne s\u2019y ennuie pas, la lise jusqu\u2019au bout. Comment s\u2019y prendre pour qu\u2019il atteigne, \u00e0 regret la fin et que le peu qu\u2019il en retiendra devienne une partie de lui-m\u00eame, lui appartienne...<\/p>\n

Jamais je ne me suis pos\u00e9 ces questions. Pourtant, ce sont \u00e0 priori de bonnes questions, des questions essentielles pour qui pr\u00e9tend \u00e9crire. Alors je me demande \u00e0 quelle part de moi-m\u00eame dois-je, aujourd\u2019hui, attribuer la responsabilit\u00e9 d\u2019un tel oubli, d\u2019un tel manquement, d\u2019un tel emp\u00eachement, est-ce \u00e0 la honte ou \u00e0 la col\u00e8re. Et, comment amadouer enfin l\u2019enfant. Je ne vois plus que lui d\u00e9sormais. Un gamin qui depuis toujours se tient dans cette relation binaire avec le monde, la r\u00e9alit\u00e9 de celui-ci, une relation que l\u2019on ne saurait autrement nommer qu\u2019imaginaire.<\/p>", "content_text": "Stephen King sugg\u00e8re que si vous \u00e9prouvez le besoin imp\u00e9rieux de raconter votre vie \u00e0 une personne, il est pr\u00e9f\u00e9rable le faire la nuit au fond d\u2019un bar. \u00c0 la condition expresse de consommer r\u00e9guli\u00e8rement pour d\u00e9dommager le barman de l\u2019attention plus ou moins sinc\u00e8re et polie qu\u2019il vous adressera. Nos vies, quelles qu\u2019elles soient, n\u2019offrent que peu d\u2019int\u00e9r\u00eat aux autres, et nos \u00e9tats d\u2019\u00e2me encore moins. C\u2019est une r\u00e9alit\u00e9 \u00e0 consid\u00e9rer aussit\u00f4t que l\u2019on s\u2019empare d\u2019un stylo ou d\u2019un clavier pour \u00e9crire. Sinon la d\u00e9ception n\u2019en sera que plus cuisante. Inutile aussi de perdre du temps \u00e0 se lamenter d\u2019une telle r\u00e9alit\u00e9, d\u2019\u00e9mettre des jugements sur la nature humaine, sur l\u2019immense souffrance de vous d\u00e9couvrir incompris. La nature humaine est ce qu\u2019elle est, nul ne peut la changer. Si l\u2019on persiste \u00e0 ne pas vouloir l\u2019accepter, on continue \u00e0 marcher \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de ses pompes. C\u2019est exactement ainsi. Inutile de chercher \u00e0 voir les choses autrement.\n\nUn examen de conscience s\u2019impose \u00e0 partir de ce pr\u00e9ambule, est-ce que j\u2019ai vraiment envie d'\u00e9crire encore toutes ces histoires, de persister \u00e0 raconter ma vie comme je le fais depuis des ann\u00e9es d\u00e9sormais. Bien s\u00fbr que oui, je continue, pr\u00e9textant que j\u2019en ai dor\u00e9navant pris l\u2019habitude, qu\u2019\u00e0 mon \u00e2ge on ne change pas facilement d\u2019habitude. Bien entendu, je peux aussi ajouter une excuse, un leitmotiv. Me r\u00e9p\u00e9ter en boucle que gr\u00e2ce \u00e0 ces textes que je r\u00e9dige chaque matin, j\u2019\u00e9prouve le soulagement d\u2019avoir accompli au moins une chose utile pour moi durant ces fichues journ\u00e9es qui, pour le reste, ne cessent plus de m\u2019\u00e9chapper. \u00c9crire est une action qui me fait du bien. J\u2019\u00e9prouve cette sensation, difficile \u00e0 remettre en question, et d\u2019ailleurs souvent inexacte, qu\u2019\u00e9crire procure un sens \u00e0 ma vie. Le seul sens qui vaille tout compte fait. Et bien en amont de ce que me propose ma seconde activit\u00e9, la peinture. C\u2019est tellement romantique, tellement grotesque simultan\u00e9ment. \u00c9videmment, je continue \u00e0 me bercer d\u2019illusion comme je l\u2019ai toujours fait depuis ces quatre derni\u00e8res ann\u00e9es en \u00e9crivant et surtout en publiant sur ce blog. Mais, si je veux bien \u00eatre honn\u00eate avant tout et notamment avec moi-m\u00eame, le r\u00e9sultat est tr\u00e8s loin de ce que j\u2019esp\u00e9rais. Et, qu'esp\u00e9rais-je, voil\u00e0 justement une excellente question. Je ne me souviens m\u00eame plus de ce que j\u2019esp\u00e9rais. Il faudrait peut-\u00eatre remonter bien plus loin dans le temps pour tenter de retrouver la trace de cet espoir. Si toutefois un jour celui-ci a vraiment exist\u00e9. Ce qui, me connaissant, est loin d\u2019\u00eatre \u00e9vident. Probablement qu\u2019il serait utile alors de revenir sur les lieux, de se tenir attentif quelques secondes avant m\u00eame de pousser la porte de cette librairie d\u00e9couverte au hasard de mes d\u00e9ambulations dans la ville. Quelques secondes avant d\u2019attraper sur l\u2019une des \u00e9tag\u00e8res le tout premier carnet. Revenir dans le d\u00e9sagr\u00e9able, le terre-\u00e0-terre d\u2019une existence jug\u00e9e m\u00e9diocre. Revenir sur ces lieux dans lesquels s\u2019affrontent toujours en moi la honte et la col\u00e8re. La honte d\u2019\u00eatre tout \u00e0 coup arriv\u00e9 l\u00e0 o\u00f9 j\u2019en suis, alors que j\u2019imaginais valoir beaucoup \u00e9videmment bien mieux que \u00e7a. Et, la col\u00e8re de ne pas m\u2019\u00eatre donn\u00e9 suffisamment de moyens, de n\u2019avoir pas fourni suffisamment d\u2019efforts pour m\u2019\u00e9lever justement au-dessus de cette m\u00e9diocrit\u00e9. Dans le fond, une histoire banale que tout le monde conna\u00eet par c\u0153ur. Une histoire tellement peu int\u00e9ressante. Mais, pr\u00e9cis\u00e9ment, comment la rendre attrayante cette histoire ? Pourquoi cette histoire peut-elle atteindre, int\u00e9resser, \u00e9mouvoir, captiver l\u2019autre, comment tenir le lecteur par les couilles depuis la toute premi\u00e8re phrase pour qu\u2019il ne la l\u00e2che pas, ne s\u2019y ennuie pas, la lise jusqu\u2019au bout. Comment s\u2019y prendre pour qu\u2019il atteigne, \u00e0 regret la fin et que le peu qu\u2019il en retiendra devienne une partie de lui-m\u00eame, lui appartienne... \n\nJamais je ne me suis pos\u00e9 ces questions. Pourtant, ce sont \u00e0 priori de bonnes questions, des questions essentielles pour qui pr\u00e9tend \u00e9crire. Alors je me demande \u00e0 quelle part de moi-m\u00eame dois-je, aujourd\u2019hui, attribuer la responsabilit\u00e9 d\u2019un tel oubli, d\u2019un tel manquement, d\u2019un tel emp\u00eachement, est-ce \u00e0 la honte ou \u00e0 la col\u00e8re. Et, comment amadouer enfin l\u2019enfant. Je ne vois plus que lui d\u00e9sormais. Un gamin qui depuis toujours se tient dans cette relation binaire avec le monde, la r\u00e9alit\u00e9 de celui-ci, une relation que l\u2019on ne saurait autrement nommer qu\u2019imaginaire.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7107jpgw550-439f3b30-d7f52.jpg?1761475196", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/reprendre.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/reprendre.html", "title": "Reprendre", "date_published": "2022-11-09T11:07:12Z", "date_modified": "2025-10-26T10:42:50Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Reprendre un tableau c\u2019est avant tout le l\u00e2cher. En faire autre chose que ce qu\u2019il \u00e9tait spontan\u00e9ment. En g\u00e9n\u00e9ral \u00e7a finit toujours assez mal, comme reprendre des p\u00e2tes, un ancien amour, un petit verre pour la route.<\/p>\n

Illustration<\/strong> :Tableau repris.<\/p>", "content_text": "Reprendre un tableau c\u2019est avant tout le l\u00e2cher. En faire autre chose que ce qu\u2019il \u00e9tait spontan\u00e9ment. En g\u00e9n\u00e9ral \u00e7a finit toujours assez mal, comme reprendre des p\u00e2tes, un ancien amour, un petit verre pour la route. **Illustration** :Tableau repris. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7087jpgw835-f3857a4d.jpg?1761475305", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/candeur.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/candeur.html", "title": "Candeur", "date_published": "2022-11-09T08:17:56Z", "date_modified": "2025-10-26T10:53:57Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Au hasard d’une lecture le mot candeur<\/strong>, assez peu utilis\u00e9 voire plus du tout dans la langue de tous les jours. Ce que provoque la rencontre d’un tel mot dans un texte me surprend tant que je vais v\u00e9rifier la d\u00e9finition.<\/p>\n

Puret\u00e9 de l\u2019\u00e2me, confiance, franchise d\u2019une \u00e2me pure. La candeur de ses m\u0153urs. Agir, parler avec candeur. Avouer une faute avec candeur. Un proc\u00e9d\u00e9 plein de candeur. Un faux air de candeur. Fausse candeur. On dirait la candeur m\u00eame.<\/em><\/p>\n

Il signifie, par extension, Confiance excessive venant de la na\u00efvet\u00e9. Abuser de la candeur de quelqu\u2019un.<\/em><\/p>\n

La puret\u00e9 r\u00e9p\u00e9t\u00e9e est un indice. Tout comme la fausset\u00e9.<\/p>\n

La candeur m’est d\u00e9sormais interdite si je me fie \u00e0 cette notion de puret\u00e9 <\/em>\u00e0 laquelle le dictionnaire l’associe. Il reste la fausset\u00e9 \u00e0 consid\u00e9rer. La fausse candeur. En suis-je encore capable ? probablement. Sauf que je n’utilise jamais ce mot je lui pr\u00e9f\u00e8re fausse na\u00efvet\u00e9. Toujours une joie secr\u00e8te de paraitre plus con que j’ai la sensation permanente de l’\u00eatre, surtout vis \u00e0 vis de certains f\u00e2cheux qui eux en sont souvent de v\u00e9ritables.<\/p>\n

Mais de quelle puret\u00e9, de quelle fausset\u00e9 est-il vraiment question dans la d\u00e9finition donn\u00e9e. Je crois que nous avons tous en nous cette notion de puret\u00e9 et de fausset\u00e9. Nous les recouvrons de maintes dissimulations, nous les \u00e9prouvons dans le sens o\u00f9 nous les mettons aussi \u00e0 l’\u00e9preuve. Jusqu’o\u00f9 puret\u00e9, fausset\u00e9 ou sinc\u00e9rit\u00e9 tiendront est la fameuse question que nous nous posons juste avant de nous perdre dans l’oubli. Quand on y r\u00e9fl\u00e9chit ensuite on trouve toujours moyen d’agrandir les p\u00e9rim\u00e8tres des d\u00e9finitions. Le p\u00e9dophile doit aussi se donner des arguments certainement pour agrandir sa d\u00e9finition du pur et du sinc\u00e8re. Ainsi c’est open bar. On se d\u00e9bat comme on peut. Cet propension \u00e0 l’exag\u00e9ration, \u00e0 ne pas vouloir accepter les d\u00e9finitions qui ont \u00e9t\u00e9 fabriqu\u00e9es par des g\u00e9n\u00e9rations avant nous, \u00e0 imaginer qu’il est facile de les remettre en question ou au gout du jour prouve que notre monde est vraiment bien malade. Encore qu’\u00e0 Rome les \u00e9ph\u00e8bes \u00e9taient l\u00e9gions, chez les Grecs c’\u00e9tait m\u00eame un honneur pour un jeune homme de b\u00e9n\u00e9ficier des assauts de son protecteur et m\u00e9c\u00e8ne. Bref comme tout est compliqu\u00e9 sit\u00f4t qu’on se met \u00e0 penser.<\/p>\n

Moi-m\u00eame il m’arrive de vouloir faire le malin, d’imaginer parfois trouver un autre sens \u00e0 certains mots. Mais je ne fais que corroborer une pathologie qui frappe tout le monde d\u00e9sormais.<\/p>\n

En m\u00eame temps la candeur appartient aussi \u00e0 une \u00e9poque r\u00e9volue, quel int\u00e9r\u00eat d’y penser, d’\u00eatre aussi surpris de rencontrer un tel mot dans une lecture. Est-ce que ce ne serait pas du laisser-aller, le genre \u00e0 s’enfoncer dans la nostalgie comme sous une couette et se laisser envahir par une sensation douillette de confort ? Aussi douillette qu’illusoire probablement. C’est une v\u00e9ritable maladie que de se poser sans cesse ce genre de question. On ne peut profiter de rien avec candeur<\/em> parce qu’on ne cesse d’imaginer tous les tenants et aboutissants qui \u00e0 la fois la provoque, et toutes les cons\u00e9quences qu’elle risque d’entrainer.<\/p>\n

Je ne sais pas combien de cardinaux se retrouvent au ban, leur puret\u00e9 sacerdotale ayant \u00e9t\u00e9 mise \u00e0 bas par les plaintes comme par leurs actes. On trouve cela d\u00e9goutant. Alors que de tout temps les moines du mont Athos passe le plus clair de leur temps \u00e0 s’enculer depuis Mathusalem. On voit bien \u00e0 quel point le protestantisme, et tout ce qui nous vient d’outre-Atlantique ruine peu \u00e0 peu les d\u00e9finitions et aussi un certain esprit, une libert\u00e9 de penser. Je regarde les \u00e9lections am\u00e9ricaines d\u00e9mocrates contre r\u00e9publicains la m\u00eame rengaine depuis toujours. Les m\u00eames momies pharaoniques qu’on exhibe pour l’occasion. La candeur apparente pr\u00e9sente aussi bien chez l’une que chez l’autre. Une candeur \u00e9lectorale. Merde de merde il faut que j’arr\u00eate de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 tout \u00e7a, je sens que je vais trop loin. Il faut que j’avance sur ma toile. Ma candeur<\/em> si j’en poss\u00e8de encore un brin sera celle-ci pour aujourd’hui.<\/p>", "content_text": "Au hasard d'une lecture le mot candeur, assez peu utilis\u00e9 voire plus du tout dans la langue de tous les jours. Ce que provoque la rencontre d'un tel mot dans un texte me surprend tant que je vais v\u00e9rifier la d\u00e9finition.\n\nPuret\u00e9 de l\u2019\u00e2me, confiance, franchise d\u2019une \u00e2me pure. La candeur de ses m\u0153urs. Agir, parler avec candeur. Avouer une faute avec candeur. Un proc\u00e9d\u00e9 plein de candeur. Un faux air de candeur. Fausse candeur. On dirait la candeur m\u00eame.\n\nIl signifie, par extension, Confiance excessive venant de la na\u00efvet\u00e9. Abuser de la candeur de quelqu\u2019un.\n\nLa puret\u00e9 r\u00e9p\u00e9t\u00e9e est un indice. Tout comme la fausset\u00e9.\n\nLa candeur m'est d\u00e9sormais interdite si je me fie \u00e0 cette notion de puret\u00e9 \u00e0 laquelle le dictionnaire l'associe. Il reste la fausset\u00e9 \u00e0 consid\u00e9rer. La fausse candeur. En suis-je encore capable ? probablement. Sauf que je n'utilise jamais ce mot je lui pr\u00e9f\u00e8re fausse na\u00efvet\u00e9. Toujours une joie secr\u00e8te de paraitre plus con que j'ai la sensation permanente de l'\u00eatre, surtout vis \u00e0 vis de certains f\u00e2cheux qui eux en sont souvent de v\u00e9ritables. \n\nMais de quelle puret\u00e9, de quelle fausset\u00e9 est-il vraiment question dans la d\u00e9finition donn\u00e9e. Je crois que nous avons tous en nous cette notion de puret\u00e9 et de fausset\u00e9. Nous les recouvrons de maintes dissimulations, nous les \u00e9prouvons dans le sens o\u00f9 nous les mettons aussi \u00e0 l'\u00e9preuve. Jusqu'o\u00f9 puret\u00e9, fausset\u00e9 ou sinc\u00e9rit\u00e9 tiendront est la fameuse question que nous nous posons juste avant de nous perdre dans l'oubli. Quand on y r\u00e9fl\u00e9chit ensuite on trouve toujours moyen d'agrandir les p\u00e9rim\u00e8tres des d\u00e9finitions. Le p\u00e9dophile doit aussi se donner des arguments certainement pour agrandir sa d\u00e9finition du pur et du sinc\u00e8re. Ainsi c'est open bar. On se d\u00e9bat comme on peut. Cet propension \u00e0 l'exag\u00e9ration, \u00e0 ne pas vouloir accepter les d\u00e9finitions qui ont \u00e9t\u00e9 fabriqu\u00e9es par des g\u00e9n\u00e9rations avant nous, \u00e0 imaginer qu'il est facile de les remettre en question ou au gout du jour prouve que notre monde est vraiment bien malade. Encore qu'\u00e0 Rome les \u00e9ph\u00e8bes \u00e9taient l\u00e9gions, chez les Grecs c'\u00e9tait m\u00eame un honneur pour un jeune homme de b\u00e9n\u00e9ficier des assauts de son protecteur et m\u00e9c\u00e8ne. Bref comme tout est compliqu\u00e9 sit\u00f4t qu'on se met \u00e0 penser.\n\nMoi-m\u00eame il m'arrive de vouloir faire le malin, d'imaginer parfois trouver un autre sens \u00e0 certains mots. Mais je ne fais que corroborer une pathologie qui frappe tout le monde d\u00e9sormais.\n\nEn m\u00eame temps la candeur appartient aussi \u00e0 une \u00e9poque r\u00e9volue, quel int\u00e9r\u00eat d'y penser, d'\u00eatre aussi surpris de rencontrer un tel mot dans une lecture. Est-ce que ce ne serait pas du laisser-aller, le genre \u00e0 s'enfoncer dans la nostalgie comme sous une couette et se laisser envahir par une sensation douillette de confort ? Aussi douillette qu'illusoire probablement. C'est une v\u00e9ritable maladie que de se poser sans cesse ce genre de question. On ne peut profiter de rien avec candeur parce qu'on ne cesse d'imaginer tous les tenants et aboutissants qui \u00e0 la fois la provoque, et toutes les cons\u00e9quences qu'elle risque d'entrainer.\n\nJe ne sais pas combien de cardinaux se retrouvent au ban, leur puret\u00e9 sacerdotale ayant \u00e9t\u00e9 mise \u00e0 bas par les plaintes comme par leurs actes. On trouve cela d\u00e9goutant. Alors que de tout temps les moines du mont Athos passe le plus clair de leur temps \u00e0 s'enculer depuis Mathusalem. On voit bien \u00e0 quel point le protestantisme, et tout ce qui nous vient d'outre-Atlantique ruine peu \u00e0 peu les d\u00e9finitions et aussi un certain esprit, une libert\u00e9 de penser. Je regarde les \u00e9lections am\u00e9ricaines d\u00e9mocrates contre r\u00e9publicains la m\u00eame rengaine depuis toujours. Les m\u00eames momies pharaoniques qu'on exhibe pour l'occasion. La candeur apparente pr\u00e9sente aussi bien chez l'une que chez l'autre. Une candeur \u00e9lectorale. Merde de merde il faut que j'arr\u00eate de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 tout \u00e7a, je sens que je vais trop loin. Il faut que j'avance sur ma toile. Ma candeur si j'en poss\u00e8de encore un brin sera celle-ci pour aujourd'hui.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/images-1jpgw300-7034a3e1-e4b9a.jpg?1761476004", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/mauvaise-volonte.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/mauvaise-volonte.html", "title": "mauvaise volont\u00e9", "date_published": "2022-11-08T11:11:08Z", "date_modified": "2025-10-26T10:43:57Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Re\u00e7u une lettre d\u2019huissier pour un paiement non effectu\u00e9 \u00e0 une AGA, association de gestion \u00e0 qui, il y a deux ans, on a transmis mon compte client au moment o\u00f9 l\u2019association pr\u00e9c\u00e9dente fermait. Mon dossier client transmit comme on transmet du b\u00e9tail un cheptel. En deux ans aucune relation avec cette Aga sinon le paiement d\u2019une facture de 250 euros. Ils avaient \u00e9tabli leur courrier ( leur e-mail ) \u00e0 une ancienne adresse qui doit dater de plus de 10 ans. Je leur avais transmis ma nouvelle adresse mais pas de r\u00e9sultat. Le denier e-mail re\u00e7u il y a bien six mois toujours avec cette en-t\u00eate \u00e0 la mauvaise adresse. Aga\u00e7ant. Donc il y a deux mois je d\u00e9couvre un message vocal d\u2019un huissier qui me prie de le joindre de toute urgence avant que des poursuites s\u2019engagent. Cela m\u2019agace encore plus. J\u2019appelle, trouve une fa\u00e7on de payer \u00e0 temp\u00e9rament, pas plus de deux fois m\u2019enjoint la femme au bout du fil. Bon, je vais m\u2019arranger je dis. Et l\u00e0, \u00e9videmment, en deux mois beaucoup d\u2019eau coule sous les ponts. Et l\u2019URSSAF qui ne dort jamais me pr\u00e9l\u00e8ve d\u2019un coup, il y a deux jours , la somme astronomique de 6022 euros. Comme \u00e7a paf sans revenir. \u00c9videmment j\u2019appelle mon banquier lui dit de rejeter le pr\u00e9l\u00e8vement. Mais il faudra quelques jours encore avant que la situation de mon compte redevienne « normale ». Et l\u00e0, je d\u00e9couvre la missive de l\u2019huissier dans ma bo\u00eete e-mail.<\/p>\n

« Puisque vous mettez autant de mauvaise volont\u00e9 \u00e0 payer etc etc nous allons donc commencer les poursuites. »<\/p>\n

Je suis rest\u00e9 un instant baba. Sonn\u00e9. Mais l\u2019expression mauvaise volont\u00e9 m\u2019a chauff\u00e9 le sang assez rapidement. J\u2019ai aussit\u00f4t \u00e9crit un message de r\u00e9ponse pour m\u2019indigner ouvertement ( sans doute beaucoup trop ) concernant l\u2019expression. Le fait que je n\u2019\u00e9tais pas un gamin de cinq ans, que m\u00eame s\u2019ils avaient la sacro-sainte loi de leur c\u00f4t\u00e9 ce n\u2019\u00e9tait pas une raison pour traiter les gens comme \u00e7a, que c\u2019\u00e9tait un manque total de respect etc etc... puis j\u2019ai effac\u00e9 le message. J\u2019\u00e9tais calm\u00e9 de l\u2019avoir \u00e9crit. Mais j\u2019ai jug\u00e9 qu\u2019ils ne m\u00e9ritaient aucunement une attention si aigu\u00eb. Que c\u2019\u00e9tait tr\u00e8s certainement un genre de lettre type r\u00e9dig\u00e9e par un gros con ou une grosse conne assit toute la journ\u00e9e a s\u2019emmerder dans un bureau mal a\u00e9r\u00e9. Des malheureux qui font suer des malheureux, rien de plus banal en somme. Bref que la fa\u00e7on dont cette lettre \u00e9tait \u00e9crite en disait bien plus long sur la personne qui l\u2019avait r\u00e9fl\u00e9chie qu\u2019elle m\u2019\u00e9tait adress\u00e9e. Voil\u00e0 une vraie maladresse pour l\u2019occasion. Cela fait des mois que je conserve dans une partie de la cervelle toutes ces turbulences administratives. Une r\u00e9volte sourde contre tous ces parasites qui nous ponctionnent m\u00eame quand on n\u2019a plus de quoi. Ma technique favorite est l\u2019inertie. J\u2019ai appris cela en entreprise avec tous les e-mails notifi\u00e9s « urgent » « prioritaires » que l\u2019on re\u00e7oit par paquets de cent chaque jour. Au d\u00e9but j\u2019empruntais la figure du s\u00e9maphore, je faisais de grands gestes, m\u2019affolais, tant ces termes paraissaient s\u00e9rieux, m\u2019en imposaient. Puis avec le temps j\u2019ai appris \u00e0 pond\u00e9rer mes gesticulations. D\u2019autant que les gens appuient sur prioritaire et urgent comme \u00e7a leur chante. Que ce genre d\u2019e-mail peut tout \u00e0 fait s\u2019enfoncer dans la pile sans que quiconque ne fasse la moindre observation. Bref que la v\u00e9ritable urgence n\u2019est jamais l\u00e0 o\u00f9 on l\u2019attend. Avec les ann\u00e9es, je suis devenu plus calme, extraordinairement calme. Un sang-froid \u00e0 toutes \u00e9preuves. Je m\u2019en \u00e9tonne m\u00eame moi-m\u00eame. Donc poursuivez poursuivez si cela vous chante vous ne savez pas \u00e0 quel point je suis encore capable de m\u2019\u00e9vader, de mourir m\u00eame s\u2019il le faut pour ne plus regarder votre triste votre ubuesque votre dramatique r\u00e9alit\u00e9. Des fois on se croirait vraiment \u00e0 la t\u00e9l\u00e9.<\/p>", "content_text": "Re\u00e7u une lettre d\u2019huissier pour un paiement non effectu\u00e9 \u00e0 une AGA, association de gestion \u00e0 qui, il y a deux ans, on a transmis mon compte client au moment o\u00f9 l\u2019association pr\u00e9c\u00e9dente fermait. Mon dossier client transmit comme on transmet du b\u00e9tail un cheptel. En deux ans aucune relation avec cette Aga sinon le paiement d\u2019une facture de 250 euros. Ils avaient \u00e9tabli leur courrier ( leur e-mail ) \u00e0 une ancienne adresse qui doit dater de plus de 10 ans. Je leur avais transmis ma nouvelle adresse mais pas de r\u00e9sultat. Le denier e-mail re\u00e7u il y a bien six mois toujours avec cette en-t\u00eate \u00e0 la mauvaise adresse. Aga\u00e7ant. Donc il y a deux mois je d\u00e9couvre un message vocal d\u2019un huissier qui me prie de le joindre de toute urgence avant que des poursuites s\u2019engagent. Cela m\u2019agace encore plus. J\u2019appelle, trouve une fa\u00e7on de payer \u00e0 temp\u00e9rament, pas plus de deux fois m\u2019enjoint la femme au bout du fil. Bon, je vais m\u2019arranger je dis. Et l\u00e0, \u00e9videmment, en deux mois beaucoup d\u2019eau coule sous les ponts. Et l\u2019URSSAF qui ne dort jamais me pr\u00e9l\u00e8ve d\u2019un coup, il y a deux jours , la somme astronomique de 6022 euros. Comme \u00e7a paf sans revenir. \u00c9videmment j\u2019appelle mon banquier lui dit de rejeter le pr\u00e9l\u00e8vement. Mais il faudra quelques jours encore avant que la situation de mon compte redevienne \u00ab normale \u00bb. Et l\u00e0, je d\u00e9couvre la missive de l\u2019huissier dans ma bo\u00eete e-mail. \n\n\u00ab Puisque vous mettez autant de mauvaise volont\u00e9 \u00e0 payer etc etc nous allons donc commencer les poursuites. \u00bb\n\nJe suis rest\u00e9 un instant baba. Sonn\u00e9. Mais l\u2019expression mauvaise volont\u00e9 m\u2019a chauff\u00e9 le sang assez rapidement. J\u2019ai aussit\u00f4t \u00e9crit un message de r\u00e9ponse pour m\u2019indigner ouvertement ( sans doute beaucoup trop ) concernant l\u2019expression. Le fait que je n\u2019\u00e9tais pas un gamin de cinq ans, que m\u00eame s\u2019ils avaient la sacro-sainte loi de leur c\u00f4t\u00e9 ce n\u2019\u00e9tait pas une raison pour traiter les gens comme \u00e7a, que c\u2019\u00e9tait un manque total de respect etc etc... puis j\u2019ai effac\u00e9 le message. J\u2019\u00e9tais calm\u00e9 de l\u2019avoir \u00e9crit. Mais j\u2019ai jug\u00e9 qu\u2019ils ne m\u00e9ritaient aucunement une attention si aigu\u00eb. Que c\u2019\u00e9tait tr\u00e8s certainement un genre de lettre type r\u00e9dig\u00e9e par un gros con ou une grosse conne assit toute la journ\u00e9e a s\u2019emmerder dans un bureau mal a\u00e9r\u00e9. Des malheureux qui font suer des malheureux, rien de plus banal en somme. Bref que la fa\u00e7on dont cette lettre \u00e9tait \u00e9crite en disait bien plus long sur la personne qui l\u2019avait r\u00e9fl\u00e9chie qu\u2019elle m\u2019\u00e9tait adress\u00e9e. Voil\u00e0 une vraie maladresse pour l\u2019occasion. Cela fait des mois que je conserve dans une partie de la cervelle toutes ces turbulences administratives. Une r\u00e9volte sourde contre tous ces parasites qui nous ponctionnent m\u00eame quand on n\u2019a plus de quoi. Ma technique favorite est l\u2019inertie. J\u2019ai appris cela en entreprise avec tous les e-mails notifi\u00e9s \u00ab urgent \u00bb \u00ab prioritaires \u00bb que l\u2019on re\u00e7oit par paquets de cent chaque jour. Au d\u00e9but j\u2019empruntais la figure du s\u00e9maphore, je faisais de grands gestes, m\u2019affolais, tant ces termes paraissaient s\u00e9rieux, m\u2019en imposaient. Puis avec le temps j\u2019ai appris \u00e0 pond\u00e9rer mes gesticulations. D\u2019autant que les gens appuient sur prioritaire et urgent comme \u00e7a leur chante. Que ce genre d\u2019e-mail peut tout \u00e0 fait s\u2019enfoncer dans la pile sans que quiconque ne fasse la moindre observation. Bref que la v\u00e9ritable urgence n\u2019est jamais l\u00e0 o\u00f9 on l\u2019attend. Avec les ann\u00e9es, je suis devenu plus calme, extraordinairement calme. Un sang-froid \u00e0 toutes \u00e9preuves. Je m\u2019en \u00e9tonne m\u00eame moi-m\u00eame. Donc poursuivez poursuivez si cela vous chante vous ne savez pas \u00e0 quel point je suis encore capable de m\u2019\u00e9vader, de mourir m\u00eame s\u2019il le faut pour ne plus regarder votre triste votre ubuesque votre dramatique r\u00e9alit\u00e9. Des fois on se croirait vraiment \u00e0 la t\u00e9l\u00e9. 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Lecture en diagonale, propre au d\u00e9placement du fou sur jeu d\u2019\u00e9checs, et soudain le regard s\u2019arr\u00eate un long moment sur : « le dehors est une superstition » phrase d\u2019un roman d\u2019Anna Milani un paysage en soi.<\/p>", "content_text": "Lecture en diagonale, propre au d\u00e9placement du fou sur jeu d\u2019\u00e9checs, et soudain le regard s\u2019arr\u00eate un long moment sur : \u00ab le dehors est une superstition \u00bb phrase d\u2019un roman d\u2019Anna Milani un paysage en soi. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_5952jpgw552-fe1261ab-b1999.jpg?1761583536", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ramasser-des-chataignes.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ramasser-des-chataignes.html", "title": "ramasser des ch\u00e2taignes", "date_published": "2022-11-05T16:44:47Z", "date_modified": "2025-11-04T10:02:49Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

 ;\u00c0 quatre-vingts milles du c\u00f4t\u00e9 du noro\u00eet, l\u2019homme arrive \u00e0 la ville d\u2019Euph\u00e9mie, o\u00f9 convergent \u00e0 chaque solstice et chaque \u00e9quinoxe les marchands de sept nations. La barque qui y accoste avec un chargement de gingembre et de coton appareillera la cale pleine de pistaches et de grains de pavots, et la caravane \u00e0 peine d\u00e9charg\u00e9s ses sacs de noix de muscade et de raisin sec bourre d\u00e9j\u00e0 pour le retour ses b\u00e2ts de rouleaux de mousseline dor\u00e9e. Mais ce qui pousse \u00e0 remonter les fleuves et traverser les d\u00e9serts pour venir jusqu\u2019ici, ce n\u2019est pas seulement l\u2019\u00e9change de marchandises que tu retrouves partout dans tous les bazars de l\u2019empire du Grand Khan et au-dehors, mises en vrac \u00e0 tes pieds sur les m\u00eames nattes jaunes, \u00e0 l\u2019ombre des m\u00eames rideaux chasse-mouches, offertes avec les m\u00eames soi-disant rabais. Ce n\u2019est pas seulement pour vendre et pour acheter qu\u2019on vient \u00e0 Euph\u00e9mie, mais aussi parce que la nuit, aupr\u00e8s des feux allum\u00e9s tout autour du march\u00e9, assis sur des sacs ou sur des tonneaux ou bien \u00e9tendus sur des piles de tapis, \u00e0 chaque mot que l\u2019on prononce \u2013 comme « loup », « s\u0153ur », « tr\u00e9sor cach\u00e9 », « bataille », « gale », « amants »\u2013 chacun raconte sa propre histoire de loups, de s\u0153urs, de tr\u00e9sors, de gale, d\u2019amants, de batailles. Et tu sais que durant le long voyage qui t\u2019attend, quand, pour rester \u00e9veill\u00e9 berc\u00e9 par le chameau ou la jonque, tu te mets \u00e0 faire d\u00e9filer tes souvenirs personnels l\u2019un apr\u00e8s l\u2019autre, ton loup sera devenu un autre loup, ta s\u0153ur une s\u0153ur diff\u00e9rente, ta bataille d\u2019autres batailles, en revenant d\u2019Euph\u00e9mie, la ville o\u00f9 s\u2019\u00e9change la m\u00e9moire aux solstices et aux \u00e9quinoxes. »<\/p>\n

Extrait de Les villes invisibles, Calvino, Italo<\/p>\n

ce qui aussit\u00f4t me fait penser au mot ch\u00e2taigne. Depuis combien d\u2019ann\u00e9es ne suis-je pas all\u00e9 en ramasser. Je crois que la derni\u00e8re fois c\u2019\u00e9tait il y a plus de dix ans, dans le Beaujolais, \u00e0 Ville-sur-Jarnioux. A moins que ce ne fut des noix... oui tout compte fait c\u2019\u00e9tait des noix, nous en avions r\u00e9colt\u00e9 un sacr\u00e9 paquet pour faire du vin. Mais alors les ch\u00e2taignes... quand ? Je me souviens en avoir achet\u00e9 un cornet l\u2019hiver 1982 au march\u00e9 aux puces de la Porte de Clignancourt. Succulentes dans mon souvenir d\u2019autant qu\u2019\u00e0 cette \u00e9poque je devais \u00eatre seul, que j\u2019ai du m\u2019enfiler le cornet tout entier. Chose qui dans mon souvenir ne s\u2019est plus jamais reproduite par la suite. Soit je ne tombais sur aucun marchand de marrons chauds- tiens des marrons maintenant- soit je n\u2019\u00e9tais pas seul et j\u2019ai oubli\u00e9 les autres cornets. \u00c0 Lyon je n\u2019ai jamais achet\u00e9 de marrons chauds. C\u2019\u00e9tait plut\u00f4t des pralines grill\u00e9es... mais jamais seul, avec les enfants certainement. Mais o\u00f9 donc ai-je ramass\u00e9 mes derni\u00e8res ch\u00e2taignes\u2026 probablement dans les bois qui entourent le ch\u00e2teau de Fremont, dans l\u2019Allier. C\u2019\u00e9tait chasse gard\u00e9e \u00e9videmment mais justement elles avaient ce petit go\u00fbt particulier de l\u2019interd\u00eet, comme les ceps, les bolets les girolles que l\u2019on r\u00e9coltait abondamment entre septembre et octobre, parfois m\u00eame d\u00e9but novembre. On partait tous les deux ma m\u00e8re et moi. En mobylette, une bleue comme on disait. S\u2019enfoncer dans les bois avec la trouille d\u2019\u00eatre aper\u00e7us par le garde champ\u00eatre ou le seigneur pr\u00e9sum\u00e9 des lieux. Ch\u00e2taigne c\u2019est aussi le nom d\u2019un coup de poing, je vais te flanquer une ch\u00e2taigne. Mon p\u00e8re disait des choses comme \u00e7a, comme les hommes alentour en g\u00e9n\u00e9ral ou encore un marron. Ceci expliquant cela.<\/p>", "content_text": ";\u00c0 quatre-vingts milles du c\u00f4t\u00e9 du noro\u00eet, l\u2019homme arrive \u00e0 la ville d\u2019Euph\u00e9mie, o\u00f9 convergent \u00e0 chaque solstice et chaque \u00e9quinoxe les marchands de sept nations. La barque qui y accoste avec un chargement de gingembre et de coton appareillera la cale pleine de pistaches et de grains de pavots, et la caravane \u00e0 peine d\u00e9charg\u00e9s ses sacs de noix de muscade et de raisin sec bourre d\u00e9j\u00e0 pour le retour ses b\u00e2ts de rouleaux de mousseline dor\u00e9e. Mais ce qui pousse \u00e0 remonter les fleuves et traverser les d\u00e9serts pour venir jusqu\u2019ici, ce n\u2019est pas seulement l\u2019\u00e9change de marchandises que tu retrouves partout dans tous les bazars de l\u2019empire du Grand Khan et au-dehors, mises en vrac \u00e0 tes pieds sur les m\u00eames nattes jaunes, \u00e0 l\u2019ombre des m\u00eames rideaux chasse-mouches, offertes avec les m\u00eames soi-disant rabais. Ce n\u2019est pas seulement pour vendre et pour acheter qu\u2019on vient \u00e0 Euph\u00e9mie, mais aussi parce que la nuit, aupr\u00e8s des feux allum\u00e9s tout autour du march\u00e9, assis sur des sacs ou sur des tonneaux ou bien \u00e9tendus sur des piles de tapis, \u00e0 chaque mot que l\u2019on prononce \u2013 comme \u00ab loup \u00bb, \u00ab s\u0153ur \u00bb, \u00ab tr\u00e9sor cach\u00e9 \u00bb, \u00ab bataille \u00bb, \u00ab gale \u00bb, \u00ab amants \u00bb\u2013 chacun raconte sa propre histoire de loups, de s\u0153urs, de tr\u00e9sors, de gale, d\u2019amants, de batailles. Et tu sais que durant le long voyage qui t\u2019attend, quand, pour rester \u00e9veill\u00e9 berc\u00e9 par le chameau ou la jonque, tu te mets \u00e0 faire d\u00e9filer tes souvenirs personnels l\u2019un apr\u00e8s l\u2019autre, ton loup sera devenu un autre loup, ta s\u0153ur une s\u0153ur diff\u00e9rente, ta bataille d\u2019autres batailles, en revenant d\u2019Euph\u00e9mie, la ville o\u00f9 s\u2019\u00e9change la m\u00e9moire aux solstices et aux \u00e9quinoxes. \u00bb\n\nExtrait de Les villes invisibles, Calvino, Italo\n\nce qui aussit\u00f4t me fait penser au mot ch\u00e2taigne. Depuis combien d\u2019ann\u00e9es ne suis-je pas all\u00e9 en ramasser. Je crois que la derni\u00e8re fois c\u2019\u00e9tait il y a plus de dix ans, dans le Beaujolais, \u00e0 Ville-sur-Jarnioux. A moins que ce ne fut des noix... oui tout compte fait c\u2019\u00e9tait des noix, nous en avions r\u00e9colt\u00e9 un sacr\u00e9 paquet pour faire du vin. Mais alors les ch\u00e2taignes... quand ? Je me souviens en avoir achet\u00e9 un cornet l\u2019hiver 1982 au march\u00e9 aux puces de la Porte de Clignancourt. Succulentes dans mon souvenir d\u2019autant qu\u2019\u00e0 cette \u00e9poque je devais \u00eatre seul, que j\u2019ai du m\u2019enfiler le cornet tout entier. Chose qui dans mon souvenir ne s\u2019est plus jamais reproduite par la suite. Soit je ne tombais sur aucun marchand de marrons chauds- tiens des marrons maintenant- soit je n\u2019\u00e9tais pas seul et j\u2019ai oubli\u00e9 les autres cornets. \u00c0 Lyon je n\u2019ai jamais achet\u00e9 de marrons chauds. C\u2019\u00e9tait plut\u00f4t des pralines grill\u00e9es... mais jamais seul, avec les enfants certainement. Mais o\u00f9 donc ai-je ramass\u00e9 mes derni\u00e8res ch\u00e2taignes\u2026 probablement dans les bois qui entourent le ch\u00e2teau de Fremont, dans l\u2019Allier. C\u2019\u00e9tait chasse gard\u00e9e \u00e9videmment mais justement elles avaient ce petit go\u00fbt particulier de l\u2019interd\u00eet, comme les ceps, les bolets les girolles que l\u2019on r\u00e9coltait abondamment entre septembre et octobre, parfois m\u00eame d\u00e9but novembre. On partait tous les deux ma m\u00e8re et moi. En mobylette, une bleue comme on disait. S\u2019enfoncer dans les bois avec la trouille d\u2019\u00eatre aper\u00e7us par le garde champ\u00eatre ou le seigneur pr\u00e9sum\u00e9 des lieux. Ch\u00e2taigne c\u2019est aussi le nom d\u2019un coup de poing, je vais te flanquer une ch\u00e2taigne. Mon p\u00e8re disait des choses comme \u00e7a, comme les hommes alentour en g\u00e9n\u00e9ral ou encore un marron. Ceci expliquant cela. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7092jpgw240-4920ae9e-f2bdd.jpg?1762250526", "tags": ["carnet de voyage"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/surface-et-profondeur.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/surface-et-profondeur.html", "title": "Surface et profondeur", "date_published": "2022-11-05T10:21:01Z", "date_modified": "2025-11-04T10:06:14Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Deux fa\u00e7ons habituelles pour moi d\u2019appr\u00e9hender la peinture, surface ou profondeur. Tenter de cr\u00e9er un et au lieu d\u2019un ou. Essai sur un format 40x40 cm ce matin. Huile sans m\u00e9dium, mais l\u2019utilisation excessive du blanc redonne la pr\u00e9pond\u00e9rance \u00e0 la r\u00eaverie, \u00e0 l\u2019\u00e9parpillement, \u00e0 la profondeur. \u00c9chec donc pour l\u2019instant. Attendre que \u00e7a s\u00e8che. Faire autre chose, recommencer plus tard en hissant les choses vers la surface.<\/p>", "content_text": "Deux fa\u00e7ons habituelles pour moi d\u2019appr\u00e9hender la peinture, surface ou profondeur. Tenter de cr\u00e9er un et au lieu d\u2019un ou. Essai sur un format 40x40 cm ce matin. Huile sans m\u00e9dium, mais l\u2019utilisation excessive du blanc redonne la pr\u00e9pond\u00e9rance \u00e0 la r\u00eaverie, \u00e0 l\u2019\u00e9parpillement, \u00e0 la profondeur. \u00c9chec donc pour l\u2019instant. Attendre que \u00e7a s\u00e8che. Faire autre chose, recommencer plus tard en hissant les choses vers la surface. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_7086jpgw1022-364c23c7.jpg?1762250747", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ressembler.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ressembler.html", "title": "Ressembler", "date_published": "2022-11-02T04:44:03Z", "date_modified": "2025-10-27T16:50:25Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

En peinture, l\u2019exclamation de d\u00e9pit : \u00e7a ne ressemble \u00e0 rien.<\/em>Un aveu. Cela peut surgir n\u2019importe o\u00f9, n\u2019importe quand. Le pr\u00e9voir. Trouver aussit\u00f4t la bonne r\u00e9plique. Du tac au tac. Pourquoi voulez-vous, veux-tu absolument que \u00e7a ressemble \u00e0 quelque chose, par exemple. Ce qui me fait penser aussit\u00f4t, \u00e0 la presque homonymie, le mot rassembler<\/strong>.<\/p>\n

Ressembler-rassembler<\/strong>.Et aussi l\u2019utilisation du pronom d\u00e9monstratif \u00e7a<\/em>.Une utilisation que l\u2019on s\u2019autorise soudain<\/em> dans ce que le dictionnaire Larousse nomme une langue non surveill\u00e9e<\/em>. Ainsi on ne surveillerait pas son langage, on l\u00e2cherait prise ( \u00e7a arrive ) on s\u2019exclamerait \u00e7a ne ressemble \u00e0 rien. faut<\/strong>-il donc une impression d\u2019\u00eatre en confiance, dans une intimit\u00e9 pour dire \u00e7a. A qui dit-on \u00e7a. Qui dit \u00e7a \u00e0 qui. Et depuis quelle impression d\u2019appartenance, quelle sensation de se trouver rassembl\u00e9 contre ce qui ne ressemble \u00e0 rien. Contre cette id\u00e9e qu\u2019une chose puisse se d\u00e9rober ainsi, nous \u00e9chapper. Et ressembler \u00e0 quelque chose <\/em>ce qui rassurerait, pronom ou locution pronominale ind\u00e9finie<\/strong> en quoi se sentirait-on rassur\u00e9 de passer ainsi d\u2019un ind\u00e9fini \u00e0 un autre. En passant ainsi d\u2019une chose \u00e0 une autre finalement comme d\u2019un camp \u00e0 un autre. Une autre r\u00e9plique que j\u2019utilise quand je suis fatigu\u00e9 d\u2019entendre toujours le *\u00e7a ne ressemble \u00e0 rien* c\u2019est tant mieux \u00e7a t\u2019appartient vraiment<\/em> ce qui est une forme de compliment<\/strong>. La plupart du temps assez mal interpr\u00e9t\u00e9e par l\u2019autre que son obstination \u00e0 se rassembler \u00e0<\/em> aveugle g\u00e9n\u00e9ralement. On n\u2019a pas toujours la force, l\u2019envie, le courage d\u2019expliquer en d\u00e9tail \u00e0 chaque fois que la peinture n\u2019a pas pour mission de ressembler ni de rassembler. Je prends le temps pour les nouveaux, et ensuite quand \u00e7a ressurgit, je botte en touche. Dans les expositions aussi j\u2019entends le \u00e7a ne ressemble \u00e0 rien<\/strong>. Mais l\u00e0 je ne dis rien. Cela les regarde<\/em>. Je veux dire que je compte sur l\u2019\u00e9cho, ou l\u2019oreille interne, esp\u00e9rant qu\u2019\u00e0 un moment ou l\u2019autre le son comme un boomerang leur reviendra. Qu\u2019ils<\/em> seront frapp\u00e9s par la gr\u00e2ce, que celle-ci les aidera \u00e0 s\u2019\u00e9vader de la b\u00eatise. Comme si l\u2019\u00eatre humain faisait des choses qui puissent ressembler \u00e0 ce fameux quelque chose de rassurant...<\/strong> \u00e9videmment il y a toute l\u2019histoire. \u00c9videmment il y a les grands ma\u00eetres. \u00c9videmment on nous impose une id\u00e9e de la peinture depuis les bancs de l\u2019\u00e9cole maternelle. Une id\u00e9e de ce qu\u2019elle doit \u00eatre, comme de ce qu\u2019elle n\u2019est pas, ne peut pas \u00eatre. Depuis pr\u00e8s d\u2019un si\u00e8cle la peinture a pourtant chang\u00e9, il y a eut beaucoup de remue m\u00e9ninges. Mais l\u2019opinion publique g\u00e9n\u00e9rale reste quand m\u00eame \u00e0 peu pr\u00e8s la m\u00eame qu\u2019au 19eme. On peut aujourd\u2019hui conspuer l\u2019art abstrait, l\u2019art conceptuel, comme autrefois l\u2019impressionnisme. Et la raison est toujours la m\u00eame, c\u2019est se rassembler contre. Car on ne peut de toute \u00e9vidence se rassembler autrement qu\u2019ainsi. Ce mot rassembler utilis\u00e9 par les politiciens, il marche. Pourquoi ? Pourquoi ils n\u2019utilisent pas *r\u00e9unir* au lieu de rassembler\u2026 d\u2019ailleurs l\u2019union<\/em><\/strong> de la gauche ce n\u2019\u00e9tait pas une mauvaise id\u00e9e \u00e0 une \u00e9poque. S\u00e9mantiquement \u00e7a impliquait une vision diff\u00e9rente que de se ressembler les uns les autres.<\/p>", "content_text": "En peinture, l\u2019exclamation de d\u00e9pit : \u00e7a ne ressemble \u00e0 rien.Un aveu. Cela peut surgir n\u2019importe o\u00f9, n\u2019importe quand. Le pr\u00e9voir. Trouver aussit\u00f4t la bonne r\u00e9plique. Du tac au tac. Pourquoi voulez-vous, veux-tu absolument que \u00e7a ressemble \u00e0 quelque chose, par exemple. Ce qui me fait penser aussit\u00f4t, \u00e0 la presque homonymie, le mot rassembler.\n\nRessembler-rassembler.Et aussi l\u2019utilisation du pronom d\u00e9monstratif \u00e7a.Une utilisation que l\u2019on s\u2019autorise soudain dans ce que le dictionnaire Larousse nomme une langue non surveill\u00e9e. Ainsi on ne surveillerait pas son langage, on l\u00e2cherait prise ( \u00e7a arrive ) on s\u2019exclamerait \u00e7a ne ressemble \u00e0 rien. faut-il donc une impression d\u2019\u00eatre en confiance, dans une intimit\u00e9 pour dire \u00e7a. A qui dit-on \u00e7a. Qui dit \u00e7a \u00e0 qui. Et depuis quelle impression d\u2019appartenance, quelle sensation de se trouver rassembl\u00e9 contre ce qui ne ressemble \u00e0 rien. Contre cette id\u00e9e qu\u2019une chose puisse se d\u00e9rober ainsi, nous \u00e9chapper. Et ressembler \u00e0 quelque chose ce qui rassurerait, pronom ou locution pronominale ind\u00e9finie en quoi se sentirait-on rassur\u00e9 de passer ainsi d\u2019un ind\u00e9fini \u00e0 un autre. En passant ainsi d\u2019une chose \u00e0 une autre finalement comme d\u2019un camp \u00e0 un autre. Une autre r\u00e9plique que j\u2019utilise quand je suis fatigu\u00e9 d\u2019entendre toujours le *\u00e7a ne ressemble \u00e0 rien* c\u2019est tant mieux \u00e7a t\u2019appartient vraiment ce qui est une forme de compliment. La plupart du temps assez mal interpr\u00e9t\u00e9e par l\u2019autre que son obstination \u00e0 se rassembler \u00e0 aveugle g\u00e9n\u00e9ralement. On n\u2019a pas toujours la force, l\u2019envie, le courage d\u2019expliquer en d\u00e9tail \u00e0 chaque fois que la peinture n\u2019a pas pour mission de ressembler ni de rassembler. Je prends le temps pour les nouveaux, et ensuite quand \u00e7a ressurgit, je botte en touche. Dans les expositions aussi j\u2019entends le \u00e7a ne ressemble \u00e0 rien. Mais l\u00e0 je ne dis rien. Cela les regarde. Je veux dire que je compte sur l\u2019\u00e9cho, ou l\u2019oreille interne, esp\u00e9rant qu\u2019\u00e0 un moment ou l\u2019autre le son comme un boomerang leur reviendra. Qu\u2019ils seront frapp\u00e9s par la gr\u00e2ce, que celle-ci les aidera \u00e0 s\u2019\u00e9vader de la b\u00eatise. Comme si l\u2019\u00eatre humain faisait des choses qui puissent ressembler \u00e0 ce fameux quelque chose de rassurant... \u00e9videmment il y a toute l\u2019histoire. \u00c9videmment il y a les grands ma\u00eetres. \u00c9videmment on nous impose une id\u00e9e de la peinture depuis les bancs de l\u2019\u00e9cole maternelle. Une id\u00e9e de ce qu\u2019elle doit \u00eatre, comme de ce qu\u2019elle n\u2019est pas, ne peut pas \u00eatre. Depuis pr\u00e8s d\u2019un si\u00e8cle la peinture a pourtant chang\u00e9, il y a eut beaucoup de remue m\u00e9ninges. 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La petite dame est n\u00e9e en 1930 \u00e0 Marengo, Alg\u00e9rie. Une histoire surr\u00e9aliste encore une fois comme on en voit tant en r\u00e9alit\u00e9. \u00c9lev\u00e9e par sa grand-m\u00e8re qui toute son enfance se fera passer pour sa m\u00e8re. Sa m\u00e8re engross\u00e9e par on ne sait qui. Cette jeune femme volage qui quittera rapidement la ville neuve et qu\u2019elle, la petite dame consid\u00e9ra, les rares fois o\u00f9 elles se crois\u00e8rent, comme une lointaine cousine. Tout le quartier savait, elle se souvient parfois. Elle le r\u00e9p\u00e8te en boucle quand \u00e7a lui revient, comme une vieille blessure qui se r\u00e9ouvre, une humiliation cinglante qui l\u2019extirpe de l\u2019oubli d\u00fb \u00e0 la maladie, une fa\u00e7on de tenir bon.<\/p>\n

Le p\u00e8re on n\u2019en parle pas. On ne sait qui il est. Aucune trace.<\/p>\n

Quand elle se souvient elle dit j\u2019allais \u00e0 l\u2019\u00e9cole \u00e0 Marengo. Mais cette ville porte d\u00e9sormais un autre nom-Hadjout-Peut-on dire pour autant qu\u2019elle n\u2019existe plus. Quelles traces r\u00e9sisteraient encore \u00e0 l\u2019\u00e9rosion. Fortuitement hier je d\u00e9couvre le travail de Xavier Georgin site<\/a> qui m\u2019a beaucoup touch\u00e9. La notion d\u2019exil qui m\u2019est une fois de plus revenue en plein c\u0153ur. Et aussi une nouvelle confirmation, une confortation si je peux dire quant au fait qu\u2019il n\u2019existe pas de hasard. Que seul notre attention sans doute \u00e0 ce que nous consid\u00e9rons comme hasard peut-\u00eatre cet outil pour tisser des liens entre les choses d\u2019apparences bizarres, voire totalement saugrenues.<\/p>\n

Qu\u2019un texte sur Istamboul se retrouve soudain ins\u00e9r\u00e9 dans son travail sur l\u2019Algerie ne m\u2019\u00e9tonne pas. La pr\u00e9sence Turque en Alg\u00e9rie a bel et bien exist\u00e9e. Ainsi nos pas semblent nous conduire par des chemins d\u2019errance qui n\u2019en sont pas vraiment. Tout semble d\u00e9j\u00e0 \u00e9crit quelque part dans le grand livre de notre vie. Mais ce qui compte, comme pour tout livre, c\u2019est seulement la bonne volont\u00e9 du lecteur. Le nouveau nom de Marengo signale justement tout un pan d\u2019histoire qui s\u2019est achev\u00e9 en 1830, date de fin d\u2019une vassalit\u00e9 de l\u2019Alg\u00e9rie aux ma\u00eetres Ottomans. Qui se souvient encore de la R\u00e9gence d\u2019Alger, de cette all\u00e9geance cr\u00e9e par la peur d\u2019\u00eatre sous le joug des Espagnols. De l\u2019intervention des corsaires Barberousse, deux grecs convertis \u00e0 l\u2019islam qui jou\u00e8rent le r\u00f4le de diplomates entre les turcs et les populations de Bejaia puis d\u2019Alger. Qui sait encore l\u2019origine d\u2019expressions administratives comme « ibn al-turki » fils du turc ou fils du serviteur.<\/p>\n

Vingt ans plus tard (1851) Marengo remplace Meurad, ancien nom de la localit\u00e9. Meurad a subit un sort \u00e9trange \u00e9galement puisqu\u2019elle fut « d\u00e9plac\u00e9e » \u00e0 quelques kilom\u00e8tres seulement de la nouvelle ville. Peut-\u00eatre que si la petite dame avait encore toute sa t\u00eate elle se souviendrait y avoir \u00e9t\u00e9. Cinq kilom\u00e8tres tout au plus...<\/p>\n

Ainsi l\u2019oubli se pr\u00e9sente ainsi \u00e0 nous comme un fl\u00e9au. Certains l\u2019acceptent comme une donn\u00e9e fondamentale de la vie, d\u2019autres ne peuvent s\u2019y r\u00e9soudre. Exhumer des traces, des souvenirs, c\u2019est se plonger dans toute une histoire. D\u2019embl\u00e9e je comprends le magn\u00e9tisme qu\u2019op\u00e8re une telle qu\u00eate. Tenter de raccrocher le pr\u00e9sent au pass\u00e9 notamment. Mieux comprendre sa propre histoire. Relier une autobiographie \u00e0 quelque chose qui la d\u00e9passe, et la d\u00e9passant nous lib\u00e8re du poids que tout exil semble provoquer. Cette sensation d\u2019\u00e9tranget\u00e9 au monde que je connais bien. Ainsi trois personnages pourraient se distinguer soudain pour \u00e9crire une fresque, un r\u00e9cit qui relie aujourd\u2019hui et hier. Une vieille dame dont la m\u00e9moire bat de l\u2019aile et qui revient de fa\u00e7on obsessionnelle \u00e0 son enfance, \u00e0 Marengo. Un homme qui manipule des cartes les presse entre ses mains pour tenter d\u2019en extraire le visage d\u2019un pays qui n\u2019existe plus pour ses nouveaux habitants. Et puis cet homme tortur\u00e9 par l\u2019histoire de son p\u00e8re ancien sous-officier durant la guerre d\u2019Alg\u00e9rie par l\u2019histoire d\u2019un autre exil, celui dont il aura pris connaissance par la m\u00e8re, la grand-m\u00e8re les r\u00e9cits autour d\u2019un grand-p\u00e8re inconnu estonien, en 1917 p\u00e9riode o\u00f9 les sovi\u00e9tiques font main basse sur les pays baltes. \u00c0 cela s\u2019ajoute des bribes de souvenirs entendues dans l\u2019enfance tout \u00e0 fait surr\u00e9alistes quand j\u2019y repense. La m\u00e8re de mon p\u00e8re aurait tenu un commerce \u00e0 Alger. C\u2019est tellement fugace, nul n\u2019en parlait que parfois il m\u2019a sembl\u00e9 avoir r\u00eav\u00e9 ces souvenirs. Lorsque j\u2019ai d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 la maison de mon p\u00e8re apr\u00e8s son d\u00e9c\u00e8s en 2013 j\u2019ai retrouv\u00e9 des cahiers dans lesquels il avait recueilli des notes sur l\u2019empire Ottoman, sur l\u2019histoire des sultans, l\u2019Arabie des Abassydes. Et puis un sac en plastique au dessus d\u2019une armoire dans lequel un b\u00e9ret rouge, des insignes, des m\u00e9dailles. Comment l\u2019histoire pass\u00e9e impacte le pr\u00e9sent et qui nous sommes vraiment, c\u2019est un myst\u00e8re. Il y a aussi une honte que nous avons comme t\u00e2che, que nous nous donnons comme t\u00e2che ou pour mission de transformer en quelque chose d\u2019autre. Ce serait trop simple de parler de fiert\u00e9 et probablement bien trop sym\u00e9trique. Mais explorer ces hontes, ces malaises \u00e9prouv\u00e9s durant tant d\u2019ann\u00e9es par toute forme d\u2019exil qui cherche \u00e0 rencontrer l\u2019autre, \u00e0 se relier, \u00e0 recr\u00e9er quoi du pays, de la g\u00e9ographie, de l\u2019orientation je crois que la beaut\u00e9 est d\u2019autant plus touchante qu\u2019elle ne sert \u00e0 rien dans ce nouveau monde dans lequel l\u2019oubli, l\u2019imm\u00e9diatet\u00e9, sont devenus des mots d\u2019ordre<\/p>", "content_text": "La petite dame est n\u00e9e en 1930 \u00e0 Marengo, Alg\u00e9rie. Une histoire surr\u00e9aliste encore une fois comme on en voit tant en r\u00e9alit\u00e9. \u00c9lev\u00e9e par sa grand-m\u00e8re qui toute son enfance se fera passer pour sa m\u00e8re. Sa m\u00e8re engross\u00e9e par on ne sait qui. Cette jeune femme volage qui quittera rapidement la ville neuve et qu\u2019elle, la petite dame consid\u00e9ra, les rares fois o\u00f9 elles se crois\u00e8rent, comme une lointaine cousine. Tout le quartier savait, elle se souvient parfois. Elle le r\u00e9p\u00e8te en boucle quand \u00e7a lui revient, comme une vieille blessure qui se r\u00e9ouvre, une humiliation cinglante qui l\u2019extirpe de l\u2019oubli d\u00fb \u00e0 la maladie, une fa\u00e7on de tenir bon. \n\nLe p\u00e8re on n\u2019en parle pas. On ne sait qui il est. Aucune trace. \n\nQuand elle se souvient elle dit j\u2019allais \u00e0 l\u2019\u00e9cole \u00e0 Marengo. Mais cette ville porte d\u00e9sormais un autre nom-Hadjout-Peut-on dire pour autant qu\u2019elle n\u2019existe plus. Quelles traces r\u00e9sisteraient encore \u00e0 l\u2019\u00e9rosion. Fortuitement hier je d\u00e9couvre le travail de Xavier Georgin site qui m\u2019a beaucoup touch\u00e9. La notion d\u2019exil qui m\u2019est une fois de plus revenue en plein c\u0153ur. Et aussi une nouvelle confirmation, une confortation si je peux dire quant au fait qu\u2019il n\u2019existe pas de hasard. Que seul notre attention sans doute \u00e0 ce que nous consid\u00e9rons comme hasard peut-\u00eatre cet outil pour tisser des liens entre les choses d\u2019apparences bizarres, voire totalement saugrenues. \n\nQu\u2019un texte sur Istamboul se retrouve soudain ins\u00e9r\u00e9 dans son travail sur l\u2019Algerie ne m\u2019\u00e9tonne pas. La pr\u00e9sence Turque en Alg\u00e9rie a bel et bien exist\u00e9e. Ainsi nos pas semblent nous conduire par des chemins d\u2019errance qui n\u2019en sont pas vraiment. Tout semble d\u00e9j\u00e0 \u00e9crit quelque part dans le grand livre de notre vie. Mais ce qui compte, comme pour tout livre, c\u2019est seulement la bonne volont\u00e9 du lecteur. Le nouveau nom de Marengo signale justement tout un pan d\u2019histoire qui s\u2019est achev\u00e9 en 1830, date de fin d\u2019une vassalit\u00e9 de l\u2019Alg\u00e9rie aux ma\u00eetres Ottomans. Qui se souvient encore de la R\u00e9gence d\u2019Alger, de cette all\u00e9geance cr\u00e9e par la peur d\u2019\u00eatre sous le joug des Espagnols. De l\u2019intervention des corsaires Barberousse, deux grecs convertis \u00e0 l\u2019islam qui jou\u00e8rent le r\u00f4le de diplomates entre les turcs et les populations de Bejaia puis d\u2019Alger. Qui sait encore l\u2019origine d\u2019expressions administratives comme \u00ab ibn al-turki \u00bb fils du turc ou fils du serviteur. \n\nVingt ans plus tard (1851) Marengo remplace Meurad, ancien nom de la localit\u00e9. Meurad a subit un sort \u00e9trange \u00e9galement puisqu\u2019elle fut \u00ab d\u00e9plac\u00e9e \u00bb \u00e0 quelques kilom\u00e8tres seulement de la nouvelle ville. Peut-\u00eatre que si la petite dame avait encore toute sa t\u00eate elle se souviendrait y avoir \u00e9t\u00e9. Cinq kilom\u00e8tres tout au plus... \n\nAinsi l\u2019oubli se pr\u00e9sente ainsi \u00e0 nous comme un fl\u00e9au. Certains l\u2019acceptent comme une donn\u00e9e fondamentale de la vie, d\u2019autres ne peuvent s\u2019y r\u00e9soudre. Exhumer des traces, des souvenirs, c\u2019est se plonger dans toute une histoire. D\u2019embl\u00e9e je comprends le magn\u00e9tisme qu\u2019op\u00e8re une telle qu\u00eate. Tenter de raccrocher le pr\u00e9sent au pass\u00e9 notamment. Mieux comprendre sa propre histoire. Relier une autobiographie \u00e0 quelque chose qui la d\u00e9passe, et la d\u00e9passant nous lib\u00e8re du poids que tout exil semble provoquer. Cette sensation d\u2019\u00e9tranget\u00e9 au monde que je connais bien. Ainsi trois personnages pourraient se distinguer soudain pour \u00e9crire une fresque, un r\u00e9cit qui relie aujourd\u2019hui et hier. Une vieille dame dont la m\u00e9moire bat de l\u2019aile et qui revient de fa\u00e7on obsessionnelle \u00e0 son enfance, \u00e0 Marengo. Un homme qui manipule des cartes les presse entre ses mains pour tenter d\u2019en extraire le visage d\u2019un pays qui n\u2019existe plus pour ses nouveaux habitants. Et puis cet homme tortur\u00e9 par l\u2019histoire de son p\u00e8re ancien sous-officier durant la guerre d\u2019Alg\u00e9rie par l\u2019histoire d\u2019un autre exil, celui dont il aura pris connaissance par la m\u00e8re, la grand-m\u00e8re les r\u00e9cits autour d\u2019un grand-p\u00e8re inconnu estonien, en 1917 p\u00e9riode o\u00f9 les sovi\u00e9tiques font main basse sur les pays baltes. \u00c0 cela s\u2019ajoute des bribes de souvenirs entendues dans l\u2019enfance tout \u00e0 fait surr\u00e9alistes quand j\u2019y repense. La m\u00e8re de mon p\u00e8re aurait tenu un commerce \u00e0 Alger. C\u2019est tellement fugace, nul n\u2019en parlait que parfois il m\u2019a sembl\u00e9 avoir r\u00eav\u00e9 ces souvenirs. Lorsque j\u2019ai d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 la maison de mon p\u00e8re apr\u00e8s son d\u00e9c\u00e8s en 2013 j\u2019ai retrouv\u00e9 des cahiers dans lesquels il avait recueilli des notes sur l\u2019empire Ottoman, sur l\u2019histoire des sultans, l\u2019Arabie des Abassydes. Et puis un sac en plastique au dessus d\u2019une armoire dans lequel un b\u00e9ret rouge, des insignes, des m\u00e9dailles. Comment l\u2019histoire pass\u00e9e impacte le pr\u00e9sent et qui nous sommes vraiment, c\u2019est un myst\u00e8re. Il y a aussi une honte que nous avons comme t\u00e2che, que nous nous donnons comme t\u00e2che ou pour mission de transformer en quelque chose d\u2019autre. Ce serait trop simple de parler de fiert\u00e9 et probablement bien trop sym\u00e9trique. Mais explorer ces hontes, ces malaises \u00e9prouv\u00e9s durant tant d\u2019ann\u00e9es par toute forme d\u2019exil qui cherche \u00e0 rencontrer l\u2019autre, \u00e0 se relier, \u00e0 recr\u00e9er quoi du pays, de la g\u00e9ographie, de l\u2019orientation je crois que la beaut\u00e9 est d\u2019autant plus touchante qu\u2019elle ne sert \u00e0 rien dans ce nouveau monde dans lequel l\u2019oubli, l\u2019imm\u00e9diatet\u00e9, sont devenus des mots d\u2019ordre", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/b31c9aa5-9f5f-42-7e79c3b7.jpg?1761583611", "tags": [] } ] }