{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ecriture-et-dependance.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ecriture-et-dependance.html", "title": "\u00c9criture et d\u00e9pendance", "date_published": "2023-04-05T04:50:54Z", "date_modified": "2025-11-14T23:10:25Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
La dive bouteille de Rabelais.<\/p>\n
Re\u00e7u hier un e-mail bizarre, mais qu’est-ce qui ne l’est pas dans ces mondes virtuels. Le compagnon d’une abonn\u00e9e me demandant fort poliment d’ailleurs de bien vouloir faire le n\u00e9cessaire pour qu’elle ne re\u00e7oive plus mes billets dans sa bo\u00eete \u00e0 lettres. Elle n’irait pas tr\u00e8s bien, et toute source d’excitation devant \u00eatre \u00e9vit\u00e9e. notamment tout ce qui touche aux ateliers d’\u00e9criture, l’en pr\u00e9server.<\/p>\n
Du coup cela me fait r\u00e9fl\u00e9chir ce matin sur les d\u00e9pendances, car on peut tout autant \u00e9voquer celles-ci pour la plupart des activit\u00e9s produites en \u00e9tat de transe, et dont le but premier serait l’\u00e9vasion dans une satisfaction rapide, souvent d\u00e9solante.<\/p>\n
personnellement je serais assez tent\u00e9 de placer l’\u00e9criture au meme degr\u00e9 que l’alcool, le tabac, la masturbation, la pratique compulsive du sexe, celle-ci valant tout autant que la marche effr\u00e9n\u00e9e sans oublier la lecture. Pour avoir pratiqu\u00e9 le plus assid\u00fbment tout cela jusqu’au d\u00e9go\u00fbt de soi et des autres il me semble honn\u00eate de d\u00e9clarer que je suis parmi tous les hommes l’un des plus \u00e0 m\u00eame d’en parler sans passion excessive, d’une fa\u00e7on mesur\u00e9e.<\/p>\n
Maintenant si c’est une chose de comprendre la d\u00e9pendance, c’est autre chose d’en faire quelque chose d’utile.<\/p>\n
Le terme d\u00e9pendance indique qu’on perd le discernement en m\u00eame temps qu’une id\u00e9e de libert\u00e9. Mais de quel discernement, de quelle libert\u00e9 est-il question. Il me semble qu’on entre en d\u00e9pendance comme jadis les chevaliers de la table ronde entraient dans une qu\u00eate du Graal. C’est une initiation ni plus ni moins.<\/p>\n
Sur la route on y rencontrera autant de sorciers, de mages, de dragons que dans les vieux contes ; le happy-end n’est pas si souvent happy que \u00e7a il vaut mieux le savoir ; on y perd beaucoup plus qu’on y gagne selon les crit\u00e8res du si\u00e8cle en mati\u00e8re de gain et de perte \u00e9videmment.<\/p>\n
car sous l’id\u00e9e de toute d\u00e9pendance se dissimule un combat in\u00e9gal la plupart du temps, \u00e0 proportion de l’orgueil, de l’obstination de celle ou celui qui s’y engage puis s’y livre corps et \u00e2me. Il faut parfois aller jusqu’\u00e0 l’\u00e2me pour bien comprendre, pour sentir toute l’ineptie qui fonde cette qu\u00eate absurde, vue de l’ext\u00e9rieur.<\/p>\n
Cette d\u00e9pendance n’est qu’un instrument, un v\u00e9hicule destin\u00e9 \u00e0 conduire vers l’espoir d’\u00e9puisement du d\u00e9sir autant que celui-ci est perp\u00e9tuellement insatisfait, et de plus, approcherait-on ne serait-ce qu’un peu de la peur d’\u00eatre satisfait, que l’on s’en d\u00e9tournerait aussit\u00f4t en s’engouffrant, par la r\u00e9p\u00e9tition d’un processus , repris quasi syst\u00e9matiquement depuis sa propre origine, c’est \u00e0 dire par la r\u00e9installation des \u00e9l\u00e9ments d’un rituel. C’est \u00e0 dire aussi par une n\u00e9gation du temps profane. s’imposer en douce un temps sacr\u00e9. Encore que sacr\u00e9 et profane sont des termes ronflants d\u00e9sormais, mais j’imagine que ce sont les plus proches de l’id\u00e9e que je d\u00e9sire d\u00e9velopper.<\/p>\n
Ce n’est sans doute ni l’\u00e9criture, ni les livres, pas plus que la bouteille, le tabac, le phallus ou la vulve les responsables des d\u00e9pendances dans lesquelles on s’engage, mais simplement cette volont\u00e9 de s’engager quand toute autre volont\u00e9 nous aura abandonn\u00e9. De s’engager dans l’inconnu par fatigue de ce que l’on croit toujours conna\u00eetre ou re conna\u00eetre et dont la meilleure d\u00e9finition s’approche de celle de l’ennui.<\/p>\n
La d\u00e9pendance et l’ennui, cr\u00e9es par la pr\u00e9tention, l’orgueil, en tant que maladies, nous auront entra\u00een\u00e9 \u00e0 circonscrire le monde ou la r\u00e9alit\u00e9 dans une collection d’objets de d\u00e9sirs dont il ne reste plus que ruines.<\/p>\n
A ce titre la ruine symbolise n\u00e9anmoins une pr\u00e9sence ind\u00e9finissable. L’ind\u00e9finissable surgit de fa\u00e7on propice au moment m\u00eame o\u00f9 la ruine devient \u00e9vidente, ou l’absence se retrouve soudain en pleine lumi\u00e8re d\u00e9pourvue d’\u00e9crin.<\/p>\n
\u00c9puiser la d\u00e9pendance, \u00e9puiser la manie, \u00e9puiser l’obsession, la pr\u00e9tention, l’orgueil, l’ineptie, la b\u00eatise, n’est donc pas si fou que cela puisse para\u00eetre de prime abord. C’est fastidieux, c’est surtout en cela que beaucoup y renonceront. C’est \u00e0 dire que pour chasser un type d’ennui il faudra le remplacer par de nombreux autres jusqu’au moment o\u00f9 l’on comprendra que tous les ennuis n’ont qu’une seule et m\u00eame source, un d\u00e9sir insatiable dont on ne peut tirer aucun plaisir v\u00e9ritable- au sens bien s\u00fbr du mot plaisir de l’\u00e9poque et qui se confond avec jouissance et, avec cette torsion \u00e9videmment, que sont l’int\u00e9r\u00eat et le profit.<\/p>\n
La d\u00e9pendance en fin de course n’est-elle pas contre toute attente un acte de r\u00e9sistance in\u00e9dit. Toute une geste au sens de ces vieux r\u00e9cits d’autrefois qui lutte contre une d\u00e9finition obsol\u00e8te du plaisir -Le fameux dragon- li\u00e9e \u00e0 l’hypocrisie de nos soci\u00e9t\u00e9s d\u00e9shumanis\u00e9es.<\/p>\n
Je fais semblant de me le demander.<\/p>", "content_text": "La dive bouteille de Rabelais.\n\nRe\u00e7u hier un e-mail bizarre, mais qu'est-ce qui ne l'est pas dans ces mondes virtuels. Le compagnon d'une abonn\u00e9e me demandant fort poliment d'ailleurs de bien vouloir faire le n\u00e9cessaire pour qu'elle ne re\u00e7oive plus mes billets dans sa bo\u00eete \u00e0 lettres. 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Pour avoir pratiqu\u00e9 le plus assid\u00fbment tout cela jusqu'au d\u00e9go\u00fbt de soi et des autres il me semble honn\u00eate de d\u00e9clarer que je suis parmi tous les hommes l'un des plus \u00e0 m\u00eame d'en parler sans passion excessive, d'une fa\u00e7on mesur\u00e9e. \n\nMaintenant si c'est une chose de comprendre la d\u00e9pendance, c'est autre chose d'en faire quelque chose d'utile. \n\nLe terme d\u00e9pendance indique qu'on perd le discernement en m\u00eame temps qu'une id\u00e9e de libert\u00e9. Mais de quel discernement, de quelle libert\u00e9 est-il question. Il me semble qu'on entre en d\u00e9pendance comme jadis les chevaliers de la table ronde entraient dans une qu\u00eate du Graal. C'est une initiation ni plus ni moins. \n\nSur la route on y rencontrera autant de sorciers, de mages, de dragons que dans les vieux contes; le happy-end n'est pas si souvent happy que \u00e7a il vaut mieux le savoir; on y perd beaucoup plus qu'on y gagne selon les crit\u00e8res du si\u00e8cle en mati\u00e8re de gain et de perte \u00e9videmment.\n\ncar sous l'id\u00e9e de toute d\u00e9pendance se dissimule un combat in\u00e9gal la plupart du temps, \u00e0 proportion de l'orgueil, de l'obstination de celle ou celui qui s'y engage puis s'y livre corps et \u00e2me. 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Encore que sacr\u00e9 et profane sont des termes ronflants d\u00e9sormais, mais j'imagine que ce sont les plus proches de l'id\u00e9e que je d\u00e9sire d\u00e9velopper. \n\nCe n'est sans doute ni l'\u00e9criture, ni les livres, pas plus que la bouteille, le tabac, le phallus ou la vulve les responsables des d\u00e9pendances dans lesquelles on s'engage, mais simplement cette volont\u00e9 de s'engager quand toute autre volont\u00e9 nous aura abandonn\u00e9. De s'engager dans l'inconnu par fatigue de ce que l'on croit toujours conna\u00eetre ou re conna\u00eetre et dont la meilleure d\u00e9finition s'approche de celle de l'ennui.\n\nLa d\u00e9pendance et l'ennui, cr\u00e9es par la pr\u00e9tention, l'orgueil, en tant que maladies, nous auront entra\u00een\u00e9 \u00e0 circonscrire le monde ou la r\u00e9alit\u00e9 dans une collection d'objets de d\u00e9sirs dont il ne reste plus que ruines.\n\nA ce titre la ruine symbolise n\u00e9anmoins une pr\u00e9sence ind\u00e9finissable. 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Je m\u2019aper\u00e7ois que je lis de plus en plus de po\u00e9sie depuis que j\u2019ai cr\u00e9\u00e9 ce blogue WordPress. Je ne vais pas citer les noms, car beaucoup ont du talent. Enfin pas maintenant, pas aujourd\u2019hui, parce que j\u2019essaie de ne pas perdre le fil de ce que je veux dire. Je voulais juste dire qu\u2019on apprend beaucoup sur la peinture en lisant de la po\u00e9sie. On sent tout de suite ce qui sonne juste et, h\u00e9las, parfois aussi les petits couacs. Encore que le couac peut \u00eatre \u00e9minemment po\u00e9tique s\u2019il est plac\u00e9 au bon moment, au bon endroit\u2026 exactement comme une touche de jaune ou de rouge vif ! Il y a, dans tout ce que je lis, plusieurs cat\u00e9gories que j\u2019affectionne. La premi\u00e8re est la po\u00e9sie \u00e9crite avec les mots les plus simples. Une po\u00e9sie qu\u2019un enfant pourrait lire et comprendre. La seconde, mais qui peut se confondre avec la premi\u00e8re, est la po\u00e9sie \u00e0 trous\u2026 je marche et, soudain, slurp, mon pied s\u2019enfonce, puis le corps tout entier : c\u2019est un trou. Ce n\u2019est pas du tout d\u00e9sagr\u00e9able\u2026 il faut accepter le trou comme la d\u00e9couverte d\u2019une vuln\u00e9rabilit\u00e9 in\u00e9dite. Une troisi\u00e8me ? Les oracles et Sibylles, l\u00e0 o\u00f9 je sais imm\u00e9diatement qu\u2019il n\u2019y a rien \u00e0 comprendre, mais se laisser porter par le sens sonore des mots, souvent bien plus efficaces, les fulgurances. De Sta\u00ebl disait qu\u2019il y avait deux sortes de fulgurances en peinture : celle de l\u2019autorit\u00e9 et celle de l\u2019h\u00e9sitation\u2026 je suis tout \u00e0 fait d\u2019accord, et \u00e7a vaut pour la po\u00e9sie \u00e9galement. En lisant de la po\u00e9sie, j\u2019ai le sentiment parfois aussi de m\u2019am\u00e9liorer en maths, ce qui est une cons\u00e9quence inou\u00efe vu mon \u00e9paisseur dans le domaine. Transmettre une sensation avec peu de choses, presque rien, c\u2019est d\u2019une \u00e9l\u00e9gance\u2026 celle qui m\u2019\u00e9chappe, \u00e9videmment ! Tout comme mes crises de sobri\u00e9t\u00e9 en peinture, en g\u00e9n\u00e9ral, finissent mal. C\u2019est juste une note en passant : j\u2019ai voyag\u00e9 depuis t\u00f4t le matin pour aller d\u00e9crocher mon expo dans le Jura\u2026 donc je n\u2019ai pas vraiment eu ma dose de mots. Et puis ce n\u2019est pas mon heure non plus ; en fait, c\u2019est une dr\u00f4le de journ\u00e9e, un voyage blanc. Pourtant, je suis persuad\u00e9 que j\u2019ai regard\u00e9 le paysage, le poids du blanc, avec une acuit\u00e9 et une vacuit\u00e9 r\u00e9unies, et ceci est certainement le fruit de mes lectures po\u00e9tiques. Emmitoufl\u00e9 de po\u00e9sie : un beau voyage !<\/p>", "content_text": "Je m\u2019aper\u00e7ois que je lis de plus en plus de po\u00e9sie depuis que j\u2019ai cr\u00e9\u00e9 ce blogue WordPress. Je ne vais pas citer les noms, car beaucoup ont du talent. Enfin pas maintenant, pas aujourd\u2019hui, parce que j\u2019essaie de ne pas perdre le fil de ce que je veux dire. Je voulais juste dire qu\u2019on apprend beaucoup sur la peinture en lisant de la po\u00e9sie. On sent tout de suite ce qui sonne juste et, h\u00e9las, parfois aussi les petits couacs. Encore que le couac peut \u00eatre \u00e9minemment po\u00e9tique s\u2019il est plac\u00e9 au bon moment, au bon endroit\u2026 exactement comme une touche de jaune ou de rouge vif ! Il y a, dans tout ce que je lis, plusieurs cat\u00e9gories que j\u2019affectionne. La premi\u00e8re est la po\u00e9sie \u00e9crite avec les mots les plus simples. Une po\u00e9sie qu\u2019un enfant pourrait lire et comprendre. 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Emmitoufl\u00e9 de po\u00e9sie : un beau voyage ! ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/aspirer-a-la-quietude.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/aspirer-a-la-quietude.html", "title": "Aspirer \u00e0 la qui\u00e9tude", "date_published": "2021-11-28T07:42:54Z", "date_modified": "2025-11-21T21:22:50Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
Aspirer \u00e0 la qui\u00e9tude est souvent le meilleur chemin pour entrer dans l\u2019agitation. Parce que l\u2019agitation est le socle, ce socle qui nous \u00e9chappe autant qu\u2019on d\u00e9sire lui \u00e9chapper. Voir l\u2019agitation, se m\u00ealer totalement \u00e0 celle-ci, demande autre chose que du courage ou de la folie. Cependant, il faut souvent tenter ces deux voies avant de saisir qu\u2019elles ne fonctionnent pas. Voir l\u2019agitation demande d\u2019\u00eatre humble, de perdre cette notion d\u2019importance de soi \u00e0 laquelle on s\u2019accroche sans arr\u00eat. Si je n\u2019ai pas d\u2019importance, si je ne suis pas grand-chose, si je ne suis presque rien, je peux p\u00e9n\u00e9trer dans l\u2019agitation comme une souris dans un immense palais et ainsi l\u2019observer tout entier \u00e0 ma guise, de la cave au grenier. La difficult\u00e9 n\u2019est pas l\u2019agitation, la difficult\u00e9 est de devenir une petite souris, surtout lorsqu\u2019on imagine \u00eatre un lion.<\/p>", "content_text": "Aspirer \u00e0 la qui\u00e9tude est souvent le meilleur chemin pour entrer dans l\u2019agitation. Parce que l\u2019agitation est le socle, ce socle qui nous \u00e9chappe autant qu\u2019on d\u00e9sire lui \u00e9chapper. Voir l\u2019agitation, se m\u00ealer totalement \u00e0 celle-ci, demande autre chose que du courage ou de la folie. Cependant, il faut souvent tenter ces deux voies avant de saisir qu\u2019elles ne fonctionnent pas. Voir l\u2019agitation demande d\u2019\u00eatre humble, de perdre cette notion d\u2019importance de soi \u00e0 laquelle on s\u2019accroche sans arr\u00eat. Si je n\u2019ai pas d\u2019importance, si je ne suis pas grand-chose, si je ne suis presque rien, je peux p\u00e9n\u00e9trer dans l\u2019agitation comme une souris dans un immense palais et ainsi l\u2019observer tout entier \u00e0 ma guise, de la cave au grenier. La difficult\u00e9 n\u2019est pas l\u2019agitation, la difficult\u00e9 est de devenir une petite souris, surtout lorsqu\u2019on imagine \u00eatre un lion. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_3742.jpg?1763760139", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/pas-de-repit-pour-les-vieux-cons.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/pas-de-repit-pour-les-vieux-cons.html", "title": "Pas de r\u00e9pit pour les vieux cons", "date_published": "2021-11-24T07:25:15Z", "date_modified": "2025-11-21T20:53:08Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
Une sacr\u00e9e su\u00e9e, mercredi en 8 (pourquoi pas en 7, je me le demande \u00e0 chaque fois), lorsque la petite pisseuse de 10 ans \u00e0 peine me toise en m\u2019adressant un : « Monsieur, connaissez-vous \u00c9ric-Emmanuel Schmitt ? », tout en relevant une m\u00e8che de cheveux rebelle tomb\u00e9e sur son front faussement ing\u00e9nu. Ce n\u2019est pas la premi\u00e8re fois qu\u2019elle me cherche et, bien s\u00fbr, en g\u00e9n\u00e9ral j\u2019\u00e9lude, je m\u2019en tire par une pirouette, un sourire \u00e0 la Lewis Carroll, un silence qui en dit long. Mais l\u00e0, j\u2019avais d\u00fb manger trop riche et la digestion mobilisait une grande partie de mon capital \u00e9nerg\u00e9tique. J\u2019allais dire un truc grossier comme : « Fais pas chier et dessine. » Heureusement, au dernier moment, j\u2019ai eu cette pr\u00e9sence d\u2019esprit de lui faire r\u00e9p\u00e9ter sa question, le temps de retrouver mon aplomb. Qui \u00e7a, je dis ? en montrant mon oreille gauche. J\u2019entends pas. \u00c9ric-Emmanuel Schmitt, Monsieur, vous l\u2019avez lu\u2026 ? \u00c0 vrai dire je m\u2019interrogeais\u2026 Est-ce que j\u2019avais pris le temps de lire les \u00e9lucubrations d\u2019un type d\u2019origine lyonnaise (ou \u00e0 peu pr\u00e8s, Sainte-Foy-l\u00e8s-Lyon) qui devient administrateur d\u2019une soci\u00e9t\u00e9 anonyme qui porte le nom d\u2019Antigone \u00e0 Bruxelles. Pas du tout. Je m\u2019en tamponnais royalement le coquillard. D\u2019autant que, n\u00e9 la m\u00eame ann\u00e9e que moi et bien plus c\u00e9l\u00e8bre, je n\u2019aurais pas manqu\u00e9 d\u2019entretenir encore des valises de ressentiment, de jalousie \u00e0 son \u00e9gard en ouvrant le moindre de ses bouquins. Je l\u2019ai aper\u00e7u de temps \u00e0 autre dans les journaux, \u00e0 la t\u00e9l\u00e9, rien de plus, dis-je, jamais lu \u00c9ric-Emmanuel Schmitt et, vois-tu, petite, je n\u2019en suis pas mort. Et Andr\u00e9 Comte-Sponville, Monsieur, vous connaissez ? J\u2019avais quelques vagues souvenirs d\u2019un transfuge l\u00e2chant l\u2019\u00e9glise pour le PC, un complexe d\u00fb au b\u00e9gaiement qui l\u2019avait conduit \u00e0 pr\u00e9tendre \u00e0 la litt\u00e9rature puis \u00e0 la philosophie\u2026 une sorte de touche-\u00e0-tout voulant absolument, co\u00fbte que co\u00fbte, entrer dans la post\u00e9rit\u00e9. Mais allais-je d\u00e9baller tout \u00e7a \u00e0 une gamine de 10 ans qui l\u00e2chait de grands mots pour attirer l\u2019attention d\u2019un professeur sur elle ? Bien s\u00fbr que non. J\u2019allais refaire comme d\u2019hab\u2019 mon petit couplet sur la concentration. C\u2019est bien la concentration, c\u2019est ind\u00e9modable. On ne peut pas faire deux choses \u00e0 la fois, petite : soit tu dessines, soit tu discutes sur le sens de la vie et tout, et en l\u2019occurrence, puisque nous sommes l\u00e0 pour dessiner, la premi\u00e8re option est bien entendu la meilleure. Elle me fusille du regard puis elle dit : « En fait, \u00e0 part le dessin et la peinture, vous ne savez rien d\u2019autre. » J\u2019ai dit : « Oui, tu as tout \u00e0 fait raison : \u00e0 un moment donn\u00e9 il faut faire des choix dans la vie, parce qu\u2019on n\u2019a pas tout notre temps, parce que sinon on se disperse et on ne fait rien de valable. » Elle me regarde avec des yeux ronds puis elle s\u2019exclame : « Monsieur, je comprends tellement ce que vous dites, on dirait aussi que vous racontez votre vie, l\u00e0. » Du coup, \u00e0 ce moment-l\u00e0 pr\u00e9cis\u00e9ment, j\u2019ai trouv\u00e9 que le silence s\u2019imposait ; j\u2019ai tourn\u00e9 les talons et j\u2019ai \u00e9t\u00e9 voir l\u2019avanc\u00e9e des autres travaux d\u2019\u00e9l\u00e8ves.<\/p>", "content_text": " Une sacr\u00e9e su\u00e9e, mercredi en 8 (pourquoi pas en 7, je me le demande \u00e0 chaque fois), lorsque la petite pisseuse de 10 ans \u00e0 peine me toise en m\u2019adressant un : \u00ab Monsieur, connaissez-vous \u00c9ric-Emmanuel Schmitt ? \u00bb, tout en relevant une m\u00e8che de cheveux rebelle tomb\u00e9e sur son front faussement ing\u00e9nu. 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J\u2019avais quelques vagues souvenirs d\u2019un transfuge l\u00e2chant l\u2019\u00e9glise pour le PC, un complexe d\u00fb au b\u00e9gaiement qui l\u2019avait conduit \u00e0 pr\u00e9tendre \u00e0 la litt\u00e9rature puis \u00e0 la philosophie\u2026 une sorte de touche-\u00e0-tout voulant absolument, co\u00fbte que co\u00fbte, entrer dans la post\u00e9rit\u00e9. Mais allais-je d\u00e9baller tout \u00e7a \u00e0 une gamine de 10 ans qui l\u00e2chait de grands mots pour attirer l\u2019attention d\u2019un professeur sur elle ? Bien s\u00fbr que non. J\u2019allais refaire comme d\u2019hab\u2019 mon petit couplet sur la concentration. C\u2019est bien la concentration, c\u2019est ind\u00e9modable. On ne peut pas faire deux choses \u00e0 la fois, petite : soit tu dessines, soit tu discutes sur le sens de la vie et tout, et en l\u2019occurrence, puisque nous sommes l\u00e0 pour dessiner, la premi\u00e8re option est bien entendu la meilleure. 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Il y a un homme, mais je peux, sans me tromper d\u00e9sormais, ajouter : il y a une femme, il y a un monde tout entier qui vogue sur cet oc\u00e9an en qu\u00eate d\u2019une terre, d\u2019un rivage, d\u2019une id\u00e9e de paix. Mais si l\u2019on tend l\u2019oreille, nous n\u2019entendons rien d\u2019autre que des cris, des larmes, parce que ce sont ces cris et ces larmes qui prennent le plus d\u2019importance dans le chant de l\u2019Oc\u00e9an ; ils en constituent les ch\u0153urs qui entourent et soutiennent, tout en m\u00eame temps, une m\u00e9lodie si subtile qu\u2019il faut que tout s\u2019effondre en nous pour en prendre la mesure. Un jour de calme plat, sans vent, si l\u2019on pr\u00eate l\u2019oreille \u00e0 l\u2019indicible, on sait. On sait que la terre est toujours l\u00e0 sous l\u2019oc\u00e9an et que ces deux-l\u00e0, en profondeur, s\u2019\u00e9pousent. Que le go\u00e9land dans le ciel est leur complice. Temp\u00eates, vagues effroyables qui emportent tout sur leur chemin, ne changent rien \u00e0 la s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 conjugale. En dessous de la mort, il y a de l\u2019amour. En dessous de nos peurs, il y a du d\u00e9sir. Il y a un homme et je peux d\u00e9sormais dire, sans me tromper : il y a une femme, il y a un monde tout entier qui, jour apr\u00e8s jour, invente une id\u00e9e de paix \u00e0 partir des temp\u00eates et des murmures de la terre comme de l\u2019oc\u00e9an. Cela ne tient \u00e0 rien, ou \u00e0 pas grand-chose : un bouquet dans un vase, un sourire sans un mot, un regard clair, et parfois juste un silence, ou un silence juste. Toute une d\u00e9coction d\u2019ombres pour fabriquer la lumi\u00e8re. Et puis, bien s\u00fbr, tout recommence jour apr\u00e8s jour : l\u2019agitation et les temp\u00eates, la lune et ses mar\u00e9es, l\u2019\u00e9garement et la souffrance comme un grand feu qui br\u00fble sans rel\u00e2che et dont nul ne se souvient de qui l\u2019a allum\u00e9.<\/p>", "content_text": " Il y a un homme, mais je peux, sans me tromper d\u00e9sormais, ajouter : il y a une femme, il y a un monde tout entier qui vogue sur cet oc\u00e9an en qu\u00eate d\u2019une terre, d\u2019un rivage, d\u2019une id\u00e9e de paix. Mais si l\u2019on tend l\u2019oreille, nous n\u2019entendons rien d\u2019autre que des cris, des larmes, parce que ce sont ces cris et ces larmes qui prennent le plus d\u2019importance dans le chant de l\u2019Oc\u00e9an ; ils en constituent les ch\u0153urs qui entourent et soutiennent, tout en m\u00eame temps, une m\u00e9lodie si subtile qu\u2019il faut que tout s\u2019effondre en nous pour en prendre la mesure. Un jour de calme plat, sans vent, si l\u2019on pr\u00eate l\u2019oreille \u00e0 l\u2019indicible, on sait. On sait que la terre est toujours l\u00e0 sous l\u2019oc\u00e9an et que ces deux-l\u00e0, en profondeur, s\u2019\u00e9pousent. Que le go\u00e9land dans le ciel est leur complice. Temp\u00eates, vagues effroyables qui emportent tout sur leur chemin, ne changent rien \u00e0 la s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 conjugale. En dessous de la mort, il y a de l\u2019amour. En dessous de nos peurs, il y a du d\u00e9sir. Il y a un homme et je peux d\u00e9sormais dire, sans me tromper : il y a une femme, il y a un monde tout entier qui, jour apr\u00e8s jour, invente une id\u00e9e de paix \u00e0 partir des temp\u00eates et des murmures de la terre comme de l\u2019oc\u00e9an. Cela ne tient \u00e0 rien, ou \u00e0 pas grand-chose : un bouquet dans un vase, un sourire sans un mot, un regard clair, et parfois juste un silence, ou un silence juste. Toute une d\u00e9coction d\u2019ombres pour fabriquer la lumi\u00e8re. Et puis, bien s\u00fbr, tout recommence jour apr\u00e8s jour : l\u2019agitation et les temp\u00eates, la lune et ses mar\u00e9es, l\u2019\u00e9garement et la souffrance comme un grand feu qui br\u00fble sans rel\u00e2che et dont nul ne se souvient de qui l\u2019a allum\u00e9. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/si-j-avais-le-temps.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/si-j-avais-le-temps.html", "title": "Si j'avais le temps", "date_published": "2021-11-19T07:07:44Z", "date_modified": "2025-11-21T20:33:46Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
Cet homme si d\u00e9testable, cette femme si laide, si j\u2019avais le temps je pourrais les aimer. Je me dis souvent cela et puis, bien s\u00fbr, j\u2019oublie. J\u2019ai besoin de cet oubli pour vivre ma vie telle que je l\u2019imagine. Il n\u2019y a que lorsque je suis l\u00e0, face au vide, et que j\u2019en partage l\u2019information pour que sa lumi\u00e8re \u00e9claire un peu les pans obscurs de cet oubli, que je puisse en extraire le n\u00e9cessaire \u00e0 la journ\u00e9e. Le minimum vital. Cette excuse que je me donne de ne pas avoir le temps provient surtout de mon incompr\u00e9hension du mot. Car, en fin de compte, je ne sais du temps que ce que l\u2019on m\u2019en dit. C\u2019est-\u00e0-dire des dates, des propositions pour l\u2019employer qui me viennent autant de l\u2019ext\u00e9rieur que de l\u2019int\u00e9rieur en reflet. Mais le temps m\u2019\u00e9chappe aussit\u00f4t que j\u2019essaie de m\u2019en rapprocher autrement qu\u2019ainsi. Cette notion collective, apprise du temps, m\u2019\u00e9chappe car, \u00e0 ces moments-l\u00e0 o\u00f9 je suis seul et que je traque son essence, plus rien de valable, d\u2019utile, d\u2019efficace ne tient. Je me tiens face \u00e0 cette \u00e9nigme et c\u2019est seulement lorsque je disparais soudain dans le fracas de la s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 qu\u2019elle s\u2019ouvre afin de me montrer son infini comme sa proximit\u00e9. Cette s\u00e9r\u00e9nit\u00e9, j\u2019ai appris qu\u2019il ne sert \u00e0 rien de la chercher ; il faut juste parvenir \u00e0 ce moment de justesse qui nous rend disponible \u00e0 l\u2019ouverture. J\u2019ai essay\u00e9 tout un tas de techniques, j\u2019ai lu un tas d\u2019ouvrages, j\u2019ai err\u00e9 dans de multiples voyages en qu\u00eate de la formule. J\u2019ai cherch\u00e9 des ma\u00eetres. Je n\u2019ai jamais rien trouv\u00e9 qui puisse me permettre d\u2019\u00e9laborer une d\u00e9cision qui puisse se r\u00e9p\u00e9ter pour en extraire le m\u00eame profit. Parce que justement ce qui me barrait la route \u00e9tait le profit \u00e0 en tirer. Je me disais toujours : je n\u2019ai pas le temps d\u2019attendre que la r\u00e9colte m\u00fbrisse, j\u2019\u00e9tais si press\u00e9\u2026 press\u00e9 d\u2019arriver \u00e0 un but que je ne parvenais jamais \u00e0 d\u00e9finir. Si j\u2019avais le temps, je recommencerais tout mais j\u2019ai bien peur que je ne fasse exactement les m\u00eames erreurs. Tout simplement parce qu\u2019il est impossible d\u2019avoir quelque chose que l\u2019on est d\u00e9j\u00e0. Je suis le temps, je suis aussi cette \u00e9nigme, comme j\u2019en suis la clef. Cependant, qu\u2019il faille tout oublier \u00e0 chaque fois, s\u2019effacer chaque jour un peu plus, d\u2019un pas de plus, pour laisser \u00eatre celui qui se cache toujours derri\u00e8re tous ces « je ». Car cet homme d\u00e9testable, cette femme laide, je les connais profond\u00e9ment, \u00e9videmment, depuis toujours. J\u2019ai seulement oubli\u00e9 \u00e0 quel point je les aime, et voil\u00e0 tout.<\/p>", "content_text": " Cet homme si d\u00e9testable, cette femme si laide, si j\u2019avais le temps je pourrais les aimer. Je me dis souvent cela et puis, bien s\u00fbr, j\u2019oublie. J\u2019ai besoin de cet oubli pour vivre ma vie telle que je l\u2019imagine. Il n\u2019y a que lorsque je suis l\u00e0, face au vide, et que j\u2019en partage l\u2019information pour que sa lumi\u00e8re \u00e9claire un peu les pans obscurs de cet oubli, que je puisse en extraire le n\u00e9cessaire \u00e0 la journ\u00e9e. Le minimum vital. Cette excuse que je me donne de ne pas avoir le temps provient surtout de mon incompr\u00e9hension du mot. Car, en fin de compte, je ne sais du temps que ce que l\u2019on m\u2019en dit. C\u2019est-\u00e0-dire des dates, des propositions pour l\u2019employer qui me viennent autant de l\u2019ext\u00e9rieur que de l\u2019int\u00e9rieur en reflet. Mais le temps m\u2019\u00e9chappe aussit\u00f4t que j\u2019essaie de m\u2019en rapprocher autrement qu\u2019ainsi. Cette notion collective, apprise du temps, m\u2019\u00e9chappe car, \u00e0 ces moments-l\u00e0 o\u00f9 je suis seul et que je traque son essence, plus rien de valable, d\u2019utile, d\u2019efficace ne tient. Je me tiens face \u00e0 cette \u00e9nigme et c\u2019est seulement lorsque je disparais soudain dans le fracas de la s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 qu\u2019elle s\u2019ouvre afin de me montrer son infini comme sa proximit\u00e9. Cette s\u00e9r\u00e9nit\u00e9, j\u2019ai appris qu\u2019il ne sert \u00e0 rien de la chercher ; il faut juste parvenir \u00e0 ce moment de justesse qui nous rend disponible \u00e0 l\u2019ouverture. J\u2019ai essay\u00e9 tout un tas de techniques, j\u2019ai lu un tas d\u2019ouvrages, j\u2019ai err\u00e9 dans de multiples voyages en qu\u00eate de la formule. J\u2019ai cherch\u00e9 des ma\u00eetres. Je n\u2019ai jamais rien trouv\u00e9 qui puisse me permettre d\u2019\u00e9laborer une d\u00e9cision qui puisse se r\u00e9p\u00e9ter pour en extraire le m\u00eame profit. Parce que justement ce qui me barrait la route \u00e9tait le profit \u00e0 en tirer. Je me disais toujours : je n\u2019ai pas le temps d\u2019attendre que la r\u00e9colte m\u00fbrisse, j\u2019\u00e9tais si press\u00e9\u2026 press\u00e9 d\u2019arriver \u00e0 un but que je ne parvenais jamais \u00e0 d\u00e9finir. Si j\u2019avais le temps, je recommencerais tout mais j\u2019ai bien peur que je ne fasse exactement les m\u00eames erreurs. Tout simplement parce qu\u2019il est impossible d\u2019avoir quelque chose que l\u2019on est d\u00e9j\u00e0. Je suis le temps, je suis aussi cette \u00e9nigme, comme j\u2019en suis la clef. Cependant, qu\u2019il faille tout oublier \u00e0 chaque fois, s\u2019effacer chaque jour un peu plus, d\u2019un pas de plus, pour laisser \u00eatre celui qui se cache toujours derri\u00e8re tous ces \u00ab je \u00bb. Car cet homme d\u00e9testable, cette femme laide, je les connais profond\u00e9ment, \u00e9videmment, depuis toujours. J\u2019ai seulement oubli\u00e9 \u00e0 quel point je les aime, et voil\u00e0 tout. ", "image": "", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/par-ou-commencer-avec-la-poesie.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/par-ou-commencer-avec-la-poesie.html", "title": "Par o\u00f9 commencer avec la po\u00e9sie ?", "date_published": "2021-10-31T06:13:09Z", "date_modified": "2025-11-21T16:05:07Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "
Pour Y.<\/p>\n
La r\u00e9flexion d’aujourd’hui arrive suite \u00e0 un message re\u00e7u hier d’une amie. \"J’aimerais lire de la po\u00e9sie mais je ne sais pas par o\u00f9 commencer, pourrais tu me donner quelques pistes ?\"<\/p>\n
Me voici bien emb\u00eat\u00e9 car je suis bien oblig\u00e9 de me poser quelques questions sur mon approche personnelle du genre.<\/p>\n
Qu’ai je conserv\u00e9 de tout ce que j’ai pu lire des po\u00e8tes et d’abord lesquels ?<\/p>\n
Je crois que j’ai commenc\u00e9 par Pr\u00e9vert \u00e0 l’\u00e9cole avec le recueil \"Paroles\", j’aimais beaucoup et en m\u00eame temps ces textes m’effrayaient car sous l’aspect l\u00e9ger je pouvais sentir une gravit\u00e9 qui n’avait de cesse de m’\u00e9chapper dans le langage mais pas dans ce que je ressentais du monde.<\/p>\n
Ces po\u00e8mes alors \u00e9taient un peu comme une m\u00e9lodie \u00e0 laquelle je m’accrochais pour traverser les ombres, l’obscurit\u00e9 toute enti\u00e8re, ma nuit.<\/p>\n
J’en ai appris beaucoup \"par c\u0153ur\" comme on disait alors car j’ai toujours mis un point d’honneur \u00e0 r\u00e9colter de bonnes notes en r\u00e9citation. C’\u00e9tait \u00e0 peu pr\u00e8s la seule mati\u00e8re o\u00f9 d’ailleurs j’excellais si je fais un effort de m\u00e9moire. Tout le reste me semblait beaucoup plus aust\u00e8re et ennuyeux.<\/p>\n
La po\u00e9sie donc aura \u00e9t\u00e9 d’une certaine mani\u00e8re comme ces miettes de pain que le petit Poucet d\u00e9pose au fur et \u00e0 mesure qu’il s’\u00e9gare dans la for\u00eat, des envies de points de rep\u00e8re<\/em> traduire \"pas de rep\u00e8re\" sur lesquelles tr\u00e8s vite on se rend compte plus tard qu’on ne peut pas compter pour retrouver la maison. Tout au contraire il est fort possible qu’ils auront jouer le r\u00f4le inverse me concernant, c’est \u00e0 dire m’\u00e9loigner de plus en plus du familier.<\/p>\n Et puis lorsqu’on est enfant on n’\u00e9tablit pas beaucoup de hi\u00e9rarchie, on se fiche un peu du classement des adultes dans de nombreux domaines. Evidemment c’est bien plus tardivement que j’ai compris que Rimbaud \u00e9tait une sorte de g\u00e9nie en mati\u00e8re de po\u00e9sie, tout comme Baudelaire, mais \u00e0 cette \u00e9poque ils \u00e9taient d’une certaine fa\u00e7on mes \u00e9gaux. Je n’effectuais pas plus de distinguo entre un po\u00e8te que j’aimais lire et un camarade d’\u00e9cole qui m’int\u00e9ressait par ce qu’il avait ou pas \u00e0 dire.<\/p>\n C’\u00e9tait simple, soit j’aimais ce que je parvenais \u00e0 entendre comme rythme et sonorit\u00e9 chez les uns comme chez les autres soit je d\u00e9tectais quelque chose de proche du couac et je laissais tomber. Aussi Rimbaud a t’il eu ma pr\u00e9f\u00e9rence par rapport \u00e0 Baudelaire juste derri\u00e8re Pr\u00e9vert que j’ai longtemps conserv\u00e9 en t\u00eate de classement.<\/p>\n Bien sur il y eut aussi Apollinaire, Jos\u00e9 Maria De Heredia, Paul Fort auxquels j’ai accord\u00e9 un peu d’attention car ils \u00e9taient au programme des classes primaires.<\/p>\n Mais le choc fut lorsque j’ai \u00e9cout\u00e9 pour la premi\u00e8re fois Georges Brassens. Tr\u00e8s vite les livres de po\u00e9sie m’ont paru pauvres \u00e0 cot\u00e9 de ce que pouvais m’apporter le mange disque ou la platine st\u00e9r\u00e9o.<\/p>\n Brassens, puis un peu Brel, et enfin \u00e0 l’adolescence les r\u00f4les se seront invers\u00e9s, Brel en t\u00eate, Brassens en second. Brel pour la mani\u00e8re de r\u00e9citer m’impressionnait \u00e9norm\u00e9ment alors que Brassens qui suait \u00e0 grosses gouttes me procurait une g\u00e8ne un malaise lorsque je le voyais sur le petit \u00e9cran. Il n’avait pas l’air bien \u00e0 l’aise, comme s’il n’\u00e9tait pas \u00e0 sa place.<\/p>\n Pourtant les textes de Brassens m’auront toujours bien plus fait r\u00e9fl\u00e9chir que ceux de Brel. Brel c’\u00e9tait d’une certaine fa\u00e7on de l’esbrouffe, de la s\u00e9duction, Brel d\u00e9clenchait la passion que j’interpr\u00e9tais \u00e0 ma fa\u00e7on comme de la fiction alors que Brassens me sugg\u00e9rait de graves et perturbantes v\u00e9rit\u00e9s sur l’esp\u00e8ce humaine.<\/p>\n C’est donc une premi\u00e8re approche tout \u00e0 fait personnelle de ce qu’on appelle la chose po\u00e9tique <\/em>et qui me sera apport\u00e9 par l’\u00e9ducation, la culture, l’\u00e9cole, et la famille.<\/p>\n Mon arri\u00e8re grand-p\u00e8re, Charles Brunet poss\u00e9dait une collection de livres impressionnante parmi lesquels Victor Hugo remportait le pompon. J’arrivais \u00e0 peine \u00e0 les soulever tant ils \u00e9taient lourds avec leurs \u00e9paisses reliures de cuir. Ils n’\u00e9taient pas non plus pratiques \u00e0 lire et surtout jamais au lit. Car c’est au lit que j’ai pass\u00e9 une grande partie de ma vie enfantine, une fois l’extinction des feux annonc\u00e9e par ma m\u00e8re. J’allumais ma lampe de poche et me confectionnant une sorte de tipi avec un polochon je pouvais lire tout mon saoul en cachette des illustr\u00e9s, des livres de poche, mais jamais ces gros in quarto.<\/p>\n La po\u00e9sie c’est un peu comme un foyer dont on ne cesse de s’\u00e9loigner que pour mieux y revenir. Un laboratoire o\u00f9 l’on observe comment l’espoir se meut en d\u00e9ception, en col\u00e8re, puis dans ce sentiment \u00e9trange qui semble \u00eatre le diapason correct n\u00e9cessaire \u00e0 l’accordage.<\/p>\n En terminale j’ai lu lettre \u00e0 un jeune po\u00e8te<\/em> de Rilke et j’ai cru tout comprendre et m’ennuyer. Ce qui \u00e9videmment \u00e9tait pr\u00e9tentieux comme on l’est \u00e0 16 ou 17 ans. Le fait est que je n’ai jamais relu Rilke tant son discours \u00e0 cette \u00e9poque avait mis en relief mon inaptitude \u00e0 \u00e9crire. Je n’avais rien pour arriver \u00e0 aligner deux lignes po\u00e9tiques. D’ailleurs je ne comprenais pas du tout ce qu’\u00e9tait la po\u00e9sie, je ne le comprends pas plus aujourd’hui. Je veux dire que je me garderais bien de faire un discours sur le sujet.<\/p>\n Je n’ai pas grand chose d’autre que des impressions dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres d’ailleurs et je ne peux que deviner que tout ce qui m’est cher en particulier peinera \u00e0 toucher le g\u00e9n\u00e9ral.<\/p>\n Ces impressions po\u00e9tiques me viennent aussi de cette enfance pass\u00e9e dans le bourbonnais, de la solitude pesante comme une chape de plomb m\u00e9lang\u00e9e d’une formidable dose d’ennui, de d\u00e9s\u0153uvrement dans les moments o\u00f9 je pouvais m’enfuir pour \u00e9chapper \u00e0 l’interminable liste de corv\u00e9es que mon p\u00e8re m’\u00e9non\u00e7ait en d\u00e9but de semaine.<\/p>\n J’ai cette image de ressort que l’on compresse durant 5 ou 6 jours puis qui soudain se d\u00e9tend et qui fait jaillir le spectre de l’ennui d’un champs de luzerne, du bleu des collines et du ciel. L’ennui et certainement quelque chose d’autre dans laquelle se dissimule la po\u00e9sie.<\/p>\n A ces moments de libert\u00e9 je ne pensais pas \u00e0 autre chose qu’\u00e0 courir vers la foret pour m’y enfouir la plupart du temps. J’enla\u00e7ais un arbre et je restais comme \u00e7a pour me recharger en courage et en esp\u00e9rances folles.<\/p>\n Qui a dit que la po\u00e9sie ne se trouve que dans les livres ? Ce sentiment d’\u00e9tranget\u00e9 \u00e0 condition qu’on ait le temps pour y porter une attention, on peut bien le retrouver partout, et souvent dans le menu bien plus que dans le sensationnel. C’est cette partie de soi silencieuse, r\u00e9tive \u00e0 la fois \u00e0 la pens\u00e9e et aux \u00e9motions faciles qui peut l’accueillir dans une sorte d’\u00e9cho de profondeur \u00e0 la profondeur ou du l\u00e9ger \u00e0 la l\u00e9g\u00e8ret\u00e9.<\/p>\n Cependant que c’est une autre chose que d’\u00e9prouver cette sensation d’\u00e9tranget\u00e9 et de vouloir se m\u00ealer de la mettre en mots. Car \u00e0 vouloir la capturer ainsi les phrases, les mots ne font qu’encercler du vide. Elle s’\u00e9chappe en rep\u00e9rant illico la mauvaise intention.<\/p>\n Lire de la po\u00e9sie cela demande du temps sans doute mais pas \u00e0 lire. Du temps \u00e0 vivre avant tout pour se retrouver la chair bien \u00e0 nue et le c\u0153ur d\u00e9barrass\u00e9 de sa patine en toc.<\/p>\n Parce qu’on peut se leurrer \u00e0 lire de la po\u00e9sie en \u00e9tant vierge de tout, je veux dire si \u00e9videmment on la lit par int\u00e9r\u00eat, pour tromper ou se tromper de but.<\/p>\n Il n’y a aucun but \u00e0 lire de la po\u00e9sie, comme il n’y a aucun but \u00e0 l’aimer. C’est ce qui est parfois difficile d’admettre dans une \u00e9poque o\u00f9 tout semble orient\u00e9 vers une finalit\u00e9.<\/p>\n Il n’y a pas de finalit\u00e9 autre que celle de vivre si je pousse plus loin le raisonnement. C’est sans finalit\u00e9 que na\u00eet la po\u00e9sie lorsque tous les buts se sont \u00e9vanouis, lorsque l’\u00eatre s’extirpe de l’avoir.<\/p>\n Ferais je une liste de tous les po\u00e8tes que j’ai aim\u00e9s ? \u00e0 quoi cela servirait-il du reste puisque les fronti\u00e8res sont parfois floues entre po\u00e9sie et prose toujours en ce qui me concerne.<\/p>\n Je pourrais dire qu’un des plus grands po\u00e8tes que j’admire aujourd’hui est Raymond Carver par exemple tant il produit d’effets d’effondrement, de vertige, dans la plus banale de ses nouvelles. Je peux dire que Pessoa m’a tenu en haleine jusqu’\u00e0 la trentaine environ avant que l’admiration ne se m\u00e9tamorphose en compassion, puis au final comme il se doit en une indiff\u00e9rence vitale pour me d\u00e9gager totalement de son attraction morbide.<\/p>\n Pourquoi est ce qu’on lit de la po\u00e9sie, il faut garder la question vive. Si c’est juste pour pouvoir placer une r\u00e9f\u00e9rence entre une poire et un bout de fromage dans un repas mondain \u00e7a ne vaut vraiment pas la peine. Car \u00e7a demande un peu de peine si on veut s’\u00e9lever au dessus du superficiel ce serait ballot d’y revenir par un biais.<\/p>\n La po\u00e9sie c’est vrai \u00e7a console quand tout va mal mais \u00e7a ne vaut jamais autant qu’un bon coup de pied au cul pour continuer d’avancer dans la vie.<\/p>\n C’est \u00e0 peu pr\u00e8s cela que je me suis dit entre 30 et 40 ans en pr\u00e9textant avoir un tas d’autres choses plus importantes \u00e0 faire.<\/p>\n Comme je disais on y revient, on finit toujours par y revenir, avec un autre c\u0153ur, avec un autre regard, est ce que ce seront les bons ? par contre, on ne le sait pas, \u00e7a change tout le temps.<\/p>\n Par quoi commencer avec la po\u00e9sie ? Aujourd’hui je dirais aussi en se souvenant, en revisitant tous les moments o\u00f9 le banal l’emporte sur l’extraordinaire. toutes ces rencontres tous ces moments d\u00e9laiss\u00e9s parce qu’on imaginait qu’il y avait autre chose \u00e0 dire \u00e0 faire au lieu d’\u00eatre l\u00e0 tout simplement.<\/p>\n La po\u00e9sie c’est se souvenir d’\u00eatre l\u00e0, sans s’attarder de trop \u00e0 y rester.<\/p>",
"content_text": "Pour Y.\n\nLa r\u00e9flexion d'aujourd'hui arrive suite \u00e0 un message re\u00e7u hier d'une amie. \"J'aimerais lire de la po\u00e9sie mais je ne sais pas par o\u00f9 commencer, pourrais tu me donner quelques pistes ?\" \n\nMe voici bien emb\u00eat\u00e9 car je suis bien oblig\u00e9 de me poser quelques questions sur mon approche personnelle du genre.\n\nQu'ai je conserv\u00e9 de tout ce que j'ai pu lire des po\u00e8tes et d'abord lesquels ?\n\nJe crois que j'ai commenc\u00e9 par Pr\u00e9vert \u00e0 l'\u00e9cole avec le recueil \"Paroles\", j'aimais beaucoup et en m\u00eame temps ces textes m'effrayaient car sous l'aspect l\u00e9ger je pouvais sentir une gravit\u00e9 qui n'avait de cesse de m'\u00e9chapper dans le langage mais pas dans ce que je ressentais du monde. \n\nCes po\u00e8mes alors \u00e9taient un peu comme une m\u00e9lodie \u00e0 laquelle je m'accrochais pour traverser les ombres, l'obscurit\u00e9 toute enti\u00e8re, ma nuit. \n\nJ'en ai appris beaucoup \"par c\u0153ur\" comme on disait alors car j'ai toujours mis un point d'honneur \u00e0 r\u00e9colter de bonnes notes en r\u00e9citation. C'\u00e9tait \u00e0 peu pr\u00e8s la seule mati\u00e8re o\u00f9 d'ailleurs j'excellais si je fais un effort de m\u00e9moire. Tout le reste me semblait beaucoup plus aust\u00e8re et ennuyeux.\n\nLa po\u00e9sie donc aura \u00e9t\u00e9 d'une certaine mani\u00e8re comme ces miettes de pain que le petit Poucet d\u00e9pose au fur et \u00e0 mesure qu'il s'\u00e9gare dans la for\u00eat, des envies de points de rep\u00e8re traduire \"pas de rep\u00e8re\" sur lesquelles tr\u00e8s vite on se rend compte plus tard qu'on ne peut pas compter pour retrouver la maison. Tout au contraire il est fort possible qu'ils auront jouer le r\u00f4le inverse me concernant, c'est \u00e0 dire m'\u00e9loigner de plus en plus du familier.\n\nEt puis lorsqu'on est enfant on n'\u00e9tablit pas beaucoup de hi\u00e9rarchie, on se fiche un peu du classement des adultes dans de nombreux domaines. Evidemment c'est bien plus tardivement que j'ai compris que Rimbaud \u00e9tait une sorte de g\u00e9nie en mati\u00e8re de po\u00e9sie, tout comme Baudelaire, mais \u00e0 cette \u00e9poque ils \u00e9taient d'une certaine fa\u00e7on mes \u00e9gaux. Je n'effectuais pas plus de distinguo entre un po\u00e8te que j'aimais lire et un camarade d'\u00e9cole qui m'int\u00e9ressait par ce qu'il avait ou pas \u00e0 dire.\n\nC'\u00e9tait simple, soit j'aimais ce que je parvenais \u00e0 entendre comme rythme et sonorit\u00e9 chez les uns comme chez les autres soit je d\u00e9tectais quelque chose de proche du couac et je laissais tomber. Aussi Rimbaud a t'il eu ma pr\u00e9f\u00e9rence par rapport \u00e0 Baudelaire juste derri\u00e8re Pr\u00e9vert que j'ai longtemps conserv\u00e9 en t\u00eate de classement.\n\nBien sur il y eut aussi Apollinaire, Jos\u00e9 Maria De Heredia, Paul Fort auxquels j'ai accord\u00e9 un peu d'attention car ils \u00e9taient au programme des classes primaires.\n\nMais le choc fut lorsque j'ai \u00e9cout\u00e9 pour la premi\u00e8re fois Georges Brassens. Tr\u00e8s vite les livres de po\u00e9sie m'ont paru pauvres \u00e0 cot\u00e9 de ce que pouvais m'apporter le mange disque ou la platine st\u00e9r\u00e9o.\n\nBrassens, puis un peu Brel, et enfin \u00e0 l'adolescence les r\u00f4les se seront invers\u00e9s, Brel en t\u00eate, Brassens en second. Brel pour la mani\u00e8re de r\u00e9citer m'impressionnait \u00e9norm\u00e9ment alors que Brassens qui suait \u00e0 grosses gouttes me procurait une g\u00e8ne un malaise lorsque je le voyais sur le petit \u00e9cran. Il n'avait pas l'air bien \u00e0 l'aise, comme s'il n'\u00e9tait pas \u00e0 sa place. \n\nPourtant les textes de Brassens m'auront toujours bien plus fait r\u00e9fl\u00e9chir que ceux de Brel. Brel c'\u00e9tait d'une certaine fa\u00e7on de l'esbrouffe, de la s\u00e9duction, Brel d\u00e9clenchait la passion que j'interpr\u00e9tais \u00e0 ma fa\u00e7on comme de la fiction alors que Brassens me sugg\u00e9rait de graves et perturbantes v\u00e9rit\u00e9s sur l'esp\u00e8ce humaine.\n\nC'est donc une premi\u00e8re approche tout \u00e0 fait personnelle de ce qu'on appelle la chose po\u00e9tique et qui me sera apport\u00e9 par l'\u00e9ducation, la culture, l'\u00e9cole, et la famille.\n\nMon arri\u00e8re grand-p\u00e8re, Charles Brunet poss\u00e9dait une collection de livres impressionnante parmi lesquels Victor Hugo remportait le pompon. J'arrivais \u00e0 peine \u00e0 les soulever tant ils \u00e9taient lourds avec leurs \u00e9paisses reliures de cuir. Ils n'\u00e9taient pas non plus pratiques \u00e0 lire et surtout jamais au lit. Car c'est au lit que j'ai pass\u00e9 une grande partie de ma vie enfantine, une fois l'extinction des feux annonc\u00e9e par ma m\u00e8re. J'allumais ma lampe de poche et me confectionnant une sorte de tipi avec un polochon je pouvais lire tout mon saoul en cachette des illustr\u00e9s, des livres de poche, mais jamais ces gros in quarto.\n\nLa po\u00e9sie c'est un peu comme un foyer dont on ne cesse de s'\u00e9loigner que pour mieux y revenir. Un laboratoire o\u00f9 l'on observe comment l'espoir se meut en d\u00e9ception, en col\u00e8re, puis dans ce sentiment \u00e9trange qui semble \u00eatre le diapason correct n\u00e9cessaire \u00e0 l'accordage.\n\nEn terminale j'ai lu lettre \u00e0 un jeune po\u00e8te de Rilke et j'ai cru tout comprendre et m'ennuyer. Ce qui \u00e9videmment \u00e9tait pr\u00e9tentieux comme on l'est \u00e0 16 ou 17 ans. Le fait est que je n'ai jamais relu Rilke tant son discours \u00e0 cette \u00e9poque avait mis en relief mon inaptitude \u00e0 \u00e9crire. Je n'avais rien pour arriver \u00e0 aligner deux lignes po\u00e9tiques. D'ailleurs je ne comprenais pas du tout ce qu'\u00e9tait la po\u00e9sie, je ne le comprends pas plus aujourd'hui. Je veux dire que je me garderais bien de faire un discours sur le sujet.\n\nJe n'ai pas grand chose d'autre que des impressions dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres d'ailleurs et je ne peux que deviner que tout ce qui m'est cher en particulier peinera \u00e0 toucher le g\u00e9n\u00e9ral.\n\nCes impressions po\u00e9tiques me viennent aussi de cette enfance pass\u00e9e dans le bourbonnais, de la solitude pesante comme une chape de plomb m\u00e9lang\u00e9e d'une formidable dose d'ennui, de d\u00e9s\u0153uvrement dans les moments o\u00f9 je pouvais m'enfuir pour \u00e9chapper \u00e0 l'interminable liste de corv\u00e9es que mon p\u00e8re m'\u00e9non\u00e7ait en d\u00e9but de semaine.\n\nJ'ai cette image de ressort que l'on compresse durant 5 ou 6 jours puis qui soudain se d\u00e9tend et qui fait jaillir le spectre de l'ennui d'un champs de luzerne, du bleu des collines et du ciel. L'ennui et certainement quelque chose d'autre dans laquelle se dissimule la po\u00e9sie.\n\nA ces moments de libert\u00e9 je ne pensais pas \u00e0 autre chose qu'\u00e0 courir vers la foret pour m'y enfouir la plupart du temps. J'enla\u00e7ais un arbre et je restais comme \u00e7a pour me recharger en courage et en esp\u00e9rances folles.\n\nQui a dit que la po\u00e9sie ne se trouve que dans les livres ? Ce sentiment d'\u00e9tranget\u00e9 \u00e0 condition qu'on ait le temps pour y porter une attention, on peut bien le retrouver partout, et souvent dans le menu bien plus que dans le sensationnel. C'est cette partie de soi silencieuse, r\u00e9tive \u00e0 la fois \u00e0 la pens\u00e9e et aux \u00e9motions faciles qui peut l'accueillir dans une sorte d'\u00e9cho de profondeur \u00e0 la profondeur ou du l\u00e9ger \u00e0 la l\u00e9g\u00e8ret\u00e9. \n\nCependant que c'est une autre chose que d'\u00e9prouver cette sensation d'\u00e9tranget\u00e9 et de vouloir se m\u00ealer de la mettre en mots. Car \u00e0 vouloir la capturer ainsi les phrases, les mots ne font qu'encercler du vide. Elle s'\u00e9chappe en rep\u00e9rant illico la mauvaise intention.\n\nLire de la po\u00e9sie cela demande du temps sans doute mais pas \u00e0 lire. Du temps \u00e0 vivre avant tout pour se retrouver la chair bien \u00e0 nue et le c\u0153ur d\u00e9barrass\u00e9 de sa patine en toc.\n\nParce qu'on peut se leurrer \u00e0 lire de la po\u00e9sie en \u00e9tant vierge de tout, je veux dire si \u00e9videmment on la lit par int\u00e9r\u00eat, pour tromper ou se tromper de but.\n\nIl n'y a aucun but \u00e0 lire de la po\u00e9sie, comme il n'y a aucun but \u00e0 l'aimer. C'est ce qui est parfois difficile d'admettre dans une \u00e9poque o\u00f9 tout semble orient\u00e9 vers une finalit\u00e9.\n\nIl n'y a pas de finalit\u00e9 autre que celle de vivre si je pousse plus loin le raisonnement. C'est sans finalit\u00e9 que na\u00eet la po\u00e9sie lorsque tous les buts se sont \u00e9vanouis, lorsque l'\u00eatre s'extirpe de l'avoir.\n\nFerais je une liste de tous les po\u00e8tes que j'ai aim\u00e9s ? \u00e0 quoi cela servirait-il du reste puisque les fronti\u00e8res sont parfois floues entre po\u00e9sie et prose toujours en ce qui me concerne.\n\nJe pourrais dire qu'un des plus grands po\u00e8tes que j'admire aujourd'hui est Raymond Carver par exemple tant il produit d'effets d'effondrement, de vertige, dans la plus banale de ses nouvelles. Je peux dire que Pessoa m'a tenu en haleine jusqu'\u00e0 la trentaine environ avant que l'admiration ne se m\u00e9tamorphose en compassion, puis au final comme il se doit en une indiff\u00e9rence vitale pour me d\u00e9gager totalement de son attraction morbide.\n\nPourquoi est ce qu'on lit de la po\u00e9sie, il faut garder la question vive. Si c'est juste pour pouvoir placer une r\u00e9f\u00e9rence entre une poire et un bout de fromage dans un repas mondain \u00e7a ne vaut vraiment pas la peine. Car \u00e7a demande un peu de peine si on veut s'\u00e9lever au dessus du superficiel ce serait ballot d'y revenir par un biais.\n\nLa po\u00e9sie c'est vrai \u00e7a console quand tout va mal mais \u00e7a ne vaut jamais autant qu'un bon coup de pied au cul pour continuer d'avancer dans la vie.\n\nC'est \u00e0 peu pr\u00e8s cela que je me suis dit entre 30 et 40 ans en pr\u00e9textant avoir un tas d'autres choses plus importantes \u00e0 faire.\n\nComme je disais on y revient, on finit toujours par y revenir, avec un autre c\u0153ur, avec un autre regard, est ce que ce seront les bons ? par contre, on ne le sait pas, \u00e7a change tout le temps.\n\nPar quoi commencer avec la po\u00e9sie ? Aujourd'hui je dirais aussi en se souvenant, en revisitant tous les moments o\u00f9 le banal l'emporte sur l'extraordinaire. toutes ces rencontres tous ces moments d\u00e9laiss\u00e9s parce qu'on imaginait qu'il y avait autre chose \u00e0 dire \u00e0 faire au lieu d'\u00eatre l\u00e0 tout simplement.\n\nLa po\u00e9sie c'est se souvenir d'\u00eatre l\u00e0, sans s'attarder de trop \u00e0 y rester.",
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"title": "Un rien parmi d'autres.",
"date_published": "2021-10-17T04:13:12Z",
"date_modified": "2025-11-21T15:03:14Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Si je me perd au beau milieu de ce d\u00e9sert c’est que je le veux.<\/p>\n quelque chose en moi le veut.<\/p>\n Quelque chose qui veut se reconnaitre et qui n’a pas grand chose \u00e0 voir avec moi.<\/p>\n Mais m\u00eame de \u00e7a je m’en fous.<\/p>\n nul n’a de pouvoir sur le rien.<\/p>\n Si je me perd au beau milieu de ce d\u00e9sert je n’ai qu’\u00e0 tout oublier pour trouver l’eau.<\/p>\n Et tout le sable qui remplit ma bouche<\/p>\n Et tout mon silence n’y changera rien.<\/p>",
"content_text": "Si je me perd au beau milieu de ce d\u00e9sert c'est que je le veux.\n\nquelque chose en moi le veut.\n\nQuelque chose qui veut se reconnaitre et qui n'a pas grand chose \u00e0 voir avec moi.\n\nMais m\u00eame de \u00e7a je m'en fous.\n\nnul n'a de pouvoir sur le rien.\n\nSi je me perd au beau milieu de ce d\u00e9sert je n'ai qu'\u00e0 tout oublier pour trouver l'eau.\n\nEt tout le sable qui remplit ma bouche\n\nEt tout mon silence n'y changera rien.",
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"title": "Unusta Thule",
"date_published": "2021-09-26T11:34:21Z",
"date_modified": "2025-11-19T08:28:55Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Huile sur toile 100x100<\/p>\n Diptyque 80x80cm x2 huile sur toile<\/p>\n On rumine, on s’acharne, on commet des efforts, on appuie sur un ressort invisible sans rel\u00e2che ainsi, t\u00eatu, monomaniaque, sans m\u00eame en prendre conscience.<\/p>\n Et puis un jour, un 22 septembre par exemple, il suffit d’un rien pour que tout soudain se m\u00e9tamorphose<\/p>\n On se sent plus l\u00e9ger, pr\u00eat \u00e0 d\u00e9coller d’un simple coup de talon, parce qu’on s’est lib\u00e9r\u00e9 d’un poids qui nous entravait.<\/p>\n Le 22 septembre aujourd’hui je m’en fous<\/em> disait d\u00e9j\u00e0 Georges Brassens lorsque j’\u00e9tais marmot.<\/p>\n J’adorais cette chanson elle contenait pour moi une promesse, comme un de ces cadeaux que l’on nous promet et qu’on d\u00e9balle enfin sous le sapin.<\/p>\n https:\/\/youtu.be\/6Dnwx1Zcov4<\/a><\/p>",
"content_text": "On rumine, on s'acharne, on commet des efforts, on appuie sur un ressort invisible sans rel\u00e2che ainsi, t\u00eatu, monomaniaque, sans m\u00eame en prendre conscience.\n\nEt puis un jour, un 22 septembre par exemple, il suffit d'un rien pour que tout soudain se m\u00e9tamorphose \n\nOn se sent plus l\u00e9ger, pr\u00eat \u00e0 d\u00e9coller d'un simple coup de talon, parce qu'on s'est lib\u00e9r\u00e9 d'un poids qui nous entravait.\n\nLe 22 septembre aujourd'hui je m'en fous disait d\u00e9j\u00e0 Georges Brassens lorsque j'\u00e9tais marmot.\n\nJ'adorais cette chanson elle contenait pour moi une promesse, comme un de ces cadeaux que l'on nous promet et qu'on d\u00e9balle enfin sous le sapin.https:\/\/youtu.be\/6Dnwx1Zcov4",
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"title": "Cr\u00e9er et vendre",
"date_published": "2021-09-22T01:25:45Z",
"date_modified": "2025-11-19T07:07:28Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " Chaque jour je re\u00e7ois plusieurs emails me proposant des formations pour promouvoir mon travail, des opportunit\u00e9s tout \u00e0 fait extraordinaires pour participer \u00e0 des master class afin de mieux tirer partie des r\u00e9seaux sociaux, et \u00e9videmment aussi pour lutter contre les mille et un travers que je peux avoir en tant qu’artiste- la plupart du temps entendez looser<\/em>- et parmi tout ceux-ci : ma relation avec l’argent.<\/p>\n Autrefois on disait le sexe ce n’est p<\/em>as sale<\/em> d\u00e9sormais on dit la m\u00eame chose pour l’argent.<\/p>\n Et souvent lorsque je pense \u00e0 la relation que j’ai moi-m\u00eame cr\u00e9e entre l’argent et l’art je me dis qu’il doit y avoir un os dans le p\u00e2t\u00e9.<\/p>\n Pourquoi est-ce que je ne mets pas tout en \u0153uvre afin de vendre mes tableaux ?<\/p>\n Ce n’est pas faute d’avoir essay\u00e9 mais \u00e0 chaque fois j’ai l’impression de me mettre tout seul des b\u00e2tons dans les roues.<\/p>\n Par exemple je ne fais pas grand chose pour d\u00e9velopper mon site internet, je crois que je suis totalement bloqu\u00e9 depuis que j’ai imagin\u00e9 lui ajouter un \"shop\" comme on dit d\u00e9sormais. J’ai du placer quelques images et prix, et puis pffft comme je voyais que j’y parvenais, j’ai l\u00e2ch\u00e9 l’affaire.<\/p>\n La principale raison pour laquelle j’ai ajout\u00e9 une extension Woo commerce \u00e0 ce site \u00e9tait de pouvoir proposer un lien cliquable sur les diff\u00e9rents sociaux sur lesquels je s\u00e9vis. R\u00e9cup\u00e9rer des adresses de courriel pour me cr\u00e9er une liste de diffusion et \u00e0 partir de celle ci essayer de rentabiliser tout ce temps que j’y passe . D’ailleurs mon \u00e9pouse ne manque pas de me rappeler :<\/p>\n Pendant tout ce temps tu ne peins pas.<\/p>\n Mon \u00e9pouse se fiche comme de l’an 40 des r\u00e9seaux sociaux, des listes de diffusion, comme des artistes looser 2.0, \u00e7a ne l’int\u00e9resse pas, je crois m\u00eame que \u00e7a l’effraie d’autant plus qu’elle me voit passer tout le temps que j’y mets pour un r\u00e9sultat qu’elle juge insignifiant.<\/p>\n Tu ferais mieux de peindre !<\/p>\n Et comme c’est mon \u00e9pouse je lui donne en grande partie raison.<\/p>\n Mais c’est malgr\u00e9 tout \"plus fort que moi\" j’y retourne, j’\u00e9cris mes petits textes sur ce blog, je publie des photographies de mes travaux, j’\u00e9lucubre, je devise, je fais mon philosophe, mon philologue, et je dois dire que tout cela finit par ressembler \u00e0 une addiction dont j’aurais un mal de chien \u00e0 me passer d\u00e9sormais.<\/p>\n Peut-\u00eatre \u00e0 cause de cette solitude essentielle dans laquelle je r\u00e9side face \u00e0 mon travail de peintre.<\/p>\n Je ne me plains pas de cette solitude pour autant, j’ai compris depuis longtemps \u00e0 quel point elle m’est n\u00e9cessaire. Et aussi cette sorte d’enfermement que l’\u00e9criture demande.<\/p>\n Il y a belle lurette que j’ai compris que ceux que l’on appelle les proches peuvent \u00eatre ceux dont on se sent le plus \u00e9loign\u00e9 parfois.<\/p>\n Monsieur \u00e9crit sa vie et se gargarise<\/em> ajoute mon \u00e9pouse sur un ton ne cachant pas l’ironie.<\/p>\n Et bien sur je me dis mais oui comme elle a raison !<\/p>\n C’est le secret du bonheur en couple que je vous livre tout de go. Toujours laisser l’autre avoir raison. Tout en n’en pensant pas moins et tenir son cap.<\/p>\n Disons que publier sur les r\u00e9seaux sociaux, sur internet c’est mon bol d’air.<\/p>\n Est-ce qu’un bol d’air doit rapporter du pognon ? Probablement que certains parviennent \u00e0 faire de l’argent m\u00eame avec l’air d\u00e9sormais, mais bon ils sont certainement plus obs\u00e9d\u00e9s que je ne le suis sur le sujet.<\/p>\n L’argent ne m’a jamais int\u00e9ress\u00e9 vraiment en tant que tel, il n’a toujours \u00e9t\u00e9 qu’un outil pour \u00eatre tranquille et un sujet d’inqui\u00e9tude lorsqu’il manque.<\/p>\n L’image de Picsou se vautrant sur un tas d’or provoque toujours cette sensation de grotesque. De plus je ne suis jamais parvenu non plus \u00e0 \u00eatre envieux. Peut-\u00eatre que si cela avait \u00e9t\u00e9 le cas j’aurais pu me servir de l’envie comme moteur. Mais j’\u00e9tais obs\u00e9d\u00e9 par tellement d’autres choses que pas un seul instant l’id\u00e9e m’est venue \u00e0 l’esprit.<\/p>\n Sauf en fin de mois et encore, depuis que je suis mari\u00e9, lorsque la cohorte des cr\u00e9anciers de toute nature me d\u00e9pouille directement par pr\u00e9l\u00e8vements en entrainant mon compte courant ( le terme est bien choisie ) vers le rouge.<\/p>\n A ces moments l\u00e0 oui je l’avoue il m’arrive de me dire : Comment cela doit \u00eatre bien de n’avoir pas \u00e0 compter. Et d’\u00eatre agac\u00e9 sit\u00f4t que j’aper\u00e7ois un spot publicitaire me vantant les avantages de la derni\u00e8re bagnole accompagn\u00e9e de la superbe rousse ou blonde ou brune qui va g\u00e9n\u00e9ralement avec.<\/p>\n Parfois on va m\u00eame jouer au loto... pour dire \u00e0 quoi on en est r\u00e9duit \u00e0 r\u00eaver<\/em> mon \u00e9pouse et moi-m\u00eame... Et dans le laps de temps o\u00f9 nous attendons ensemble le moment du tirage nous nous mettons \u00e0 d\u00e9lirer sur tout ce que nous pourrions faire de tout cet argent.<\/p>\n G\u00e9n\u00e9ralement elle a beaucoup plus d’id\u00e9es que moi sur la mani\u00e8re dont nous pourrions dilapider ces sommes fantastiques.<\/p>\n En ce qui me concerne je n’ai pas envie d’une nouvelle maison, d’une nouvelle bagnole, de nouvelles godasses, de tout ce qui serait nouveau<\/em> d’ailleurs.<\/p>\n Rien de tout cela ne m’attire de fa\u00e7on excessive. Ce qui signifie et c’est une bonne nouvelle, que ma vie telle qu’elle est me satisfait globalement.<\/p>\n Bien sur l’id\u00e9e de n’avoir plus \u00e0 compter est s\u00e9duisante de prime abord.<\/p>\n Viens mon amour, partons dans les iles, allons donc au restaurant au lieu de polluer la cambuse de toutes ces odeurs de graillon, Bien sur ...ce serait formidable n’est ce pas.<\/p>\n Mais dangereux aussi \u00e0 mon avis. Serais je dans le m\u00eame \u00e9tat d’esprit pour peindre ? Serais je dans la m\u00eame sorte d’urgence ? Cette urgence \u00e0 laquelle le pauvre type que je suis s’accroche pour ne pas quitter cette terre sans laisser quelque chose derri\u00e8re lui, mise \u00e0 part sa b\u00eatise et son orgueil inou\u00ef ? Cette urgence d’exister, \u00e0 survivre tout simplement.<\/p>\n Les femmes ne sont pas toutes b\u00eates j’ai remarqu\u00e9 et elles se fichent la plupart du temps de ce type de pr\u00e9occupation. Elles sont beaucoup plus pragmatiques.<\/p>\n Sans doute parce qu’elles ont une relation privil\u00e9gi\u00e9e avec la vie puisqu’elles la donnent savent t’elles aussi la fragilit\u00e9 des choses, ce qui les inclinent \u00e0 jouir bien plus franchement du moment pr\u00e9sent.<\/p>\n Et tant mieux si dans le moment pr\u00e9sent elles peuvent d\u00e9penser de l’argent comme elles le veulent, sans compter. L’argent pour elles est une Energie qui doit ressembler \u00e0 une sorte de bain de jouvence.<\/p>\n En ce qui me concerne je prends des douches. C’est plus rapide, et \u00e7a ne fripe pas la peau des doigts.<\/p>\n De plus c’est certainement plus \u00e9conomique.<\/p>\n Je crois que le pire pour un looser s’est de s’apercevoir que ce qu’il appelait jusque l\u00e0 son intelligence est en fait la pire des conneries du point de vue des autres.<\/p>\n C’est explorer la n\u00e9gation dans toute sa splendeur. Et pour \u00eatre looser jusqu’au bout trouver toutes les circonstances att\u00e9nuantes \u00e0 l’autre, lui accorder tout le cr\u00e9dit possible pour renforcer plus encore ce point de vue. Je crois que j’ai toujours pratiquer comme \u00e7a dans ma vie.<\/p>\n Comme si je n’avais choisi toujours d’\u00eatre instruit sur mes d\u00e9fauts, mon impuissance que par la bouche de mes proches. Comme si finalement ces proches faisaient office de conscience dont je suis presque totalement d\u00e9pourvu, baignant comme je ne cesse jamais de le faire dans l’inconscience permanente.<\/p>\n Cependant personne n’est parvenu \u00e0 me changer. Je suis toujours le m\u00eame contre vent et mar\u00e9e.<\/p>\n Je r\u00e9siste en donnant raison absolument \u00e0 tout \u00e0 chacun mais en continuant malgr\u00e9 tout mon petit bonhomme de chemin.<\/p>\n Mais revenons \u00e0 l’argent, \u00e0 ce point de vue sur l’argent. Et aussi \u00e0 ce confort de n’en pas poss\u00e9der qui me place perp\u00e9tuellement dans une sensation de survie.<\/p>\n Survivre plut\u00f4t que vivre cela pourrait \u00eatre la devise.<\/p>\n Parce que le verbe vivre<\/em> lorsque j’examine froidement ce qu’il repr\u00e9sente pour la plupart des personnes que je connais cela ne repr\u00e9sente pas grand chose pour moi. Je veux dire que je ne me sens pas capable de vivre comme eux surtout. Je me sens d’une vuln\u00e9rabilit\u00e9 inou\u00efe face \u00e0 l’id\u00e9e de vivre \"pour rien\" c’est \u00e0 dire en suivant simplement le mouvement, sans y penser.<\/p>\n Bien sur personne n’avouera qu’il vit \"pour rien\". Tout \u00e0 chacun se donnera si on lui demande de bonnes raisons, comme par exemple \u00e9lever ses enfants, \u00eatre pr\u00e9sent et ponctuel dans son job, payer rubis sur l’ongle ses dettes, aller voter \u00e0 chaque fois que l’on y est convi\u00e9 etc etc.<\/p>\n Vivre normalement quoi sans emmerder personne de pr\u00e9f\u00e9rence et en attendant la m\u00eame chose en retour \u00e9videmment.<\/p>\n Je crois qu’en plus d’\u00eatre un looser je dois aussi cumuler le r\u00f4le d’emmerdeur contre ma volont\u00e9.<\/p>\n Le seul fait de douter est d\u00e9j\u00e0 une provocation, presque une insulte \u00e0 la normalit\u00e9 d\u00e9sormais.<\/p>\n Je me rappelle d’une phrase que Kafka \u00e9crivait dans son journal et qui disait que chaque jour une phrase devait pointer sur une des failles qu’il \u00e9prouvait entre le monde et lui-m\u00eame. Et il ajoutait que le monde aurait toujours raison que c’\u00e9tait le monde qui devait inexorablement gagner bien plus que lui Franz Kafka.<\/p>\n Elle m’a toujours paru tellement juste cette phrase sans que je ne prenne le temps d’analyser vraiment son pourquoi. D’une fa\u00e7on intuitive je sais pertinemment qu’il faut que le monde ait raison, qu’il a toujours raison face \u00e0 l’individu seul, cette anomalie de notre \u00e9poque moderne.<\/p>\n Alors ce point de vue confortable de s’imaginer artiste, ou looser convaincu d’une fa\u00e7on encore orgueilleuse, ce point de vue ne peut \u00e9videmment pas tenir devant le monde.<\/p>\n Il faut vous d\u00e9complexer du porte monnaie mon bon ami !<\/p>\n Au mieux il sera ridicule, au pire la plupart resteront indiff\u00e9rents \u00e0 ce point de vue.<\/p>\n Sauf peut-\u00eatre quelques adolescents effray\u00e9s justement par leur entr\u00e9e dans l’\u00e2ge adulte, parce qu’ils pressentent d\u00e9j\u00e0 du monde, ou des adultes attard\u00e9s comme vous et moi.<\/p>\n Parfois aussi la v\u00e9rit\u00e9 est dure \u00e0 dire mais je suis tout \u00e0 fait semblable \u00e0 ce Picsou nageant dans son pognon jusqu’\u00e0 plus soif.<\/p>\n Sauf que ce n’est pas de l’or dans lequel je m’\u00e9broue, mais une accumulation de richesses incalculable dont non seulement je ne sais que faire mais dont en outre je me sens tout \u00e0 fait capable de tuer pour qu’on ne m’en \u00f4te pas la plus infime partie.<\/p>\n Ce qui me conduit au bout du compte \u00e0 penser que si je mets si peu d’entrain \u00e0 vendre mon travail c’est que je ne veux surtout pas le vendre. Il peut parfois m’arriver de le c\u00e9der avec difficult\u00e9s contre un ch\u00e8que , parce que je veux bien de temps en temps jouer le jeu, vivre comme on dit. Mais au fond de moi je ne peux plus me leurrer : cette transaction cr\u00e9er des ravages fantastiques, un peu comme si on m’amputait d’une part d’\u00e2me ...<\/p>\n Tu \u00e9cris encore tes b\u00eatises me dit mon \u00e9pouse en passant devant mon bureau en pleine nuit, tu ferais mieux d’aller dormir.<\/p>\n Et elle a encore raison bien sur.<\/p>",
"content_text": "Chaque jour je re\u00e7ois plusieurs emails me proposant des formations pour promouvoir mon travail, des opportunit\u00e9s tout \u00e0 fait extraordinaires pour participer \u00e0 des master class afin de mieux tirer partie des r\u00e9seaux sociaux, et \u00e9videmment aussi pour lutter contre les mille et un travers que je peux avoir en tant qu'artiste- la plupart du temps entendez looser- et parmi tout ceux-ci : ma relation avec l'argent.\n\nAutrefois on disait le sexe ce n'est pas sale d\u00e9sormais on dit la m\u00eame chose pour l'argent.\n\nEt souvent lorsque je pense \u00e0 la relation que j'ai moi-m\u00eame cr\u00e9e entre l'argent et l'art je me dis qu'il doit y avoir un os dans le p\u00e2t\u00e9.\n\nPourquoi est-ce que je ne mets pas tout en \u0153uvre afin de vendre mes tableaux ?\n\nCe n'est pas faute d'avoir essay\u00e9 mais \u00e0 chaque fois j'ai l'impression de me mettre tout seul des b\u00e2tons dans les roues.\n\nPar exemple je ne fais pas grand chose pour d\u00e9velopper mon site internet, je crois que je suis totalement bloqu\u00e9 depuis que j'ai imagin\u00e9 lui ajouter un \"shop\" comme on dit d\u00e9sormais. J'ai du placer quelques images et prix, et puis pffft comme je voyais que j'y parvenais, j'ai l\u00e2ch\u00e9 l'affaire.\n\nLa principale raison pour laquelle j'ai ajout\u00e9 une extension Woo commerce \u00e0 ce site \u00e9tait de pouvoir proposer un lien cliquable sur les diff\u00e9rents sociaux sur lesquels je s\u00e9vis. R\u00e9cup\u00e9rer des adresses de courriel pour me cr\u00e9er une liste de diffusion et \u00e0 partir de celle ci essayer de rentabiliser tout ce temps que j'y passe . D'ailleurs mon \u00e9pouse ne manque pas de me rappeler : \n\nPendant tout ce temps tu ne peins pas.\n\nMon \u00e9pouse se fiche comme de l'an 40 des r\u00e9seaux sociaux, des listes de diffusion, comme des artistes looser 2.0, \u00e7a ne l'int\u00e9resse pas, je crois m\u00eame que \u00e7a l'effraie d'autant plus qu'elle me voit passer tout le temps que j'y mets pour un r\u00e9sultat qu'elle juge insignifiant.\n\nTu ferais mieux de peindre !\n\nEt comme c'est mon \u00e9pouse je lui donne en grande partie raison.\n\nMais c'est malgr\u00e9 tout \"plus fort que moi\" j'y retourne, j'\u00e9cris mes petits textes sur ce blog, je publie des photographies de mes travaux, j'\u00e9lucubre, je devise, je fais mon philosophe, mon philologue, et je dois dire que tout cela finit par ressembler \u00e0 une addiction dont j'aurais un mal de chien \u00e0 me passer d\u00e9sormais.\n\nPeut-\u00eatre \u00e0 cause de cette solitude essentielle dans laquelle je r\u00e9side face \u00e0 mon travail de peintre.\n\nJe ne me plains pas de cette solitude pour autant, j'ai compris depuis longtemps \u00e0 quel point elle m'est n\u00e9cessaire. Et aussi cette sorte d'enfermement que l'\u00e9criture demande.\n\nIl y a belle lurette que j'ai compris que ceux que l'on appelle les proches peuvent \u00eatre ceux dont on se sent le plus \u00e9loign\u00e9 parfois.\n\nMonsieur \u00e9crit sa vie et se gargarise ajoute mon \u00e9pouse sur un ton ne cachant pas l'ironie.\n\nEt bien sur je me dis mais oui comme elle a raison ! \n\nC'est le secret du bonheur en couple que je vous livre tout de go. Toujours laisser l'autre avoir raison. Tout en n'en pensant pas moins et tenir son cap.\n\nDisons que publier sur les r\u00e9seaux sociaux, sur internet c'est mon bol d'air. \n\nEst-ce qu'un bol d'air doit rapporter du pognon ? Probablement que certains parviennent \u00e0 faire de l'argent m\u00eame avec l'air d\u00e9sormais, mais bon ils sont certainement plus obs\u00e9d\u00e9s que je ne le suis sur le sujet.\n\nL'argent ne m'a jamais int\u00e9ress\u00e9 vraiment en tant que tel, il n'a toujours \u00e9t\u00e9 qu'un outil pour \u00eatre tranquille et un sujet d'inqui\u00e9tude lorsqu'il manque.\n\nL'image de Picsou se vautrant sur un tas d'or provoque toujours cette sensation de grotesque. De plus je ne suis jamais parvenu non plus \u00e0 \u00eatre envieux. Peut-\u00eatre que si cela avait \u00e9t\u00e9 le cas j'aurais pu me servir de l'envie comme moteur. Mais j'\u00e9tais obs\u00e9d\u00e9 par tellement d'autres choses que pas un seul instant l'id\u00e9e m'est venue \u00e0 l'esprit.\n\nSauf en fin de mois et encore, depuis que je suis mari\u00e9, lorsque la cohorte des cr\u00e9anciers de toute nature me d\u00e9pouille directement par pr\u00e9l\u00e8vements en entrainant mon compte courant ( le terme est bien choisie ) vers le rouge.\n\nA ces moments l\u00e0 oui je l'avoue il m'arrive de me dire : Comment cela doit \u00eatre bien de n'avoir pas \u00e0 compter. Et d'\u00eatre agac\u00e9 sit\u00f4t que j'aper\u00e7ois un spot publicitaire me vantant les avantages de la derni\u00e8re bagnole accompagn\u00e9e de la superbe rousse ou blonde ou brune qui va g\u00e9n\u00e9ralement avec.\n\nParfois on va m\u00eame jouer au loto... pour dire \u00e0 quoi on en est r\u00e9duit \u00e0 r\u00eaver mon \u00e9pouse et moi-m\u00eame... Et dans le laps de temps o\u00f9 nous attendons ensemble le moment du tirage nous nous mettons \u00e0 d\u00e9lirer sur tout ce que nous pourrions faire de tout cet argent.\n\nG\u00e9n\u00e9ralement elle a beaucoup plus d'id\u00e9es que moi sur la mani\u00e8re dont nous pourrions dilapider ces sommes fantastiques.\n\nEn ce qui me concerne je n'ai pas envie d'une nouvelle maison, d'une nouvelle bagnole, de nouvelles godasses, de tout ce qui serait nouveau d'ailleurs.\n\nRien de tout cela ne m'attire de fa\u00e7on excessive. Ce qui signifie et c'est une bonne nouvelle, que ma vie telle qu'elle est me satisfait globalement.\n\nBien sur l'id\u00e9e de n'avoir plus \u00e0 compter est s\u00e9duisante de prime abord.\n\nViens mon amour, partons dans les iles, allons donc au restaurant au lieu de polluer la cambuse de toutes ces odeurs de graillon, Bien sur ...ce serait formidable n'est ce pas.\n\nMais dangereux aussi \u00e0 mon avis. Serais je dans le m\u00eame \u00e9tat d'esprit pour peindre ? Serais je dans la m\u00eame sorte d'urgence ? Cette urgence \u00e0 laquelle le pauvre type que je suis s'accroche pour ne pas quitter cette terre sans laisser quelque chose derri\u00e8re lui, mise \u00e0 part sa b\u00eatise et son orgueil inou\u00ef ? Cette urgence d'exister, \u00e0 survivre tout simplement.\n\nLes femmes ne sont pas toutes b\u00eates j'ai remarqu\u00e9 et elles se fichent la plupart du temps de ce type de pr\u00e9occupation. Elles sont beaucoup plus pragmatiques. \n\nSans doute parce qu'elles ont une relation privil\u00e9gi\u00e9e avec la vie puisqu'elles la donnent savent t'elles aussi la fragilit\u00e9 des choses, ce qui les inclinent \u00e0 jouir bien plus franchement du moment pr\u00e9sent. \n\nEt tant mieux si dans le moment pr\u00e9sent elles peuvent d\u00e9penser de l'argent comme elles le veulent, sans compter. L'argent pour elles est une Energie qui doit ressembler \u00e0 une sorte de bain de jouvence.\n\nEn ce qui me concerne je prends des douches. C'est plus rapide, et \u00e7a ne fripe pas la peau des doigts.\n\nDe plus c'est certainement plus \u00e9conomique.\n\nJe crois que le pire pour un looser s'est de s'apercevoir que ce qu'il appelait jusque l\u00e0 son intelligence est en fait la pire des conneries du point de vue des autres.\n\nC'est explorer la n\u00e9gation dans toute sa splendeur. Et pour \u00eatre looser jusqu'au bout trouver toutes les circonstances att\u00e9nuantes \u00e0 l'autre, lui accorder tout le cr\u00e9dit possible pour renforcer plus encore ce point de vue. Je crois que j'ai toujours pratiquer comme \u00e7a dans ma vie.\n\nComme si je n'avais choisi toujours d'\u00eatre instruit sur mes d\u00e9fauts, mon impuissance que par la bouche de mes proches. Comme si finalement ces proches faisaient office de conscience dont je suis presque totalement d\u00e9pourvu, baignant comme je ne cesse jamais de le faire dans l'inconscience permanente.\n\nCependant personne n'est parvenu \u00e0 me changer. Je suis toujours le m\u00eame contre vent et mar\u00e9e.\n\nJe r\u00e9siste en donnant raison absolument \u00e0 tout \u00e0 chacun mais en continuant malgr\u00e9 tout mon petit bonhomme de chemin.\n\nMais revenons \u00e0 l'argent, \u00e0 ce point de vue sur l'argent. Et aussi \u00e0 ce confort de n'en pas poss\u00e9der qui me place perp\u00e9tuellement dans une sensation de survie.\n\nSurvivre plut\u00f4t que vivre cela pourrait \u00eatre la devise.\n\nParce que le verbe vivre lorsque j'examine froidement ce qu'il repr\u00e9sente pour la plupart des personnes que je connais cela ne repr\u00e9sente pas grand chose pour moi. Je veux dire que je ne me sens pas capable de vivre comme eux surtout. Je me sens d'une vuln\u00e9rabilit\u00e9 inou\u00efe face \u00e0 l'id\u00e9e de vivre \"pour rien\" c'est \u00e0 dire en suivant simplement le mouvement, sans y penser.\n\nBien sur personne n'avouera qu'il vit \"pour rien\". Tout \u00e0 chacun se donnera si on lui demande de bonnes raisons, comme par exemple \u00e9lever ses enfants, \u00eatre pr\u00e9sent et ponctuel dans son job, payer rubis sur l'ongle ses dettes, aller voter \u00e0 chaque fois que l'on y est convi\u00e9 etc etc.\n\nVivre normalement quoi sans emmerder personne de pr\u00e9f\u00e9rence et en attendant la m\u00eame chose en retour \u00e9videmment.\n\nJe crois qu'en plus d'\u00eatre un looser je dois aussi cumuler le r\u00f4le d'emmerdeur contre ma volont\u00e9.\n\nLe seul fait de douter est d\u00e9j\u00e0 une provocation, presque une insulte \u00e0 la normalit\u00e9 d\u00e9sormais.\n\nJe me rappelle d'une phrase que Kafka \u00e9crivait dans son journal et qui disait que chaque jour une phrase devait pointer sur une des failles qu'il \u00e9prouvait entre le monde et lui-m\u00eame. Et il ajoutait que le monde aurait toujours raison que c'\u00e9tait le monde qui devait inexorablement gagner bien plus que lui Franz Kafka.\n\nElle m'a toujours paru tellement juste cette phrase sans que je ne prenne le temps d'analyser vraiment son pourquoi. D'une fa\u00e7on intuitive je sais pertinemment qu'il faut que le monde ait raison, qu'il a toujours raison face \u00e0 l'individu seul, cette anomalie de notre \u00e9poque moderne.\n\nAlors ce point de vue confortable de s'imaginer artiste, ou looser convaincu d'une fa\u00e7on encore orgueilleuse, ce point de vue ne peut \u00e9videmment pas tenir devant le monde.\n\nIl faut vous d\u00e9complexer du porte monnaie mon bon ami !\n\nAu mieux il sera ridicule, au pire la plupart resteront indiff\u00e9rents \u00e0 ce point de vue.\n\nSauf peut-\u00eatre quelques adolescents effray\u00e9s justement par leur entr\u00e9e dans l'\u00e2ge adulte, parce qu'ils pressentent d\u00e9j\u00e0 du monde, ou des adultes attard\u00e9s comme vous et moi.\n\nParfois aussi la v\u00e9rit\u00e9 est dure \u00e0 dire mais je suis tout \u00e0 fait semblable \u00e0 ce Picsou nageant dans son pognon jusqu'\u00e0 plus soif.\n\nSauf que ce n'est pas de l'or dans lequel je m'\u00e9broue, mais une accumulation de richesses incalculable dont non seulement je ne sais que faire mais dont en outre je me sens tout \u00e0 fait capable de tuer pour qu'on ne m'en \u00f4te pas la plus infime partie.\n\nCe qui me conduit au bout du compte \u00e0 penser que si je mets si peu d'entrain \u00e0 vendre mon travail c'est que je ne veux surtout pas le vendre. Il peut parfois m'arriver de le c\u00e9der avec difficult\u00e9s contre un ch\u00e8que , parce que je veux bien de temps en temps jouer le jeu, vivre comme on dit. Mais au fond de moi je ne peux plus me leurrer : cette transaction cr\u00e9er des ravages fantastiques, un peu comme si on m'amputait d'une part d'\u00e2me ...\n\nTu \u00e9cris encore tes b\u00eatises me dit mon \u00e9pouse en passant devant mon bureau en pleine nuit, tu ferais mieux d'aller dormir.\n\nEt elle a encore raison bien sur.",
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"title": "Fragment",
"date_published": "2021-09-21T05:45:21Z",
"date_modified": "2025-11-19T07:06:24Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " J’ai d\u00e9couvert l’option \"lecteur\" de Wordpress... pourtant c’\u00e9tait sous mon nez comme d’habitude. Bref, je visite, je saute, je m’arr\u00eate, de blog en blog. Et puis en m\u00eame temps je pense au zapping puis \u00e0 la notion de fragment. Je m’aper\u00e7ois que l’utilisation du fragment dans la photographie comme dans la po\u00e9sie m’enchante.<\/p>\n Cela me rappelle ce que je faisais moi-m\u00eame lorsque j’allais me promener avec mon vieux Leica. Ce qui m’int\u00e9ressait alors n’int\u00e9ressait personne. A cette \u00e9poque il fallait que l’histoire soit \u00e9vidente, que la photographie raconte quelque chose. Sans doute que \u00e7a n’a pas chang\u00e9. Mais on a besoin de moins d’\u00e9l\u00e9ments d\u00e9sormais pour se construire sa propre histoire, gr\u00e2ce \u00e0 tous ces fragments. C’est devenu comme un nouveau langage que de plus en plus de personnes parlent ou comprennent.<\/p>",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/lettre-aux-menteurs.html",
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"title": "Lettre aux menteurs",
"date_published": "2021-08-17T03:12:16Z",
"date_modified": "2025-11-15T20:33:57Z",
"author": {"name": "Auteur"},
"content_html": " J’ai attendu longtemps avant de pouvoir l’\u00e9crire cette lettre. Le temps n\u00e9cessaire qu’il faut pour \u00e9prouver la diff\u00e9rence entre se persuader et \u00eatre d\u00e9barrasser du doute.<\/p>\n Peut-\u00eatre n’est t’elle encore qu’un brouillon, une esquisse, au moment m\u00eame o\u00f9 je la commence je n’en sais fichtre rien, mais je sais qu’au del\u00e0 des pens\u00e9es quelque chose me pousse vers la surprise, l’aventure et voyez vous c’est ce qui me pla\u00eet le plus dans cette vie. C’est la seule tactique que j’ai trouv\u00e9e pour contrer l’ennui pesant des certitudes.<\/p>\n Bien sur vous vous direz que je me l’\u00e9cris \u00e0 moi-m\u00eame en premier lieu. Vous ne vous r\u00e9pertorierez pas dans la cat\u00e9gorie des menteurs, vous vous tiendriez \u00e0 l’\u00e9cart un peu comme ces voyeurs qui dans leur d\u00e9s\u0153uvrement ne cherchent qu’\u00e0 glaner quelques informations croustillantes, quelques ragots afin de d\u00e9jouer le silence primordial qui r\u00e9side entre les \u00eatres.<\/p>\n C’est avant tout parce que vous serez persuad\u00e9s de ne pas \u00eatre menteur et ce faisant \u00e9videmment vous en \u00eates d\u00e9j\u00e0 une ou un.<\/p>\n Je ne parle pas seulement du mensonge conscient, celui que l’on fomente pour tromper l’autre, je parle de tous ces mensonges que l’on ne cesse de ressasser en soi-m\u00eame pour s’inventer \u00e0 la face du monde comme de la notre.<\/p>\n L’art de la persuasion sera sans doute celui du 21 \u00e8me si\u00e8cle. J’aimerais bien pouvoir le sauter ce si\u00e8cle pour apercevoir d\u00e9j\u00e0 le suivant qui sera certainement plus serein, plus ludique, plus inventif que tout ce que nous aurons eu \u00e0 traverser pour y parvenir.<\/p>\n Je ne dirai pas qu’il sera plus spirituel parce que ce mot est attach\u00e9 \u00e0 tout un carcan de religiosit\u00e9 qui ne sert encore qu’\u00e0 tromper le chaland.<\/p>\n L’\u00e9glise a depuis toujours \u00e9t\u00e9 du cot\u00e9 des emp\u00eacheurs de tourner en rond, parce qu’elle ne comprend absolument rien aux vertus de la danse et de la transe.<\/p>\n Parce que le profit depuis belle lurette guide le monde comme un vecteur, emportant tout en ligne droite. Cette ligne droite qui comme vous ne le savez peut-\u00eatre pas est la seule direction que peuvent prendre les d\u00e9mons.<\/p>\n C’est d’un \u00e9blouissement dont je voudrais aussi vous parler dans cette lettre. De cette lumi\u00e8re prodigieuse qui semble provenir d’un autre monde mais qui, \u00e0 bien y r\u00e9fl\u00e9chir, est la seule vraie lumi\u00e8re rendant caduque toutes les autres en lesquelles on se sera \u00e9clair\u00e9 pour voir.<\/p>\n Tous ces voiles qui soudain s’\u00e9vanouissent pour la laisser enfin passer telle qu’elle a toujours \u00e9t\u00e9.<\/p>\n C’est en me rendant dans l’Allier en revenant de vacances que l’id\u00e9e de cette lettre m’est revenue. Cela fait si longtemps que je la tiens au fond de moi comme un oiseau couve sa port\u00e9e...<\/p>\n J’ai pouss\u00e9 les grilles du cimeti\u00e8re l\u00e0 bas pour me rendre sur le caveau familial. J’ai vu la mousse sur le granit et j’allais laisser les choses ainsi quand mon \u00e9pouse a dit : on va nettoyer.<\/p>\n Nous sommes revenu \u00e0 la voiture pour chercher une \u00e9ponge et du produit \u00e0 vaisselle au fond d’un panier et nous avons pass\u00e9 une partie de la matin\u00e9e sous un soleil de plomb \u00e0 remettre \u00e0 neuf la pierre tombale.<\/p>\n Puis une fois la chose faite, j’ai \u00e9prouv\u00e9 l’envie de me promener un peu dans les all\u00e9es, curieux de voir si je ne connaissais pas les noms inscrits en lettres d’or.<\/p>\n La claque !<\/p>\n Je n’avais pas assez de doigts aux mains pour compter tous ceux que j’avais autrefois connus, camarades et amoureuses, imaginaires et r\u00e9elles.<\/p>\n Tout un contingent de d\u00e9funtes et de d\u00e9funts venus au jour en 60 et pour la plupart d\u00e9c\u00e9d\u00e9s depuis plus de 10 ans.<\/p>\n J’ai voulu chasser cette impression abjecte de prime abord qui me r\u00e9jouissait secr\u00e8tement d’\u00eatre toujours en vie. Un peu comme ces survivants d’attentats qui se sentent coupables d’en r\u00e9chapper et dont la culpabilit\u00e9 semble directement provenir de la jouissance indicible de s’en \u00eatre sorti indemne.<\/p>\n Et puis merde ai je pens\u00e9 quelle chance j’ai finalement !<\/p>\n Je suis l\u00e0 au grand air sous le soleil vais je encore m’en plaindre ?<\/p>\n Je suis revenu en sifflotant pour remplir un gros bidon d’eau fraiche \u00e0 la fontaine et arroser la pierre tombale.<\/p>\n Je me suis souvenu de quelques bons moments pass\u00e9s et repoussant volontairement, courageusement tous les sales quart d’heures. Il ne servait plus \u00e0 grand chose de conserver rancune, col\u00e8re de tenir rigueur. Tout avait fondu comme par magie en quelques instants comme la mousse qui d\u00e9sormais disparaissait dans l’\u00e9vacuation du caniveau.<\/p>\n C’est l\u00e0 que j’ai compris aussi tous les mensonges que j’avais invent\u00e9s pour vivre.<\/p>\n C’est \u00e0 cet instant l\u00e0 que l’\u00e9blouissement est advenu.<\/p>\n En m\u00eame temps que l’\u00e9motion insoutenable \u00e9cartait mes cotes lib\u00e9rait mes poumons faisait cogner mon palpitant.<\/p>\n J’ai pleur\u00e9 je n’ai pu me retenir.<\/p>\n Mais ce n’\u00e9tait pas sur moi cette fois ci.<\/p>\n C’\u00e9tait sur le monde probablement, du moins s’il faut trouver un mot.<\/p>\n J’ai referm\u00e9 les grilles soigneusement et puis nous sommes reparti c’\u00e9tait l’heure du d\u00e9jeuner et nous avions faim.<\/p>\n Il y a souvent des choses bien plus importantes \u00e0 faire dans la vie que d’\u00e9crire des lettres de toutes mani\u00e8res.<\/p>\n Toutes ces peines, ces chagrins, ces d\u00e9sirs, un essaim incessant qui bourdonne gentiment dans la nuit.<\/p>\n Une richesse qui se brasse toute seule au tout dedans d’un regard avare. Un ivrogne avide de conserver toute sa soif.<\/p>\n Une constipation \u00e0 n’en plus finir. On voudrait tout garder encore et encore, ne rien l\u00e2cher.<\/p>\n S’y vautrer par confort face \u00e0 l’inqui\u00e9tude du rien.<\/p>\n Ressasser, en rajouter des couches, encore et encore et des questions et des et si.<\/p>\n Une abondance stup\u00e9fiante et toxique qui abolit l’espace et le temps.<\/p>\n Suffirait de faire un pas de c\u00f4t\u00e9 pour sentir le froid grimper.<\/p>\n Glac\u00e9 par ce face \u00e0 face, on voudrait bien mais on ne peut point.<\/p>\n On ne peut pas et on se r\u00e9fugie vite fait dans le fameux c’est plus fort que moi.<\/p>\n On ne peut point on n’est que ligne.<\/p>\n Mais quand m\u00eame on retente, on s’accroche, l’\u00e9vasion fait r\u00eaver.<\/p>\n Imagine un autre r\u00eave que celui-ci.<\/p>\n Peut-\u00eatre une autre chance, une page blanche.<\/p>\n Mais que dit la mort sinon ce que l’on sait d\u00e9j\u00e0 encore et encore.<\/p>\n Epuise tout \u00e7a mon petit gars, \u00e9puise.<\/p>\n Epuise encore et tu verras.<\/p>\n Un peu comme Pavese mal compris<\/p>\n \"La mort viendra et elle aura tes yeux.\"<\/p>\n Je m’attendais \u00e0 une amante, un genre de bombe qui ferait tout exploser<\/p>\n qui r\u00e9duirait tout \u00e7a en poudre pour toujours<\/p>\n En poussi\u00e8re d’\u00e9toile, en origine.<\/p>\n Je n’ai vu au final qu’un voile orange.<\/p>\n Le chirurgien tombe \u00e0 point nomm\u00e9 , me d\u00e9barrasse gentiment de mes vieux cristallins.<\/p>\n Changer de vision ce n’est pas rien<\/p>\n Mais l’habitude est reine, le confort de la peine est roi.<\/p>\n Pour un clin d’\u0153il de joie on paie ici des mill\u00e9naires de chagrins.<\/p>\n C’est le prix, c’est sans doute ce que \u00e7a vaut.<\/p>\n On serait bien foutu d’en abuser je me connais.<\/p>\n Se ruer vers la joie pour \u00e9chapper \u00e0 soi.<\/p>\n Se barrer \u00e0 l’anglaise encore une fois.<\/p>\n Mais n’as tu pas du tout de r\u00eave ?<\/p>\n Bien sur j’en ai plein mais rien que des ne servant \u00e0 rien.<\/p>\n R\u00eaver \u00e0 rien c’est tout de m\u00eame quelque chose<\/p>\n c’est comme des coups d’\u00e9p\u00e9e dans l’eau<\/p>\n \u00e7a ne fait rien \u00e0 l’eau<\/p>\n \u00e7a dit juste que t’as une \u00e9p\u00e9e dont tu ne sais pas quoi foutre<\/p>\n Tu ne l’emporteras pas au paradis mon petit gars<\/p>\n ah \u00e7a non.<\/p>\n Pour t’en d\u00e9barrasser juste un enfer \u00e0 traverser.<\/p>\n Et puis maintenant nu comme un ver vas-y<\/p>\n Parle moi donc de cet autre r\u00eave<\/p>\n je plongerais le nez dans ton haleine de b\u00e9b\u00e9<\/p>\n j’\u00e9couterais ton silence<\/p>\n et si tout se passe bien, alors je serais apais\u00e9.<\/p>\n Il a fallu du temps pour que je parvienne enfin \u00e0 renoncer \u00e0 tout effort.<\/p>\n Cet effort pour s’exciter, cet effort pour s’apaiser.<\/p>\n Dans le fond des choses y en a t’il d’autres ?<\/p>\n Le pire est que je ne savais m\u00eame pas que je faisais un effort \u00e0 chaque fois.<\/p>\n Impossible de dire comment .<\/p>\n Juste que le temps est important.<\/p>\n Le reste demanderait des efforts inutiles.<\/p>\n Il ne reste tout au plus qu’un peu de nostalgie et d’espoir,<\/p>\n un tout petit amalgame. Une gratuit\u00e9.<\/p>\n Un cadeau que l’on ne se sent pas tenu de rembourser.<\/p>\n Quand j’\u00e9tais jeunot j’habitais dans une chambre de bonne, au 7\u00e8me d’un immeuble cossu, sis Place de la Bastille. Au troisi\u00e8me logeait la famille Laraison, dont le p\u00e8re \u00e9tait le directeur de la Banque de France.<\/p>\n Le tapis rouge que l’on pouvait voir d\u00e8s le rez de chauss\u00e9e s’arr\u00eatait \u00e0 leur \u00e9tage myst\u00e9rieusement. Sans doute eut on install\u00e9 un ascenseur qu’il n’eut pas \u00e9t\u00e9 plus haut non plus.<\/p>\n Lorsque je descendais de mon 7\u00e8me quatre \u00e0 quatre, je les croisais parfois. Monsieur Laraison \u00e9tait un homme de taille moyenne, ni gros ni maigre, v\u00eatu de gris. Sa femme semblait fort attach\u00e9e \u00e0 lui car elle se cachait toujours derri\u00e8re jusqu’\u00e0 devenir son ombre exacte lorsque je passais devant eux en leur glissant un \"bonjour\" feutr\u00e9. Quant \u00e0 leurs marmots, ils \u00e9taient joufflus avec des regards en biais qui n’inspiraient aucune sorte de compassion pour le jeune homme que j’\u00e9tais.<\/p>\n Le mardi les Laraison recevaient. Leurs invit\u00e9s arrivaient vers 20 h et souvent comme je remontais vers ma piaule \u00e0 cette heure l\u00e0 je d\u00e9couvrais dans l’escalier des fragrances de parfums inconnus. Puis lorsque je parvenais au 3\u00e8me je collais l’oreille contre leur porte et j’entendais des rires et des exclamations tranquilles comme ont l’art d’en produire les bons bourgeois de cette ville.<\/p>\n J’en parlais \u00e0 Pauline une fois que nous avions fait l’amour en guise de d\u00eener et nous en riions en les imaginant festoyant autour de leur belle nappe blanche, s’agrippant \u00e0 leurs verres en cristal de boh\u00e8me, remplis de Toquay.<\/p>\n Imagine si l’un d’entre eux soudain est victime d’une flatulence ou d’une \u00e9ructation intempestive... imagine cette bonne madame Laraison en train de p\u00e9ter entre le hors d’\u0152uvre et la truite saumonn\u00e9e...<\/p>\n Nous riions et cela \u00e9tait bon, mon Dieu que c’\u00e9tait bon. Cela nous rassurait aussi de les imaginer humains au bout du compte, du moins nous l’esp\u00e9rions comme on esp\u00e8re \u00e0 20 ans. Parfois comme aujourd’hui \u00e7a m’arrive d’y repenser, je colle mon oreille \u00e0 la porte de mes souvenirs, je revois Pauline et son corps \u00e9blouissant et puis j’entends un pet sonore soudain qui monte d’un 3\u00e8me pour fendre l’air. Et je me mets \u00e0 rire, \u00e0 rire, mon Dieu comme c’est bon ! Je me suis mis \u00e0 penser \u00e0 \u00e7a en voyant une \u0153uvre de l’artiste Chinois Chen Wenling \" Le taureau qui p\u00e8te\". En fait le vrai titre de cette \u0153uvre est \"What You see Might Not Be Real\" en fran\u00e7ais :ce que vous voyez pourrait ne pas \u00eatre r\u00e9el.<\/p>\n D’apr\u00e8s les critiques il s’agit en fait d’une critique originale de la crise financi\u00e8re mondiale actuelle. Elle mets en sc\u00e8ne un taureau qui repr\u00e9sente Wall Street, propuls\u00e9 par un pet surpuissant, et \u00e9crasant contre un mur un personnage mi-homme mi-d\u00e9mon qui n’est autre que Bernie Madoff, le plus grand escroc de l’histoire de la finance.<\/p>\n En cette fin d’ann\u00e9e, j’ai fouill\u00e9 dans mes vieux grimoires pour retrouver la vieille formule d’une potion magique.<\/p>\n Le temps et les intemp\u00e9ries dues aux nombreux d\u00e9m\u00e9nagements ont un peu abim\u00e9 les pages, j’ai essay\u00e9 de combler les trous, et puis je l’ai test\u00e9e cette potion.<\/p>\n Bon elle n’est peut-\u00eatre \"magique\" que pour moi. Du coup pour voir, j’ai envie de la partager, dans une \u00e9mission de podcast<\/p>\n Si tu ne l’as pas encore fait du peux m\u00eame t’abonner pour recevoir les prochaines notifications, en attendant je te souhaite le meilleur en cette fin d’ ann\u00e9e un peu \u00e9trange qu’est 2020.<\/p>\n
<\/p>",
"content_text": "Huile sur toile 100x100 ",
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"title": "\u00f5itsemine",
"date_published": "2021-09-26T10:45:46Z",
"date_modified": "2025-11-19T08:28:34Z",
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"content_text": "Diptyque 80x80cm x2 huile sur toile ",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-22-septembre-aujourd-hui-je-m-en-fous.html",
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"title": "Le 22 septembre aujourd'hui je m'en fous",
"date_published": "2021-09-22T01:46:29Z",
"date_modified": "2025-11-19T07:08:16Z",
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<\/a>dessin inachev\u00e9<\/p>",
"content_text": "J'ai attendu longtemps avant de pouvoir l'\u00e9crire cette lettre. Le temps n\u00e9cessaire qu'il faut pour \u00e9prouver la diff\u00e9rence entre se persuader et \u00eatre d\u00e9barrasser du doute.\n\nPeut-\u00eatre n'est t'elle encore qu'un brouillon, une esquisse, au moment m\u00eame o\u00f9 je la commence je n'en sais fichtre rien, mais je sais qu'au del\u00e0 des pens\u00e9es quelque chose me pousse vers la surprise, l'aventure et voyez vous c'est ce qui me pla\u00eet le plus dans cette vie. C'est la seule tactique que j'ai trouv\u00e9e pour contrer l'ennui pesant des certitudes.\n\nBien sur vous vous direz que je me l'\u00e9cris \u00e0 moi-m\u00eame en premier lieu. Vous ne vous r\u00e9pertorierez pas dans la cat\u00e9gorie des menteurs, vous vous tiendriez \u00e0 l'\u00e9cart un peu comme ces voyeurs qui dans leur d\u00e9s\u0153uvrement ne cherchent qu'\u00e0 glaner quelques informations croustillantes, quelques ragots afin de d\u00e9jouer le silence primordial qui r\u00e9side entre les \u00eatres.\n\nC'est avant tout parce que vous serez persuad\u00e9s de ne pas \u00eatre menteur et ce faisant \u00e9videmment vous en \u00eates d\u00e9j\u00e0 une ou un.\n\nJe ne parle pas seulement du mensonge conscient, celui que l'on fomente pour tromper l'autre, je parle de tous ces mensonges que l'on ne cesse de ressasser en soi-m\u00eame pour s'inventer \u00e0 la face du monde comme de la notre.\n\nL'art de la persuasion sera sans doute celui du 21 \u00e8me si\u00e8cle. J'aimerais bien pouvoir le sauter ce si\u00e8cle pour apercevoir d\u00e9j\u00e0 le suivant qui sera certainement plus serein, plus ludique, plus inventif que tout ce que nous aurons eu \u00e0 traverser pour y parvenir.\n\nJe ne dirai pas qu'il sera plus spirituel parce que ce mot est attach\u00e9 \u00e0 tout un carcan de religiosit\u00e9 qui ne sert encore qu'\u00e0 tromper le chaland. \n\nL'\u00e9glise a depuis toujours \u00e9t\u00e9 du cot\u00e9 des emp\u00eacheurs de tourner en rond, parce qu'elle ne comprend absolument rien aux vertus de la danse et de la transe.\n\nParce que le profit depuis belle lurette guide le monde comme un vecteur, emportant tout en ligne droite. Cette ligne droite qui comme vous ne le savez peut-\u00eatre pas est la seule direction que peuvent prendre les d\u00e9mons.\n\nC'est d'un \u00e9blouissement dont je voudrais aussi vous parler dans cette lettre. De cette lumi\u00e8re prodigieuse qui semble provenir d'un autre monde mais qui, \u00e0 bien y r\u00e9fl\u00e9chir, est la seule vraie lumi\u00e8re rendant caduque toutes les autres en lesquelles on se sera \u00e9clair\u00e9 pour voir.\n\nTous ces voiles qui soudain s'\u00e9vanouissent pour la laisser enfin passer telle qu'elle a toujours \u00e9t\u00e9.\n\nC'est en me rendant dans l'Allier en revenant de vacances que l'id\u00e9e de cette lettre m'est revenue. Cela fait si longtemps que je la tiens au fond de moi comme un oiseau couve sa port\u00e9e...\n\nJ'ai pouss\u00e9 les grilles du cimeti\u00e8re l\u00e0 bas pour me rendre sur le caveau familial. J'ai vu la mousse sur le granit et j'allais laisser les choses ainsi quand mon \u00e9pouse a dit : on va nettoyer.\n\nNous sommes revenu \u00e0 la voiture pour chercher une \u00e9ponge et du produit \u00e0 vaisselle au fond d'un panier et nous avons pass\u00e9 une partie de la matin\u00e9e sous un soleil de plomb \u00e0 remettre \u00e0 neuf la pierre tombale.\n\nPuis une fois la chose faite, j'ai \u00e9prouv\u00e9 l'envie de me promener un peu dans les all\u00e9es, curieux de voir si je ne connaissais pas les noms inscrits en lettres d'or.\n\nLa claque !\n\nJe n'avais pas assez de doigts aux mains pour compter tous ceux que j'avais autrefois connus, camarades et amoureuses, imaginaires et r\u00e9elles.\n\nTout un contingent de d\u00e9funtes et de d\u00e9funts venus au jour en 60 et pour la plupart d\u00e9c\u00e9d\u00e9s depuis plus de 10 ans.\n\nJ'ai voulu chasser cette impression abjecte de prime abord qui me r\u00e9jouissait secr\u00e8tement d'\u00eatre toujours en vie. Un peu comme ces survivants d'attentats qui se sentent coupables d'en r\u00e9chapper et dont la culpabilit\u00e9 semble directement provenir de la jouissance indicible de s'en \u00eatre sorti indemne.\n\nEt puis merde ai je pens\u00e9 quelle chance j'ai finalement !\n\nJe suis l\u00e0 au grand air sous le soleil vais je encore m'en plaindre ?\n\nJe suis revenu en sifflotant pour remplir un gros bidon d'eau fraiche \u00e0 la fontaine et arroser la pierre tombale.\n\nJe me suis souvenu de quelques bons moments pass\u00e9s et repoussant volontairement, courageusement tous les sales quart d'heures. Il ne servait plus \u00e0 grand chose de conserver rancune, col\u00e8re de tenir rigueur. Tout avait fondu comme par magie en quelques instants comme la mousse qui d\u00e9sormais disparaissait dans l'\u00e9vacuation du caniveau.\n\nC'est l\u00e0 que j'ai compris aussi tous les mensonges que j'avais invent\u00e9s pour vivre.\n\nC'est \u00e0 cet instant l\u00e0 que l'\u00e9blouissement est advenu.\n\nEn m\u00eame temps que l'\u00e9motion insoutenable \u00e9cartait mes cotes lib\u00e9rait mes poumons faisait cogner mon palpitant.\n\nJ'ai pleur\u00e9 je n'ai pu me retenir. \n\nMais ce n'\u00e9tait pas sur moi cette fois ci.\n\nC'\u00e9tait sur le monde probablement, du moins s'il faut trouver un mot.\n\nJ'ai referm\u00e9 les grilles soigneusement et puis nous sommes reparti c'\u00e9tait l'heure du d\u00e9jeuner et nous avions faim.\n\nIl y a souvent des choses bien plus importantes \u00e0 faire dans la vie que d'\u00e9crire des lettres de toutes mani\u00e8res.dessin inachev\u00e9 ",
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"title": "Un autre r\u00eave",
"date_published": "2021-03-18T02:23:25Z",
"date_modified": "2025-11-14T15:57:51Z",
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<\/a>Dessin sur logiciel Procreate Patrick Blanchon 2021<\/p>",
"content_text": "Toutes ces peines, ces chagrins, ces d\u00e9sirs, un essaim incessant qui bourdonne gentiment dans la nuit.\n\nUne richesse qui se brasse toute seule au tout dedans d'un regard avare. Un ivrogne avide de conserver toute sa soif.\n\nUne constipation \u00e0 n'en plus finir. On voudrait tout garder encore et encore, ne rien l\u00e2cher. \n\nS'y vautrer par confort face \u00e0 l'inqui\u00e9tude du rien.\n\nRessasser, en rajouter des couches, encore et encore et des questions et des et si. \n\nUne abondance stup\u00e9fiante et toxique qui abolit l'espace et le temps. \n\nSuffirait de faire un pas de c\u00f4t\u00e9 pour sentir le froid grimper. \n\nGlac\u00e9 par ce face \u00e0 face, on voudrait bien mais on ne peut point.\n\nOn ne peut pas et on se r\u00e9fugie vite fait dans le fameux c'est plus fort que moi. \n\nOn ne peut point on n'est que ligne.\n\nMais quand m\u00eame on retente, on s'accroche, l'\u00e9vasion fait r\u00eaver.\n\nImagine un autre r\u00eave que celui-ci.\n\nPeut-\u00eatre une autre chance, une page blanche.\n\nMais que dit la mort sinon ce que l'on sait d\u00e9j\u00e0 encore et encore.\n\nEpuise tout \u00e7a mon petit gars, \u00e9puise. \n\nEpuise encore et tu verras.\n\nUn peu comme Pavese mal compris \n\n\"La mort viendra et elle aura tes yeux.\"\n\nJe m'attendais \u00e0 une amante, un genre de bombe qui ferait tout exploser \n\nqui r\u00e9duirait tout \u00e7a en poudre pour toujours \n\nEn poussi\u00e8re d'\u00e9toile, en origine.\n\nJe n'ai vu au final qu'un voile orange.\n\nLe chirurgien tombe \u00e0 point nomm\u00e9 , me d\u00e9barrasse gentiment de mes vieux cristallins.\n\nChanger de vision ce n'est pas rien \n\nMais l'habitude est reine, le confort de la peine est roi.\n\nPour un clin d'\u0153il de joie on paie ici des mill\u00e9naires de chagrins.\n\nC'est le prix, c'est sans doute ce que \u00e7a vaut.\n\nOn serait bien foutu d'en abuser je me connais.\n\nSe ruer vers la joie pour \u00e9chapper \u00e0 soi.\n\nSe barrer \u00e0 l'anglaise encore une fois.\n\nMais n'as tu pas du tout de r\u00eave ?\n\nBien sur j'en ai plein mais rien que des ne servant \u00e0 rien.\n\nR\u00eaver \u00e0 rien c'est tout de m\u00eame quelque chose \n\nc'est comme des coups d'\u00e9p\u00e9e dans l'eau \n\n\u00e7a ne fait rien \u00e0 l'eau \n\n\u00e7a dit juste que t'as une \u00e9p\u00e9e dont tu ne sais pas quoi foutre \n\nTu ne l'emporteras pas au paradis mon petit gars \n\nah \u00e7a non.\n\nPour t'en d\u00e9barrasser juste un enfer \u00e0 traverser.\n\nEt puis maintenant nu comme un ver vas-y \n\nParle moi donc de cet autre r\u00eave\n\nje plongerais le nez dans ton haleine de b\u00e9b\u00e9 \n\nj'\u00e9couterais ton silence \n\net si tout se passe bien, alors je serais apais\u00e9. Dessin sur logiciel Procreate Patrick Blanchon 2021",
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"title": "Excitation et apaisement",
"date_published": "2021-02-28T09:44:26Z",
"date_modified": "2025-11-14T15:51:02Z",
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<\/a>Ocre et bleu Huile sur toile 60x60 cm Patrick Blanchon 2020<\/p>",
"content_text": "Il a fallu du temps pour que je parvienne enfin \u00e0 renoncer \u00e0 tout effort.\n\nCet effort pour s'exciter, cet effort pour s'apaiser. \n\nDans le fond des choses y en a t'il d'autres ? \n\nLe pire est que je ne savais m\u00eame pas que je faisais un effort \u00e0 chaque fois. \n\nImpossible de dire comment . \n\nJuste que le temps est important. \n\nLe reste demanderait des efforts inutiles.\n\nIl ne reste tout au plus qu'un peu de nostalgie et d'espoir,\n\nun tout petit amalgame. Une gratuit\u00e9.\n\nUn cadeau que l'on ne se sent pas tenu de rembourser.Ocre et bleu Huile sur toile 60x60 cm Patrick Blanchon 2020",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-taureau-qui-pete.html",
"url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/le-taureau-qui-pete.html",
"title": "Le taureau qui p\u00e8te",
"date_published": "2021-01-05T05:38:14Z",
"date_modified": "2025-11-14T15:48:44Z",
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"content_html": "
<\/p>\n
Le jour o\u00f9 j’ai perdu Pauline, j’ai laiss\u00e9 la piaule et je me suis barr\u00e9 de la Bastille. J’ai perdu de vue les Laraison aussi par dessus le march\u00e9.<\/p>\n
<\/p>\n
Le taureau qui p\u00e8te \"What You see Might Not Be Real\" Chen Wenling<\/p>",
"content_text": "Quand j'\u00e9tais jeunot j'habitais dans une chambre de bonne, au 7\u00e8me d'un immeuble cossu, sis Place de la Bastille. Au troisi\u00e8me logeait la famille Laraison, dont le p\u00e8re \u00e9tait le directeur de la Banque de France.\n\nLe tapis rouge que l'on pouvait voir d\u00e8s le rez de chauss\u00e9e s'arr\u00eatait \u00e0 leur \u00e9tage myst\u00e9rieusement. Sans doute eut on install\u00e9 un ascenseur qu'il n'eut pas \u00e9t\u00e9 plus haut non plus. \n\nLorsque je descendais de mon 7\u00e8me quatre \u00e0 quatre, je les croisais parfois. Monsieur Laraison \u00e9tait un homme de taille moyenne, ni gros ni maigre, v\u00eatu de gris. Sa femme semblait fort attach\u00e9e \u00e0 lui car elle se cachait toujours derri\u00e8re jusqu'\u00e0 devenir son ombre exacte lorsque je passais devant eux en leur glissant un \"bonjour\" feutr\u00e9. Quant \u00e0 leurs marmots, ils \u00e9taient joufflus avec des regards en biais qui n'inspiraient aucune sorte de compassion pour le jeune homme que j'\u00e9tais.\n\n\n\nLe mardi les Laraison recevaient. Leurs invit\u00e9s arrivaient vers 20 h et souvent comme je remontais vers ma piaule \u00e0 cette heure l\u00e0 je d\u00e9couvrais dans l'escalier des fragrances de parfums inconnus. Puis lorsque je parvenais au 3\u00e8me je collais l'oreille contre leur porte et j'entendais des rires et des exclamations tranquilles comme ont l'art d'en produire les bons bourgeois de cette ville.\n\n\n\nJ'en parlais \u00e0 Pauline une fois que nous avions fait l'amour en guise de d\u00eener et nous en riions en les imaginant festoyant autour de leur belle nappe blanche, s'agrippant \u00e0 leurs verres en cristal de boh\u00e8me, remplis de Toquay.\n\nImagine si l'un d'entre eux soudain est victime d'une flatulence ou d'une \u00e9ructation intempestive... imagine cette bonne madame Laraison en train de p\u00e9ter entre le hors d'\u0152uvre et la truite saumonn\u00e9e...\n\n\n\nNous riions et cela \u00e9tait bon, mon Dieu que c'\u00e9tait bon.\n\n\n\nCela nous rassurait aussi de les imaginer humains au bout du compte, du moins nous l'esp\u00e9rions comme on esp\u00e8re \u00e0 20 ans.\n\nLe jour o\u00f9 j'ai perdu Pauline, j'ai laiss\u00e9 la piaule et je me suis barr\u00e9 de la Bastille. J'ai perdu de vue les Laraison aussi par dessus le march\u00e9.\n\n\n\nParfois comme aujourd'hui \u00e7a m'arrive d'y repenser, je colle mon oreille \u00e0 la porte de mes souvenirs, je revois Pauline et son corps \u00e9blouissant et puis j'entends un pet sonore soudain qui monte d'un 3\u00e8me pour fendre l'air. Et je me mets \u00e0 rire, \u00e0 rire, mon Dieu comme c'est bon !\n\n\n\nJe me suis mis \u00e0 penser \u00e0 \u00e7a en voyant une \u0153uvre de l'artiste Chinois Chen Wenling \" Le taureau qui p\u00e8te\". En fait le vrai titre de cette \u0153uvre est \"What You see Might Not Be Real\" en fran\u00e7ais :ce que vous voyez pourrait ne pas \u00eatre r\u00e9el.\n\nD'apr\u00e8s les critiques il s'agit en fait d'une critique originale de la crise financi\u00e8re mondiale actuelle. Elle mets en sc\u00e8ne un taureau qui repr\u00e9sente Wall Street, propuls\u00e9 par un pet surpuissant, et \u00e9crasant contre un mur un personnage mi-homme mi-d\u00e9mon qui n'est autre que Bernie Madoff, le plus grand escroc de l'histoire de la finance.Le taureau qui p\u00e8te \"What You see Might Not Be Real\" Chen Wenling",
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"title": "La potion magique pour artiste",
"date_published": "2020-12-29T14:05:14Z",
"date_modified": "2025-11-14T15:48:09Z",
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