{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-inaccessible-tableau.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-inaccessible-tableau.html", "title": "L\u2019inaccessible tableau", "date_published": "2021-07-26T06:42:07Z", "date_modified": "2025-11-15T20:23:24Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Aussi \u00e9loign\u00e9 que l\u2019\u00e9toile<\/p>\n

Car ce qui compte est dans le cheminement<\/p>\n

Une fois parvenu la b\u00eatise coule \u00e0 flots<\/p>\n

La gravit\u00e9 d\u2019un second tome de Cervantes<\/p>\n

La goutte de trop\u2026<\/p>", "content_text": "Aussi \u00e9loign\u00e9 que l\u2019\u00e9toile \n\nCar ce qui compte est dans le cheminement \n\nUne fois parvenu la b\u00eatise coule \u00e0 flots \n\nLa gravit\u00e9 d\u2019un second tome de Cervantes\n\nLa goutte de trop\u2026", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2194.jpg?1763238188", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-aura-d-une-oeuvre-d-art.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-aura-d-une-oeuvre-d-art.html", "title": "L'aura d'une \u0153uvre d'art", "date_published": "2021-07-24T20:46:00Z", "date_modified": "2025-11-15T20:22:03Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de ma belle-m\u00e8re, une dame de 90 ans tout rond, et nous avions rendez-vous chez une de ses filles pour partager ce moment. Toute la famille \u00e9tait l\u00e0 et chacun avait apport\u00e9 des victuailles et des boissons pour c\u00e9l\u00e9brer l’\u00e9v\u00e9nement.<\/p>\n

Plusieurs fois, la vieille dame s’est pench\u00e9e vers moi pour me dire qu’elle ne savait pas du tout comment elle \u00e9tait arriv\u00e9e jusqu’\u00e0 cet \u00e2ge avanc\u00e9.<\/p>\n

90 ans je n’arrive pas \u00e0 le croire... ne cessait t’elle pas de r\u00e9p\u00e9ter, parfois pour elle seule comme s’il fallait que \u00e7a rentre, que ce ne soit pas du domaine de l’illusion, pour que cela devienne un fait av\u00e9r\u00e9.<\/p>\n

90 ans, incroyable... mais il faut tout de m\u00eame y croire.<\/p>\n

En rentrant je pensais \u00e0 tous les membres de ma famille, qui furent rares \u00e0 atteindre cet \u00e2ge v\u00e9n\u00e9rable. Mes grand-parents sont partis de fa\u00e7on pr\u00e9coce . Et mes parents encore plus rapidement.<\/p>\n

En croisant le regard de la vieille dame, il y avait cette interrogation derri\u00e8re les effusions de joie dont elle faisait montre. Serais je encore l\u00e0 pour f\u00eater la suite ? l’ann\u00e9e prochaine par exemple... je l’ai surprise \u00e0 le penser comme \u00e0 voix haute.<\/p>\n

Et puis \u00e0 la hauteur de Vienne o\u00f9 nous devions d\u00e9poser mon beau-fils, j’ai repens\u00e9 \u00e0 ce vide que les gens laissent aux vivants, avec lequel surtout ils doivent se d\u00e9brouiller.<\/p>\n

Merci au revoir, profitant d’un feu rouge, une porti\u00e8re qui s’ouvre et se referme, puis le feu passe au vert et je passe la premi\u00e8re pour m’enfiler dans la cohue, traverser ce qui reste \u00e0 traverser de la ville pour me retrouver \u00e0 rouler sur la RN7 en rase campagne quelques instants plus tard.<\/p>\n

C’est fou \u00e0 la vitesse o\u00f9 les choses naissent existent et disparaissent.<\/p>\n

Et bien sur le soir commen\u00e7ait \u00e0 tomber, et bien sur je pensais \u00e0 la peinture, je pensais \u00e0 mes toiles, \u00e0 mes toiles apr\u00e8s moi, encore une fois de plus. Lorsque moi aussi j’aurai disparu.<\/p>\n

Et j’ai d\u00e9couvert comme une sorte de r\u00e9ciprocit\u00e9 singuli\u00e8re soudain entre cette id\u00e9e d’\u0153uvre d’art et cette id\u00e9e de vie qui traverse l’espace temps \u00e0 la vitesse de l’\u00e9clair.<\/p>\n

Que laisse une \u0153uvre derri\u00e8re elle lorsque l’\u00e9poque et l’espace dans lesquels elle a \u00e9t\u00e9 con\u00e7us sont devenus \u00e9trangers \u00e0 des contemporains du futur ?<\/p>\n

En allant boire le caf\u00e9, pour fuir une averse nous sommes mont\u00e9 boire le caf\u00e9 chez le couple qui nous accueillait. Lui s’est mis \u00e0 collectionner des pi\u00e8ces d’antiquit\u00e9s et il prit un grand plaisir \u00e0 nous pr\u00e9senter celles ci qu’il enferme dans une petite vitrine.<\/p>\n

Il y avait l\u00e0 des bronzes, notamment une hache votive de couleur vert de gris, une anse travaill\u00e9e de fa\u00e7on \u00e0 repr\u00e9senter Dionysos, le visage r\u00e9jouit tourn\u00e9 vers ce qu’on imagine avoir pu \u00eatre un pot \u00e0 vin qui a d\u00e9sormais disparut. Des petits boucs en face \u00e0 face ayant connu tout un monde de marchands et de po\u00e8tes de la Perse antique, un vase en alb\u00e2tre dont on pouvait s’apercevoir de l’authenticit\u00e9 en raison des stries concentriques laiss\u00e9es sur ses parois translucides.<\/p>\n

Ce qui \u00e9tait touchant c’\u00e9tait les certificats d’authenticit\u00e9 justement qui accompagnait chacune de ces \u0153uvres et o\u00f9 \u00e9taient stipul\u00e9s les divers carottages, tests, et analyses men\u00e9s par les experts pour attester qu’une telle provenait de -2000 avant JC, une autre 400 apr\u00e8s... et quelques paragraphes en sus indiquant la provenance, les dimensions, le prix. Tous les dits documents sign\u00e9s \u00e0 la main par qui de droit.<\/p>\n

C’est tout ce qui pouvait \u00e9tayer, remplacer si l’on veut l’espace et le temps dont je parlais plus haut.<\/p>\n

Les \u0153uvres quant \u00e0 elles restaient scell\u00e9es dans leur singularit\u00e9 ne laissant filtrer qu’un mince filet de familiarit\u00e9 possible li\u00e9 \u00e0 la r\u00e9p\u00e9tition innombrable des formes et \u00e0 l’histoire que chacun entretient avec elles.<\/p>\n

Soudain je pensais aussi \u00e0 l’architecture en mettant la clef dans la serrure de notre home sweet home enfin, qui se construit pour mettre en valeur le vide.<\/p>\n

Et j’ai eu comme un vertige.<\/p>\n

Ce ne sont pas tant les \u0153uvres en elle m\u00eame qui r\u00e9v\u00e8lent quoi que ce soit sauf cette fameuse singularit\u00e9. C’est ce qui a \u00e9t\u00e9 tout autour d’elles et qui n’est plus, c’est le vide d’o\u00f9 elles surgissent et dont elles semblent t\u00e9moigner au final.<\/p>\n

Encore une raison de plus me dis-je pour s’accrocher au hic et nunc<\/em>, au moment, le reste n’\u00e9tant que songe filant vers on ne sait quoi on ne sait o\u00f9.<\/p>\n

Voil\u00e0 ce que repr\u00e9sente la peinture sans doute dans mon esprit enfantin et peureux, une mat\u00e9rialisation de l’instant pr\u00e9sent, qui parfois s’\u00e9tend, mais ce n’est pas bien grave, sur plusieurs heures mois ann\u00e9es cr\u00e9ant un espace s\u00e9curis\u00e9.<\/p>\n

Une sorte de barrage contre ce torrent du temps et de l’espace du monde \"r\u00e9el\" qui nous avale et nous recrache en cendres.<\/p>\n

Une respiration qui s’\u00e9l\u00e8ve plus ou moins courageusement contre le risque d’\u00eatre la derni\u00e8re, avant l’ultime calcination, la r\u00e9duction en poudre, en atomes...<\/p>", "content_text": "Aujourd'hui c'est l'anniversaire de ma belle-m\u00e8re, une dame de 90 ans tout rond, et nous avions rendez-vous chez une de ses filles pour partager ce moment. 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Et mes parents encore plus rapidement.\n\nEn croisant le regard de la vieille dame, il y avait cette interrogation derri\u00e8re les effusions de joie dont elle faisait montre. Serais je encore l\u00e0 pour f\u00eater la suite ? l'ann\u00e9e prochaine par exemple... je l'ai surprise \u00e0 le penser comme \u00e0 voix haute.\n\nEt puis \u00e0 la hauteur de Vienne o\u00f9 nous devions d\u00e9poser mon beau-fils, j'ai repens\u00e9 \u00e0 ce vide que les gens laissent aux vivants, avec lequel surtout ils doivent se d\u00e9brouiller.\n\nMerci au revoir, profitant d'un feu rouge, une porti\u00e8re qui s'ouvre et se referme, puis le feu passe au vert et je passe la premi\u00e8re pour m'enfiler dans la cohue, traverser ce qui reste \u00e0 traverser de la ville pour me retrouver \u00e0 rouler sur la RN7 en rase campagne quelques instants plus tard.\n\nC'est fou \u00e0 la vitesse o\u00f9 les choses naissent existent et disparaissent.\n\nEt bien sur le soir commen\u00e7ait \u00e0 tomber, et bien sur je pensais \u00e0 la peinture, je pensais \u00e0 mes toiles, \u00e0 mes toiles apr\u00e8s moi, encore une fois de plus. Lorsque moi aussi j'aurai disparu.\n\nEt j'ai d\u00e9couvert comme une sorte de r\u00e9ciprocit\u00e9 singuli\u00e8re soudain entre cette id\u00e9e d'\u0153uvre d'art et cette id\u00e9e de vie qui traverse l'espace temps \u00e0 la vitesse de l'\u00e9clair.\n\nQue laisse une \u0153uvre derri\u00e8re elle lorsque l'\u00e9poque et l'espace dans lesquels elle a \u00e9t\u00e9 con\u00e7us sont devenus \u00e9trangers \u00e0 des contemporains du futur ?\n\nEn allant boire le caf\u00e9, pour fuir une averse nous sommes mont\u00e9 boire le caf\u00e9 chez le couple qui nous accueillait. Lui s'est mis \u00e0 collectionner des pi\u00e8ces d'antiquit\u00e9s et il prit un grand plaisir \u00e0 nous pr\u00e9senter celles ci qu'il enferme dans une petite vitrine.\n\nIl y avait l\u00e0 des bronzes, notamment une hache votive de couleur vert de gris, une anse travaill\u00e9e de fa\u00e7on \u00e0 repr\u00e9senter Dionysos, le visage r\u00e9jouit tourn\u00e9 vers ce qu'on imagine avoir pu \u00eatre un pot \u00e0 vin qui a d\u00e9sormais disparut. Des petits boucs en face \u00e0 face ayant connu tout un monde de marchands et de po\u00e8tes de la Perse antique, un vase en alb\u00e2tre dont on pouvait s'apercevoir de l'authenticit\u00e9 en raison des stries concentriques laiss\u00e9es sur ses parois translucides.\n\nCe qui \u00e9tait touchant c'\u00e9tait les certificats d'authenticit\u00e9 justement qui accompagnait chacune de ces \u0153uvres et o\u00f9 \u00e9taient stipul\u00e9s les divers carottages, tests, et analyses men\u00e9s par les experts pour attester qu'une telle provenait de -2000 avant JC, une autre 400 apr\u00e8s... et quelques paragraphes en sus indiquant la provenance, les dimensions, le prix. Tous les dits documents sign\u00e9s \u00e0 la main par qui de droit.\n\nC'est tout ce qui pouvait \u00e9tayer, remplacer si l'on veut l'espace et le temps dont je parlais plus haut.\n\nLes \u0153uvres quant \u00e0 elles restaient scell\u00e9es dans leur singularit\u00e9 ne laissant filtrer qu'un mince filet de familiarit\u00e9 possible li\u00e9 \u00e0 la r\u00e9p\u00e9tition innombrable des formes et \u00e0 l'histoire que chacun entretient avec elles.\n\nSoudain je pensais aussi \u00e0 l'architecture en mettant la clef dans la serrure de notre home sweet home enfin, qui se construit pour mettre en valeur le vide.\n\nEt j'ai eu comme un vertige. \n\nCe ne sont pas tant les \u0153uvres en elle m\u00eame qui r\u00e9v\u00e8lent quoi que ce soit sauf cette fameuse singularit\u00e9. C'est ce qui a \u00e9t\u00e9 tout autour d'elles et qui n'est plus, c'est le vide d'o\u00f9 elles surgissent et dont elles semblent t\u00e9moigner au final.\n\nEncore une raison de plus me dis-je pour s'accrocher au hic et nunc, au moment, le reste n'\u00e9tant que songe filant vers on ne sait quoi on ne sait o\u00f9.\n\nVoil\u00e0 ce que repr\u00e9sente la peinture sans doute dans mon esprit enfantin et peureux, une mat\u00e9rialisation de l'instant pr\u00e9sent, qui parfois s'\u00e9tend, mais ce n'est pas bien grave, sur plusieurs heures mois ann\u00e9es cr\u00e9ant un espace s\u00e9curis\u00e9.\n\nUne sorte de barrage contre ce torrent du temps et de l'espace du monde \"r\u00e9el\" qui nous avale et nous recrache en cendres.\n\nUne respiration qui s'\u00e9l\u00e8ve plus ou moins courageusement contre le risque d'\u00eatre la derni\u00e8re, avant l'ultime calcination, la r\u00e9duction en poudre, en atomes...", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/064a2ea8-c0f9-4dbf-9030-918406ffc143.jpg?1763238057", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/avoir-envie-de-ne-pas-avoir-envie.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/avoir-envie-de-ne-pas-avoir-envie.html", "title": "Avoir envie de ne pas avoir envie", "date_published": "2021-07-24T07:46:31Z", "date_modified": "2025-11-15T20:18:54Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Ouvrir les yeux dans le noir pour trouver la lumi\u00e8re.<\/p>\n

Oui mais il faut d\u2019abord \u00eatre certain du noir.<\/p>\n

Il ne faudrait pas un gris fonc\u00e9, une sorte d\u2019ersatz.<\/p>\n

Parce que la nature de la lumi\u00e8re est li\u00e9e \u00e0 celle du noir.<\/p>\n

Avoir envie de de pas avoir envie<\/p>\n

De choses s\u00e9duisantes , fausses, d\u00e9j\u00e0 vues mille fois\u2026<\/p>\n

L\u2019\u00e9tau se resserre<\/p>\n

Et moi du caf\u00e9 pour rester les yeux bien ouverts.<\/p>", "content_text": "Ouvrir les yeux dans le noir pour trouver la lumi\u00e8re. \n\nOui mais il faut d\u2019abord \u00eatre certain du noir. \n\nIl ne faudrait pas un gris fonc\u00e9, une sorte d\u2019ersatz. \n\nParce que la nature de la lumi\u00e8re est li\u00e9e \u00e0 celle du noir.\n\nAvoir envie de de pas avoir envie \n\nDe choses s\u00e9duisantes , fausses, d\u00e9j\u00e0 vues mille fois\u2026\n\nL\u2019\u00e9tau se resserre \n\nEt moi du caf\u00e9 pour rester les yeux bien ouverts.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2164-2.jpg?1763237903", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/histoire-de-dindons.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/histoire-de-dindons.html", "title": "Histoire de dindons", "date_published": "2021-07-23T08:45:51Z", "date_modified": "2025-11-15T20:16:24Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Un dindon se dandinait en dodelinant de la t\u00eate ce qui procurait un dr\u00f4le de tremblement \u00e0 sa pendeloque \u00e0 son fanon et pis sa barbe.<\/p>\n

Une vieille dinde encore coquette, affam\u00e9e et hors d\u2019elle pour ces deux raisons d\u00e9raisonnables avisa notre dindon.<\/p>\n

Un glouglou par ci un glouglou par l\u00e0 et je te ments par l\u00e0 et je te ments par ci.<\/p>\n

Comme ces deux l\u00e0 voulaient approximativement la m\u00eame chose ils essayent d\u2019\u00eatre amants.<\/p>\n

Un petit coup par ci et beaucoup de r\u00e9tablissement par l\u00e0.<\/p>\n

Vous vous faites vieux mon cher s\u2019\u00e9crie la dinde hors d\u2019elle et toujours affam\u00e9e \u00e9videmment<\/p>\n

Vous \u00eates si exigeante tente le vieux sans vouloir la froisser. Alors que dans sa barbe , juch\u00e9 sur ses ergots il manque basculer croupion par dessus t\u00eate en songeant bigre qu\u2019elle vieille peau !<\/p>\n

Exigeante vous dites ? Vous vous regardez ? Vous ne faites que pr\u00e9tendre sans avoir rien de tendre !<\/p>\n

Le fermier qui finit sa sieste se l\u00e8ve d\u2019un mauvais pied en entendant le boucan des deux gallinac\u00e9s et dit non mais assez !<\/p>\n

D\u2019un coup d\u2019un seul il tranche le cou du gros et de la mondaine.<\/p>\n

Qui continue comme il se doit \u00e0 marcher sans queue ni t\u00eate comme cette petite histoire.<\/p>\n

Moralit\u00e9 quand on est de l\u2019esp\u00e8ce des dindons il faut profiter de l\u2019instant pr\u00e9sent fermer son bec et faire feu de tout bois bon an mal an sous peine de perdre toute illusion et surtout la t\u00eate.<\/p>\n

Enfin se sauver dans le bon sens voulais je dire\u2026<\/p>", "content_text": "Un dindon se dandinait en dodelinant de la t\u00eate ce qui procurait un dr\u00f4le de tremblement \u00e0 sa pendeloque \u00e0 son fanon et pis sa barbe.\n\nUne vieille dinde encore coquette, affam\u00e9e et hors d\u2019elle pour ces deux raisons d\u00e9raisonnables avisa notre dindon.\n\nUn glouglou par ci un glouglou par l\u00e0 et je te ments par l\u00e0 et je te ments par ci. \n\nComme ces deux l\u00e0 voulaient approximativement la m\u00eame chose ils essayent d\u2019\u00eatre amants.\n\nUn petit coup par ci et beaucoup de r\u00e9tablissement par l\u00e0.\n\nVous vous faites vieux mon cher s\u2019\u00e9crie la dinde hors d\u2019elle et toujours affam\u00e9e \u00e9videmment\n\nVous \u00eates si exigeante tente le vieux sans vouloir la froisser. Alors que dans sa barbe , juch\u00e9 sur ses ergots il manque basculer croupion par dessus t\u00eate en songeant bigre qu\u2019elle vieille peau !\n\nExigeante vous dites ? Vous vous regardez ? Vous ne faites que pr\u00e9tendre sans avoir rien de tendre !\n\nLe fermier qui finit sa sieste se l\u00e8ve d\u2019un mauvais pied en entendant le boucan des deux gallinac\u00e9s et dit non mais assez !\n\nD\u2019un coup d\u2019un seul il tranche le cou du gros et de la mondaine.\n\nQui continue comme il se doit \u00e0 marcher sans queue ni t\u00eate comme cette petite histoire.\n\nMoralit\u00e9 quand on est de l\u2019esp\u00e8ce des dindons il faut profiter de l\u2019instant pr\u00e9sent fermer son bec et faire feu de tout bois bon an mal an sous peine de perdre toute illusion et surtout la t\u00eate.\n\nEnfin se sauver dans le bon sens voulais je dire\u2026", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2170.jpg?1763237764", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/on-ne-peut-tout-faire.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/on-ne-peut-tout-faire.html", "title": "On ne peut tout faire", "date_published": "2021-07-23T06:53:27Z", "date_modified": "2025-11-15T20:14:36Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Il y a des jours o\u00f9 le temps va me manquer. Que je ne serai pas en mesure de r\u00e9aliser en peinture tout ce que j\u2019ai r\u00eav\u00e9. \u00c7a me rend f\u00e9brile, dingo, infr\u00e9quentable. Je me renferme sur moi-m\u00eame et me jette dans le travail \u00e0 ces moments l\u00e0 en imaginant je ne sais quoi.. peut-on jamais rattraper le temps\u2026 celui des r\u00eaves ? Parce que le temps perdu ne se rattrapera qu\u2019en regrets st\u00e9riles. Il n\u2019en vaut aucune peine, aucun chagrin,aucune nostalgie.<\/p>\n

C\u2019est au pr\u00e9sent que l\u2019on lutte. Pour canaliser la peur. Comme un cheval fou qui se cabre devant les ombres de l\u2019in\u00e9luctable.<\/p>\n

C\u2019est pour apprendre \u00e0 dompter cette peur que je peins.<\/p>\n

Je rate souvent. Je trouve des subterfuges pour conserver l\u2019espoir. La cr\u00e9ativit\u00e9 se joue l\u00e0 aussi. Elle se joue de moi.<\/p>\n

Je gratte la cro\u00fbte du temps s\u00e9lectionnant par ci par l\u00e0 des lambeaux pour faire du lent et je l,esp\u00e8re toujours du beau sans raison ni cause.<\/p>", "content_text": "Il y a des jours o\u00f9 le temps va me manquer. Que je ne serai pas en mesure de r\u00e9aliser en peinture tout ce que j\u2019ai r\u00eav\u00e9. \u00c7a me rend f\u00e9brile, dingo, infr\u00e9quentable. Je me renferme sur moi-m\u00eame et me jette dans le travail \u00e0 ces moments l\u00e0 en imaginant je ne sais quoi.. peut-on jamais rattraper le temps\u2026 celui des r\u00eaves ? Parce que le temps perdu ne se rattrapera qu\u2019en regrets st\u00e9riles. Il n\u2019en vaut aucune peine, aucun chagrin,aucune nostalgie.\n\nC\u2019est au pr\u00e9sent que l\u2019on lutte. Pour canaliser la peur. Comme un cheval fou qui se cabre devant les ombres de l\u2019in\u00e9luctable.\n\nC\u2019est pour apprendre \u00e0 dompter cette peur que je peins.\n\nJe rate souvent. Je trouve des subterfuges pour conserver l\u2019espoir. La cr\u00e9ativit\u00e9 se joue l\u00e0 aussi. Elle se joue de moi. \n\nJe gratte la cro\u00fbte du temps s\u00e9lectionnant par ci par l\u00e0 des lambeaux pour faire du lent et je l,esp\u00e8re toujours du beau sans raison ni cause.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2145.jpg?1763237643", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/fragmentation.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/fragmentation.html", "title": "Fragmentation", "date_published": "2021-07-20T05:53:37Z", "date_modified": "2025-11-15T16:17:36Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

La susceptibilit\u00e9 est \u00e9trange.Elle nous propose toujours un choix entre ouverture et fermeture.
Peut-\u00eatre ne sert t\u2019elle \u00e0 rien d\u2019autre\u2026<\/p>\n

Je ne sais pas pourquoi j\u2019\u00e9cris ces mots<\/p>\n

Peut-\u00eatre comme du pollen qui s\u2019envole<\/p>\n

En attendant je revisite une id\u00e9e de fleurs.<\/p>\n

J\u2019ai toujours imagin\u00e9 \u00e0 tort que la fleur \u00e9tait un sujet mineur.<\/p>\n

Quelle andouille !<\/p>\n

Et \u00e7a ne me d\u00e9range aussi beaucoup moins d\u2019\u00e9couter chanter Aznavour.<\/p>", "content_text": "La susceptibilit\u00e9 est \u00e9trange.Elle nous propose toujours un choix entre ouverture et fermeture.\n\nPeut-\u00eatre ne sert t\u2019elle \u00e0 rien d\u2019autre\u2026\n\nJe ne sais pas pourquoi j\u2019\u00e9cris ces mots \n\nPeut-\u00eatre comme du pollen qui s\u2019envole \n\nEn attendant je revisite une id\u00e9e de fleurs.\n\nJ\u2019ai toujours imagin\u00e9 \u00e0 tort que la fleur \u00e9tait un sujet mineur.\n\nQuelle andouille !\n\nEt \u00e7a ne me d\u00e9range aussi beaucoup moins d\u2019\u00e9couter chanter Aznavour.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/63e0c4ca-320a-4277-94f3-f3722d0ca7b7.jpg?1763223419", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/quand-tout-est-fichu.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/quand-tout-est-fichu.html", "title": "Quand tout est fichu", "date_published": "2021-07-18T06:01:45Z", "date_modified": "2025-11-15T16:14:19Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

De pas de c\u00f4t\u00e9 en pas de c\u00f4t\u00e9<\/p>\n

j\u2019ai gliss\u00e9 doucement<\/p>\n

vers le bord de la nappe.<\/p>\n

Une jolie nappe vichy<\/p>\n

Je me suis bouch\u00e9 les oreilles<\/p>\n

mais j\u2019entendais toujours<\/p>\n

Il faut tu dois etc.<\/p>\n

Et soudain boum suis tomb\u00e9<\/p>\n

C\u2019est l\u00e0 que j\u2019ai senti que j\u2019avais des ailes pour voler<\/p>\n

Sinon jamais je n\u2019aurais jamais os\u00e9 y penser.<\/p>", "content_text": "De pas de c\u00f4t\u00e9 en pas de c\u00f4t\u00e9 \n\nj\u2019ai gliss\u00e9 doucement \n\nvers le bord de la nappe.\n\nUne jolie nappe vichy \n\nJe me suis bouch\u00e9 les oreilles \n\nmais j\u2019entendais toujours \n\nIl faut tu dois etc.\n\nEt soudain boum suis tomb\u00e9 \n\nC\u2019est l\u00e0 que j\u2019ai senti que j\u2019avais des ailes pour voler\n\nSinon jamais je n\u2019aurais jamais os\u00e9 y penser.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2102.jpg?1763223219", "tags": ["po\u00e9sie du quotidien"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-plaisir-et-l-exigence.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-plaisir-et-l-exigence.html", "title": "Le plaisir et l\u2019exigence", "date_published": "2021-07-18T05:50:54Z", "date_modified": "2025-11-15T16:04:02Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Le plaisir est un ballon rouge, l\u2019exigence le toise, vieille peine \u00e0 jouir d\u2019un \u0153il torve.<\/p>\n

Un dimanche matin<\/p>\n

J\u2019ai mis du rouge anglais du bleu de c\u00e9ruleum et de l\u2019ombre br\u00fbl\u00e9e<\/p>\n

Sur la palette<\/p>\n

J\u2019ai suivi le ballon rouge<\/p>\n

La vieille me faisait des appels de phare<\/p>\n

J\u2019ai juste dit plus tard<\/p>\n

Pour ne rien froisser<\/p>", "content_text": "Le plaisir est un ballon rouge, l\u2019exigence le toise, vieille peine \u00e0 jouir d\u2019un \u0153il torve.\n\nUn dimanche matin\n\nJ\u2019ai mis du rouge anglais du bleu de c\u00e9ruleum et de l\u2019ombre br\u00fbl\u00e9e \n\nSur la palette\n\nJ\u2019ai suivi le ballon rouge \n\nLa vieille me faisait des appels de phare \n\nJ\u2019ai juste dit plus tard\n\nPour ne rien froisser", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/769cbea6-7915-4d66-8440-1bf8787e3ae9.jpg?1763222551", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-appetit-de-l-ogre.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-appetit-de-l-ogre.html", "title": "L'app\u00e9tit de l'ogre", "date_published": "2021-07-16T04:17:25Z", "date_modified": "2025-11-15T16:00:37Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

\"En peinture je n’ai pas d’amis je n’ai que des amants\" aurait dit Picasso. Picasso cet ogre. Ce trou noir. Durant des ann\u00e9es je l’ai mis de c\u00f4t\u00e9. Son cot\u00e9 \" business man\" pour ne pas dire opportuniste m’aveuglait. Et puis aussi on a bouff\u00e9 du Picasso durant des d\u00e9cennies, \u00e0 toutes les sauces, Picasso par ci, Picasso par l\u00e0, jusqu’\u00e0 l’industrie automobile, l’associant \u00e0 une esp\u00e8ce d’ultime de la modernit\u00e9, et qui pour moi \u00e9tait un simple ph\u00e9nom\u00e8ne d’inertie.<\/p>\n

Picasso mort et enterr\u00e9 qui tel un zombie ressurgit syst\u00e9matiquement une ou deux fois l’an dans la sph\u00e8re m\u00e9diatique, mus\u00e9ale, et dont la r\u00e9p\u00e9tition annonc\u00e9e en fanfare finit par devenir lassante, comme le retour des pluies.<\/p>\n

Comme si il n’y avait pas eu grand chose d’autre en peinture que Picasso pour figurer la modernit\u00e9 de celle-ci.<\/p>\n

Il faut dire aussi que le public a la comprenette facile \u00e0 condition de lui expliquer longtemps et...souvent. Un mart\u00e8lement li\u00e9 sans doute \u00e0 des affaires de pr\u00e9bendes, de cotations, d’argent \u00e9videmment.<\/p>\n

Donc il a pour moi incarn\u00e9 tout ce que je n’aimais pas dans le personnage invent\u00e9 de l’artiste, assez proche de ce dont je d\u00e9testais dans le personnage du p\u00e8re. Ces deux images cherchant \u00e0 se rejoindre comme dans une vis\u00e9e t\u00e9l\u00e9m\u00e9trique .Ces deux images devant<\/em><\/strong> absolument se rejoindre pour apporter encore de l’eau au moulin de mes nombreux ressentiments enfantins.<\/p>\n

Et puis le temps passe, les rumeurs s’estompent, le bruit que l’on fait, que l’on se fait \u00e0 soi-m\u00eame s’att\u00e9nue. On ne tend plus l’oreille de la m\u00eame fa\u00e7on la soixantaine pass\u00e9e.<\/p>\n

Ce qui se produit est bien sur une nouvelle identification. Comment \u00e9chapper \u00e0 ce ph\u00e9nom\u00e8ne omnipr\u00e9sent ? Il y a \u00e9videmment quelque chose au fond, projet\u00e9 du sombre vers l’ext\u00e9rieur, comme on projette des images de cin\u00e9ma sur n’importe quel \u00e9cran de fortune ou d’infortune.<\/p>\n

Cette boulimie de peinture que j’associe \u00e0 Picasso comme j’associe encore la boulimie en g\u00e9n\u00e9ral \u00e0 la figure paternelle, se dissipe peu \u00e0 peu pour laisser voir autre chose.<\/p>\n

Au d\u00e9but presque imperceptiblement. Comme une intuition. Quelque chose qui se meut au del\u00e0 du brouillard et du brouill\u00e9 par les ranc\u0153urs, les rancunes, et qui au fil des jours se pr\u00e9cise jusqu’\u00e0 l’\u00e9vidence.<\/p>\n

La peur est toujours la premi\u00e8re \u00e9vidence, comme la violence, inexorablement li\u00e9es.<\/p>\n

Et tout \u00e9videmment pour moi d\u00e9bouche \u00e0 nouveau sur une des milles et une variations de la solitude.<\/p>\n

Plus que l’artiste c’est l’homme seul que je d\u00e9couvre. Tout comme je d\u00e9couvre chaque jour un peu plus ma solitude personnelle.<\/p>\n

Le fait de se tourner vers ses p\u00e8res, de les d\u00e9vorer d’amour pour en extraire une substantifique moelle n’est pas seulement un acte li\u00e9 \u00e0 l’ambition de les d\u00e9passer, mais plus de les ing\u00e9rer, de les assimiler, comme certaines peuplades primitives mangent leurs morts. C’est un acte d’amour et de violence et qui montre \u00e0 quel point encore une fois tout cela est li\u00e9, indissociablement.<\/p>\n

L’amour la haine la violence et l’\u00e9nergie.<\/p>\n

Cette production fabuleuse qui s’\u00e9lance \u00e0 l’assaut d’un Velasquez comme on s’attaque \u00e0 un Everest est de prime abord insens\u00e9e.<\/p>\n

Mais c’est que Picasso \u00e9tait si seul qu’il allait chercher ce qu’apporte l’amour ou l’amiti\u00e9 ordinairement dans un pass\u00e9 qui l’aidait \u00e0 tenir au pr\u00e9sent.<\/p>\n

Picasso l’imbuvable, Picasso le mari, le p\u00e8re soit disant infect \u00e9tait sans doute totalement inapte \u00e0 ce fameux moment pr\u00e9sent que l’on partage en toute confiance avec nos proches.<\/p>\n

Comme je me d\u00e9couvre de plus en plus inapte pour les m\u00eames partages.<\/p>\n

Cette solitude est en relation \u00e9troite avec la notion d’exil.<\/p>\n

Peindre un sujet qui ne soit pas la peinture seule est une perte de temps, comme passer un moment en famille sans prendre un couteau et la d\u00e9pecer totalement virtuellement.<\/p>\n

Pour s’enfoncer plus avant dans la r\u00e9alit\u00e9 charnelle de la peinture. Dans la viande, dans la couleur rouge brun du sang s\u00e9ch\u00e9 et celle iridescente des c\u0153urs battants et de l’h\u00e9moglobine jaillissante. La vie \u00e0 l’\u00e9tat brute.<\/p>\n

Ce dialogue incessant avec la peinture comme avec une amante dont on ne peut trouver le plus petit moment de r\u00e9pit. De ratage en ratage comme le mart\u00e8lement encore d’une impuissance fondamentale, qui se m\u00e9tamorphose en une seule et m\u00eame chose si, par hasard, on enchaine soudain une s\u00e9rie de r\u00e9ussites.<\/p>\n

Une impuissance fondamentale qui se rit de l’\u00e9chec comme de la r\u00e9ussite. Mais qui augmente proportionnellement la violence du d\u00e9sir oscillant sans rel\u00e2che entre espoir et d\u00e9sespoir.<\/p>\n

Impuissance dans laquelle on jette toutes ses forces vives, sa vie presque enti\u00e8re, au d\u00e9pens de tout le reste. C’est cela cette boulimie comme la partie immerg\u00e9e d’une formidable anorexie.<\/p>\n

Le public semble admiratif en raison de l’immense production qui en m\u00eame temps l’effraie, le stup\u00e9fie. Annulant de fa\u00e7on raisonnable la plus petite vell\u00e9it\u00e9 de se comparer.<\/p>\n

Qui peut se comparer \u00e0 Picasso qui peut se comparer \u00e0 l’Ogre. Qui aura les couilles ou l’immense vuln\u00e9rabilit\u00e9 de se lancer dans cette folie de peindre ainsi ?<\/p>\n

La plupart des artistes dignes de ce nom sont des ogres. Certains le dissimulent plus ou moins mieux que d’autres voil\u00e0 tout.<\/p>\n

Et derri\u00e8re l’ogre si je me souviens bien de mes classiques on trouve toujours le petit-Poucet, l\u00e0 aussi une des fondamentaux de l’art ; et le plus dangereux ce n’est pas celui que l’on croit si l’on s’appuie seulement sur l’\u00e9vidence.<\/p>\n

Sur les strass les paillettes.<\/p>\n

Il y a des manques que rien pas m\u00eame la peinture ni l’art en g\u00e9n\u00e9ral ne pourront jamais totalement combler.<\/p>", "content_text": "\"En peinture je n'ai pas d'amis je n'ai que des amants\" aurait dit Picasso. Picasso cet ogre. Ce trou noir. Durant des ann\u00e9es je l'ai mis de c\u00f4t\u00e9. Son cot\u00e9 \" business man\" pour ne pas dire opportuniste m'aveuglait. Et puis aussi on a bouff\u00e9 du Picasso durant des d\u00e9cennies, \u00e0 toutes les sauces, Picasso par ci, Picasso par l\u00e0, jusqu'\u00e0 l'industrie automobile, l'associant \u00e0 une esp\u00e8ce d'ultime de la modernit\u00e9, et qui pour moi \u00e9tait un simple ph\u00e9nom\u00e8ne d'inertie.\n\nPicasso mort et enterr\u00e9 qui tel un zombie ressurgit syst\u00e9matiquement une ou deux fois l'an dans la sph\u00e8re m\u00e9diatique, mus\u00e9ale, et dont la r\u00e9p\u00e9tition annonc\u00e9e en fanfare finit par devenir lassante, comme le retour des pluies.\n\nComme si il n'y avait pas eu grand chose d'autre en peinture que Picasso pour figurer la modernit\u00e9 de celle-ci. \n\nIl faut dire aussi que le public a la comprenette facile \u00e0 condition de lui expliquer longtemps et...souvent. Un mart\u00e8lement li\u00e9 sans doute \u00e0 des affaires de pr\u00e9bendes, de cotations, d'argent \u00e9videmment.\n\nDonc il a pour moi incarn\u00e9 tout ce que je n'aimais pas dans le personnage invent\u00e9 de l'artiste, assez proche de ce dont je d\u00e9testais dans le personnage du p\u00e8re. Ces deux images cherchant \u00e0 se rejoindre comme dans une vis\u00e9e t\u00e9l\u00e9m\u00e9trique .Ces deux images devant absolument se rejoindre pour apporter encore de l'eau au moulin de mes nombreux ressentiments enfantins.\n\nEt puis le temps passe, les rumeurs s'estompent, le bruit que l'on fait, que l'on se fait \u00e0 soi-m\u00eame s'att\u00e9nue. On ne tend plus l'oreille de la m\u00eame fa\u00e7on la soixantaine pass\u00e9e.\n\nCe qui se produit est bien sur une nouvelle identification. Comment \u00e9chapper \u00e0 ce ph\u00e9nom\u00e8ne omnipr\u00e9sent ? Il y a \u00e9videmment quelque chose au fond, projet\u00e9 du sombre vers l'ext\u00e9rieur, comme on projette des images de cin\u00e9ma sur n'importe quel \u00e9cran de fortune ou d'infortune.\n\nCette boulimie de peinture que j'associe \u00e0 Picasso comme j'associe encore la boulimie en g\u00e9n\u00e9ral \u00e0 la figure paternelle, se dissipe peu \u00e0 peu pour laisser voir autre chose.\n\nAu d\u00e9but presque imperceptiblement. Comme une intuition. Quelque chose qui se meut au del\u00e0 du brouillard et du brouill\u00e9 par les ranc\u0153urs, les rancunes, et qui au fil des jours se pr\u00e9cise jusqu'\u00e0 l'\u00e9vidence.\n\nLa peur est toujours la premi\u00e8re \u00e9vidence, comme la violence, inexorablement li\u00e9es.\n\nEt tout \u00e9videmment pour moi d\u00e9bouche \u00e0 nouveau sur une des milles et une variations de la solitude.\n\nPlus que l'artiste c'est l'homme seul que je d\u00e9couvre. Tout comme je d\u00e9couvre chaque jour un peu plus ma solitude personnelle.\n\nLe fait de se tourner vers ses p\u00e8res, de les d\u00e9vorer d'amour pour en extraire une substantifique moelle n'est pas seulement un acte li\u00e9 \u00e0 l'ambition de les d\u00e9passer, mais plus de les ing\u00e9rer, de les assimiler, comme certaines peuplades primitives mangent leurs morts. C'est un acte d'amour et de violence et qui montre \u00e0 quel point encore une fois tout cela est li\u00e9, indissociablement.\n\nL'amour la haine la violence et l'\u00e9nergie.\n\nCette production fabuleuse qui s'\u00e9lance \u00e0 l'assaut d'un Velasquez comme on s'attaque \u00e0 un Everest est de prime abord insens\u00e9e.\n\nMais c'est que Picasso \u00e9tait si seul qu'il allait chercher ce qu'apporte l'amour ou l'amiti\u00e9 ordinairement dans un pass\u00e9 qui l'aidait \u00e0 tenir au pr\u00e9sent.\n\nPicasso l'imbuvable, Picasso le mari, le p\u00e8re soit disant infect \u00e9tait sans doute totalement inapte \u00e0 ce fameux moment pr\u00e9sent que l'on partage en toute confiance avec nos proches.\n\nComme je me d\u00e9couvre de plus en plus inapte pour les m\u00eames partages.\n\nCette solitude est en relation \u00e9troite avec la notion d'exil.\n\nPeindre un sujet qui ne soit pas la peinture seule est une perte de temps, comme passer un moment en famille sans prendre un couteau et la d\u00e9pecer totalement virtuellement.\n\nPour s'enfoncer plus avant dans la r\u00e9alit\u00e9 charnelle de la peinture. Dans la viande, dans la couleur rouge brun du sang s\u00e9ch\u00e9 et celle iridescente des c\u0153urs battants et de l'h\u00e9moglobine jaillissante. La vie \u00e0 l'\u00e9tat brute.\n\nCe dialogue incessant avec la peinture comme avec une amante dont on ne peut trouver le plus petit moment de r\u00e9pit. De ratage en ratage comme le mart\u00e8lement encore d'une impuissance fondamentale, qui se m\u00e9tamorphose en une seule et m\u00eame chose si, par hasard, on enchaine soudain une s\u00e9rie de r\u00e9ussites.\n\nUne impuissance fondamentale qui se rit de l'\u00e9chec comme de la r\u00e9ussite. Mais qui augmente proportionnellement la violence du d\u00e9sir oscillant sans rel\u00e2che entre espoir et d\u00e9sespoir.\n\nImpuissance dans laquelle on jette toutes ses forces vives, sa vie presque enti\u00e8re, au d\u00e9pens de tout le reste. C'est cela cette boulimie comme la partie immerg\u00e9e d'une formidable anorexie.\n\nLe public semble admiratif en raison de l'immense production qui en m\u00eame temps l'effraie, le stup\u00e9fie. Annulant de fa\u00e7on raisonnable la plus petite vell\u00e9it\u00e9 de se comparer.\n\nQui peut se comparer \u00e0 Picasso qui peut se comparer \u00e0 l'Ogre. Qui aura les couilles ou l'immense vuln\u00e9rabilit\u00e9 de se lancer dans cette folie de peindre ainsi ?\n\nLa plupart des artistes dignes de ce nom sont des ogres. Certains le dissimulent plus ou moins mieux que d'autres voil\u00e0 tout.\n\nEt derri\u00e8re l'ogre si je me souviens bien de mes classiques on trouve toujours le petit-Poucet, l\u00e0 aussi une des fondamentaux de l'art ; et le plus dangereux ce n'est pas celui que l'on croit si l'on s'appuie seulement sur l'\u00e9vidence.\n\nSur les strass les paillettes.\n\nIl y a des manques que rien pas m\u00eame la peinture ni l'art en g\u00e9n\u00e9ral ne pourront jamais totalement combler.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_20210716_135359.jpg?1763222393", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/se-deserter.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/se-deserter.html", "title": "Se d\u00e9serter", "date_published": "2021-07-14T04:44:55Z", "date_modified": "2025-11-15T15:57:51Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Par la peinture, une fois les buts travers\u00e9s comme on traverse des villes, des pays, des illusions, se pr\u00e9sente le d\u00e9sert et avec lui une nouvelle frayeur. Disons plut\u00f4t la m\u00eame frayeur d\u00e9barrass\u00e9e de tout ce dont on la maquille sans rel\u00e2che. Disons une frayeur brute.<\/p>\n

Peindre alors c’est p\u00e9n\u00e9trer d\u00e9sarm\u00e9 dans ce d\u00e9sert cette frayeur.<\/p>\n

D\u00e9sarm\u00e9 parce qu’aucune arme ne sert plus \u00e0 rien et m\u00eame entraverait toute progression.<\/p>\n

La toile vierge pos\u00e9e sur le chevalet face au peintre il faudrait cette rencontre du d\u00e9sert avec lui-m\u00eame id\u00e9alement.<\/p>\n

Mais c’est encore une pens\u00e9e, quelque chose que je fabrique pour tenter de me d\u00e9barrasser de la g\u00e8ne que provoque le silence.<\/p>\n

On me dira mais o\u00f9 est donc le plaisir dans tout cela ? Pourquoi ne vas tu pas travailler comme tout \u00e0 chacun \u00e0 l’usine, au bureau au lieu de nous gonfler avec tes \u00e9tats d’\u00e2mes ?<\/p>\n

Et \u00e0 cette question je ne r\u00e9pondrais comme d’habitude que fort mal, c’est \u00e0 dire que je tenterais de plus en plus maladroitement de l\u00e9gitimiser le fait que je pr\u00e9f\u00e8re peindre.<\/p>\n

De plus en plus maladroitement parce que ce qui compte ce n’est pas de prouver quoique ce soit \u00e0 quiconque mais \u00e0 moi-m\u00eame en premier lieu. Et que j’ai acquis une telle adresse justement \u00e0 broder et tisser que je pourrais habiller la terre enti\u00e8re pour des d\u00e9cennies.<\/p>\n

La maladresse me conduit \u00e0 la nudit\u00e9 et j’aime ce chemin. Parce que la nudit\u00e9 et le d\u00e9sert offrent grosso modo la m\u00eame sensation, une fois pass\u00e9e la stup\u00e9faction, le silence.<\/p>\n

Et tout alors se joue \u00e0 la fois au niveau de l’\u0153il comme de l’oreille pour \u00e9vacuer le bruit, trouver le m\u00e9lodieux.<\/p>\n

Mais avant s’op\u00e8re une destruction de toutes les images comme de toutes les m\u00e9lodies.<\/p>\n

Non pas qu’une volont\u00e9 soit \u00e0 l’\u0153uvre pour d\u00e9truire.<\/p>\n

Ce sont plut\u00f4t des pans entiers qui se dissipent comme s’ils n’avaient plus aucune sorte d’utilit\u00e9.<\/p>\n

C’est \u00e0 dire que l’on devient \u00e9tranger \u00e0 l’image comme au son.<\/p>\n

Comme un nouveau n\u00e9 qui d\u00e9couvrirait le monde.<\/p>\n

Sauf qu’aucune m\u00e8re aimante, aucun p\u00e8re rassurant ne se trouve \u00e0 cet instant \u00e0 ses cot\u00e9s.<\/p>\n

C’est en ce sens que j’\u00e9voque le d\u00e9sert. Et aussi ce fantasme accompagn\u00e9 d’une h\u00e2te de l’incarner encore une fois en quelqu’un ou quelque chose.<\/p>\n

Le d\u00e9sert n’est ni m\u00e8re ni p\u00e8re, il est seulement cette vastitude dans laquelle on h\u00e9site \u00e0 s’engager, \u00e0 faire confiance.<\/p>\n

Exactement comme la toile vierge.<\/p>\n

On trempe alors le pinceau dans la peinture, et quelque chose encore s’offre comme un passage, un sas. Ce temps \u00e0 m\u00e9langer le pigment au liant, au m\u00e9dium est comme une chanson que l’on invente pour se donner du c\u0153ur au ventre.<\/p>\n

Aspiration, les poumons se remplissent<\/p>\n

Puis le pinceau parvient apr\u00e8s un voyage dont non ne peut mesurer la dur\u00e9e ni l’origine \u00e0 la surface de la toile.<\/p>\n

L’acte de peindre commence comme la marche du voyageur dans le d\u00e9sert. Aucun chemin n’est indiqu\u00e9, des sables et des dunes \u00e0 perte de vue.<\/p>\n

Il faut avancer seul.<\/p>\n

C’est sans doute pourquoi j’invoque souvent le hasard comme compagnon. Pour tromper ma solitude. Par une sorte d’abracadabra je redeviens primitif et je m’accroche \u00e0 l’invisible comme cette part de moi dissoci\u00e9e enfouie \u00e0 laquelle je n’ai pas d’acc\u00e8s sinon par les mots ou plut\u00f4t ce qui r\u00e9side toujours entre les mots.<\/p>\n

dissoci\u00e9 coup\u00e9 en deux je progresse ainsi en gesticulant comme un pantin tiraill\u00e9 par ce qu’il pense comme par ce qu’il ignore et qui ne cesse d’agir sous la pens\u00e9e.<\/p>\n

Puis enfin apr\u00e8s un temps difficile \u00e0 mesurer \u00e0 l’horloge arrive ce point particulier du tableau o\u00f9 je suis totalement incapable de dire si c’est bon ou mauvais.<\/p>\n

Un point qui si je n’en tiens pas compte entra\u00eene irr\u00e9m\u00e9diablement le tableau dans la boue ou dans la s\u00e9duction.<\/p>\n

C’est sans doute ce point que j’ai cherch\u00e9 tout au long de ma vie et dans toutes les circonstances de celle-ci.<\/p>\n

Parvenir \u00e0 d\u00e9celer enfin sa pr\u00e9sence de mani\u00e8re irr\u00e9futable.<\/p>\n

A cet instant je m’\u00e9carte du tableau comme le d\u00e9sert s’\u00e9carte sous les pas du voyageur.<\/p>\n

Je crois, j’esp\u00e8re, mais je ne peux jamais en \u00eatre vraiment certain que je me suis enfin d\u00e9sert\u00e9.<\/p>\n

Et c’est ce doute qui me fait prendre une nouvelle toile, qui me fait reprendre le processus tout entier depuis z\u00e9ro.<\/p>\n

Et l\u00e0 effectivement on pourrait dire que peindre c’est rena\u00eetre. Mais cela ne vaut que si on sait la pr\u00e9sence du d\u00e9sert.<\/p>", "content_text": "Par la peinture, une fois les buts travers\u00e9s comme on traverse des villes, des pays, des illusions, se pr\u00e9sente le d\u00e9sert et avec lui une nouvelle frayeur. Disons plut\u00f4t la m\u00eame frayeur d\u00e9barrass\u00e9e de tout ce dont on la maquille sans rel\u00e2che. Disons une frayeur brute.\n\nPeindre alors c'est p\u00e9n\u00e9trer d\u00e9sarm\u00e9 dans ce d\u00e9sert cette frayeur.\n\nD\u00e9sarm\u00e9 parce qu'aucune arme ne sert plus \u00e0 rien et m\u00eame entraverait toute progression.\n\nLa toile vierge pos\u00e9e sur le chevalet face au peintre il faudrait cette rencontre du d\u00e9sert avec lui-m\u00eame id\u00e9alement.\n\nMais c'est encore une pens\u00e9e, quelque chose que je fabrique pour tenter de me d\u00e9barrasser de la g\u00e8ne que provoque le silence.\n\nOn me dira mais o\u00f9 est donc le plaisir dans tout cela ? Pourquoi ne vas tu pas travailler comme tout \u00e0 chacun \u00e0 l'usine, au bureau au lieu de nous gonfler avec tes \u00e9tats d'\u00e2mes ?\n\nEt \u00e0 cette question je ne r\u00e9pondrais comme d'habitude que fort mal, c'est \u00e0 dire que je tenterais de plus en plus maladroitement de l\u00e9gitimiser le fait que je pr\u00e9f\u00e8re peindre.\n\nDe plus en plus maladroitement parce que ce qui compte ce n'est pas de prouver quoique ce soit \u00e0 quiconque mais \u00e0 moi-m\u00eame en premier lieu. Et que j'ai acquis une telle adresse justement \u00e0 broder et tisser que je pourrais habiller la terre enti\u00e8re pour des d\u00e9cennies.\n\nLa maladresse me conduit \u00e0 la nudit\u00e9 et j'aime ce chemin. Parce que la nudit\u00e9 et le d\u00e9sert offrent grosso modo la m\u00eame sensation, une fois pass\u00e9e la stup\u00e9faction, le silence.\n\nEt tout alors se joue \u00e0 la fois au niveau de l'\u0153il comme de l'oreille pour \u00e9vacuer le bruit, trouver le m\u00e9lodieux. \n\nMais avant s'op\u00e8re une destruction de toutes les images comme de toutes les m\u00e9lodies.\n\nNon pas qu'une volont\u00e9 soit \u00e0 l'\u0153uvre pour d\u00e9truire.\n\nCe sont plut\u00f4t des pans entiers qui se dissipent comme s'ils n'avaient plus aucune sorte d'utilit\u00e9.\n\nC'est \u00e0 dire que l'on devient \u00e9tranger \u00e0 l'image comme au son. \n\nComme un nouveau n\u00e9 qui d\u00e9couvrirait le monde.\n\nSauf qu'aucune m\u00e8re aimante, aucun p\u00e8re rassurant ne se trouve \u00e0 cet instant \u00e0 ses cot\u00e9s.\n\nC'est en ce sens que j'\u00e9voque le d\u00e9sert. Et aussi ce fantasme accompagn\u00e9 d'une h\u00e2te de l'incarner encore une fois en quelqu'un ou quelque chose.\n\nLe d\u00e9sert n'est ni m\u00e8re ni p\u00e8re, il est seulement cette vastitude dans laquelle on h\u00e9site \u00e0 s'engager, \u00e0 faire confiance.\n\nExactement comme la toile vierge.\n\nOn trempe alors le pinceau dans la peinture, et quelque chose encore s'offre comme un passage, un sas. Ce temps \u00e0 m\u00e9langer le pigment au liant, au m\u00e9dium est comme une chanson que l'on invente pour se donner du c\u0153ur au ventre.\n\nAspiration, les poumons se remplissent \n\nPuis le pinceau parvient apr\u00e8s un voyage dont non ne peut mesurer la dur\u00e9e ni l'origine \u00e0 la surface de la toile.\n\nL'acte de peindre commence comme la marche du voyageur dans le d\u00e9sert. Aucun chemin n'est indiqu\u00e9, des sables et des dunes \u00e0 perte de vue.\n\nIl faut avancer seul.\n\nC'est sans doute pourquoi j'invoque souvent le hasard comme compagnon. Pour tromper ma solitude. Par une sorte d'abracadabra je redeviens primitif et je m'accroche \u00e0 l'invisible comme cette part de moi dissoci\u00e9e enfouie \u00e0 laquelle je n'ai pas d'acc\u00e8s sinon par les mots ou plut\u00f4t ce qui r\u00e9side toujours entre les mots.\n\ndissoci\u00e9 coup\u00e9 en deux je progresse ainsi en gesticulant comme un pantin tiraill\u00e9 par ce qu'il pense comme par ce qu'il ignore et qui ne cesse d'agir sous la pens\u00e9e.\n\nPuis enfin apr\u00e8s un temps difficile \u00e0 mesurer \u00e0 l'horloge arrive ce point particulier du tableau o\u00f9 je suis totalement incapable de dire si c'est bon ou mauvais.\n\nUn point qui si je n'en tiens pas compte entra\u00eene irr\u00e9m\u00e9diablement le tableau dans la boue ou dans la s\u00e9duction.\n\nC'est sans doute ce point que j'ai cherch\u00e9 tout au long de ma vie et dans toutes les circonstances de celle-ci.\n\nParvenir \u00e0 d\u00e9celer enfin sa pr\u00e9sence de mani\u00e8re irr\u00e9futable.\n\nA cet instant je m'\u00e9carte du tableau comme le d\u00e9sert s'\u00e9carte sous les pas du voyageur. \n\nJe crois, j'esp\u00e8re, mais je ne peux jamais en \u00eatre vraiment certain que je me suis enfin d\u00e9sert\u00e9.\n\nEt c'est ce doute qui me fait prendre une nouvelle toile, qui me fait reprendre le processus tout entier depuis z\u00e9ro.\n\nEt l\u00e0 effectivement on pourrait dire que peindre c'est rena\u00eetre. 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Quels sont les buts que nous nous fixons ? Nous appartiennent-t\u2019ils vraiment ou bien les r\u00e9cup\u00e9rons nous par mim\u00e9tisme ?<\/p>\n

Y a t\u2019il une diff\u00e9rence marqu\u00e9e entre le besoin et le but ? Et si oui laquelle ?<\/p>\n

Est ce que la faim nous pousse \u00e0 cr\u00e9er des buts pour r\u00e9pondre au besoin de se nourrir ?<\/p>\n

Exemple j\u2019ai une inextinguible faim de cr\u00e9er, de peindre, comment vais-je m\u2019y prendre ?<\/p>\n

Avec brutalit\u00e9 avidit\u00e9 sauvagerie ? Afin d\u2019atteindre \u00e0 un \u00e9tat de sati\u00e9t\u00e9 le plus rapidement possible, comme pourrait le faire un chien qui ne rel\u00e8ve le mufle de sa gamelle qu\u2019une fois celle-ci vide ?<\/p>\n

Ou bien avec \u00e9l\u00e9gance, raffinement en repoussant le plus loin possible cette sensation de sati\u00e9t\u00e9 pour conserver l\u2019app\u00e9tit le d\u00e9sir ?<\/p>\n

\u00c9videmment que je pr\u00e9f\u00e8re la seconde solution. Je veux dire lorsque j\u2019y pense, que je peux me projeter dans ce processus .<\/p>\n

Mais dans les faits ce n\u2019est pas le cas. Je fonctionne de fa\u00e7on impulsive dans le moment o\u00f9 \u00e7a me traverse.<\/p>\n

J\u2019ai faim je bouffe j\u2019ai envie de dormir je m\u2019allonge n\u2019importe o\u00f9 , j\u2019ai envie de peindre je peins.<\/p>\n

Je vis ainsi dans une sorte de perp\u00e9tuel pr\u00e9sent et sans jamais me projeter au lendemain.<\/p>\n

Est ce un but ? Je ne le crois pas, c\u2019est r\u00e9pondre de fa\u00e7on plus ou moins pulsionnelle \u00e0 un besoin.<\/p>\n

Pourquoi m\u2019en plaindrais-je cela me convient la plupart du temps. L\u00e0 o\u00f9 \u00e7a se g\u00e2te c\u2019est lorsqu\u2019on me demande que fais tu ? De quoi as tu vraiment envie ? Peux tu te projeter \u00e0 une semaine ? Un mois ? Dix ans ?<\/p>\n

J\u2019en suis incapable. Et cette incapacit\u00e9 devient alors un probl\u00e8me comme si c\u2019\u00e9tait une tare voir un d\u00e9lit dont je devais r\u00e9pondre face \u00e0 un tribunal \u2026fournir des preuves etc.<\/p>\n

Je crois que je suis malade de toutes ces id\u00e9es de buts, de projets.<\/p>\n

Mon incapacit\u00e9 chronique \u00e0 \u00e9tablir des plans auxquels je puisse me tenir dans une dur\u00e9e est insupportable tout autant pour les autres que pour moi-m\u00eame.<\/p>\n

J\u2019ai parfois la sensation d\u2019un vide extr\u00eame dont la raison d\u2019\u00eatre serait la pens\u00e9e d\u2019avoir \u00e9puis\u00e9 tous les buts, tous les d\u00e9sirs qui ne m\u2019appartiennent d\u2019ailleurs pas mais qui sont propres et communs \u00e0 l\u2019esp\u00e8ce.<\/p>\n

\u00c0 ces moments l\u00e0 je me retrouve avec mon pinceau en suspens incapable de d\u00e9cider de la moindre touche.<\/p>\n

La journ\u00e9e s\u2019\u00e9coule dans un d\u00e9s\u0153uvrement magistral qui ressemble \u00e0 l\u2019\u00e9tat dans lequel je me retrouvais apr\u00e8s les racl\u00e9es que me filait mon paternel.<\/p>\n

Un d\u00e9s\u0153uvrement qui ressemble \u00e0 une r\u00e9volte toute enti\u00e8re repli\u00e9e dans la passivit\u00e9.<\/p>\n

C\u2019est \u00e0 se cogner la t\u00eate contre les murs d\u2019avoir encore autant de haine de ressentiment comme d\u2019ignorance en soi. De ne jamais totalement parvenir \u00e0 les surmonter.<\/p>\n

Je suis ce gamin qui a tout \u00e9puis\u00e9 de ses ressources , qui s\u2019enfonce dans la for\u00eat et qui ne cesse de s\u2019y perdre en esp\u00e9rant toujours y parvenir \u00e0 la fois par hasard et pour de bon.<\/p>\n

Exactement la m\u00eame fa\u00e7on que j\u2019emploie pour peindre au hasard en esp\u00e9rant que quelque chose enfin s\u2019ach\u00e8ve.<\/p>", "content_text": "Quels sont les buts que nous nous fixons ? Nous appartiennent-t\u2019ils vraiment ou bien les r\u00e9cup\u00e9rons nous par mim\u00e9tisme? \n\nY a t\u2019il une diff\u00e9rence marqu\u00e9e entre le besoin et le but ? Et si oui laquelle ?\n\nEst ce que la faim nous pousse \u00e0 cr\u00e9er des buts pour r\u00e9pondre au besoin de se nourrir ?\n\nExemple j\u2019ai une inextinguible faim de cr\u00e9er, de peindre, comment vais-je m\u2019y prendre ?\n\nAvec brutalit\u00e9 avidit\u00e9 sauvagerie ? Afin d\u2019atteindre \u00e0 un \u00e9tat de sati\u00e9t\u00e9 le plus rapidement possible, comme pourrait le faire un chien qui ne rel\u00e8ve le mufle de sa gamelle qu\u2019une fois celle-ci vide ? \n\nOu bien avec \u00e9l\u00e9gance, raffinement en repoussant le plus loin possible cette sensation de sati\u00e9t\u00e9 pour conserver l\u2019app\u00e9tit le d\u00e9sir ?\n\n\u00c9videmment que je pr\u00e9f\u00e8re la seconde solution. Je veux dire lorsque j\u2019y pense, que je peux me projeter dans ce processus . \n\nMais dans les faits ce n\u2019est pas le cas. Je fonctionne de fa\u00e7on impulsive dans le moment o\u00f9 \u00e7a me traverse.\n\nJ\u2019ai faim je bouffe j\u2019ai envie de dormir je m\u2019allonge n\u2019importe o\u00f9 , j\u2019ai envie de peindre je peins.\n\nJe vis ainsi dans une sorte de perp\u00e9tuel pr\u00e9sent et sans jamais me projeter au lendemain.\n\nEst ce un but ? Je ne le crois pas, c\u2019est r\u00e9pondre de fa\u00e7on plus ou moins pulsionnelle \u00e0 un besoin.\n\nPourquoi m\u2019en plaindrais-je cela me convient la plupart du temps. L\u00e0 o\u00f9 \u00e7a se g\u00e2te c\u2019est lorsqu\u2019on me demande que fais tu ? De quoi as tu vraiment envie ? Peux tu te projeter \u00e0 une semaine ? Un mois ? Dix ans ? \n\nJ\u2019en suis incapable. Et cette incapacit\u00e9 devient alors un probl\u00e8me comme si c\u2019\u00e9tait une tare voir un d\u00e9lit dont je devais r\u00e9pondre face \u00e0 un tribunal \u2026fournir des preuves etc.\n\nJe crois que je suis malade de toutes ces id\u00e9es de buts, de projets. \n\nMon incapacit\u00e9 chronique \u00e0 \u00e9tablir des plans auxquels je puisse me tenir dans une dur\u00e9e est insupportable tout autant pour les autres que pour moi-m\u00eame.\n\nJ\u2019ai parfois la sensation d\u2019un vide extr\u00eame dont la raison d\u2019\u00eatre serait la pens\u00e9e d\u2019avoir \u00e9puis\u00e9 tous les buts, tous les d\u00e9sirs qui ne m\u2019appartiennent d\u2019ailleurs pas mais qui sont propres et communs \u00e0 l\u2019esp\u00e8ce.\n\n\u00c0 ces moments l\u00e0 je me retrouve avec mon pinceau en suspens incapable de d\u00e9cider de la moindre touche.\n\nLa journ\u00e9e s\u2019\u00e9coule dans un d\u00e9s\u0153uvrement magistral qui ressemble \u00e0 l\u2019\u00e9tat dans lequel je me retrouvais apr\u00e8s les racl\u00e9es que me filait mon paternel.\n\nUn d\u00e9s\u0153uvrement qui ressemble \u00e0 une r\u00e9volte toute enti\u00e8re repli\u00e9e dans la passivit\u00e9. \n\nC\u2019est \u00e0 se cogner la t\u00eate contre les murs d\u2019avoir encore autant de haine de ressentiment comme d\u2019ignorance en soi. De ne jamais totalement parvenir \u00e0 les surmonter. \n\nJe suis ce gamin qui a tout \u00e9puis\u00e9 de ses ressources , qui s\u2019enfonce dans la for\u00eat et qui ne cesse de s\u2019y perdre en esp\u00e9rant toujours y parvenir \u00e0 la fois par hasard et pour de bon.\n\nExactement la m\u00eame fa\u00e7on que j\u2019emploie pour peindre au hasard en esp\u00e9rant que quelque chose enfin s\u2019ach\u00e8ve.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2068.jpg?1763221837", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-insense-mis-au-ban.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/l-insense-mis-au-ban.html", "title": "L'insens\u00e9 mis au ban", "date_published": "2021-07-12T05:43:51Z", "date_modified": "2025-11-15T15:49:44Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

En mars 2019 Gr\u00e9goire Falque alias \"Le D\u00e9lesteur\" a \u00e9t\u00e9 \"effac\u00e9\" des pages de recherche de Google sous pr\u00e9texte que ses publications \u00e9taient \" vide de sens\" pour un employ\u00e9 de la c\u00e9l\u00e8bre firme accompagn\u00e9 de son fid\u00e8le algorithme.<\/p>\n

Gr\u00e9goire Falque a eut beau protester et il continue de le faire, en vain.<\/p>\n

Cela fait r\u00e9fl\u00e9chir.<\/p>\n

Si un sombre scribouillard a ainsi pouvoir d’effacer le travail d’un artiste sous pr\u00e9texte qu’il le trouve \"vide de sens\" qu’en est t’il alors des publications de chacun de nous ?<\/p>\n

On le sait d\u00e9sormais tout ce qui passe par le num\u00e9rique n\u00e9cessite d\u00e9sormais une contrainte c’est la fameuse \"meilleure exp\u00e9rience utilisateur\"<\/p>\n

Et ce sont des robots qui se chargent la plupart du temps d’en d\u00e9cider en \u00e9pluchant un certain nombre de crit\u00e8res.<\/p>\n

Nous l’auront donc compris tout ce qui est insens\u00e9 et inconfortable doit \u00eatre mis au ban de la sph\u00e8re num\u00e9rique.<\/p>\n

Il y a maintes mani\u00e8res d’\u00eatre effac\u00e9 de la plus subtile \u00e0 la plus grossi\u00e8re.<\/p>\n

Soit les robots consid\u00e8rent que votre contenu n’est pas int\u00e9ressant et ne vous r\u00e9f\u00e9rencent pas dans les fameuses pages google, soit vous pouvez recevoir un message directement par mail vous indiquant de rejoindre une certaine conformit\u00e9 sous peine de sanctions.<\/p>\n

Si l’art ne peut plus exprimer \u00e0 voix haute ce que les gens normaux nomment l’insens\u00e9, il y a une sacr\u00e9e couille dans le p\u00e2t\u00e9.<\/p>\n

Car l’insens\u00e9 mis au ban d’une soci\u00e9t\u00e9 ne tardera pas \u00e0 en devenir le c\u0153ur n\u00e9vralgique par un ph\u00e9nom\u00e8ne myst\u00e9rieux dont je ne vous fatiguerai pas \u00e0 expliquer les m\u00e9andres, le cheminement.<\/p>\n

C’est un peu comme la mort que l’on a expuls\u00e9 du c\u0153ur des villes pour laisser croire aux citadins que celle ci avait disparu, qu’elle n’existait plus.<\/p>\n

Avez vous vu le c\u0153ur de la ville d\u00e9sormais, y a-t-il jamais eu quelque chose de plus mortel que toutes ces agences bancaires, ces officines d’assurance, et ces magasins de fringues \u00e0 perte de vue ?<\/p>\n

On ne peut pas traiter ainsi l’insens\u00e9 ni la mort sous peine de subir t\u00f4t ou tard le retour du boomerang en pleine poire.<\/p>\n

En attendant je vous laisse le lien pour aller voir le travail de Gr\u00e9goire Falque que personnellement apr\u00e8s les premi\u00e8res strates o\u00f9 j’ai explos\u00e9 d’un rire nerveux, j’ai d\u00e9couvert extr\u00eamement po\u00e9tique, pour ne pas dire \"essentiel\" afin de ne pas crever la gueule ouverte \u00e9touff\u00e9 par les miasmes de cette organisation de malfaiteurs qui d\u00e9sormais nous extorquent non seulement nos donn\u00e9es personnelles, mais tout ce qui donne un peu de sel \u00e0 la vie.<\/p>\n

https:\/\/www.facebook.com\/byarseneca<\/a><\/p>\n

https:\/\/www.arseneca.com\/?fbclid=IwAR2ThITleSo4KaMNpNErCkxelFWi_U0aejaMftN6Pt-m_VA4DGIlacYyDE8<\/a><\/p>", "content_text": "En mars 2019 Gr\u00e9goire Falque alias \"Le D\u00e9lesteur\" a \u00e9t\u00e9 \"effac\u00e9\" des pages de recherche de Google sous pr\u00e9texte que ses publications \u00e9taient \" vide de sens\" pour un employ\u00e9 de la c\u00e9l\u00e8bre firme accompagn\u00e9 de son fid\u00e8le algorithme.\n\nGr\u00e9goire Falque a eut beau protester et il continue de le faire, en vain.\n\nCela fait r\u00e9fl\u00e9chir.\n\nSi un sombre scribouillard a ainsi pouvoir d'effacer le travail d'un artiste sous pr\u00e9texte qu'il le trouve \"vide de sens\" qu'en est t'il alors des publications de chacun de nous?\n\nOn le sait d\u00e9sormais tout ce qui passe par le num\u00e9rique n\u00e9cessite d\u00e9sormais une contrainte c'est la fameuse \"meilleure exp\u00e9rience utilisateur\"\n\nEt ce sont des robots qui se chargent la plupart du temps d'en d\u00e9cider en \u00e9pluchant un certain nombre de crit\u00e8res.\n\nNous l'auront donc compris tout ce qui est insens\u00e9 et inconfortable doit \u00eatre mis au ban de la sph\u00e8re num\u00e9rique.\n\nIl y a maintes mani\u00e8res d'\u00eatre effac\u00e9 de la plus subtile \u00e0 la plus grossi\u00e8re.\n\nSoit les robots consid\u00e8rent que votre contenu n'est pas int\u00e9ressant et ne vous r\u00e9f\u00e9rencent pas dans les fameuses pages google, soit vous pouvez recevoir un message directement par mail vous indiquant de rejoindre une certaine conformit\u00e9 sous peine de sanctions.\n\nSi l'art ne peut plus exprimer \u00e0 voix haute ce que les gens normaux nomment l'insens\u00e9, il y a une sacr\u00e9e couille dans le p\u00e2t\u00e9.\n\nCar l'insens\u00e9 mis au ban d'une soci\u00e9t\u00e9 ne tardera pas \u00e0 en devenir le c\u0153ur n\u00e9vralgique par un ph\u00e9nom\u00e8ne myst\u00e9rieux dont je ne vous fatiguerai pas \u00e0 expliquer les m\u00e9andres, le cheminement.\n\nC'est un peu comme la mort que l'on a expuls\u00e9 du c\u0153ur des villes pour laisser croire aux citadins que celle ci avait disparu, qu'elle n'existait plus.\n\nAvez vous vu le c\u0153ur de la ville d\u00e9sormais, y a-t-il jamais eu quelque chose de plus mortel que toutes ces agences bancaires, ces officines d'assurance, et ces magasins de fringues \u00e0 perte de vue ?\n\nOn ne peut pas traiter ainsi l'insens\u00e9 ni la mort sous peine de subir t\u00f4t ou tard le retour du boomerang en pleine poire.\n\nEn attendant je vous laisse le lien pour aller voir le travail de Gr\u00e9goire Falque que personnellement apr\u00e8s les premi\u00e8res strates o\u00f9 j'ai explos\u00e9 d'un rire nerveux, j'ai d\u00e9couvert extr\u00eamement po\u00e9tique, pour ne pas dire \"essentiel\" afin de ne pas crever la gueule ouverte \u00e9touff\u00e9 par les miasmes de cette organisation de malfaiteurs qui d\u00e9sormais nous extorquent non seulement nos donn\u00e9es personnelles, mais tout ce qui donne un peu de sel \u00e0 la vie.\n\nhttps:\/\/www.facebook.com\/byarseneca\n\nhttps:\/\/www.arseneca.com\/?fbclid=IwAR2ThITleSo4KaMNpNErCkxelFWi_U0aejaMftN6Pt-m_VA4DGIlacYyDE8", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2064.jpg?1763221751", "tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-but-en-peinture.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-but-en-peinture.html", "title": "Le but en peinture", "date_published": "2021-07-12T02:21:20Z", "date_modified": "2025-11-15T15:45:10Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je place une nouvelle toile sur le chevalet, je recommence.<\/p>\n

Et tout de suite la question<\/p>\n

\n

\"qu’est ce que je vais bien pouvoir peindre<\/strong><\/em>\"<\/p>\n<\/blockquote>\n

se pr\u00e9sente.<\/p>\n

Et m’envahit<\/p>\n

.<\/p>\n

Durant quelques instants je ne suis plus que cette question.<\/p>\n

T\u00e9tanis\u00e9, paralys\u00e9, impossible de faire quoi que ce soit.<\/p>\n

Je repose le pinceau.<\/p>\n

J’allume une cigarette et je contemple la toile blanche.<\/p>\n

Durant des ann\u00e9es je me suis imagin\u00e9 que cela fonctionnait ainsi.<\/p>\n

En \u00e9crabouillant la clope<\/p>\n

en me ruant \u00e0 nouveau vers le pinceau pour me jeter \u00e0 l’ouvrage<\/p>\n

soudain<\/p>\n

flanquant le bordel<\/p>\n

d\u00e9vastant la virginit\u00e9.<\/p>\n

comme une indignation si l’on veut<\/p>\n

\n

et qui concerne ma propre virginit\u00e9.<\/p>\n

Cette perp\u00e9tuelle obsession de non savoir.<\/p>\n

de vanit\u00e9 d’un quelconque savoir<\/p>\n<\/blockquote>\n

Ce n\u0153ud gordien des mille et une<\/em> comparaisons<\/p>\n

dans lequel les brins de l’ignorance comme du savoir<\/p>\n

se retrouvent embrouill\u00e9s.<\/p>\n

\n

Au fond de tout \u00e7a un sultan qui n’a plus aucun engouement<\/p>\n

pour Sh\u00e9razade.<\/p>\n<\/blockquote>\n

Un barbare devenu las d’\u00eatre civilis\u00e9<\/p>\n

et qui retourne ventre \u00e0 terre<\/p>\n

vers la boue et le sang des champs de bataille.<\/p>\n

--------------------------------------------------------------------------------------------------<\/p>\n

\n

comment \u00eatre certain de ne plus rien savoir enfin ?<\/p>\n

qu’il ne reste plus une seule once de pr\u00e9tention ?<\/p>\n

Du genre qui pourrit tout en donnant une orientation<\/p>\n

une chasse au tr\u00e9sor ou un jeu de piste.<\/p>\n

Que l’on d\u00e9cortiquera pour fabriquer encore du faux<\/p>\n

de l’illusion<\/p>\n

des bobards<\/p>\n<\/blockquote>


\n

vous \u00eates marteau mon bon ami<\/p>\n

vous ne pouvez exister sans clou.<\/p>\n<\/blockquote>


\n

J’ai essay\u00e9 tellement de choses, de combines et de trucs<\/p>\n

Pour ne plus rien \u00eatre<\/p>\n

\u00e7a me r\u00e9siste.<\/p>\n

Et c’est intol\u00e9rable<\/p>\n

que cette chose ne cesse de me r\u00e9sister.<\/p>\n

Cette chose en moi<\/p>\n<\/blockquote>


\n

Plus qu’une seule solution<\/p>\n

se mettre \u00e0 poil<\/p>\n

et danser devant la toile<\/p>\n

tourner en rond sur soi-m\u00eame<\/p>\n

centrifuge et centrip\u00e8te<\/p>\n

et s’enfoncer dans la blancheur<\/p>\n

aveuglante pour y voir enfin clair.<\/p>\n


\n

Et soudain cette voix qui traverse la cour<\/p>\n

Tu pourrais mettre ton bol dans le lave-vaisselle quand m\u00eame !<\/em><\/p>\n

ouf me voici sauv\u00e9 encore pour cette fois.<\/p>", "content_text": "Je place une nouvelle toile sur le chevalet, je recommence. \n\nEt tout de suite la question\n\n\"qu'est ce que je vais bien pouvoir peindre\"\n\nse pr\u00e9sente.\n\nEt m'envahit\n\n.\n\nDurant quelques instants je ne suis plus que cette question.\n\nT\u00e9tanis\u00e9, paralys\u00e9, impossible de faire quoi que ce soit.\n\nJe repose le pinceau.\n\nJ'allume une cigarette et je contemple la toile blanche.\n\nDurant des ann\u00e9es je me suis imagin\u00e9 que cela fonctionnait ainsi.\n\nEn \u00e9crabouillant la clope \n\nen me ruant \u00e0 nouveau vers le pinceau pour me jeter \u00e0 l'ouvrage \n\nsoudain \n\nflanquant le bordel \n\nd\u00e9vastant la virginit\u00e9.\n\ncomme une indignation si l'on veut \n\net qui concerne ma propre virginit\u00e9.\n\nCette perp\u00e9tuelle obsession de non savoir.\n\nde vanit\u00e9 d'un quelconque savoir \n\nCe n\u0153ud gordien des mille et une comparaisons \n\ndans lequel les brins de l'ignorance comme du savoir \n\nse retrouvent embrouill\u00e9s.\n\nAu fond de tout \u00e7a un sultan qui n'a plus aucun engouement \n\npour Sh\u00e9razade.\n\nUn barbare devenu las d'\u00eatre civilis\u00e9 \n\net qui retourne ventre \u00e0 terre \n\nvers la boue et le sang des champs de bataille.\n\n--------------------------------------------------------------------------------------------------\n\ncomment \u00eatre certain de ne plus rien savoir enfin ?\n\nqu'il ne reste plus une seule once de pr\u00e9tention ?\n\nDu genre qui pourrit tout en donnant une orientation \n\nune chasse au tr\u00e9sor ou un jeu de piste.\n\nQue l'on d\u00e9cortiquera pour fabriquer encore du faux \n\nde l'illusion \n\ndes bobards \n\nvous \u00eates marteau mon bon ami \n\nvous ne pouvez exister sans clou.\n\nJ'ai essay\u00e9 tellement de choses, de combines et de trucs \n\nPour ne plus rien \u00eatre\n\n\u00e7a me r\u00e9siste.\n\nEt c'est intol\u00e9rable \n\nque cette chose ne cesse de me r\u00e9sister.\n\nCette chose en moi \n\nPlus qu'une seule solution \n\nse mettre \u00e0 poil \n\net danser devant la toile \n\ntourner en rond sur soi-m\u00eame \n\ncentrifuge et centrip\u00e8te \n\net s'enfoncer dans la blancheur \n\naveuglante pour y voir enfin clair.\n\nEt soudain cette voix qui traverse la cour \n\nTu pourrais mettre ton bol dans le lave-vaisselle quand m\u00eame !\n\nouf me voici sauv\u00e9 encore pour cette fois.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2055.jpg?1763221478", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/peindre-sans-but.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/peindre-sans-but.html", "title": "Peindre sans but", "date_published": "2021-07-11T17:55:26Z", "date_modified": "2025-11-15T15:41:41Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je peins pour me d\u00e9barrasser du but, de tous les buts<\/p>\n

Pour fuir tout ce le que mental fait miroiter<\/p>\n

Donc c\u2019est un but<\/p>\n

Donc merde !<\/p>\n

Demain je recommencerai.<\/p>", "content_text": "Je peins pour me d\u00e9barrasser du but, de tous les buts \n\nPour fuir tout ce le que mental fait miroiter \n\nDonc c\u2019est un but \n\nDonc merde ! \n\nDemain je recommencerai.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2053.jpg?1763221240", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/la-premiere-impression-en-peinture.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/la-premiere-impression-en-peinture.html", "title": "La premi\u00e8re impression en peinture", "date_published": "2021-07-08T23:09:49Z", "date_modified": "2025-11-15T15:39:08Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je viens de peindre une bonne partie de la journ\u00e9e. Une grande toile de 100x100 cm \u00e0 l’huile et je poste le travail en cours sur mon compte Instagram.<\/p>\n

Je pourrais me demander pourquoi je me sens oblig\u00e9 de poster ce travail sur les r\u00e9seaux sociaux en premier lieu.<\/p>\n

Est-ce parce qu’il faut que je poste absolument quelque chose pour ne pas perdre ma place dans l’algorithme ?<\/p>\n

Est-ce parce que j’en suis tellement fier que je ne peux conserver cela pour moi seul, que je me trouve dans une sorte d’obligation de le partager ? de partager l’exaltation pour en r\u00e9duire ainsi la charge ?<\/p>\n

Est-ce parce qu’en le regardant au contraire je ne puis \u00e9prouver la moindre sensation que je puisse trouver suffisamment solide pour m’appuyer et que je compte sur celle des autres afin de pouvoir d\u00e9cider de l’orientation future de ce tableau ?<\/p>\n

La plupart du temps comme je l’\u00e9cris plus haut je ne me pose jamais ces questions.<\/p>\n

C’est une sorte d’habitude que je me suis donn\u00e9 de poster les tableaux dans leur \u00e9tat d’avancement tels qu’ils sont.<\/p>\n

Ceci pour obtenir un peu de visibilit\u00e9 sur internet, ajouter un peu d’eau au moulin de ce personnage de peintre qui ne cesse de se d\u00e9battre entre une id\u00e9e de la peinture et la peinture elle-m\u00eame.<\/p>\n

En pr\u00e9parant mon nouveau livre, le tome deux de \"propos sur la peinture<\/strong><\/em>\" je relis un texte dont le sujet est \"la premi\u00e8re impression\".<\/p>\n

A la relecture je d\u00e9couvre des maladresses, des passages flous que je me mets \u00e0 corriger moi qui ne me relis quasiment jamais.<\/p>\n

Cela vient aussi d’une impression que j’\u00e9prouve \u00e0 me relire que je pourrais r\u00e9sumer dans les mots confusion, d\u00e9sordre, bancal. C’est la fameuse premi\u00e8re impression<\/strong><\/em> \u00e0 la relecture de la plupart de mes textes depuis toujours.<\/p>\n

Du coup j’ai d\u00e9cid\u00e9 de rebloguer ce texte corrig\u00e9 puis d’aller me servir un caf\u00e9.<\/p>\n

En fumant la cigarette qui l’accompagne invariablement \u00e0 cette heure de la nuit, les id\u00e9es arrivent par vagues successives autour de cette id\u00e9e de \"premi\u00e8re impression\". Des id\u00e9es que je n’ai \u00e9videmment pas mises dans ce texte.<\/p>\n

C’est la m\u00eame chose lorsque je vois mes tableaux expos\u00e9s dans les diff\u00e9rents lieux qui ont la gentillesse d’accueillir mon travail.<\/p>\n

Une sorte d’insatisfaction chronique si je peux dire qui se r\u00e9sume par une sorte de prise de conscience d\u00e9sagr\u00e9able concernant le fait que la plupart de mes toiles ne me paraissent plus du tout abouties comme je l’avais pens\u00e9 en les signant quelques mois ou ann\u00e9es plus t\u00f4t.<\/p>\n

Je crois que derri\u00e8re l’aspect d\u00e9sagr\u00e9able il y a tout de m\u00eame quelque chose de positif dans ce jugement, c’est l’id\u00e9e que rien n’est jamais totalement termin\u00e9 et que tout peut encore s’am\u00e9liorer.<\/p>\n

Il y a des peintres qui devaient \u00e9prouver la m\u00eame sensation puisqu’ils n’h\u00e9sitaient pas \u00e0 se rendre dans les salons o\u00f9 leurs toiles \u00e9taient expos\u00e9es avec des tubes de gouache ou d’huile pour ajouter quelques touches \u00e0 la sauvette par ci par l\u00e0. Ainsi Bonnard par exemple \u00e9tait-t ’il connu pour cela. D’ailleurs il existe un mot pour ce genre de manie : c’est le mot \"bonnarder\".<\/p>\n

Dans le film \"Turner\" On voit \u00e9galement le peintre s’approcher de l’une de ses toiles, puis sortir un tube de rouge pour r\u00e9aliser une bou\u00e9e au premier plan de sa mer qu’il trouve subitement trop vide.<\/p>\n

Bref cela montre bien \u00e0 quel point nous avons du mal \u00e0 nous fier vraiment \u00e0 ce que l’on appelle une premi\u00e8re impression comme \u00e0 une derni\u00e8re d’ailleurs. A l’impression du moment qui peut nous faire agir de la pire ou de la meilleure des mani\u00e8res.<\/p>\n

Mon \u00e9pouse qui est une passionn\u00e9e de s\u00e9ries polici\u00e8res et psychanalyste de m\u00e9tier, rejette en bloc la notion d’impression lorsqu’il m’arrive de l’ennuyer avec les miennes.<\/p>\n

La phrase : j’ai l’impression qu’il va pleuvoir, que les choses vont bien ou mal se passer dans telle ou telle situation, j’ai l’impression qu’on va toucher un joli petit pactole car ma paume me gratte etc. cette phrase l\u00e0 au mieux la fait toujours sourire, au pire l’agace et j’en prends alors pour mon grade.<\/p>\n

Toi et tes impressions...<\/p>\n

J’imagine que tout le monde connait plus ou moins cela n’est-ce pas.<\/p>\n

Ce qui fait qu’au bout d’un moment on n’en parle plus. On finit par garder ses impressions pour soi et la boucler.<\/p>\n

Ce n’\u00e9tait pas le cas du Capitaine du navire sur lequel devait embarquer Charles Darwin lors de la fameuse et l\u00e9gendaire exp\u00e9dition du Beagle. A cette \u00e9poque on croyait dur comme fer \u00e0 la physionomie en tant que science et le bonhomme se faisait fort d’\u00eatre physionomiste.<\/p>\n

Monsieur Darwin n’a pas le nez qui convient pour un tel voyage aurait t’il dit. Ce nez n’inspire aucun courage ni d\u00e9termination.<\/p>\n

Heureux 19eme si\u00e8cle qui avait donc tent\u00e9 de faire des impressions une science exacte. En vain \u00e9videmment.<\/p>\n

Pour en revenir \u00e0 Columbo et \u00e0 ma femme, les policiers ne peuvent s’emp\u00eacher de le dire au moins une fois par \u00e9pisode : \"je n’imagine rien, je ne pense rien, je m’appuie seulement sur les faits, rien que les faits.\"<\/p>\n

Cela me fait rebondir sur un petit texte qu’avait \u00e9crit Calaferte sur un fait divers afin de se gu\u00e9rir de la maladie des \u00e9crivains : leur perp\u00e9tuelle tendance \u00e0 la digression.<\/p>\n

Des phrases s\u00e8ches et courtes, sujet verbe, compl\u00e9ment, sans pratiquement aucun adjectif ni adverbe, voil\u00e0 une jolie retraite et largement de quoi m\u00e9diter par la m\u00eame occasion.<\/p>\n

Mais pour revenir \u00e0 mon titre, c’est \u00e0 dire cette fameuse premi\u00e8re impression en peinture, celle qui surgit lorsqu’on repose le pinceau et que l’on s’\u00e9loigne du travail pour le regarder vraiment, sur quoi nous appuierions nous si ce n’\u00e9tait celle-ci ?<\/p>\n

On peut examiner le tableau au travers de diff\u00e9rents points de vue bien sur, tant par sa composition par exemple, son jeu de couleurs, la temp\u00e9rature g\u00e9n\u00e9rale de l’atmosph\u00e8re qui s’en d\u00e9gage , mais c’est souvent au travers de l’impression g\u00e9n\u00e9rale premi\u00e8re que nous tentons d’\u00e9tablir le contact avec le travail en cours ou achev\u00e9.<\/p>\n

Cela me fait penser au m\u00e9tier d’entrepreneur. Quelle est la principale qualit\u00e9 d’un entrepreneur ? c’est l’intensit\u00e9.<\/p>\n

Et c’est aussi l’intuition, la rapidit\u00e9 de d\u00e9cision.<\/p>\n

Il serait impossible pour un entrepreneur d’examiner une probl\u00e9matique en se perdant dans le m\u00e9andre des d\u00e9tails et des nuances. Cela c’est le travail des salari\u00e9s g\u00e9n\u00e9ralement.<\/p>\n

C’est donc seulement arm\u00e9s de leurs impressions que les entrepreneurs vivent et choisissent intens\u00e9ment au travers leurs d\u00e9cisions l’avenir de leurs entreprises.<\/p>\n

Cela ne signifie pas qu’ils croient en la magie.<\/p>\n

Cela signifie qu’ils font confiance au cumul de l’exp\u00e9rience qu’ils ont d\u00e9j\u00e0 v\u00e9cu en de nombreuses situations, \u00e0 l’intuition qui en surgit pour tel ou tel cas de figure qui se repr\u00e9sente ou se pr\u00e9sente et qu’ils d\u00e9cident selon leur impression.<\/p>\n

Autrement dit et c’est paradoxal un entrepreneur fait presque plus confiance \u00e0 ses premi\u00e8res impressions qu’un peintre ou qu’un artiste.<\/p>\n

Pourquoi ?<\/p>\n

Parce que dans le monde de l’entreprise il est convenu que les choses se passent ainsi la plupart du temps. Que le succ\u00e8s n’a aucune raison valable et qu’il ne sert \u00e0 rien de diss\u00e9quer les choses pour l’expliquer.<\/p>\n

En revanche ils passent beaucoup de temps \u00e0 examiner leurs \u00e9checs \u00e0 les ruminer pour en extraire certains principes et s’am\u00e9liorer. Ils ne s’enlisent pas dans l’\u00e9motion que provoque g\u00e9n\u00e9ralement l’\u00e9chec chez la plupart d’entre nous, ils l’examinent froidement et en tirent des cons\u00e9quences pour l’avenir.<\/p>\n

Est ce qu’un peintre fait cela ?<\/p>\n

Je dirais oui et non en ce qui me concerne.<\/p>\n

Oui parce qu’a force d’\u00e9chec on finit par comprendre comment il arrive la plupart du temps<\/p>\n

et non parce que je ne suis pas toujours apte \u00e0 en extraire la substantifique moelle, parce que je crois que je m’en fous.<\/p>\n

Parce que je dois aussi aimer l’ambiance, l’\u00e9nervement que m’apporte l’\u00e9chec, parce que l’\u00e9chec pour moi est une sorte de norme.<\/p>\n

Et que le succ\u00e8s est un accident qui me perturberait plus que tout autre incident en fin de compte.<\/p>\n

Je n’arrive jamais \u00e0 me fier \u00e0 mes premi\u00e8res impressions en peinture concernant mon propre travail.<\/p>\n

En revanche je suis tout \u00e0 fait excellent pour remonter le moral de mes \u00e9l\u00e8ves et ce de fa\u00e7on naturelle, spontan\u00e9e, comme je respire.<\/p>\n

Car je sais imm\u00e9diatement en parler \u00e9trangement alors que devant mes toiles, je reste muet.<\/p>\n

Sans doute reviendrais je encore sur cette affaire de premi\u00e8re impression car il y a encore beaucoup \u00e0 dire.<\/p>\n

Mais trop en dire fatiguerait le lecteur, donnerait une mauvaise impression d’embl\u00e9e en observant la taille du texte d\u00e9j\u00e0 bien assez long.<\/p>\n

Une prochaine fois peut-\u00eatre ...<\/p>\n

\"\"Presque rien<\/p>\n

Evidemment je me d\u00e9p\u00eache de publier ce texte sans m\u00eame le relire, pour ne pas m’emp\u00eatrer \u00e0 nouveau dans la premi\u00e8re impression que ne manquerait pas d’en surgir et ce d\u00e8s la premi\u00e8re ligne, le premier mot.<\/p>", "content_text": "Je viens de peindre une bonne partie de la journ\u00e9e. Une grande toile de 100x100 cm \u00e0 l'huile et je poste le travail en cours sur mon compte Instagram.\n\nJe pourrais me demander pourquoi je me sens oblig\u00e9 de poster ce travail sur les r\u00e9seaux sociaux en premier lieu.\n\nEst-ce parce qu'il faut que je poste absolument quelque chose pour ne pas perdre ma place dans l'algorithme ?\n\nEst-ce parce que j'en suis tellement fier que je ne peux conserver cela pour moi seul, que je me trouve dans une sorte d'obligation de le partager ? de partager l'exaltation pour en r\u00e9duire ainsi la charge ?\n\nEst-ce parce qu'en le regardant au contraire je ne puis \u00e9prouver la moindre sensation que je puisse trouver suffisamment solide pour m'appuyer et que je compte sur celle des autres afin de pouvoir d\u00e9cider de l'orientation future de ce tableau ?\n\nLa plupart du temps comme je l'\u00e9cris plus haut je ne me pose jamais ces questions.\n\nC'est une sorte d'habitude que je me suis donn\u00e9 de poster les tableaux dans leur \u00e9tat d'avancement tels qu'ils sont.\n\nCeci pour obtenir un peu de visibilit\u00e9 sur internet, ajouter un peu d'eau au moulin de ce personnage de peintre qui ne cesse de se d\u00e9battre entre une id\u00e9e de la peinture et la peinture elle-m\u00eame.\n\nEn pr\u00e9parant mon nouveau livre, le tome deux de \"propos sur la peinture\" je relis un texte dont le sujet est \"la premi\u00e8re impression\".\n\nA la relecture je d\u00e9couvre des maladresses, des passages flous que je me mets \u00e0 corriger moi qui ne me relis quasiment jamais.\n\nCela vient aussi d'une impression que j'\u00e9prouve \u00e0 me relire que je pourrais r\u00e9sumer dans les mots confusion, d\u00e9sordre, bancal. C'est la fameuse premi\u00e8re impression \u00e0 la relecture de la plupart de mes textes depuis toujours.\n\nDu coup j'ai d\u00e9cid\u00e9 de rebloguer ce texte corrig\u00e9 puis d'aller me servir un caf\u00e9.\n\nEn fumant la cigarette qui l'accompagne invariablement \u00e0 cette heure de la nuit, les id\u00e9es arrivent par vagues successives autour de cette id\u00e9e de \"premi\u00e8re impression\". Des id\u00e9es que je n'ai \u00e9videmment pas mises dans ce texte.\n\nC'est la m\u00eame chose lorsque je vois mes tableaux expos\u00e9s dans les diff\u00e9rents lieux qui ont la gentillesse d'accueillir mon travail.\n\nUne sorte d'insatisfaction chronique si je peux dire qui se r\u00e9sume par une sorte de prise de conscience d\u00e9sagr\u00e9able concernant le fait que la plupart de mes toiles ne me paraissent plus du tout abouties comme je l'avais pens\u00e9 en les signant quelques mois ou ann\u00e9es plus t\u00f4t.\n\nJe crois que derri\u00e8re l'aspect d\u00e9sagr\u00e9able il y a tout de m\u00eame quelque chose de positif dans ce jugement, c'est l'id\u00e9e que rien n'est jamais totalement termin\u00e9 et que tout peut encore s'am\u00e9liorer.\n\nIl y a des peintres qui devaient \u00e9prouver la m\u00eame sensation puisqu'ils n'h\u00e9sitaient pas \u00e0 se rendre dans les salons o\u00f9 leurs toiles \u00e9taient expos\u00e9es avec des tubes de gouache ou d'huile pour ajouter quelques touches \u00e0 la sauvette par ci par l\u00e0. Ainsi Bonnard par exemple \u00e9tait-t 'il connu pour cela. D'ailleurs il existe un mot pour ce genre de manie : c'est le mot \"bonnarder\".\n\nDans le film \"Turner\" On voit \u00e9galement le peintre s'approcher de l'une de ses toiles, puis sortir un tube de rouge pour r\u00e9aliser une bou\u00e9e au premier plan de sa mer qu'il trouve subitement trop vide.\n\nBref cela montre bien \u00e0 quel point nous avons du mal \u00e0 nous fier vraiment \u00e0 ce que l'on appelle une premi\u00e8re impression comme \u00e0 une derni\u00e8re d'ailleurs. A l'impression du moment qui peut nous faire agir de la pire ou de la meilleure des mani\u00e8res.\n\nMon \u00e9pouse qui est une passionn\u00e9e de s\u00e9ries polici\u00e8res et psychanalyste de m\u00e9tier, rejette en bloc la notion d'impression lorsqu'il m'arrive de l'ennuyer avec les miennes.\n\nLa phrase : j'ai l'impression qu'il va pleuvoir, que les choses vont bien ou mal se passer dans telle ou telle situation, j'ai l'impression qu'on va toucher un joli petit pactole car ma paume me gratte etc. cette phrase l\u00e0 au mieux la fait toujours sourire, au pire l'agace et j'en prends alors pour mon grade.\n\nToi et tes impressions...\n\nJ'imagine que tout le monde connait plus ou moins cela n'est-ce pas.\n\nCe qui fait qu'au bout d'un moment on n'en parle plus. On finit par garder ses impressions pour soi et la boucler.\n\nCe n'\u00e9tait pas le cas du Capitaine du navire sur lequel devait embarquer Charles Darwin lors de la fameuse et l\u00e9gendaire exp\u00e9dition du Beagle. A cette \u00e9poque on croyait dur comme fer \u00e0 la physionomie en tant que science et le bonhomme se faisait fort d'\u00eatre physionomiste. \n\nMonsieur Darwin n'a pas le nez qui convient pour un tel voyage aurait t'il dit. Ce nez n'inspire aucun courage ni d\u00e9termination.\n\nHeureux 19eme si\u00e8cle qui avait donc tent\u00e9 de faire des impressions une science exacte. En vain \u00e9videmment. \n\nPour en revenir \u00e0 Columbo et \u00e0 ma femme, les policiers ne peuvent s'emp\u00eacher de le dire au moins une fois par \u00e9pisode : \"je n'imagine rien, je ne pense rien, je m'appuie seulement sur les faits, rien que les faits.\"\n\nCela me fait rebondir sur un petit texte qu'avait \u00e9crit Calaferte sur un fait divers afin de se gu\u00e9rir de la maladie des \u00e9crivains : leur perp\u00e9tuelle tendance \u00e0 la digression.\n\nDes phrases s\u00e8ches et courtes, sujet verbe, compl\u00e9ment, sans pratiquement aucun adjectif ni adverbe, voil\u00e0 une jolie retraite et largement de quoi m\u00e9diter par la m\u00eame occasion.\n\nMais pour revenir \u00e0 mon titre, c'est \u00e0 dire cette fameuse premi\u00e8re impression en peinture, celle qui surgit lorsqu'on repose le pinceau et que l'on s'\u00e9loigne du travail pour le regarder vraiment, sur quoi nous appuierions nous si ce n'\u00e9tait celle-ci ?\n\nOn peut examiner le tableau au travers de diff\u00e9rents points de vue bien sur, tant par sa composition par exemple, son jeu de couleurs, la temp\u00e9rature g\u00e9n\u00e9rale de l'atmosph\u00e8re qui s'en d\u00e9gage , mais c'est souvent au travers de l'impression g\u00e9n\u00e9rale premi\u00e8re que nous tentons d'\u00e9tablir le contact avec le travail en cours ou achev\u00e9.\n\nCela me fait penser au m\u00e9tier d'entrepreneur. Quelle est la principale qualit\u00e9 d'un entrepreneur ? c'est l'intensit\u00e9.\n\nEt c'est aussi l'intuition, la rapidit\u00e9 de d\u00e9cision.\n\nIl serait impossible pour un entrepreneur d'examiner une probl\u00e9matique en se perdant dans le m\u00e9andre des d\u00e9tails et des nuances. Cela c'est le travail des salari\u00e9s g\u00e9n\u00e9ralement.\n\nC'est donc seulement arm\u00e9s de leurs impressions que les entrepreneurs vivent et choisissent intens\u00e9ment au travers leurs d\u00e9cisions l'avenir de leurs entreprises.\n\nCela ne signifie pas qu'ils croient en la magie. \n\nCela signifie qu'ils font confiance au cumul de l'exp\u00e9rience qu'ils ont d\u00e9j\u00e0 v\u00e9cu en de nombreuses situations, \u00e0 l'intuition qui en surgit pour tel ou tel cas de figure qui se repr\u00e9sente ou se pr\u00e9sente et qu'ils d\u00e9cident selon leur impression.\n\nAutrement dit et c'est paradoxal un entrepreneur fait presque plus confiance \u00e0 ses premi\u00e8res impressions qu'un peintre ou qu'un artiste.\n\nPourquoi ?\n\nParce que dans le monde de l'entreprise il est convenu que les choses se passent ainsi la plupart du temps. Que le succ\u00e8s n'a aucune raison valable et qu'il ne sert \u00e0 rien de diss\u00e9quer les choses pour l'expliquer.\n\nEn revanche ils passent beaucoup de temps \u00e0 examiner leurs \u00e9checs \u00e0 les ruminer pour en extraire certains principes et s'am\u00e9liorer. Ils ne s'enlisent pas dans l'\u00e9motion que provoque g\u00e9n\u00e9ralement l'\u00e9chec chez la plupart d'entre nous, ils l'examinent froidement et en tirent des cons\u00e9quences pour l'avenir.\n\nEst ce qu'un peintre fait cela ?\n\nJe dirais oui et non en ce qui me concerne.\n\nOui parce qu'a force d'\u00e9chec on finit par comprendre comment il arrive la plupart du temps \n\net non parce que je ne suis pas toujours apte \u00e0 en extraire la substantifique moelle, parce que je crois que je m'en fous.\n\nParce que je dois aussi aimer l'ambiance, l'\u00e9nervement que m'apporte l'\u00e9chec, parce que l'\u00e9chec pour moi est une sorte de norme.\n\nEt que le succ\u00e8s est un accident qui me perturberait plus que tout autre incident en fin de compte.\n\nJe n'arrive jamais \u00e0 me fier \u00e0 mes premi\u00e8res impressions en peinture concernant mon propre travail.\n\nEn revanche je suis tout \u00e0 fait excellent pour remonter le moral de mes \u00e9l\u00e8ves et ce de fa\u00e7on naturelle, spontan\u00e9e, comme je respire.\n\nCar je sais imm\u00e9diatement en parler \u00e9trangement alors que devant mes toiles, je reste muet.\n\nSans doute reviendrais je encore sur cette affaire de premi\u00e8re impression car il y a encore beaucoup \u00e0 dire.\n\nMais trop en dire fatiguerait le lecteur, donnerait une mauvaise impression d'embl\u00e9e en observant la taille du texte d\u00e9j\u00e0 bien assez long.\n\nUne prochaine fois peut-\u00eatre ...Presque rien\n\nEvidemment je me d\u00e9p\u00eache de publier ce texte sans m\u00eame le relire, pour ne pas m'emp\u00eatrer \u00e0 nouveau dans la premi\u00e8re impression que ne manquerait pas d'en surgir et ce d\u00e8s la premi\u00e8re ligne, le premier mot.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2051.jpg?1763221119", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/il-sera-plusieurs-fois-cette-fois.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/il-sera-plusieurs-fois-cette-fois.html", "title": "Il sera plusieurs fois cette fois.", "date_published": "2021-07-07T03:35:21Z", "date_modified": "2025-11-15T15:36:56Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Il \u00e9tait une fois un homme qui cherchait le bonheur et qui ne cessait de se lamenter car il ne le trouvait pas. Lorsqu’il regardait autour de lui, il \u00e9tait envieux de ce que poss\u00e9daient les autres et il s’obstinait \u00e0 relever tous les objets, les qualit\u00e9s, les avantages qu’une telle ou un tel semblait poss\u00e9der et dont il se plaignait d’\u00eatre d\u00e9pourvu.<\/p>\n

A le regarder attentivement il avait tout \u00e0 fait le profil d’un comptable qui enregistre les entr\u00e9es et les sorties d’un livre de comptes. Au fur et \u00e0 mesure des ann\u00e9es il avait m\u00eame peu \u00e0 peu emprunt\u00e9 cette apparence caract\u00e9ristique des petits employ\u00e9s de bureau timor\u00e9s. Aux coudes, sur sa veste de tweed il avait fait poser deux protections de velours pour ne pas abimer le tissus. Et si vous aviez p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 jusqu’\u00e0 son int\u00e9rieur, vous seriez tomb\u00e9 sur une garde robe \u00e9tonnante : le m\u00eame costume pour chaque jour de la semaine, et les m\u00eames chaussures de couleur noire \u00e0 semelles plates align\u00e9es sur une \u00e9tag\u00e8re.<\/p>\n

Un peu plus loin dans la cuisine, sagement align\u00e9s dans les placards un verre par jour, ou bien encore une pile impeccable de 7 assiettes.<\/p>\n

Bref quelque chose de maladif, d’\u00e9triqu\u00e9 semblait gouverner la vie de notre homme qui se plaignait sans rel\u00e2che, mais bien sur dans son for int\u00e9rieur, jamais de vive voix, de l’absence totale de bonheur auquel il se trouvait condamn\u00e9.<\/p>\n

Les rares fois o\u00f9 il avait tent\u00e9 de trouver une explication \u00e0 cet \u00e9tat de fait il avait invoqu\u00e9 la destin\u00e9e, la fatalit\u00e9, la faute \u00e0 pas de chance et il n’avait gu\u00e8re explor\u00e9 l’au del\u00e0 du cercle de convictions dans lequel il s’\u00e9tait enferm\u00e9.<\/p>\n


Il \u00e9tait une fois une femme qui cherchait l’amour et qui ne cessait de se plaindre \u00e0 qui voulait bien l’entendre car elle ne l’avait jamais trouv\u00e9. Lorsqu’elle regardait autour d’elle, son c\u0153ur se serrait d’apercevoir tous ces couples qui s’aimaient et cette vision par ricochet ne cessait de la renvoyer \u00e0 sa propre solitude.<\/p>\n

Pour autant les rares fois o\u00f9 un homme l’abordait, qui dans la file d’attente d’un cin\u00e9ma, d’un th\u00e9\u00e2tre, qui \u00e0 la table d’\u00e0 cot\u00e9 au caf\u00e9 ou au restaurant, qui dans les transports en commun, aucun ne paraissait digne suffisamment pour qu’elle lui accorde la moindre r\u00e9ponse. La peur de l’inconnu qui ne cessait de la tenailler depuis l’enfance, elle la projetait toute enti\u00e8re sur ces silhouettes qui s’approchaient d’elle et la renvoyait \u00e0 sa vuln\u00e9rabilit\u00e9, \u00e0 son manque totale de consistance-se disait-t ’elle et qui lui dissimulait sa vraie nature : un orgueil maladif.<\/p>\n

Lorsque parfois, \u00e0 l’heure bleue du soir elle ouvrait ses fen\u00eatres au haut de l’immeuble o\u00f9 elle vivait, elle s’appuyait sur la rambarde du petit balcon et contemplait les fen\u00eatres des immeubles alentour. Elle restait l\u00e0 avec sa tasse de th\u00e9 de longues minutes \u00e0 observer les lumi\u00e8res s’allumer ou s’\u00e9teindre dans tous ces appartements, dans tous ces foyers o\u00f9 \u00e9videmment r\u00e9sidait l’amour dont elle \u00e9tait \u00e9cart\u00e9e.<\/p>\n


Il \u00e9tait une fois un homme qui cherchait du travail et n’en trouvait que rarement car toutes les t\u00e2ches qu’on voulait bien lui confier, il ne les trouvait pas assez nobles pour lui. A chaque fois on aurait pu rire de voir exactement le m\u00eame sc\u00e9nario se d\u00e9rouler.<\/p>\n

Tout d’abord une joie excessive lorsque par le plus grand des hasards \u00e0 la suite d’un entretien on lui accordait le job. Ensuite passait un mois ou deux, rarement trois o\u00f9 l’homme d\u00e9ployait tout un arsenal de politesse, d’assiduit\u00e9, de ronds de jambes envers ses coll\u00e8gues, sous chefs et chefs, en n’oubliant pas d’afficher un m\u00e9pris pour tout ce qui \u00e9tait au dessous de sa condition, puis comme une pendule suisse irr\u00e9m\u00e9diablement \u00e0 l’heure, toutes ces choses tombaient brusquement en quenouille. L’homme \u00e9tait comme frapp\u00e9 par une \u00e9trange maladie et plus un seul mot ne sortait de sa bouche qui ne manifesta alors toute l’acrimonie dont il se sentait la victime et qu’il renvoyait sur le monde entier.<\/p>\n

Nul ne savait ce qui avait pu d\u00e9clencher un tel changement de comportement. Et d’ailleurs nul ne s’y int\u00e9ressait vraiment, surtout pas les dirigeants des diverses entreprises qui au bout du compte le licenci\u00e8rent car \u00e9videmment on ne peut pas utiliser le temps d’une journ\u00e9e de travail \u00e0 se plaindre uniquement.<\/p>\n


Il \u00e9tait une fois un vieil homme qui \u00e9tait devenu veuf. Chaque matin lorsqu’il se r\u00e9veillait il touchait la place pr\u00e8s de lui pour constater l’absence de la femme tant aim\u00e9e. Cela lui permettait de commencer la journ\u00e9e dans la plus grande tristesse m\u00e9langer \u00e0 la dose de col\u00e8re minimum pour se redresser sur le bord du lit et enfiler ses pantoufles.<\/p>\n

Ensuite la s\u00e9rie de gestes qu’il effectuait durant une grande partie de la journ\u00e9e ressemblait \u00e0 ces cartes perfor\u00e9es que l’on introduisait dans les pianos m\u00e9caniques pour jouer perp\u00e9tuellement la m\u00eame rengaine.<\/p>\n

La machine \u00e0 caf\u00e9 s’allumait toute seule une demie-heure avant qu’il enfile les fameuses pantoufles , tout avait \u00e9t\u00e9 soigneusement programm\u00e9 la veille avant d’aller se coucher.<\/p>\n

Une fois le caf\u00e9 bu, tout \u00e9tait rang\u00e9, la tasse et la cuill\u00e8re dans le lave vaisselle, le petit coup d’\u00e9ponge sur le carrelage de la table, le petit coup de serviette pour s\u00e9cher toute trace d’humidit\u00e9 ensuite. alors sonnait 8h c’\u00e9tait le moment o\u00f9 le chien montrait quelques signes d’agitation.<\/p>\n

L’homme d\u00e9crochait la laisse de son clou, et le tintement de la ferraille comme un signal d\u00e9clenchait un dialogue qui se r\u00e9p\u00e9tait jusqu’au plus profond de la m\u00e9moire du chien et probablement de ce qui restait de la m\u00e9moire du vieux.<\/p>\n

Ensuite l’homme disait au chien comme tous les matins : pas bouger<\/p>\n

Puis il sortait pour aller d\u00e9marrer son v\u00e9hicule diesel. Lorsque c’\u00e9tait l’\u00e9t\u00e9 c’\u00e9tait pour mettre en route la climatisation , lorsque c’\u00e9tait l’hiver, le chauffage.<\/p>\n

Ensuite il revenait \u00e0 la cuisine, prenait un bol dans le placard et se resservait un caf\u00e9 qu’il buvait debout en regardant par la fen\u00eatre.<\/p>\n

Puis il reposait le bol pr\u00e8s de la cafeti\u00e8re, se dirigeait vers la porte d’entr\u00e9e et s’adressant au chien disait :<\/p>\n

-Aller vieux, c’est l’heure on y va.<\/p>\n

Le v\u00e9hicule roulait au pas vers la sortie de la petite r\u00e9sidence puis prenait vers l’Est vers la foret qui se tenait \u00e0 quelques kilom\u00e8tres<\/p>\n

L’homme et le chien marchaient une heure sur les chemins forestiers puis ils revenaient vers le v\u00e9hicule.<\/p>\n

Parfois ils avaient aper\u00e7u une biche, un chevreuil et l’\u00e9v\u00e9nement durant quelques instants apportait un peu de baume au c\u0153ur du vieux. Mais \u00e7a ne durait gu\u00e8re.<\/p>\n

Aussit\u00f4t qu’il s’arr\u00eatait devant le magasin Lidl pour aller faire les emplettes de ses menus quotidiens, il repensait \u00e0 son \u00e9pouse et sur son front quelqu’un qui se serait int\u00e9ress\u00e9 \u00e0 sa physionomie, aurait aper\u00e7u se creuser encore plus les rides de son front, et l’humidit\u00e9 soudaine lui brouillant la vue.<\/p>\n


Il \u00e9tait une fois un homme \u00e9bloui par sa propre existence comme par toutes celles appartenant aux autres, pas seulement les \u00eatre humains, mais aussi le moindre insecte, le moindre animal, la moindre fleur, le moindre brin d’herbe. Cependant qu’il n’arrivait pas \u00e0 l’exprimer. C’\u00e9tait tellement \u00e9norme comment mettre des mots l\u00e0 dessus comprenez vous ?<\/p>\n

Ce sentiment intense de vivre et cette impossibilit\u00e9 de pouvoir le partager en mot ou en geste avec tout ce qui existait sur cette terre l’avait comme paralys\u00e9 depuis ses plus jeunes ann\u00e9es.<\/p>\n

Il se sentait impuissant comme lorsqu’on r\u00eave de courir dans un r\u00eave et que l’on d\u00e9couvre ne pouvoir faire que du sur-place.<\/p>\n

Comment exprimer toutes ces choses que j’\u00e9prouve ne cessait t’il de ressasser durant des ann\u00e9es.<\/p>\n

Son esprit \u00e9tait tellement obs\u00e9d\u00e9 par cela que rien de ce qu’il vivait ne semblait l’int\u00e9resser v\u00e9ritablement. Il vivait dans ce paradoxe.<\/p>\n

Parfois quelqu’un venait, un ami possible, une femme qui aurait pu devenir une compagne \u00e9ventuelle, mais tous ces liens qu’on lui proposait de tisser ne lui paraissait jamais suffisamment intenses et il finissait toujours par \u00e9prouver de l’ennui.<\/p>\n

Au bout de plusieurs ann\u00e9es ainsi il d\u00e9cida de vivre seul, de refuser toute compagnie.<\/p>\n

Il trouva un emploi pour subvenir \u00e0 ses faibles besoins, un obscur travail dans un petit bureau au bout de cette ville.<\/p>\n

Les horaires \u00e9taient convenables et la charge de travail suffisamment l\u00e9g\u00e8re pour que la plupart du temps il puisse r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 la fa\u00e7on dont il pourrait s’exprimer pour t\u00e9moigner son grand message.<\/p>\n

Les ann\u00e9es pass\u00e8rent et il se mit \u00e0 \u00e9crire sur des petits carnets. Au bout de 20 ans il avait r\u00e9dig\u00e9 des centaines de ces carnets qu’il rangeait dans des cartons au fur et \u00e0 mesure pour les remiser dans le petit grenier qu’il louait avec l’appartement dans lequel il vivait.<\/p>\n

Un jour des voleurs vinrent et fractur\u00e8rent toutes les portes de ces greniers et d\u00e9rob\u00e8rent les cartons imaginant y trouver des objets \u00e0 revendre.<\/p>\n

Ce fut pour l’homme au d\u00e9but la pire catastrophe qu’il n’aurait pu imaginer.<\/p>\n

Durant des mois il devint l’ombre de cette ombre qui \u00e9tait lui-m\u00eame. Il tomba gravement malade et pris un cong\u00e9s pour s’enfermer chez lui. Allong\u00e9 sur son lit il ne cessait plus de ressasser son parcours et \u00e0 se demander pourquoi, pourquoi, pourquoi moi.<\/p>\n

Un soir d’\u00e9t\u00e9 alors qu’il avait laiss\u00e9 sa fen\u00eatre ouverte un petit oiseau p\u00e9n\u00e9tra dans la chambre. Durant quelques instants il se cogna aux murs \u00e9troits de celle ci puis finit par se poser sur le pied du lit et fixer l’homme obstin\u00e9 \u00e0 vivre son agonie.<\/p>\n

L’oiseau se mit \u00e0 chanter.<\/p>\n

L’homme interloqu\u00e9 se redressa un peu, leurs regards alors se crois\u00e8rent et ce fut comme une d\u00e9livrance enfin.<\/p>\n

Puis l’oiseau ressortit de la chambre comme il \u00e9tait venu.<\/p>\n

L’homme se secoua, se lava s’habilla et enfin s’installa \u00e0 sa table pour \u00e9crire sur la nouvelle page d’un nouveau carnet.<\/p>\n

Mais cette fois ci une fois le carnet termin\u00e9 il le mit dans une enveloppe et l’adressa \u00e0 une maison d’\u00e9dition dont il appr\u00e9ciait depuis toujours les publications, la ligne \u00e9ditoriale.<\/p>\n

Puis il retourna \u00e0 son travail totalement gu\u00e9ri. Et la vie continua ainsi aussi belle et intense telle qu’il l’avait toujours \u00e9prouv\u00e9e sans jamais parvenir \u00e0 vraiment le dire. Mais quelle importance de le dire se disait t’il d\u00e9sormais .<\/p>", "content_text": "Il \u00e9tait une fois un homme qui cherchait le bonheur et qui ne cessait de se lamenter car il ne le trouvait pas. Lorsqu'il regardait autour de lui, il \u00e9tait envieux de ce que poss\u00e9daient les autres et il s'obstinait \u00e0 relever tous les objets, les qualit\u00e9s, les avantages qu'une telle ou un tel semblait poss\u00e9der et dont il se plaignait d'\u00eatre d\u00e9pourvu.\n\nA le regarder attentivement il avait tout \u00e0 fait le profil d'un comptable qui enregistre les entr\u00e9es et les sorties d'un livre de comptes. Au fur et \u00e0 mesure des ann\u00e9es il avait m\u00eame peu \u00e0 peu emprunt\u00e9 cette apparence caract\u00e9ristique des petits employ\u00e9s de bureau timor\u00e9s. Aux coudes, sur sa veste de tweed il avait fait poser deux protections de velours pour ne pas abimer le tissus. Et si vous aviez p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 jusqu'\u00e0 son int\u00e9rieur, vous seriez tomb\u00e9 sur une garde robe \u00e9tonnante : le m\u00eame costume pour chaque jour de la semaine, et les m\u00eames chaussures de couleur noire \u00e0 semelles plates align\u00e9es sur une \u00e9tag\u00e8re.\n\nUn peu plus loin dans la cuisine, sagement align\u00e9s dans les placards un verre par jour, ou bien encore une pile impeccable de 7 assiettes. \n\nBref quelque chose de maladif, d'\u00e9triqu\u00e9 semblait gouverner la vie de notre homme qui se plaignait sans rel\u00e2che, mais bien sur dans son for int\u00e9rieur, jamais de vive voix, de l'absence totale de bonheur auquel il se trouvait condamn\u00e9.\n\nLes rares fois o\u00f9 il avait tent\u00e9 de trouver une explication \u00e0 cet \u00e9tat de fait il avait invoqu\u00e9 la destin\u00e9e, la fatalit\u00e9, la faute \u00e0 pas de chance et il n'avait gu\u00e8re explor\u00e9 l'au del\u00e0 du cercle de convictions dans lequel il s'\u00e9tait enferm\u00e9.\n\nIl \u00e9tait une fois une femme qui cherchait l'amour et qui ne cessait de se plaindre \u00e0 qui voulait bien l'entendre car elle ne l'avait jamais trouv\u00e9. Lorsqu'elle regardait autour d'elle, son c\u0153ur se serrait d'apercevoir tous ces couples qui s'aimaient et cette vision par ricochet ne cessait de la renvoyer \u00e0 sa propre solitude.\n\nPour autant les rares fois o\u00f9 un homme l'abordait, qui dans la file d'attente d'un cin\u00e9ma, d'un th\u00e9\u00e2tre, qui \u00e0 la table d'\u00e0 cot\u00e9 au caf\u00e9 ou au restaurant, qui dans les transports en commun, aucun ne paraissait digne suffisamment pour qu'elle lui accorde la moindre r\u00e9ponse. La peur de l'inconnu qui ne cessait de la tenailler depuis l'enfance, elle la projetait toute enti\u00e8re sur ces silhouettes qui s'approchaient d'elle et la renvoyait \u00e0 sa vuln\u00e9rabilit\u00e9, \u00e0 son manque totale de consistance-se disait-t 'elle et qui lui dissimulait sa vraie nature : un orgueil maladif.\n\nLorsque parfois, \u00e0 l'heure bleue du soir elle ouvrait ses fen\u00eatres au haut de l'immeuble o\u00f9 elle vivait, elle s'appuyait sur la rambarde du petit balcon et contemplait les fen\u00eatres des immeubles alentour. Elle restait l\u00e0 avec sa tasse de th\u00e9 de longues minutes \u00e0 observer les lumi\u00e8res s'allumer ou s'\u00e9teindre dans tous ces appartements, dans tous ces foyers o\u00f9 \u00e9videmment r\u00e9sidait l'amour dont elle \u00e9tait \u00e9cart\u00e9e.\n\nIl \u00e9tait une fois un homme qui cherchait du travail et n'en trouvait que rarement car toutes les t\u00e2ches qu'on voulait bien lui confier, il ne les trouvait pas assez nobles pour lui. A chaque fois on aurait pu rire de voir exactement le m\u00eame sc\u00e9nario se d\u00e9rouler.\n\nTout d'abord une joie excessive lorsque par le plus grand des hasards \u00e0 la suite d'un entretien on lui accordait le job. Ensuite passait un mois ou deux, rarement trois o\u00f9 l'homme d\u00e9ployait tout un arsenal de politesse, d'assiduit\u00e9, de ronds de jambes envers ses coll\u00e8gues, sous chefs et chefs, en n'oubliant pas d'afficher un m\u00e9pris pour tout ce qui \u00e9tait au dessous de sa condition, puis comme une pendule suisse irr\u00e9m\u00e9diablement \u00e0 l'heure, toutes ces choses tombaient brusquement en quenouille. L'homme \u00e9tait comme frapp\u00e9 par une \u00e9trange maladie et plus un seul mot ne sortait de sa bouche qui ne manifesta alors toute l'acrimonie dont il se sentait la victime et qu'il renvoyait sur le monde entier.\n\nNul ne savait ce qui avait pu d\u00e9clencher un tel changement de comportement. Et d'ailleurs nul ne s'y int\u00e9ressait vraiment, surtout pas les dirigeants des diverses entreprises qui au bout du compte le licenci\u00e8rent car \u00e9videmment on ne peut pas utiliser le temps d'une journ\u00e9e de travail \u00e0 se plaindre uniquement.\n\nIl \u00e9tait une fois un vieil homme qui \u00e9tait devenu veuf. Chaque matin lorsqu'il se r\u00e9veillait il touchait la place pr\u00e8s de lui pour constater l'absence de la femme tant aim\u00e9e. Cela lui permettait de commencer la journ\u00e9e dans la plus grande tristesse m\u00e9langer \u00e0 la dose de col\u00e8re minimum pour se redresser sur le bord du lit et enfiler ses pantoufles.\n\nEnsuite la s\u00e9rie de gestes qu'il effectuait durant une grande partie de la journ\u00e9e ressemblait \u00e0 ces cartes perfor\u00e9es que l'on introduisait dans les pianos m\u00e9caniques pour jouer perp\u00e9tuellement la m\u00eame rengaine. \n\nLa machine \u00e0 caf\u00e9 s'allumait toute seule une demie-heure avant qu'il enfile les fameuses pantoufles , tout avait \u00e9t\u00e9 soigneusement programm\u00e9 la veille avant d'aller se coucher.\n\nUne fois le caf\u00e9 bu, tout \u00e9tait rang\u00e9, la tasse et la cuill\u00e8re dans le lave vaisselle, le petit coup d'\u00e9ponge sur le carrelage de la table, le petit coup de serviette pour s\u00e9cher toute trace d'humidit\u00e9 ensuite. alors sonnait 8h c'\u00e9tait le moment o\u00f9 le chien montrait quelques signes d'agitation.\n\nL'homme d\u00e9crochait la laisse de son clou, et le tintement de la ferraille comme un signal d\u00e9clenchait un dialogue qui se r\u00e9p\u00e9tait jusqu'au plus profond de la m\u00e9moire du chien et probablement de ce qui restait de la m\u00e9moire du vieux.\n\nEnsuite l'homme disait au chien comme tous les matins : pas bouger\n\nPuis il sortait pour aller d\u00e9marrer son v\u00e9hicule diesel. Lorsque c'\u00e9tait l'\u00e9t\u00e9 c'\u00e9tait pour mettre en route la climatisation , lorsque c'\u00e9tait l'hiver, le chauffage.\n\nEnsuite il revenait \u00e0 la cuisine, prenait un bol dans le placard et se resservait un caf\u00e9 qu'il buvait debout en regardant par la fen\u00eatre.\n\nPuis il reposait le bol pr\u00e8s de la cafeti\u00e8re, se dirigeait vers la porte d'entr\u00e9e et s'adressant au chien disait : \n\n-Aller vieux, c'est l'heure on y va.\n\nLe v\u00e9hicule roulait au pas vers la sortie de la petite r\u00e9sidence puis prenait vers l'Est vers la foret qui se tenait \u00e0 quelques kilom\u00e8tres \n\nL'homme et le chien marchaient une heure sur les chemins forestiers puis ils revenaient vers le v\u00e9hicule.\n\nParfois ils avaient aper\u00e7u une biche, un chevreuil et l'\u00e9v\u00e9nement durant quelques instants apportait un peu de baume au c\u0153ur du vieux. Mais \u00e7a ne durait gu\u00e8re.\n\nAussit\u00f4t qu'il s'arr\u00eatait devant le magasin Lidl pour aller faire les emplettes de ses menus quotidiens, il repensait \u00e0 son \u00e9pouse et sur son front quelqu'un qui se serait int\u00e9ress\u00e9 \u00e0 sa physionomie, aurait aper\u00e7u se creuser encore plus les rides de son front, et l'humidit\u00e9 soudaine lui brouillant la vue.\n\nIl \u00e9tait une fois un homme \u00e9bloui par sa propre existence comme par toutes celles appartenant aux autres, pas seulement les \u00eatre humains, mais aussi le moindre insecte, le moindre animal, la moindre fleur, le moindre brin d'herbe. Cependant qu'il n'arrivait pas \u00e0 l'exprimer. C'\u00e9tait tellement \u00e9norme comment mettre des mots l\u00e0 dessus comprenez vous ?\n\nCe sentiment intense de vivre et cette impossibilit\u00e9 de pouvoir le partager en mot ou en geste avec tout ce qui existait sur cette terre l'avait comme paralys\u00e9 depuis ses plus jeunes ann\u00e9es.\n\nIl se sentait impuissant comme lorsqu'on r\u00eave de courir dans un r\u00eave et que l'on d\u00e9couvre ne pouvoir faire que du sur-place.\n\nComment exprimer toutes ces choses que j'\u00e9prouve ne cessait t'il de ressasser durant des ann\u00e9es.\n\nSon esprit \u00e9tait tellement obs\u00e9d\u00e9 par cela que rien de ce qu'il vivait ne semblait l'int\u00e9resser v\u00e9ritablement. Il vivait dans ce paradoxe.\n\nParfois quelqu'un venait, un ami possible, une femme qui aurait pu devenir une compagne \u00e9ventuelle, mais tous ces liens qu'on lui proposait de tisser ne lui paraissait jamais suffisamment intenses et il finissait toujours par \u00e9prouver de l'ennui.\n\nAu bout de plusieurs ann\u00e9es ainsi il d\u00e9cida de vivre seul, de refuser toute compagnie. \n\nIl trouva un emploi pour subvenir \u00e0 ses faibles besoins, un obscur travail dans un petit bureau au bout de cette ville.\n\nLes horaires \u00e9taient convenables et la charge de travail suffisamment l\u00e9g\u00e8re pour que la plupart du temps il puisse r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 la fa\u00e7on dont il pourrait s'exprimer pour t\u00e9moigner son grand message.\n\nLes ann\u00e9es pass\u00e8rent et il se mit \u00e0 \u00e9crire sur des petits carnets. Au bout de 20 ans il avait r\u00e9dig\u00e9 des centaines de ces carnets qu'il rangeait dans des cartons au fur et \u00e0 mesure pour les remiser dans le petit grenier qu'il louait avec l'appartement dans lequel il vivait.\n\nUn jour des voleurs vinrent et fractur\u00e8rent toutes les portes de ces greniers et d\u00e9rob\u00e8rent les cartons imaginant y trouver des objets \u00e0 revendre.\n\nCe fut pour l'homme au d\u00e9but la pire catastrophe qu'il n'aurait pu imaginer.\n\nDurant des mois il devint l'ombre de cette ombre qui \u00e9tait lui-m\u00eame. Il tomba gravement malade et pris un cong\u00e9s pour s'enfermer chez lui. Allong\u00e9 sur son lit il ne cessait plus de ressasser son parcours et \u00e0 se demander pourquoi, pourquoi, pourquoi moi.\n\nUn soir d'\u00e9t\u00e9 alors qu'il avait laiss\u00e9 sa fen\u00eatre ouverte un petit oiseau p\u00e9n\u00e9tra dans la chambre. Durant quelques instants il se cogna aux murs \u00e9troits de celle ci puis finit par se poser sur le pied du lit et fixer l'homme obstin\u00e9 \u00e0 vivre son agonie.\n\nL'oiseau se mit \u00e0 chanter.\n\nL'homme interloqu\u00e9 se redressa un peu, leurs regards alors se crois\u00e8rent et ce fut comme une d\u00e9livrance enfin.\n\nPuis l'oiseau ressortit de la chambre comme il \u00e9tait venu.\n\nL'homme se secoua, se lava s'habilla et enfin s'installa \u00e0 sa table pour \u00e9crire sur la nouvelle page d'un nouveau carnet.\n\nMais cette fois ci une fois le carnet termin\u00e9 il le mit dans une enveloppe et l'adressa \u00e0 une maison d'\u00e9dition dont il appr\u00e9ciait depuis toujours les publications, la ligne \u00e9ditoriale.\n\nPuis il retourna \u00e0 son travail totalement gu\u00e9ri. Et la vie continua ainsi aussi belle et intense telle qu'il l'avait toujours \u00e9prouv\u00e9e sans jamais parvenir \u00e0 vraiment le dire. 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En regardant une vid\u00e9o de mon ami Patrick Robbe Grillet sur la r\u00e9alisation d’un dessin au fusain, je me suis pos\u00e9 cette question : Quel est donc son secret pour poss\u00e9der une telle fulgurance ? Le dessin ne dure qu’\u00e0 peine 3 secondes et je suis rest\u00e9 bluff\u00e9 par la virtuosit\u00e9 de sa ligne et par la rapidit\u00e9 d’ex\u00e9cution.<\/p>\n

https:\/\/youtu.be\/js6OxtLW4bA<\/a><\/p>\n

S’\u00e9tait-t ’il entrain\u00e9 comme ces adeptes des arts martiaux \u00e0 r\u00e9p\u00e9ter sans rel\u00e2che le m\u00eame geste ?<\/p>\n

Y avait t’il une fa\u00e7on particuli\u00e8re de mobiliser l’\u00e9nergie pour la concentrer dans ce geste ?<\/p>\n

Utilisait il la respiration et si oui le geste partait-t’il de l’inspire ou de l’expire , ou encore de ce moment entre les deux ?<\/p>\n

Bref, j’\u00e9tais l\u00e0 me poser toutes ces questions lorsqu’il se mit \u00e0 parler du fait de dessiner ou de peindre \"entre les pens\u00e9es\".<\/p>\n

-Aussit\u00f4t qu’une pens\u00e9e surgit je rel\u00e8ve le crayon ou le pinceau- dit il de m\u00e9moire.<\/p>\n

La raison invoqu\u00e9e est que la plupart du temps nos pens\u00e9es sont des jugements, des comparaisons, et que celles ci polluent le trait sans m\u00eame que l’on s’en rende compte.<\/p>\n

Du coup je suis rest\u00e9 un moment comme deux ronds de flan devant la vid\u00e9o et \u00e9videmment ce qui ne devait pas manquer d’advenir advint :<\/p>\n

Je me suis demand\u00e9 si moi aussi j’\u00e9tais capable de peindre entre les pens\u00e9es ?<\/p>\n

Du coup j’ai tout de suite essay\u00e9 de faire une s\u00e9rie de peintures au brou de noix et \u00e0 l’encre de chine sur papier pour observer ce qui se passait \u00e0 l’\u00e9tat brut, c’est \u00e0 dire sans tenter d’arr\u00eater la moindre pens\u00e9e ni chercher \u00e0 peindre \u00e9videmment entre celles ci.<\/p>\n

Le but \u00e9tait juste d’observer ce qui se produit durant l’acte de peindre.<\/p>\n

Et l\u00e0 probl\u00e8me de taille : Aucune pens\u00e9e.<\/p>\n

Du coup je m’affole, je grille imm\u00e9diatement quelques cigarettes en tournant en rond dans mon atelier.<\/p>\n

Quelque chose semblait ne pas tourner rond, cette absence totale de pens\u00e9e pendant que je peignais m’a carr\u00e9ment flanqu\u00e9 la trouille.<\/p>\n

\n<\/p>\n

Et bien sur \u00e0 partir du moment o\u00f9 j’ai arr\u00eat\u00e9 de peindre les pens\u00e9es ont fini par se bousculer dans ma pauvre t\u00eate<\/p>\n

<\/amp-fit-text><\/p>\n

Du genre :<\/p>\n

Tu dois \u00eatre compl\u00e8tement marteau mon pauvre gars. C’est impossible de ne pas penser et tu n’es pas assez attentif pour remarquer toutes les pens\u00e9es qui t’assaillent \u00e0 ce moment l\u00e0 voil\u00e0 tout.<\/p>\n

Ou encore : \u00e0 l’oppos\u00e9 si on veut : Tu es tellement vide de sens, totalement, absolument, que ce vide est ton \u00e9tat naturel.<\/p>\n

Bref plut\u00f4t les boules en gros.<\/p>\n

J’ai laiss\u00e9 pass\u00e9 quelques mois, \u00e9videmment je suis pass\u00e9 \u00e0 bien d’autres choses et puis soudain aujourd’hui je lis un article de Julian Chapiro sur l’\u00e9criture et l\u00e0 une sorte de d\u00e9clic s’op\u00e8re.<\/p>\n

voici une traduction de ce qu’il dit :<\/p>\n

Les grands esprits sont devenus brillants gr\u00e2ce \u00e0 la communication. De grandes id\u00e9es \u00e9mergent en \u00e9crivant ou en parlant, pas avant. Lorsque vous exprimez des id\u00e9es, votre cerveau ne peut s'emp\u00eacher d'\u00e9tablir des liens entre elles et de les faire progresser.L'\u00e9criture est un laxatif pour l'esprit.<\/pre>\n

En fait j’avais toujours imagin\u00e9 qu’il fallait penser avant de faire quelque chose du genre peindre ou \u00e9crire et je me sentais toujours extr\u00eamement mal \u00e0 l’aise, voir coupable de ne jamais parvenir \u00e0 y arriver.<\/p>\n

En peinture bien sur j’ai quelques th\u00e9matiques r\u00e9currentes, comme dans les sujets qui m’obs\u00e8dent quant \u00e0 l’\u00e9criture, mais on ne peut pas dire que j’y pense vraiment. Les choses viennent seulement lorsque je me mets \u00e0 peindre ou \u00e0 \u00e9crire.<\/p>\n

Je ne fais jamais de plan, jamais d’\u00e9bauche ou d’esquisse.<\/p>\n

Mon manque de confiance dans ma pens\u00e9e pour cr\u00e9er est tel que j’occulte totalement celle ci syst\u00e9matiquement pour \u00e9crire ou peindre.<\/p>\n

Les raisons sont sans doute multiples et je ne vais pas les \u00e9num\u00e9rer ici car cela d\u00e9passerait la limite supportable d’un article de blog.<\/p>\n

Ce que je veux dire pour r\u00e9sumer c’est que cette faille, ce soi disant handicap dont je pensais \u00eatre une sorte de victime au bout du compte pourrait bien s’av\u00e9rer mon meilleur atout pour \u00e9crire et peindre.<\/p>\n

En ne m’attachant \u00e0 aucune pens\u00e9e, ignorant totalement le m\u00e9canisme de la pens\u00e9e je plonge litt\u00e9ralement dans l’inconnu pour en extirper des phrases, des id\u00e9es, des lignes et des couleurs.<\/p>\n

Du coup il y a bel et bien un r\u00e9sultat apr\u00e8s coup et ce r\u00e9sultat je l’analyse \u00e9videmment comme tout \u00e0 chacun pourrait le faire en d\u00e9cidant que c’est bien ou que c’est m\u00e9diocre.<\/p>\n

Au d\u00e9but la confrontation avec ce r\u00e9sultat m’\u00e9tait tellement p\u00e9nible que je ne relisais jamais mes carnets, j’empilais mes peintures dans un coin de la maison sans vraiment prendre le temps de les regarder vraiment.<\/p>\n

J’\u00e9tais tellement obnubil\u00e9 par l’id\u00e9e de l’\u00e9criture ou de la peinture comme \u00e9tant des actes artistiques que je me sentais souvent en dessous, pas au niveau, pas de taille \u00e0 affronter le moindre verdict, \u00e0 commencer par le mien.<\/p>\n

C’est avec le temps que les choses se sont calm\u00e9es, en acceptant peu \u00e0 peu de livrer \u00e0 d’autres regards ces textes et ces tableaux. Ce n’\u00e9tait pas aussi catastrophique que je l’aurais cru c’\u00e9tait \u00e7a aussi la r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Donc oui finalement j’ai v\u00e9ritablement un secret pour \u00e9crire et peindre, c’est \u00e0 dire quelque chose que j’ai toujours imagin\u00e9 comme une tare , quelque chose de honteux.<\/p>\n

Je ne pense \u00e0 rien, je me lance et je me dis on verra bien.<\/p>\n

La v\u00e9rit\u00e9 c’est qu’avec les ann\u00e9es la peur du ridicule a peu \u00e0 peu disparu de mes pr\u00e9occupations. Je l’ai m\u00eame \u00e9tudi\u00e9 en profondeur ce sentiment de ridicule \u00e0 une \u00e9poque de ma vie \u00e0 seule fin de l’explorer, comme on explore une terre hostile \u00e0 premi\u00e8re vue mais qui dissimule des tr\u00e9sors inou\u00efs quand elle nous devient de plus en plus famili\u00e8re.<\/p>\n

Je crois que cette peur du ridicule y \u00e9tait pour beaucoup dans le jugement abrupt que je portais sur mes cr\u00e9ations litt\u00e9raires et autres. Et tant que cette peur m’entravais je ne pouvais parvenir \u00e0 une certaine justesse d’ex\u00e9cution.<\/p>\n

Soit j’en mettais trop soit pas assez.<\/p>\n

C’est cette difficult\u00e9 de pond\u00e9ration sans doute qui est au centre de l’acte cr\u00e9ateur. Cette difficult\u00e9 avec le temps s’est elle aussi transform\u00e9e en qu\u00eate, en cheminement.<\/p>\n

Le but n’est pas d’arriver \u00e0 un beau texte, \u00e0 une belle peinture, le but est de parvenir \u00e0 une certaine id\u00e9e de justesse qui n’existe ni en amont ni en aval de ces instants durant lesquels j’agis.<\/p>\n

Le but est de parvenir au pr\u00e9sent et d’en capturer quelque chose par l’action afin d’en t\u00e9moigner. C’est juste cela.<\/p>\n

C’est aussi pour cette raison qui ne me paraissait pas vraiment utile au monde que j’ai eu un mal de chien \u00e0 me consid\u00e9rer comme un artiste ou un \u00e9crivain.<\/p>\n

Ca va mieux maintenant. C’est toujours bon de partager un peu de ses hontes comme de ses secrets n’est-ce pas ?<\/p>\n

Toutes mes amiti\u00e9s Patrick !<\/p>\n

voici, pour les anglophones ; le lien vers le site de Julian Chapiro au cas o\u00f9 un d\u00e9clic puisse se produire, se r\u00e9p\u00e9ter \u00e0 l’infini<\/p>\n

https:\/\/www.julian.com\/<\/a><\/p>", "content_text": "En regardant une vid\u00e9o de mon ami Patrick Robbe Grillet sur la r\u00e9alisation d'un dessin au fusain, je me suis pos\u00e9 cette question : Quel est donc son secret pour poss\u00e9der une telle fulgurance ? Le dessin ne dure qu'\u00e0 peine 3 secondes et je suis rest\u00e9 bluff\u00e9 par la virtuosit\u00e9 de sa ligne et par la rapidit\u00e9 d'ex\u00e9cution.https:\/\/youtu.be\/js6OxtLW4bA\n\nS'\u00e9tait-t 'il entrain\u00e9 comme ces adeptes des arts martiaux \u00e0 r\u00e9p\u00e9ter sans rel\u00e2che le m\u00eame geste ?\n\nY avait t'il une fa\u00e7on particuli\u00e8re de mobiliser l'\u00e9nergie pour la concentrer dans ce geste ?\n\nUtilisait il la respiration et si oui le geste partait-t'il de l'inspire ou de l'expire , ou encore de ce moment entre les deux ?\n\nBref, j'\u00e9tais l\u00e0 me poser toutes ces questions lorsqu'il se mit \u00e0 parler du fait de dessiner ou de peindre \"entre les pens\u00e9es\".\n\n-Aussit\u00f4t qu'une pens\u00e9e surgit je rel\u00e8ve le crayon ou le pinceau- dit il de m\u00e9moire.\n\nLa raison invoqu\u00e9e est que la plupart du temps nos pens\u00e9es sont des jugements, des comparaisons, et que celles ci polluent le trait sans m\u00eame que l'on s'en rende compte.\n\nDu coup je suis rest\u00e9 un moment comme deux ronds de flan devant la vid\u00e9o et \u00e9videmment ce qui ne devait pas manquer d'advenir advint :\n\nJe me suis demand\u00e9 si moi aussi j'\u00e9tais capable de peindre entre les pens\u00e9es ?\n\nDu coup j'ai tout de suite essay\u00e9 de faire une s\u00e9rie de peintures au brou de noix et \u00e0 l'encre de chine sur papier pour observer ce qui se passait \u00e0 l'\u00e9tat brut, c'est \u00e0 dire sans tenter d'arr\u00eater la moindre pens\u00e9e ni chercher \u00e0 peindre \u00e9videmment entre celles ci.\n\nLe but \u00e9tait juste d'observer ce qui se produit durant l'acte de peindre.\n\nEt l\u00e0 probl\u00e8me de taille : Aucune pens\u00e9e.\n\nDu coup je m'affole, je grille imm\u00e9diatement quelques cigarettes en tournant en rond dans mon atelier.\n\nQuelque chose semblait ne pas tourner rond, cette absence totale de pens\u00e9e pendant que je peignais m'a carr\u00e9ment flanqu\u00e9 la trouille.\n\nEt bien sur \u00e0 partir du moment o\u00f9 j'ai arr\u00eat\u00e9 de peindre les pens\u00e9es ont fini par se bousculer dans ma pauvre t\u00eate \n\nDu genre :\n\nTu dois \u00eatre compl\u00e8tement marteau mon pauvre gars. C'est impossible de ne pas penser et tu n'es pas assez attentif pour remarquer toutes les pens\u00e9es qui t'assaillent \u00e0 ce moment l\u00e0 voil\u00e0 tout.\n\nOu encore : \u00e0 l'oppos\u00e9 si on veut : Tu es tellement vide de sens, totalement, absolument, que ce vide est ton \u00e9tat naturel. \n\nBref plut\u00f4t les boules en gros.\n\nJ'ai laiss\u00e9 pass\u00e9 quelques mois, \u00e9videmment je suis pass\u00e9 \u00e0 bien d'autres choses et puis soudain aujourd'hui je lis un article de Julian Chapiro sur l'\u00e9criture et l\u00e0 une sorte de d\u00e9clic s'op\u00e8re.\n\nvoici une traduction de ce qu'il dit :Les grands esprits sont devenus brillants gr\u00e2ce \u00e0 la communication. De grandes id\u00e9es \u00e9mergent en \u00e9crivant ou en parlant, pas avant. Lorsque vous exprimez des id\u00e9es, votre cerveau ne peut s'emp\u00eacher d'\u00e9tablir des liens entre elles et de les faire progresser.L'\u00e9criture est un laxatif pour l'esprit.\n\nEn fait j'avais toujours imagin\u00e9 qu'il fallait penser avant de faire quelque chose du genre peindre ou \u00e9crire et je me sentais toujours extr\u00eamement mal \u00e0 l'aise, voir coupable de ne jamais parvenir \u00e0 y arriver.\n\nEn peinture bien sur j'ai quelques th\u00e9matiques r\u00e9currentes, comme dans les sujets qui m'obs\u00e8dent quant \u00e0 l'\u00e9criture, mais on ne peut pas dire que j'y pense vraiment. Les choses viennent seulement lorsque je me mets \u00e0 peindre ou \u00e0 \u00e9crire.\n\nJe ne fais jamais de plan, jamais d'\u00e9bauche ou d'esquisse.\n\nMon manque de confiance dans ma pens\u00e9e pour cr\u00e9er est tel que j'occulte totalement celle ci syst\u00e9matiquement pour \u00e9crire ou peindre.\n\nLes raisons sont sans doute multiples et je ne vais pas les \u00e9num\u00e9rer ici car cela d\u00e9passerait la limite supportable d'un article de blog.\n\nCe que je veux dire pour r\u00e9sumer c'est que cette faille, ce soi disant handicap dont je pensais \u00eatre une sorte de victime au bout du compte pourrait bien s'av\u00e9rer mon meilleur atout pour \u00e9crire et peindre.\n\nEn ne m'attachant \u00e0 aucune pens\u00e9e, ignorant totalement le m\u00e9canisme de la pens\u00e9e je plonge litt\u00e9ralement dans l'inconnu pour en extirper des phrases, des id\u00e9es, des lignes et des couleurs.\n\nDu coup il y a bel et bien un r\u00e9sultat apr\u00e8s coup et ce r\u00e9sultat je l'analyse \u00e9videmment comme tout \u00e0 chacun pourrait le faire en d\u00e9cidant que c'est bien ou que c'est m\u00e9diocre.\n\nAu d\u00e9but la confrontation avec ce r\u00e9sultat m'\u00e9tait tellement p\u00e9nible que je ne relisais jamais mes carnets, j'empilais mes peintures dans un coin de la maison sans vraiment prendre le temps de les regarder vraiment.\n\nJ'\u00e9tais tellement obnubil\u00e9 par l'id\u00e9e de l'\u00e9criture ou de la peinture comme \u00e9tant des actes artistiques que je me sentais souvent en dessous, pas au niveau, pas de taille \u00e0 affronter le moindre verdict, \u00e0 commencer par le mien.\n\nC'est avec le temps que les choses se sont calm\u00e9es, en acceptant peu \u00e0 peu de livrer \u00e0 d'autres regards ces textes et ces tableaux. Ce n'\u00e9tait pas aussi catastrophique que je l'aurais cru c'\u00e9tait \u00e7a aussi la r\u00e9alit\u00e9.\n\nDonc oui finalement j'ai v\u00e9ritablement un secret pour \u00e9crire et peindre, c'est \u00e0 dire quelque chose que j'ai toujours imagin\u00e9 comme une tare , quelque chose de honteux.\n\nJe ne pense \u00e0 rien, je me lance et je me dis on verra bien.\n\nLa v\u00e9rit\u00e9 c'est qu'avec les ann\u00e9es la peur du ridicule a peu \u00e0 peu disparu de mes pr\u00e9occupations. Je l'ai m\u00eame \u00e9tudi\u00e9 en profondeur ce sentiment de ridicule \u00e0 une \u00e9poque de ma vie \u00e0 seule fin de l'explorer, comme on explore une terre hostile \u00e0 premi\u00e8re vue mais qui dissimule des tr\u00e9sors inou\u00efs quand elle nous devient de plus en plus famili\u00e8re.\n\nJe crois que cette peur du ridicule y \u00e9tait pour beaucoup dans le jugement abrupt que je portais sur mes cr\u00e9ations litt\u00e9raires et autres. Et tant que cette peur m'entravais je ne pouvais parvenir \u00e0 une certaine justesse d'ex\u00e9cution.\n\nSoit j'en mettais trop soit pas assez.\n\nC'est cette difficult\u00e9 de pond\u00e9ration sans doute qui est au centre de l'acte cr\u00e9ateur. Cette difficult\u00e9 avec le temps s'est elle aussi transform\u00e9e en qu\u00eate, en cheminement.\n\nLe but n'est pas d'arriver \u00e0 un beau texte, \u00e0 une belle peinture, le but est de parvenir \u00e0 une certaine id\u00e9e de justesse qui n'existe ni en amont ni en aval de ces instants durant lesquels j'agis.\n\nLe but est de parvenir au pr\u00e9sent et d'en capturer quelque chose par l'action afin d'en t\u00e9moigner. C'est juste cela.\n\nC'est aussi pour cette raison qui ne me paraissait pas vraiment utile au monde que j'ai eu un mal de chien \u00e0 me consid\u00e9rer comme un artiste ou un \u00e9crivain.\n\nCa va mieux maintenant. C'est toujours bon de partager un peu de ses hontes comme de ses secrets n'est-ce pas ?\n\nToutes mes amiti\u00e9s Patrick !\n\nvoici, pour les anglophones; le lien vers le site de Julian Chapiro au cas o\u00f9 un d\u00e9clic puisse se produire, se r\u00e9p\u00e9ter \u00e0 l'infini \n\nhttps:\/\/www.julian.com\/", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2033.jpg?1763220881", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/on-va-tout-vous-expliquer.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/on-va-tout-vous-expliquer.html", "title": "On va tout vous expliquer.", "date_published": "2021-07-06T05:11:15Z", "date_modified": "2025-11-15T15:33:18Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

C’est en 1978 que parait le roman de Georges Perec \"La vie mode d’emploi<\/em>\" qui obtiendra la m\u00eame ann\u00e9e le prix M\u00e9dicis.<\/p>\n

Une toute premi\u00e8re \u00e9bauche avait d\u00e9j\u00e0 vu le jour en 1974 dans \"Esp\u00e8ce d’espaces\" du m\u00eame auteur publi\u00e9 aux \u00e9ditions Galil\u00e9e.<\/p>\n

A l’origine raconte Perec l’id\u00e9e lui est venue de l’observation d’un dessin : No vacancy<\/em> de Saul Steinberg<\/p>\n

\"\"No vacancy<\/em> de Saul Steinberg<\/p>\n

Il s’agit d’un immeuble dont on a retir\u00e9 les murs ext\u00e9rieurs afin que l’on puisse observer la vie des habitants.<\/p>\n

Le but du roman est d’\u00e9puiser non la totalit\u00e9 du monde mais d’un fragment seulement de celui-ci. Ce qui est d\u00e9j\u00e0 en soi une t\u00e2che impossible lorsqu’on y r\u00e9fl\u00e9chit.<\/p>\n

C’est sur le postulat d’une exhaustivit\u00e9 possible en raison du lieu et du temps r\u00e9duits face \u00e0 l’immensit\u00e9 de l’univers et de l’\u00e9ternit\u00e9 que s’agite en vain , l’ambition de Bartlebooth le principal protagoniste de ce r\u00e9cit ou de ces mini romans contenus dans le roman tout entier.<\/p>\n

On pourra aussi retenir le personnage de Val\u00e8ne, ce peintre qui d\u00e9sire \"faire tenir toute sa maison sur sa toile\".<\/p>\n

Perec mettra une dizaine d’ann\u00e9es pour construire ce roman mais il d\u00e9clarera aussi que c’est une obsession qui remonte \u00e0 bien plus loin, comme d’habitude \u00e0 l’enfance.<\/p>\n

Ce d\u00e9sir d’exhaustivit\u00e9, de vouloir tout expliquer, d\u00e9rouler, d\u00e9ployer pour se faire une id\u00e9e claire de quelque chose, de toutes choses, voil\u00e0 ce qui ne nous quitte plus d\u00e9sormais.<\/p>\n

Une volont\u00e9 malsaine d’ubiquit\u00e9 ne cesse de nous animer cependant qu’elle nous dirige simultan\u00e9ment tout droit vers l’insignifiance magistrale. Quel dr\u00f4le de paradoxe ne trouvez vous pas ?<\/p>\n

Evidemment si ces id\u00e9es me viennent ce matin ce n’est pas pour rien.<\/p>\n

Je me rends compte en examinant mon travail de peintre que celui ci aussi est propuls\u00e9 par ce m\u00eame d\u00e9sir d’exhaustivit\u00e9, par cette n\u00e9cessit\u00e9 de d\u00e9ployer de nombreuses techniques, de nombreux m\u00e9dium, et ce sur de multiples formats et supports.<\/p>\n

Il y a comme un mouvement dont le point de d\u00e9part serait de vouloir absorber le monde l’ingurgiter le d\u00e9vorer pour le restituer \u00e0 chaque fois sur une seule toile, un seul dessin, et qui \u00e9videmment se solde par des \u00e9checs \u00e0 r\u00e9p\u00e9tition.<\/p>\n

Je ne crois pas \u00eatre le seul \u00e0 qui cela arrive. Je crois que beaucoup d’artistes sont obs\u00e9d\u00e9s par cette id\u00e9e d’exhaustivit\u00e9 sans m\u00eame qu’ils n’en prennent jamais conscience.<\/p>\n

Non pas que l’art puisse expliquer quoi que ce soit, cela j’en suis d\u00e9sormais persuad\u00e9, mais comme la profusion des \u0153uvres, la profusion des pens\u00e9es sans doute provoque t’elle cet \u00e9lan vers une sorte de toute puissance dangereuse que l’on mettra des ann\u00e9es parfois a ralentir puis \u00e0 freiner enfin.<\/p>\n

Cette boulimie s’ach\u00e8ve souvent par une anorexie avant d’enfin trouver son juste milieu par la myst\u00e9rieuse op\u00e9ration du Saint-Esprit alli\u00e9 \u00e0 celui Des vases Communicants.<\/p>\n

Aussi mon poil se h\u00e9risse t’il malgr\u00e9 moi, notamment celui qui tr\u00f4ne au creux de la paume de ma main, sit\u00f4t que j’entends la phrase plus du tout magique pour deux ronds :<\/p>\n

\"On va tout vous expliquer\"<\/p>\n

D\u00e9sol\u00e9 je ne bouffe plus au m\u00eame r\u00e2telier, mes seigneurs et dames, d\u00e9sormais j’ai r\u00e9duit la voilure, je deviens gourmet, je me contente de savourer, j’\u00e9tudie l’\u00e9l\u00e9gance, je m’abstiens de l\u00e9cher l’assiette.<\/p>", "content_text": "C'est en 1978 que parait le roman de Georges Perec \"La vie mode d'emploi\" qui obtiendra la m\u00eame ann\u00e9e le prix M\u00e9dicis.\n\nUne toute premi\u00e8re \u00e9bauche avait d\u00e9j\u00e0 vu le jour en 1974 dans \"Esp\u00e8ce d'espaces\" du m\u00eame auteur publi\u00e9 aux \u00e9ditions Galil\u00e9e.\n\nA l'origine raconte Perec l'id\u00e9e lui est venue de l'observation d'un dessin: No vacancy de Saul SteinbergNo vacancy de Saul Steinberg\n\nIl s'agit d'un immeuble dont on a retir\u00e9 les murs ext\u00e9rieurs afin que l'on puisse observer la vie des habitants.\n\nLe but du roman est d'\u00e9puiser non la totalit\u00e9 du monde mais d'un fragment seulement de celui-ci. Ce qui est d\u00e9j\u00e0 en soi une t\u00e2che impossible lorsqu'on y r\u00e9fl\u00e9chit.\n\nC'est sur le postulat d'une exhaustivit\u00e9 possible en raison du lieu et du temps r\u00e9duits face \u00e0 l'immensit\u00e9 de l'univers et de l'\u00e9ternit\u00e9 que s'agite en vain , l'ambition de Bartlebooth le principal protagoniste de ce r\u00e9cit ou de ces mini romans contenus dans le roman tout entier.\n\nOn pourra aussi retenir le personnage de Val\u00e8ne, ce peintre qui d\u00e9sire \"faire tenir toute sa maison sur sa toile\".\n\nPerec mettra une dizaine d'ann\u00e9es pour construire ce roman mais il d\u00e9clarera aussi que c'est une obsession qui remonte \u00e0 bien plus loin, comme d'habitude \u00e0 l'enfance.\n\nCe d\u00e9sir d'exhaustivit\u00e9, de vouloir tout expliquer, d\u00e9rouler, d\u00e9ployer pour se faire une id\u00e9e claire de quelque chose, de toutes choses, voil\u00e0 ce qui ne nous quitte plus d\u00e9sormais.\n\nUne volont\u00e9 malsaine d'ubiquit\u00e9 ne cesse de nous animer cependant qu'elle nous dirige simultan\u00e9ment tout droit vers l'insignifiance magistrale. Quel dr\u00f4le de paradoxe ne trouvez vous pas ?\n\nEvidemment si ces id\u00e9es me viennent ce matin ce n'est pas pour rien.\n\nJe me rends compte en examinant mon travail de peintre que celui ci aussi est propuls\u00e9 par ce m\u00eame d\u00e9sir d'exhaustivit\u00e9, par cette n\u00e9cessit\u00e9 de d\u00e9ployer de nombreuses techniques, de nombreux m\u00e9dium, et ce sur de multiples formats et supports.\n\nIl y a comme un mouvement dont le point de d\u00e9part serait de vouloir absorber le monde l'ingurgiter le d\u00e9vorer pour le restituer \u00e0 chaque fois sur une seule toile, un seul dessin, et qui \u00e9videmment se solde par des \u00e9checs \u00e0 r\u00e9p\u00e9tition.\n\nJe ne crois pas \u00eatre le seul \u00e0 qui cela arrive. Je crois que beaucoup d'artistes sont obs\u00e9d\u00e9s par cette id\u00e9e d'exhaustivit\u00e9 sans m\u00eame qu'ils n'en prennent jamais conscience.\n\nNon pas que l'art puisse expliquer quoi que ce soit, cela j'en suis d\u00e9sormais persuad\u00e9, mais comme la profusion des \u0153uvres, la profusion des pens\u00e9es sans doute provoque t'elle cet \u00e9lan vers une sorte de toute puissance dangereuse que l'on mettra des ann\u00e9es parfois a ralentir puis \u00e0 freiner enfin.\n\nCette boulimie s'ach\u00e8ve souvent par une anorexie avant d'enfin trouver son juste milieu par la myst\u00e9rieuse op\u00e9ration du Saint-Esprit alli\u00e9 \u00e0 celui Des vases Communicants.\n\nAussi mon poil se h\u00e9risse t'il malgr\u00e9 moi, notamment celui qui tr\u00f4ne au creux de la paume de ma main, sit\u00f4t que j'entends la phrase plus du tout magique pour deux ronds :\n\n\"On va tout vous expliquer\"\n\nD\u00e9sol\u00e9 je ne bouffe plus au m\u00eame r\u00e2telier, mes seigneurs et dames, d\u00e9sormais j'ai r\u00e9duit la voilure, je deviens gourmet, je me contente de savourer, j'\u00e9tudie l'\u00e9l\u00e9gance, je m'abstiens de l\u00e9cher l'assiette.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2037.jpg?1763220771", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/avantages-et-inconvenients-de-la-prise-de-notes.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/avantages-et-inconvenients-de-la-prise-de-notes.html", "title": "Avantages et inconv\u00e9nients de la prise de notes", "date_published": "2021-07-05T06:49:08Z", "date_modified": "2025-11-15T15:31:51Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Nous connaissons tous cette histoire o\u00f9 un jeune gar\u00e7on a tellement peur de s’\u00e9garer qu’il emporte des miettes de pain dans ses poches afin de poser des points de rep\u00e8re dans la for\u00eat. Cela part \u00e9videmment d’une ignorance de ce que sont l’\u00e9garement et l’app\u00e9tit des oiseaux. Mais si cette premi\u00e8re action n’avait pas \u00e9t\u00e9 tent\u00e9e il n’y aurait pas de retour, le Petit Poucet ne pourrait pas en tirer la conclusion qu’au lieu de miettes il est pr\u00e9f\u00e9rable de semer de petits cailloux.<\/p>\n

Hier j’ai retrouv\u00e9 cette peur de l’\u00e9garement par hasard. Comme quoi nous n’en sommes jamais totalement indemnes. Et ce m\u00eame si on a d\u00e9j\u00e0 exp\u00e9riment\u00e9 \u00e9norm\u00e9ment de strat\u00e9gies dont l’objectif r\u00e9current est de ne pas oublier son chemin ni cette peur surtout de l’oublier.<\/p>\n

En pleine crise de procrastination, errant parmi les divers objets de mon atelier je me suis finalement assis pour ouvrir ma tablette et me connecter \u00e0 YouTube. Je me souviens que j’avais juste envie de voir un reportage sur la grotte d’El Castillo, en Espagne concernant l’art pari\u00e9tal. Myst\u00e8re des lubies qui me traversent r\u00e9guli\u00e8rement...<\/p>\n

Au d\u00e9but d’une vid\u00e9o traitant de la grotte Chauvet... une publicit\u00e9 a attir\u00e9 mon attention.<\/p>\n

Il s’agissait d’un jeune homme de 16 ans Eliott Meunier ( je vous mettrai le lien en fin d’article promis) dont le bagou et l’intelligence me sid\u00e9r\u00e8rent presque imm\u00e9diatement.<\/p>\n

Il vendait une formation sur la prise de notes intelligente ( encore une de plus me suis je dit ) mais le pr\u00e9texte n’avait que tr\u00e8s peu d’importance finalement car ce qui comptait \u00e9tait la fascination qu’il exer\u00e7a sur moi durant les toutes premi\u00e8res minutes.<\/p>\n

Avec une excellente organisation de sa pens\u00e9e, son \u00e9loquence et sa bouille sympathique il capta mon attention et je repoussais de plus en plus le moment o\u00f9 normalement je devrais appuyer sur le message \" passer les annonces\".<\/p>\n

En haut \u00e0 gauche de l’\u00e9cran un lien commercial se mit \u00e0 clignoter et sans r\u00e9fl\u00e9chir je cliquais dessus.<\/p>\n

Il s’agit d’une formation gratuite de quelques jours par email pour se constituer un second cerveau qui va \u00f4 joie emmagasiner tout une masse d’informations, facile \u00e0 retrouver et qui laisserait le premier faire son boulot tout simplement, l’all\u00e8gerait en ne perdant plus de temps \u00e0 faire autre chose qu’\u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir.<\/p>\n

A l’aide de captures d’\u00e9cran Eliott Meunier me d\u00e9montra, une fois inscrit , l’importance de prendre des notes et surtout de pouvoir intelligemment les utiliser afin de cr\u00e9er des articles, des vid\u00e9os, des podcasts etc... en seulement quelques clics.<\/p>\n

Autrement dit comment utiliser la procrastination pour augmenter sa productivit\u00e9 par ce que l’on nomme l’effet cumul\u00e9, et les int\u00e9r\u00eats compos\u00e9s.<\/p>\n

Qu’est ce que \u00e7a peut bien vouloir dire que cette notion d’effet cumul\u00e9 allez vous me demander<\/p>\n

Et bien pour r\u00e9sumer c’est le fait de faire une chose un petit peu tous les jours, de mettre en place une habitude, une action qui lorsqu’on la r\u00e9alise sur le moment n’a l’air de rien mais qui au terme d’un certain temps produit de la valeur.<\/p>\n

Pour ne citer qu’un seul exemple de ce que repr\u00e9sente cet effet cumul\u00e9 je pourrais citer ce blog par exemple.<\/p>\n

Je passe en moyenne une heure par jour pour \u00e9crire un ou plusieurs articles depuis 3 ans d\u00e9sormais.<\/p>\n

Ce qui d\u00e9sormais repr\u00e9sente plus de 1500 articles.<\/p>\n

Si je prends une moyenne de 2000 mots par article, cela repr\u00e9sente 3 000 000<\/strong> mots \u00e9crits depuis toutes ces journ\u00e9es ces semaines, ces mois ces ann\u00e9es !<\/p>\n

De quoi \u00e9crire plusieurs livres si j’en avais le courage, la motivation autrement dit si je m’attachais \u00e0 une discipline.<\/p>\n

Du coup j’ai l’effet cumul\u00e9 mais pas encore vraiment le gout pour les int\u00e9r\u00eats compos\u00e9s.<\/p>\n

La principale difficult\u00e9 que je rencontrerais si je devais utiliser tout ce contenu pour le transformer en livres serait de regrouper ces textes par cat\u00e9gories, ce que permet d\u00e9j\u00e0 Wordpress \u00e0 condition que l’on utilise l’option.<\/p>\n

J’avoue qu’au d\u00e9but je ne l’ai pas beaucoup utilis\u00e9e pas plus que la notion d’\u00e9tiquettes.<\/p>\n

Cela signifie que je ne peux pas rattacher de nombreux textes entre eux par ce que l’on nomme un syst\u00e8me de maillage interne.<\/p>\n

J’ai r\u00e9gl\u00e9 partiellement cette difficult\u00e9 lors de la cr\u00e9ation de mon premier livre en revenant dans l’interface de gestion des articles ce qui apparemment n’est plus aussi facilement accessible d\u00e9sormais.<\/p>\n

J’ai construit un menu dans lequel j’ai utilis\u00e9 des mots clefs comme \"propos sur la peinture\" \"r\u00e9cits de fiction\" \"po\u00e9sie\" par exemple pour avoir des dossiers dans lesquels ranger rapidement chaque nouveau texte.<\/p>\n

Classement tr\u00e8s sommaire \u00e9videmment.<\/p>\n

Cela pose une question c’est comment appr\u00e9hender \u00e0 la fois nos connaissances sur un th\u00e8me, comment percevoir les limites de notre savoir sur ce th\u00e8me, et comment \u00e9viter les redites ? C’est \u00e0 dire ne pas rab\u00e2cher toujours les m\u00eames choses jusqu’\u00e0 saouler son audience.<\/p>\n

Une id\u00e9e qu’Eliott Meunier propose c’est de consid\u00e9rer tout contenu comme un assemblage de briques dont il faut trouver les concepts essentiels.<\/p>\n

C’est \u00e0 dire qu’\u00e0 chaque fois que l’on lit un bouquin, regarde une vid\u00e9o, \u00e9coute un podcast s’imposer la discipline de d\u00e9construire le contenu pour en d\u00e9celer les concepts essentiels. C’est ce qu’il nomme la phase de d\u00e9construction.<\/p>\n

Puis de cr\u00e9er une note globale sur chaque contenu avec nos propres mots sous forme de titres puis le blabla qui l’accompagne en dessous.<\/p>\n

Ensuite il s’agit de reprendre chacun de ces titres pour en faire une note permanente <\/em>qui toujours avec nos mots notre langue personnelle r\u00e9sumera le concept afin de le dissocier et ainsi le rendre autonome. Cette note sera bien sur reli\u00e9e ensuite \u00e0 sa source, et \u00e0 de nombreux liens sous forme de mots clefs et de backlinks<\/em>, le fameux maillage interne et externe.<\/p>\n

L’objectif est de cr\u00e9e ainsi tout un r\u00e9seau d’information autour d’une th\u00e9matique semblable au r\u00e9seau neuronal de notre premier cerveau.<\/p>\n

Pour illustrer son propos Eliott Meunier utilise un logiciel gratuit nomm\u00e9 Obsidian.<\/p>\n

Evidemment il en fait la pub et au travers d’autres vid\u00e9os de sa chaine You tube il nous montre la mani\u00e8re de l’utiliser de fa\u00e7on sch\u00e9matique pour nous donner l’envie de nous le procurer. Et surtout de suivre sa formation payante afin de pouvoir tirer la puissance maximum de ce syst\u00e8me de prise de notes.<\/p>\n

Bon.<\/p>\n

Je me suis \u00e9videmment dit que c’\u00e9tait tentant. On ne va pas se mentir c’est un r\u00eave d’imaginer appuyer sur un bouton et d’avoir un contenu qui se construit magiquement devant nos yeux n’est ce pas ?<\/p>\n

C’est un r\u00eave r\u00e9current chez moi en tous les cas.<\/p>\n

Plusieurs fois dans ma vie j’ai \u00e9t\u00e9 obs\u00e9d\u00e9 litt\u00e9ralement par ce syndrome du Petit Poucet. Seulement voil\u00e0 je prenais un tas de notes sur tout un tas de carnets et je ne les relisais que tr\u00e8s rarement. Je me disais toujours ce sera pour mes vieux jours vous voyez ce que je veux dire.<\/p>\n

C’est le genre de chose qui n’arrive probablement jamais.<\/p>\n

Aujourd’hui j’ai atteint un \u00e2ge avanc\u00e9 et j’ai perdu pas mal de ces carnets de notes, j’en ai m\u00eame jet\u00e9 beaucoup \u00e0 la poubelle dans mes moments de lucidit\u00e9 aigue.<\/p>\n

Mais r\u00e9guli\u00e8rement \u00e7a me revient d’une fa\u00e7on ou d’un autre.<\/p>\n

Et je me dis comme ce serait chouette, appuyer sur un bouton et tout retrouver aussit\u00f4t.<\/p>\n

C’\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 ce que j’imaginais de l’informatique en g\u00e9n\u00e9ral lorsque dans les ann\u00e9es 90 j’ai touch\u00e9 pour la premi\u00e8re fois un clavier d’ordinateur.<\/p>\n

Et l\u00e0 je suis rest\u00e9 comme un con.<\/p>\n

Parce qu’avant d’appuyer sur le fameux bouton je me suis rendu compte qu’il fallait faire un travail prodigieux en amont pour comprendre comment tout cela fonctionnait. Comment ouvrir une fen\u00eatre d\u00e9j\u00e0, comment \u00e9crire sur un traitement de textes ? comment utiliser Excel ? et j’ai pass\u00e9 des mois \u00e0 \u00e9tudier toutes ces choses avant de pouvoir enfin me retrouver devant mon \u00e9cran pour p\u00e9n\u00e9trer dans le vif du sujet.<\/p>\n

Ce que je ne fis pas tout de suite car c’\u00e9tait les d\u00e9buts d’internet et il y avait l\u00e0 aussi \u00e9norm\u00e9ment de choses que je ne poss\u00e9dais pas et dont je me suis donn\u00e9 l’obligation d’\u00e9tudier.<\/p>\n

Il y a deux ans je tombe sur un vid\u00e9o d’Antoine BM sur la prise de note intelligente et tous mes vieux d\u00e9mons se r\u00e9veillent. Je profite d’une promo et j’ach\u00e8te cette formation et je m’y colle.<\/p>\n

A la v\u00e9rit\u00e9 je n’ai jamais pu aller plus loin que les premiers modules. Quelque chose me disait que je perdais mon temps \u00e0 suivre cette formation et \u00e9videmment je m’en suis voulu de m’\u00eatre fait avoir par moi-m\u00eame, par ces id\u00e9es de manque ou de peur ou je ne sais quoi encore.<\/p>\n

Cela me montre \u00e0 quel point en tant qu’internaute je suis vuln\u00e9rable.<\/p>\n

C’’est \u00e0 dire que l’on peut passer \u00e0 un \u00e9tat de consommateur passif qui cherche du contenu sur l’art pari\u00e9tal au statut de prospect puis de client en l’espace d’\u00e0 peine quelques minutes.<\/p>\n

Je ne crois pas \u00eatre le seul \u00e0 qui cela arrive n’est ce pas ...<\/p>\n

Si je devais r\u00e9sumer les avantages de prendre des notes c’est \u00e0 mon avis qu’il s’agit de rendre la procrastination plus acceptable vis \u00e0 vis de nos propres yeux. Prendre des notes et les flanquer dans un carnet ou un logiciel en vrac au fur et \u00e0 mesure de nos lectures ou de la consommation de nos innombrables contenus n’est rien d’autre qu’une fa\u00e7on de se donner \"bonne conscience\".<\/p>\n

Et cela ne sert \u00e0 rien si on ne poss\u00e8de pas un syst\u00e8me solide de classement par th\u00e9matique, par concept, par auteur, par tout une s\u00e9rie d’exemple et d’articles connexes qui permettront ainsi de se faire une id\u00e9e de l’\u00e9tat de nos connaissances sur un sujet pr\u00e9cis.<\/p>\n

Si on n’est pas cr\u00e9ateur de contenu soi-m\u00eame, j’imagine que cela ne sert pas \u00e0 grand chose de poss\u00e9der un tel syst\u00e8me.<\/p>\n

Et encore faut il s’entendre sur la d\u00e9finition de cr\u00e9ateur de contenu \u00e9videmment.<\/p>\n

En ce qui me concerne je crois que le d\u00e9sordre, que l’anarchie m\u00eame de mes diff\u00e9rentes connaissances m\u00eame si parfois cela me plonge dans un ennui \u00e9pais, me permet \u00e9galement d’avoir des moments de cr\u00e9ativit\u00e9 intenses.<\/p>\n

Je ne pense pas que j’\u00e9prouverais le m\u00eame plaisir de voir surgir les id\u00e9es si je n’avais pas cette impression agr\u00e9able qu’elles surgissent \u00e0 la fois de partout et de nulle part lorsque je les vois apparaitre sur mon traitement de textes.<\/p>\n

En vrai je n’ai pas d’autre but que le plaisir de jouer avec toutes ces connaissances et ces id\u00e9es, je ne cherche pas \u00e0 en tirer un avantage financier la plupart du temps.<\/p>\n

D’ailleurs cela arrive tellement rarement \u00e0 mon esprit que je pourrais bien trouver cela suspect au bout du compte ne trouvez vous pas ?<\/p>\n

L’un des inconv\u00e9nients majeur de tous ces syst\u00e8mes de prise de note d\u00e9sormais c’est que j’ai la sensation de d\u00e9l\u00e9guer mon intelligence \u00e0 un syst\u00e8me, \u00e0 une machine dont je deviendrais esclave.<\/p>\n

Les carnets se perdent.<\/p>\n

Les supports num\u00e9riques ne sont pas \u00e9ternels j’ai d\u00e9j\u00e0 vu cela avec les CD et DVD que l’on nous vendait autrefois comme inusables, indestructibles.<\/p>\n

Je suis peut-\u00eatre vieux jeu en fin de compte je fais confiance \u00e0 l’inconscient dont les objectifs comme les voies de tous les Dieux sont imp\u00e9n\u00e9trables.<\/p>\n

Imp\u00e9n\u00e9trables cela ne signifie pas qu’ils n’existent pas ces objectifs. Ils sont cependant diff\u00e9rents de ceux auxquels on s’accroche pour passer le temps<\/em> comme on dit.<\/p>\n

Un peu d’humour pour terminer.<\/p>\n

La nuit derni\u00e8re j’ai r\u00eav\u00e9 d’un bouchon en Loire Atlantique, le lendemain je me suis d\u00e9p\u00each\u00e9 de peindre un petit 20x20cm pour ne pas l’oublier.<\/p>", "content_text": "Nous connaissons tous cette histoire o\u00f9 un jeune gar\u00e7on a tellement peur de s'\u00e9garer qu'il emporte des miettes de pain dans ses poches afin de poser des points de rep\u00e8re dans la for\u00eat. Cela part \u00e9videmment d'une ignorance de ce que sont l'\u00e9garement et l'app\u00e9tit des oiseaux. Mais si cette premi\u00e8re action n'avait pas \u00e9t\u00e9 tent\u00e9e il n'y aurait pas de retour, le Petit Poucet ne pourrait pas en tirer la conclusion qu'au lieu de miettes il est pr\u00e9f\u00e9rable de semer de petits cailloux.\n\nHier j'ai retrouv\u00e9 cette peur de l'\u00e9garement par hasard. Comme quoi nous n'en sommes jamais totalement indemnes. Et ce m\u00eame si on a d\u00e9j\u00e0 exp\u00e9riment\u00e9 \u00e9norm\u00e9ment de strat\u00e9gies dont l'objectif r\u00e9current est de ne pas oublier son chemin ni cette peur surtout de l'oublier.\n\nEn pleine crise de procrastination, errant parmi les divers objets de mon atelier je me suis finalement assis pour ouvrir ma tablette et me connecter \u00e0 YouTube. Je me souviens que j'avais juste envie de voir un reportage sur la grotte d'El Castillo, en Espagne concernant l'art pari\u00e9tal. Myst\u00e8re des lubies qui me traversent r\u00e9guli\u00e8rement... \n\nAu d\u00e9but d'une vid\u00e9o traitant de la grotte Chauvet... une publicit\u00e9 a attir\u00e9 mon attention.\n\nIl s'agissait d'un jeune homme de 16 ans Eliott Meunier ( je vous mettrai le lien en fin d'article promis) dont le bagou et l'intelligence me sid\u00e9r\u00e8rent presque imm\u00e9diatement.\n\nIl vendait une formation sur la prise de notes intelligente ( encore une de plus me suis je dit ) mais le pr\u00e9texte n'avait que tr\u00e8s peu d'importance finalement car ce qui comptait \u00e9tait la fascination qu'il exer\u00e7a sur moi durant les toutes premi\u00e8res minutes.\n\nAvec une excellente organisation de sa pens\u00e9e, son \u00e9loquence et sa bouille sympathique il capta mon attention et je repoussais de plus en plus le moment o\u00f9 normalement je devrais appuyer sur le message \" passer les annonces\".\n\nEn haut \u00e0 gauche de l'\u00e9cran un lien commercial se mit \u00e0 clignoter et sans r\u00e9fl\u00e9chir je cliquais dessus.\n\nIl s'agit d'une formation gratuite de quelques jours par email pour se constituer un second cerveau qui va \u00f4 joie emmagasiner tout une masse d'informations, facile \u00e0 retrouver et qui laisserait le premier faire son boulot tout simplement, l'all\u00e8gerait en ne perdant plus de temps \u00e0 faire autre chose qu'\u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir.\n\nA l'aide de captures d'\u00e9cran Eliott Meunier me d\u00e9montra, une fois inscrit , l'importance de prendre des notes et surtout de pouvoir intelligemment les utiliser afin de cr\u00e9er des articles, des vid\u00e9os, des podcasts etc... en seulement quelques clics.\n\nAutrement dit comment utiliser la procrastination pour augmenter sa productivit\u00e9 par ce que l'on nomme l'effet cumul\u00e9, et les int\u00e9r\u00eats compos\u00e9s.\n\nQu'est ce que \u00e7a peut bien vouloir dire que cette notion d'effet cumul\u00e9 allez vous me demander \n\nEt bien pour r\u00e9sumer c'est le fait de faire une chose un petit peu tous les jours, de mettre en place une habitude, une action qui lorsqu'on la r\u00e9alise sur le moment n'a l'air de rien mais qui au terme d'un certain temps produit de la valeur.\n\nPour ne citer qu'un seul exemple de ce que repr\u00e9sente cet effet cumul\u00e9 je pourrais citer ce blog par exemple.\n\nJe passe en moyenne une heure par jour pour \u00e9crire un ou plusieurs articles depuis 3 ans d\u00e9sormais.\n\nCe qui d\u00e9sormais repr\u00e9sente plus de 1500 articles.\n\nSi je prends une moyenne de 2000 mots par article, cela repr\u00e9sente 3 000 000 mots \u00e9crits depuis toutes ces journ\u00e9es ces semaines, ces mois ces ann\u00e9es !\n\nDe quoi \u00e9crire plusieurs livres si j'en avais le courage, la motivation autrement dit si je m'attachais \u00e0 une discipline.\n\nDu coup j'ai l'effet cumul\u00e9 mais pas encore vraiment le gout pour les int\u00e9r\u00eats compos\u00e9s.\n\nLa principale difficult\u00e9 que je rencontrerais si je devais utiliser tout ce contenu pour le transformer en livres serait de regrouper ces textes par cat\u00e9gories, ce que permet d\u00e9j\u00e0 Wordpress \u00e0 condition que l'on utilise l'option.\n\nJ'avoue qu'au d\u00e9but je ne l'ai pas beaucoup utilis\u00e9e pas plus que la notion d'\u00e9tiquettes.\n\nCela signifie que je ne peux pas rattacher de nombreux textes entre eux par ce que l'on nomme un syst\u00e8me de maillage interne.\n\nJ'ai r\u00e9gl\u00e9 partiellement cette difficult\u00e9 lors de la cr\u00e9ation de mon premier livre en revenant dans l'interface de gestion des articles ce qui apparemment n'est plus aussi facilement accessible d\u00e9sormais.\n\nJ'ai construit un menu dans lequel j'ai utilis\u00e9 des mots clefs comme \"propos sur la peinture\" \"r\u00e9cits de fiction\" \"po\u00e9sie\" par exemple pour avoir des dossiers dans lesquels ranger rapidement chaque nouveau texte.\n\nClassement tr\u00e8s sommaire \u00e9videmment.\n\nCela pose une question c'est comment appr\u00e9hender \u00e0 la fois nos connaissances sur un th\u00e8me, comment percevoir les limites de notre savoir sur ce th\u00e8me, et comment \u00e9viter les redites ? C'est \u00e0 dire ne pas rab\u00e2cher toujours les m\u00eames choses jusqu'\u00e0 saouler son audience.\n\nUne id\u00e9e qu'Eliott Meunier propose c'est de consid\u00e9rer tout contenu comme un assemblage de briques dont il faut trouver les concepts essentiels.\n\nC'est \u00e0 dire qu'\u00e0 chaque fois que l'on lit un bouquin, regarde une vid\u00e9o, \u00e9coute un podcast s'imposer la discipline de d\u00e9construire le contenu pour en d\u00e9celer les concepts essentiels. C'est ce qu'il nomme la phase de d\u00e9construction.\n\nPuis de cr\u00e9er une note globale sur chaque contenu avec nos propres mots sous forme de titres puis le blabla qui l'accompagne en dessous.\n\nEnsuite il s'agit de reprendre chacun de ces titres pour en faire une note permanente qui toujours avec nos mots notre langue personnelle r\u00e9sumera le concept afin de le dissocier et ainsi le rendre autonome. Cette note sera bien sur reli\u00e9e ensuite \u00e0 sa source, et \u00e0 de nombreux liens sous forme de mots clefs et de backlinks, le fameux maillage interne et externe.\n\nL'objectif est de cr\u00e9e ainsi tout un r\u00e9seau d'information autour d'une th\u00e9matique semblable au r\u00e9seau neuronal de notre premier cerveau.\n\nPour illustrer son propos Eliott Meunier utilise un logiciel gratuit nomm\u00e9 Obsidian.\n\nEvidemment il en fait la pub et au travers d'autres vid\u00e9os de sa chaine You tube il nous montre la mani\u00e8re de l'utiliser de fa\u00e7on sch\u00e9matique pour nous donner l'envie de nous le procurer. Et surtout de suivre sa formation payante afin de pouvoir tirer la puissance maximum de ce syst\u00e8me de prise de notes.\n\nBon.\n\nJe me suis \u00e9videmment dit que c'\u00e9tait tentant. On ne va pas se mentir c'est un r\u00eave d'imaginer appuyer sur un bouton et d'avoir un contenu qui se construit magiquement devant nos yeux n'est ce pas ?\n\nC'est un r\u00eave r\u00e9current chez moi en tous les cas.\n\nPlusieurs fois dans ma vie j'ai \u00e9t\u00e9 obs\u00e9d\u00e9 litt\u00e9ralement par ce syndrome du Petit Poucet. Seulement voil\u00e0 je prenais un tas de notes sur tout un tas de carnets et je ne les relisais que tr\u00e8s rarement. Je me disais toujours ce sera pour mes vieux jours vous voyez ce que je veux dire.\n\nC'est le genre de chose qui n'arrive probablement jamais. \n\nAujourd'hui j'ai atteint un \u00e2ge avanc\u00e9 et j'ai perdu pas mal de ces carnets de notes, j'en ai m\u00eame jet\u00e9 beaucoup \u00e0 la poubelle dans mes moments de lucidit\u00e9 aigue.\n\nMais r\u00e9guli\u00e8rement \u00e7a me revient d'une fa\u00e7on ou d'un autre.\n\nEt je me dis comme ce serait chouette, appuyer sur un bouton et tout retrouver aussit\u00f4t.\n\nC'\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 ce que j'imaginais de l'informatique en g\u00e9n\u00e9ral lorsque dans les ann\u00e9es 90 j'ai touch\u00e9 pour la premi\u00e8re fois un clavier d'ordinateur.\n\nEt l\u00e0 je suis rest\u00e9 comme un con.\n\nParce qu'avant d'appuyer sur le fameux bouton je me suis rendu compte qu'il fallait faire un travail prodigieux en amont pour comprendre comment tout cela fonctionnait. Comment ouvrir une fen\u00eatre d\u00e9j\u00e0, comment \u00e9crire sur un traitement de textes ? comment utiliser Excel ? et j'ai pass\u00e9 des mois \u00e0 \u00e9tudier toutes ces choses avant de pouvoir enfin me retrouver devant mon \u00e9cran pour p\u00e9n\u00e9trer dans le vif du sujet.\n\nCe que je ne fis pas tout de suite car c'\u00e9tait les d\u00e9buts d'internet et il y avait l\u00e0 aussi \u00e9norm\u00e9ment de choses que je ne poss\u00e9dais pas et dont je me suis donn\u00e9 l'obligation d'\u00e9tudier.\n\nIl y a deux ans je tombe sur un vid\u00e9o d'Antoine BM sur la prise de note intelligente et tous mes vieux d\u00e9mons se r\u00e9veillent. Je profite d'une promo et j'ach\u00e8te cette formation et je m'y colle.\n\nA la v\u00e9rit\u00e9 je n'ai jamais pu aller plus loin que les premiers modules. Quelque chose me disait que je perdais mon temps \u00e0 suivre cette formation et \u00e9videmment je m'en suis voulu de m'\u00eatre fait avoir par moi-m\u00eame, par ces id\u00e9es de manque ou de peur ou je ne sais quoi encore.\n\nCela me montre \u00e0 quel point en tant qu'internaute je suis vuln\u00e9rable.\n\nC''est \u00e0 dire que l'on peut passer \u00e0 un \u00e9tat de consommateur passif qui cherche du contenu sur l'art pari\u00e9tal au statut de prospect puis de client en l'espace d'\u00e0 peine quelques minutes.\n\nJe ne crois pas \u00eatre le seul \u00e0 qui cela arrive n'est ce pas ...\n\nSi je devais r\u00e9sumer les avantages de prendre des notes c'est \u00e0 mon avis qu'il s'agit de rendre la procrastination plus acceptable vis \u00e0 vis de nos propres yeux. Prendre des notes et les flanquer dans un carnet ou un logiciel en vrac au fur et \u00e0 mesure de nos lectures ou de la consommation de nos innombrables contenus n'est rien d'autre qu'une fa\u00e7on de se donner \"bonne conscience\".\n\nEt cela ne sert \u00e0 rien si on ne poss\u00e8de pas un syst\u00e8me solide de classement par th\u00e9matique, par concept, par auteur, par tout une s\u00e9rie d'exemple et d'articles connexes qui permettront ainsi de se faire une id\u00e9e de l'\u00e9tat de nos connaissances sur un sujet pr\u00e9cis.\n\nSi on n'est pas cr\u00e9ateur de contenu soi-m\u00eame, j'imagine que cela ne sert pas \u00e0 grand chose de poss\u00e9der un tel syst\u00e8me.\n\nEt encore faut il s'entendre sur la d\u00e9finition de cr\u00e9ateur de contenu \u00e9videmment.\n\nEn ce qui me concerne je crois que le d\u00e9sordre, que l'anarchie m\u00eame de mes diff\u00e9rentes connaissances m\u00eame si parfois cela me plonge dans un ennui \u00e9pais, me permet \u00e9galement d'avoir des moments de cr\u00e9ativit\u00e9 intenses.\n\nJe ne pense pas que j'\u00e9prouverais le m\u00eame plaisir de voir surgir les id\u00e9es si je n'avais pas cette impression agr\u00e9able qu'elles surgissent \u00e0 la fois de partout et de nulle part lorsque je les vois apparaitre sur mon traitement de textes.\n\nEn vrai je n'ai pas d'autre but que le plaisir de jouer avec toutes ces connaissances et ces id\u00e9es, je ne cherche pas \u00e0 en tirer un avantage financier la plupart du temps.\n\nD'ailleurs cela arrive tellement rarement \u00e0 mon esprit que je pourrais bien trouver cela suspect au bout du compte ne trouvez vous pas ?\n\nL'un des inconv\u00e9nients majeur de tous ces syst\u00e8mes de prise de note d\u00e9sormais c'est que j'ai la sensation de d\u00e9l\u00e9guer mon intelligence \u00e0 un syst\u00e8me, \u00e0 une machine dont je deviendrais esclave.\n\nLes carnets se perdent.\n\nLes supports num\u00e9riques ne sont pas \u00e9ternels j'ai d\u00e9j\u00e0 vu cela avec les CD et DVD que l'on nous vendait autrefois comme inusables, indestructibles.\n\nJe suis peut-\u00eatre vieux jeu en fin de compte je fais confiance \u00e0 l'inconscient dont les objectifs comme les voies de tous les Dieux sont imp\u00e9n\u00e9trables.\n\nImp\u00e9n\u00e9trables cela ne signifie pas qu'ils n'existent pas ces objectifs. Ils sont cependant diff\u00e9rents de ceux auxquels on s'accroche pour passer le temps comme on dit.\n\nUn peu d'humour pour terminer.\n\nLa nuit derni\u00e8re j'ai r\u00eav\u00e9 d'un bouchon en Loire Atlantique, le lendemain je me suis d\u00e9p\u00each\u00e9 de peindre un petit 20x20cm pour ne pas l'oublier.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2030.jpg?1763220663", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/oiseau-momifie.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/oiseau-momifie.html", "title": "Oiseau momifi\u00e9", "date_published": "2021-07-04T07:53:14Z", "date_modified": "2025-11-15T12:17:25Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

On dirait des bandelettes mais il s\u2019en fout<\/p>\n

L\u2019oiseau momifi\u00e9<\/p>\n

Il voyage dans l\u2019immobile<\/p>\n

L\u2019\u0153il ouvert dans l\u2019ombre br\u00fbl\u00e9e par les \u00e9toiles<\/p>", "content_text": "On dirait des bandelettes mais il s\u2019en fout\n\nL\u2019oiseau momifi\u00e9 \n\nIl voyage dans l\u2019immobile \n\nL\u2019\u0153il ouvert dans l\u2019ombre br\u00fbl\u00e9e par les \u00e9toiles ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_2013.jpg?1763208997", "tags": ["po\u00e9sie du quotidien"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/comment-en-venir-aux-mots.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/comment-en-venir-aux-mots.html", "title": "Comment en venir aux mots.", "date_published": "2021-07-04T03:51:28Z", "date_modified": "2025-11-15T12:12:46Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

C’\u00e9tait \u00e0 l’automne de cette ann\u00e9e 1976 peu apr\u00e8s cet \u00e9pisode de grande s\u00e9cheresse qui avait d\u00e9but\u00e9 durant l’\u00e9t\u00e9 75 et que l’on venait de revivre que je fis une d\u00e9couverte extraordinaire. Nous \u00e9tions harass\u00e9s je crois. Mon p\u00e8re notamment n’en pouvait plus de se d\u00e9battre dans son d\u00e9s\u0153uvrement. Le ch\u00f4mage avait frapp\u00e9 notre famille peu apr\u00e8s la crise de 74. Et il se rendait compte \u00e0 quel point tout ce qu’il avait cru avoir b\u00e2ti et dont il avait coutume de s’enorgueillir de vive voix ne valait plus tripette.<\/p>\n

Sans dipl\u00f4me il devait serrer les dents pour passer des tests psychologiques \u00e0 chaque nouvel entretien, lui le vendeur formidable, ce h\u00e9ros issu tout droit des divers faits d’armes de Cor\u00e9e , d’Alg\u00e9rie Du S\u00e9n\u00e9gal ou de Trifouillis les oies, qu’il ne cessait de ressasser pour combler le vide de ses journ\u00e9es.<\/p>\n

L’\u00e9pouvante que repr\u00e9sentait la mis\u00e8re \u00e0 venir il la manifestait par une mauvaise humeur chronique. S’aga\u00e7ant d’un manque de sel, rugissant contre le soleil, la lune et les oiseaux qui, disait-t ’il, ne cessaient de faire du boucan d\u00e9rangeant sa tristesse et son perp\u00e9tuel apitoiement sur lui-m\u00eame.<\/p>\n

Ce fut \u00e0 l’heure du diner peu apr\u00e8s une crise aigue o\u00f9 il s’\u00e9tait empar\u00e9 des ciseaux de couturi\u00e8re de ma m\u00e8re pour trancher net un \u00e9pis que j’arborais et qui l’aga\u00e7ait au plus haut point que nous en v\u00eenmes presque aux mains faute de mots.<\/p>\n

Une discussion politique qui tourne mal \u00e7a arrive. Ce genre de discussion d’autant plus dangereuse qu’elle charrie de nombreux ressentiments sans m\u00eame que l’on en prenne conscience.<\/p>\n

Ainsi en allait-t’il de l’abolition de la peine de mort au Canada , de la d\u00e9valuation du peso de plus de 50% au Mexique, ou bien encore de cette interdiction qu’avait lanc\u00e9e Aparicio Mendez \u00e0 15000 dirigeants des partis traditionnels Uruguayens d’exercer une activit\u00e9 politique pour une dur\u00e9e de 15 ann\u00e9es.<\/p>\n

Je crois qu’\u00e0 cette \u00e9poque je ne m\u00e9nageais aucun effort pour m’insurger contre \u00e0 peu pr\u00e8s tout et n’importe quoi \u00e0 partir du moment surtout o\u00f9 mon p\u00e8re tentait d’imposer son avis, et invariablement un avis contraire.<\/p>\n

C’\u00e9tait si l’on veut la fin d’une dictature, sa statue \u00e9tait d\u00e9boulonn\u00e9e et mise \u00e0 bas depuis tous ces mois pass\u00e9s durant lesquels, horrifi\u00e9s, nous avions d\u00e9couvert le gamin capricieux qui se dissimulait derri\u00e8re une carrure de g\u00e9ant gonfl\u00e9 de fatuit\u00e9.<\/p>\n

Ma m\u00e8re faisait des aller-retours incessants depuis la cuisine vers la remise attenante pour s’enfiler du blanc directement au goulot. La t\u00e9l\u00e9vision \u00e9tait allum\u00e9e depuis des 5h du matin et ne s’\u00e9teignait pratiquement plus que durant quelques heures au creux des nuits.<\/p>\n

Et malgr\u00e9 tout cela on continuait encore \u00e0 me faire esp\u00e9rer dans un avenir, dans ces r\u00e8gles totalement d\u00e9biles qu’imposent l’\u00e9cole, le monde du travail, alors que d\u00e9sormais tout concordait pour prouver leur vacuit\u00e9.<\/p>\n

Je crois que je souffrais de ces mensonges innombrables comme on peut souffrir de l’absence.<\/p>\n

Il me semblait que je les avais perdu d\u00e9finitivement, qu’ils n’\u00e9taient plus que des fant\u00f4mes d’eux m\u00eames. Et que par ricochet il fallait que j’agisse de mani\u00e8re pressante pour ne pas en devenir un moi aussi.<\/p>\n

C’est peu apr\u00e8s \"la nuit des crayons\" en Argentine ou quelques \u00e9tudiants furent enlev\u00e9s et certains probablement assassin\u00e9s sous le pr\u00e9texte fallacieux d’une manifestation pour les transports, vers la mi septembre, que je fis le parall\u00e8le \u00e0 voix haute entre la dictature militaire et la fa\u00e7on de se comporter de mon p\u00e8re.<\/p>\n

Il y avait des flageolets dans un grand plat de terre je m’en souviens encore tr\u00e8s bien. Le coup de poing formidable que mon p\u00e8re d\u00e9cocha \u00e0 la surface de la table fit l\u00e9viter le tout comme au ralenti. Je vis la l\u00e8vre inf\u00e9rieure de ma m\u00e8re trembler l\u00e9g\u00e8rement puis je fus train\u00e9 par une puissance inou\u00efe vers la porte de la maison. Je fus \u00e9ject\u00e9 ni plus ni moins presque sans un mot.<\/p>\n

Tout cela tombait \u00e0 pic. Nous \u00e9tions parvenu \u00e0 un paroxysme. Il fallait bien qu’un orage enfin \u00e9clate.<\/p>\n

N\u00e9anmoins l’inconfort de me retrouver dehors pieds nus me fit ouvrir la porte et p\u00e9n\u00e9trer \u00e0 nouveau dans la maison. Je me h\u00e2tais d’aller chercher quelques affaires que je fourrais dans un sac tube, je pris soin de chausser aussi une paire de tennis . Et \u00e0 cet instant o\u00f9 j’\u00e9tais enfin par\u00e9 pour l’aventure je les toisais tous les deux et le seul mot qui pu sortir de ma bouche fut \"ciao !\" C’\u00e9tait vraiment bizarre.<\/p>\n

Je refermais la porte soigneusement tout en me demandant o\u00f9 j’allais bien pouvoir aller et j’optais presque aussit\u00f4t pour la gare depuis laquelle je pourrai prendre un RER et me retrouver \u00e0 la Capitale.<\/p>\n

Assis dans le wagon tout me paraissait tellement irr\u00e9el. Je voyais le paysage d\u00e9filer de chaque cot\u00e9 comme si je m’\u00e9tais engag\u00e9 dans un voyage intersid\u00e9ral. Une sorte d’\u00e9tat d’apesanteur o\u00f9 je ne sentais plus du tout le poids de mon corps sauf la rage et la tristesse se m\u00e9langeant pour me donner une consistance sur laquelle m’appuyer un peu.<\/p>\n

Un peu mais pas beaucoup non plus.<\/p>\n

Je passerai rapidement sur les diff\u00e9rentes astuces et exp\u00e9dients d\u00e9couverts pour survivre durant les quelques semaines qui suivirent. Et dont la plupart \u00e9videmment ne furent pas nobles. Il m’aura fallu voler, tricher, mentir, trahir, et je n’en ai pas conserver de mirifiques souvenirs.<\/p>\n

Cependant que parall\u00e8lement \u00e0 la d\u00e9bine dans laquelle enfin je p\u00e9n\u00e9trais pour de vr<\/em>ai et que j’allais explorer quasiment sans interruption durant des ann\u00e9es je d\u00e9couvrais le refuge des biblioth\u00e8ques.<\/p>\n

J’avais mis le doigt sur quelque chose qui me semblait plus g\u00eanant que la mis\u00e8re , c’\u00e9tait le manque de vocabulaire, l’impossibilit\u00e9 d’exprimer tout ce qui m’\u00e9touffait et la lecture fut \u00e0 cet instant de ma vie aussi puissante que pour Bernadette Soubirou l’apparition de la Vierge. Je crois m\u00eame que j’en fis une sorte de culte, une religion.<\/p>\n

Apprendre \u00e0 lire cela n’\u00e9tait rien.<\/p>\n

R\u00e9apprendre \u00e0 lire vraiment c’est \u00e0 dire \u00e0 d\u00e9velopper sa propre pens\u00e9e et le discernement fut comme un nouveau pallier.<\/p>\n

Quelques semaines plus tard je passais un coup de fil pour avoir malgr\u00e9 tout quelques nouvelles et tombais sur la voix de ma m\u00e8re qui me dit<\/p>\n

ah c’est toi, ton p\u00e8re est \u00e0 l’h\u00f4pital il vient de faire une crise cardiaque.<\/p>\n

J’ai dit j’arrive.<\/p>\n

Mais je ne suis pas all\u00e9 \u00e0 l’h\u00f4pital. J’en ai profit\u00e9 pour prendre quelques affaires que j’avais oubli\u00e9es dans ma pr\u00e9cipitation, notamment ma guitare. Chanter dans les rues et les caf\u00e9s allait devenir bient\u00f4t mon gagne pain et c’est gr\u00e2ce \u00e0 cette guitare sans doute que je n’ai pas sombrer totalement dans la d\u00e9linquance.<\/p>\n

Je suis retourn\u00e9 presque aussit\u00f4t vers Paris.<\/p>\n

Tu es vraiment sans piti\u00e9 avait l\u00e2ch\u00e9 ma m\u00e8re sur le seuil de la porte en me regardant partir \u00e0 nouveau.<\/p>\n

Ce n’\u00e9tait pas un choix c’\u00e9tait la seule solution que j’avais trouv\u00e9e \u00e0 ce moment l\u00e0 pour ne pas m’emp\u00eatrer dans la compassion ou la piti\u00e9.<\/p>\n

Si j’ avais succomb\u00e9 \u00e0 ces sentiments m’\u00e9tais je dis sans vraiment me le dire, les choses auraient repris leur cours exactement comme avant j’en \u00e9tais persuad\u00e9.<\/p>\n

Si j’avais \u00e9prouv\u00e9 compassion et piti\u00e9 \u00e0 cet instant de ma vie je n’aurais pas eu la m\u00eame vie que celle-ci. Non pas que l’une puisse \u00eatre plus int\u00e9ressante qu’une autre, ni pire ni meilleure. Mais j’en avais tout simplement assez de cet amas de non dits, de ce mauvais silence entre nous tous.<\/p>\n

C’est ainsi que j’en suis venu aux mots.<\/p>", "content_text": "C'\u00e9tait \u00e0 l'automne de cette ann\u00e9e 1976 peu apr\u00e8s cet \u00e9pisode de grande s\u00e9cheresse qui avait d\u00e9but\u00e9 durant l'\u00e9t\u00e9 75 et que l'on venait de revivre que je fis une d\u00e9couverte extraordinaire. Nous \u00e9tions harass\u00e9s je crois. Mon p\u00e8re notamment n'en pouvait plus de se d\u00e9battre dans son d\u00e9s\u0153uvrement. Le ch\u00f4mage avait frapp\u00e9 notre famille peu apr\u00e8s la crise de 74. Et il se rendait compte \u00e0 quel point tout ce qu'il avait cru avoir b\u00e2ti et dont il avait coutume de s'enorgueillir de vive voix ne valait plus tripette.\n\nSans dipl\u00f4me il devait serrer les dents pour passer des tests psychologiques \u00e0 chaque nouvel entretien, lui le vendeur formidable, ce h\u00e9ros issu tout droit des divers faits d'armes de Cor\u00e9e , d'Alg\u00e9rie Du S\u00e9n\u00e9gal ou de Trifouillis les oies, qu'il ne cessait de ressasser pour combler le vide de ses journ\u00e9es. \n\nL'\u00e9pouvante que repr\u00e9sentait la mis\u00e8re \u00e0 venir il la manifestait par une mauvaise humeur chronique. S'aga\u00e7ant d'un manque de sel, rugissant contre le soleil, la lune et les oiseaux qui, disait-t 'il, ne cessaient de faire du boucan d\u00e9rangeant sa tristesse et son perp\u00e9tuel apitoiement sur lui-m\u00eame.\n\nCe fut \u00e0 l'heure du diner peu apr\u00e8s une crise aigue o\u00f9 il s'\u00e9tait empar\u00e9 des ciseaux de couturi\u00e8re de ma m\u00e8re pour trancher net un \u00e9pis que j'arborais et qui l'aga\u00e7ait au plus haut point que nous en v\u00eenmes presque aux mains faute de mots.\n\nUne discussion politique qui tourne mal \u00e7a arrive. Ce genre de discussion d'autant plus dangereuse qu'elle charrie de nombreux ressentiments sans m\u00eame que l'on en prenne conscience.\n\nAinsi en allait-t'il de l'abolition de la peine de mort au Canada , de la d\u00e9valuation du peso de plus de 50% au Mexique, ou bien encore de cette interdiction qu'avait lanc\u00e9e Aparicio Mendez \u00e0 15000 dirigeants des partis traditionnels Uruguayens d'exercer une activit\u00e9 politique pour une dur\u00e9e de 15 ann\u00e9es.\n\nJe crois qu'\u00e0 cette \u00e9poque je ne m\u00e9nageais aucun effort pour m'insurger contre \u00e0 peu pr\u00e8s tout et n'importe quoi \u00e0 partir du moment surtout o\u00f9 mon p\u00e8re tentait d'imposer son avis, et invariablement un avis contraire.\n\nC'\u00e9tait si l'on veut la fin d'une dictature, sa statue \u00e9tait d\u00e9boulonn\u00e9e et mise \u00e0 bas depuis tous ces mois pass\u00e9s durant lesquels, horrifi\u00e9s, nous avions d\u00e9couvert le gamin capricieux qui se dissimulait derri\u00e8re une carrure de g\u00e9ant gonfl\u00e9 de fatuit\u00e9.\n\nMa m\u00e8re faisait des aller-retours incessants depuis la cuisine vers la remise attenante pour s'enfiler du blanc directement au goulot. La t\u00e9l\u00e9vision \u00e9tait allum\u00e9e depuis des 5h du matin et ne s'\u00e9teignait pratiquement plus que durant quelques heures au creux des nuits.\n\nEt malgr\u00e9 tout cela on continuait encore \u00e0 me faire esp\u00e9rer dans un avenir, dans ces r\u00e8gles totalement d\u00e9biles qu'imposent l'\u00e9cole, le monde du travail, alors que d\u00e9sormais tout concordait pour prouver leur vacuit\u00e9.\n\nJe crois que je souffrais de ces mensonges innombrables comme on peut souffrir de l'absence.\n\nIl me semblait que je les avais perdu d\u00e9finitivement, qu'ils n'\u00e9taient plus que des fant\u00f4mes d'eux m\u00eames. Et que par ricochet il fallait que j'agisse de mani\u00e8re pressante pour ne pas en devenir un moi aussi.\n\nC'est peu apr\u00e8s \"la nuit des crayons\" en Argentine ou quelques \u00e9tudiants furent enlev\u00e9s et certains probablement assassin\u00e9s sous le pr\u00e9texte fallacieux d'une manifestation pour les transports, vers la mi septembre, que je fis le parall\u00e8le \u00e0 voix haute entre la dictature militaire et la fa\u00e7on de se comporter de mon p\u00e8re.\n\nIl y avait des flageolets dans un grand plat de terre je m'en souviens encore tr\u00e8s bien. Le coup de poing formidable que mon p\u00e8re d\u00e9cocha \u00e0 la surface de la table fit l\u00e9viter le tout comme au ralenti. Je vis la l\u00e8vre inf\u00e9rieure de ma m\u00e8re trembler l\u00e9g\u00e8rement puis je fus train\u00e9 par une puissance inou\u00efe vers la porte de la maison. Je fus \u00e9ject\u00e9 ni plus ni moins presque sans un mot.\n\nTout cela tombait \u00e0 pic. Nous \u00e9tions parvenu \u00e0 un paroxysme. Il fallait bien qu'un orage enfin \u00e9clate.\n\nN\u00e9anmoins l'inconfort de me retrouver dehors pieds nus me fit ouvrir la porte et p\u00e9n\u00e9trer \u00e0 nouveau dans la maison. Je me h\u00e2tais d'aller chercher quelques affaires que je fourrais dans un sac tube, je pris soin de chausser aussi une paire de tennis . Et \u00e0 cet instant o\u00f9 j'\u00e9tais enfin par\u00e9 pour l'aventure je les toisais tous les deux et le seul mot qui pu sortir de ma bouche fut \"ciao!\" C'\u00e9tait vraiment bizarre.\n\nJe refermais la porte soigneusement tout en me demandant o\u00f9 j'allais bien pouvoir aller et j'optais presque aussit\u00f4t pour la gare depuis laquelle je pourrai prendre un RER et me retrouver \u00e0 la Capitale.\n\nAssis dans le wagon tout me paraissait tellement irr\u00e9el. Je voyais le paysage d\u00e9filer de chaque cot\u00e9 comme si je m'\u00e9tais engag\u00e9 dans un voyage intersid\u00e9ral. Une sorte d'\u00e9tat d'apesanteur o\u00f9 je ne sentais plus du tout le poids de mon corps sauf la rage et la tristesse se m\u00e9langeant pour me donner une consistance sur laquelle m'appuyer un peu.\n\nUn peu mais pas beaucoup non plus.\n\nJe passerai rapidement sur les diff\u00e9rentes astuces et exp\u00e9dients d\u00e9couverts pour survivre durant les quelques semaines qui suivirent. Et dont la plupart \u00e9videmment ne furent pas nobles. Il m'aura fallu voler, tricher, mentir, trahir, et je n'en ai pas conserver de mirifiques souvenirs.\n\nCependant que parall\u00e8lement \u00e0 la d\u00e9bine dans laquelle enfin je p\u00e9n\u00e9trais pour de vrai et que j'allais explorer quasiment sans interruption durant des ann\u00e9es je d\u00e9couvrais le refuge des biblioth\u00e8ques.\n\nJ'avais mis le doigt sur quelque chose qui me semblait plus g\u00eanant que la mis\u00e8re , c'\u00e9tait le manque de vocabulaire, l'impossibilit\u00e9 d'exprimer tout ce qui m'\u00e9touffait et la lecture fut \u00e0 cet instant de ma vie aussi puissante que pour Bernadette Soubirou l'apparition de la Vierge. Je crois m\u00eame que j'en fis une sorte de culte, une religion.\n\nApprendre \u00e0 lire cela n'\u00e9tait rien.\n\nR\u00e9apprendre \u00e0 lire vraiment c'est \u00e0 dire \u00e0 d\u00e9velopper sa propre pens\u00e9e et le discernement fut comme un nouveau pallier.\n\nQuelques semaines plus tard je passais un coup de fil pour avoir malgr\u00e9 tout quelques nouvelles et tombais sur la voix de ma m\u00e8re qui me dit \n\nah c'est toi, ton p\u00e8re est \u00e0 l'h\u00f4pital il vient de faire une crise cardiaque.\n\nJ'ai dit j'arrive.\n\nMais je ne suis pas all\u00e9 \u00e0 l'h\u00f4pital. J'en ai profit\u00e9 pour prendre quelques affaires que j'avais oubli\u00e9es dans ma pr\u00e9cipitation, notamment ma guitare. Chanter dans les rues et les caf\u00e9s allait devenir bient\u00f4t mon gagne pain et c'est gr\u00e2ce \u00e0 cette guitare sans doute que je n'ai pas sombrer totalement dans la d\u00e9linquance.\n\nJe suis retourn\u00e9 presque aussit\u00f4t vers Paris.\n\nTu es vraiment sans piti\u00e9 avait l\u00e2ch\u00e9 ma m\u00e8re sur le seuil de la porte en me regardant partir \u00e0 nouveau.\n\nCe n'\u00e9tait pas un choix c'\u00e9tait la seule solution que j'avais trouv\u00e9e \u00e0 ce moment l\u00e0 pour ne pas m'emp\u00eatrer dans la compassion ou la piti\u00e9.\n\nSi j' avais succomb\u00e9 \u00e0 ces sentiments m'\u00e9tais je dis sans vraiment me le dire, les choses auraient repris leur cours exactement comme avant j'en \u00e9tais persuad\u00e9.\n\nSi j'avais \u00e9prouv\u00e9 compassion et piti\u00e9 \u00e0 cet instant de ma vie je n'aurais pas eu la m\u00eame vie que celle-ci. Non pas que l'une puisse \u00eatre plus int\u00e9ressante qu'une autre, ni pire ni meilleure. 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Depuis plusieurs jours je ne cesse de penser \u00e0 mille petites choses qui d’ordinaire me paraitraient insignifiantes. Lorsque je dis \"penser\" c’est un bien grand mot. Car \u00e0 la v\u00e9rit\u00e9, elles se pr\u00e9sentent \u00e0 ma conscience sous forme de petits flashs, comme ces \u00e9toiles filantes dans le ciel nocturne de la mi aout. Il y a toujours un doute sur leur apparition et leur disparition. A un tel point que le spectateur lui-m\u00eame pourrait , \u00e0 ce moment l\u00e0, douter de qui il est.<\/p>\n

Ce sont de petites choses comme par exemple le fait que tr\u00e8s r\u00e9cemment quelqu’un sur le parking a \u00e9prouv\u00e9 le besoin pressant de s’emparer des essuie-glace de mon vieux Kangoo. Ou encore le fait que mon attention se soit soudain fix\u00e9 sur une anfractuosit\u00e9 du grand mur bordant la cour \u00e0 l’Est. Cela m’arrive r\u00e9guli\u00e8rement d’examiner les murs, je pourrais presque parler de manie, ou d’habitude. Alors pourquoi est-ce que mon esprit rejoue r\u00e9guli\u00e8rement la sc\u00e8ne de cet instant l\u00e0 particuli\u00e8rement ? Comme s’il repr\u00e9sentait une sorte de synth\u00e8se de toutes les anfractuosit\u00e9s d\u00e9j\u00e0 observ\u00e9es tout au long de ma vie. Comme si aussi ce vol d’essuie-glace n’\u00e9tait pas seulement un vol d’essuie-glace mais le symbole de nombreux larcins dont j’ai \u00e9t\u00e9 la victime, et m\u00eame le coupable finalement.<\/p>\n

C’est comme si ces micro \u00e9v\u00e8nements \u00e9taient des punaises qui \u00e0 un moment donn\u00e9 \u00e9pinglent la conscience dans un instant particulier, la focalisent sur celui-ci et que simultan\u00e9ment il n’existe plus que cette sc\u00e9nette, que tout le reste tout autour s’\u00e9vanouisse myst\u00e9rieusement.<\/p>\n

Cela forme une sorte de galaxie mais en fait je pourrais aussi bien parler d’un espace clos \u00e0 l’instar d’un bocal dans lequel ma conscience aurait \u00e0 peu de chose pr\u00e8s la forme d’un poisson rouge.<\/p>\n

Et \u00e9videmment ce poisson se heurte perp\u00e9tuellement aux parois de verre du bocal. Il ne peut avoir acc\u00e8s \u00e0 l’au-del\u00e0 de celui-ci.<\/p>\n

Ce qui me fait r\u00e9fl\u00e9chir sur l’attention que l’on porte \u00e0 certains pans de notre existence, \u00e0 certains pans de la r\u00e9alit\u00e9 qui nous entoure, et pas \u00e0 d’autres.<\/p>\n

N’est-ce pas cette attention seule qui cr\u00e9e ce que nous nommons la vie, la r\u00e9alit\u00e9, le monde, et je ne sais quoi d’autre encore ?<\/p>\n

Et nous faisons exactement l\u00e0 m\u00eame chose avec la notion de temps.<\/p>\n

Nous attribuons de l’importance, de l’attention \u00e0 certains instants et tr\u00e8s peu \u00e0 d’autres. C’est comme si nous vivions dans une large proportion de notre existence totalement inconscients et du temps et de la r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Aussi loin que je puisse me souvenir de qui je suis j’ai toujours \u00e9t\u00e9 frapp\u00e9 par cette \u00e9vidence : l’inconscience dans laquelle nous baignons tous et en m\u00eame temps ce genre de folie d’attacher une attention souvent d\u00e9mesur\u00e9e \u00e0 ce que nous nommons \"important\".<\/p>\n

Peut-\u00eatre que ma r\u00e9volte \u00e0 l’origine ne provient que d’une indignation profonde et qui concerne en grande partie cette indiff\u00e9rence que la plupart des gens entretiennent avec le monde et eux-m\u00eames.<\/p>\n

J’ai perdu si je peux dire un temps formidable, des ann\u00e9es \u00e0 m’insurger contre l’\u00e9vidence.<\/p>\n

Mais dans le fond je ne suis pas si diff\u00e9rent que tout \u00e0 chacun. Je n’attribue pas non plus de l’importance \u00e0 tout. Parfois m\u00eame en ayant pouss\u00e9 jusqu’\u00e0 l’extr\u00eame l’indignation je n’en ai plus attribu\u00e9 \u00e0 rien.<\/p>\n

J’ai pass\u00e9 aussi un temps fou \u00e0 me foutre royalement de tout et surtout de moi-m\u00eame.<\/p>\n

Aujourd’hui j’ai explor\u00e9 \u00e0 peu pr\u00e8s tout ce qui \u00e9tait en mon pouvoir en mati\u00e8re d’attention ou d’inattention et j’en reviens encore une fois \u00e0 la position du milieu. En esp\u00e9rant qu’il soit juste.<\/p>\n

Juste pour ne faire pencher le fl\u00e9au de la balance ni vers l’une ni vers l’autre.<\/p>\n

Parvenir \u00e0 une \u00e9quanimit\u00e9 quasi totale.<\/p>\n

Mais c’est une folie \u00e9videmment et pour m’en pr\u00e9server \u00e0 un moment donn\u00e9 j’ai du avoir l’intuition que je parviendrai \u00e0 cette conclusion un jour ou un autre, et je me suis pr\u00e9par\u00e9 un antidote.<\/p>\n

Le fait de me marier.<\/p>\n

C’est extraordinaire le mariage quand on y pense. A deux on se corrige perp\u00e9tuellement en mati\u00e8re d’attention.<\/p>\n

Lorsque mon \u00e9pouse par exemple me dit \"tu ne fais attention \u00e0 rien\" j’entends tu ne fais pas assez attention \u00e0 moi.<\/p>\n

Et vice versa \u00e9videmment.<\/p>\n

On a toujours de quoi corriger le tir. Par t\u00e2tonnement peut-on dire, on appr\u00e9hende ce que peut \u00eatre la paix du foyer, quand on est fatigu\u00e9 des guerres.<\/p>\n

Cette fatigue pour autant qu’on s’y int\u00e9resse, que l’on puisse aussi lui accorder de l’attention repr\u00e9sente souvent ce que l’on nomme la fatigue du quotidien.<\/p>\n

C’est \u00e0 dire toute cette attention que l’on porte \u00e0 des habitudes comme aux parois du bocal. Ces habitudes qui cr\u00e9ent le bocal dans lequel il n’y a plus seulement un poisson rouge mais deux.<\/p>\n

On se plaint parfois de cette fatigue, lorsqu’on lui porte une attention trop importante. C’est \u00e0 dire que l’on ne voit pas les b\u00e9n\u00e9fices qu’elle dissimule, qu’on ne veut pas les voir sans doute.<\/p>\n

Pourtant ces deux poissons rouges ne sont pas l\u00e0 par hasard autant qu’on puisse le croire.<\/p>\n

J’\u00e9tais en train d’\u00e9crire ce texte lorsque soudain mon \u00e9pouse m’appelle. Un probl\u00e8me avec son ordinateur \u00e0 r\u00e9soudre de fa\u00e7on urgente.<\/p>\n

La premi\u00e8re chose qui me vient est bien sur l’agacement. Je d\u00e9teste \u00eatre interrompu pendant que j’\u00e9cris. je maugr\u00e9e, je r\u00e2le plusieurs fois, je fais \u00e7a aussi par habitude. Mais je sais aussi qu’\u00e0 un moment ou \u00e0 un autre je vais me lever et me diriger vers son bureau, et examiner le probl\u00e8me.<\/p>\n

C’est toujours le m\u00eame sch\u00e9ma mais j’\u00e9prouve cette n\u00e9cessit\u00e9 de r\u00e2ler malgr\u00e9 tout, de m’attarder quelques instants pour m’apitoyer sur mon propre sort. Le genre \"pourquoi moi ?\" on connait tous plus ou moins cela n’est-ce pas.<\/p>\n

Cet instant, la conscience de cet instant o\u00f9 soudain on baisse les bras et o\u00f9 l’on se dit que ce qu’on est en train de faire n’a pas plus d’importance finalement que le vol d’une paire d’essuie-glace ou bien l’attention que l’on porte \u00e0 un trou dans une paroi.<\/p>\n

On se l\u00e8ve et l’on plonge dans l’inconnu que repr\u00e9sente cette nouvelle panne informatique et on ne se rend m\u00eame pas compte que c’est une chance de traverser enfin la paroi d’un bocal o\u00f9 d’une relation que l’on a install\u00e9e malgr\u00e9 nous ou \u00e0 cause de nous. Que c’est une chance qui s’offre pour voir un peu plus loin que le bout de ses nageoires.<\/p>", "content_text": "Depuis plusieurs jours je ne cesse de penser \u00e0 mille petites choses qui d'ordinaire me paraitraient insignifiantes. Lorsque je dis \"penser\" c'est un bien grand mot. Car \u00e0 la v\u00e9rit\u00e9, elles se pr\u00e9sentent \u00e0 ma conscience sous forme de petits flashs, comme ces \u00e9toiles filantes dans le ciel nocturne de la mi aout. Il y a toujours un doute sur leur apparition et leur disparition. A un tel point que le spectateur lui-m\u00eame pourrait , \u00e0 ce moment l\u00e0, douter de qui il est.\n\nCe sont de petites choses comme par exemple le fait que tr\u00e8s r\u00e9cemment quelqu'un sur le parking a \u00e9prouv\u00e9 le besoin pressant de s'emparer des essuie-glace de mon vieux Kangoo. Ou encore le fait que mon attention se soit soudain fix\u00e9 sur une anfractuosit\u00e9 du grand mur bordant la cour \u00e0 l'Est. Cela m'arrive r\u00e9guli\u00e8rement d'examiner les murs, je pourrais presque parler de manie, ou d'habitude. Alors pourquoi est-ce que mon esprit rejoue r\u00e9guli\u00e8rement la sc\u00e8ne de cet instant l\u00e0 particuli\u00e8rement ? Comme s'il repr\u00e9sentait une sorte de synth\u00e8se de toutes les anfractuosit\u00e9s d\u00e9j\u00e0 observ\u00e9es tout au long de ma vie. Comme si aussi ce vol d'essuie-glace n'\u00e9tait pas seulement un vol d'essuie-glace mais le symbole de nombreux larcins dont j'ai \u00e9t\u00e9 la victime, et m\u00eame le coupable finalement.\n\nC'est comme si ces micro \u00e9v\u00e8nements \u00e9taient des punaises qui \u00e0 un moment donn\u00e9 \u00e9pinglent la conscience dans un instant particulier, la focalisent sur celui-ci et que simultan\u00e9ment il n'existe plus que cette sc\u00e9nette, que tout le reste tout autour s'\u00e9vanouisse myst\u00e9rieusement. \n\nCela forme une sorte de galaxie mais en fait je pourrais aussi bien parler d'un espace clos \u00e0 l'instar d'un bocal dans lequel ma conscience aurait \u00e0 peu de chose pr\u00e8s la forme d'un poisson rouge.\n\nEt \u00e9videmment ce poisson se heurte perp\u00e9tuellement aux parois de verre du bocal. Il ne peut avoir acc\u00e8s \u00e0 l'au-del\u00e0 de celui-ci.\n\nCe qui me fait r\u00e9fl\u00e9chir sur l'attention que l'on porte \u00e0 certains pans de notre existence, \u00e0 certains pans de la r\u00e9alit\u00e9 qui nous entoure, et pas \u00e0 d'autres.\n\nN'est-ce pas cette attention seule qui cr\u00e9e ce que nous nommons la vie, la r\u00e9alit\u00e9, le monde, et je ne sais quoi d'autre encore ?\n\nEt nous faisons exactement l\u00e0 m\u00eame chose avec la notion de temps.\n\nNous attribuons de l'importance, de l'attention \u00e0 certains instants et tr\u00e8s peu \u00e0 d'autres. C'est comme si nous vivions dans une large proportion de notre existence totalement inconscients et du temps et de la r\u00e9alit\u00e9.\n\nAussi loin que je puisse me souvenir de qui je suis j'ai toujours \u00e9t\u00e9 frapp\u00e9 par cette \u00e9vidence: l'inconscience dans laquelle nous baignons tous et en m\u00eame temps ce genre de folie d'attacher une attention souvent d\u00e9mesur\u00e9e \u00e0 ce que nous nommons \"important\".\n\nPeut-\u00eatre que ma r\u00e9volte \u00e0 l'origine ne provient que d'une indignation profonde et qui concerne en grande partie cette indiff\u00e9rence que la plupart des gens entretiennent avec le monde et eux-m\u00eames.\n\nJ'ai perdu si je peux dire un temps formidable, des ann\u00e9es \u00e0 m'insurger contre l'\u00e9vidence.\n\nMais dans le fond je ne suis pas si diff\u00e9rent que tout \u00e0 chacun. Je n'attribue pas non plus de l'importance \u00e0 tout. Parfois m\u00eame en ayant pouss\u00e9 jusqu'\u00e0 l'extr\u00eame l'indignation je n'en ai plus attribu\u00e9 \u00e0 rien.\n\nJ'ai pass\u00e9 aussi un temps fou \u00e0 me foutre royalement de tout et surtout de moi-m\u00eame.\n\nAujourd'hui j'ai explor\u00e9 \u00e0 peu pr\u00e8s tout ce qui \u00e9tait en mon pouvoir en mati\u00e8re d'attention ou d'inattention et j'en reviens encore une fois \u00e0 la position du milieu. En esp\u00e9rant qu'il soit juste.\n\nJuste pour ne faire pencher le fl\u00e9au de la balance ni vers l'une ni vers l'autre.\n\nParvenir \u00e0 une \u00e9quanimit\u00e9 quasi totale.\n\nMais c'est une folie \u00e9videmment et pour m'en pr\u00e9server \u00e0 un moment donn\u00e9 j'ai du avoir l'intuition que je parviendrai \u00e0 cette conclusion un jour ou un autre, et je me suis pr\u00e9par\u00e9 un antidote.\n\nLe fait de me marier.\n\nC'est extraordinaire le mariage quand on y pense. A deux on se corrige perp\u00e9tuellement en mati\u00e8re d'attention.\n\nLorsque mon \u00e9pouse par exemple me dit \"tu ne fais attention \u00e0 rien\" j'entends tu ne fais pas assez attention \u00e0 moi.\n\nEt vice versa \u00e9videmment.\n\nOn a toujours de quoi corriger le tir. Par t\u00e2tonnement peut-on dire, on appr\u00e9hende ce que peut \u00eatre la paix du foyer, quand on est fatigu\u00e9 des guerres.\n\nCette fatigue pour autant qu'on s'y int\u00e9resse, que l'on puisse aussi lui accorder de l'attention repr\u00e9sente souvent ce que l'on nomme la fatigue du quotidien.\n\nC'est \u00e0 dire toute cette attention que l'on porte \u00e0 des habitudes comme aux parois du bocal. Ces habitudes qui cr\u00e9ent le bocal dans lequel il n'y a plus seulement un poisson rouge mais deux.\n\nOn se plaint parfois de cette fatigue, lorsqu'on lui porte une attention trop importante. C'est \u00e0 dire que l'on ne voit pas les b\u00e9n\u00e9fices qu'elle dissimule, qu'on ne veut pas les voir sans doute.\n\nPourtant ces deux poissons rouges ne sont pas l\u00e0 par hasard autant qu'on puisse le croire.\n\nJ'\u00e9tais en train d'\u00e9crire ce texte lorsque soudain mon \u00e9pouse m'appelle. Un probl\u00e8me avec son ordinateur \u00e0 r\u00e9soudre de fa\u00e7on urgente.\n\nLa premi\u00e8re chose qui me vient est bien sur l'agacement. Je d\u00e9teste \u00eatre interrompu pendant que j'\u00e9cris. je maugr\u00e9e, je r\u00e2le plusieurs fois, je fais \u00e7a aussi par habitude. Mais je sais aussi qu'\u00e0 un moment ou \u00e0 un autre je vais me lever et me diriger vers son bureau, et examiner le probl\u00e8me.\n\nC'est toujours le m\u00eame sch\u00e9ma mais j'\u00e9prouve cette n\u00e9cessit\u00e9 de r\u00e2ler malgr\u00e9 tout, de m'attarder quelques instants pour m'apitoyer sur mon propre sort. Le genre \"pourquoi moi ?\" on connait tous plus ou moins cela n'est-ce pas.\n\nCet instant, la conscience de cet instant o\u00f9 soudain on baisse les bras et o\u00f9 l'on se dit que ce qu'on est en train de faire n'a pas plus d'importance finalement que le vol d'une paire d'essuie-glace ou bien l'attention que l'on porte \u00e0 un trou dans une paroi.\n\nOn se l\u00e8ve et l'on plonge dans l'inconnu que repr\u00e9sente cette nouvelle panne informatique et on ne se rend m\u00eame pas compte que c'est une chance de traverser enfin la paroi d'un bocal o\u00f9 d'une relation que l'on a install\u00e9e malgr\u00e9 nous ou \u00e0 cause de nous. 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\"Pour PRG quelques \u00e9l\u00e9ments qui me sont venus suite \u00e0 une question pos\u00e9e sur la notion d’auto-sabotage.\"<\/p>\n

De la pulsion \u00e0 la pens\u00e9e.<\/h2>\n

Pour illustrer ce voyage de la pulsion \u00e0 la pens\u00e9e j\u2019aimerais parler du refus. Un refus magistral tout d\u2019abord qui se manifeste dans la r\u00e9volte, dans un « non » cat\u00e9gorique et ce d\u00e8s les premiers pas.<\/p>\n

Si le but premier, fut interpr\u00e9t\u00e9 par le simple fait de se tenir debout et d\u2019appartenir ainsi \u00e0 l\u2019esp\u00e8ce, tous les efforts \u00e0 produire pour tenter d\u2019y parvenir me parurent absurdes presque imm\u00e9diatement.<\/p>\n

Ces premiers \u00e9checs \u00e0 r\u00e9p\u00e9tition furent comme pr\u00e9monitoires d\u2019un avenir tiraill\u00e9 entre l\u2019envie de r\u00e9ussir quoique ce soit et celle de syst\u00e9matiquement tout rater.<\/p>\n

C’est-\u00e0-dire que dans mon for int\u00e9rieur d\u00e9j\u00e0 pesait lourd le pour et le contre.<\/p>\n

J\u2019avais beau me creuser la cervelle je ne comprenais pas grand-chose \u00e0 ces id\u00e9es de r\u00e9ussite qui ne m\u2019appartenaient en rien et que je sentais imp\u00e9rieuses comme un h\u00e9ritage laiss\u00e9 en jach\u00e8re dont j\u2019avais en charge l\u2019entretien et surtout l\u2019injonction silencieuse d\u2019une fructification.<\/p>\n

Il fallait faire mieux. C\u2019\u00e9tait ce mot d\u2019ordre certainement qui n\u2019\u00e9tait jamais prononc\u00e9 clairement qu\u2019il fallait capter.<\/p>\n

Que j\u2019ai capt\u00e9 comme un buvard boit l\u2019encre.<\/p>\n

Faire mieux \u00e9tait un non-dit, un implicite et tout ce qui n\u2019\u00e9tait que « bien » ne pesait pas bien lourd dans cette balance invisible.<\/p>\n

Je crois que mes tous premiers refus tirent leur origine de cette injonction invisible qui, par son importance, son omnipr\u00e9sence, \u00e9tait une b\u00e9ance trouant le monde tranquille que l\u2019on me pr\u00e9sentait sans rel\u00e2che comme une r\u00e9alit\u00e9 \u00e0 accepter les yeux ferm\u00e9s.<\/p>\n

Aujourd\u2019hui avec le recul les choses se sont complexifi\u00e9es car les ann\u00e9es et l\u2019exp\u00e9rience m\u2019auront contraint \u00e0 appr\u00e9cier ou d\u00e9tester la nuance.<\/p>\n

\u00c9videmment que rien n\u2019est noir ou blanc, qu\u2019entre ces deux extr\u00eames s\u2019\u00e9talent l\u2019immense gamme des gris.<\/p>\n

Un marais boueux dans lequel on s\u2019engage pour chercher quelque chose que l\u2019on ne trouve jamais.<\/p>\n

Parce que tout bonnement l\u2019important n\u2019est pas de trouver mais de traverser.<\/p>\n

Toutes ces pens\u00e9es semblables \u00e0 des poup\u00e9es russes dont l\u2019ultime est si infime, si insignifiante qu\u2019elle se confond \u00e0 l\u2019extr\u00eame avec l\u2019incoh\u00e9rence.<\/p>\n

Comme si la coh\u00e9rence naissait de la pr\u00e9sence invisible elle aussi cette graine folle.<\/p>\n

Comme si la coh\u00e9rence \u00e9tait la seule et unique n\u00e9cessit\u00e9 que des g\u00e9n\u00e9rations pass\u00e9es nous avaient l\u00e9gu\u00e9e comme on l\u00e9guait la braise et la flamme pour permettre au groupe de s\u2019\u00e9clairer dans l\u2019obscur, de traverser la nuit, tout en se r\u00e9chauffant \u00e0 l\u2019abri des vents glacials.<\/p>\n

La sauvagerie dont je parle remonte \u00e0 une \u00e9poque d\u2019avant la d\u00e9couverte du feu, d\u2019avant la d\u00e9couverte de cette coh\u00e9rence.<\/p>\n

Cette sauvagerie animale prise au pi\u00e8ge si l\u2019on veut, dans les filets de la logique incompr\u00e9hensible n\u00e9cessitant de se lever, de marcher, de se tenir enfin debout comme tout le monde.<\/p>\n

Je ne me souviens pas de mes premiers pas.<\/p>\n

Je ne me souviens que de l\u2019effroi provoqu\u00e9 par le fait de ne pas y parvenir, de cette d\u00e9sesp\u00e9rance apportant avec elle la col\u00e8re, la haine, l\u2019envie de me terrer \u00e0 jamais sous terre, la preuve de ma faillite comme si quelqu\u2019un ou quelque chose n\u2019attendait que celle-ci.<\/p>\n

Cette attente indicible de la chute \u00e0 venir comme une clause \u00e9crite en minuscules dans un contrat illisible.<\/p>\n

L\u2019ambition ne pouvait provenir que d\u2019un sentiment de revanche, du ressentiment. L\u2019ambition \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 souill\u00e9e avant m\u00eame qu\u2019elle ne se pr\u00e9sente comme but \u00e0 atteindre comme un chemin sans emb\u00fbche.<\/p>\n

Et je n\u2019\u00e9tais pas d\u2019accord avec cette ambition-l\u00e0, je n\u2019ai jamais cess\u00e9 de lutter contre sans m\u00eame conna\u00eetre le mot.<\/p>\n

Cette ambition \u00e9tait un fardeau qui amoindrissait l\u2019\u00eatre qui le recroquevillait sur lui-m\u00eame, qui ne rendait rien heureux, mais au contraire posait sur un pi\u00e9destal l\u2019effort le difficile, la souffrance et le p\u00e9nible comme des passages oblig\u00e9s dans le labyrinthe que repr\u00e9sente toute id\u00e9e de r\u00e9ussite.<\/p>\n

Au mieux j\u2019\u00e9prouvais de la compassion au pire la sensation du ridicule qu\u2019entrainait un tel postulat.<\/p>\n

Et je ne me d\u00e9cidais jamais \u00e0 prendre parti pour l\u2019une ou l\u2019autre. La meilleure position que j\u2019ai toujours choisie \u00e9tait de me tenir dans l\u2019\u00e9quidistance de ces deux extr\u00eames.<\/p>\n

Entre l\u2019amour fou et la d\u00e9rision la plus totale.<\/p>\n

Si je puis \u00e9crire tout cela aujourd\u2019hui c\u2019est que malgr\u00e9 tout j\u2019ai effectu\u00e9 un chemin qui s\u2019\u00e9lance depuis la pulsion jusqu\u2019\u00e0 la pens\u00e9e en passant sans doute par le kal\u00e9idoscope de toutes les \u00e9motions, de tous les sentiments.<\/p>\n

Je me suis \u00e9loign\u00e9 du centre n\u00e9vralgique sans pour autant jamais le quitter du regard.<\/p>\n

A bien y r\u00e9fl\u00e9chir je ne suis pas peintre pour rien.<\/p>\n

Je ne peux voir un tableau comme une obsession qu\u2019en prenant de la distance avec ceux-ci, en multipliant les points de vue. En me d\u00e9tachant des \u00e9motions des pulsions basiques comme des id\u00e9es toutes faites.<\/p>\n

A bien y r\u00e9fl\u00e9chir aussi ce n\u2019est pas ce qu\u2019il y a sur le tableau qui m\u2019int\u00e9resse le plus.<\/p>\n

C\u2019est bien plus le cheminement pour parvenir \u00e0 accepter qu\u2019il y a quelque chose \u00e0 voir, et que je suis en partie responsable de ce quelque chose. Que sans moi il n\u2019y aurait qu\u2019une toile vierge.<\/p>\n

Que sans moi il n\u2019y aurait qu\u2019une attente silencieuse s\u2019\u00e9tendant aux confins de l\u2019univers comme une faim, une soif qui ne s\u2019apaisent jamais.<\/p>\n

Peut-\u00eatre que je peins aussi pour cela pour calmer la faim et la soif, pour leur donner une raison d\u2019\u00eatre si ce n\u2019est une raison v\u00e9ritable, partageable, \u00e9changeable. Un \u00eatre plus qu\u2019un avoir, une possession, une propri\u00e9t\u00e9, un bien.<\/p>\n

La peinture est d\u2019abord un m\u00e9dium. Un outil. Ce n\u2019est jamais une fin en soi. Mais c\u2019est l\u2019outil que j\u2019ai choisi pour cheminer entre la pulsion et la pens\u00e9e. Ce qui est \u00e9tonnant c\u2019est la facult\u00e9 que poss\u00e8de la peinture pour faire taire la pens\u00e9e tout en la nourrissant de silence et de calme. Comme un enfant que calmerait une m\u00e8re en lui donnant le sein pour qu\u2019il s\u2019arr\u00eate de brailler.<\/p>\n

Mes tableaux sont ils vraiment repr\u00e9sentatifs de ce cheminement ? Et quand bien m\u00eame en quoi cela int\u00e9resserait il les gens ? c\u2019est ce que je me demande de plus en plus d\u00e9sormais.<\/p>\n

Lorsque je regarde l\u2019ensemble je ne vois gu\u00e8re qu\u2019un fouillis, un d\u00e9sordre. Des scories r\u00e9sultant du creusement d\u2019un filon laiss\u00e9 \u00e0 ciel ouvert par les mineurs.<\/p>\n

Il faut alors que je me pose la bonne question : Qu\u2019est ce qui est vraiment important ?<\/p>\n

Est-ce la d\u00e9ception de ne pas avoir r\u00e9alis\u00e9 une \u0153uvre digne de ce nom et rejoindre ainsi l\u2019amertume familiale pour jouir enfin de tout mon saoul du leg ?<\/p>\n

Ou bien est-ce la reconnaissance de poss\u00e9der un c\u0153ur vraiment contre toute attente. D\u2019\u00eatre parvenu finalement \u00e0 trouver cette fameuse pierre philosophale capable de transmuter le plomb en or et de garantir une \u00e9ternelle jeunesse ?<\/p>\n

L\u00e0 encore je ne prendrais pas position. Je me dirais encore que la modestie vaut bien tous les tr\u00e9sors tous les legs du monde.<\/p>\n

L\u2019entre-deux m\u2019a toujours aid\u00e9 finalement \u00e0 ne pas sombrer dans la folie c’est-\u00e0-dire \u00e0 revenir tout entier dans la pulsion ni \u00e0 m\u2019\u00e9garer \u00e0 jamais dans la sublimation.<\/p>\n

C\u2019est comme cela que j\u2019ai compris qu\u2019il fallait marcher au bout du compte, je ne suis pas fichu de dire si c\u2019est la meilleure ou la pire fa\u00e7on de se tenir debout et d\u2019appartenir \u00e0 l\u2019esp\u00e8ce.<\/p>\n

Mais c\u2019est celle qui me convient et qui me m\u00e8nera sans aucun doute \u00e0 la destination finale le plus na\u00efvement lucide que possible. Pour \u00e7a je crois que j’aurais fait de mon mieux<\/em> comme on dit. A ne pas confondre je ne le crois plus avec du d\u00e9sespoir ou de l’auto-sabotage, il me semble que c’est tout le contraire. Sans doute que pour la plupart ce ne sera pas limpide mais je mettrais ma main au feu, c’est serein et joyeux me concernant.<\/p>\n

Le raffinement \u00e0 venir.<\/h2>\n

Peut-\u00eatre faut il consid\u00e9rer le raffinement comme l\u2019extraction d\u2019une essence plut\u00f4t que de m\u2019essayer \u00e0 devenir dandy. Le laboratoire me convient mieux que n\u2019importe quelle mondanit\u00e9. Je suis bien, plus \u00e0 l\u2019aise, avec les alambics et les cornues qu\u2019avec n\u2019importe quel \u00eatre humain qui exprimerait cette n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019avoir \u00e0 parler, \u00e0 partager, \u00e0 expliquer \u00e9changer, bref qui se donnerait une raison d\u2019exister.<\/p>\n

Un autre moi insupportable plus encore que je m\u2019insupporte moi-m\u00eame.<\/p>\n

Le raffinement passe aussi par la solitude, celle de l\u2019atelier, celle de la page de traitement de texte.<\/p>\n

Au bout du compte ce sont les seuls lieux o\u00f9 je me sens bien, o\u00f9 j\u2019ai l\u2019impression d\u2019\u00eatre totalement pr\u00e9sent et de marcher sans produire trop d\u2019effort. Mieux que de marcher m\u00eame car c\u2019est autre chose que simplement le corps qui est en mouvement.<\/p>\n

C\u2019est la sauvagerie et la pens\u00e9e enfin alli\u00e9es pour une \u00e9ternit\u00e9 d\u2019instants, deux contraintes qui forment un pont une passerelle, une libert\u00e9.<\/p>", "content_text": "\"Pour PRG quelques \u00e9l\u00e9ments qui me sont venus suite \u00e0 une question pos\u00e9e sur la notion d'auto-sabotage.\"De la pulsion \u00e0 la pens\u00e9e.\n\nPour illustrer ce voyage de la pulsion \u00e0 la pens\u00e9e j\u2019aimerais parler du refus. Un refus magistral tout d\u2019abord qui se manifeste dans la r\u00e9volte, dans un \u00ab non \u00bb cat\u00e9gorique et ce d\u00e8s les premiers pas.\n\nSi le but premier, fut interpr\u00e9t\u00e9 par le simple fait de se tenir debout et d\u2019appartenir ainsi \u00e0 l\u2019esp\u00e8ce, tous les efforts \u00e0 produire pour tenter d\u2019y parvenir me parurent absurdes presque imm\u00e9diatement.\n\nCes premiers \u00e9checs \u00e0 r\u00e9p\u00e9tition furent comme pr\u00e9monitoires d\u2019un avenir tiraill\u00e9 entre l\u2019envie de r\u00e9ussir quoique ce soit et celle de syst\u00e9matiquement tout rater.\n\nC'est-\u00e0-dire que dans mon for int\u00e9rieur d\u00e9j\u00e0 pesait lourd le pour et le contre.\n\nJ\u2019avais beau me creuser la cervelle je ne comprenais pas grand-chose \u00e0 ces id\u00e9es de r\u00e9ussite qui ne m\u2019appartenaient en rien et que je sentais imp\u00e9rieuses comme un h\u00e9ritage laiss\u00e9 en jach\u00e8re dont j\u2019avais en charge l\u2019entretien et surtout l\u2019injonction silencieuse d\u2019une fructification.\n\nIl fallait faire mieux. C\u2019\u00e9tait ce mot d\u2019ordre certainement qui n\u2019\u00e9tait jamais prononc\u00e9 clairement qu\u2019il fallait capter.\n\nQue j\u2019ai capt\u00e9 comme un buvard boit l\u2019encre.\n\nFaire mieux \u00e9tait un non-dit, un implicite et tout ce qui n\u2019\u00e9tait que \u00ab bien \u00bb ne pesait pas bien lourd dans cette balance invisible.\n\nJe crois que mes tous premiers refus tirent leur origine de cette injonction invisible qui, par son importance, son omnipr\u00e9sence, \u00e9tait une b\u00e9ance trouant le monde tranquille que l\u2019on me pr\u00e9sentait sans rel\u00e2che comme une r\u00e9alit\u00e9 \u00e0 accepter les yeux ferm\u00e9s.\n\nAujourd\u2019hui avec le recul les choses se sont complexifi\u00e9es car les ann\u00e9es et l\u2019exp\u00e9rience m\u2019auront contraint \u00e0 appr\u00e9cier ou d\u00e9tester la nuance.\n\n\u00c9videmment que rien n\u2019est noir ou blanc, qu\u2019entre ces deux extr\u00eames s\u2019\u00e9talent l\u2019immense gamme des gris.\n\nUn marais boueux dans lequel on s\u2019engage pour chercher quelque chose que l\u2019on ne trouve jamais.\n\nParce que tout bonnement l\u2019important n\u2019est pas de trouver mais de traverser.\n\nToutes ces pens\u00e9es semblables \u00e0 des poup\u00e9es russes dont l\u2019ultime est si infime, si insignifiante qu\u2019elle se confond \u00e0 l\u2019extr\u00eame avec l\u2019incoh\u00e9rence.\n\nComme si la coh\u00e9rence naissait de la pr\u00e9sence invisible elle aussi cette graine folle.\n\nComme si la coh\u00e9rence \u00e9tait la seule et unique n\u00e9cessit\u00e9 que des g\u00e9n\u00e9rations pass\u00e9es nous avaient l\u00e9gu\u00e9e comme on l\u00e9guait la braise et la flamme pour permettre au groupe de s\u2019\u00e9clairer dans l\u2019obscur, de traverser la nuit, tout en se r\u00e9chauffant \u00e0 l\u2019abri des vents glacials.\n\nLa sauvagerie dont je parle remonte \u00e0 une \u00e9poque d\u2019avant la d\u00e9couverte du feu, d\u2019avant la d\u00e9couverte de cette coh\u00e9rence.\n\nCette sauvagerie animale prise au pi\u00e8ge si l\u2019on veut, dans les filets de la logique incompr\u00e9hensible n\u00e9cessitant de se lever, de marcher, de se tenir enfin debout comme tout le monde.\n\nJe ne me souviens pas de mes premiers pas.\n\nJe ne me souviens que de l\u2019effroi provoqu\u00e9 par le fait de ne pas y parvenir, de cette d\u00e9sesp\u00e9rance apportant avec elle la col\u00e8re, la haine, l\u2019envie de me terrer \u00e0 jamais sous terre, la preuve de ma faillite comme si quelqu\u2019un ou quelque chose n\u2019attendait que celle-ci.\n\nCette attente indicible de la chute \u00e0 venir comme une clause \u00e9crite en minuscules dans un contrat illisible.\n\nL\u2019ambition ne pouvait provenir que d\u2019un sentiment de revanche, du ressentiment. L\u2019ambition \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 souill\u00e9e avant m\u00eame qu\u2019elle ne se pr\u00e9sente comme but \u00e0 atteindre comme un chemin sans emb\u00fbche.\n\nEt je n\u2019\u00e9tais pas d\u2019accord avec cette ambition-l\u00e0, je n\u2019ai jamais cess\u00e9 de lutter contre sans m\u00eame conna\u00eetre le mot.\n\nCette ambition \u00e9tait un fardeau qui amoindrissait l\u2019\u00eatre qui le recroquevillait sur lui-m\u00eame, qui ne rendait rien heureux, mais au contraire posait sur un pi\u00e9destal l\u2019effort le difficile, la souffrance et le p\u00e9nible comme des passages oblig\u00e9s dans le labyrinthe que repr\u00e9sente toute id\u00e9e de r\u00e9ussite.\n\nAu mieux j\u2019\u00e9prouvais de la compassion au pire la sensation du ridicule qu\u2019entrainait un tel postulat.\n\nEt je ne me d\u00e9cidais jamais \u00e0 prendre parti pour l\u2019une ou l\u2019autre. La meilleure position que j\u2019ai toujours choisie \u00e9tait de me tenir dans l\u2019\u00e9quidistance de ces deux extr\u00eames.\n\nEntre l\u2019amour fou et la d\u00e9rision la plus totale.\n\nSi je puis \u00e9crire tout cela aujourd\u2019hui c\u2019est que malgr\u00e9 tout j\u2019ai effectu\u00e9 un chemin qui s\u2019\u00e9lance depuis la pulsion jusqu\u2019\u00e0 la pens\u00e9e en passant sans doute par le kal\u00e9idoscope de toutes les \u00e9motions, de tous les sentiments.\n\nJe me suis \u00e9loign\u00e9 du centre n\u00e9vralgique sans pour autant jamais le quitter du regard.\n\nA bien y r\u00e9fl\u00e9chir je ne suis pas peintre pour rien.\n\nJe ne peux voir un tableau comme une obsession qu\u2019en prenant de la distance avec ceux-ci, en multipliant les points de vue. En me d\u00e9tachant des \u00e9motions des pulsions basiques comme des id\u00e9es toutes faites.\n\nA bien y r\u00e9fl\u00e9chir aussi ce n\u2019est pas ce qu\u2019il y a sur le tableau qui m\u2019int\u00e9resse le plus.\n\nC\u2019est bien plus le cheminement pour parvenir \u00e0 accepter qu\u2019il y a quelque chose \u00e0 voir, et que je suis en partie responsable de ce quelque chose. Que sans moi il n\u2019y aurait qu\u2019une toile vierge.\n\nQue sans moi il n\u2019y aurait qu\u2019une attente silencieuse s\u2019\u00e9tendant aux confins de l\u2019univers comme une faim, une soif qui ne s\u2019apaisent jamais.\n\nPeut-\u00eatre que je peins aussi pour cela pour calmer la faim et la soif, pour leur donner une raison d\u2019\u00eatre si ce n\u2019est une raison v\u00e9ritable, partageable, \u00e9changeable. Un \u00eatre plus qu\u2019un avoir, une possession, une propri\u00e9t\u00e9, un bien.\n\nLa peinture est d\u2019abord un m\u00e9dium. Un outil. Ce n\u2019est jamais une fin en soi. Mais c\u2019est l\u2019outil que j\u2019ai choisi pour cheminer entre la pulsion et la pens\u00e9e. Ce qui est \u00e9tonnant c\u2019est la facult\u00e9 que poss\u00e8de la peinture pour faire taire la pens\u00e9e tout en la nourrissant de silence et de calme. Comme un enfant que calmerait une m\u00e8re en lui donnant le sein pour qu\u2019il s\u2019arr\u00eate de brailler.\n\nMes tableaux sont ils vraiment repr\u00e9sentatifs de ce cheminement ? Et quand bien m\u00eame en quoi cela int\u00e9resserait il les gens ? c\u2019est ce que je me demande de plus en plus d\u00e9sormais.\n\nLorsque je regarde l\u2019ensemble je ne vois gu\u00e8re qu\u2019un fouillis, un d\u00e9sordre. Des scories r\u00e9sultant du creusement d\u2019un filon laiss\u00e9 \u00e0 ciel ouvert par les mineurs.\n\nIl faut alors que je me pose la bonne question : Qu\u2019est ce qui est vraiment important ?\n\nEst-ce la d\u00e9ception de ne pas avoir r\u00e9alis\u00e9 une \u0153uvre digne de ce nom et rejoindre ainsi l\u2019amertume familiale pour jouir enfin de tout mon saoul du leg ?\n\nOu bien est-ce la reconnaissance de poss\u00e9der un c\u0153ur vraiment contre toute attente. D\u2019\u00eatre parvenu finalement \u00e0 trouver cette fameuse pierre philosophale capable de transmuter le plomb en or et de garantir une \u00e9ternelle jeunesse ?\n\nL\u00e0 encore je ne prendrais pas position. Je me dirais encore que la modestie vaut bien tous les tr\u00e9sors tous les legs du monde.\n\nL\u2019entre-deux m\u2019a toujours aid\u00e9 finalement \u00e0 ne pas sombrer dans la folie c'est-\u00e0-dire \u00e0 revenir tout entier dans la pulsion ni \u00e0 m\u2019\u00e9garer \u00e0 jamais dans la sublimation.\n\nC\u2019est comme cela que j\u2019ai compris qu\u2019il fallait marcher au bout du compte, je ne suis pas fichu de dire si c\u2019est la meilleure ou la pire fa\u00e7on de se tenir debout et d\u2019appartenir \u00e0 l\u2019esp\u00e8ce.\n\nMais c\u2019est celle qui me convient et qui me m\u00e8nera sans aucun doute \u00e0 la destination finale le plus na\u00efvement lucide que possible. Pour \u00e7a je crois que j'aurais fait de mon mieux comme on dit. A ne pas confondre je ne le crois plus avec du d\u00e9sespoir ou de l'auto-sabotage, il me semble que c'est tout le contraire. Sans doute que pour la plupart ce ne sera pas limpide mais je mettrais ma main au feu, c'est serein et joyeux me concernant.Le raffinement \u00e0 venir.\n\nPeut-\u00eatre faut il consid\u00e9rer le raffinement comme l\u2019extraction d\u2019une essence plut\u00f4t que de m\u2019essayer \u00e0 devenir dandy. Le laboratoire me convient mieux que n\u2019importe quelle mondanit\u00e9. Je suis bien, plus \u00e0 l\u2019aise, avec les alambics et les cornues qu\u2019avec n\u2019importe quel \u00eatre humain qui exprimerait cette n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019avoir \u00e0 parler, \u00e0 partager, \u00e0 expliquer \u00e9changer, bref qui se donnerait une raison d\u2019exister.\n\nUn autre moi insupportable plus encore que je m\u2019insupporte moi-m\u00eame.\n\nLe raffinement passe aussi par la solitude, celle de l\u2019atelier, celle de la page de traitement de texte.\n\nAu bout du compte ce sont les seuls lieux o\u00f9 je me sens bien, o\u00f9 j\u2019ai l\u2019impression d\u2019\u00eatre totalement pr\u00e9sent et de marcher sans produire trop d\u2019effort. Mieux que de marcher m\u00eame car c\u2019est autre chose que simplement le corps qui est en mouvement.\n\nC\u2019est la sauvagerie et la pens\u00e9e enfin alli\u00e9es pour une \u00e9ternit\u00e9 d\u2019instants, deux contraintes qui forment un pont une passerelle, une libert\u00e9.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_1959.jpg?1763208494", "tags": ["r\u00e9flexions sur l'art"] } ] }