{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ignorance-sacree.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/ignorance-sacree.html", "title": "ignorance sacr\u00e9e", "date_published": "2025-11-08T04:30:11Z", "date_modified": "2025-11-08T04:30:11Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
Le gros du troupeau ne s\u2019en sortira pas : il tombera, se noiera dans sa peur, son idiotie, son absence de discernement, sa veulerie. Le berger est cingl\u00e9, ses chiens ont la rage. Et alors ? Qu\u2019est-ce que \u00e7a change ? Le soleil se l\u00e8vera demain. Il y aura un printemps. L\u2019inexorable poursuit, co\u00fbte que co\u00fbte, parce que rien n\u2019est jamais atteint, parce que la fin exige la continuit\u00e9 sans rel\u00e2che. La fin, visage masqu\u00e9 de l\u2019infini. Laisser les choses \u00e0 leur place, avancer — m\u00eame \u00e0 reculons —, ne pas s\u2019\u00e9pancher sans fin, ne pas confondre soulagement et pens\u00e9e. Des flashs me reviennent, du c\u00f4t\u00e9 d\u2019Erzurum : le bus fend des plaines demi-d\u00e9sertes, odeur de diesel, et des chiens efflanqu\u00e9s courent au ras de la t\u00f4le ; on voit leurs c\u00f4tes, la bave file, ils persistent, affam\u00e9s, pr\u00eats \u00e0 mordre le caoutchouc s\u2019il s\u2019offrait — les chiens d\u2019Erzurum rendent la fable litt\u00e9rale. C\u2019est la m\u00eame erreur partout : chien, berger, homme — m\u00eame leurre, m\u00eame refuge dans une ignorance sacr\u00e9e. Nous ne pouvons plus dire aujourd\u2019hui que nous ne savons rien : tout a \u00e9t\u00e9 \u00e9crit, comment\u00e9, diss\u00e9qu\u00e9 ; et pourtant nous r\u00e9clamons du nouveau dans l\u2019horreur. N\u2019ayez pas l\u2019air de baisser les yeux : on aime tant se croire rassur\u00e9, jusqu\u2019\u00e0 vomir sa hargne d\u00e8s qu\u2019un « salaud » se pr\u00e9sente, parce que le d\u00e9signer nous blanchit un instant, nous installe c\u00f4t\u00e9 victime. Tout est l\u00e0, sur les \u00e9tag\u00e8res, mais la paresse nous a gagn\u00e9s : on pr\u00e9f\u00e8re voir des r\u00eaves remuer sur des \u00e9crans plut\u00f4t que penser au pourquoi — ou mieux, au comment — de l\u2019existence. Et j\u2019allais m\u2019enfuir, comme je me le r\u00e9p\u00e9tais depuis une bonne cinquantaine d\u2019ann\u00e9es chaque matin. Je marche vers le portail, je soul\u00e8ve le loquet. De l\u2019autre c\u00f4t\u00e9, au-del\u00e0 de la route et des fa\u00e7ades, les champs, les prairies, les \u00e9toiles ; la nuit respire. Le froid m\u2019envahit, atteint mes os, ma moelle ; je referme. Le gravier crisse sous mes semelles, je reviens. Tous ces gens — mes « proches », dit-on, mais je pr\u00e9f\u00e8re « \u00e9trangers », c\u2019est plus honn\u00eate — je vais revenir, une fois de plus, vers eux. La difficult\u00e9 est l\u00e0. Ce que je pense, est-ce que je dois l\u2019\u00e9crire \u00e0 tout prix ? Parfois l\u2019honn\u00eatet\u00e9 — mais est-ce bien de l\u2019honn\u00eatet\u00e9 ? — me fait dire oui. Chaque fois que j\u2019obtemp\u00e8re, je recule un peu plus dans la marge, dans l\u2019inconnu. \u00c9crire depuis le d\u00e9part me fait dispara\u00eetre des cartes, m\u2019\u00e9loigne de la fr\u00e9quentation de cercles d\u2019amis, d\u2019amis tout court. Cela m\u2019interroge sur la notion d\u2019amiti\u00e9, surtout la mienne. Parfois je me dis qu\u2019un \u00e9crivain ne peut avoir d\u2019amis. Tout au plus entretient-on un commerce avec des « connaissances ». Et maintenant que j\u2019y pense, j\u2019ai toujours \u00e9t\u00e9 plus \u00e0 l\u2019aise avec des coll\u00e8gues ouvriers, t\u00e2cherons, manutentionnaires, qu\u2019avec des gens dipl\u00f4m\u00e9s. La qualit\u00e9 de leur silence m\u2019\u00e9tait un apaisement. Est-ce un d\u00e9lire parano\u00efaque que j\u2019entretiens ? Un instinct de survie tr\u00e8s ancien ? Une sapience tomb\u00e9e trop t\u00f4t, comme une mal\u00e9diction ? Je n\u2019en sais rien. Possible aussi que l\u2019entretien d\u2019un « mauvais objet » me leurre encore sur une construction quelconque. Je ne sais plus rien, je ne veux plus rien savoir, sauf ma peur, ma nuit dans laquelle j\u2019avance, en esp\u00e9rant qu\u2019elle s\u2019ach\u00e8ve un jour. <\/p>", "content_text": " Le gros du troupeau ne s\u2019en sortira pas : il tombera, se noiera dans sa peur, son idiotie, son absence de discernement, sa veulerie. Le berger est cingl\u00e9, ses chiens ont la rage. Et alors ? Qu\u2019est-ce que \u00e7a change ? Le soleil se l\u00e8vera demain. Il y aura un printemps. L\u2019inexorable poursuit, co\u00fbte que co\u00fbte, parce que rien n\u2019est jamais atteint, parce que la fin exige la continuit\u00e9 sans rel\u00e2che. La fin, visage masqu\u00e9 de l\u2019infini. Laisser les choses \u00e0 leur place, avancer \u2014 m\u00eame \u00e0 reculons \u2014, ne pas s\u2019\u00e9pancher sans fin, ne pas confondre soulagement et pens\u00e9e. Des flashs me reviennent, du c\u00f4t\u00e9 d\u2019Erzurum : le bus fend des plaines demi-d\u00e9sertes, odeur de diesel, et des chiens efflanqu\u00e9s courent au ras de la t\u00f4le ; on voit leurs c\u00f4tes, la bave file, ils persistent, affam\u00e9s, pr\u00eats \u00e0 mordre le caoutchouc s\u2019il s\u2019offrait \u2014 les chiens d\u2019Erzurum rendent la fable litt\u00e9rale. C\u2019est la m\u00eame erreur partout : chien, berger, homme \u2014 m\u00eame leurre, m\u00eame refuge dans une ignorance sacr\u00e9e. Nous ne pouvons plus dire aujourd\u2019hui que nous ne savons rien : tout a \u00e9t\u00e9 \u00e9crit, comment\u00e9, diss\u00e9qu\u00e9 ; et pourtant nous r\u00e9clamons du nouveau dans l\u2019horreur. N\u2019ayez pas l\u2019air de baisser les yeux : on aime tant se croire rassur\u00e9, jusqu\u2019\u00e0 vomir sa hargne d\u00e8s qu\u2019un \u00ab salaud \u00bb se pr\u00e9sente, parce que le d\u00e9signer nous blanchit un instant, nous installe c\u00f4t\u00e9 victime. Tout est l\u00e0, sur les \u00e9tag\u00e8res, mais la paresse nous a gagn\u00e9s : on pr\u00e9f\u00e8re voir des r\u00eaves remuer sur des \u00e9crans plut\u00f4t que penser au pourquoi \u2014 ou mieux, au comment \u2014 de l\u2019existence. Et j\u2019allais m\u2019enfuir, comme je me le r\u00e9p\u00e9tais depuis une bonne cinquantaine d\u2019ann\u00e9es chaque matin. Je marche vers le portail, je soul\u00e8ve le loquet. De l\u2019autre c\u00f4t\u00e9, au-del\u00e0 de la route et des fa\u00e7ades, les champs, les prairies, les \u00e9toiles ; la nuit respire. Le froid m\u2019envahit, atteint mes os, ma moelle ; je referme. Le gravier crisse sous mes semelles, je reviens. Tous ces gens \u2014 mes \u00ab proches \u00bb, dit-on, mais je pr\u00e9f\u00e8re \u00ab \u00e9trangers \u00bb, c\u2019est plus honn\u00eate \u2014 je vais revenir, une fois de plus, vers eux. La difficult\u00e9 est l\u00e0. Ce que je pense, est-ce que je dois l\u2019\u00e9crire \u00e0 tout prix ? Parfois l\u2019honn\u00eatet\u00e9 \u2014 mais est-ce bien de l\u2019honn\u00eatet\u00e9 ? \u2014 me fait dire oui. Chaque fois que j\u2019obtemp\u00e8re, je recule un peu plus dans la marge, dans l\u2019inconnu. \u00c9crire depuis le d\u00e9part me fait dispara\u00eetre des cartes, m\u2019\u00e9loigne de la fr\u00e9quentation de cercles d\u2019amis, d\u2019amis tout court. Cela m\u2019interroge sur la notion d\u2019amiti\u00e9, surtout la mienne. Parfois je me dis qu\u2019un \u00e9crivain ne peut avoir d\u2019amis. Tout au plus entretient-on un commerce avec des \u00ab connaissances \u00bb. 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Peu dormi, \u00e9crit plusieurs textes, dont un remis\u00e9 dans la rubrique « carnet noir » que je n\u2019ai pas os\u00e9 publier \u00e0 cause de la franchise nue que j\u2019y entends. Envie de continuer dans cette veine. De me retirer, encore, des r\u00e9seaux. M\u00eame sensation que les jours o\u00f9 j\u2019arr\u00eatais de fumer : la m\u00eame m\u00e9canique d\u2019addiction. Le truc qui m\u2019a servi alors : voir venir de l\u2019horizon un panneau blanc qui grossit, et dessus, en lettres g\u00e9antes, « TAXES ». Pour les r\u00e9seaux, un seul mot suffit : « PERTE DE TEMPS ». Stage de peinture ce matin. Renoncement l\u00e0 aussi. Je sais \u00eatre un bon professeur, mais c\u2019est au d\u00e9triment de mon travail personnel. Je ne peins plus depuis des mois, peut-\u00eatre des ann\u00e9es. Il suffit de regarder les dates ; elles reculent tandis que, dans ma t\u00eate, c\u2019\u00e9tait hier. Depuis les confinements de 2020 — oui, je sais — le temps s\u2019est fig\u00e9 pour moi, pendant que le monde continue. Comme si j\u2019\u00e9tais mort depuis cette date sans m\u2019en apercevoir, poursuivant mentalement la construction d\u2019un monde qui n\u2019existe plus. L\u2019\u00e9criture aide \u00e0 entrer dans cette intemporalit\u00e9, elle aide \u00e0 accepter la mort. J\u2019\u00e9cris mieux, peut-\u00eatre parce que j\u2019en ai fini avec les vivants ; et pourtant je rince les brosses dans la t\u00e9r\u00e9benthine, je ramasse la poussi\u00e8re de craie sur le plancher, je corrige un rouge trop chaud : gestes simples qui me retiennent un peu. Je ne sais pas ce que « mieux » veut dire, et je m\u2019en moque. J\u2019\u00e9cris comme un alpiniste \u00e0 mains nues sur une paroi : je ne sais pas quand viendra la chute ; elle viendra.<\/p>", "content_text": " Peu dormi, \u00e9crit plusieurs textes, dont un remis\u00e9 dans la rubrique \u00ab carnet noir \u00bb que je n\u2019ai pas os\u00e9 publier \u00e0 cause de la franchise nue que j\u2019y entends. Envie de continuer dans cette veine. De me retirer, encore, des r\u00e9seaux. M\u00eame sensation que les jours o\u00f9 j\u2019arr\u00eatais de fumer : la m\u00eame m\u00e9canique d\u2019addiction. Le truc qui m\u2019a servi alors : voir venir de l\u2019horizon un panneau blanc qui grossit, et dessus, en lettres g\u00e9antes, \u00ab TAXES \u00bb. Pour les r\u00e9seaux, un seul mot suffit : \u00ab PERTE DE TEMPS \u00bb. Stage de peinture ce matin. Renoncement l\u00e0 aussi. Je sais \u00eatre un bon professeur, mais c\u2019est au d\u00e9triment de mon travail personnel. Je ne peins plus depuis des mois, peut-\u00eatre des ann\u00e9es. Il suffit de regarder les dates ; elles reculent tandis que, dans ma t\u00eate, c\u2019\u00e9tait hier. Depuis les confinements de 2020 \u2014 oui, je sais \u2014 le temps s\u2019est fig\u00e9 pour moi, pendant que le monde continue. Comme si j\u2019\u00e9tais mort depuis cette date sans m\u2019en apercevoir, poursuivant mentalement la construction d\u2019un monde qui n\u2019existe plus. L\u2019\u00e9criture aide \u00e0 entrer dans cette intemporalit\u00e9, elle aide \u00e0 accepter la mort. J\u2019\u00e9cris mieux, peut-\u00eatre parce que j\u2019en ai fini avec les vivants ; et pourtant je rince les brosses dans la t\u00e9r\u00e9benthine, je ramasse la poussi\u00e8re de craie sur le plancher, je corrige un rouge trop chaud : gestes simples qui me retiennent un peu. Je ne sais pas ce que \u00ab mieux \u00bb veut dire, et je m\u2019en moque. J\u2019\u00e9cris comme un alpiniste \u00e0 mains nues sur une paroi : je ne sais pas quand viendra la chute ; elle viendra. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/img_0271-2.jpg?1762346875", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/04-novembre-2025.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/04-novembre-2025.html", "title": "04 novembre 2025", "date_published": "2025-11-04T08:58:27Z", "date_modified": "2025-11-04T08:58:37Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
Entre deux catastrophes, l\u2019oubli de la pr\u00e9c\u00e9dente, l\u2019ignorance de la suivante, l\u2019homme \u00e0 t\u00eate de linotte bat des paupi\u00e8res en esp\u00e9rant s\u2019envoler — ce qui n\u2019arrive jamais. Par d\u00e9pit, il donne sa langue au chat, en remarquant que c\u2019est toujours bien difficile d\u2019\u00e9crire « \u00e0 la chatte » plut\u00f4t qu\u2019« au chat ». Content, car apr\u00e8s tout, pourquoi ne pas tenter de l\u2019\u00eatre, d\u2019avoir \u00e0 donner quelque chose plut\u00f4t que rien ? Enfin, il l\u00e8ve les yeux au ciel et voit le bleu. Il ne voit plus que du bleu. Il s\u2019en remet tout entier au bleu ; cela finit par descendre sur lui. Il devient un de ces hommes bleus, cal\u00e9 entre deux bosses, entre deux dunes ; il traverse un grand d\u00e9sert \u00e0 pas lents, toujours en se demandant : « Doit-on dire chameau ou dromadaire ? » Ou rien, pour avoir l\u2019air, toujours l\u2019air, alors qu\u2019on \u00e9touffe, qu\u2019on aurait bien des choses \u00e0 dire, mais l\u2019abondance — comme la pauvret\u00e9 — se cachant derri\u00e8re la facilit\u00e9 de la chose, l\u2019\u00e9puise trop.<\/p>\n
J\u2019ai remis hier ma copie<\/a> pour l\u2019atelier d\u2019\u00e9criture. Je pense que l\u2019atelier m\u2019apporte surtout la vitesse d\u2019ex\u00e9cution en ce moment. Mais il faut dire aussi que je baigne dans tout cela toute la journ\u00e9e et la nuit. Au d\u00e9pens de tout le reste, j\u2019en ai bien peur.<\/p>\n Nouveau billet : phrases<\/a> ouverture pour novembre. \u00c0 relire octobre<\/a> , bonne impression, quelque chose de tranquille, l\u00e9ger ; bien que ce soient des phrases seules, le blanc entre elles, sans doute, avec de moins en moins de doute.<\/p>\n Et toujours cette ambigu\u00eft\u00e9 fatigante de partager, de ne pas partager. Parfois je m\u2019en tire sans me poser la question, c\u2019est une affaire d\u2019encha\u00eenement de gestes, tr\u00e8s rapides, sans r\u00e9fl\u00e9chir. Aujourd\u2019hui la r\u00e9flexion m\u2019en emp\u00eache, je l\u2019ai trop laiss\u00e9e prendre le dessus.<\/p>\n Ici, prendre une nouvelle habitude : \u00e9crire court. M\u00e9nager le blanc entre les groupes de phrases. Patience, 40 jours suffisent pour prendre une nouvelle habitude, 40 nuits pour traverser un d\u00e9sert.<\/p>\n illustration<\/strong> attraction \u00e0 voir autour de Quarante (34)<\/p>",
"content_text": " Entre deux catastrophes, l\u2019oubli de la pr\u00e9c\u00e9dente, l\u2019ignorance de la suivante, l\u2019homme \u00e0 t\u00eate de linotte bat des paupi\u00e8res en esp\u00e9rant s\u2019envoler \u2014 ce qui n\u2019arrive jamais. Par d\u00e9pit, il donne sa langue au chat, en remarquant que c\u2019est toujours bien difficile d\u2019\u00e9crire \u00ab \u00e0 la chatte \u00bb plut\u00f4t qu\u2019\u00ab au chat \u00bb. Content, car apr\u00e8s tout, pourquoi ne pas tenter de l\u2019\u00eatre, d\u2019avoir \u00e0 donner quelque chose plut\u00f4t que rien ? Enfin, il l\u00e8ve les yeux au ciel et voit le bleu. Il ne voit plus que du bleu. Il s\u2019en remet tout entier au bleu ; cela finit par descendre sur lui. Il devient un de ces hommes bleus, cal\u00e9 entre deux bosses, entre deux dunes ; il traverse un grand d\u00e9sert \u00e0 pas lents, toujours en se demandant : \u00ab Doit-on dire chameau ou dromadaire ? \u00bb Ou rien, pour avoir l\u2019air, toujours l\u2019air, alors qu\u2019on \u00e9touffe, qu\u2019on aurait bien des choses \u00e0 dire, mais l\u2019abondance \u2014 comme la pauvret\u00e9 \u2014 se cachant derri\u00e8re la facilit\u00e9 de la chose, l\u2019\u00e9puise trop. J\u2019ai remis hier ma [copie->https:\/\/ledibbouk.net\/boost-2-07-il-voit-la-champagne-les-dardanelles-et-s-en-revient.html] pour l\u2019atelier d\u2019\u00e9criture. Je pense que l\u2019atelier m\u2019apporte surtout la vitesse d\u2019ex\u00e9cution en ce moment. Mais il faut dire aussi que je baigne dans tout cela toute la journ\u00e9e et la nuit. Au d\u00e9pens de tout le reste, j\u2019en ai bien peur. Nouveau billet : [phrases->https:\/\/ledibbouk.net\/novembre-2025-phrases.html] ouverture pour novembre. \u00c0 relire [octobre->https:\/\/ledibbouk.net\/septembre-octobre-2025-phrases.html] , bonne impression, quelque chose de tranquille, l\u00e9ger ; bien que ce soient des phrases seules, le blanc entre elles, sans doute, avec de moins en moins de doute. Et toujours cette ambigu\u00eft\u00e9 fatigante de partager, de ne pas partager. Parfois je m\u2019en tire sans me poser la question, c\u2019est une affaire d\u2019encha\u00eenement de gestes, tr\u00e8s rapides, sans r\u00e9fl\u00e9chir. Aujourd\u2019hui la r\u00e9flexion m\u2019en emp\u00eache, je l\u2019ai trop laiss\u00e9e prendre le dessus. Ici, prendre une nouvelle habitude : \u00e9crire court. M\u00e9nager le blanc entre les groupes de phrases. Patience, 40 jours suffisent pour prendre une nouvelle habitude, 40 nuits pour traverser un d\u00e9sert. **illustration** attraction \u00e0 voir autour de Quarante (34) ",
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"id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/03-novembre-2025.html",
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"title": "03 novembre 2025",
"date_published": "2025-11-03T07:23:52Z",
"date_modified": "2025-11-03T07:23:52Z",
"author": {"name": "Patrick Blanchon"},
"content_html": " O\u00f9 l\u2019on tente de circonscrire l\u2019insaisissable. Peut-on classer Steiner ? La question elle-m\u00eame trahit une mentalit\u00e9 de biblioth\u00e9caire, cette manie d\u2019\u00e9tiqueter ce qui, par nature, fuit la cat\u00e9gorie. Je pense \u00e0 ce mot de Val\u00e9ry : « Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l\u2019est pas est inutilisable. » Steiner, lui, choisit d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment l\u2019inutilisable — c\u2019est-\u00e0-dire le complexe, le contradictoire, le profond.<\/p>\n « Je suis un sioniste le matin, un antisioniste l\u2019apr\u00e8s-midi. »<\/p>\n