{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/photofictions.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/photofictions.html", "title": "Photofictions", "date_published": "2025-04-11T20:20:50Z", "date_modified": "2025-09-30T05:43:57Z", "author": {"name": "Patrick Blanchon"}, "content_html": "
\n<\/figure>\n<\/div>\n01<\/a> \u00b7 02<\/a> \u00b7 03<\/a> \u00b7 04<\/a> \u00b7 05<\/a> \u00b7 06<\/a> \u00b7 07<\/a> \u00b7 08<\/a> \u00b7 09<\/a><\/p>\n <\/a><\/p>\n Carr\u00e9 noir et blanc.\nUn homme assis au fond d\u2019une \u00e9choppe, un enfant debout devant lui.\nTous deux regardent droit l\u2019objectif.\nL\u2019homme sourit \u00e0 peine. L\u2019enfant, s\u00e9rieux, retient quelque chose.\nAutour, des v\u00eatements suspendus comme des rideaux. Des plis. Des ombres.\nLa lumi\u00e8re vient de gauche, plate, douce, granuleuse.\nPas d\u2019arri\u00e8re-plan net. Pas d\u2019ouverture vers l\u2019ext\u00e9rieur.\nJuste cette frontalit\u00e9.\nL\u2019homme compose, l\u2019enfant refl\u00e8te.\nSilence des gris. Rien ne bouge.\nIls sont l\u00e0, pos\u00e9s, dans ce rectangle de pr\u00e9sence.<\/p>\n Quetta, 1986. Pakistan.\nJe cherche de l\u2019aspirine dans un bazar. J\u2019ai chaud. Je porte un pantalon de toile, une chemise claire, un vieux sac \u00e0 dos r\u00e2p\u00e9.\n\u00c0 l\u2019int\u00e9rieur, un Leica M4 achet\u00e9 \u00e0 temp\u00e9rament. Des bobines Tri-X-Pan que je recharge moi-m\u00eame dans une bo\u00eete noire.\nJ\u2019ai revendu tout le reste. Nikon, zoom, superflu. Gard\u00e9 seulement un 35 mm. Me rapprocher. Me forcer \u00e0 entrer.\nC\u2019est aussi une mode, le grand-angle. Une th\u00e9rapie. Une id\u00e9e de modernit\u00e9.\nJe tombe sur eux, comme \u00e7a. Une \u00e9choppe de v\u00eatements. Un homme. Un enfant.\nJe m\u2019arr\u00eate. Quelque chose m\u2019aimante.\nJe cadre, j\u2019approche, je d\u00e9clenche.\nIls me regardent sans bouger. Ils posent.\nEt dans cette pose, quelque chose se joue. Un jeu d\u2019\u00e9cho, de face-\u00e0-face.\n\u00c0 l\u2019\u00e9poque je pensais que c\u2019\u00e9tait rat\u00e9. Trop fig\u00e9, trop frontal.\nAujourd\u2019hui je revois l\u2019image. Et je pense : non. C\u2019est \u00e7a, peut-\u00eatre. Cette forme de pr\u00e9sence offerte, tenue, tenue pour l\u2019image.\nRecadr\u00e9e plus tard, au format carr\u00e9. Pour nettoyer le d\u00e9cor, resserrer.\nJe suis rest\u00e9 plusieurs jours \u00e0 attendre un convoi s\u00fbr pour Kandahar.\nJ\u2019ai parl\u00e9 avec des photographes de rue. J\u2019ai vu comment ils retouchaient leurs n\u00e9gatifs \u00e0 la main. Lumi\u00e8re, peau, grain.\nDes heures sur chaque visage.\nMoi, je n\u2019ai fait qu\u2019appuyer.<\/p>\n <\/a><\/p>\n Ce portail en fer rouill\u00e9, que j\u2019ai referm\u00e9 chaque soir d\u2019ao\u00fbt, sans jamais m\u2019y attarder. Le photographier maintenant, \u00e0 contre-jour, pour voir s\u2019il accroche encore la lumi\u00e8re comme il accrochait mes pens\u00e9es.<\/p>\n<\/li>\n L\u2019escalier ext\u00e9rieur, raide et \u00e9troit, o\u00f9 l\u2019on remontait \u00e0 bout de souffle apr\u00e8s les balades. Je le cadrerais en plong\u00e9e, une main courant sur la rampe.<\/p>\n<\/li>\n La table en plastique bancale sur la terrasse, les taches de caf\u00e9, les miettes oubli\u00e9es — image triviale, donc pr\u00e9cieuse.<\/p>\n<\/li>\n Le linge \u00e9tendu entre deux murs blancs, secou\u00e9 par le vent. Photographi\u00e9 en rafale pour attraper la torsion du tissu.<\/p>\n<\/li>\n La lumi\u00e8re sur le mur de la cuisine \u00e0 dix heures du matin. \u00c9ph\u00e9m\u00e8re mais fid\u00e8le. Peut-\u00eatre un cadrage serr\u00e9, rien que l\u2019angle et le grain du cr\u00e9pi.<\/p>\n<\/li>\n Mon reflet dans la vitre de la porte, quand je sors le matin sans bruit. L\u2019appareil pos\u00e9 \u00e0 hauteur de ventre.<\/p>\n<\/li>\n La cuvette blanche, immobile, anodine, que je n\u2019ai jamais photographi\u00e9e et dont j\u2019aurai pourtant le souvenir.<\/p>\n<\/li>\n Un sac pos\u00e9 au sol, juste avant le d\u00e9part. Ouvert ou ferm\u00e9. Il faudrait le photographier tel quel, sans rien d\u00e9placer.<\/p>\n<\/li>\n Le rideau de la chambre, froiss\u00e9, \u00e0 moiti\u00e9 tir\u00e9, qui filtre tout. La lumi\u00e8re y dessine parfois des formes plus nettes que mes souvenirs.<\/p>\n<\/li>\n L\u2019application Photos de l\u2019iPad, en train de d\u00e9filer toute seule. Un doigt pos\u00e9 sur l\u2019\u00e9cran suffirait pour l\u2019arr\u00eater \u2014 mais je ne le fais pas.<\/p>\n<\/li>\n<\/ul>\n Un rectangle de m\u00e9tal forg\u00e9, peint en noir jadis, mang\u00e9 par la rouille aujourd\u2019hui. \u00c0 travers ses barreaux irr\u00e9guliers, la route blanche monte \u00e0 flanc de colline. L\u2019ombre du portail s\u2019\u00e9tire sur les pierres, d\u00e9coup\u00e9e en lames tremblantes. Un bout de ficelle jaune sert de verrou. Il fait chaud, tout est immobile sauf la lumi\u00e8re qui glisse lentement sur les gonds.<\/p>\n Marche apr\u00e8s marche, le ciment a perdu son grain. L\u2019usure est visible. Un pot de basilic en plastique gris, oubli\u00e9 sur une marche, penche vers le vide. En bas, le sol est flou, comme si l\u2019altitude augmentait. Je suis en haut, l\u2019appareil contre le ventre, je regarde vers le bas. Il n\u2019y a personne. Juste la trace du passage, comme un souvenir en relief.<\/p>\n Voile l\u00e9ger, presque blanc, \u00e0 peine jauni par le soleil. Il pend de biais, tir\u00e9 sans soin. Le tissu laisse passer une lumi\u00e8re p\u00e2le qui d\u00e9coupe les motifs de la grille \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur. Un coin du rideau se rel\u00e8ve, agit\u00e9 par l\u2019air. Dedans, le silence. Dehors, rien ne bouge non plus. Une image suspendue, sans \u00e9v\u00e9nement, sans date.<\/p>\n <\/a><\/p>\n Une pi\u00e8ce nue, une table basse, deux chaises d\u00e9pareill\u00e9es, une lampe \u00e0 lumi\u00e8re jaune avec l\u2019ampoule nue, suspendue trop bas. Rien de particulier. Mais tout y est. Les murs blancs, granuleux, pas vraiment sales mais us\u00e9s. Une veste pos\u00e9e sur le dossier, un cendrier \u00e9br\u00e9ch\u00e9, une bouteille vide. La lumi\u00e8re accroche l\u2019arrondi du verre, le bord d\u2019une tasse, les plis d\u2019un t-shirt roul\u00e9 en boule sur le canap\u00e9. Et moi, debout, l\u2019appareil \u00e0 la main, sans encore savoir si je vais photographier. Photographier les autres, l\u2019autre. Ce que cela produit. Il n\u2019y a rien de naturel. Peut-\u00eatre s\u2019en aper\u00e7oit-on moins dans un cadre familier ou familial. Tant que l\u2019on entretient encore cette croyance envers le familier. Mais tout de m\u00eame. Braquer l\u2019objectif d\u2019un appareil photographique sur l\u2019autre, le viser, le cadrer, le shooter. Non cela n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 rien. Cela ne fut jamais facile. Comment n\u00e9gocie-t-on avec ce malaise. On n\u00e9gocie souvent avec tant de choses\u2026 n\u00e9gocier, terme de commerce, et qui prend souvent le pas sur l\u2019\u00e9change. Commercer, n\u00e9gocier avec un sourire, un geste, une invitation, tout cela presque comme en as du marketing. Attirer l\u2019attention, int\u00e9resser, cr\u00e9er du d\u00e9sir, le but \u00e9tant qu\u2019\u00e0 la fin une action soit effectu\u00e9e. Avec une tricherie encore \u00e0 la clef, un malentendu. De taille le malentendu. L\u2019autre imagine qu\u2019il devra poser, il s\u2019y pr\u00e9pare, fabrique d\u00e9j\u00e0 son clich\u00e9 personnel. Le photographe a tout pr\u00e9vu qui l\u2019attend patiemment au tournant. Pose bonhomme pose. Pose ma jolie pose. Clic clac Kodak. Et l\u00e0 tr\u00e8s peu de temps. Au soixanti\u00e8me de seconde, comme au milli\u00e8me, La pose se rel\u00e2che, l\u2019\u0153il chavire, un autre mouvement. Comme une copie carbone froiss\u00e9e. Elle est l\u00e0 la vraie photo. Clic clac encore c\u2019est la bonne. L\u2019autre n\u2019y voit que du feu. Il est toujours install\u00e9 dans la flamboyance de son reflet premier. Ne voit pas qu\u2019il vient de montrer son \u00e2me ou son cul. Tout est dans la bo\u00eete. Enterr\u00e9(e) vivant(e).\nToujours \u00e9t\u00e9 accompagn\u00e9 par cette sensation bizarre. C\u2019est comme franchir un interdit. Un tabou. Capturer l\u2019image de l\u2019autre. Il me semble que l\u2019on n\u00e9gocie exactement de la m\u00eame fa\u00e7on pour d\u00e9passer le malaise qu\u2019un enfant qui d\u00e9sire devenir grand. En passant par le sacrifice. Soit disant une initiation. En tous cas en renon\u00e7ant \u00e0 des territoires personnels autant que sacr\u00e9s. C\u2019est ainsi que peu \u00e0 peu on perd du terrain, que l\u2019on s\u2019expulse soi-m\u00eame d\u2019une clart\u00e9 pour rejoindre l\u2019ombre. C\u2019est aussi comme cela que l\u2019on exp\u00e9rimente une solitude fort diff\u00e9rente de celle d\u2019avant. Que l\u2019on devient sorcier si l\u2019on veut. Artiste diront certains. Je crois que l\u2019on ne parvient pas vraiment \u00e0 r\u00e9aliser d\u2019abord puis \u00e0 oublier ce que l\u2019on d\u00e9robe au monde. Que l\u2019on se sent toujours plus ou moins redevable d\u2019avoir \u00e9t\u00e9 autoris\u00e9 ou de s\u2019\u00eatre autoris\u00e9 de commettre de tels forfaits. La plupart du temps cette sensation d\u2019\u00eatre d\u00e9biteur est balay\u00e9e par le quotidien. Par l\u2019agitation. \u00c9poque de zapping. Hier encore je me demandais pourquoi je n\u2019avais pas fait beaucoup d\u2019efforts pour promouvoir mon travail photographique, je mets \u00e7a sur le dos d\u2019une absence de talent la plupart du temps. Depuis des ann\u00e9es le m\u00eame discours. La m\u00eame excuse. Le m\u00eame pr\u00e9texte.\nParfois je me dis que je vois tout en noir et blanc encore. Qu\u2019avec compassion et bienveillance je pourrais passer outre ce genre d\u2019excuse. Me d\u00e9tendre. Comme on tape sur un bifteck pour l\u2019attendrir. Ces mots d\u2019ordre, tellement contemporains, ces mots aussi me mettent mal \u00e0 l\u2019aise. Ils me mettent la t\u00eate \u00e0 l\u2019envers. Me rappellent \u00e0 une na\u00efvet\u00e9 perdue, disparue. Et cette absence, cette perte, je peux la mesurer au nombre de kilom\u00e8tres de films argentiques que j\u2019ai d\u00e9roul\u00e9s pour prendre cette distance, afin de me ruer vers je ne sais quelle lucidit\u00e9 qui validerait enfin les termes grand ou adulte. D\u00e9sormais je ne photographie plus beaucoup les autres. Je les regarde. Pas besoin d\u2019appareil. Ce petit moment de flottement entre le moment o\u00f9 ils veulent appara\u00eetre tels qu\u2019ils pensent \u00eatre et ce qu\u2019ils sont vraiment quand ils s\u2019oublient je ne peux pas ne pas le voir. Est-ce que j\u2019en fais quelque chose ? \u00c0 vrai dire je n\u2019en sais rien. Plus trop d\u2019id\u00e9e sur la question. Peut-\u00eatre est-ce rang\u00e9 dans la cat\u00e9gorie des \u00e9v\u00e9nements climatiques. Comme l\u2019odeur si particuli\u00e8re qui flotte dans l\u2019air juste avant la pluie. Mais certainement que ce n\u2019est pas si innocent que cela para\u00eet. De la n\u00e9gociation encore avec l\u2019ineffable pour tenter de revenir \u00e0 la maison, un passe-temps, sans doute pas grand-chose de plus. Peut-\u00eatre aussi que la peinture de visages, la plupart du temps imaginaires est aussi pour moi un moyen de rembourser cette dette.<\/p>\n Adoss\u00e9e \u00e0 la rambarde d\u2019acier bross\u00e9 qui longeait la vol\u00e9e des marches en b\u00e9ton blanc des nouvelles Halles, les bras tendus le long du corps comme si elle ignorait comment les plier, la bouche entrouverte par un souffle retenu ou une h\u00e9sitation trop ancienne, elle penchait \u00e0 peine le buste vers l\u2019objectif, laissant entrevoir par le col d\u00e9boutonn\u00e9 de son chemisier trop clair un d\u00e9but de gorge qui semblait lui \u00e9chapper, tandis que ses yeux — mi-d\u00e9tach\u00e9s, mi-pr\u00e9sents — fixaient droit la lentille comme si elle avait compris \u00e0 cet instant pr\u00e9cis, non pas ce qu\u2019il voyait, mais ce qu\u2019il voulait que les autres voient.<\/p>\n Un court-m\u00e9trage retrouv\u00e9 sur une bobine orpheline, sans g\u00e9n\u00e9rique ni mention d\u2019auteur. La cam\u00e9ra est fixe, pos\u00e9e dans une cabine de projection datant d\u2019avant 1979. Aucun mouvement de cam\u00e9ra. Le film semble tourner en boucle. Une voix off, parfois, murmure quelques phrases \u00e0 peine audibles. La bande-son est gr\u00e9sillante. L\u2019image l\u00e9g\u00e8rement trembl\u00e9e.<\/p>\n Le plan s\u2019ouvre sur une pi\u00e8ce aveugle, murs blancs, lumi\u00e8re jaune p\u00e2le, une cafeti\u00e8re \u00e0 filtre s\u2019appr\u00eate \u00e0 rendre l\u2019\u00e2me. Un homme assis, silhouette floue dans la fum\u00e9e de sa gitane. Il ne parle pas, ne regarde pas la cam\u00e9ra. Il lit, ou feint de lire. \u00c0 ses pieds, une tache noire au sol : toujours au m\u00eame endroit, toujours la m\u00eame chute de cendre. Au bout de trente secondes, il se l\u00e8ve, se dirige vers l\u2019appareil, ajuste une bobine. La lumi\u00e8re du projecteur s\u2019allume. Elle file \u00e0 travers l\u2019ouverture \u00e9troite, jusqu\u2019\u00e0 un \u00e9cran que l\u2019on ne verra jamais vraiment, sauf par ricochet. Puis une silhouette entre dans le champ. Un jeune homme, mains dans les poches, veste trop grande, air d\u00e9s\u0153uvr\u00e9. Il ne dit rien. L\u2019autre non plus. Silence. Juste la cafeti\u00e8re qui hoquette. Ils sont l\u00e0, ensemble. Rien ne se passe.<\/p>\n La tache appara\u00eet. Un halo brun au centre de l\u2019image. Elle enfle lentement. Une odeur de br\u00fbl\u00e9 s\u2019impose (le son est satur\u00e9, on devine un cr\u00e9pitement). Le projectionniste se l\u00e8ve, effectue un geste pr\u00e9cis pour avancer la bobine. Le jeune homme regarde par l\u2019ouverture, l\u2019\u00e9cran en contrebas. Le brun envahit l\u2019espace. Et alors, cette phrase, toujours la m\u00eame, pos\u00e9e sans affect :\n« Tu es toujours aussi en retrait qu\u2019avant. Avant l\u2019accident. » \nPas d\u2019\u00e9cho. L\u2019autre ne r\u00e9pond pas. Rien ne change. Fondu noir. Puis tout recommence.<\/p>\n Certains spectateurs, dans les forums obscurs o\u00f9 l’on discute du film, affirment avoir vu le jeune homme \u00e9changer de place avec le projectionniste. Mais \u00e0 chaque visionnage, la boucle semble parfaitement identique.\n<\/a><\/p>\n \u00e9blouissement total sit\u00f4t pass\u00e9 le seuil contraste brutal entre le soleil cru du dehors et le noir dans la pi\u00e8ce elle avance pourtant le panier d\u00e9j\u00e0 plein les poireaux qui d\u00e9passent elle commente les visages les trouve expressifs parle du march\u00e9 parle de son mari peintre il a 94 ans il n\u2019y voit plus elle parle d\u2019un autre peintre elle dit Truph\u00e9mus c\u2019\u00e9tait plus fin avant maintenant c\u2019est trop rapide trop flou elle ne trouve pas le mot le mot ne sort pas son dos se plie davantage elle ne monte pas l\u2019escalier pas aujourd\u2019hui elle pr\u00e9f\u00e8re pas elle s\u2019appuie contre le mur le pan de lumi\u00e8re l\u2019avale presque elle me remercie me dit qu\u2019elle le dira \u00e0 son mari que c\u2019\u00e9tait tr\u00e8s beau il sera content elle sourit un peu puis repart et dehors c\u2019est toujours aussi blanc\ndeux enfants sur le seuil la m\u00e8re derri\u00e8re un chien couleur rouille tout est retenu mais tout veut entrer les enfants les regards tirent vers l\u2019int\u00e9rieur leurs jambes tendues leur m\u00e8re qui les rattrape d\u2019un mot d\u2019une laisse il a les pattes mouill\u00e9es il a couru dans l\u2019eau dit-elle elle a honte de la terre sur les semelles les enfants ont d\u00e9j\u00e0 franchi la ligne ils grimpent au premier \u00e9tage tout voir vite ils redescendent aussi vite leur souffle en morceaux dans l\u2019escalier elle n\u2019attache plus le chien ce n\u2019est plus la peine merci monsieur bon dimanche dit-elle et ils glissent dans la lumi\u00e8re en laissant une odeur humide derri\u00e8re eux\nils s\u2019arr\u00eatent devant elle le tableau une jeune estonienne les enfants blonds l\u2019accent de la m\u00e8re bulgare ou estonienne elle dit c\u2019est l\u00e0 vous vous souvenez sur la carte les enfants hochent la t\u00eate la femme lit le cartel moi je parle seul \u00e0 voix basse les mots tournent je dis que ce n\u2019est pas un portrait que c\u2019est autre chose une relation avec une familiarit\u00e9 qu\u2019on d\u00e9range une maladresse volontaire pour casser l\u2019image je ne suis pas s\u00fbr que quelqu\u2019un m\u2019\u00e9coute je parle quand m\u00eame je parle pour que \u00e7a sorte comme une coul\u00e9e lente la femme surveille ses enfants qui touchent \u00e0 rien mais bougent tout le temps \u00e7a fait du bien de parler de la vider cette voix comme on vide une bo\u00eete sans fond dans un mus\u00e9e vide\nelle arrive je savais qu\u2019elle viendrait deux chiens rouge fonc\u00e9 langues dehors elle s\u2019assoit les chiens aussi elle ne regarde pas elle parle d\u00e9j\u00e0 trop elle m\u2019\u00e9crase de ses phrases elle me choisit comme on choisit un si\u00e8ge dans un train vide elle sait que je ne bougerai pas elle sait que je suis le genre \u00e0 \u00e9couter \u00e0 tout absorber elle le sait parce que c\u2019est pareil chez elle orgueil miroir ce qu\u2019on donne en \u00e9change de rien je demande pourquoi suisse trop tard elle d\u00e9roule une heure un torrent ses mains bougent son front se d\u00e9tend elle repart plus l\u00e9g\u00e8re moi j\u2019ai plus de jambes heureusement que j\u2019ai mon sandwich il est ti\u00e8de mais vivant\nen train de manger mon sandwich assis sur la marche les cyclistes arrivent bras tendus ils tournent s\u2019arr\u00eatent demandent si c\u2019est ouvert je dis oui sans savoir ils descendent ils grincent casque sur la t\u00eate \u00e7a craque quand ils les retirent vous \u00eates d\u2019ici Soucieu-en-Jarrest non c\u2019est \u00e0 deux kilom\u00e8tres on fait les expos quand on peut c\u2019est divertissant elle dit divertissant il regarde le prix elle regarde les couleurs un tableau une mosa\u00efque ils regardent tout sans parler ils repartent le frein de son v\u00e9lo grince encore je reste l\u00e0 je m\u00e2che sans bruit je regarde les fleurs devant la tour une lumi\u00e8re basse les traverse je vois des insectes tr\u00e8s petits ailes vives battement trop rapide pour l\u2019\u0153il ils passent de fleur en fleur comme des colibris miniatures comme des secrets<\/p>\n Finalement, quelle diff\u00e9rence entre une photographie de moi ou un texte \u00e9crit de ma main. Les deux participent d\u2019une m\u00eame fiction nomm\u00e9e, pour les besoins du texte final, moi ou je. Et cette main qui \u00e9crit ces lignes nouvelles au-dessus des anciennes, \u00e0 qui appartient-elle. Comment remonter aux influences qui lui auront permis, autoris\u00e9, de s\u2019inventer soudain une autonomie. Ce que \u00e7a dit de moi, aucune importance. En revanche, ce que cela convoque dans l\u2019acte d\u2019\u00e9crire, c\u2019est sur cela qu\u2019il faut plisser les yeux, prendre du recul. Des choses nous traversent, des souvenirs, une m\u00e9moire \u00e0 laquelle on peut choisir de croire ou non, d\u2019en douter serait-ce un minimum, des id\u00e9es, les a-t-on invent\u00e9es, s\u00fbrement pas. Les id\u00e9es s\u2019attachent \u00e0 l\u2019air du temps, n\u2019en sont que le rebut. Volont\u00e9 alors de trouver une id\u00e9e neuve : cela entre dans la cat\u00e9gorie du toupet, de l\u2019exag\u00e9ration, de la d\u00e9mesure, quand ce n\u2019est pas celle de l\u2019erreur, du p\u00e9ch\u00e9, dans son \u00e9tymologie d\u2019origine. Et puis les \u00e9motions bien s\u00fbr, qui jouent le r\u00f4le de combustible de d\u00e9part, mais qui n\u2019ont gu\u00e8re d\u2019autre valeur que combustible.<\/em><\/p>\n Le probl\u00e8me \u00e0 r\u00e9soudre, quel est-il donc, sinon celui du d\u00e9sordre, du chaos, du m\u00e9lange encore une fois. Quand tout se retrouve confondu, quand plus rien ne s\u00e9pare le moyen de sa finalit\u00e9, l\u2019arbre, la branche, le fruit. L\u2019imagination a d\u00e9sormais tout envahi, puisque chacun pense avoir une opinion sur \u00e0 peu pr\u00e8s tout. Tout le monde mange l\u2019arbre et le fruit sans \u00e9tablir la moindre distinction. Et tout le monde, qui est-ce sinon ce moi, ce je. Que l\u2019ignorance soit le terreau depuis quoi celle-ci ne cesse de prendre racine et projeter ses stolons. Seule une poign\u00e9e d\u2019initi\u00e9s tient les ficelles de cette ignorance, la transmute en pseudo connaissance, en savoir. La cohorte des interm\u00e9diaires ensuite, pour r\u00e9percuter tous les mots d\u2019ordre souffl\u00e9s aux quatre points cardinaux. Et la mis\u00e8re. Toujours la m\u00eame, invariable. M\u00eame l\u2019opposition \u00e0 ces id\u00e9es est d\u00e9j\u00e0 pr\u00e9vue dans le plan g\u00e9n\u00e9ral de cette guerre sans merci men\u00e9e par les profiteurs.<\/em><\/p>\n \u00c0 quoi sert donc l\u2019\u00e9criture, que ce soit la mienne, encore une fois peu importe, sinon \u00e0 tenter d\u2019op\u00e9rer une s\u00e9paration. \u00c0 r\u00e9parer quelque chose de bris\u00e9 par l\u2019apparent consensus, ce merdier sur lequel elle ne cesse de se briser, encore et encore de s\u2019acharner. (Et qui \u00e9prouve la brisure, sinon l\u2019\u00e9criture elle-m\u00eame, sans doute, et non la main qui agit sur les touches du clavier.) Comme un pivert qui ne cesse de taper sur l\u2019\u00e9corce de l\u2019arbre pour en extraire sa subsistance. Le pivert n\u2019est pas fou, il ne mange pas l\u2019arbre mais l\u2019un de ses fruits, l\u2019une de ses finalit\u00e9s : abriter les insectes sous son \u00e9corce.<\/em><\/p>\n Pour \u00e9crire il faut d\u2019abord \u00e9crire. Une phrase simple en apparence, mais qui, sit\u00f4t qu\u2019on s\u2019interroge sur cette simplicit\u00e9, cr\u00e9e l\u2019image d\u2019un relief escarp\u00e9. \u00c9crire normalement, de fa\u00e7on scolaire, en premier lieu tel qu\u2019appris suffisamment longtemps pour sentir que cette forme scolaire ne convient pas, ne convient plus. Qu\u2019elle se trahit elle-m\u00eame en \u00e9pousant un consensus. Le fait de prendre conscience de cette trahison. Qui en prend conscience, vraiment, encore une fois : celui qui \u00e9crit, la main, le souffle, le rythme, l\u2019oreille. Cette f\u00e9minit\u00e9 invisible au d\u00e9but dans la pratique d\u2019une \u00e9criture ordinaire, format\u00e9e : il se peut aussi que le changement provienne d\u2019elle. Non pas une question de genre mais de principe. Le principe f\u00e9minin comme principe d\u2019o\u00f9 naissent les id\u00e9es — \u00e0 ne pas confondre avec leur mat\u00e9rialisation en encre noire, caract\u00e8res, ligne, mot.<\/em><\/p>\n Est-ce que moi a quelque chose \u00e0 voir, en tant qu\u2019aveugle, avec le principe, sinon se retrouver exactement au m\u00eame niveau que tous les objets — c\u2019est-\u00e0-dire en tant que cons\u00e9quence. L\u2019\u00e9criture comme travail du principe en lui-m\u00eame et sur lui-m\u00eame, amenant simultan\u00e9ment, dans ce qu\u2019on nomme une dur\u00e9e (qui n\u2019est aussi qu\u2019un moyen), la mat\u00e9rialisation d\u2019un \u00e9cart que l\u2019\u00e9criture ne cesse de cr\u00e9er aussi vis-\u00e0-vis d\u2019elle-m\u00eame. Encore une fois, la notion de recul. Et peut-\u00eatre — si j\u2019associe \u00e0 la peinture encore une fois — ce que veut l\u2019\u00e9criture est du m\u00eame ordre : que l\u2019on s\u2019y plie, qu\u2019on ne s\u2019y oppose pas, qu\u2019on ne cherche pas non plus \u00e0 en extraire du fruit, quand elle n\u2019est qu\u2019arbre en croissance. Du fruit, c\u2019est-\u00e0-dire de l\u2019int\u00e9r\u00eat personnel, et qui aussit\u00f4t go\u00fbt\u00e9 recr\u00e9erait l\u2019ab\u00eeme. \u00c9criture et f\u00e9minit\u00e9, l\u2019arbre et le fruit, toujours l\u2019\u00e9ternelle histoire. Pour que l\u2019homme chute sur terre et fasse sa mal\u00e9diction, tandis que la femme — dont il est dit qu\u2019elle est cause indirecte de son malheur — le suive, tout en restant partiellement dans l\u2019\u00c9den. Une frustration existentielle \u00e9prouv\u00e9e par la femme, et qui se mat\u00e9rialise dans l\u2019\u00e9criture, dont le principe est lui rest\u00e9 dans un \u00c9den spirituel. La femme, l\u2019\u00e9criture « d\u00e9plac\u00e9e », et dont la conscience est si aigu\u00eb de son d\u00e9placement qu\u2019elle d\u00e9sordonne l\u2019ordinaire, puisque l\u2019ordre de l\u2019ordinaire est le m\u00eame que celui de la mal\u00e9diction masculine. Il n\u2019est issu que de cette mal\u00e9diction.<\/em><\/p>\n Lumi\u00e8re d\u2019apr\u00e8s-midi au travers d\u2019un rideau l\u00e9ger pos\u00e9 sur la tringle sans ourlet. La pi\u00e8ce est nue sauf un fauteuil bas en velours d\u00e9form\u00e9, la table bancale \u00e0 roulettes, une bo\u00eete de sardines ouverte, un crayon \u00e0 papier sans gomme pos\u00e9 en travers du cahier. Il ou elle \u00e9crit, t\u00eate pench\u00e9e, corps pench\u00e9 aussi. La main ne s\u2019arr\u00eate pas. La feuille est quadrill\u00e9e. La lumi\u00e8re laisse filer son reflet jusqu\u2019\u00e0 la tempe. Un tic l\u00e9ger du coude rythme les phrases inaudibles de l\u00e0 o\u00f9 je suis. Il y a de la tension dans le dos, une sorte de tremblement contenu, comme si \u00e9crire n\u2019\u00e9tait pas un geste mais un crat\u00e8re. La bo\u00eete de sardines a laiss\u00e9 un peu d\u2019huile sur le bois qui brille. Le cahier se remplit. Je d\u00e9clenche une premi\u00e8re fois, mais la main continue. J\u2019attends. J\u2019attends encore une seconde prise. Je prends toujours deux fois, parfois trois. Le crayon roule quand la main le l\u00e2che, et soudain il ou elle l\u00e8ve la t\u00eate, regarde en dehors du cadre, comme si quelque chose l\u2019avait travers\u00e9. Et je ne d\u00e9clenche pas. Je baisse l\u2019appareil. Je regarde, sans \u00e9cran entre moi et cette chose qui se fait.<\/em><\/p>\n Elle eut ador\u00e9 me<\/strong><\/p>\n mais je lui sugg\u00e9rais plut\u00f4t qu’on se<\/strong><\/p>\n C\u2019est d\u2019ailleurs l\u00e0 que l\u2019on rencontra son p\u00e8re ; un homme de bonne soci\u00e9t\u00e9, d\u2019aspect g\u00e9n\u00e9ral, mais rien \u00e0 voir avec<\/p>\n Il n\u2019avait pas lib\u00e9r\u00e9 PARIS<\/strong> — 575 kilom\u00e8tres d\u00e9sormais, 40 ann\u00e9es-lumi\u00e8res et des broutilles.<\/p>\n C\u2019\u00e9tait un de ces foutus poivrots qui passent le plus clair de leur temps au<\/p>\n N\u00e9anmoins, \u00e7a le faisait. Il avait l\u2019air d\u2019avoir de l\u2019assurance. Ses yeux \u00e9taient bleu<\/p>\n On sympathisa, et il poussa m\u00eame notre<\/p>\n D\u2019ailleurs elle le laissa faire quand, machinalement, il sortit sa<\/p>\n pour payer. Elle en profita pour r\u00e9cup\u00e9rer les vignettes de r\u00e9duction, qu\u2019elle flanqua aussit\u00f4t dans la poche de son pantalon ZARA<\/strong>, prix 18,99\u202f\u20ac. Si je me souviens du prix, c\u2019est parce que cette fois-ci, c\u2019est moi qui avais fait chauffer ma CB<\/p>\n La ville o\u00f9 nous habitions \u00e0 cette \u00e9poque imprimait en continu, sur nos r\u00e9tines, des noms de marques, des slogans — le jour, la nuit — sans rel\u00e2che.<\/p>\n Elle nous incitait, cette foutue ville, \u00e0 d\u00e9tourner notre attention de notre pr\u00e9carit\u00e9, notre indigence chronique, pour nous faire imaginer, nous \u00e9vader vers des r\u00eaves d\u2019opulence. On marchait dans une rue et hop — on voyait aussit\u00f4t une proposition all\u00e9chante de s\u2019en mettre plein la lampe avec une sanguinolent, et on l\u00e9vitait en r\u00eave pour se retrouver tout juste au-dessus du<\/p>\n rue Saint-Denis.<\/em><\/p>\n Mais quand la r\u00e9alit\u00e9 nous retombait dessus, moi je<\/p>\n et elle<\/p>\n il fallait bien se r\u00e9soudre \u00e0 rentrer dans notre appartement minuscule, et \u00e0 Mais on \u00e9tait jeunes, on s\u2019en fichait. D\u2019ailleurs la plupart du temps, que je ne dise pas de b\u00eatise, \u00e7a se terminait en principe — et de fa\u00e7on compulsive — par<\/p>\n \u00c0 l\u2019\u00e9poque, je bossais chez IBM<\/strong> la nuit et BULL<\/strong> le jour, via RANDSTADT<\/strong>. Des missions de quelques mois, suffisamment pour faire bouillir la marmite et en m\u00eame temps me pr\u00e9parer un petit p\u00e9cule.<\/p>\n Je r\u00eavais de devenir photographe-reporter, et de publier dans Mais la plupart du temps, j\u2019\u00e9coulais des clich\u00e9s assez merdiques \u00e0 des petites revues, en allant me balader de bo\u00eete en bo\u00eete la nuit pour une agence sp\u00e9cialis\u00e9e sur l\u2019Afrique. On m\u2019avait flanqu\u00e9 \u00e0 la musique.<\/p>\n Du Encore qu\u2019\u00e0 cette \u00e9poque, je n\u2019\u00e9tais gu\u00e8re musique africaine. Beaucoup plus En fait, ces enseignes, ces marques, ces slogans, s\u2019enfon\u00e7aient bien plus loin que la surface de l\u2019\u0153il. Ils foraient l\u2019os du cr\u00e2ne, s\u2019introduisaient profond\u00e9ment en soi via le nerf optique, excitaient la cervelle, la faisaient bouillir parfois.<\/p>\n Y avait-il une r\u00e9elle diff\u00e9rence avec les id\u00e9es qui p\u00e9n\u00e9traient subitement, elles aussi, dans la cervelle \u00e0 cette \u00e9poque\u202f ? Je ne pense pas.<\/p>\n Les id\u00e9es d\u2019une \u00e9poque — celles qui se trimballent de rue en rue dans toutes les t\u00eates, toutes les bouches, toutes les oreilles — ne sont pas si diff\u00e9rentes des enseignes flamboyantes.<\/p>\n Ce sont aussi des mots d\u2019ordre.<\/p>\n Si les unes nous implorent de claquer<\/p>\n le peu de pognon que l\u2019on gagne \u00e0 la sueur de notre front<\/em>,<\/p>\n<\/blockquote>\n les autres sont beaucoup plus<\/p>\n Elles impliquent qu\u2019on leur accorde parfois<\/p>\n de notre temps pour en faire le tour, et nous rendre compte qu\u2019elles ne sont souvent que<\/p>\n perte de temps, pas grand-chose d\u2019autre.<\/em><\/p>\n01<\/h2>\n
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06<\/h2>\n
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\n<\/a>\n08<\/h2>\n
MACDONALD<\/h1>\n
CARREFOUR<\/h2>\n
LECLERC<\/h3>\n
PMU<\/h2>\n
AZUR<\/h3>\n
CADDY<\/h3>\n
CB MASTERCARD<\/h3>\n
ELECTRON<\/h3>\n
\n
\nPIZZA DEL\u2019ARTE<\/strong>
\nou un bon gros<\/p>\nTBONE STEACK<\/h3>\n
FRONT PAGE<\/h3>\n
BNP<\/h3>\n
BANQUE POSTALE<\/h3>\n
\nPANZANI<\/strong> ou BARILLA<\/strong>,
\nles meilleurs jours.<\/p>\nUNCLE BENS<\/h3>\n
\n
\nLIB\u00c9RATION PARIS MATCH VOGUE \u00c9GO\u00cfSTE<\/strong>
\namour, gloire et beaut\u00e9.<\/em><\/p>\n
\nFEEL ONE<\/strong> au BAISER SAL\u00c9<\/strong>,
\nj\u2019absorbais des
\nJACK DANIEL\u2019S<\/strong>
\npar litres entiers offerts par des musiciens argent\u00e9s, genre
\nFELA<\/strong>, MORI KANT\u00c9<\/strong>
\net d\u2019autres dont je n\u2019ai pas retenu le nom.<\/p>\n
\nKEITH JARRETT<\/strong> —
\nje me repassais en boucle son Concert in K\u00f6ln<\/em> (1975)<\/strong>. \u00c7a me suffisait. Pas de dispersion.<\/p>\n
\n\n
SUBVERSIVES<\/strong><\/h2>\n
des ann\u00e9es<\/h3>\n
BILLEVES\u00c9ES<\/strong>,<\/h2>\n
\n<\/a>\n09<\/h2>\n