{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-inaccessible-tableau.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-inaccessible-tableau.html", "title": "L\u2019inaccessible tableau", "date_published": "2021-07-26T06:42:07Z", "date_modified": "2025-11-15T20:23:24Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
Aussi \u00e9loign\u00e9 que l\u2019\u00e9toile<\/p>\n
Car ce qui compte est dans le cheminement<\/p>\n
Une fois parvenu la b\u00eatise coule \u00e0 flots<\/p>\n
La gravit\u00e9 d\u2019un second tome de Cervantes<\/p>\n
La goutte de trop\u2026<\/p>", "content_text": "Aussi \u00e9loign\u00e9 que l\u2019\u00e9toile \n\nCar ce qui compte est dans le cheminement \n\nUne fois parvenu la b\u00eatise coule \u00e0 flots \n\nLa gravit\u00e9 d\u2019un second tome de Cervantes\n\nLa goutte de trop\u2026", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2194.jpg?1763238188", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-aura-d-une-oeuvre-d-art.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-aura-d-une-oeuvre-d-art.html", "title": "L'aura d'une \u0153uvre d'art", "date_published": "2021-07-24T20:46:00Z", "date_modified": "2025-11-15T20:22:03Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
Aujourd’hui c’est l’anniversaire de ma belle-m\u00e8re, une dame de 90 ans tout rond, et nous avions rendez-vous chez une de ses filles pour partager ce moment. Toute la famille \u00e9tait l\u00e0 et chacun avait apport\u00e9 des victuailles et des boissons pour c\u00e9l\u00e9brer l’\u00e9v\u00e9nement.<\/p>\n
Plusieurs fois, la vieille dame s’est pench\u00e9e vers moi pour me dire qu’elle ne savait pas du tout comment elle \u00e9tait arriv\u00e9e jusqu’\u00e0 cet \u00e2ge avanc\u00e9.<\/p>\n
90 ans je n’arrive pas \u00e0 le croire... ne cessait t’elle pas de r\u00e9p\u00e9ter, parfois pour elle seule comme s’il fallait que \u00e7a rentre, que ce ne soit pas du domaine de l’illusion, pour que cela devienne un fait av\u00e9r\u00e9.<\/p>\n
90 ans, incroyable... mais il faut tout de m\u00eame y croire.<\/p>\n
En rentrant je pensais \u00e0 tous les membres de ma famille, qui furent rares \u00e0 atteindre cet \u00e2ge v\u00e9n\u00e9rable. Mes grand-parents sont partis de fa\u00e7on pr\u00e9coce . Et mes parents encore plus rapidement.<\/p>\n
En croisant le regard de la vieille dame, il y avait cette interrogation derri\u00e8re les effusions de joie dont elle faisait montre. Serais je encore l\u00e0 pour f\u00eater la suite ? l’ann\u00e9e prochaine par exemple... je l’ai surprise \u00e0 le penser comme \u00e0 voix haute.<\/p>\n
Et puis \u00e0 la hauteur de Vienne o\u00f9 nous devions d\u00e9poser mon beau-fils, j’ai repens\u00e9 \u00e0 ce vide que les gens laissent aux vivants, avec lequel surtout ils doivent se d\u00e9brouiller.<\/p>\n
Merci au revoir, profitant d’un feu rouge, une porti\u00e8re qui s’ouvre et se referme, puis le feu passe au vert et je passe la premi\u00e8re pour m’enfiler dans la cohue, traverser ce qui reste \u00e0 traverser de la ville pour me retrouver \u00e0 rouler sur la RN7 en rase campagne quelques instants plus tard.<\/p>\n
C’est fou \u00e0 la vitesse o\u00f9 les choses naissent existent et disparaissent.<\/p>\n
Et bien sur le soir commen\u00e7ait \u00e0 tomber, et bien sur je pensais \u00e0 la peinture, je pensais \u00e0 mes toiles, \u00e0 mes toiles apr\u00e8s moi, encore une fois de plus. Lorsque moi aussi j’aurai disparu.<\/p>\n
Et j’ai d\u00e9couvert comme une sorte de r\u00e9ciprocit\u00e9 singuli\u00e8re soudain entre cette id\u00e9e d’\u0153uvre d’art et cette id\u00e9e de vie qui traverse l’espace temps \u00e0 la vitesse de l’\u00e9clair.<\/p>\n
Que laisse une \u0153uvre derri\u00e8re elle lorsque l’\u00e9poque et l’espace dans lesquels elle a \u00e9t\u00e9 con\u00e7us sont devenus \u00e9trangers \u00e0 des contemporains du futur ?<\/p>\n
En allant boire le caf\u00e9, pour fuir une averse nous sommes mont\u00e9 boire le caf\u00e9 chez le couple qui nous accueillait. Lui s’est mis \u00e0 collectionner des pi\u00e8ces d’antiquit\u00e9s et il prit un grand plaisir \u00e0 nous pr\u00e9senter celles ci qu’il enferme dans une petite vitrine.<\/p>\n
Il y avait l\u00e0 des bronzes, notamment une hache votive de couleur vert de gris, une anse travaill\u00e9e de fa\u00e7on \u00e0 repr\u00e9senter Dionysos, le visage r\u00e9jouit tourn\u00e9 vers ce qu’on imagine avoir pu \u00eatre un pot \u00e0 vin qui a d\u00e9sormais disparut. Des petits boucs en face \u00e0 face ayant connu tout un monde de marchands et de po\u00e8tes de la Perse antique, un vase en alb\u00e2tre dont on pouvait s’apercevoir de l’authenticit\u00e9 en raison des stries concentriques laiss\u00e9es sur ses parois translucides.<\/p>\n
Ce qui \u00e9tait touchant c’\u00e9tait les certificats d’authenticit\u00e9 justement qui accompagnait chacune de ces \u0153uvres et o\u00f9 \u00e9taient stipul\u00e9s les divers carottages, tests, et analyses men\u00e9s par les experts pour attester qu’une telle provenait de -2000 avant JC, une autre 400 apr\u00e8s... et quelques paragraphes en sus indiquant la provenance, les dimensions, le prix. Tous les dits documents sign\u00e9s \u00e0 la main par qui de droit.<\/p>\n
C’est tout ce qui pouvait \u00e9tayer, remplacer si l’on veut l’espace et le temps dont je parlais plus haut.<\/p>\n
Les \u0153uvres quant \u00e0 elles restaient scell\u00e9es dans leur singularit\u00e9 ne laissant filtrer qu’un mince filet de familiarit\u00e9 possible li\u00e9 \u00e0 la r\u00e9p\u00e9tition innombrable des formes et \u00e0 l’histoire que chacun entretient avec elles.<\/p>\n
Soudain je pensais aussi \u00e0 l’architecture en mettant la clef dans la serrure de notre home sweet home enfin, qui se construit pour mettre en valeur le vide.<\/p>\n
Et j’ai eu comme un vertige.<\/p>\n
Ce ne sont pas tant les \u0153uvres en elle m\u00eame qui r\u00e9v\u00e8lent quoi que ce soit sauf cette fameuse singularit\u00e9. C’est ce qui a \u00e9t\u00e9 tout autour d’elles et qui n’est plus, c’est le vide d’o\u00f9 elles surgissent et dont elles semblent t\u00e9moigner au final.<\/p>\n
Encore une raison de plus me dis-je pour s’accrocher au hic et nunc<\/em>, au moment, le reste n’\u00e9tant que songe filant vers on ne sait quoi on ne sait o\u00f9.<\/p>\n Voil\u00e0 ce que repr\u00e9sente la peinture sans doute dans mon esprit enfantin et peureux, une mat\u00e9rialisation de l’instant pr\u00e9sent, qui parfois s’\u00e9tend, mais ce n’est pas bien grave, sur plusieurs heures mois ann\u00e9es cr\u00e9ant un espace s\u00e9curis\u00e9.<\/p>\n Une sorte de barrage contre ce torrent du temps et de l’espace du monde \"r\u00e9el\" qui nous avale et nous recrache en cendres.<\/p>\n Une respiration qui s’\u00e9l\u00e8ve plus ou moins courageusement contre le risque d’\u00eatre la derni\u00e8re, avant l’ultime calcination, la r\u00e9duction en poudre, en atomes...<\/p>",
"content_text": "Aujourd'hui c'est l'anniversaire de ma belle-m\u00e8re, une dame de 90 ans tout rond, et nous avions rendez-vous chez une de ses filles pour partager ce moment. Toute la famille \u00e9tait l\u00e0 et chacun avait apport\u00e9 des victuailles et des boissons pour c\u00e9l\u00e9brer l'\u00e9v\u00e9nement.\n\nPlusieurs fois, la vieille dame s'est pench\u00e9e vers moi pour me dire qu'elle ne savait pas du tout comment elle \u00e9tait arriv\u00e9e jusqu'\u00e0 cet \u00e2ge avanc\u00e9.\n\n90 ans je n'arrive pas \u00e0 le croire... ne cessait t'elle pas de r\u00e9p\u00e9ter, parfois pour elle seule comme s'il fallait que \u00e7a rentre, que ce ne soit pas du domaine de l'illusion, pour que cela devienne un fait av\u00e9r\u00e9.\n\n90 ans, incroyable... mais il faut tout de m\u00eame y croire.\n\nEn rentrant je pensais \u00e0 tous les membres de ma famille, qui furent rares \u00e0 atteindre cet \u00e2ge v\u00e9n\u00e9rable. Mes grand-parents sont partis de fa\u00e7on pr\u00e9coce . Et mes parents encore plus rapidement.\n\nEn croisant le regard de la vieille dame, il y avait cette interrogation derri\u00e8re les effusions de joie dont elle faisait montre. Serais je encore l\u00e0 pour f\u00eater la suite ? l'ann\u00e9e prochaine par exemple... je l'ai surprise \u00e0 le penser comme \u00e0 voix haute.\n\nEt puis \u00e0 la hauteur de Vienne o\u00f9 nous devions d\u00e9poser mon beau-fils, j'ai repens\u00e9 \u00e0 ce vide que les gens laissent aux vivants, avec lequel surtout ils doivent se d\u00e9brouiller.\n\nMerci au revoir, profitant d'un feu rouge, une porti\u00e8re qui s'ouvre et se referme, puis le feu passe au vert et je passe la premi\u00e8re pour m'enfiler dans la cohue, traverser ce qui reste \u00e0 traverser de la ville pour me retrouver \u00e0 rouler sur la RN7 en rase campagne quelques instants plus tard.\n\nC'est fou \u00e0 la vitesse o\u00f9 les choses naissent existent et disparaissent.\n\nEt bien sur le soir commen\u00e7ait \u00e0 tomber, et bien sur je pensais \u00e0 la peinture, je pensais \u00e0 mes toiles, \u00e0 mes toiles apr\u00e8s moi, encore une fois de plus. Lorsque moi aussi j'aurai disparu.\n\nEt j'ai d\u00e9couvert comme une sorte de r\u00e9ciprocit\u00e9 singuli\u00e8re soudain entre cette id\u00e9e d'\u0153uvre d'art et cette id\u00e9e de vie qui traverse l'espace temps \u00e0 la vitesse de l'\u00e9clair.\n\nQue laisse une \u0153uvre derri\u00e8re elle lorsque l'\u00e9poque et l'espace dans lesquels elle a \u00e9t\u00e9 con\u00e7us sont devenus \u00e9trangers \u00e0 des contemporains du futur ?\n\nEn allant boire le caf\u00e9, pour fuir une averse nous sommes mont\u00e9 boire le caf\u00e9 chez le couple qui nous accueillait. Lui s'est mis \u00e0 collectionner des pi\u00e8ces d'antiquit\u00e9s et il prit un grand plaisir \u00e0 nous pr\u00e9senter celles ci qu'il enferme dans une petite vitrine.\n\nIl y avait l\u00e0 des bronzes, notamment une hache votive de couleur vert de gris, une anse travaill\u00e9e de fa\u00e7on \u00e0 repr\u00e9senter Dionysos, le visage r\u00e9jouit tourn\u00e9 vers ce qu'on imagine avoir pu \u00eatre un pot \u00e0 vin qui a d\u00e9sormais disparut. Des petits boucs en face \u00e0 face ayant connu tout un monde de marchands et de po\u00e8tes de la Perse antique, un vase en alb\u00e2tre dont on pouvait s'apercevoir de l'authenticit\u00e9 en raison des stries concentriques laiss\u00e9es sur ses parois translucides.\n\nCe qui \u00e9tait touchant c'\u00e9tait les certificats d'authenticit\u00e9 justement qui accompagnait chacune de ces \u0153uvres et o\u00f9 \u00e9taient stipul\u00e9s les divers carottages, tests, et analyses men\u00e9s par les experts pour attester qu'une telle provenait de -2000 avant JC, une autre 400 apr\u00e8s... et quelques paragraphes en sus indiquant la provenance, les dimensions, le prix. Tous les dits documents sign\u00e9s \u00e0 la main par qui de droit.\n\nC'est tout ce qui pouvait \u00e9tayer, remplacer si l'on veut l'espace et le temps dont je parlais plus haut.\n\nLes \u0153uvres quant \u00e0 elles restaient scell\u00e9es dans leur singularit\u00e9 ne laissant filtrer qu'un mince filet de familiarit\u00e9 possible li\u00e9 \u00e0 la r\u00e9p\u00e9tition innombrable des formes et \u00e0 l'histoire que chacun entretient avec elles.\n\nSoudain je pensais aussi \u00e0 l'architecture en mettant la clef dans la serrure de notre home sweet home enfin, qui se construit pour mettre en valeur le vide.\n\nEt j'ai eu comme un vertige. \n\nCe ne sont pas tant les \u0153uvres en elle m\u00eame qui r\u00e9v\u00e8lent quoi que ce soit sauf cette fameuse singularit\u00e9. C'est ce qui a \u00e9t\u00e9 tout autour d'elles et qui n'est plus, c'est le vide d'o\u00f9 elles surgissent et dont elles semblent t\u00e9moigner au final.\n\nEncore une raison de plus me dis-je pour s'accrocher au hic et nunc, au moment, le reste n'\u00e9tant que songe filant vers on ne sait quoi on ne sait o\u00f9.\n\nVoil\u00e0 ce que repr\u00e9sente la peinture sans doute dans mon esprit enfantin et peureux, une mat\u00e9rialisation de l'instant pr\u00e9sent, qui parfois s'\u00e9tend, mais ce n'est pas bien grave, sur plusieurs heures mois ann\u00e9es cr\u00e9ant un espace s\u00e9curis\u00e9.\n\nUne sorte de barrage contre ce torrent du temps et de l'espace du monde \"r\u00e9el\" qui nous avale et nous recrache en cendres.\n\nUne respiration qui s'\u00e9l\u00e8ve plus ou moins courageusement contre le risque d'\u00eatre la derni\u00e8re, avant l'ultime calcination, la r\u00e9duction en poudre, en atomes...",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/avoir-envie-de-ne-pas-avoir-envie.html",
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"title": "Avoir envie de ne pas avoir envie",
"date_published": "2021-07-24T07:46:31Z",
"date_modified": "2025-11-15T20:18:54Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Ouvrir les yeux dans le noir pour trouver la lumi\u00e8re.<\/p>\n Oui mais il faut d\u2019abord \u00eatre certain du noir.<\/p>\n Il ne faudrait pas un gris fonc\u00e9, une sorte d\u2019ersatz.<\/p>\n Parce que la nature de la lumi\u00e8re est li\u00e9e \u00e0 celle du noir.<\/p>\n Avoir envie de de pas avoir envie<\/p>\n De choses s\u00e9duisantes , fausses, d\u00e9j\u00e0 vues mille fois\u2026<\/p>\n L\u2019\u00e9tau se resserre<\/p>\n Et moi du caf\u00e9 pour rester les yeux bien ouverts.<\/p>",
"content_text": "Ouvrir les yeux dans le noir pour trouver la lumi\u00e8re. \n\nOui mais il faut d\u2019abord \u00eatre certain du noir. \n\nIl ne faudrait pas un gris fonc\u00e9, une sorte d\u2019ersatz. \n\nParce que la nature de la lumi\u00e8re est li\u00e9e \u00e0 celle du noir.\n\nAvoir envie de de pas avoir envie \n\nDe choses s\u00e9duisantes , fausses, d\u00e9j\u00e0 vues mille fois\u2026\n\nL\u2019\u00e9tau se resserre \n\nEt moi du caf\u00e9 pour rester les yeux bien ouverts.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/histoire-de-dindons.html",
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"title": "Histoire de dindons",
"date_published": "2021-07-23T08:45:51Z",
"date_modified": "2025-11-15T20:16:24Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Un dindon se dandinait en dodelinant de la t\u00eate ce qui procurait un dr\u00f4le de tremblement \u00e0 sa pendeloque \u00e0 son fanon et pis sa barbe.<\/p>\n Une vieille dinde encore coquette, affam\u00e9e et hors d\u2019elle pour ces deux raisons d\u00e9raisonnables avisa notre dindon.<\/p>\n Un glouglou par ci un glouglou par l\u00e0 et je te ments par l\u00e0 et je te ments par ci.<\/p>\n Comme ces deux l\u00e0 voulaient approximativement la m\u00eame chose ils essayent d\u2019\u00eatre amants.<\/p>\n Un petit coup par ci et beaucoup de r\u00e9tablissement par l\u00e0.<\/p>\n Vous vous faites vieux mon cher s\u2019\u00e9crie la dinde hors d\u2019elle et toujours affam\u00e9e \u00e9videmment<\/p>\n Vous \u00eates si exigeante tente le vieux sans vouloir la froisser. Alors que dans sa barbe , juch\u00e9 sur ses ergots il manque basculer croupion par dessus t\u00eate en songeant bigre qu\u2019elle vieille peau !<\/p>\n Exigeante vous dites ? Vous vous regardez ? Vous ne faites que pr\u00e9tendre sans avoir rien de tendre !<\/p>\n Le fermier qui finit sa sieste se l\u00e8ve d\u2019un mauvais pied en entendant le boucan des deux gallinac\u00e9s et dit non mais assez !<\/p>\n D\u2019un coup d\u2019un seul il tranche le cou du gros et de la mondaine.<\/p>\n Qui continue comme il se doit \u00e0 marcher sans queue ni t\u00eate comme cette petite histoire.<\/p>\n Moralit\u00e9 quand on est de l\u2019esp\u00e8ce des dindons il faut profiter de l\u2019instant pr\u00e9sent fermer son bec et faire feu de tout bois bon an mal an sous peine de perdre toute illusion et surtout la t\u00eate.<\/p>\n Enfin se sauver dans le bon sens voulais je dire\u2026<\/p>",
"content_text": "Un dindon se dandinait en dodelinant de la t\u00eate ce qui procurait un dr\u00f4le de tremblement \u00e0 sa pendeloque \u00e0 son fanon et pis sa barbe.\n\nUne vieille dinde encore coquette, affam\u00e9e et hors d\u2019elle pour ces deux raisons d\u00e9raisonnables avisa notre dindon.\n\nUn glouglou par ci un glouglou par l\u00e0 et je te ments par l\u00e0 et je te ments par ci. \n\nComme ces deux l\u00e0 voulaient approximativement la m\u00eame chose ils essayent d\u2019\u00eatre amants.\n\nUn petit coup par ci et beaucoup de r\u00e9tablissement par l\u00e0.\n\nVous vous faites vieux mon cher s\u2019\u00e9crie la dinde hors d\u2019elle et toujours affam\u00e9e \u00e9videmment\n\nVous \u00eates si exigeante tente le vieux sans vouloir la froisser. Alors que dans sa barbe , juch\u00e9 sur ses ergots il manque basculer croupion par dessus t\u00eate en songeant bigre qu\u2019elle vieille peau !\n\nExigeante vous dites ? Vous vous regardez ? Vous ne faites que pr\u00e9tendre sans avoir rien de tendre !\n\nLe fermier qui finit sa sieste se l\u00e8ve d\u2019un mauvais pied en entendant le boucan des deux gallinac\u00e9s et dit non mais assez !\n\nD\u2019un coup d\u2019un seul il tranche le cou du gros et de la mondaine.\n\nQui continue comme il se doit \u00e0 marcher sans queue ni t\u00eate comme cette petite histoire.\n\nMoralit\u00e9 quand on est de l\u2019esp\u00e8ce des dindons il faut profiter de l\u2019instant pr\u00e9sent fermer son bec et faire feu de tout bois bon an mal an sous peine de perdre toute illusion et surtout la t\u00eate.\n\nEnfin se sauver dans le bon sens voulais je dire\u2026",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/on-ne-peut-tout-faire.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/on-ne-peut-tout-faire.html",
"title": "On ne peut tout faire",
"date_published": "2021-07-23T06:53:27Z",
"date_modified": "2025-11-15T20:14:36Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Il y a des jours o\u00f9 le temps va me manquer. Que je ne serai pas en mesure de r\u00e9aliser en peinture tout ce que j\u2019ai r\u00eav\u00e9. \u00c7a me rend f\u00e9brile, dingo, infr\u00e9quentable. Je me renferme sur moi-m\u00eame et me jette dans le travail \u00e0 ces moments l\u00e0 en imaginant je ne sais quoi.. peut-on jamais rattraper le temps\u2026 celui des r\u00eaves ? Parce que le temps perdu ne se rattrapera qu\u2019en regrets st\u00e9riles. Il n\u2019en vaut aucune peine, aucun chagrin,aucune nostalgie.<\/p>\n C\u2019est au pr\u00e9sent que l\u2019on lutte. Pour canaliser la peur. Comme un cheval fou qui se cabre devant les ombres de l\u2019in\u00e9luctable.<\/p>\n C\u2019est pour apprendre \u00e0 dompter cette peur que je peins.<\/p>\n Je rate souvent. Je trouve des subterfuges pour conserver l\u2019espoir. La cr\u00e9ativit\u00e9 se joue l\u00e0 aussi. Elle se joue de moi.<\/p>\n Je gratte la cro\u00fbte du temps s\u00e9lectionnant par ci par l\u00e0 des lambeaux pour faire du lent et je l,esp\u00e8re toujours du beau sans raison ni cause.<\/p>",
"content_text": "Il y a des jours o\u00f9 le temps va me manquer. Que je ne serai pas en mesure de r\u00e9aliser en peinture tout ce que j\u2019ai r\u00eav\u00e9. \u00c7a me rend f\u00e9brile, dingo, infr\u00e9quentable. Je me renferme sur moi-m\u00eame et me jette dans le travail \u00e0 ces moments l\u00e0 en imaginant je ne sais quoi.. peut-on jamais rattraper le temps\u2026 celui des r\u00eaves ? Parce que le temps perdu ne se rattrapera qu\u2019en regrets st\u00e9riles. Il n\u2019en vaut aucune peine, aucun chagrin,aucune nostalgie.\n\nC\u2019est au pr\u00e9sent que l\u2019on lutte. Pour canaliser la peur. Comme un cheval fou qui se cabre devant les ombres de l\u2019in\u00e9luctable.\n\nC\u2019est pour apprendre \u00e0 dompter cette peur que je peins.\n\nJe rate souvent. Je trouve des subterfuges pour conserver l\u2019espoir. La cr\u00e9ativit\u00e9 se joue l\u00e0 aussi. Elle se joue de moi. \n\nJe gratte la cro\u00fbte du temps s\u00e9lectionnant par ci par l\u00e0 des lambeaux pour faire du lent et je l,esp\u00e8re toujours du beau sans raison ni cause.",
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"tags": ["peinture"]
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/fragmentation.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/fragmentation.html",
"title": "Fragmentation",
"date_published": "2021-07-20T05:53:37Z",
"date_modified": "2025-11-15T16:17:36Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " La susceptibilit\u00e9 est \u00e9trange.Elle nous propose toujours un choix entre ouverture et fermeture. Je ne sais pas pourquoi j\u2019\u00e9cris ces mots<\/p>\n Peut-\u00eatre comme du pollen qui s\u2019envole<\/p>\n En attendant je revisite une id\u00e9e de fleurs.<\/p>\n J\u2019ai toujours imagin\u00e9 \u00e0 tort que la fleur \u00e9tait un sujet mineur.<\/p>\n Quelle andouille !<\/p>\n Et \u00e7a ne me d\u00e9range aussi beaucoup moins d\u2019\u00e9couter chanter Aznavour.<\/p>",
"content_text": "La susceptibilit\u00e9 est \u00e9trange.Elle nous propose toujours un choix entre ouverture et fermeture.\n\nPeut-\u00eatre ne sert t\u2019elle \u00e0 rien d\u2019autre\u2026\n\nJe ne sais pas pourquoi j\u2019\u00e9cris ces mots \n\nPeut-\u00eatre comme du pollen qui s\u2019envole \n\nEn attendant je revisite une id\u00e9e de fleurs.\n\nJ\u2019ai toujours imagin\u00e9 \u00e0 tort que la fleur \u00e9tait un sujet mineur.\n\nQuelle andouille !\n\nEt \u00e7a ne me d\u00e9range aussi beaucoup moins d\u2019\u00e9couter chanter Aznavour.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/quand-tout-est-fichu.html",
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"title": "Quand tout est fichu",
"date_published": "2021-07-18T06:01:45Z",
"date_modified": "2025-11-15T16:14:19Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " De pas de c\u00f4t\u00e9 en pas de c\u00f4t\u00e9<\/p>\n j\u2019ai gliss\u00e9 doucement<\/p>\n vers le bord de la nappe.<\/p>\n Une jolie nappe vichy<\/p>\n Je me suis bouch\u00e9 les oreilles<\/p>\n mais j\u2019entendais toujours<\/p>\n Il faut tu dois etc.<\/p>\n Et soudain boum suis tomb\u00e9<\/p>\n C\u2019est l\u00e0 que j\u2019ai senti que j\u2019avais des ailes pour voler<\/p>\n Sinon jamais je n\u2019aurais jamais os\u00e9 y penser.<\/p>",
"content_text": "De pas de c\u00f4t\u00e9 en pas de c\u00f4t\u00e9 \n\nj\u2019ai gliss\u00e9 doucement \n\nvers le bord de la nappe.\n\nUne jolie nappe vichy \n\nJe me suis bouch\u00e9 les oreilles \n\nmais j\u2019entendais toujours \n\nIl faut tu dois etc.\n\nEt soudain boum suis tomb\u00e9 \n\nC\u2019est l\u00e0 que j\u2019ai senti que j\u2019avais des ailes pour voler\n\nSinon jamais je n\u2019aurais jamais os\u00e9 y penser.",
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"tags": ["po\u00e9sie du quotidien"]
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"title": "Le plaisir et l\u2019exigence",
"date_published": "2021-07-18T05:50:54Z",
"date_modified": "2025-11-15T16:04:02Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Le plaisir est un ballon rouge, l\u2019exigence le toise, vieille peine \u00e0 jouir d\u2019un \u0153il torve.<\/p>\n Un dimanche matin<\/p>\n J\u2019ai mis du rouge anglais du bleu de c\u00e9ruleum et de l\u2019ombre br\u00fbl\u00e9e<\/p>\n Sur la palette<\/p>\n J\u2019ai suivi le ballon rouge<\/p>\n La vieille me faisait des appels de phare<\/p>\n J\u2019ai juste dit plus tard<\/p>\n Pour ne rien froisser<\/p>",
"content_text": "Le plaisir est un ballon rouge, l\u2019exigence le toise, vieille peine \u00e0 jouir d\u2019un \u0153il torve.\n\nUn dimanche matin\n\nJ\u2019ai mis du rouge anglais du bleu de c\u00e9ruleum et de l\u2019ombre br\u00fbl\u00e9e \n\nSur la palette\n\nJ\u2019ai suivi le ballon rouge \n\nLa vieille me faisait des appels de phare \n\nJ\u2019ai juste dit plus tard\n\nPour ne rien froisser",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-appetit-de-l-ogre.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-appetit-de-l-ogre.html",
"title": "L'app\u00e9tit de l'ogre",
"date_published": "2021-07-16T04:17:25Z",
"date_modified": "2025-11-15T16:00:37Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " \"En peinture je n’ai pas d’amis je n’ai que des amants\" aurait dit Picasso. Picasso cet ogre. Ce trou noir. Durant des ann\u00e9es je l’ai mis de c\u00f4t\u00e9. Son cot\u00e9 \" business man\" pour ne pas dire opportuniste m’aveuglait. Et puis aussi on a bouff\u00e9 du Picasso durant des d\u00e9cennies, \u00e0 toutes les sauces, Picasso par ci, Picasso par l\u00e0, jusqu’\u00e0 l’industrie automobile, l’associant \u00e0 une esp\u00e8ce d’ultime de la modernit\u00e9, et qui pour moi \u00e9tait un simple ph\u00e9nom\u00e8ne d’inertie.<\/p>\n Picasso mort et enterr\u00e9 qui tel un zombie ressurgit syst\u00e9matiquement une ou deux fois l’an dans la sph\u00e8re m\u00e9diatique, mus\u00e9ale, et dont la r\u00e9p\u00e9tition annonc\u00e9e en fanfare finit par devenir lassante, comme le retour des pluies.<\/p>\n Comme si il n’y avait pas eu grand chose d’autre en peinture que Picasso pour figurer la modernit\u00e9 de celle-ci.<\/p>\n Il faut dire aussi que le public a la comprenette facile \u00e0 condition de lui expliquer longtemps et...souvent. Un mart\u00e8lement li\u00e9 sans doute \u00e0 des affaires de pr\u00e9bendes, de cotations, d’argent \u00e9videmment.<\/p>\n Donc il a pour moi incarn\u00e9 tout ce que je n’aimais pas dans le personnage invent\u00e9 de l’artiste, assez proche de ce dont je d\u00e9testais dans le personnage du p\u00e8re. Ces deux images cherchant \u00e0 se rejoindre comme dans une vis\u00e9e t\u00e9l\u00e9m\u00e9trique .Ces deux images devant<\/em><\/strong> absolument se rejoindre pour apporter encore de l’eau au moulin de mes nombreux ressentiments enfantins.<\/p>\n Et puis le temps passe, les rumeurs s’estompent, le bruit que l’on fait, que l’on se fait \u00e0 soi-m\u00eame s’att\u00e9nue. On ne tend plus l’oreille de la m\u00eame fa\u00e7on la soixantaine pass\u00e9e.<\/p>\n Ce qui se produit est bien sur une nouvelle identification. Comment \u00e9chapper \u00e0 ce ph\u00e9nom\u00e8ne omnipr\u00e9sent ? Il y a \u00e9videmment quelque chose au fond, projet\u00e9 du sombre vers l’ext\u00e9rieur, comme on projette des images de cin\u00e9ma sur n’importe quel \u00e9cran de fortune ou d’infortune.<\/p>\n Cette boulimie de peinture que j’associe \u00e0 Picasso comme j’associe encore la boulimie en g\u00e9n\u00e9ral \u00e0 la figure paternelle, se dissipe peu \u00e0 peu pour laisser voir autre chose.<\/p>\n Au d\u00e9but presque imperceptiblement. Comme une intuition. Quelque chose qui se meut au del\u00e0 du brouillard et du brouill\u00e9 par les ranc\u0153urs, les rancunes, et qui au fil des jours se pr\u00e9cise jusqu’\u00e0 l’\u00e9vidence.<\/p>\n La peur est toujours la premi\u00e8re \u00e9vidence, comme la violence, inexorablement li\u00e9es.<\/p>\n Et tout \u00e9videmment pour moi d\u00e9bouche \u00e0 nouveau sur une des milles et une variations de la solitude.<\/p>\n Plus que l’artiste c’est l’homme seul que je d\u00e9couvre. Tout comme je d\u00e9couvre chaque jour un peu plus ma solitude personnelle.<\/p>\n Le fait de se tourner vers ses p\u00e8res, de les d\u00e9vorer d’amour pour en extraire une substantifique moelle n’est pas seulement un acte li\u00e9 \u00e0 l’ambition de les d\u00e9passer, mais plus de les ing\u00e9rer, de les assimiler, comme certaines peuplades primitives mangent leurs morts. C’est un acte d’amour et de violence et qui montre \u00e0 quel point encore une fois tout cela est li\u00e9, indissociablement.<\/p>\n L’amour la haine la violence et l’\u00e9nergie.<\/p>\n Cette production fabuleuse qui s’\u00e9lance \u00e0 l’assaut d’un Velasquez comme on s’attaque \u00e0 un Everest est de prime abord insens\u00e9e.<\/p>\n Mais c’est que Picasso \u00e9tait si seul qu’il allait chercher ce qu’apporte l’amour ou l’amiti\u00e9 ordinairement dans un pass\u00e9 qui l’aidait \u00e0 tenir au pr\u00e9sent.<\/p>\n Picasso l’imbuvable, Picasso le mari, le p\u00e8re soit disant infect \u00e9tait sans doute totalement inapte \u00e0 ce fameux moment pr\u00e9sent que l’on partage en toute confiance avec nos proches.<\/p>\n Comme je me d\u00e9couvre de plus en plus inapte pour les m\u00eames partages.<\/p>\n Cette solitude est en relation \u00e9troite avec la notion d’exil.<\/p>\n Peindre un sujet qui ne soit pas la peinture seule est une perte de temps, comme passer un moment en famille sans prendre un couteau et la d\u00e9pecer totalement virtuellement.<\/p>\n Pour s’enfoncer plus avant dans la r\u00e9alit\u00e9 charnelle de la peinture. Dans la viande, dans la couleur rouge brun du sang s\u00e9ch\u00e9 et celle iridescente des c\u0153urs battants et de l’h\u00e9moglobine jaillissante. La vie \u00e0 l’\u00e9tat brute.<\/p>\n Ce dialogue incessant avec la peinture comme avec une amante dont on ne peut trouver le plus petit moment de r\u00e9pit. De ratage en ratage comme le mart\u00e8lement encore d’une impuissance fondamentale, qui se m\u00e9tamorphose en une seule et m\u00eame chose si, par hasard, on enchaine soudain une s\u00e9rie de r\u00e9ussites.<\/p>\n Une impuissance fondamentale qui se rit de l’\u00e9chec comme de la r\u00e9ussite. Mais qui augmente proportionnellement la violence du d\u00e9sir oscillant sans rel\u00e2che entre espoir et d\u00e9sespoir.<\/p>\n Impuissance dans laquelle on jette toutes ses forces vives, sa vie presque enti\u00e8re, au d\u00e9pens de tout le reste. C’est cela cette boulimie comme la partie immerg\u00e9e d’une formidable anorexie.<\/p>\n Le public semble admiratif en raison de l’immense production qui en m\u00eame temps l’effraie, le stup\u00e9fie. Annulant de fa\u00e7on raisonnable la plus petite vell\u00e9it\u00e9 de se comparer.<\/p>\n Qui peut se comparer \u00e0 Picasso qui peut se comparer \u00e0 l’Ogre. Qui aura les couilles ou l’immense vuln\u00e9rabilit\u00e9 de se lancer dans cette folie de peindre ainsi ?<\/p>\n La plupart des artistes dignes de ce nom sont des ogres. Certains le dissimulent plus ou moins mieux que d’autres voil\u00e0 tout.<\/p>\n Et derri\u00e8re l’ogre si je me souviens bien de mes classiques on trouve toujours le petit-Poucet, l\u00e0 aussi une des fondamentaux de l’art ; et le plus dangereux ce n’est pas celui que l’on croit si l’on s’appuie seulement sur l’\u00e9vidence.<\/p>\n Sur les strass les paillettes.<\/p>\n Il y a des manques que rien pas m\u00eame la peinture ni l’art en g\u00e9n\u00e9ral ne pourront jamais totalement combler.<\/p>",
"content_text": "\"En peinture je n'ai pas d'amis je n'ai que des amants\" aurait dit Picasso. Picasso cet ogre. Ce trou noir. Durant des ann\u00e9es je l'ai mis de c\u00f4t\u00e9. Son cot\u00e9 \" business man\" pour ne pas dire opportuniste m'aveuglait. Et puis aussi on a bouff\u00e9 du Picasso durant des d\u00e9cennies, \u00e0 toutes les sauces, Picasso par ci, Picasso par l\u00e0, jusqu'\u00e0 l'industrie automobile, l'associant \u00e0 une esp\u00e8ce d'ultime de la modernit\u00e9, et qui pour moi \u00e9tait un simple ph\u00e9nom\u00e8ne d'inertie.\n\nPicasso mort et enterr\u00e9 qui tel un zombie ressurgit syst\u00e9matiquement une ou deux fois l'an dans la sph\u00e8re m\u00e9diatique, mus\u00e9ale, et dont la r\u00e9p\u00e9tition annonc\u00e9e en fanfare finit par devenir lassante, comme le retour des pluies.\n\nComme si il n'y avait pas eu grand chose d'autre en peinture que Picasso pour figurer la modernit\u00e9 de celle-ci. \n\nIl faut dire aussi que le public a la comprenette facile \u00e0 condition de lui expliquer longtemps et...souvent. Un mart\u00e8lement li\u00e9 sans doute \u00e0 des affaires de pr\u00e9bendes, de cotations, d'argent \u00e9videmment.\n\nDonc il a pour moi incarn\u00e9 tout ce que je n'aimais pas dans le personnage invent\u00e9 de l'artiste, assez proche de ce dont je d\u00e9testais dans le personnage du p\u00e8re. Ces deux images cherchant \u00e0 se rejoindre comme dans une vis\u00e9e t\u00e9l\u00e9m\u00e9trique .Ces deux images devant absolument se rejoindre pour apporter encore de l'eau au moulin de mes nombreux ressentiments enfantins.\n\nEt puis le temps passe, les rumeurs s'estompent, le bruit que l'on fait, que l'on se fait \u00e0 soi-m\u00eame s'att\u00e9nue. On ne tend plus l'oreille de la m\u00eame fa\u00e7on la soixantaine pass\u00e9e.\n\nCe qui se produit est bien sur une nouvelle identification. Comment \u00e9chapper \u00e0 ce ph\u00e9nom\u00e8ne omnipr\u00e9sent ? Il y a \u00e9videmment quelque chose au fond, projet\u00e9 du sombre vers l'ext\u00e9rieur, comme on projette des images de cin\u00e9ma sur n'importe quel \u00e9cran de fortune ou d'infortune.\n\nCette boulimie de peinture que j'associe \u00e0 Picasso comme j'associe encore la boulimie en g\u00e9n\u00e9ral \u00e0 la figure paternelle, se dissipe peu \u00e0 peu pour laisser voir autre chose.\n\nAu d\u00e9but presque imperceptiblement. Comme une intuition. Quelque chose qui se meut au del\u00e0 du brouillard et du brouill\u00e9 par les ranc\u0153urs, les rancunes, et qui au fil des jours se pr\u00e9cise jusqu'\u00e0 l'\u00e9vidence.\n\nLa peur est toujours la premi\u00e8re \u00e9vidence, comme la violence, inexorablement li\u00e9es.\n\nEt tout \u00e9videmment pour moi d\u00e9bouche \u00e0 nouveau sur une des milles et une variations de la solitude.\n\nPlus que l'artiste c'est l'homme seul que je d\u00e9couvre. Tout comme je d\u00e9couvre chaque jour un peu plus ma solitude personnelle.\n\nLe fait de se tourner vers ses p\u00e8res, de les d\u00e9vorer d'amour pour en extraire une substantifique moelle n'est pas seulement un acte li\u00e9 \u00e0 l'ambition de les d\u00e9passer, mais plus de les ing\u00e9rer, de les assimiler, comme certaines peuplades primitives mangent leurs morts. C'est un acte d'amour et de violence et qui montre \u00e0 quel point encore une fois tout cela est li\u00e9, indissociablement.\n\nL'amour la haine la violence et l'\u00e9nergie.\n\nCette production fabuleuse qui s'\u00e9lance \u00e0 l'assaut d'un Velasquez comme on s'attaque \u00e0 un Everest est de prime abord insens\u00e9e.\n\nMais c'est que Picasso \u00e9tait si seul qu'il allait chercher ce qu'apporte l'amour ou l'amiti\u00e9 ordinairement dans un pass\u00e9 qui l'aidait \u00e0 tenir au pr\u00e9sent.\n\nPicasso l'imbuvable, Picasso le mari, le p\u00e8re soit disant infect \u00e9tait sans doute totalement inapte \u00e0 ce fameux moment pr\u00e9sent que l'on partage en toute confiance avec nos proches.\n\nComme je me d\u00e9couvre de plus en plus inapte pour les m\u00eames partages.\n\nCette solitude est en relation \u00e9troite avec la notion d'exil.\n\nPeindre un sujet qui ne soit pas la peinture seule est une perte de temps, comme passer un moment en famille sans prendre un couteau et la d\u00e9pecer totalement virtuellement.\n\nPour s'enfoncer plus avant dans la r\u00e9alit\u00e9 charnelle de la peinture. Dans la viande, dans la couleur rouge brun du sang s\u00e9ch\u00e9 et celle iridescente des c\u0153urs battants et de l'h\u00e9moglobine jaillissante. La vie \u00e0 l'\u00e9tat brute.\n\nCe dialogue incessant avec la peinture comme avec une amante dont on ne peut trouver le plus petit moment de r\u00e9pit. De ratage en ratage comme le mart\u00e8lement encore d'une impuissance fondamentale, qui se m\u00e9tamorphose en une seule et m\u00eame chose si, par hasard, on enchaine soudain une s\u00e9rie de r\u00e9ussites.\n\nUne impuissance fondamentale qui se rit de l'\u00e9chec comme de la r\u00e9ussite. Mais qui augmente proportionnellement la violence du d\u00e9sir oscillant sans rel\u00e2che entre espoir et d\u00e9sespoir.\n\nImpuissance dans laquelle on jette toutes ses forces vives, sa vie presque enti\u00e8re, au d\u00e9pens de tout le reste. C'est cela cette boulimie comme la partie immerg\u00e9e d'une formidable anorexie.\n\nLe public semble admiratif en raison de l'immense production qui en m\u00eame temps l'effraie, le stup\u00e9fie. Annulant de fa\u00e7on raisonnable la plus petite vell\u00e9it\u00e9 de se comparer.\n\nQui peut se comparer \u00e0 Picasso qui peut se comparer \u00e0 l'Ogre. Qui aura les couilles ou l'immense vuln\u00e9rabilit\u00e9 de se lancer dans cette folie de peindre ainsi ?\n\nLa plupart des artistes dignes de ce nom sont des ogres. Certains le dissimulent plus ou moins mieux que d'autres voil\u00e0 tout.\n\nEt derri\u00e8re l'ogre si je me souviens bien de mes classiques on trouve toujours le petit-Poucet, l\u00e0 aussi une des fondamentaux de l'art ; et le plus dangereux ce n'est pas celui que l'on croit si l'on s'appuie seulement sur l'\u00e9vidence.\n\nSur les strass les paillettes.\n\nIl y a des manques que rien pas m\u00eame la peinture ni l'art en g\u00e9n\u00e9ral ne pourront jamais totalement combler.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/se-deserter.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/se-deserter.html",
"title": "Se d\u00e9serter",
"date_published": "2021-07-14T04:44:55Z",
"date_modified": "2025-11-15T15:57:51Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Par la peinture, une fois les buts travers\u00e9s comme on traverse des villes, des pays, des illusions, se pr\u00e9sente le d\u00e9sert et avec lui une nouvelle frayeur. Disons plut\u00f4t la m\u00eame frayeur d\u00e9barrass\u00e9e de tout ce dont on la maquille sans rel\u00e2che. Disons une frayeur brute.<\/p>\n Peindre alors c’est p\u00e9n\u00e9trer d\u00e9sarm\u00e9 dans ce d\u00e9sert cette frayeur.<\/p>\n D\u00e9sarm\u00e9 parce qu’aucune arme ne sert plus \u00e0 rien et m\u00eame entraverait toute progression.<\/p>\n La toile vierge pos\u00e9e sur le chevalet face au peintre il faudrait cette rencontre du d\u00e9sert avec lui-m\u00eame id\u00e9alement.<\/p>\n Mais c’est encore une pens\u00e9e, quelque chose que je fabrique pour tenter de me d\u00e9barrasser de la g\u00e8ne que provoque le silence.<\/p>\n On me dira mais o\u00f9 est donc le plaisir dans tout cela ? Pourquoi ne vas tu pas travailler comme tout \u00e0 chacun \u00e0 l’usine, au bureau au lieu de nous gonfler avec tes \u00e9tats d’\u00e2mes ?<\/p>\n Et \u00e0 cette question je ne r\u00e9pondrais comme d’habitude que fort mal, c’est \u00e0 dire que je tenterais de plus en plus maladroitement de l\u00e9gitimiser le fait que je pr\u00e9f\u00e8re peindre.<\/p>\n De plus en plus maladroitement parce que ce qui compte ce n’est pas de prouver quoique ce soit \u00e0 quiconque mais \u00e0 moi-m\u00eame en premier lieu. Et que j’ai acquis une telle adresse justement \u00e0 broder et tisser que je pourrais habiller la terre enti\u00e8re pour des d\u00e9cennies.<\/p>\n La maladresse me conduit \u00e0 la nudit\u00e9 et j’aime ce chemin. Parce que la nudit\u00e9 et le d\u00e9sert offrent grosso modo la m\u00eame sensation, une fois pass\u00e9e la stup\u00e9faction, le silence.<\/p>\n Et tout alors se joue \u00e0 la fois au niveau de l’\u0153il comme de l’oreille pour \u00e9vacuer le bruit, trouver le m\u00e9lodieux.<\/p>\n Mais avant s’op\u00e8re une destruction de toutes les images comme de toutes les m\u00e9lodies.<\/p>\n Non pas qu’une volont\u00e9 soit \u00e0 l’\u0153uvre pour d\u00e9truire.<\/p>\n Ce sont plut\u00f4t des pans entiers qui se dissipent comme s’ils n’avaient plus aucune sorte d’utilit\u00e9.<\/p>\n C’est \u00e0 dire que l’on devient \u00e9tranger \u00e0 l’image comme au son.<\/p>\n Comme un nouveau n\u00e9 qui d\u00e9couvrirait le monde.<\/p>\n Sauf qu’aucune m\u00e8re aimante, aucun p\u00e8re rassurant ne se trouve \u00e0 cet instant \u00e0 ses cot\u00e9s.<\/p>\n C’est en ce sens que j’\u00e9voque le d\u00e9sert. Et aussi ce fantasme accompagn\u00e9 d’une h\u00e2te de l’incarner encore une fois en quelqu’un ou quelque chose.<\/p>\n Le d\u00e9sert n’est ni m\u00e8re ni p\u00e8re, il est seulement cette vastitude dans laquelle on h\u00e9site \u00e0 s’engager, \u00e0 faire confiance.<\/p>\n Exactement comme la toile vierge.<\/p>\n On trempe alors le pinceau dans la peinture, et quelque chose encore s’offre comme un passage, un sas. Ce temps \u00e0 m\u00e9langer le pigment au liant, au m\u00e9dium est comme une chanson que l’on invente pour se donner du c\u0153ur au ventre.<\/p>\n Aspiration, les poumons se remplissent<\/p>\n Puis le pinceau parvient apr\u00e8s un voyage dont non ne peut mesurer la dur\u00e9e ni l’origine \u00e0 la surface de la toile.<\/p>\n L’acte de peindre commence comme la marche du voyageur dans le d\u00e9sert. Aucun chemin n’est indiqu\u00e9, des sables et des dunes \u00e0 perte de vue.<\/p>\n Il faut avancer seul.<\/p>\n C’est sans doute pourquoi j’invoque souvent le hasard comme compagnon. Pour tromper ma solitude. Par une sorte d’abracadabra je redeviens primitif et je m’accroche \u00e0 l’invisible comme cette part de moi dissoci\u00e9e enfouie \u00e0 laquelle je n’ai pas d’acc\u00e8s sinon par les mots ou plut\u00f4t ce qui r\u00e9side toujours entre les mots.<\/p>\n dissoci\u00e9 coup\u00e9 en deux je progresse ainsi en gesticulant comme un pantin tiraill\u00e9 par ce qu’il pense comme par ce qu’il ignore et qui ne cesse d’agir sous la pens\u00e9e.<\/p>\n Puis enfin apr\u00e8s un temps difficile \u00e0 mesurer \u00e0 l’horloge arrive ce point particulier du tableau o\u00f9 je suis totalement incapable de dire si c’est bon ou mauvais.<\/p>\n Un point qui si je n’en tiens pas compte entra\u00eene irr\u00e9m\u00e9diablement le tableau dans la boue ou dans la s\u00e9duction.<\/p>\n C’est sans doute ce point que j’ai cherch\u00e9 tout au long de ma vie et dans toutes les circonstances de celle-ci.<\/p>\n Parvenir \u00e0 d\u00e9celer enfin sa pr\u00e9sence de mani\u00e8re irr\u00e9futable.<\/p>\n A cet instant je m’\u00e9carte du tableau comme le d\u00e9sert s’\u00e9carte sous les pas du voyageur.<\/p>\n Je crois, j’esp\u00e8re, mais je ne peux jamais en \u00eatre vraiment certain que je me suis enfin d\u00e9sert\u00e9.<\/p>\n Et c’est ce doute qui me fait prendre une nouvelle toile, qui me fait reprendre le processus tout entier depuis z\u00e9ro.<\/p>\n Et l\u00e0 effectivement on pourrait dire que peindre c’est rena\u00eetre. Mais cela ne vaut que si on sait la pr\u00e9sence du d\u00e9sert.<\/p>",
"content_text": "Par la peinture, une fois les buts travers\u00e9s comme on traverse des villes, des pays, des illusions, se pr\u00e9sente le d\u00e9sert et avec lui une nouvelle frayeur. Disons plut\u00f4t la m\u00eame frayeur d\u00e9barrass\u00e9e de tout ce dont on la maquille sans rel\u00e2che. Disons une frayeur brute.\n\nPeindre alors c'est p\u00e9n\u00e9trer d\u00e9sarm\u00e9 dans ce d\u00e9sert cette frayeur.\n\nD\u00e9sarm\u00e9 parce qu'aucune arme ne sert plus \u00e0 rien et m\u00eame entraverait toute progression.\n\nLa toile vierge pos\u00e9e sur le chevalet face au peintre il faudrait cette rencontre du d\u00e9sert avec lui-m\u00eame id\u00e9alement.\n\nMais c'est encore une pens\u00e9e, quelque chose que je fabrique pour tenter de me d\u00e9barrasser de la g\u00e8ne que provoque le silence.\n\nOn me dira mais o\u00f9 est donc le plaisir dans tout cela ? Pourquoi ne vas tu pas travailler comme tout \u00e0 chacun \u00e0 l'usine, au bureau au lieu de nous gonfler avec tes \u00e9tats d'\u00e2mes ?\n\nEt \u00e0 cette question je ne r\u00e9pondrais comme d'habitude que fort mal, c'est \u00e0 dire que je tenterais de plus en plus maladroitement de l\u00e9gitimiser le fait que je pr\u00e9f\u00e8re peindre.\n\nDe plus en plus maladroitement parce que ce qui compte ce n'est pas de prouver quoique ce soit \u00e0 quiconque mais \u00e0 moi-m\u00eame en premier lieu. Et que j'ai acquis une telle adresse justement \u00e0 broder et tisser que je pourrais habiller la terre enti\u00e8re pour des d\u00e9cennies.\n\nLa maladresse me conduit \u00e0 la nudit\u00e9 et j'aime ce chemin. Parce que la nudit\u00e9 et le d\u00e9sert offrent grosso modo la m\u00eame sensation, une fois pass\u00e9e la stup\u00e9faction, le silence.\n\nEt tout alors se joue \u00e0 la fois au niveau de l'\u0153il comme de l'oreille pour \u00e9vacuer le bruit, trouver le m\u00e9lodieux. \n\nMais avant s'op\u00e8re une destruction de toutes les images comme de toutes les m\u00e9lodies.\n\nNon pas qu'une volont\u00e9 soit \u00e0 l'\u0153uvre pour d\u00e9truire.\n\nCe sont plut\u00f4t des pans entiers qui se dissipent comme s'ils n'avaient plus aucune sorte d'utilit\u00e9.\n\nC'est \u00e0 dire que l'on devient \u00e9tranger \u00e0 l'image comme au son. \n\nComme un nouveau n\u00e9 qui d\u00e9couvrirait le monde.\n\nSauf qu'aucune m\u00e8re aimante, aucun p\u00e8re rassurant ne se trouve \u00e0 cet instant \u00e0 ses cot\u00e9s.\n\nC'est en ce sens que j'\u00e9voque le d\u00e9sert. Et aussi ce fantasme accompagn\u00e9 d'une h\u00e2te de l'incarner encore une fois en quelqu'un ou quelque chose.\n\nLe d\u00e9sert n'est ni m\u00e8re ni p\u00e8re, il est seulement cette vastitude dans laquelle on h\u00e9site \u00e0 s'engager, \u00e0 faire confiance.\n\nExactement comme la toile vierge.\n\nOn trempe alors le pinceau dans la peinture, et quelque chose encore s'offre comme un passage, un sas. Ce temps \u00e0 m\u00e9langer le pigment au liant, au m\u00e9dium est comme une chanson que l'on invente pour se donner du c\u0153ur au ventre.\n\nAspiration, les poumons se remplissent \n\nPuis le pinceau parvient apr\u00e8s un voyage dont non ne peut mesurer la dur\u00e9e ni l'origine \u00e0 la surface de la toile.\n\nL'acte de peindre commence comme la marche du voyageur dans le d\u00e9sert. Aucun chemin n'est indiqu\u00e9, des sables et des dunes \u00e0 perte de vue.\n\nIl faut avancer seul.\n\nC'est sans doute pourquoi j'invoque souvent le hasard comme compagnon. Pour tromper ma solitude. Par une sorte d'abracadabra je redeviens primitif et je m'accroche \u00e0 l'invisible comme cette part de moi dissoci\u00e9e enfouie \u00e0 laquelle je n'ai pas d'acc\u00e8s sinon par les mots ou plut\u00f4t ce qui r\u00e9side toujours entre les mots.\n\ndissoci\u00e9 coup\u00e9 en deux je progresse ainsi en gesticulant comme un pantin tiraill\u00e9 par ce qu'il pense comme par ce qu'il ignore et qui ne cesse d'agir sous la pens\u00e9e.\n\nPuis enfin apr\u00e8s un temps difficile \u00e0 mesurer \u00e0 l'horloge arrive ce point particulier du tableau o\u00f9 je suis totalement incapable de dire si c'est bon ou mauvais.\n\nUn point qui si je n'en tiens pas compte entra\u00eene irr\u00e9m\u00e9diablement le tableau dans la boue ou dans la s\u00e9duction.\n\nC'est sans doute ce point que j'ai cherch\u00e9 tout au long de ma vie et dans toutes les circonstances de celle-ci.\n\nParvenir \u00e0 d\u00e9celer enfin sa pr\u00e9sence de mani\u00e8re irr\u00e9futable.\n\nA cet instant je m'\u00e9carte du tableau comme le d\u00e9sert s'\u00e9carte sous les pas du voyageur. \n\nJe crois, j'esp\u00e8re, mais je ne peux jamais en \u00eatre vraiment certain que je me suis enfin d\u00e9sert\u00e9.\n\nEt c'est ce doute qui me fait prendre une nouvelle toile, qui me fait reprendre le processus tout entier depuis z\u00e9ro.\n\nEt l\u00e0 effectivement on pourrait dire que peindre c'est rena\u00eetre. Mais cela ne vaut que si on sait la pr\u00e9sence du d\u00e9sert.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-but-c-est-quoi.html",
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"title": "Le but c\u2019est quoi ?",
"date_published": "2021-07-13T09:25:18Z",
"date_modified": "2025-11-15T15:53:37Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Quels sont les buts que nous nous fixons ? Nous appartiennent-t\u2019ils vraiment ou bien les r\u00e9cup\u00e9rons nous par mim\u00e9tisme ?<\/p>\n Y a t\u2019il une diff\u00e9rence marqu\u00e9e entre le besoin et le but ? Et si oui laquelle ?<\/p>\n Est ce que la faim nous pousse \u00e0 cr\u00e9er des buts pour r\u00e9pondre au besoin de se nourrir ?<\/p>\n Exemple j\u2019ai une inextinguible faim de cr\u00e9er, de peindre, comment vais-je m\u2019y prendre ?<\/p>\n Avec brutalit\u00e9 avidit\u00e9 sauvagerie ? Afin d\u2019atteindre \u00e0 un \u00e9tat de sati\u00e9t\u00e9 le plus rapidement possible, comme pourrait le faire un chien qui ne rel\u00e8ve le mufle de sa gamelle qu\u2019une fois celle-ci vide ?<\/p>\n Ou bien avec \u00e9l\u00e9gance, raffinement en repoussant le plus loin possible cette sensation de sati\u00e9t\u00e9 pour conserver l\u2019app\u00e9tit le d\u00e9sir ?<\/p>\n \u00c9videmment que je pr\u00e9f\u00e8re la seconde solution. Je veux dire lorsque j\u2019y pense, que je peux me projeter dans ce processus .<\/p>\n Mais dans les faits ce n\u2019est pas le cas. Je fonctionne de fa\u00e7on impulsive dans le moment o\u00f9 \u00e7a me traverse.<\/p>\n J\u2019ai faim je bouffe j\u2019ai envie de dormir je m\u2019allonge n\u2019importe o\u00f9 , j\u2019ai envie de peindre je peins.<\/p>\n Je vis ainsi dans une sorte de perp\u00e9tuel pr\u00e9sent et sans jamais me projeter au lendemain.<\/p>\n Est ce un but ? Je ne le crois pas, c\u2019est r\u00e9pondre de fa\u00e7on plus ou moins pulsionnelle \u00e0 un besoin.<\/p>\n Pourquoi m\u2019en plaindrais-je cela me convient la plupart du temps. L\u00e0 o\u00f9 \u00e7a se g\u00e2te c\u2019est lorsqu\u2019on me demande que fais tu ? De quoi as tu vraiment envie ? Peux tu te projeter \u00e0 une semaine ? Un mois ? Dix ans ?<\/p>\n J\u2019en suis incapable. Et cette incapacit\u00e9 devient alors un probl\u00e8me comme si c\u2019\u00e9tait une tare voir un d\u00e9lit dont je devais r\u00e9pondre face \u00e0 un tribunal \u2026fournir des preuves etc.<\/p>\n Je crois que je suis malade de toutes ces id\u00e9es de buts, de projets.<\/p>\n Mon incapacit\u00e9 chronique \u00e0 \u00e9tablir des plans auxquels je puisse me tenir dans une dur\u00e9e est insupportable tout autant pour les autres que pour moi-m\u00eame.<\/p>\n J\u2019ai parfois la sensation d\u2019un vide extr\u00eame dont la raison d\u2019\u00eatre serait la pens\u00e9e d\u2019avoir \u00e9puis\u00e9 tous les buts, tous les d\u00e9sirs qui ne m\u2019appartiennent d\u2019ailleurs pas mais qui sont propres et communs \u00e0 l\u2019esp\u00e8ce.<\/p>\n \u00c0 ces moments l\u00e0 je me retrouve avec mon pinceau en suspens incapable de d\u00e9cider de la moindre touche.<\/p>\n La journ\u00e9e s\u2019\u00e9coule dans un d\u00e9s\u0153uvrement magistral qui ressemble \u00e0 l\u2019\u00e9tat dans lequel je me retrouvais apr\u00e8s les racl\u00e9es que me filait mon paternel.<\/p>\n Un d\u00e9s\u0153uvrement qui ressemble \u00e0 une r\u00e9volte toute enti\u00e8re repli\u00e9e dans la passivit\u00e9.<\/p>\n C\u2019est \u00e0 se cogner la t\u00eate contre les murs d\u2019avoir encore autant de haine de ressentiment comme d\u2019ignorance en soi. De ne jamais totalement parvenir \u00e0 les surmonter.<\/p>\n Je suis ce gamin qui a tout \u00e9puis\u00e9 de ses ressources , qui s\u2019enfonce dans la for\u00eat et qui ne cesse de s\u2019y perdre en esp\u00e9rant toujours y parvenir \u00e0 la fois par hasard et pour de bon.<\/p>\n Exactement la m\u00eame fa\u00e7on que j\u2019emploie pour peindre au hasard en esp\u00e9rant que quelque chose enfin s\u2019ach\u00e8ve.<\/p>",
"content_text": "Quels sont les buts que nous nous fixons ? Nous appartiennent-t\u2019ils vraiment ou bien les r\u00e9cup\u00e9rons nous par mim\u00e9tisme? \n\nY a t\u2019il une diff\u00e9rence marqu\u00e9e entre le besoin et le but ? Et si oui laquelle ?\n\nEst ce que la faim nous pousse \u00e0 cr\u00e9er des buts pour r\u00e9pondre au besoin de se nourrir ?\n\nExemple j\u2019ai une inextinguible faim de cr\u00e9er, de peindre, comment vais-je m\u2019y prendre ?\n\nAvec brutalit\u00e9 avidit\u00e9 sauvagerie ? Afin d\u2019atteindre \u00e0 un \u00e9tat de sati\u00e9t\u00e9 le plus rapidement possible, comme pourrait le faire un chien qui ne rel\u00e8ve le mufle de sa gamelle qu\u2019une fois celle-ci vide ? \n\nOu bien avec \u00e9l\u00e9gance, raffinement en repoussant le plus loin possible cette sensation de sati\u00e9t\u00e9 pour conserver l\u2019app\u00e9tit le d\u00e9sir ?\n\n\u00c9videmment que je pr\u00e9f\u00e8re la seconde solution. Je veux dire lorsque j\u2019y pense, que je peux me projeter dans ce processus . \n\nMais dans les faits ce n\u2019est pas le cas. Je fonctionne de fa\u00e7on impulsive dans le moment o\u00f9 \u00e7a me traverse.\n\nJ\u2019ai faim je bouffe j\u2019ai envie de dormir je m\u2019allonge n\u2019importe o\u00f9 , j\u2019ai envie de peindre je peins.\n\nJe vis ainsi dans une sorte de perp\u00e9tuel pr\u00e9sent et sans jamais me projeter au lendemain.\n\nEst ce un but ? Je ne le crois pas, c\u2019est r\u00e9pondre de fa\u00e7on plus ou moins pulsionnelle \u00e0 un besoin.\n\nPourquoi m\u2019en plaindrais-je cela me convient la plupart du temps. L\u00e0 o\u00f9 \u00e7a se g\u00e2te c\u2019est lorsqu\u2019on me demande que fais tu ? De quoi as tu vraiment envie ? Peux tu te projeter \u00e0 une semaine ? Un mois ? Dix ans ? \n\nJ\u2019en suis incapable. Et cette incapacit\u00e9 devient alors un probl\u00e8me comme si c\u2019\u00e9tait une tare voir un d\u00e9lit dont je devais r\u00e9pondre face \u00e0 un tribunal \u2026fournir des preuves etc.\n\nJe crois que je suis malade de toutes ces id\u00e9es de buts, de projets. \n\nMon incapacit\u00e9 chronique \u00e0 \u00e9tablir des plans auxquels je puisse me tenir dans une dur\u00e9e est insupportable tout autant pour les autres que pour moi-m\u00eame.\n\nJ\u2019ai parfois la sensation d\u2019un vide extr\u00eame dont la raison d\u2019\u00eatre serait la pens\u00e9e d\u2019avoir \u00e9puis\u00e9 tous les buts, tous les d\u00e9sirs qui ne m\u2019appartiennent d\u2019ailleurs pas mais qui sont propres et communs \u00e0 l\u2019esp\u00e8ce.\n\n\u00c0 ces moments l\u00e0 je me retrouve avec mon pinceau en suspens incapable de d\u00e9cider de la moindre touche.\n\nLa journ\u00e9e s\u2019\u00e9coule dans un d\u00e9s\u0153uvrement magistral qui ressemble \u00e0 l\u2019\u00e9tat dans lequel je me retrouvais apr\u00e8s les racl\u00e9es que me filait mon paternel.\n\nUn d\u00e9s\u0153uvrement qui ressemble \u00e0 une r\u00e9volte toute enti\u00e8re repli\u00e9e dans la passivit\u00e9. \n\nC\u2019est \u00e0 se cogner la t\u00eate contre les murs d\u2019avoir encore autant de haine de ressentiment comme d\u2019ignorance en soi. De ne jamais totalement parvenir \u00e0 les surmonter. \n\nJe suis ce gamin qui a tout \u00e9puis\u00e9 de ses ressources , qui s\u2019enfonce dans la for\u00eat et qui ne cesse de s\u2019y perdre en esp\u00e9rant toujours y parvenir \u00e0 la fois par hasard et pour de bon.\n\nExactement la m\u00eame fa\u00e7on que j\u2019emploie pour peindre au hasard en esp\u00e9rant que quelque chose enfin s\u2019ach\u00e8ve.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-insense-mis-au-ban.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-insense-mis-au-ban.html",
"title": "L'insens\u00e9 mis au ban",
"date_published": "2021-07-12T05:43:51Z",
"date_modified": "2025-11-15T15:49:44Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " En mars 2019 Gr\u00e9goire Falque alias \"Le D\u00e9lesteur\" a \u00e9t\u00e9 \"effac\u00e9\" des pages de recherche de Google sous pr\u00e9texte que ses publications \u00e9taient \" vide de sens\" pour un employ\u00e9 de la c\u00e9l\u00e8bre firme accompagn\u00e9 de son fid\u00e8le algorithme.<\/p>\n Gr\u00e9goire Falque a eut beau protester et il continue de le faire, en vain.<\/p>\n Cela fait r\u00e9fl\u00e9chir.<\/p>\n Si un sombre scribouillard a ainsi pouvoir d’effacer le travail d’un artiste sous pr\u00e9texte qu’il le trouve \"vide de sens\" qu’en est t’il alors des publications de chacun de nous ?<\/p>\n On le sait d\u00e9sormais tout ce qui passe par le num\u00e9rique n\u00e9cessite d\u00e9sormais une contrainte c’est la fameuse \"meilleure exp\u00e9rience utilisateur\"<\/p>\n Et ce sont des robots qui se chargent la plupart du temps d’en d\u00e9cider en \u00e9pluchant un certain nombre de crit\u00e8res.<\/p>\n Nous l’auront donc compris tout ce qui est insens\u00e9 et inconfortable doit \u00eatre mis au ban de la sph\u00e8re num\u00e9rique.<\/p>\n Il y a maintes mani\u00e8res d’\u00eatre effac\u00e9 de la plus subtile \u00e0 la plus grossi\u00e8re.<\/p>\n Soit les robots consid\u00e8rent que votre contenu n’est pas int\u00e9ressant et ne vous r\u00e9f\u00e9rencent pas dans les fameuses pages google, soit vous pouvez recevoir un message directement par mail vous indiquant de rejoindre une certaine conformit\u00e9 sous peine de sanctions.<\/p>\n Si l’art ne peut plus exprimer \u00e0 voix haute ce que les gens normaux nomment l’insens\u00e9, il y a une sacr\u00e9e couille dans le p\u00e2t\u00e9.<\/p>\n Car l’insens\u00e9 mis au ban d’une soci\u00e9t\u00e9 ne tardera pas \u00e0 en devenir le c\u0153ur n\u00e9vralgique par un ph\u00e9nom\u00e8ne myst\u00e9rieux dont je ne vous fatiguerai pas \u00e0 expliquer les m\u00e9andres, le cheminement.<\/p>\n C’est un peu comme la mort que l’on a expuls\u00e9 du c\u0153ur des villes pour laisser croire aux citadins que celle ci avait disparu, qu’elle n’existait plus.<\/p>\n Avez vous vu le c\u0153ur de la ville d\u00e9sormais, y a-t-il jamais eu quelque chose de plus mortel que toutes ces agences bancaires, ces officines d’assurance, et ces magasins de fringues \u00e0 perte de vue ?<\/p>\n On ne peut pas traiter ainsi l’insens\u00e9 ni la mort sous peine de subir t\u00f4t ou tard le retour du boomerang en pleine poire.<\/p>\n En attendant je vous laisse le lien pour aller voir le travail de Gr\u00e9goire Falque que personnellement apr\u00e8s les premi\u00e8res strates o\u00f9 j’ai explos\u00e9 d’un rire nerveux, j’ai d\u00e9couvert extr\u00eamement po\u00e9tique, pour ne pas dire \"essentiel\" afin de ne pas crever la gueule ouverte \u00e9touff\u00e9 par les miasmes de cette organisation de malfaiteurs qui d\u00e9sormais nous extorquent non seulement nos donn\u00e9es personnelles, mais tout ce qui donne un peu de sel \u00e0 la vie.<\/p>\n https:\/\/www.facebook.com\/byarseneca<\/a><\/p>\n https:\/\/www.arseneca.com\/?fbclid=IwAR2ThITleSo4KaMNpNErCkxelFWi_U0aejaMftN6Pt-m_VA4DGIlacYyDE8<\/a><\/p>",
"content_text": "En mars 2019 Gr\u00e9goire Falque alias \"Le D\u00e9lesteur\" a \u00e9t\u00e9 \"effac\u00e9\" des pages de recherche de Google sous pr\u00e9texte que ses publications \u00e9taient \" vide de sens\" pour un employ\u00e9 de la c\u00e9l\u00e8bre firme accompagn\u00e9 de son fid\u00e8le algorithme.\n\nGr\u00e9goire Falque a eut beau protester et il continue de le faire, en vain.\n\nCela fait r\u00e9fl\u00e9chir.\n\nSi un sombre scribouillard a ainsi pouvoir d'effacer le travail d'un artiste sous pr\u00e9texte qu'il le trouve \"vide de sens\" qu'en est t'il alors des publications de chacun de nous?\n\nOn le sait d\u00e9sormais tout ce qui passe par le num\u00e9rique n\u00e9cessite d\u00e9sormais une contrainte c'est la fameuse \"meilleure exp\u00e9rience utilisateur\"\n\nEt ce sont des robots qui se chargent la plupart du temps d'en d\u00e9cider en \u00e9pluchant un certain nombre de crit\u00e8res.\n\nNous l'auront donc compris tout ce qui est insens\u00e9 et inconfortable doit \u00eatre mis au ban de la sph\u00e8re num\u00e9rique.\n\nIl y a maintes mani\u00e8res d'\u00eatre effac\u00e9 de la plus subtile \u00e0 la plus grossi\u00e8re.\n\nSoit les robots consid\u00e8rent que votre contenu n'est pas int\u00e9ressant et ne vous r\u00e9f\u00e9rencent pas dans les fameuses pages google, soit vous pouvez recevoir un message directement par mail vous indiquant de rejoindre une certaine conformit\u00e9 sous peine de sanctions.\n\nSi l'art ne peut plus exprimer \u00e0 voix haute ce que les gens normaux nomment l'insens\u00e9, il y a une sacr\u00e9e couille dans le p\u00e2t\u00e9.\n\nCar l'insens\u00e9 mis au ban d'une soci\u00e9t\u00e9 ne tardera pas \u00e0 en devenir le c\u0153ur n\u00e9vralgique par un ph\u00e9nom\u00e8ne myst\u00e9rieux dont je ne vous fatiguerai pas \u00e0 expliquer les m\u00e9andres, le cheminement.\n\nC'est un peu comme la mort que l'on a expuls\u00e9 du c\u0153ur des villes pour laisser croire aux citadins que celle ci avait disparu, qu'elle n'existait plus.\n\nAvez vous vu le c\u0153ur de la ville d\u00e9sormais, y a-t-il jamais eu quelque chose de plus mortel que toutes ces agences bancaires, ces officines d'assurance, et ces magasins de fringues \u00e0 perte de vue ?\n\nOn ne peut pas traiter ainsi l'insens\u00e9 ni la mort sous peine de subir t\u00f4t ou tard le retour du boomerang en pleine poire.\n\nEn attendant je vous laisse le lien pour aller voir le travail de Gr\u00e9goire Falque que personnellement apr\u00e8s les premi\u00e8res strates o\u00f9 j'ai explos\u00e9 d'un rire nerveux, j'ai d\u00e9couvert extr\u00eamement po\u00e9tique, pour ne pas dire \"essentiel\" afin de ne pas crever la gueule ouverte \u00e9touff\u00e9 par les miasmes de cette organisation de malfaiteurs qui d\u00e9sormais nous extorquent non seulement nos donn\u00e9es personnelles, mais tout ce qui donne un peu de sel \u00e0 la vie.\n\nhttps:\/\/www.facebook.com\/byarseneca\n\nhttps:\/\/www.arseneca.com\/?fbclid=IwAR2ThITleSo4KaMNpNErCkxelFWi_U0aejaMftN6Pt-m_VA4DGIlacYyDE8",
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"tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"]
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-but-en-peinture.html",
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"title": "Le but en peinture",
"date_published": "2021-07-12T02:21:20Z",
"date_modified": "2025-11-15T15:45:10Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Je place une nouvelle toile sur le chevalet, je recommence.<\/p>\n Et tout de suite la question<\/p>\n \"qu’est ce que je vais bien pouvoir peindre<\/strong><\/em>\"<\/p>\n<\/blockquote>\n se pr\u00e9sente.<\/p>\n Et m’envahit<\/p>\n .<\/p>\n Durant quelques instants je ne suis plus que cette question.<\/p>\n T\u00e9tanis\u00e9, paralys\u00e9, impossible de faire quoi que ce soit.<\/p>\n Je repose le pinceau.<\/p>\n J’allume une cigarette et je contemple la toile blanche.<\/p>\n Durant des ann\u00e9es je me suis imagin\u00e9 que cela fonctionnait ainsi.<\/p>\n En \u00e9crabouillant la clope<\/p>\n en me ruant \u00e0 nouveau vers le pinceau pour me jeter \u00e0 l’ouvrage<\/p>\n soudain<\/p>\n flanquant le bordel<\/p>\n d\u00e9vastant la virginit\u00e9.<\/p>\n comme une indignation si l’on veut<\/p>\n et qui concerne ma propre virginit\u00e9.<\/p>\n Cette perp\u00e9tuelle obsession de non savoir.<\/p>\n de vanit\u00e9 d’un quelconque savoir<\/p>\n<\/blockquote>\n Ce n\u0153ud gordien des mille et une<\/em> comparaisons<\/p>\n dans lequel les brins de l’ignorance comme du savoir<\/p>\n se retrouvent embrouill\u00e9s.<\/p>\n Au fond de tout \u00e7a un sultan qui n’a plus aucun engouement<\/p>\n pour Sh\u00e9razade.<\/p>\n<\/blockquote>\n Un barbare devenu las d’\u00eatre civilis\u00e9<\/p>\n et qui retourne ventre \u00e0 terre<\/p>\n vers la boue et le sang des champs de bataille.<\/p>\n --------------------------------------------------------------------------------------------------<\/p>\n comment \u00eatre certain de ne plus rien savoir enfin ?<\/p>\n qu’il ne reste plus une seule once de pr\u00e9tention ?<\/p>\n Du genre qui pourrit tout en donnant une orientation<\/p>\n une chasse au tr\u00e9sor ou un jeu de piste.<\/p>\n Que l’on d\u00e9cortiquera pour fabriquer encore du faux<\/p>\n de l’illusion<\/p>\n des bobards<\/p>\n<\/blockquote> vous \u00eates marteau mon bon ami<\/p>\n vous ne pouvez exister sans clou.<\/p>\n<\/blockquote> J’ai essay\u00e9 tellement de choses, de combines et de trucs<\/p>\n Pour ne plus rien \u00eatre<\/p>\n \u00e7a me r\u00e9siste.<\/p>\n Et c’est intol\u00e9rable<\/p>\n que cette chose ne cesse de me r\u00e9sister.<\/p>\n Cette chose en moi<\/p>\n<\/blockquote> Plus qu’une seule solution<\/p>\n se mettre \u00e0 poil<\/p>\n et danser devant la toile<\/p>\n tourner en rond sur soi-m\u00eame<\/p>\n centrifuge et centrip\u00e8te<\/p>\n et s’enfoncer dans la blancheur<\/p>\n aveuglante pour y voir enfin clair.<\/p>\n Et soudain cette voix qui traverse la cour<\/p>\n Tu pourrais mettre ton bol dans le lave-vaisselle quand m\u00eame !<\/em><\/p>\n ouf me voici sauv\u00e9 encore pour cette fois.<\/p>",
"content_text": "Je place une nouvelle toile sur le chevalet, je recommence. \n\nEt tout de suite la question\n\n\"qu'est ce que je vais bien pouvoir peindre\"\n\nse pr\u00e9sente.\n\nEt m'envahit\n\n.\n\nDurant quelques instants je ne suis plus que cette question.\n\nT\u00e9tanis\u00e9, paralys\u00e9, impossible de faire quoi que ce soit.\n\nJe repose le pinceau.\n\nJ'allume une cigarette et je contemple la toile blanche.\n\nDurant des ann\u00e9es je me suis imagin\u00e9 que cela fonctionnait ainsi.\n\nEn \u00e9crabouillant la clope \n\nen me ruant \u00e0 nouveau vers le pinceau pour me jeter \u00e0 l'ouvrage \n\nsoudain \n\nflanquant le bordel \n\nd\u00e9vastant la virginit\u00e9.\n\ncomme une indignation si l'on veut \n\net qui concerne ma propre virginit\u00e9.\n\nCette perp\u00e9tuelle obsession de non savoir.\n\nde vanit\u00e9 d'un quelconque savoir \n\nCe n\u0153ud gordien des mille et une comparaisons \n\ndans lequel les brins de l'ignorance comme du savoir \n\nse retrouvent embrouill\u00e9s.\n\nAu fond de tout \u00e7a un sultan qui n'a plus aucun engouement \n\npour Sh\u00e9razade.\n\nUn barbare devenu las d'\u00eatre civilis\u00e9 \n\net qui retourne ventre \u00e0 terre \n\nvers la boue et le sang des champs de bataille.\n\n--------------------------------------------------------------------------------------------------\n\ncomment \u00eatre certain de ne plus rien savoir enfin ?\n\nqu'il ne reste plus une seule once de pr\u00e9tention ?\n\nDu genre qui pourrit tout en donnant une orientation \n\nune chasse au tr\u00e9sor ou un jeu de piste.\n\nQue l'on d\u00e9cortiquera pour fabriquer encore du faux \n\nde l'illusion \n\ndes bobards \n\nvous \u00eates marteau mon bon ami \n\nvous ne pouvez exister sans clou.\n\nJ'ai essay\u00e9 tellement de choses, de combines et de trucs \n\nPour ne plus rien \u00eatre\n\n\u00e7a me r\u00e9siste.\n\nEt c'est intol\u00e9rable \n\nque cette chose ne cesse de me r\u00e9sister.\n\nCette chose en moi \n\nPlus qu'une seule solution \n\nse mettre \u00e0 poil \n\net danser devant la toile \n\ntourner en rond sur soi-m\u00eame \n\ncentrifuge et centrip\u00e8te \n\net s'enfoncer dans la blancheur \n\naveuglante pour y voir enfin clair.\n\nEt soudain cette voix qui traverse la cour \n\nTu pourrais mettre ton bol dans le lave-vaisselle quand m\u00eame !\n\nouf me voici sauv\u00e9 encore pour cette fois.",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/peindre-sans-but.html",
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"title": "Peindre sans but",
"date_published": "2021-07-11T17:55:26Z",
"date_modified": "2025-11-15T15:41:41Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Je peins pour me d\u00e9barrasser du but, de tous les buts<\/p>\n Pour fuir tout ce le que mental fait miroiter<\/p>\n Donc c\u2019est un but<\/p>\n Donc merde !<\/p>\n Demain je recommencerai.<\/p>",
"content_text": "Je peins pour me d\u00e9barrasser du but, de tous les buts \n\nPour fuir tout ce le que mental fait miroiter \n\nDonc c\u2019est un but \n\nDonc merde ! \n\nDemain je recommencerai.",
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"tags": ["peinture"]
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/la-premiere-impression-en-peinture.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/la-premiere-impression-en-peinture.html",
"title": "La premi\u00e8re impression en peinture",
"date_published": "2021-07-08T23:09:49Z",
"date_modified": "2025-11-15T15:39:08Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Je viens de peindre une bonne partie de la journ\u00e9e. Une grande toile de 100x100 cm \u00e0 l’huile et je poste le travail en cours sur mon compte Instagram.<\/p>\n Je pourrais me demander pourquoi je me sens oblig\u00e9 de poster ce travail sur les r\u00e9seaux sociaux en premier lieu.<\/p>\n Est-ce parce qu’il faut que je poste absolument quelque chose pour ne pas perdre ma place dans l’algorithme ?<\/p>\n Est-ce parce que j’en suis tellement fier que je ne peux conserver cela pour moi seul, que je me trouve dans une sorte d’obligation de le partager ? de partager l’exaltation pour en r\u00e9duire ainsi la charge ?<\/p>\n Est-ce parce qu’en le regardant au contraire je ne puis \u00e9prouver la moindre sensation que je puisse trouver suffisamment solide pour m’appuyer et que je compte sur celle des autres afin de pouvoir d\u00e9cider de l’orientation future de ce tableau ?<\/p>\n La plupart du temps comme je l’\u00e9cris plus haut je ne me pose jamais ces questions.<\/p>\n C’est une sorte d’habitude que je me suis donn\u00e9 de poster les tableaux dans leur \u00e9tat d’avancement tels qu’ils sont.<\/p>\n Ceci pour obtenir un peu de visibilit\u00e9 sur internet, ajouter un peu d’eau au moulin de ce personnage de peintre qui ne cesse de se d\u00e9battre entre une id\u00e9e de la peinture et la peinture elle-m\u00eame.<\/p>\n En pr\u00e9parant mon nouveau livre, le tome deux de \"propos sur la peinture<\/strong><\/em>\" je relis un texte dont le sujet est \"la premi\u00e8re impression\".<\/p>\n A la relecture je d\u00e9couvre des maladresses, des passages flous que je me mets \u00e0 corriger moi qui ne me relis quasiment jamais.<\/p>\n Cela vient aussi d’une impression que j’\u00e9prouve \u00e0 me relire que je pourrais r\u00e9sumer dans les mots confusion, d\u00e9sordre, bancal. C’est la fameuse premi\u00e8re impression<\/strong><\/em> \u00e0 la relecture de la plupart de mes textes depuis toujours.<\/p>\n Du coup j’ai d\u00e9cid\u00e9 de rebloguer ce texte corrig\u00e9 puis d’aller me servir un caf\u00e9.<\/p>\n En fumant la cigarette qui l’accompagne invariablement \u00e0 cette heure de la nuit, les id\u00e9es arrivent par vagues successives autour de cette id\u00e9e de \"premi\u00e8re impression\". Des id\u00e9es que je n’ai \u00e9videmment pas mises dans ce texte.<\/p>\n C’est la m\u00eame chose lorsque je vois mes tableaux expos\u00e9s dans les diff\u00e9rents lieux qui ont la gentillesse d’accueillir mon travail.<\/p>\n Une sorte d’insatisfaction chronique si je peux dire qui se r\u00e9sume par une sorte de prise de conscience d\u00e9sagr\u00e9able concernant le fait que la plupart de mes toiles ne me paraissent plus du tout abouties comme je l’avais pens\u00e9 en les signant quelques mois ou ann\u00e9es plus t\u00f4t.<\/p>\n Je crois que derri\u00e8re l’aspect d\u00e9sagr\u00e9able il y a tout de m\u00eame quelque chose de positif dans ce jugement, c’est l’id\u00e9e que rien n’est jamais totalement termin\u00e9 et que tout peut encore s’am\u00e9liorer.<\/p>\n Il y a des peintres qui devaient \u00e9prouver la m\u00eame sensation puisqu’ils n’h\u00e9sitaient pas \u00e0 se rendre dans les salons o\u00f9 leurs toiles \u00e9taient expos\u00e9es avec des tubes de gouache ou d’huile pour ajouter quelques touches \u00e0 la sauvette par ci par l\u00e0. Ainsi Bonnard par exemple \u00e9tait-t ’il connu pour cela. D’ailleurs il existe un mot pour ce genre de manie : c’est le mot \"bonnarder\".<\/p>\n Dans le film \"Turner\" On voit \u00e9galement le peintre s’approcher de l’une de ses toiles, puis sortir un tube de rouge pour r\u00e9aliser une bou\u00e9e au premier plan de sa mer qu’il trouve subitement trop vide.<\/p>\n Bref cela montre bien \u00e0 quel point nous avons du mal \u00e0 nous fier vraiment \u00e0 ce que l’on appelle une premi\u00e8re impression comme \u00e0 une derni\u00e8re d’ailleurs. A l’impression du moment qui peut nous faire agir de la pire ou de la meilleure des mani\u00e8res.<\/p>\n Mon \u00e9pouse qui est une passionn\u00e9e de s\u00e9ries polici\u00e8res et psychanalyste de m\u00e9tier, rejette en bloc la notion d’impression lorsqu’il m’arrive de l’ennuyer avec les miennes.<\/p>\n La phrase : j’ai l’impression qu’il va pleuvoir, que les choses vont bien ou mal se passer dans telle ou telle situation, j’ai l’impression qu’on va toucher un joli petit pactole car ma paume me gratte etc. cette phrase l\u00e0 au mieux la fait toujours sourire, au pire l’agace et j’en prends alors pour mon grade.<\/p>\n Toi et tes impressions...<\/p>\n J’imagine que tout le monde connait plus ou moins cela n’est-ce pas.<\/p>\n Ce qui fait qu’au bout d’un moment on n’en parle plus. On finit par garder ses impressions pour soi et la boucler.<\/p>\n Ce n’\u00e9tait pas le cas du Capitaine du navire sur lequel devait embarquer Charles Darwin lors de la fameuse et l\u00e9gendaire exp\u00e9dition du Beagle. A cette \u00e9poque on croyait dur comme fer \u00e0 la physionomie en tant que science et le bonhomme se faisait fort d’\u00eatre physionomiste.<\/p>\n Monsieur Darwin n’a pas le nez qui convient pour un tel voyage aurait t’il dit. Ce nez n’inspire aucun courage ni d\u00e9termination.<\/p>\n Heureux 19eme si\u00e8cle qui avait donc tent\u00e9 de faire des impressions une science exacte. En vain \u00e9videmment.<\/p>\n Pour en revenir \u00e0 Columbo et \u00e0 ma femme, les policiers ne peuvent s’emp\u00eacher de le dire au moins une fois par \u00e9pisode : \"je n’imagine rien, je ne pense rien, je m’appuie seulement sur les faits, rien que les faits.\"<\/p>\n Cela me fait rebondir sur un petit texte qu’avait \u00e9crit Calaferte sur un fait divers afin de se gu\u00e9rir de la maladie des \u00e9crivains : leur perp\u00e9tuelle tendance \u00e0 la digression.<\/p>\n Des phrases s\u00e8ches et courtes, sujet verbe, compl\u00e9ment, sans pratiquement aucun adjectif ni adverbe, voil\u00e0 une jolie retraite et largement de quoi m\u00e9diter par la m\u00eame occasion.<\/p>\n Mais pour revenir \u00e0 mon titre, c’est \u00e0 dire cette fameuse premi\u00e8re impression en peinture, celle qui surgit lorsqu’on repose le pinceau et que l’on s’\u00e9loigne du travail pour le regarder vraiment, sur quoi nous appuierions nous si ce n’\u00e9tait celle-ci ?<\/p>\n On peut examiner le tableau au travers de diff\u00e9rents points de vue bien sur, tant par sa composition par exemple, son jeu de couleurs, la temp\u00e9rature g\u00e9n\u00e9rale de l’atmosph\u00e8re qui s’en d\u00e9gage , mais c’est souvent au travers de l’impression g\u00e9n\u00e9rale premi\u00e8re que nous tentons d’\u00e9tablir le contact avec le travail en cours ou achev\u00e9.<\/p>\n Cela me fait penser au m\u00e9tier d’entrepreneur. Quelle est la principale qualit\u00e9 d’un entrepreneur ? c’est l’intensit\u00e9.<\/p>\n Et c’est aussi l’intuition, la rapidit\u00e9 de d\u00e9cision.<\/p>\n Il serait impossible pour un entrepreneur d’examiner une probl\u00e9matique en se perdant dans le m\u00e9andre des d\u00e9tails et des nuances. Cela c’est le travail des salari\u00e9s g\u00e9n\u00e9ralement.<\/p>\n C’est donc seulement arm\u00e9s de leurs impressions que les entrepreneurs vivent et choisissent intens\u00e9ment au travers leurs d\u00e9cisions l’avenir de leurs entreprises.<\/p>\n Cela ne signifie pas qu’ils croient en la magie.<\/p>\n Cela signifie qu’ils font confiance au cumul de l’exp\u00e9rience qu’ils ont d\u00e9j\u00e0 v\u00e9cu en de nombreuses situations, \u00e0 l’intuition qui en surgit pour tel ou tel cas de figure qui se repr\u00e9sente ou se pr\u00e9sente et qu’ils d\u00e9cident selon leur impression.<\/p>\n Autrement dit et c’est paradoxal un entrepreneur fait presque plus confiance \u00e0 ses premi\u00e8res impressions qu’un peintre ou qu’un artiste.<\/p>\n Pourquoi ?<\/p>\n Parce que dans le monde de l’entreprise il est convenu que les choses se passent ainsi la plupart du temps. Que le succ\u00e8s n’a aucune raison valable et qu’il ne sert \u00e0 rien de diss\u00e9quer les choses pour l’expliquer.<\/p>\n En revanche ils passent beaucoup de temps \u00e0 examiner leurs \u00e9checs \u00e0 les ruminer pour en extraire certains principes et s’am\u00e9liorer. Ils ne s’enlisent pas dans l’\u00e9motion que provoque g\u00e9n\u00e9ralement l’\u00e9chec chez la plupart d’entre nous, ils l’examinent froidement et en tirent des cons\u00e9quences pour l’avenir.<\/p>\n Est ce qu’un peintre fait cela ?<\/p>\n Je dirais oui et non en ce qui me concerne.<\/p>\n Oui parce qu’a force d’\u00e9chec on finit par comprendre comment il arrive la plupart du temps<\/p>\n et non parce que je ne suis pas toujours apte \u00e0 en extraire la substantifique moelle, parce que je crois que je m’en fous.<\/p>\n Parce que je dois aussi aimer l’ambiance, l’\u00e9nervement que m’apporte l’\u00e9chec, parce que l’\u00e9chec pour moi est une sorte de norme.<\/p>\n Et que le succ\u00e8s est un accident qui me perturberait plus que tout autre incident en fin de compte.<\/p>\n Je n’arrive jamais \u00e0 me fier \u00e0 mes premi\u00e8res impressions en peinture concernant mon propre travail.<\/p>\n En revanche je suis tout \u00e0 fait excellent pour remonter le moral de mes \u00e9l\u00e8ves et ce de fa\u00e7on naturelle, spontan\u00e9e, comme je respire.<\/p>\n Car je sais imm\u00e9diatement en parler \u00e9trangement alors que devant mes toiles, je reste muet.<\/p>\n Sans doute reviendrais je encore sur cette affaire de premi\u00e8re impression car il y a encore beaucoup \u00e0 dire.<\/p>\n Mais trop en dire fatiguerait le lecteur, donnerait une mauvaise impression d’embl\u00e9e en observant la taille du texte d\u00e9j\u00e0 bien assez long.<\/p>\n Une prochaine fois peut-\u00eatre ...<\/p>\n Evidemment je me d\u00e9p\u00eache de publier ce texte sans m\u00eame le relire, pour ne pas m’emp\u00eatrer \u00e0 nouveau dans la premi\u00e8re impression que ne manquerait pas d’en surgir et ce d\u00e8s la premi\u00e8re ligne, le premier mot.<\/p>",
"content_text": "Je viens de peindre une bonne partie de la journ\u00e9e. Une grande toile de 100x100 cm \u00e0 l'huile et je poste le travail en cours sur mon compte Instagram.\n\nJe pourrais me demander pourquoi je me sens oblig\u00e9 de poster ce travail sur les r\u00e9seaux sociaux en premier lieu.\n\nEst-ce parce qu'il faut que je poste absolument quelque chose pour ne pas perdre ma place dans l'algorithme ?\n\nEst-ce parce que j'en suis tellement fier que je ne peux conserver cela pour moi seul, que je me trouve dans une sorte d'obligation de le partager ? de partager l'exaltation pour en r\u00e9duire ainsi la charge ?\n\nEst-ce parce qu'en le regardant au contraire je ne puis \u00e9prouver la moindre sensation que je puisse trouver suffisamment solide pour m'appuyer et que je compte sur celle des autres afin de pouvoir d\u00e9cider de l'orientation future de ce tableau ?\n\nLa plupart du temps comme je l'\u00e9cris plus haut je ne me pose jamais ces questions.\n\nC'est une sorte d'habitude que je me suis donn\u00e9 de poster les tableaux dans leur \u00e9tat d'avancement tels qu'ils sont.\n\nCeci pour obtenir un peu de visibilit\u00e9 sur internet, ajouter un peu d'eau au moulin de ce personnage de peintre qui ne cesse de se d\u00e9battre entre une id\u00e9e de la peinture et la peinture elle-m\u00eame.\n\nEn pr\u00e9parant mon nouveau livre, le tome deux de \"propos sur la peinture\" je relis un texte dont le sujet est \"la premi\u00e8re impression\".\n\nA la relecture je d\u00e9couvre des maladresses, des passages flous que je me mets \u00e0 corriger moi qui ne me relis quasiment jamais.\n\nCela vient aussi d'une impression que j'\u00e9prouve \u00e0 me relire que je pourrais r\u00e9sumer dans les mots confusion, d\u00e9sordre, bancal. C'est la fameuse premi\u00e8re impression \u00e0 la relecture de la plupart de mes textes depuis toujours.\n\nDu coup j'ai d\u00e9cid\u00e9 de rebloguer ce texte corrig\u00e9 puis d'aller me servir un caf\u00e9.\n\nEn fumant la cigarette qui l'accompagne invariablement \u00e0 cette heure de la nuit, les id\u00e9es arrivent par vagues successives autour de cette id\u00e9e de \"premi\u00e8re impression\". Des id\u00e9es que je n'ai \u00e9videmment pas mises dans ce texte.\n\nC'est la m\u00eame chose lorsque je vois mes tableaux expos\u00e9s dans les diff\u00e9rents lieux qui ont la gentillesse d'accueillir mon travail.\n\nUne sorte d'insatisfaction chronique si je peux dire qui se r\u00e9sume par une sorte de prise de conscience d\u00e9sagr\u00e9able concernant le fait que la plupart de mes toiles ne me paraissent plus du tout abouties comme je l'avais pens\u00e9 en les signant quelques mois ou ann\u00e9es plus t\u00f4t.\n\nJe crois que derri\u00e8re l'aspect d\u00e9sagr\u00e9able il y a tout de m\u00eame quelque chose de positif dans ce jugement, c'est l'id\u00e9e que rien n'est jamais totalement termin\u00e9 et que tout peut encore s'am\u00e9liorer.\n\nIl y a des peintres qui devaient \u00e9prouver la m\u00eame sensation puisqu'ils n'h\u00e9sitaient pas \u00e0 se rendre dans les salons o\u00f9 leurs toiles \u00e9taient expos\u00e9es avec des tubes de gouache ou d'huile pour ajouter quelques touches \u00e0 la sauvette par ci par l\u00e0. Ainsi Bonnard par exemple \u00e9tait-t 'il connu pour cela. D'ailleurs il existe un mot pour ce genre de manie : c'est le mot \"bonnarder\".\n\nDans le film \"Turner\" On voit \u00e9galement le peintre s'approcher de l'une de ses toiles, puis sortir un tube de rouge pour r\u00e9aliser une bou\u00e9e au premier plan de sa mer qu'il trouve subitement trop vide.\n\nBref cela montre bien \u00e0 quel point nous avons du mal \u00e0 nous fier vraiment \u00e0 ce que l'on appelle une premi\u00e8re impression comme \u00e0 une derni\u00e8re d'ailleurs. A l'impression du moment qui peut nous faire agir de la pire ou de la meilleure des mani\u00e8res.\n\nMon \u00e9pouse qui est une passionn\u00e9e de s\u00e9ries polici\u00e8res et psychanalyste de m\u00e9tier, rejette en bloc la notion d'impression lorsqu'il m'arrive de l'ennuyer avec les miennes.\n\nLa phrase : j'ai l'impression qu'il va pleuvoir, que les choses vont bien ou mal se passer dans telle ou telle situation, j'ai l'impression qu'on va toucher un joli petit pactole car ma paume me gratte etc. cette phrase l\u00e0 au mieux la fait toujours sourire, au pire l'agace et j'en prends alors pour mon grade.\n\nToi et tes impressions...\n\nJ'imagine que tout le monde connait plus ou moins cela n'est-ce pas.\n\nCe qui fait qu'au bout d'un moment on n'en parle plus. On finit par garder ses impressions pour soi et la boucler.\n\nCe n'\u00e9tait pas le cas du Capitaine du navire sur lequel devait embarquer Charles Darwin lors de la fameuse et l\u00e9gendaire exp\u00e9dition du Beagle. A cette \u00e9poque on croyait dur comme fer \u00e0 la physionomie en tant que science et le bonhomme se faisait fort d'\u00eatre physionomiste. \n\nMonsieur Darwin n'a pas le nez qui convient pour un tel voyage aurait t'il dit. Ce nez n'inspire aucun courage ni d\u00e9termination.\n\nHeureux 19eme si\u00e8cle qui avait donc tent\u00e9 de faire des impressions une science exacte. En vain \u00e9videmment. \n\nPour en revenir \u00e0 Columbo et \u00e0 ma femme, les policiers ne peuvent s'emp\u00eacher de le dire au moins une fois par \u00e9pisode : \"je n'imagine rien, je ne pense rien, je m'appuie seulement sur les faits, rien que les faits.\"\n\nCela me fait rebondir sur un petit texte qu'avait \u00e9crit Calaferte sur un fait divers afin de se gu\u00e9rir de la maladie des \u00e9crivains : leur perp\u00e9tuelle tendance \u00e0 la digression.\n\nDes phrases s\u00e8ches et courtes, sujet verbe, compl\u00e9ment, sans pratiquement aucun adjectif ni adverbe, voil\u00e0 une jolie retraite et largement de quoi m\u00e9diter par la m\u00eame occasion.\n\nMais pour revenir \u00e0 mon titre, c'est \u00e0 dire cette fameuse premi\u00e8re impression en peinture, celle qui surgit lorsqu'on repose le pinceau et que l'on s'\u00e9loigne du travail pour le regarder vraiment, sur quoi nous appuierions nous si ce n'\u00e9tait celle-ci ?\n\nOn peut examiner le tableau au travers de diff\u00e9rents points de vue bien sur, tant par sa composition par exemple, son jeu de couleurs, la temp\u00e9rature g\u00e9n\u00e9rale de l'atmosph\u00e8re qui s'en d\u00e9gage , mais c'est souvent au travers de l'impression g\u00e9n\u00e9rale premi\u00e8re que nous tentons d'\u00e9tablir le contact avec le travail en cours ou achev\u00e9.\n\nCela me fait penser au m\u00e9tier d'entrepreneur. Quelle est la principale qualit\u00e9 d'un entrepreneur ? c'est l'intensit\u00e9.\n\nEt c'est aussi l'intuition, la rapidit\u00e9 de d\u00e9cision.\n\nIl serait impossible pour un entrepreneur d'examiner une probl\u00e9matique en se perdant dans le m\u00e9andre des d\u00e9tails et des nuances. Cela c'est le travail des salari\u00e9s g\u00e9n\u00e9ralement.\n\nC'est donc seulement arm\u00e9s de leurs impressions que les entrepreneurs vivent et choisissent intens\u00e9ment au travers leurs d\u00e9cisions l'avenir de leurs entreprises.\n\nCela ne signifie pas qu'ils croient en la magie. \n\nCela signifie qu'ils font confiance au cumul de l'exp\u00e9rience qu'ils ont d\u00e9j\u00e0 v\u00e9cu en de nombreuses situations, \u00e0 l'intuition qui en surgit pour tel ou tel cas de figure qui se repr\u00e9sente ou se pr\u00e9sente et qu'ils d\u00e9cident selon leur impression.\n\nAutrement dit et c'est paradoxal un entrepreneur fait presque plus confiance \u00e0 ses premi\u00e8res impressions qu'un peintre ou qu'un artiste.\n\nPourquoi ?\n\nParce que dans le monde de l'entreprise il est convenu que les choses se passent ainsi la plupart du temps. Que le succ\u00e8s n'a aucune raison valable et qu'il ne sert \u00e0 rien de diss\u00e9quer les choses pour l'expliquer.\n\nEn revanche ils passent beaucoup de temps \u00e0 examiner leurs \u00e9checs \u00e0 les ruminer pour en extraire certains principes et s'am\u00e9liorer. Ils ne s'enlisent pas dans l'\u00e9motion que provoque g\u00e9n\u00e9ralement l'\u00e9chec chez la plupart d'entre nous, ils l'examinent froidement et en tirent des cons\u00e9quences pour l'avenir.\n\nEst ce qu'un peintre fait cela ?\n\nJe dirais oui et non en ce qui me concerne.\n\nOui parce qu'a force d'\u00e9chec on finit par comprendre comment il arrive la plupart du temps \n\net non parce que je ne suis pas toujours apte \u00e0 en extraire la substantifique moelle, parce que je crois que je m'en fous.\n\nParce que je dois aussi aimer l'ambiance, l'\u00e9nervement que m'apporte l'\u00e9chec, parce que l'\u00e9chec pour moi est une sorte de norme.\n\nEt que le succ\u00e8s est un accident qui me perturberait plus que tout autre incident en fin de compte.\n\nJe n'arrive jamais \u00e0 me fier \u00e0 mes premi\u00e8res impressions en peinture concernant mon propre travail.\n\nEn revanche je suis tout \u00e0 fait excellent pour remonter le moral de mes \u00e9l\u00e8ves et ce de fa\u00e7on naturelle, spontan\u00e9e, comme je respire.\n\nCar je sais imm\u00e9diatement en parler \u00e9trangement alors que devant mes toiles, je reste muet.\n\nSans doute reviendrais je encore sur cette affaire de premi\u00e8re impression car il y a encore beaucoup \u00e0 dire.\n\nMais trop en dire fatiguerait le lecteur, donnerait une mauvaise impression d'embl\u00e9e en observant la taille du texte d\u00e9j\u00e0 bien assez long.\n\nUne prochaine fois peut-\u00eatre ...Presque rien\n\nEvidemment je me d\u00e9p\u00eache de publier ce texte sans m\u00eame le relire, pour ne pas m'emp\u00eatrer \u00e0 nouveau dans la premi\u00e8re impression que ne manquerait pas d'en surgir et ce d\u00e8s la premi\u00e8re ligne, le premier mot.",
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"title": "Il sera plusieurs fois cette fois.",
"date_published": "2021-07-07T03:35:21Z",
"date_modified": "2025-11-15T15:36:56Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Il \u00e9tait une fois un homme qui cherchait le bonheur et qui ne cessait de se lamenter car il ne le trouvait pas. Lorsqu’il regardait autour de lui, il \u00e9tait envieux de ce que poss\u00e9daient les autres et il s’obstinait \u00e0 relever tous les objets, les qualit\u00e9s, les avantages qu’une telle ou un tel semblait poss\u00e9der et dont il se plaignait d’\u00eatre d\u00e9pourvu.<\/p>\n A le regarder attentivement il avait tout \u00e0 fait le profil d’un comptable qui enregistre les entr\u00e9es et les sorties d’un livre de comptes. Au fur et \u00e0 mesure des ann\u00e9es il avait m\u00eame peu \u00e0 peu emprunt\u00e9 cette apparence caract\u00e9ristique des petits employ\u00e9s de bureau timor\u00e9s. Aux coudes, sur sa veste de tweed il avait fait poser deux protections de velours pour ne pas abimer le tissus. Et si vous aviez p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 jusqu’\u00e0 son int\u00e9rieur, vous seriez tomb\u00e9 sur une garde robe \u00e9tonnante : le m\u00eame costume pour chaque jour de la semaine, et les m\u00eames chaussures de couleur noire \u00e0 semelles plates align\u00e9es sur une \u00e9tag\u00e8re.<\/p>\n Un peu plus loin dans la cuisine, sagement align\u00e9s dans les placards un verre par jour, ou bien encore une pile impeccable de 7 assiettes.<\/p>\n Bref quelque chose de maladif, d’\u00e9triqu\u00e9 semblait gouverner la vie de notre homme qui se plaignait sans rel\u00e2che, mais bien sur dans son for int\u00e9rieur, jamais de vive voix, de l’absence totale de bonheur auquel il se trouvait condamn\u00e9.<\/p>\n Les rares fois o\u00f9 il avait tent\u00e9 de trouver une explication \u00e0 cet \u00e9tat de fait il avait invoqu\u00e9 la destin\u00e9e, la fatalit\u00e9, la faute \u00e0 pas de chance et il n’avait gu\u00e8re explor\u00e9 l’au del\u00e0 du cercle de convictions dans lequel il s’\u00e9tait enferm\u00e9.<\/p>\n Il \u00e9tait une fois une femme qui cherchait l’amour et qui ne cessait de se plaindre \u00e0 qui voulait bien l’entendre car elle ne l’avait jamais trouv\u00e9. Lorsqu’elle regardait autour d’elle, son c\u0153ur se serrait d’apercevoir tous ces couples qui s’aimaient et cette vision par ricochet ne cessait de la renvoyer \u00e0 sa propre solitude.<\/p>\n Pour autant les rares fois o\u00f9 un homme l’abordait, qui dans la file d’attente d’un cin\u00e9ma, d’un th\u00e9\u00e2tre, qui \u00e0 la table d’\u00e0 cot\u00e9 au caf\u00e9 ou au restaurant, qui dans les transports en commun, aucun ne paraissait digne suffisamment pour qu’elle lui accorde la moindre r\u00e9ponse. La peur de l’inconnu qui ne cessait de la tenailler depuis l’enfance, elle la projetait toute enti\u00e8re sur ces silhouettes qui s’approchaient d’elle et la renvoyait \u00e0 sa vuln\u00e9rabilit\u00e9, \u00e0 son manque totale de consistance-se disait-t ’elle et qui lui dissimulait sa vraie nature : un orgueil maladif.<\/p>\n Lorsque parfois, \u00e0 l’heure bleue du soir elle ouvrait ses fen\u00eatres au haut de l’immeuble o\u00f9 elle vivait, elle s’appuyait sur la rambarde du petit balcon et contemplait les fen\u00eatres des immeubles alentour. Elle restait l\u00e0 avec sa tasse de th\u00e9 de longues minutes \u00e0 observer les lumi\u00e8res s’allumer ou s’\u00e9teindre dans tous ces appartements, dans tous ces foyers o\u00f9 \u00e9videmment r\u00e9sidait l’amour dont elle \u00e9tait \u00e9cart\u00e9e.<\/p>\n Il \u00e9tait une fois un homme qui cherchait du travail et n’en trouvait que rarement car toutes les t\u00e2ches qu’on voulait bien lui confier, il ne les trouvait pas assez nobles pour lui. A chaque fois on aurait pu rire de voir exactement le m\u00eame sc\u00e9nario se d\u00e9rouler.<\/p>\n Tout d’abord une joie excessive lorsque par le plus grand des hasards \u00e0 la suite d’un entretien on lui accordait le job. Ensuite passait un mois ou deux, rarement trois o\u00f9 l’homme d\u00e9ployait tout un arsenal de politesse, d’assiduit\u00e9, de ronds de jambes envers ses coll\u00e8gues, sous chefs et chefs, en n’oubliant pas d’afficher un m\u00e9pris pour tout ce qui \u00e9tait au dessous de sa condition, puis comme une pendule suisse irr\u00e9m\u00e9diablement \u00e0 l’heure, toutes ces choses tombaient brusquement en quenouille. L’homme \u00e9tait comme frapp\u00e9 par une \u00e9trange maladie et plus un seul mot ne sortait de sa bouche qui ne manifesta alors toute l’acrimonie dont il se sentait la victime et qu’il renvoyait sur le monde entier.<\/p>\n Nul ne savait ce qui avait pu d\u00e9clencher un tel changement de comportement. Et d’ailleurs nul ne s’y int\u00e9ressait vraiment, surtout pas les dirigeants des diverses entreprises qui au bout du compte le licenci\u00e8rent car \u00e9videmment on ne peut pas utiliser le temps d’une journ\u00e9e de travail \u00e0 se plaindre uniquement.<\/p>\n Il \u00e9tait une fois un vieil homme qui \u00e9tait devenu veuf. Chaque matin lorsqu’il se r\u00e9veillait il touchait la place pr\u00e8s de lui pour constater l’absence de la femme tant aim\u00e9e. Cela lui permettait de commencer la journ\u00e9e dans la plus grande tristesse m\u00e9langer \u00e0 la dose de col\u00e8re minimum pour se redresser sur le bord du lit et enfiler ses pantoufles.<\/p>\n Ensuite la s\u00e9rie de gestes qu’il effectuait durant une grande partie de la journ\u00e9e ressemblait \u00e0 ces cartes perfor\u00e9es que l’on introduisait dans les pianos m\u00e9caniques pour jouer perp\u00e9tuellement la m\u00eame rengaine.<\/p>\n La machine \u00e0 caf\u00e9 s’allumait toute seule une demie-heure avant qu’il enfile les fameuses pantoufles , tout avait \u00e9t\u00e9 soigneusement programm\u00e9 la veille avant d’aller se coucher.<\/p>\n Une fois le caf\u00e9 bu, tout \u00e9tait rang\u00e9, la tasse et la cuill\u00e8re dans le lave vaisselle, le petit coup d’\u00e9ponge sur le carrelage de la table, le petit coup de serviette pour s\u00e9cher toute trace d’humidit\u00e9 ensuite. alors sonnait 8h c’\u00e9tait le moment o\u00f9 le chien montrait quelques signes d’agitation.<\/p>\n L’homme d\u00e9crochait la laisse de son clou, et le tintement de la ferraille comme un signal d\u00e9clenchait un dialogue qui se r\u00e9p\u00e9tait jusqu’au plus profond de la m\u00e9moire du chien et probablement de ce qui restait de la m\u00e9moire du vieux.<\/p>\n Ensuite l’homme disait au chien comme tous les matins : pas bouger<\/p>\n Puis il sortait pour aller d\u00e9marrer son v\u00e9hicule diesel. Lorsque c’\u00e9tait l’\u00e9t\u00e9 c’\u00e9tait pour mettre en route la climatisation , lorsque c’\u00e9tait l’hiver, le chauffage.<\/p>\n Ensuite il revenait \u00e0 la cuisine, prenait un bol dans le placard et se resservait un caf\u00e9 qu’il buvait debout en regardant par la fen\u00eatre.<\/p>\n Puis il reposait le bol pr\u00e8s de la cafeti\u00e8re, se dirigeait vers la porte d’entr\u00e9e et s’adressant au chien disait :<\/p>\n -Aller vieux, c’est l’heure on y va.<\/p>\n Le v\u00e9hicule roulait au pas vers la sortie de la petite r\u00e9sidence puis prenait vers l’Est vers la foret qui se tenait \u00e0 quelques kilom\u00e8tres<\/p>\n L’homme et le chien marchaient une heure sur les chemins forestiers puis ils revenaient vers le v\u00e9hicule.<\/p>\n Parfois ils avaient aper\u00e7u une biche, un chevreuil et l’\u00e9v\u00e9nement durant quelques instants apportait un peu de baume au c\u0153ur du vieux. Mais \u00e7a ne durait gu\u00e8re.<\/p>\n Aussit\u00f4t qu’il s’arr\u00eatait devant le magasin Lidl pour aller faire les emplettes de ses menus quotidiens, il repensait \u00e0 son \u00e9pouse et sur son front quelqu’un qui se serait int\u00e9ress\u00e9 \u00e0 sa physionomie, aurait aper\u00e7u se creuser encore plus les rides de son front, et l’humidit\u00e9 soudaine lui brouillant la vue.<\/p>\n Il \u00e9tait une fois un homme \u00e9bloui par sa propre existence comme par toutes celles appartenant aux autres, pas seulement les \u00eatre humains, mais aussi le moindre insecte, le moindre animal, la moindre fleur, le moindre brin d’herbe. Cependant qu’il n’arrivait pas \u00e0 l’exprimer. C’\u00e9tait tellement \u00e9norme comment mettre des mots l\u00e0 dessus comprenez vous ?<\/p>\n Ce sentiment intense de vivre et cette impossibilit\u00e9 de pouvoir le partager en mot ou en geste avec tout ce qui existait sur cette terre l’avait comme paralys\u00e9 depuis ses plus jeunes ann\u00e9es.<\/p>\n Il se sentait impuissant comme lorsqu’on r\u00eave de courir dans un r\u00eave et que l’on d\u00e9couvre ne pouvoir faire que du sur-place.<\/p>\n Comment exprimer toutes ces choses que j’\u00e9prouve ne cessait t’il de ressasser durant des ann\u00e9es.<\/p>\n Son esprit \u00e9tait tellement obs\u00e9d\u00e9 par cela que rien de ce qu’il vivait ne semblait l’int\u00e9resser v\u00e9ritablement. Il vivait dans ce paradoxe.<\/p>\n Parfois quelqu’un venait, un ami possible, une femme qui aurait pu devenir une compagne \u00e9ventuelle, mais tous ces liens qu’on lui proposait de tisser ne lui paraissait jamais suffisamment intenses et il finissait toujours par \u00e9prouver de l’ennui.<\/p>\n Au bout de plusieurs ann\u00e9es ainsi il d\u00e9cida de vivre seul, de refuser toute compagnie.<\/p>\n Il trouva un emploi pour subvenir \u00e0 ses faibles besoins, un obscur travail dans un petit bureau au bout de cette ville.<\/p>\n Les horaires \u00e9taient convenables et la charge de travail suffisamment l\u00e9g\u00e8re pour que la plupart du temps il puisse r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 la fa\u00e7on dont il pourrait s’exprimer pour t\u00e9moigner son grand message.<\/p>\n Les ann\u00e9es pass\u00e8rent et il se mit \u00e0 \u00e9crire sur des petits carnets. Au bout de 20 ans il avait r\u00e9dig\u00e9 des centaines de ces carnets qu’il rangeait dans des cartons au fur et \u00e0 mesure pour les remiser dans le petit grenier qu’il louait avec l’appartement dans lequel il vivait.<\/p>\n Un jour des voleurs vinrent et fractur\u00e8rent toutes les portes de ces greniers et d\u00e9rob\u00e8rent les cartons imaginant y trouver des objets \u00e0 revendre.<\/p>\n Ce fut pour l’homme au d\u00e9but la pire catastrophe qu’il n’aurait pu imaginer.<\/p>\n Durant des mois il devint l’ombre de cette ombre qui \u00e9tait lui-m\u00eame. Il tomba gravement malade et pris un cong\u00e9s pour s’enfermer chez lui. Allong\u00e9 sur son lit il ne cessait plus de ressasser son parcours et \u00e0 se demander pourquoi, pourquoi, pourquoi moi.<\/p>\n Un soir d’\u00e9t\u00e9 alors qu’il avait laiss\u00e9 sa fen\u00eatre ouverte un petit oiseau p\u00e9n\u00e9tra dans la chambre. Durant quelques instants il se cogna aux murs \u00e9troits de celle ci puis finit par se poser sur le pied du lit et fixer l’homme obstin\u00e9 \u00e0 vivre son agonie.<\/p>\n L’oiseau se mit \u00e0 chanter.<\/p>\n L’homme interloqu\u00e9 se redressa un peu, leurs regards alors se crois\u00e8rent et ce fut comme une d\u00e9livrance enfin.<\/p>\n Puis l’oiseau ressortit de la chambre comme il \u00e9tait venu.<\/p>\n L’homme se secoua, se lava s’habilla et enfin s’installa \u00e0 sa table pour \u00e9crire sur la nouvelle page d’un nouveau carnet.<\/p>\n Mais cette fois ci une fois le carnet termin\u00e9 il le mit dans une enveloppe et l’adressa \u00e0 une maison d’\u00e9dition dont il appr\u00e9ciait depuis toujours les publications, la ligne \u00e9ditoriale.<\/p>\n Puis il retourna \u00e0 son travail totalement gu\u00e9ri. Et la vie continua ainsi aussi belle et intense telle qu’il l’avait toujours \u00e9prouv\u00e9e sans jamais parvenir \u00e0 vraiment le dire. Mais quelle importance de le dire se disait t’il d\u00e9sormais .<\/p>",
"content_text": "Il \u00e9tait une fois un homme qui cherchait le bonheur et qui ne cessait de se lamenter car il ne le trouvait pas. Lorsqu'il regardait autour de lui, il \u00e9tait envieux de ce que poss\u00e9daient les autres et il s'obstinait \u00e0 relever tous les objets, les qualit\u00e9s, les avantages qu'une telle ou un tel semblait poss\u00e9der et dont il se plaignait d'\u00eatre d\u00e9pourvu.\n\nA le regarder attentivement il avait tout \u00e0 fait le profil d'un comptable qui enregistre les entr\u00e9es et les sorties d'un livre de comptes. Au fur et \u00e0 mesure des ann\u00e9es il avait m\u00eame peu \u00e0 peu emprunt\u00e9 cette apparence caract\u00e9ristique des petits employ\u00e9s de bureau timor\u00e9s. Aux coudes, sur sa veste de tweed il avait fait poser deux protections de velours pour ne pas abimer le tissus. Et si vous aviez p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 jusqu'\u00e0 son int\u00e9rieur, vous seriez tomb\u00e9 sur une garde robe \u00e9tonnante : le m\u00eame costume pour chaque jour de la semaine, et les m\u00eames chaussures de couleur noire \u00e0 semelles plates align\u00e9es sur une \u00e9tag\u00e8re.\n\nUn peu plus loin dans la cuisine, sagement align\u00e9s dans les placards un verre par jour, ou bien encore une pile impeccable de 7 assiettes. \n\nBref quelque chose de maladif, d'\u00e9triqu\u00e9 semblait gouverner la vie de notre homme qui se plaignait sans rel\u00e2che, mais bien sur dans son for int\u00e9rieur, jamais de vive voix, de l'absence totale de bonheur auquel il se trouvait condamn\u00e9.\n\nLes rares fois o\u00f9 il avait tent\u00e9 de trouver une explication \u00e0 cet \u00e9tat de fait il avait invoqu\u00e9 la destin\u00e9e, la fatalit\u00e9, la faute \u00e0 pas de chance et il n'avait gu\u00e8re explor\u00e9 l'au del\u00e0 du cercle de convictions dans lequel il s'\u00e9tait enferm\u00e9.\n\nIl \u00e9tait une fois une femme qui cherchait l'amour et qui ne cessait de se plaindre \u00e0 qui voulait bien l'entendre car elle ne l'avait jamais trouv\u00e9. Lorsqu'elle regardait autour d'elle, son c\u0153ur se serrait d'apercevoir tous ces couples qui s'aimaient et cette vision par ricochet ne cessait de la renvoyer \u00e0 sa propre solitude.\n\nPour autant les rares fois o\u00f9 un homme l'abordait, qui dans la file d'attente d'un cin\u00e9ma, d'un th\u00e9\u00e2tre, qui \u00e0 la table d'\u00e0 cot\u00e9 au caf\u00e9 ou au restaurant, qui dans les transports en commun, aucun ne paraissait digne suffisamment pour qu'elle lui accorde la moindre r\u00e9ponse. La peur de l'inconnu qui ne cessait de la tenailler depuis l'enfance, elle la projetait toute enti\u00e8re sur ces silhouettes qui s'approchaient d'elle et la renvoyait \u00e0 sa vuln\u00e9rabilit\u00e9, \u00e0 son manque totale de consistance-se disait-t 'elle et qui lui dissimulait sa vraie nature : un orgueil maladif.\n\nLorsque parfois, \u00e0 l'heure bleue du soir elle ouvrait ses fen\u00eatres au haut de l'immeuble o\u00f9 elle vivait, elle s'appuyait sur la rambarde du petit balcon et contemplait les fen\u00eatres des immeubles alentour. Elle restait l\u00e0 avec sa tasse de th\u00e9 de longues minutes \u00e0 observer les lumi\u00e8res s'allumer ou s'\u00e9teindre dans tous ces appartements, dans tous ces foyers o\u00f9 \u00e9videmment r\u00e9sidait l'amour dont elle \u00e9tait \u00e9cart\u00e9e.\n\nIl \u00e9tait une fois un homme qui cherchait du travail et n'en trouvait que rarement car toutes les t\u00e2ches qu'on voulait bien lui confier, il ne les trouvait pas assez nobles pour lui. A chaque fois on aurait pu rire de voir exactement le m\u00eame sc\u00e9nario se d\u00e9rouler.\n\nTout d'abord une joie excessive lorsque par le plus grand des hasards \u00e0 la suite d'un entretien on lui accordait le job. Ensuite passait un mois ou deux, rarement trois o\u00f9 l'homme d\u00e9ployait tout un arsenal de politesse, d'assiduit\u00e9, de ronds de jambes envers ses coll\u00e8gues, sous chefs et chefs, en n'oubliant pas d'afficher un m\u00e9pris pour tout ce qui \u00e9tait au dessous de sa condition, puis comme une pendule suisse irr\u00e9m\u00e9diablement \u00e0 l'heure, toutes ces choses tombaient brusquement en quenouille. L'homme \u00e9tait comme frapp\u00e9 par une \u00e9trange maladie et plus un seul mot ne sortait de sa bouche qui ne manifesta alors toute l'acrimonie dont il se sentait la victime et qu'il renvoyait sur le monde entier.\n\nNul ne savait ce qui avait pu d\u00e9clencher un tel changement de comportement. Et d'ailleurs nul ne s'y int\u00e9ressait vraiment, surtout pas les dirigeants des diverses entreprises qui au bout du compte le licenci\u00e8rent car \u00e9videmment on ne peut pas utiliser le temps d'une journ\u00e9e de travail \u00e0 se plaindre uniquement.\n\nIl \u00e9tait une fois un vieil homme qui \u00e9tait devenu veuf. Chaque matin lorsqu'il se r\u00e9veillait il touchait la place pr\u00e8s de lui pour constater l'absence de la femme tant aim\u00e9e. Cela lui permettait de commencer la journ\u00e9e dans la plus grande tristesse m\u00e9langer \u00e0 la dose de col\u00e8re minimum pour se redresser sur le bord du lit et enfiler ses pantoufles.\n\nEnsuite la s\u00e9rie de gestes qu'il effectuait durant une grande partie de la journ\u00e9e ressemblait \u00e0 ces cartes perfor\u00e9es que l'on introduisait dans les pianos m\u00e9caniques pour jouer perp\u00e9tuellement la m\u00eame rengaine. \n\nLa machine \u00e0 caf\u00e9 s'allumait toute seule une demie-heure avant qu'il enfile les fameuses pantoufles , tout avait \u00e9t\u00e9 soigneusement programm\u00e9 la veille avant d'aller se coucher.\n\nUne fois le caf\u00e9 bu, tout \u00e9tait rang\u00e9, la tasse et la cuill\u00e8re dans le lave vaisselle, le petit coup d'\u00e9ponge sur le carrelage de la table, le petit coup de serviette pour s\u00e9cher toute trace d'humidit\u00e9 ensuite. alors sonnait 8h c'\u00e9tait le moment o\u00f9 le chien montrait quelques signes d'agitation.\n\nL'homme d\u00e9crochait la laisse de son clou, et le tintement de la ferraille comme un signal d\u00e9clenchait un dialogue qui se r\u00e9p\u00e9tait jusqu'au plus profond de la m\u00e9moire du chien et probablement de ce qui restait de la m\u00e9moire du vieux.\n\nEnsuite l'homme disait au chien comme tous les matins : pas bouger\n\nPuis il sortait pour aller d\u00e9marrer son v\u00e9hicule diesel. Lorsque c'\u00e9tait l'\u00e9t\u00e9 c'\u00e9tait pour mettre en route la climatisation , lorsque c'\u00e9tait l'hiver, le chauffage.\n\nEnsuite il revenait \u00e0 la cuisine, prenait un bol dans le placard et se resservait un caf\u00e9 qu'il buvait debout en regardant par la fen\u00eatre.\n\nPuis il reposait le bol pr\u00e8s de la cafeti\u00e8re, se dirigeait vers la porte d'entr\u00e9e et s'adressant au chien disait : \n\n-Aller vieux, c'est l'heure on y va.\n\nLe v\u00e9hicule roulait au pas vers la sortie de la petite r\u00e9sidence puis prenait vers l'Est vers la foret qui se tenait \u00e0 quelques kilom\u00e8tres \n\nL'homme et le chien marchaient une heure sur les chemins forestiers puis ils revenaient vers le v\u00e9hicule.\n\nParfois ils avaient aper\u00e7u une biche, un chevreuil et l'\u00e9v\u00e9nement durant quelques instants apportait un peu de baume au c\u0153ur du vieux. Mais \u00e7a ne durait gu\u00e8re.\n\nAussit\u00f4t qu'il s'arr\u00eatait devant le magasin Lidl pour aller faire les emplettes de ses menus quotidiens, il repensait \u00e0 son \u00e9pouse et sur son front quelqu'un qui se serait int\u00e9ress\u00e9 \u00e0 sa physionomie, aurait aper\u00e7u se creuser encore plus les rides de son front, et l'humidit\u00e9 soudaine lui brouillant la vue.\n\nIl \u00e9tait une fois un homme \u00e9bloui par sa propre existence comme par toutes celles appartenant aux autres, pas seulement les \u00eatre humains, mais aussi le moindre insecte, le moindre animal, la moindre fleur, le moindre brin d'herbe. Cependant qu'il n'arrivait pas \u00e0 l'exprimer. C'\u00e9tait tellement \u00e9norme comment mettre des mots l\u00e0 dessus comprenez vous ?\n\nCe sentiment intense de vivre et cette impossibilit\u00e9 de pouvoir le partager en mot ou en geste avec tout ce qui existait sur cette terre l'avait comme paralys\u00e9 depuis ses plus jeunes ann\u00e9es.\n\nIl se sentait impuissant comme lorsqu'on r\u00eave de courir dans un r\u00eave et que l'on d\u00e9couvre ne pouvoir faire que du sur-place.\n\nComment exprimer toutes ces choses que j'\u00e9prouve ne cessait t'il de ressasser durant des ann\u00e9es.\n\nSon esprit \u00e9tait tellement obs\u00e9d\u00e9 par cela que rien de ce qu'il vivait ne semblait l'int\u00e9resser v\u00e9ritablement. Il vivait dans ce paradoxe.\n\nParfois quelqu'un venait, un ami possible, une femme qui aurait pu devenir une compagne \u00e9ventuelle, mais tous ces liens qu'on lui proposait de tisser ne lui paraissait jamais suffisamment intenses et il finissait toujours par \u00e9prouver de l'ennui.\n\nAu bout de plusieurs ann\u00e9es ainsi il d\u00e9cida de vivre seul, de refuser toute compagnie. \n\nIl trouva un emploi pour subvenir \u00e0 ses faibles besoins, un obscur travail dans un petit bureau au bout de cette ville.\n\nLes horaires \u00e9taient convenables et la charge de travail suffisamment l\u00e9g\u00e8re pour que la plupart du temps il puisse r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 la fa\u00e7on dont il pourrait s'exprimer pour t\u00e9moigner son grand message.\n\nLes ann\u00e9es pass\u00e8rent et il se mit \u00e0 \u00e9crire sur des petits carnets. Au bout de 20 ans il avait r\u00e9dig\u00e9 des centaines de ces carnets qu'il rangeait dans des cartons au fur et \u00e0 mesure pour les remiser dans le petit grenier qu'il louait avec l'appartement dans lequel il vivait.\n\nUn jour des voleurs vinrent et fractur\u00e8rent toutes les portes de ces greniers et d\u00e9rob\u00e8rent les cartons imaginant y trouver des objets \u00e0 revendre.\n\nCe fut pour l'homme au d\u00e9but la pire catastrophe qu'il n'aurait pu imaginer.\n\nDurant des mois il devint l'ombre de cette ombre qui \u00e9tait lui-m\u00eame. Il tomba gravement malade et pris un cong\u00e9s pour s'enfermer chez lui. Allong\u00e9 sur son lit il ne cessait plus de ressasser son parcours et \u00e0 se demander pourquoi, pourquoi, pourquoi moi.\n\nUn soir d'\u00e9t\u00e9 alors qu'il avait laiss\u00e9 sa fen\u00eatre ouverte un petit oiseau p\u00e9n\u00e9tra dans la chambre. Durant quelques instants il se cogna aux murs \u00e9troits de celle ci puis finit par se poser sur le pied du lit et fixer l'homme obstin\u00e9 \u00e0 vivre son agonie.\n\nL'oiseau se mit \u00e0 chanter.\n\nL'homme interloqu\u00e9 se redressa un peu, leurs regards alors se crois\u00e8rent et ce fut comme une d\u00e9livrance enfin.\n\nPuis l'oiseau ressortit de la chambre comme il \u00e9tait venu.\n\nL'homme se secoua, se lava s'habilla et enfin s'installa \u00e0 sa table pour \u00e9crire sur la nouvelle page d'un nouveau carnet.\n\nMais cette fois ci une fois le carnet termin\u00e9 il le mit dans une enveloppe et l'adressa \u00e0 une maison d'\u00e9dition dont il appr\u00e9ciait depuis toujours les publications, la ligne \u00e9ditoriale.\n\nPuis il retourna \u00e0 son travail totalement gu\u00e9ri. Et la vie continua ainsi aussi belle et intense telle qu'il l'avait toujours \u00e9prouv\u00e9e sans jamais parvenir \u00e0 vraiment le dire. 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"title": "Mon \"secret\" pour \u00e9crire et pour peindre.",
"date_published": "2021-07-06T15:17:05Z",
"date_modified": "2025-11-15T15:35:42Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " En regardant une vid\u00e9o de mon ami Patrick Robbe Grillet sur la r\u00e9alisation d’un dessin au fusain, je me suis pos\u00e9 cette question : Quel est donc son secret pour poss\u00e9der une telle fulgurance ? Le dessin ne dure qu’\u00e0 peine 3 secondes et je suis rest\u00e9 bluff\u00e9 par la virtuosit\u00e9 de sa ligne et par la rapidit\u00e9 d’ex\u00e9cution.<\/p>\n
Peut-\u00eatre ne sert t\u2019elle \u00e0 rien d\u2019autre\u2026<\/p>\n\n
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Presque rien<\/p>\n