{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ecriture-et-dependance.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ecriture-et-dependance.html", "title": "\u00c9criture et d\u00e9pendance", "date_published": "2023-04-05T04:50:54Z", "date_modified": "2025-11-14T23:10:25Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

La dive bouteille de Rabelais.<\/p>\n

Re\u00e7u hier un e-mail bizarre, mais qu’est-ce qui ne l’est pas dans ces mondes virtuels. Le compagnon d’une abonn\u00e9e me demandant fort poliment d’ailleurs de bien vouloir faire le n\u00e9cessaire pour qu’elle ne re\u00e7oive plus mes billets dans sa bo\u00eete \u00e0 lettres. Elle n’irait pas tr\u00e8s bien, et toute source d’excitation devant \u00eatre \u00e9vit\u00e9e. notamment tout ce qui touche aux ateliers d’\u00e9criture, l’en pr\u00e9server.<\/p>\n

Du coup cela me fait r\u00e9fl\u00e9chir ce matin sur les d\u00e9pendances, car on peut tout autant \u00e9voquer celles-ci pour la plupart des activit\u00e9s produites en \u00e9tat de transe, et dont le but premier serait l’\u00e9vasion dans une satisfaction rapide, souvent d\u00e9solante.<\/p>\n

personnellement je serais assez tent\u00e9 de placer l’\u00e9criture au meme degr\u00e9 que l’alcool, le tabac, la masturbation, la pratique compulsive du sexe, celle-ci valant tout autant que la marche effr\u00e9n\u00e9e sans oublier la lecture. Pour avoir pratiqu\u00e9 le plus assid\u00fbment tout cela jusqu’au d\u00e9go\u00fbt de soi et des autres il me semble honn\u00eate de d\u00e9clarer que je suis parmi tous les hommes l’un des plus \u00e0 m\u00eame d’en parler sans passion excessive, d’une fa\u00e7on mesur\u00e9e.<\/p>\n

Maintenant si c’est une chose de comprendre la d\u00e9pendance, c’est autre chose d’en faire quelque chose d’utile.<\/p>\n

Le terme d\u00e9pendance indique qu’on perd le discernement en m\u00eame temps qu’une id\u00e9e de libert\u00e9. Mais de quel discernement, de quelle libert\u00e9 est-il question. Il me semble qu’on entre en d\u00e9pendance comme jadis les chevaliers de la table ronde entraient dans une qu\u00eate du Graal. C’est une initiation ni plus ni moins.<\/p>\n

Sur la route on y rencontrera autant de sorciers, de mages, de dragons que dans les vieux contes ; le happy-end n’est pas si souvent happy que \u00e7a il vaut mieux le savoir ; on y perd beaucoup plus qu’on y gagne selon les crit\u00e8res du si\u00e8cle en mati\u00e8re de gain et de perte \u00e9videmment.<\/p>\n

car sous l’id\u00e9e de toute d\u00e9pendance se dissimule un combat in\u00e9gal la plupart du temps, \u00e0 proportion de l’orgueil, de l’obstination de celle ou celui qui s’y engage puis s’y livre corps et \u00e2me. Il faut parfois aller jusqu’\u00e0 l’\u00e2me pour bien comprendre, pour sentir toute l’ineptie qui fonde cette qu\u00eate absurde, vue de l’ext\u00e9rieur.<\/p>\n

Cette d\u00e9pendance n’est qu’un instrument, un v\u00e9hicule destin\u00e9 \u00e0 conduire vers l’espoir d’\u00e9puisement du d\u00e9sir autant que celui-ci est perp\u00e9tuellement insatisfait, et de plus, approcherait-on ne serait-ce qu’un peu de la peur d’\u00eatre satisfait, que l’on s’en d\u00e9tournerait aussit\u00f4t en s’engouffrant, par la r\u00e9p\u00e9tition d’un processus , repris quasi syst\u00e9matiquement depuis sa propre origine, c’est \u00e0 dire par la r\u00e9installation des \u00e9l\u00e9ments d’un rituel. C’est \u00e0 dire aussi par une n\u00e9gation du temps profane. s’imposer en douce un temps sacr\u00e9. Encore que sacr\u00e9 et profane sont des termes ronflants d\u00e9sormais, mais j’imagine que ce sont les plus proches de l’id\u00e9e que je d\u00e9sire d\u00e9velopper.<\/p>\n

Ce n’est sans doute ni l’\u00e9criture, ni les livres, pas plus que la bouteille, le tabac, le phallus ou la vulve les responsables des d\u00e9pendances dans lesquelles on s’engage, mais simplement cette volont\u00e9 de s’engager quand toute autre volont\u00e9 nous aura abandonn\u00e9. De s’engager dans l’inconnu par fatigue de ce que l’on croit toujours conna\u00eetre ou re conna\u00eetre et dont la meilleure d\u00e9finition s’approche de celle de l’ennui.<\/p>\n

La d\u00e9pendance et l’ennui, cr\u00e9es par la pr\u00e9tention, l’orgueil, en tant que maladies, nous auront entra\u00een\u00e9 \u00e0 circonscrire le monde ou la r\u00e9alit\u00e9 dans une collection d’objets de d\u00e9sirs dont il ne reste plus que ruines.<\/p>\n

A ce titre la ruine symbolise n\u00e9anmoins une pr\u00e9sence ind\u00e9finissable. L’ind\u00e9finissable surgit de fa\u00e7on propice au moment m\u00eame o\u00f9 la ruine devient \u00e9vidente, ou l’absence se retrouve soudain en pleine lumi\u00e8re d\u00e9pourvue d’\u00e9crin.<\/p>\n

\u00c9puiser la d\u00e9pendance, \u00e9puiser la manie, \u00e9puiser l’obsession, la pr\u00e9tention, l’orgueil, l’ineptie, la b\u00eatise, n’est donc pas si fou que cela puisse para\u00eetre de prime abord. C’est fastidieux, c’est surtout en cela que beaucoup y renonceront. C’est \u00e0 dire que pour chasser un type d’ennui il faudra le remplacer par de nombreux autres jusqu’au moment o\u00f9 l’on comprendra que tous les ennuis n’ont qu’une seule et m\u00eame source, un d\u00e9sir insatiable dont on ne peut tirer aucun plaisir v\u00e9ritable- au sens bien s\u00fbr du mot plaisir de l’\u00e9poque et qui se confond avec jouissance et, avec cette torsion \u00e9videmment, que sont l’int\u00e9r\u00eat et le profit.<\/p>\n

La d\u00e9pendance en fin de course n’est-elle pas contre toute attente un acte de r\u00e9sistance in\u00e9dit. Toute une geste au sens de ces vieux r\u00e9cits d’autrefois qui lutte contre une d\u00e9finition obsol\u00e8te du plaisir -Le fameux dragon- li\u00e9e \u00e0 l’hypocrisie de nos soci\u00e9t\u00e9s d\u00e9shumanis\u00e9es.<\/p>\n

Je fais semblant de me le demander.<\/p>", "content_text": "La dive bouteille de Rabelais.\n\nRe\u00e7u hier un e-mail bizarre, mais qu'est-ce qui ne l'est pas dans ces mondes virtuels. Le compagnon d'une abonn\u00e9e me demandant fort poliment d'ailleurs de bien vouloir faire le n\u00e9cessaire pour qu'elle ne re\u00e7oive plus mes billets dans sa bo\u00eete \u00e0 lettres. 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Pour avoir pratiqu\u00e9 le plus assid\u00fbment tout cela jusqu'au d\u00e9go\u00fbt de soi et des autres il me semble honn\u00eate de d\u00e9clarer que je suis parmi tous les hommes l'un des plus \u00e0 m\u00eame d'en parler sans passion excessive, d'une fa\u00e7on mesur\u00e9e. \n\nMaintenant si c'est une chose de comprendre la d\u00e9pendance, c'est autre chose d'en faire quelque chose d'utile. \n\nLe terme d\u00e9pendance indique qu'on perd le discernement en m\u00eame temps qu'une id\u00e9e de libert\u00e9. Mais de quel discernement, de quelle libert\u00e9 est-il question. Il me semble qu'on entre en d\u00e9pendance comme jadis les chevaliers de la table ronde entraient dans une qu\u00eate du Graal. C'est une initiation ni plus ni moins. \n\nSur la route on y rencontrera autant de sorciers, de mages, de dragons que dans les vieux contes; le happy-end n'est pas si souvent happy que \u00e7a il vaut mieux le savoir; on y perd beaucoup plus qu'on y gagne selon les crit\u00e8res du si\u00e8cle en mati\u00e8re de gain et de perte \u00e9videmment.\n\ncar sous l'id\u00e9e de toute d\u00e9pendance se dissimule un combat in\u00e9gal la plupart du temps, \u00e0 proportion de l'orgueil, de l'obstination de celle ou celui qui s'y engage puis s'y livre corps et \u00e2me. 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Encore que sacr\u00e9 et profane sont des termes ronflants d\u00e9sormais, mais j'imagine que ce sont les plus proches de l'id\u00e9e que je d\u00e9sire d\u00e9velopper. \n\nCe n'est sans doute ni l'\u00e9criture, ni les livres, pas plus que la bouteille, le tabac, le phallus ou la vulve les responsables des d\u00e9pendances dans lesquelles on s'engage, mais simplement cette volont\u00e9 de s'engager quand toute autre volont\u00e9 nous aura abandonn\u00e9. De s'engager dans l'inconnu par fatigue de ce que l'on croit toujours conna\u00eetre ou re conna\u00eetre et dont la meilleure d\u00e9finition s'approche de celle de l'ennui.\n\nLa d\u00e9pendance et l'ennui, cr\u00e9es par la pr\u00e9tention, l'orgueil, en tant que maladies, nous auront entra\u00een\u00e9 \u00e0 circonscrire le monde ou la r\u00e9alit\u00e9 dans une collection d'objets de d\u00e9sirs dont il ne reste plus que ruines.\n\nA ce titre la ruine symbolise n\u00e9anmoins une pr\u00e9sence ind\u00e9finissable. 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Je m\u2019aper\u00e7ois que je lis de plus en plus de po\u00e9sie depuis que j\u2019ai cr\u00e9\u00e9 ce blogue WordPress. Je ne vais pas citer les noms, car beaucoup ont du talent. Enfin pas maintenant, pas aujourd\u2019hui, parce que j\u2019essaie de ne pas perdre le fil de ce que je veux dire. Je voulais juste dire qu\u2019on apprend beaucoup sur la peinture en lisant de la po\u00e9sie. On sent tout de suite ce qui sonne juste et, h\u00e9las, parfois aussi les petits couacs. Encore que le couac peut \u00eatre \u00e9minemment po\u00e9tique s\u2019il est plac\u00e9 au bon moment, au bon endroit\u2026 exactement comme une touche de jaune ou de rouge vif ! Il y a, dans tout ce que je lis, plusieurs cat\u00e9gories que j\u2019affectionne. La premi\u00e8re est la po\u00e9sie \u00e9crite avec les mots les plus simples. Une po\u00e9sie qu\u2019un enfant pourrait lire et comprendre. La seconde, mais qui peut se confondre avec la premi\u00e8re, est la po\u00e9sie \u00e0 trous\u2026 je marche et, soudain, slurp, mon pied s\u2019enfonce, puis le corps tout entier : c\u2019est un trou. Ce n\u2019est pas du tout d\u00e9sagr\u00e9able\u2026 il faut accepter le trou comme la d\u00e9couverte d\u2019une vuln\u00e9rabilit\u00e9 in\u00e9dite. Une troisi\u00e8me ? Les oracles et Sibylles, l\u00e0 o\u00f9 je sais imm\u00e9diatement qu\u2019il n\u2019y a rien \u00e0 comprendre, mais se laisser porter par le sens sonore des mots, souvent bien plus efficaces, les fulgurances. De Sta\u00ebl disait qu\u2019il y avait deux sortes de fulgurances en peinture : celle de l\u2019autorit\u00e9 et celle de l\u2019h\u00e9sitation\u2026 je suis tout \u00e0 fait d\u2019accord, et \u00e7a vaut pour la po\u00e9sie \u00e9galement. En lisant de la po\u00e9sie, j\u2019ai le sentiment parfois aussi de m\u2019am\u00e9liorer en maths, ce qui est une cons\u00e9quence inou\u00efe vu mon \u00e9paisseur dans le domaine. Transmettre une sensation avec peu de choses, presque rien, c\u2019est d\u2019une \u00e9l\u00e9gance\u2026 celle qui m\u2019\u00e9chappe, \u00e9videmment ! Tout comme mes crises de sobri\u00e9t\u00e9 en peinture, en g\u00e9n\u00e9ral, finissent mal. C\u2019est juste une note en passant : j\u2019ai voyag\u00e9 depuis t\u00f4t le matin pour aller d\u00e9crocher mon expo dans le Jura\u2026 donc je n\u2019ai pas vraiment eu ma dose de mots. Et puis ce n\u2019est pas mon heure non plus ; en fait, c\u2019est une dr\u00f4le de journ\u00e9e, un voyage blanc. Pourtant, je suis persuad\u00e9 que j\u2019ai regard\u00e9 le paysage, le poids du blanc, avec une acuit\u00e9 et une vacuit\u00e9 r\u00e9unies, et ceci est certainement le fruit de mes lectures po\u00e9tiques. 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Emmitoufl\u00e9 de po\u00e9sie : un beau voyage ! ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/aspirer-a-la-quietude.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/aspirer-a-la-quietude.html", "title": "Aspirer \u00e0 la qui\u00e9tude", "date_published": "2021-11-28T07:42:54Z", "date_modified": "2025-11-21T21:22:50Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Aspirer \u00e0 la qui\u00e9tude est souvent le meilleur chemin pour entrer dans l\u2019agitation. Parce que l\u2019agitation est le socle, ce socle qui nous \u00e9chappe autant qu\u2019on d\u00e9sire lui \u00e9chapper. Voir l\u2019agitation, se m\u00ealer totalement \u00e0 celle-ci, demande autre chose que du courage ou de la folie. Cependant, il faut souvent tenter ces deux voies avant de saisir qu\u2019elles ne fonctionnent pas. Voir l\u2019agitation demande d\u2019\u00eatre humble, de perdre cette notion d\u2019importance de soi \u00e0 laquelle on s\u2019accroche sans arr\u00eat. Si je n\u2019ai pas d\u2019importance, si je ne suis pas grand-chose, si je ne suis presque rien, je peux p\u00e9n\u00e9trer dans l\u2019agitation comme une souris dans un immense palais et ainsi l\u2019observer tout entier \u00e0 ma guise, de la cave au grenier. La difficult\u00e9 n\u2019est pas l\u2019agitation, la difficult\u00e9 est de devenir une petite souris, surtout lorsqu\u2019on imagine \u00eatre un lion.<\/p>", "content_text": "Aspirer \u00e0 la qui\u00e9tude est souvent le meilleur chemin pour entrer dans l\u2019agitation. Parce que l\u2019agitation est le socle, ce socle qui nous \u00e9chappe autant qu\u2019on d\u00e9sire lui \u00e9chapper. Voir l\u2019agitation, se m\u00ealer totalement \u00e0 celle-ci, demande autre chose que du courage ou de la folie. Cependant, il faut souvent tenter ces deux voies avant de saisir qu\u2019elles ne fonctionnent pas. Voir l\u2019agitation demande d\u2019\u00eatre humble, de perdre cette notion d\u2019importance de soi \u00e0 laquelle on s\u2019accroche sans arr\u00eat. Si je n\u2019ai pas d\u2019importance, si je ne suis pas grand-chose, si je ne suis presque rien, je peux p\u00e9n\u00e9trer dans l\u2019agitation comme une souris dans un immense palais et ainsi l\u2019observer tout entier \u00e0 ma guise, de la cave au grenier. La difficult\u00e9 n\u2019est pas l\u2019agitation, la difficult\u00e9 est de devenir une petite souris, surtout lorsqu\u2019on imagine \u00eatre un lion. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_3742.jpg?1763760139", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/pas-de-repit-pour-les-vieux-cons.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/pas-de-repit-pour-les-vieux-cons.html", "title": "Pas de r\u00e9pit pour les vieux cons", "date_published": "2021-11-24T07:25:15Z", "date_modified": "2025-11-21T20:53:08Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Une sacr\u00e9e su\u00e9e, mercredi en 8 (pourquoi pas en 7, je me le demande \u00e0 chaque fois), lorsque la petite pisseuse de 10 ans \u00e0 peine me toise en m\u2019adressant un : « Monsieur, connaissez-vous \u00c9ric-Emmanuel Schmitt ? », tout en relevant une m\u00e8che de cheveux rebelle tomb\u00e9e sur son front faussement ing\u00e9nu. Ce n\u2019est pas la premi\u00e8re fois qu\u2019elle me cherche et, bien s\u00fbr, en g\u00e9n\u00e9ral j\u2019\u00e9lude, je m\u2019en tire par une pirouette, un sourire \u00e0 la Lewis Carroll, un silence qui en dit long. Mais l\u00e0, j\u2019avais d\u00fb manger trop riche et la digestion mobilisait une grande partie de mon capital \u00e9nerg\u00e9tique. J\u2019allais dire un truc grossier comme : « Fais pas chier et dessine. » Heureusement, au dernier moment, j\u2019ai eu cette pr\u00e9sence d\u2019esprit de lui faire r\u00e9p\u00e9ter sa question, le temps de retrouver mon aplomb. Qui \u00e7a, je dis ? en montrant mon oreille gauche. J\u2019entends pas. \u00c9ric-Emmanuel Schmitt, Monsieur, vous l\u2019avez lu\u2026 ? \u00c0 vrai dire je m\u2019interrogeais\u2026 Est-ce que j\u2019avais pris le temps de lire les \u00e9lucubrations d\u2019un type d\u2019origine lyonnaise (ou \u00e0 peu pr\u00e8s, Sainte-Foy-l\u00e8s-Lyon) qui devient administrateur d\u2019une soci\u00e9t\u00e9 anonyme qui porte le nom d\u2019Antigone \u00e0 Bruxelles. Pas du tout. Je m\u2019en tamponnais royalement le coquillard. D\u2019autant que, n\u00e9 la m\u00eame ann\u00e9e que moi et bien plus c\u00e9l\u00e8bre, je n\u2019aurais pas manqu\u00e9 d\u2019entretenir encore des valises de ressentiment, de jalousie \u00e0 son \u00e9gard en ouvrant le moindre de ses bouquins. Je l\u2019ai aper\u00e7u de temps \u00e0 autre dans les journaux, \u00e0 la t\u00e9l\u00e9, rien de plus, dis-je, jamais lu \u00c9ric-Emmanuel Schmitt et, vois-tu, petite, je n\u2019en suis pas mort. Et Andr\u00e9 Comte-Sponville, Monsieur, vous connaissez ? J\u2019avais quelques vagues souvenirs d\u2019un transfuge l\u00e2chant l\u2019\u00e9glise pour le PC, un complexe d\u00fb au b\u00e9gaiement qui l\u2019avait conduit \u00e0 pr\u00e9tendre \u00e0 la litt\u00e9rature puis \u00e0 la philosophie\u2026 une sorte de touche-\u00e0-tout voulant absolument, co\u00fbte que co\u00fbte, entrer dans la post\u00e9rit\u00e9. Mais allais-je d\u00e9baller tout \u00e7a \u00e0 une gamine de 10 ans qui l\u00e2chait de grands mots pour attirer l\u2019attention d\u2019un professeur sur elle ? Bien s\u00fbr que non. J\u2019allais refaire comme d\u2019hab\u2019 mon petit couplet sur la concentration. C\u2019est bien la concentration, c\u2019est ind\u00e9modable. On ne peut pas faire deux choses \u00e0 la fois, petite : soit tu dessines, soit tu discutes sur le sens de la vie et tout, et en l\u2019occurrence, puisque nous sommes l\u00e0 pour dessiner, la premi\u00e8re option est bien entendu la meilleure. Elle me fusille du regard puis elle dit : « En fait, \u00e0 part le dessin et la peinture, vous ne savez rien d\u2019autre. » J\u2019ai dit : « Oui, tu as tout \u00e0 fait raison : \u00e0 un moment donn\u00e9 il faut faire des choix dans la vie, parce qu\u2019on n\u2019a pas tout notre temps, parce que sinon on se disperse et on ne fait rien de valable. » Elle me regarde avec des yeux ronds puis elle s\u2019exclame : « Monsieur, je comprends tellement ce que vous dites, on dirait aussi que vous racontez votre vie, l\u00e0. » Du coup, \u00e0 ce moment-l\u00e0 pr\u00e9cis\u00e9ment, j\u2019ai trouv\u00e9 que le silence s\u2019imposait ; j\u2019ai tourn\u00e9 les talons et j\u2019ai \u00e9t\u00e9 voir l\u2019avanc\u00e9e des autres travaux d\u2019\u00e9l\u00e8ves.<\/p>", "content_text": " Une sacr\u00e9e su\u00e9e, mercredi en 8 (pourquoi pas en 7, je me le demande \u00e0 chaque fois), lorsque la petite pisseuse de 10 ans \u00e0 peine me toise en m\u2019adressant un : \u00ab Monsieur, connaissez-vous \u00c9ric-Emmanuel Schmitt ? \u00bb, tout en relevant une m\u00e8che de cheveux rebelle tomb\u00e9e sur son front faussement ing\u00e9nu. 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J\u2019entends pas. \u00c9ric-Emmanuel Schmitt, Monsieur, vous l\u2019avez lu\u2026 ? \u00c0 vrai dire je m\u2019interrogeais\u2026 Est-ce que j\u2019avais pris le temps de lire les \u00e9lucubrations d\u2019un type d\u2019origine lyonnaise (ou \u00e0 peu pr\u00e8s, Sainte-Foy-l\u00e8s-Lyon) qui devient administrateur d\u2019une soci\u00e9t\u00e9 anonyme qui porte le nom d\u2019Antigone \u00e0 Bruxelles. Pas du tout. Je m\u2019en tamponnais royalement le coquillard. D\u2019autant que, n\u00e9 la m\u00eame ann\u00e9e que moi et bien plus c\u00e9l\u00e8bre, je n\u2019aurais pas manqu\u00e9 d\u2019entretenir encore des valises de ressentiment, de jalousie \u00e0 son \u00e9gard en ouvrant le moindre de ses bouquins. Je l\u2019ai aper\u00e7u de temps \u00e0 autre dans les journaux, \u00e0 la t\u00e9l\u00e9, rien de plus, dis-je, jamais lu \u00c9ric-Emmanuel Schmitt et, vois-tu, petite, je n\u2019en suis pas mort. Et Andr\u00e9 Comte-Sponville, Monsieur, vous connaissez ? J\u2019avais quelques vagues souvenirs d\u2019un transfuge l\u00e2chant l\u2019\u00e9glise pour le PC, un complexe d\u00fb au b\u00e9gaiement qui l\u2019avait conduit \u00e0 pr\u00e9tendre \u00e0 la litt\u00e9rature puis \u00e0 la philosophie\u2026 une sorte de touche-\u00e0-tout voulant absolument, co\u00fbte que co\u00fbte, entrer dans la post\u00e9rit\u00e9. Mais allais-je d\u00e9baller tout \u00e7a \u00e0 une gamine de 10 ans qui l\u00e2chait de grands mots pour attirer l\u2019attention d\u2019un professeur sur elle ? Bien s\u00fbr que non. J\u2019allais refaire comme d\u2019hab\u2019 mon petit couplet sur la concentration. C\u2019est bien la concentration, c\u2019est ind\u00e9modable. On ne peut pas faire deux choses \u00e0 la fois, petite : soit tu dessines, soit tu discutes sur le sens de la vie et tout, et en l\u2019occurrence, puisque nous sommes l\u00e0 pour dessiner, la premi\u00e8re option est bien entendu la meilleure. 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Il y a un homme, mais je peux, sans me tromper d\u00e9sormais, ajouter : il y a une femme, il y a un monde tout entier qui vogue sur cet oc\u00e9an en qu\u00eate d\u2019une terre, d\u2019un rivage, d\u2019une id\u00e9e de paix. Mais si l\u2019on tend l\u2019oreille, nous n\u2019entendons rien d\u2019autre que des cris, des larmes, parce que ce sont ces cris et ces larmes qui prennent le plus d\u2019importance dans le chant de l\u2019Oc\u00e9an ; ils en constituent les ch\u0153urs qui entourent et soutiennent, tout en m\u00eame temps, une m\u00e9lodie si subtile qu\u2019il faut que tout s\u2019effondre en nous pour en prendre la mesure. Un jour de calme plat, sans vent, si l\u2019on pr\u00eate l\u2019oreille \u00e0 l\u2019indicible, on sait. On sait que la terre est toujours l\u00e0 sous l\u2019oc\u00e9an et que ces deux-l\u00e0, en profondeur, s\u2019\u00e9pousent. Que le go\u00e9land dans le ciel est leur complice. Temp\u00eates, vagues effroyables qui emportent tout sur leur chemin, ne changent rien \u00e0 la s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 conjugale. En dessous de la mort, il y a de l\u2019amour. En dessous de nos peurs, il y a du d\u00e9sir. Il y a un homme et je peux d\u00e9sormais dire, sans me tromper : il y a une femme, il y a un monde tout entier qui, jour apr\u00e8s jour, invente une id\u00e9e de paix \u00e0 partir des temp\u00eates et des murmures de la terre comme de l\u2019oc\u00e9an. Cela ne tient \u00e0 rien, ou \u00e0 pas grand-chose : un bouquet dans un vase, un sourire sans un mot, un regard clair, et parfois juste un silence, ou un silence juste. Toute une d\u00e9coction d\u2019ombres pour fabriquer la lumi\u00e8re. Et puis, bien s\u00fbr, tout recommence jour apr\u00e8s jour : l\u2019agitation et les temp\u00eates, la lune et ses mar\u00e9es, l\u2019\u00e9garement et la souffrance comme un grand feu qui br\u00fble sans rel\u00e2che et dont nul ne se souvient de qui l\u2019a allum\u00e9.<\/p>", "content_text": " Il y a un homme, mais je peux, sans me tromper d\u00e9sormais, ajouter : il y a une femme, il y a un monde tout entier qui vogue sur cet oc\u00e9an en qu\u00eate d\u2019une terre, d\u2019un rivage, d\u2019une id\u00e9e de paix. Mais si l\u2019on tend l\u2019oreille, nous n\u2019entendons rien d\u2019autre que des cris, des larmes, parce que ce sont ces cris et ces larmes qui prennent le plus d\u2019importance dans le chant de l\u2019Oc\u00e9an ; ils en constituent les ch\u0153urs qui entourent et soutiennent, tout en m\u00eame temps, une m\u00e9lodie si subtile qu\u2019il faut que tout s\u2019effondre en nous pour en prendre la mesure. Un jour de calme plat, sans vent, si l\u2019on pr\u00eate l\u2019oreille \u00e0 l\u2019indicible, on sait. On sait que la terre est toujours l\u00e0 sous l\u2019oc\u00e9an et que ces deux-l\u00e0, en profondeur, s\u2019\u00e9pousent. Que le go\u00e9land dans le ciel est leur complice. Temp\u00eates, vagues effroyables qui emportent tout sur leur chemin, ne changent rien \u00e0 la s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 conjugale. En dessous de la mort, il y a de l\u2019amour. En dessous de nos peurs, il y a du d\u00e9sir. Il y a un homme et je peux d\u00e9sormais dire, sans me tromper : il y a une femme, il y a un monde tout entier qui, jour apr\u00e8s jour, invente une id\u00e9e de paix \u00e0 partir des temp\u00eates et des murmures de la terre comme de l\u2019oc\u00e9an. Cela ne tient \u00e0 rien, ou \u00e0 pas grand-chose : un bouquet dans un vase, un sourire sans un mot, un regard clair, et parfois juste un silence, ou un silence juste. Toute une d\u00e9coction d\u2019ombres pour fabriquer la lumi\u00e8re. Et puis, bien s\u00fbr, tout recommence jour apr\u00e8s jour : l\u2019agitation et les temp\u00eates, la lune et ses mar\u00e9es, l\u2019\u00e9garement et la souffrance comme un grand feu qui br\u00fble sans rel\u00e2che et dont nul ne se souvient de qui l\u2019a allum\u00e9. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/si-j-avais-le-temps.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/si-j-avais-le-temps.html", "title": "Si j'avais le temps", "date_published": "2021-11-19T07:07:44Z", "date_modified": "2025-11-21T20:33:46Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Cet homme si d\u00e9testable, cette femme si laide, si j\u2019avais le temps je pourrais les aimer. Je me dis souvent cela et puis, bien s\u00fbr, j\u2019oublie. J\u2019ai besoin de cet oubli pour vivre ma vie telle que je l\u2019imagine. Il n\u2019y a que lorsque je suis l\u00e0, face au vide, et que j\u2019en partage l\u2019information pour que sa lumi\u00e8re \u00e9claire un peu les pans obscurs de cet oubli, que je puisse en extraire le n\u00e9cessaire \u00e0 la journ\u00e9e. Le minimum vital. Cette excuse que je me donne de ne pas avoir le temps provient surtout de mon incompr\u00e9hension du mot. Car, en fin de compte, je ne sais du temps que ce que l\u2019on m\u2019en dit. C\u2019est-\u00e0-dire des dates, des propositions pour l\u2019employer qui me viennent autant de l\u2019ext\u00e9rieur que de l\u2019int\u00e9rieur en reflet. Mais le temps m\u2019\u00e9chappe aussit\u00f4t que j\u2019essaie de m\u2019en rapprocher autrement qu\u2019ainsi. Cette notion collective, apprise du temps, m\u2019\u00e9chappe car, \u00e0 ces moments-l\u00e0 o\u00f9 je suis seul et que je traque son essence, plus rien de valable, d\u2019utile, d\u2019efficace ne tient. Je me tiens face \u00e0 cette \u00e9nigme et c\u2019est seulement lorsque je disparais soudain dans le fracas de la s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 qu\u2019elle s\u2019ouvre afin de me montrer son infini comme sa proximit\u00e9. Cette s\u00e9r\u00e9nit\u00e9, j\u2019ai appris qu\u2019il ne sert \u00e0 rien de la chercher ; il faut juste parvenir \u00e0 ce moment de justesse qui nous rend disponible \u00e0 l\u2019ouverture. J\u2019ai essay\u00e9 tout un tas de techniques, j\u2019ai lu un tas d\u2019ouvrages, j\u2019ai err\u00e9 dans de multiples voyages en qu\u00eate de la formule. J\u2019ai cherch\u00e9 des ma\u00eetres. Je n\u2019ai jamais rien trouv\u00e9 qui puisse me permettre d\u2019\u00e9laborer une d\u00e9cision qui puisse se r\u00e9p\u00e9ter pour en extraire le m\u00eame profit. Parce que justement ce qui me barrait la route \u00e9tait le profit \u00e0 en tirer. Je me disais toujours : je n\u2019ai pas le temps d\u2019attendre que la r\u00e9colte m\u00fbrisse, j\u2019\u00e9tais si press\u00e9\u2026 press\u00e9 d\u2019arriver \u00e0 un but que je ne parvenais jamais \u00e0 d\u00e9finir. Si j\u2019avais le temps, je recommencerais tout mais j\u2019ai bien peur que je ne fasse exactement les m\u00eames erreurs. Tout simplement parce qu\u2019il est impossible d\u2019avoir quelque chose que l\u2019on est d\u00e9j\u00e0. Je suis le temps, je suis aussi cette \u00e9nigme, comme j\u2019en suis la clef. Cependant, qu\u2019il faille tout oublier \u00e0 chaque fois, s\u2019effacer chaque jour un peu plus, d\u2019un pas de plus, pour laisser \u00eatre celui qui se cache toujours derri\u00e8re tous ces « je ». Car cet homme d\u00e9testable, cette femme laide, je les connais profond\u00e9ment, \u00e9videmment, depuis toujours. J\u2019ai seulement oubli\u00e9 \u00e0 quel point je les aime, et voil\u00e0 tout.<\/p>", "content_text": " Cet homme si d\u00e9testable, cette femme si laide, si j\u2019avais le temps je pourrais les aimer. Je me dis souvent cela et puis, bien s\u00fbr, j\u2019oublie. J\u2019ai besoin de cet oubli pour vivre ma vie telle que je l\u2019imagine. Il n\u2019y a que lorsque je suis l\u00e0, face au vide, et que j\u2019en partage l\u2019information pour que sa lumi\u00e8re \u00e9claire un peu les pans obscurs de cet oubli, que je puisse en extraire le n\u00e9cessaire \u00e0 la journ\u00e9e. Le minimum vital. Cette excuse que je me donne de ne pas avoir le temps provient surtout de mon incompr\u00e9hension du mot. Car, en fin de compte, je ne sais du temps que ce que l\u2019on m\u2019en dit. C\u2019est-\u00e0-dire des dates, des propositions pour l\u2019employer qui me viennent autant de l\u2019ext\u00e9rieur que de l\u2019int\u00e9rieur en reflet. Mais le temps m\u2019\u00e9chappe aussit\u00f4t que j\u2019essaie de m\u2019en rapprocher autrement qu\u2019ainsi. Cette notion collective, apprise du temps, m\u2019\u00e9chappe car, \u00e0 ces moments-l\u00e0 o\u00f9 je suis seul et que je traque son essence, plus rien de valable, d\u2019utile, d\u2019efficace ne tient. Je me tiens face \u00e0 cette \u00e9nigme et c\u2019est seulement lorsque je disparais soudain dans le fracas de la s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 qu\u2019elle s\u2019ouvre afin de me montrer son infini comme sa proximit\u00e9. Cette s\u00e9r\u00e9nit\u00e9, j\u2019ai appris qu\u2019il ne sert \u00e0 rien de la chercher ; il faut juste parvenir \u00e0 ce moment de justesse qui nous rend disponible \u00e0 l\u2019ouverture. J\u2019ai essay\u00e9 tout un tas de techniques, j\u2019ai lu un tas d\u2019ouvrages, j\u2019ai err\u00e9 dans de multiples voyages en qu\u00eate de la formule. J\u2019ai cherch\u00e9 des ma\u00eetres. Je n\u2019ai jamais rien trouv\u00e9 qui puisse me permettre d\u2019\u00e9laborer une d\u00e9cision qui puisse se r\u00e9p\u00e9ter pour en extraire le m\u00eame profit. Parce que justement ce qui me barrait la route \u00e9tait le profit \u00e0 en tirer. Je me disais toujours : je n\u2019ai pas le temps d\u2019attendre que la r\u00e9colte m\u00fbrisse, j\u2019\u00e9tais si press\u00e9\u2026 press\u00e9 d\u2019arriver \u00e0 un but que je ne parvenais jamais \u00e0 d\u00e9finir. Si j\u2019avais le temps, je recommencerais tout mais j\u2019ai bien peur que je ne fasse exactement les m\u00eames erreurs. Tout simplement parce qu\u2019il est impossible d\u2019avoir quelque chose que l\u2019on est d\u00e9j\u00e0. Je suis le temps, je suis aussi cette \u00e9nigme, comme j\u2019en suis la clef. Cependant, qu\u2019il faille tout oublier \u00e0 chaque fois, s\u2019effacer chaque jour un peu plus, d\u2019un pas de plus, pour laisser \u00eatre celui qui se cache toujours derri\u00e8re tous ces \u00ab je \u00bb. Car cet homme d\u00e9testable, cette femme laide, je les connais profond\u00e9ment, \u00e9videmment, depuis toujours. J\u2019ai seulement oubli\u00e9 \u00e0 quel point je les aime, et voil\u00e0 tout. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/par-ou-commencer-avec-la-poesie.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/par-ou-commencer-avec-la-poesie.html", "title": "Par o\u00f9 commencer avec la po\u00e9sie ?", "date_published": "2021-10-31T06:13:09Z", "date_modified": "2025-11-21T16:05:07Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Pour Y.<\/p>\n

La r\u00e9flexion d’aujourd’hui arrive suite \u00e0 un message re\u00e7u hier d’une amie. \"J’aimerais lire de la po\u00e9sie mais je ne sais pas par o\u00f9 commencer, pourrais tu me donner quelques pistes ?\"<\/p>\n

Me voici bien emb\u00eat\u00e9 car je suis bien oblig\u00e9 de me poser quelques questions sur mon approche personnelle du genre.<\/p>\n

Qu’ai je conserv\u00e9 de tout ce que j’ai pu lire des po\u00e8tes et d’abord lesquels ?<\/p>\n

Je crois que j’ai commenc\u00e9 par Pr\u00e9vert \u00e0 l’\u00e9cole avec le recueil \"Paroles\", j’aimais beaucoup et en m\u00eame temps ces textes m’effrayaient car sous l’aspect l\u00e9ger je pouvais sentir une gravit\u00e9 qui n’avait de cesse de m’\u00e9chapper dans le langage mais pas dans ce que je ressentais du monde.<\/p>\n

Ces po\u00e8mes alors \u00e9taient un peu comme une m\u00e9lodie \u00e0 laquelle je m’accrochais pour traverser les ombres, l’obscurit\u00e9 toute enti\u00e8re, ma nuit.<\/p>\n

J’en ai appris beaucoup \"par c\u0153ur\" comme on disait alors car j’ai toujours mis un point d’honneur \u00e0 r\u00e9colter de bonnes notes en r\u00e9citation. C’\u00e9tait \u00e0 peu pr\u00e8s la seule mati\u00e8re o\u00f9 d’ailleurs j’excellais si je fais un effort de m\u00e9moire. Tout le reste me semblait beaucoup plus aust\u00e8re et ennuyeux.<\/p>\n

La po\u00e9sie donc aura \u00e9t\u00e9 d’une certaine mani\u00e8re comme ces miettes de pain que le petit Poucet d\u00e9pose au fur et \u00e0 mesure qu’il s’\u00e9gare dans la for\u00eat, des envies de points de rep\u00e8re<\/em> traduire \"pas de rep\u00e8re\" sur lesquelles tr\u00e8s vite on se rend compte plus tard qu’on ne peut pas compter pour retrouver la maison. Tout au contraire il est fort possible qu’ils auront jouer le r\u00f4le inverse me concernant, c’est \u00e0 dire m’\u00e9loigner de plus en plus du familier.<\/p>\n

Et puis lorsqu’on est enfant on n’\u00e9tablit pas beaucoup de hi\u00e9rarchie, on se fiche un peu du classement des adultes dans de nombreux domaines. Evidemment c’est bien plus tardivement que j’ai compris que Rimbaud \u00e9tait une sorte de g\u00e9nie en mati\u00e8re de po\u00e9sie, tout comme Baudelaire, mais \u00e0 cette \u00e9poque ils \u00e9taient d’une certaine fa\u00e7on mes \u00e9gaux. Je n’effectuais pas plus de distinguo entre un po\u00e8te que j’aimais lire et un camarade d’\u00e9cole qui m’int\u00e9ressait par ce qu’il avait ou pas \u00e0 dire.<\/p>\n

C’\u00e9tait simple, soit j’aimais ce que je parvenais \u00e0 entendre comme rythme et sonorit\u00e9 chez les uns comme chez les autres soit je d\u00e9tectais quelque chose de proche du couac et je laissais tomber. Aussi Rimbaud a t’il eu ma pr\u00e9f\u00e9rence par rapport \u00e0 Baudelaire juste derri\u00e8re Pr\u00e9vert que j’ai longtemps conserv\u00e9 en t\u00eate de classement.<\/p>\n

Bien sur il y eut aussi Apollinaire, Jos\u00e9 Maria De Heredia, Paul Fort auxquels j’ai accord\u00e9 un peu d’attention car ils \u00e9taient au programme des classes primaires.<\/p>\n

Mais le choc fut lorsque j’ai \u00e9cout\u00e9 pour la premi\u00e8re fois Georges Brassens. Tr\u00e8s vite les livres de po\u00e9sie m’ont paru pauvres \u00e0 cot\u00e9 de ce que pouvais m’apporter le mange disque ou la platine st\u00e9r\u00e9o.<\/p>\n

Brassens, puis un peu Brel, et enfin \u00e0 l’adolescence les r\u00f4les se seront invers\u00e9s, Brel en t\u00eate, Brassens en second. Brel pour la mani\u00e8re de r\u00e9citer m’impressionnait \u00e9norm\u00e9ment alors que Brassens qui suait \u00e0 grosses gouttes me procurait une g\u00e8ne un malaise lorsque je le voyais sur le petit \u00e9cran. Il n’avait pas l’air bien \u00e0 l’aise, comme s’il n’\u00e9tait pas \u00e0 sa place.<\/p>\n

Pourtant les textes de Brassens m’auront toujours bien plus fait r\u00e9fl\u00e9chir que ceux de Brel. Brel c’\u00e9tait d’une certaine fa\u00e7on de l’esbrouffe, de la s\u00e9duction, Brel d\u00e9clenchait la passion que j’interpr\u00e9tais \u00e0 ma fa\u00e7on comme de la fiction alors que Brassens me sugg\u00e9rait de graves et perturbantes v\u00e9rit\u00e9s sur l’esp\u00e8ce humaine.<\/p>\n

C’est donc une premi\u00e8re approche tout \u00e0 fait personnelle de ce qu’on appelle la chose po\u00e9tique <\/em>et qui me sera apport\u00e9 par l’\u00e9ducation, la culture, l’\u00e9cole, et la famille.<\/p>\n

Mon arri\u00e8re grand-p\u00e8re, Charles Brunet poss\u00e9dait une collection de livres impressionnante parmi lesquels Victor Hugo remportait le pompon. J’arrivais \u00e0 peine \u00e0 les soulever tant ils \u00e9taient lourds avec leurs \u00e9paisses reliures de cuir. Ils n’\u00e9taient pas non plus pratiques \u00e0 lire et surtout jamais au lit. Car c’est au lit que j’ai pass\u00e9 une grande partie de ma vie enfantine, une fois l’extinction des feux annonc\u00e9e par ma m\u00e8re. J’allumais ma lampe de poche et me confectionnant une sorte de tipi avec un polochon je pouvais lire tout mon saoul en cachette des illustr\u00e9s, des livres de poche, mais jamais ces gros in quarto.<\/p>\n

La po\u00e9sie c’est un peu comme un foyer dont on ne cesse de s’\u00e9loigner que pour mieux y revenir. Un laboratoire o\u00f9 l’on observe comment l’espoir se meut en d\u00e9ception, en col\u00e8re, puis dans ce sentiment \u00e9trange qui semble \u00eatre le diapason correct n\u00e9cessaire \u00e0 l’accordage.<\/p>\n

En terminale j’ai lu lettre \u00e0 un jeune po\u00e8te<\/em> de Rilke et j’ai cru tout comprendre et m’ennuyer. Ce qui \u00e9videmment \u00e9tait pr\u00e9tentieux comme on l’est \u00e0 16 ou 17 ans. Le fait est que je n’ai jamais relu Rilke tant son discours \u00e0 cette \u00e9poque avait mis en relief mon inaptitude \u00e0 \u00e9crire. Je n’avais rien pour arriver \u00e0 aligner deux lignes po\u00e9tiques. D’ailleurs je ne comprenais pas du tout ce qu’\u00e9tait la po\u00e9sie, je ne le comprends pas plus aujourd’hui. Je veux dire que je me garderais bien de faire un discours sur le sujet.<\/p>\n

Je n’ai pas grand chose d’autre que des impressions dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres d’ailleurs et je ne peux que deviner que tout ce qui m’est cher en particulier peinera \u00e0 toucher le g\u00e9n\u00e9ral.<\/p>\n

Ces impressions po\u00e9tiques me viennent aussi de cette enfance pass\u00e9e dans le bourbonnais, de la solitude pesante comme une chape de plomb m\u00e9lang\u00e9e d’une formidable dose d’ennui, de d\u00e9s\u0153uvrement dans les moments o\u00f9 je pouvais m’enfuir pour \u00e9chapper \u00e0 l’interminable liste de corv\u00e9es que mon p\u00e8re m’\u00e9non\u00e7ait en d\u00e9but de semaine.<\/p>\n

J’ai cette image de ressort que l’on compresse durant 5 ou 6 jours puis qui soudain se d\u00e9tend et qui fait jaillir le spectre de l’ennui d’un champs de luzerne, du bleu des collines et du ciel. L’ennui et certainement quelque chose d’autre dans laquelle se dissimule la po\u00e9sie.<\/p>\n

A ces moments de libert\u00e9 je ne pensais pas \u00e0 autre chose qu’\u00e0 courir vers la foret pour m’y enfouir la plupart du temps. J’enla\u00e7ais un arbre et je restais comme \u00e7a pour me recharger en courage et en esp\u00e9rances folles.<\/p>\n

Qui a dit que la po\u00e9sie ne se trouve que dans les livres ? Ce sentiment d’\u00e9tranget\u00e9 \u00e0 condition qu’on ait le temps pour y porter une attention, on peut bien le retrouver partout, et souvent dans le menu bien plus que dans le sensationnel. C’est cette partie de soi silencieuse, r\u00e9tive \u00e0 la fois \u00e0 la pens\u00e9e et aux \u00e9motions faciles qui peut l’accueillir dans une sorte d’\u00e9cho de profondeur \u00e0 la profondeur ou du l\u00e9ger \u00e0 la l\u00e9g\u00e8ret\u00e9.<\/p>\n

Cependant que c’est une autre chose que d’\u00e9prouver cette sensation d’\u00e9tranget\u00e9 et de vouloir se m\u00ealer de la mettre en mots. Car \u00e0 vouloir la capturer ainsi les phrases, les mots ne font qu’encercler du vide. Elle s’\u00e9chappe en rep\u00e9rant illico la mauvaise intention.<\/p>\n

Lire de la po\u00e9sie cela demande du temps sans doute mais pas \u00e0 lire. Du temps \u00e0 vivre avant tout pour se retrouver la chair bien \u00e0 nue et le c\u0153ur d\u00e9barrass\u00e9 de sa patine en toc.<\/p>\n

Parce qu’on peut se leurrer \u00e0 lire de la po\u00e9sie en \u00e9tant vierge de tout, je veux dire si \u00e9videmment on la lit par int\u00e9r\u00eat, pour tromper ou se tromper de but.<\/p>\n

Il n’y a aucun but \u00e0 lire de la po\u00e9sie, comme il n’y a aucun but \u00e0 l’aimer. C’est ce qui est parfois difficile d’admettre dans une \u00e9poque o\u00f9 tout semble orient\u00e9 vers une finalit\u00e9.<\/p>\n

Il n’y a pas de finalit\u00e9 autre que celle de vivre si je pousse plus loin le raisonnement. C’est sans finalit\u00e9 que na\u00eet la po\u00e9sie lorsque tous les buts se sont \u00e9vanouis, lorsque l’\u00eatre s’extirpe de l’avoir.<\/p>\n

Ferais je une liste de tous les po\u00e8tes que j’ai aim\u00e9s ? \u00e0 quoi cela servirait-il du reste puisque les fronti\u00e8res sont parfois floues entre po\u00e9sie et prose toujours en ce qui me concerne.<\/p>\n

Je pourrais dire qu’un des plus grands po\u00e8tes que j’admire aujourd’hui est Raymond Carver par exemple tant il produit d’effets d’effondrement, de vertige, dans la plus banale de ses nouvelles. Je peux dire que Pessoa m’a tenu en haleine jusqu’\u00e0 la trentaine environ avant que l’admiration ne se m\u00e9tamorphose en compassion, puis au final comme il se doit en une indiff\u00e9rence vitale pour me d\u00e9gager totalement de son attraction morbide.<\/p>\n

Pourquoi est ce qu’on lit de la po\u00e9sie, il faut garder la question vive. Si c’est juste pour pouvoir placer une r\u00e9f\u00e9rence entre une poire et un bout de fromage dans un repas mondain \u00e7a ne vaut vraiment pas la peine. Car \u00e7a demande un peu de peine si on veut s’\u00e9lever au dessus du superficiel ce serait ballot d’y revenir par un biais.<\/p>\n

La po\u00e9sie c’est vrai \u00e7a console quand tout va mal mais \u00e7a ne vaut jamais autant qu’un bon coup de pied au cul pour continuer d’avancer dans la vie.<\/p>\n

C’est \u00e0 peu pr\u00e8s cela que je me suis dit entre 30 et 40 ans en pr\u00e9textant avoir un tas d’autres choses plus importantes \u00e0 faire.<\/p>\n

Comme je disais on y revient, on finit toujours par y revenir, avec un autre c\u0153ur, avec un autre regard, est ce que ce seront les bons ? par contre, on ne le sait pas, \u00e7a change tout le temps.<\/p>\n

Par quoi commencer avec la po\u00e9sie ? Aujourd’hui je dirais aussi en se souvenant, en revisitant tous les moments o\u00f9 le banal l’emporte sur l’extraordinaire. toutes ces rencontres tous ces moments d\u00e9laiss\u00e9s parce qu’on imaginait qu’il y avait autre chose \u00e0 dire \u00e0 faire au lieu d’\u00eatre l\u00e0 tout simplement.<\/p>\n

La po\u00e9sie c’est se souvenir d’\u00eatre l\u00e0, sans s’attarder de trop \u00e0 y rester.<\/p>", "content_text": "Pour Y.\n\nLa r\u00e9flexion d'aujourd'hui arrive suite \u00e0 un message re\u00e7u hier d'une amie. \"J'aimerais lire de la po\u00e9sie mais je ne sais pas par o\u00f9 commencer, pourrais tu me donner quelques pistes ?\" \n\nMe voici bien emb\u00eat\u00e9 car je suis bien oblig\u00e9 de me poser quelques questions sur mon approche personnelle du genre.\n\nQu'ai je conserv\u00e9 de tout ce que j'ai pu lire des po\u00e8tes et d'abord lesquels ?\n\nJe crois que j'ai commenc\u00e9 par Pr\u00e9vert \u00e0 l'\u00e9cole avec le recueil \"Paroles\", j'aimais beaucoup et en m\u00eame temps ces textes m'effrayaient car sous l'aspect l\u00e9ger je pouvais sentir une gravit\u00e9 qui n'avait de cesse de m'\u00e9chapper dans le langage mais pas dans ce que je ressentais du monde. \n\nCes po\u00e8mes alors \u00e9taient un peu comme une m\u00e9lodie \u00e0 laquelle je m'accrochais pour traverser les ombres, l'obscurit\u00e9 toute enti\u00e8re, ma nuit. \n\nJ'en ai appris beaucoup \"par c\u0153ur\" comme on disait alors car j'ai toujours mis un point d'honneur \u00e0 r\u00e9colter de bonnes notes en r\u00e9citation. C'\u00e9tait \u00e0 peu pr\u00e8s la seule mati\u00e8re o\u00f9 d'ailleurs j'excellais si je fais un effort de m\u00e9moire. Tout le reste me semblait beaucoup plus aust\u00e8re et ennuyeux.\n\nLa po\u00e9sie donc aura \u00e9t\u00e9 d'une certaine mani\u00e8re comme ces miettes de pain que le petit Poucet d\u00e9pose au fur et \u00e0 mesure qu'il s'\u00e9gare dans la for\u00eat, des envies de points de rep\u00e8re traduire \"pas de rep\u00e8re\" sur lesquelles tr\u00e8s vite on se rend compte plus tard qu'on ne peut pas compter pour retrouver la maison. Tout au contraire il est fort possible qu'ils auront jouer le r\u00f4le inverse me concernant, c'est \u00e0 dire m'\u00e9loigner de plus en plus du familier.\n\nEt puis lorsqu'on est enfant on n'\u00e9tablit pas beaucoup de hi\u00e9rarchie, on se fiche un peu du classement des adultes dans de nombreux domaines. Evidemment c'est bien plus tardivement que j'ai compris que Rimbaud \u00e9tait une sorte de g\u00e9nie en mati\u00e8re de po\u00e9sie, tout comme Baudelaire, mais \u00e0 cette \u00e9poque ils \u00e9taient d'une certaine fa\u00e7on mes \u00e9gaux. Je n'effectuais pas plus de distinguo entre un po\u00e8te que j'aimais lire et un camarade d'\u00e9cole qui m'int\u00e9ressait par ce qu'il avait ou pas \u00e0 dire.\n\nC'\u00e9tait simple, soit j'aimais ce que je parvenais \u00e0 entendre comme rythme et sonorit\u00e9 chez les uns comme chez les autres soit je d\u00e9tectais quelque chose de proche du couac et je laissais tomber. Aussi Rimbaud a t'il eu ma pr\u00e9f\u00e9rence par rapport \u00e0 Baudelaire juste derri\u00e8re Pr\u00e9vert que j'ai longtemps conserv\u00e9 en t\u00eate de classement.\n\nBien sur il y eut aussi Apollinaire, Jos\u00e9 Maria De Heredia, Paul Fort auxquels j'ai accord\u00e9 un peu d'attention car ils \u00e9taient au programme des classes primaires.\n\nMais le choc fut lorsque j'ai \u00e9cout\u00e9 pour la premi\u00e8re fois Georges Brassens. Tr\u00e8s vite les livres de po\u00e9sie m'ont paru pauvres \u00e0 cot\u00e9 de ce que pouvais m'apporter le mange disque ou la platine st\u00e9r\u00e9o.\n\nBrassens, puis un peu Brel, et enfin \u00e0 l'adolescence les r\u00f4les se seront invers\u00e9s, Brel en t\u00eate, Brassens en second. Brel pour la mani\u00e8re de r\u00e9citer m'impressionnait \u00e9norm\u00e9ment alors que Brassens qui suait \u00e0 grosses gouttes me procurait une g\u00e8ne un malaise lorsque je le voyais sur le petit \u00e9cran. Il n'avait pas l'air bien \u00e0 l'aise, comme s'il n'\u00e9tait pas \u00e0 sa place. \n\nPourtant les textes de Brassens m'auront toujours bien plus fait r\u00e9fl\u00e9chir que ceux de Brel. Brel c'\u00e9tait d'une certaine fa\u00e7on de l'esbrouffe, de la s\u00e9duction, Brel d\u00e9clenchait la passion que j'interpr\u00e9tais \u00e0 ma fa\u00e7on comme de la fiction alors que Brassens me sugg\u00e9rait de graves et perturbantes v\u00e9rit\u00e9s sur l'esp\u00e8ce humaine.\n\nC'est donc une premi\u00e8re approche tout \u00e0 fait personnelle de ce qu'on appelle la chose po\u00e9tique et qui me sera apport\u00e9 par l'\u00e9ducation, la culture, l'\u00e9cole, et la famille.\n\nMon arri\u00e8re grand-p\u00e8re, Charles Brunet poss\u00e9dait une collection de livres impressionnante parmi lesquels Victor Hugo remportait le pompon. J'arrivais \u00e0 peine \u00e0 les soulever tant ils \u00e9taient lourds avec leurs \u00e9paisses reliures de cuir. Ils n'\u00e9taient pas non plus pratiques \u00e0 lire et surtout jamais au lit. Car c'est au lit que j'ai pass\u00e9 une grande partie de ma vie enfantine, une fois l'extinction des feux annonc\u00e9e par ma m\u00e8re. J'allumais ma lampe de poche et me confectionnant une sorte de tipi avec un polochon je pouvais lire tout mon saoul en cachette des illustr\u00e9s, des livres de poche, mais jamais ces gros in quarto.\n\nLa po\u00e9sie c'est un peu comme un foyer dont on ne cesse de s'\u00e9loigner que pour mieux y revenir. Un laboratoire o\u00f9 l'on observe comment l'espoir se meut en d\u00e9ception, en col\u00e8re, puis dans ce sentiment \u00e9trange qui semble \u00eatre le diapason correct n\u00e9cessaire \u00e0 l'accordage.\n\nEn terminale j'ai lu lettre \u00e0 un jeune po\u00e8te de Rilke et j'ai cru tout comprendre et m'ennuyer. Ce qui \u00e9videmment \u00e9tait pr\u00e9tentieux comme on l'est \u00e0 16 ou 17 ans. Le fait est que je n'ai jamais relu Rilke tant son discours \u00e0 cette \u00e9poque avait mis en relief mon inaptitude \u00e0 \u00e9crire. Je n'avais rien pour arriver \u00e0 aligner deux lignes po\u00e9tiques. D'ailleurs je ne comprenais pas du tout ce qu'\u00e9tait la po\u00e9sie, je ne le comprends pas plus aujourd'hui. Je veux dire que je me garderais bien de faire un discours sur le sujet.\n\nJe n'ai pas grand chose d'autre que des impressions dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres d'ailleurs et je ne peux que deviner que tout ce qui m'est cher en particulier peinera \u00e0 toucher le g\u00e9n\u00e9ral.\n\nCes impressions po\u00e9tiques me viennent aussi de cette enfance pass\u00e9e dans le bourbonnais, de la solitude pesante comme une chape de plomb m\u00e9lang\u00e9e d'une formidable dose d'ennui, de d\u00e9s\u0153uvrement dans les moments o\u00f9 je pouvais m'enfuir pour \u00e9chapper \u00e0 l'interminable liste de corv\u00e9es que mon p\u00e8re m'\u00e9non\u00e7ait en d\u00e9but de semaine.\n\nJ'ai cette image de ressort que l'on compresse durant 5 ou 6 jours puis qui soudain se d\u00e9tend et qui fait jaillir le spectre de l'ennui d'un champs de luzerne, du bleu des collines et du ciel. L'ennui et certainement quelque chose d'autre dans laquelle se dissimule la po\u00e9sie.\n\nA ces moments de libert\u00e9 je ne pensais pas \u00e0 autre chose qu'\u00e0 courir vers la foret pour m'y enfouir la plupart du temps. J'enla\u00e7ais un arbre et je restais comme \u00e7a pour me recharger en courage et en esp\u00e9rances folles.\n\nQui a dit que la po\u00e9sie ne se trouve que dans les livres ? Ce sentiment d'\u00e9tranget\u00e9 \u00e0 condition qu'on ait le temps pour y porter une attention, on peut bien le retrouver partout, et souvent dans le menu bien plus que dans le sensationnel. C'est cette partie de soi silencieuse, r\u00e9tive \u00e0 la fois \u00e0 la pens\u00e9e et aux \u00e9motions faciles qui peut l'accueillir dans une sorte d'\u00e9cho de profondeur \u00e0 la profondeur ou du l\u00e9ger \u00e0 la l\u00e9g\u00e8ret\u00e9. \n\nCependant que c'est une autre chose que d'\u00e9prouver cette sensation d'\u00e9tranget\u00e9 et de vouloir se m\u00ealer de la mettre en mots. Car \u00e0 vouloir la capturer ainsi les phrases, les mots ne font qu'encercler du vide. Elle s'\u00e9chappe en rep\u00e9rant illico la mauvaise intention.\n\nLire de la po\u00e9sie cela demande du temps sans doute mais pas \u00e0 lire. Du temps \u00e0 vivre avant tout pour se retrouver la chair bien \u00e0 nue et le c\u0153ur d\u00e9barrass\u00e9 de sa patine en toc.\n\nParce qu'on peut se leurrer \u00e0 lire de la po\u00e9sie en \u00e9tant vierge de tout, je veux dire si \u00e9videmment on la lit par int\u00e9r\u00eat, pour tromper ou se tromper de but.\n\nIl n'y a aucun but \u00e0 lire de la po\u00e9sie, comme il n'y a aucun but \u00e0 l'aimer. C'est ce qui est parfois difficile d'admettre dans une \u00e9poque o\u00f9 tout semble orient\u00e9 vers une finalit\u00e9.\n\nIl n'y a pas de finalit\u00e9 autre que celle de vivre si je pousse plus loin le raisonnement. C'est sans finalit\u00e9 que na\u00eet la po\u00e9sie lorsque tous les buts se sont \u00e9vanouis, lorsque l'\u00eatre s'extirpe de l'avoir.\n\nFerais je une liste de tous les po\u00e8tes que j'ai aim\u00e9s ? \u00e0 quoi cela servirait-il du reste puisque les fronti\u00e8res sont parfois floues entre po\u00e9sie et prose toujours en ce qui me concerne.\n\nJe pourrais dire qu'un des plus grands po\u00e8tes que j'admire aujourd'hui est Raymond Carver par exemple tant il produit d'effets d'effondrement, de vertige, dans la plus banale de ses nouvelles. Je peux dire que Pessoa m'a tenu en haleine jusqu'\u00e0 la trentaine environ avant que l'admiration ne se m\u00e9tamorphose en compassion, puis au final comme il se doit en une indiff\u00e9rence vitale pour me d\u00e9gager totalement de son attraction morbide.\n\nPourquoi est ce qu'on lit de la po\u00e9sie, il faut garder la question vive. Si c'est juste pour pouvoir placer une r\u00e9f\u00e9rence entre une poire et un bout de fromage dans un repas mondain \u00e7a ne vaut vraiment pas la peine. Car \u00e7a demande un peu de peine si on veut s'\u00e9lever au dessus du superficiel ce serait ballot d'y revenir par un biais.\n\nLa po\u00e9sie c'est vrai \u00e7a console quand tout va mal mais \u00e7a ne vaut jamais autant qu'un bon coup de pied au cul pour continuer d'avancer dans la vie.\n\nC'est \u00e0 peu pr\u00e8s cela que je me suis dit entre 30 et 40 ans en pr\u00e9textant avoir un tas d'autres choses plus importantes \u00e0 faire.\n\nComme je disais on y revient, on finit toujours par y revenir, avec un autre c\u0153ur, avec un autre regard, est ce que ce seront les bons ? par contre, on ne le sait pas, \u00e7a change tout le temps.\n\nPar quoi commencer avec la po\u00e9sie ? Aujourd'hui je dirais aussi en se souvenant, en revisitant tous les moments o\u00f9 le banal l'emporte sur l'extraordinaire. toutes ces rencontres tous ces moments d\u00e9laiss\u00e9s parce qu'on imaginait qu'il y avait autre chose \u00e0 dire \u00e0 faire au lieu d'\u00eatre l\u00e0 tout simplement.\n\nLa po\u00e9sie c'est se souvenir d'\u00eatre l\u00e0, sans s'attarder de trop \u00e0 y rester.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/un-rien-parmi-d-autres.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/un-rien-parmi-d-autres.html", "title": "Un rien parmi d'autres.", "date_published": "2021-10-17T04:13:12Z", "date_modified": "2025-11-21T15:03:14Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Si je me perd au beau milieu de ce d\u00e9sert c’est que je le veux.<\/p>\n

quelque chose en moi le veut.<\/p>\n

Quelque chose qui veut se reconnaitre et qui n’a pas grand chose \u00e0 voir avec moi.<\/p>\n

Mais m\u00eame de \u00e7a je m’en fous.<\/p>\n

nul n’a de pouvoir sur le rien.<\/p>\n

Si je me perd au beau milieu de ce d\u00e9sert je n’ai qu’\u00e0 tout oublier pour trouver l’eau.<\/p>\n

Et tout le sable qui remplit ma bouche<\/p>\n

Et tout mon silence n’y changera rien.<\/p>", "content_text": "Si je me perd au beau milieu de ce d\u00e9sert c'est que je le veux.\n\nquelque chose en moi le veut.\n\nQuelque chose qui veut se reconnaitre et qui n'a pas grand chose \u00e0 voir avec moi.\n\nMais m\u00eame de \u00e7a je m'en fous.\n\nnul n'a de pouvoir sur le rien.\n\nSi je me perd au beau milieu de ce d\u00e9sert je n'ai qu'\u00e0 tout oublier pour trouver l'eau.\n\nEt tout le sable qui remplit ma bouche\n\nEt tout mon silence n'y changera rien.", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/unusta-thule.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/unusta-thule.html", "title": "Unusta Thule", "date_published": "2021-09-26T11:34:21Z", "date_modified": "2025-11-19T08:28:55Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

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Diptyque 80x80cm x2 huile sur toile<\/p>\n