{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/30-septembre-2018.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/30-septembre-2018.html", "title": "30 septembre 2018", "date_published": "2018-09-30T19:56:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
<\/a>\n<\/figure>\n<\/div>\nCe serait la premi\u00e8re couleur, pr\u00e9existante avant toutes les autres. Couleur associ\u00e9e \u00e0 la phase de dissolution, de d\u00e9composition de la mati\u00e8re. Cette noirceur n\u2019a pas d\u2019autre qualit\u00e9 que celle qu\u2019on peut lui attribuer. Elle est neutre de nature. Il y a de la boue, de la merde, des humeurs, du sang et du sperme mais \u00e7a ne sent rien de particulier en dehors de l\u2019observateur la noirceur reste neutre scell\u00e9e comme la nuit ou le vide cosmique. Cette noirceur, comment \u00e9tablir sa pr\u00e9sence lorsqu\u2019on a les yeux du quotidien, le regard du si\u00e8cle et que tous les n\u00e9ons de la f\u00eate n\u2019ont pour seule fonction que d\u2019\u00e9clairer notre divertissement ? Comment savoir que sans celle ci , la « nigredo », nous ne sommes qu\u2019enfants perdus dans la r\u00eaverie de Dieu \u00e0 son 4 \u00e8me jour. Car bien sur on ne peut que le constater : la cr\u00e9ation n\u2019est encore termin\u00e9e et, si le Tr\u00e8s haut nous a fait \u00e0 sa ressemblance, nous avons encore 3 jours devant nous pour nous parfaire. Ou pas, n\u2019oublions pas le libre arbitre. Tout peut encore basculer \u00e0 l\u2019aurore, et en dormant nous r\u00eavons ou cauchemardons notre destin\u00e9e inconnue. Englu\u00e9s encore dans la noirceur qu\u2019il faut dissoudre jusqu\u2019\u00e0 la lie nous hurlons, pleurons, rions, courrons ,frappons, caressons alors que le silence nous couve de ses grands yeux sombres et brillants.
\nBob Dylan disait \u2018\u00e9coute dans le vent\u2019 et il avait raison. Il est bon de guetter le son de la nature et ce qu\u2019elle laisse au vent porter jusqu\u2019\u00e0 nos oreilles souvent bouch\u00e9es. Les forces de la noirceur et de la lumi\u00e8re ne l\u2019oublions sont toujours associ\u00e9es et je mettrais bien ma main \u00e0 couper ou au feu que ce n\u2019est pas une association de malfaiteurs. Apr\u00e8s sachant ce que donnent les paris, les plans sur la com\u00e8te et les ch\u00e2teaux en Espagne\u2026 F\u00e9minin et masculin veillez l\u2019une sur l\u2019autre tandis que la lune danse dans la nuit noire ivre de souvenirs, engross\u00e9e par le vieux soleil.<\/p>",
"content_text": " Ce serait la premi\u00e8re couleur, pr\u00e9existante avant toutes les autres. Couleur associ\u00e9e \u00e0 la phase de dissolution, de d\u00e9composition de la mati\u00e8re. Cette noirceur n\u2019a pas d\u2019autre qualit\u00e9 que celle qu\u2019on peut lui attribuer. Elle est neutre de nature. Il y a de la boue, de la merde, des humeurs, du sang et du sperme mais \u00e7a ne sent rien de particulier en dehors de l\u2019observateur la noirceur reste neutre scell\u00e9e comme la nuit ou le vide cosmique. Cette noirceur, comment \u00e9tablir sa pr\u00e9sence lorsqu\u2019on a les yeux du quotidien, le regard du si\u00e8cle et que tous les n\u00e9ons de la f\u00eate n\u2019ont pour seule fonction que d\u2019\u00e9clairer notre divertissement ? Comment savoir que sans celle ci , la \u00ab nigredo \u00bb, nous ne sommes qu\u2019enfants perdus dans la r\u00eaverie de Dieu \u00e0 son 4 \u00e8me jour. Car bien sur on ne peut que le constater : la cr\u00e9ation n\u2019est encore termin\u00e9e et, si le Tr\u00e8s haut nous a fait \u00e0 sa ressemblance, nous avons encore 3 jours devant nous pour nous parfaire. Ou pas, n\u2019oublions pas le libre arbitre. Tout peut encore basculer \u00e0 l\u2019aurore, et en dormant nous r\u00eavons ou cauchemardons notre destin\u00e9e inconnue. Englu\u00e9s encore dans la noirceur qu\u2019il faut dissoudre jusqu\u2019\u00e0 la lie nous hurlons, pleurons, rions, courrons ,frappons, caressons alors que le silence nous couve de ses grands yeux sombres et brillants. Bob Dylan disait \u2018\u00e9coute dans le vent\u2019 et il avait raison. Il est bon de guetter le son de la nature et ce qu\u2019elle laisse au vent porter jusqu\u2019\u00e0 nos oreilles souvent bouch\u00e9es. Les forces de la noirceur et de la lumi\u00e8re ne l\u2019oublions sont toujours associ\u00e9es et je mettrais bien ma main \u00e0 couper ou au feu que ce n\u2019est pas une association de malfaiteurs. Apr\u00e8s sachant ce que donnent les paris, les plans sur la com\u00e8te et les ch\u00e2teaux en Espagne\u2026 F\u00e9minin et masculin veillez l\u2019une sur l\u2019autre tandis que la lune danse dans la nuit noire ivre de souvenirs, engross\u00e9e par le vieux soleil. ",
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"title": "29 septembre 2018",
"date_published": "2018-09-29T19:53:00Z",
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<\/a>\n<\/figure>\n<\/div>\nLe temps, quatri\u00e8me dimension de notre espace, d\u00e9sormais appel\u00e9 « espace-temps » est un param\u00e8tre incontournable en peinture. En combien de temps vais-je r\u00e9aliser cette toile ? devrait \u00eatre une contrainte que le peintre se donne pour calmer son exc\u00e8s de libert\u00e9 et sa toute puissance cr\u00e9atrice. Il est logique de penser qu\u2019une \u0153uvre d\u2019art n\u00e9cessite des dizaines d\u2019heures de travail et qu\u2019a contrario trois lignes plac\u00e9es au fusain sur une feuille de papier ne prennent que quelques secondes, ce qui ne retire en rien \u00e0 la beaut\u00e9 et \u00e0 l\u2019\u00e9motion que ces trois lignes peuvent susciter . En fait les deux se valent. L\u2019un n\u2019est pas plus « beau » ou « expressif » que l\u2019autre dans l\u2019absolu. Ces deux \u0153uvres ne sont que des \u00e9manations du temps dont disposait leur auteur pour les exprimer. Dans mes cours de peinture cette contrainte du temps, j\u2019ai finit par la proposer aux \u00e9l\u00e8ves qui malgr\u00e9 un plan de r\u00e9alisation assez pr\u00e9cis parfois pouvait \u00e9tendre la r\u00e9alisation d\u2019un tableau sur plusieurs mois, suivant le format choisi, la technique utilis\u00e9e, leur motivation comme leur assiduit\u00e9.\n
— Je veux faire \u00e7a !\n
— Ok mais en combien de temps ?
\nEt l\u00e0 cette question oblige \u00e0 prendre en compte quelque chose d\u2019autre : Evaluer la dur\u00e9e. De l\u00e0 \u00e0 imaginer un art du temps il n\u2019y a pas bien loin. Lorsqu\u2019on travaille \u00e0 l\u2019huile il est souhaitable d\u2019entreprendre plusieurs tableaux en m\u00eame temps suivant les temps de s\u00e9chage assez longs. Plusieurs formats \u00e9galement, changer le format peut acc\u00e9l\u00e9rer ou ralentir le temps. Choisir aussi des supports in\u00e9dits qui font qu\u2019on leur attribue une plus ou moins grande importance ( feuille de journal, carton, bristol r\u00e9cup\u00e9r\u00e9, papier d\u2019emballage etc ) car l\u2019importance qu\u2019on accorde ainsi permet de traverser des fronti\u00e8res in\u00e9dites \u00e9galement. Celles du mental notamment dont la propri\u00e9t\u00e9 est de tout passer au tamis de son contr\u00f4le. En Asie, l\u2019art du temps est plus un art du temps pr\u00e9sent, de l\u2019imm\u00e9diatet\u00e9, m\u00eal\u00e9 \u00e0 la contrainte du geste juste. Mentalit\u00e9 diff\u00e9rente de la notre avide de r\u00e9sultats imm\u00e9diats, les peintres travaillent d\u2019abord la notion d\u2019imm\u00e9diat sans recherche de but. Il faudrait un jour qu\u2019un peintre se fasse creuset et r\u00e9unissent ces deux approches du temps\u2026 Peut-\u00eatre Fabienne Verdier y parvient elle mais encore isol\u00e9e son travail devrait attirer plus de peintres \u00e0 tenter l\u2019exp\u00e9rience alchimique. Dans cet art du temps il est d\u2019ailleurs possible que le mental soit le cyclope \u00e0 enivrer afin que l\u2019intuition agile et ses compagnons l\u2019audace, la fulgurance, la vitesse et la souplesse puissent enfin respirer \u00e0 l\u2019air libre.<\/p>\n
La dissolution est un terme bien connu des alchimistes qui savent l\u2019implication des actions effectu\u00e9es du microcosme vers le macrocosme. Lorsqu\u2019on chauffe un minerai \u00e0 une certaine temp\u00e9rature on » ouvre » ce minerai c\u2019est \u00e0 dire qu\u2019on lib\u00e8re celui ci d\u2019une gangue brute, sans valeur particuli\u00e8re pour le transmuter en un autre \u00e9tat plus subtil. Avec les progr\u00e8s de la physique quantique ou pas on commence \u00e0 comprendre que l\u2019observateur joue un r\u00f4le capital dans toute exp\u00e9rimentation qu\u2019il effectue. Nous ne sommes pas ext\u00e9rieurs \u00e0 ce que nous pensons, faisons, ressentons, exp\u00e9rimentons, nous sommes l\u2019exp\u00e9rience. C\u2019est pourquoi agir sur la dissolution du m\u00e9tal en le chauffant dissout aussi en nous quelques scories, et ce faisant nous am\u00e8ne, en pers\u00e9v\u00e9rant bien s\u00fbr, \u00e0 une qualit\u00e9 diff\u00e9rente de nous m\u00eame, si tant est que l\u2019or est plus pr\u00e9cieux que le plomb ce dont je ne suis pas du tout certain, il est clair que les deux m\u00e9taux sont d\u2019une composition diff\u00e9rente. En alchimie chercher l\u2019or est une tarte \u00e0 la cr\u00e8me, comme en notre \u00e9poque chercher la saintet\u00e9 ou la renomm\u00e9e revient \u00e0 la m\u00eame confusion des genres. D\u2019ailleurs les chercheurs cherchent parfois longtemps alors que les anciens trouv\u00e8res et autres troubadours trouvaient le mot juste pour illustrer une grande bataille, un haut fait ou bien juste rendre hommage \u00e0 la beaut\u00e9 des filles . L\u2019alchimiste, le peintre devraient se concentrer sur « trouver » plus que chercher car trouvant des miracles en l\u2019ext\u00e9rieur, et il y en a grand nombre, ils en trouveraient par \u00e9cho un grand nombre en eux m\u00eames. Encore que pour cela notre idole install\u00e9e , fixe et r\u00e9tive \u00e0 tout changement laisse passer le courant. C\u2019est en ce sens que le commencement demande de dissoudre l\u2019idole gentiment, sans trop la heurter non plus car elle aurait tendance comme le Bernard l\u2019Hermite \u00e0 se recroqueviller sur elle m\u00eame et \u00e0 procurer \u00e0 son possesseur des semelles de plomb sur son cheminement spirituel ou artistique.<\/p>", "content_text": " Le temps, quatri\u00e8me dimension de notre espace, d\u00e9sormais appel\u00e9 \u00ab espace-temps \u00bb est un param\u00e8tre incontournable en peinture. En combien de temps vais-je r\u00e9aliser cette toile? devrait \u00eatre une contrainte que le peintre se donne pour calmer son exc\u00e8s de libert\u00e9 et sa toute puissance cr\u00e9atrice. Il est logique de penser qu\u2019une \u0153uvre d\u2019art n\u00e9cessite des dizaines d\u2019heures de travail et qu\u2019a contrario trois lignes plac\u00e9es au fusain sur une feuille de papier ne prennent que quelques secondes, ce qui ne retire en rien \u00e0 la beaut\u00e9 et \u00e0 l\u2019\u00e9motion que ces trois lignes peuvent susciter . En fait les deux se valent. L\u2019un n\u2019est pas plus \u00ab beau \u00bb ou \u00ab expressif \u00bb que l\u2019autre dans l\u2019absolu. Ces deux \u0153uvres ne sont que des \u00e9manations du temps dont disposait leur auteur pour les exprimer. Dans mes cours de peinture cette contrainte du temps, j\u2019ai finit par la proposer aux \u00e9l\u00e8ves qui malgr\u00e9 un plan de r\u00e9alisation assez pr\u00e9cis parfois pouvait \u00e9tendre la r\u00e9alisation d\u2019un tableau sur plusieurs mois, suivant le format choisi, la technique utilis\u00e9e, leur motivation comme leur assiduit\u00e9. \u2014Je veux faire \u00e7a ! \u2014Ok mais en combien de temps ? Et l\u00e0 cette question oblige \u00e0 prendre en compte quelque chose d\u2019autre : Evaluer la dur\u00e9e. De l\u00e0 \u00e0 imaginer un art du temps il n\u2019y a pas bien loin. Lorsqu\u2019on travaille \u00e0 l\u2019huile il est souhaitable d\u2019entreprendre plusieurs tableaux en m\u00eame temps suivant les temps de s\u00e9chage assez longs. Plusieurs formats \u00e9galement, changer le format peut acc\u00e9l\u00e9rer ou ralentir le temps. Choisir aussi des supports in\u00e9dits qui font qu\u2019on leur attribue une plus ou moins grande importance ( feuille de journal, carton, bristol r\u00e9cup\u00e9r\u00e9, papier d\u2019emballage etc ) car l\u2019importance qu\u2019on accorde ainsi permet de traverser des fronti\u00e8res in\u00e9dites \u00e9galement. Celles du mental notamment dont la propri\u00e9t\u00e9 est de tout passer au tamis de son contr\u00f4le. En Asie, l\u2019art du temps est plus un art du temps pr\u00e9sent, de l\u2019imm\u00e9diatet\u00e9, m\u00eal\u00e9 \u00e0 la contrainte du geste juste. Mentalit\u00e9 diff\u00e9rente de la notre avide de r\u00e9sultats imm\u00e9diats, les peintres travaillent d\u2019abord la notion d\u2019imm\u00e9diat sans recherche de but. Il faudrait un jour qu\u2019un peintre se fasse creuset et r\u00e9unissent ces deux approches du temps\u2026 Peut-\u00eatre Fabienne Verdier y parvient elle mais encore isol\u00e9e son travail devrait attirer plus de peintres \u00e0 tenter l\u2019exp\u00e9rience alchimique. Dans cet art du temps il est d\u2019ailleurs possible que le mental soit le cyclope \u00e0 enivrer afin que l\u2019intuition agile et ses compagnons l\u2019audace, la fulgurance, la vitesse et la souplesse puissent enfin respirer \u00e0 l\u2019air libre. {{{Sur la dissolution.}}} La dissolution est un terme bien connu des alchimistes qui savent l\u2019implication des actions effectu\u00e9es du microcosme vers le macrocosme. Lorsqu\u2019on chauffe un minerai \u00e0 une certaine temp\u00e9rature on \u00bb ouvre \u00bb ce minerai c\u2019est \u00e0 dire qu\u2019on lib\u00e8re celui ci d\u2019une gangue brute, sans valeur particuli\u00e8re pour le transmuter en un autre \u00e9tat plus subtil. Avec les progr\u00e8s de la physique quantique ou pas on commence \u00e0 comprendre que l\u2019observateur joue un r\u00f4le capital dans toute exp\u00e9rimentation qu\u2019il effectue. Nous ne sommes pas ext\u00e9rieurs \u00e0 ce que nous pensons, faisons, ressentons, exp\u00e9rimentons, nous sommes l\u2019exp\u00e9rience. C\u2019est pourquoi agir sur la dissolution du m\u00e9tal en le chauffant dissout aussi en nous quelques scories, et ce faisant nous am\u00e8ne, en pers\u00e9v\u00e9rant bien s\u00fbr, \u00e0 une qualit\u00e9 diff\u00e9rente de nous m\u00eame, si tant est que l\u2019or est plus pr\u00e9cieux que le plomb ce dont je ne suis pas du tout certain, il est clair que les deux m\u00e9taux sont d\u2019une composition diff\u00e9rente. En alchimie chercher l\u2019or est une tarte \u00e0 la cr\u00e8me, comme en notre \u00e9poque chercher la saintet\u00e9 ou la renomm\u00e9e revient \u00e0 la m\u00eame confusion des genres. D\u2019ailleurs les chercheurs cherchent parfois longtemps alors que les anciens trouv\u00e8res et autres troubadours trouvaient le mot juste pour illustrer une grande bataille, un haut fait ou bien juste rendre hommage \u00e0 la beaut\u00e9 des filles . L\u2019alchimiste, le peintre devraient se concentrer sur \u00ab trouver \u00bb plus que chercher car trouvant des miracles en l\u2019ext\u00e9rieur, et il y en a grand nombre, ils en trouveraient par \u00e9cho un grand nombre en eux m\u00eames. Encore que pour cela notre idole install\u00e9e , fixe et r\u00e9tive \u00e0 tout changement laisse passer le courant. C\u2019est en ce sens que le commencement demande de dissoudre l\u2019idole gentiment, sans trop la heurter non plus car elle aurait tendance comme le Bernard l\u2019Hermite \u00e0 se recroqueviller sur elle m\u00eame et \u00e0 procurer \u00e0 son possesseur des semelles de plomb sur son cheminement spirituel ou artistique. 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<\/a>\n<\/figure>\n<\/div>\n« L\u2019avait l\u2019 don, c\u2019est vrai, j\u2019en conviens,
\nL\u2019avait l\u2019 g\u00e9nie,
\nMais sans technique, un don n\u2019est rien
\nQu\u2019un\u2019 sal\u2019 manie\u2026
\nCertes, on ne se fait pas putain
\nComme on s\u2019 fait nonne.
\nC\u2019est du moins c\u2019 qu\u2019on pr\u00eache, en latin,<\/p>\n
A la Sorbonne\u2026 »<\/p>\n
Ce morceau du « mauvais sujet repenti » du tr\u00e8s regrett\u00e9 Georges Brassens trotte dans ma t\u00eate depuis ce matin, belle journ\u00e9e d\u2019automne, sans courrier, sans accroc, sans m\u00eame une t\u00e2che de peinture. En marchant vers le supermarch\u00e9 le plus proche de chez moi je siffloterais presque. Ce matin j\u2019ai d\u00e9cid\u00e9, aussit\u00f4t pos\u00e9 le pied \u00e0 terre, que ce serait une bonne journ\u00e9e. Et du coup ma d\u00e9marche s\u2019en ressent, m\u00eame le dos semble moins vo\u00fbt\u00e9. Pas la moindre petite douleur articulaire non plus , ce sera vraiment une journ\u00e9e \u00e9patante. En marchant le cerveau est berc\u00e9 comme un b\u00e9b\u00e9, l\u2019\u00e2me pendouille agr\u00e9ablement quand le mental \u00e9tourdi de lumi\u00e8re n\u2019a aucune invective particuli\u00e8re \u00e0 formuler, sans contrainte tout en soi vagabonde. Donc un don sans technique ne serait qu\u2019une sale manie \u2026ne perdons pas le fil quand m\u00eame. La fin de la strophe fait tout de m\u00eame r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 la Sorbonne en gage de s\u00e9rieux et c\u2019est encore toute la force des textes de Brassens. Le non-dit qui se planque derri\u00e8re le dit tout haut. Avoir un don et ne pas le travailler c\u2019est mal ; rappelons nous qu\u2019on nous enseigne au cat\u00e9chisme que nous sera compt\u00e9e l\u2019utilisation bonne ou mauvaise de nos talents. Il doit bien y avoir quelque chose de vrai dans cette menace. Encore qu\u2019il ne faille pas forc\u00e9ment atteindre le purgatoire le paradis ou l\u2019enfer pour en faire l\u2019exp\u00e9rience. Combien d\u2019\u00e9l\u00e8ves avaient une facilit\u00e9 \u00e0 dessiner et ont laiss\u00e9 tomber car il fallait pratiquer ? Sans la motivation un don ne vaut pas grand chose non plus on dirait bien. D\u2019un autre c\u00f4t\u00e9 le don ne procure pas que des cons\u00e9quences agr\u00e9ables et je peux comprendre qu\u2019on l\u2019abandonne , qu\u2019on ne veuille plus le montrer . Celle ou celui qui le cultive s\u2019attire au mieux l\u2019envie sous toutes ses d\u00e9clinaisons y compris p\u00e9cuniaires au pire une arrogance plus ou moins prononc\u00e9e envers ceux qui en sont d\u00e9pourvus. C\u2019est que ce cadeau finalement, on pourrait le trouver louche, quelle contrepartie va t\u2019il falloir donner ? On ne se fait pas putain comme on se fait nonne, ajoute le po\u00e8te Et c\u2019est l\u2019avis de l\u2019institution , la fameuse Sorbonne.
\nMais la mienne peut bien diff\u00e9rer. J\u2019ai connu dans ma jeunesse des p\u00e9ripat\u00e9ticiennes tout \u00e0 fait convaincues d\u2019\u00eatre en lien avec le Tr\u00e8s Haut et qui avaient \u00e9lev\u00e9 leur pratique \u00e0 la hauteur d\u2019un sacerdoce. Nous allions, joyeuse compagnie, tous ensemble \u00e0 saint Eustache une fois l\u2019an en p\u00e8lerinage de je ne sais plus quoi et de la Sorbonne on s\u2019en cognait bien proprement.<\/p>\n
Il fait plut\u00f4t frisquet ce matin l\u00e0 dans la Grande Galerie du Louvre que je traverse avec ma ventouse planqu\u00e9e comme une arme le long de ma cuisse. Les toilettes des dames \u00e9tant encore bouch\u00e9es. Il y a juste devant le tr\u00e8s imposant Watteau, une jeune fille bien proprette qui a apport\u00e9 un pliant et qui dessine le visage du Gilles. J\u2019engagerais bien une conversation mais ma ventouse m\u2019encombre et je me contente de faire un l\u00e9ger crochet pour apercevoir son travail. Copie conforme\u2026 mince me suis je dit un sacr\u00e9 coup de crayon et puis je suis parti vers mon labeur en esquivant presque une glissade tant le parquet \u00e9tait reluisant et lisse. Ils viennent souvent, les \u00e9l\u00e8ves des Beaux Arts et d\u2019autres lieux sanctifi\u00e9s pour se faire la main sur les beaux tableaux du grand temple quasi pharaonique parigot. Cependant ils copient tous bien fid\u00e8lement, j\u2019en ai peu vu qui s\u2019inspiraient, qui interpr\u00e9taient \u00e0 leur fa\u00e7on. Sauf un qui \u00e9tait tout ch\u00e9tif, d\u00e9penaill\u00e9 et qui me rappelait Soutine. Lui ne regardait que sa feuille et pas du tout le tableau devant lequel il se trouvait. A priori on aurait pu penser qu\u2019il cherchait un abri et que c\u2019\u00e9tait une sorte de planque des mauvais jours . Mais non en regardant bien son travail , nous avions fini par sympathiser, il s\u2019inspirait mais ne reproduisait pas. Il y avait un air de famille lointain avec les tableaux que je croisais tous les jours , comme une sorte de continuit\u00e9 d\u2019un travail commenc\u00e9 bien avant lui. Je n\u2019ai jamais su ce qu\u2019il \u00e9tait devenu , un jour j\u2019ai quitt\u00e9 le Louvre pour une autre aventure et je ne l\u2019ai jamais revu.<\/p>", "content_text": " \u00ab L\u2019avait l\u2019 don, c\u2019est vrai, j\u2019en conviens, L\u2019avait l\u2019 g\u00e9nie, Mais sans technique, un don n\u2019est rien Qu\u2019un\u2019 sal\u2019 manie\u2026 Certes, on ne se fait pas putain Comme on s\u2019 fait nonne. C\u2019est du moins c\u2019 qu\u2019on pr\u00eache, en latin, A la Sorbonne\u2026 \u00bb Ce morceau du \u00ab mauvais sujet repenti \u00bb du tr\u00e8s regrett\u00e9 Georges Brassens trotte dans ma t\u00eate depuis ce matin, belle journ\u00e9e d\u2019automne, sans courrier, sans accroc, sans m\u00eame une t\u00e2che de peinture. En marchant vers le supermarch\u00e9 le plus proche de chez moi je siffloterais presque. Ce matin j\u2019ai d\u00e9cid\u00e9, aussit\u00f4t pos\u00e9 le pied \u00e0 terre, que ce serait une bonne journ\u00e9e. Et du coup ma d\u00e9marche s\u2019en ressent, m\u00eame le dos semble moins vo\u00fbt\u00e9. Pas la moindre petite douleur articulaire non plus , ce sera vraiment une journ\u00e9e \u00e9patante. En marchant le cerveau est berc\u00e9 comme un b\u00e9b\u00e9, l\u2019\u00e2me pendouille agr\u00e9ablement quand le mental \u00e9tourdi de lumi\u00e8re n\u2019a aucune invective particuli\u00e8re \u00e0 formuler, sans contrainte tout en soi vagabonde. Donc un don sans technique ne serait qu\u2019une sale manie \u2026ne perdons pas le fil quand m\u00eame. La fin de la strophe fait tout de m\u00eame r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 la Sorbonne en gage de s\u00e9rieux et c\u2019est encore toute la force des textes de Brassens. Le non-dit qui se planque derri\u00e8re le dit tout haut. Avoir un don et ne pas le travailler c\u2019est mal; rappelons nous qu\u2019on nous enseigne au cat\u00e9chisme que nous sera compt\u00e9e l\u2019utilisation bonne ou mauvaise de nos talents. Il doit bien y avoir quelque chose de vrai dans cette menace. Encore qu\u2019il ne faille pas forc\u00e9ment atteindre le purgatoire le paradis ou l\u2019enfer pour en faire l\u2019exp\u00e9rience. Combien d\u2019\u00e9l\u00e8ves avaient une facilit\u00e9 \u00e0 dessiner et ont laiss\u00e9 tomber car il fallait pratiquer ? Sans la motivation un don ne vaut pas grand chose non plus on dirait bien. D\u2019un autre c\u00f4t\u00e9 le don ne procure pas que des cons\u00e9quences agr\u00e9ables et je peux comprendre qu\u2019on l\u2019abandonne , qu\u2019on ne veuille plus le montrer . Celle ou celui qui le cultive s\u2019attire au mieux l\u2019envie sous toutes ses d\u00e9clinaisons y compris p\u00e9cuniaires au pire une arrogance plus ou moins prononc\u00e9e envers ceux qui en sont d\u00e9pourvus. C\u2019est que ce cadeau finalement, on pourrait le trouver louche, quelle contrepartie va t\u2019il falloir donner ? On ne se fait pas putain comme on se fait nonne, ajoute le po\u00e8te Et c\u2019est l\u2019avis de l\u2019institution , la fameuse Sorbonne. Mais la mienne peut bien diff\u00e9rer. J\u2019ai connu dans ma jeunesse des p\u00e9ripat\u00e9ticiennes tout \u00e0 fait convaincues d\u2019\u00eatre en lien avec le Tr\u00e8s Haut et qui avaient \u00e9lev\u00e9 leur pratique \u00e0 la hauteur d\u2019un sacerdoce. Nous allions, joyeuse compagnie, tous ensemble \u00e0 saint Eustache une fois l\u2019an en p\u00e8lerinage de je ne sais plus quoi et de la Sorbonne on s\u2019en cognait bien proprement. Il fait plut\u00f4t frisquet ce matin l\u00e0 dans la Grande Galerie du Louvre que je traverse avec ma ventouse planqu\u00e9e comme une arme le long de ma cuisse. Les toilettes des dames \u00e9tant encore bouch\u00e9es. Il y a juste devant le tr\u00e8s imposant Watteau, une jeune fille bien proprette qui a apport\u00e9 un pliant et qui dessine le visage du Gilles. J\u2019engagerais bien une conversation mais ma ventouse m\u2019encombre et je me contente de faire un l\u00e9ger crochet pour apercevoir son travail. Copie conforme\u2026 mince me suis je dit un sacr\u00e9 coup de crayon et puis je suis parti vers mon labeur en esquivant presque une glissade tant le parquet \u00e9tait reluisant et lisse. Ils viennent souvent, les \u00e9l\u00e8ves des Beaux Arts et d\u2019autres lieux sanctifi\u00e9s pour se faire la main sur les beaux tableaux du grand temple quasi pharaonique parigot. Cependant ils copient tous bien fid\u00e8lement, j\u2019en ai peu vu qui s\u2019inspiraient, qui interpr\u00e9taient \u00e0 leur fa\u00e7on. Sauf un qui \u00e9tait tout ch\u00e9tif, d\u00e9penaill\u00e9 et qui me rappelait Soutine. Lui ne regardait que sa feuille et pas du tout le tableau devant lequel il se trouvait. A priori on aurait pu penser qu\u2019il cherchait un abri et que c\u2019\u00e9tait une sorte de planque des mauvais jours . Mais non en regardant bien son travail , nous avions fini par sympathiser, il s\u2019inspirait mais ne reproduisait pas. Il y avait un air de famille lointain avec les tableaux que je croisais tous les jours , comme une sorte de continuit\u00e9 d\u2019un travail commenc\u00e9 bien avant lui. Je n\u2019ai jamais su ce qu\u2019il \u00e9tait devenu , un jour j\u2019ai quitt\u00e9 le Louvre pour une autre aventure et je ne l\u2019ai jamais revu. ", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/le_tube_de_peinture.jpg?1748065106", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/25-septembre-2018.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/25-septembre-2018.html", "title": "25 Septembre 2018", "date_published": "2018-09-25T19:27:00Z", "date_modified": "2025-07-07T05:04:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "