{ "version": "https://jsonfeed.org/version/1.1", "title": "Le dibbouk", "home_page_url": "https:\/\/ledibbouk.net\/", "feed_url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/spip.php?page=feed_json", "language": "fr-FR", "items": [ { "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/pareidolie.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/pareidolie.html", "title": "Pareidolie", "date_published": "2021-10-13T04:22:30Z", "date_modified": "2025-11-02T20:11:01Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Je crois que tout a commenc\u00e9 apr\u00e8s la mort de Flip, le chien loup que mon p\u00e8re avait rapport\u00e9 \u00e0 la maison, un soir d’hiver 1965 ou 66. Mon fr\u00e8re et moi allions r\u00e9guli\u00e8rement au fond du jardin nous agenouiller devant le tas de fumier o\u00f9 il avait \u00e9t\u00e9 enterr\u00e9. Nous inventions des pri\u00e8res bizarres la plupart du temps car je n’\u00e9tais pas encore entr\u00e9 au cat\u00e9chisme.<\/p>\n

Ensuite on regardait en l’air pour tenter d’apercevoir le chien courir dans le ciel. Il suffisait de pas grand chose alors, un cumulus ou un nimbus et tout \u00e0 coup, en plissant bien les yeux, on le voyait comme je vous vois.<\/p>\n

Il avait l’air heureux et \u00e7a nous rassurait. Parce que c’est le v\u00e9t\u00e9rinaire qui avait tu\u00e9 Flip avec une piqure le jour o\u00f9 il avait presque crev\u00e9 un \u0153il \u00e0 mon fr\u00e8re.<\/p>\n

Nous avions pleur\u00e9 comme des Madeleines, puis peu \u00e0 peu nous \u00e9tions pass\u00e9s \u00e0 autre chose. Mais on se r\u00e9servait toujours un petit quart d’heure par ci par l\u00e0 pour aller voir nos morts.<\/p>\n

Sous le tas de fumier il y avait aussi la d\u00e9pouille de Poupougne un cocker qui avait fait long feu. A peine arriv\u00e9 qu’une maladie \u00e9trange l’avait emport\u00e9. Il y avait aussi des animaux sans nom que nous ramassions dans les all\u00e9es du jardin. Des insectes, des oiseaux, et m\u00eame quelques salamandres, l\u00e9zard et musaraignes.<\/p>\n

Mon fr\u00e8re \u00e9tait beaucoup plus jeune que moi et nous avions un mal de chien \u00e0 jouer ensemble. S\u00e9rieusement, Il avait une concentration de poisson rouge si vous voyez ce que je veux dire. Au bout du compte on a finit par prendre de la distance lui et moi. A jouer chacun dans notre coin. Alors c’\u00e9tait aussi une fa\u00e7on de se r\u00e9unir une fois ou deux par semaine, on se recueillait dans tous les sens du terme.<\/p>\n

Je crois que nous pensions \u00e9norm\u00e9ment \u00e0 la mort, bien plus que ce qu’imaginent g\u00e9n\u00e9ralement les adultes lorsqu’ils consid\u00e8rent les pr\u00e9occupations des enfants.<\/p>\n

De temps en temps notre m\u00e8re se rendait au fond du jardin pour tuer un lapin et, lorsqu’elle nous apercevait agenouill\u00e9s devant le tas de fumier , elle haussait les \u00e9paules en soupirant.<\/p>\n

Puis elle m’interpellait en disant : Louis ce sont des v\u00eatements propres n’allez pas vous salir je te d\u00e9signe responsable alors gare si tout est tach\u00e9 ce soir.<\/p>\n

Et le soir assez souvent comme elle \u00e9tait fatigu\u00e9e elle s’emportait un bon coup comme pour se vider de tout un tas de choses d\u00e9sagr\u00e9ables. J’avais fini par m’habituer au rythme de cette vie l\u00e0, de toutes fa\u00e7ons je n’avais pas vraiment le choix, je ne connaissais rien d’autre. Des ann\u00e9es lumi\u00e8res plus tard Bertrand un copain me fera rentrer chez lui et je d\u00e9couvrirai que toutes les familles n’\u00e9taient pas comme la mienne.<\/p>\n

J’ai toujours tent\u00e9 de trouver des raisons, du sens \u00e0 tout, surtout lorsque de toute \u00e9vidence et pour tout le monde ce tout c’\u00e9tait l’insens\u00e9.<\/p>\n

On me traitait de beaucoup de choses dans l’enfance sans doute parce que j’avais les \u00e9paules pour le supporter. Le bon Dieu ne t’en mettra pas plus sur le dos que tu ne peux en supporter disait grand-m\u00e8re et je crois qu’elle avait raison, m\u00eame si je doute que tout cela vienne du bon Dieu \u00e9videmment.<\/p>\n

On me disait aussi que j’avais le diable dans la peau, je dis \"on\" pour ne pas prononcer le mot maman parce que \u00e7a ne va plus tellement bien ensemble dans mon id\u00e9e, une m\u00e8re qui rab\u00e2che \u00e7a \u00e0 son enfant vous voyez.<\/p>\n

J’ai pass\u00e9 des heures cach\u00e9 dans les toilettes \u00e0 cause de cette phrase. Je me disais que tout de m\u00eame le diable, s’il existait, aurait un peu de respect, qu’il me laisserait un moment de r\u00e9pit aux cabinets avant de me retomber sur le paletot sit\u00f4t que j’aurai tir\u00e9 la chasse.<\/p>\n

Et puis finalement le diable est plus probablement \u00e0 l’int\u00e9rieur de chacun de nous que n’importe o\u00f9 ailleurs.<\/p>\n

Il faut s’y faire et discuter avec lui de temps \u00e0 autre parce qu’il n’y a rien de pire que l’ignorance en toutes choses disait mon arri\u00e8re grand p\u00e8re instituteur.<\/p>\n

Sans doute est ce probablement ce que j’imaginais alors \u00eatre mon diable int\u00e9rieur qui me faisait voir des chiens courir dans le ciel, ou des chevaux. J’ai toujours r\u00eav\u00e9 d’avoir un cheval \u00e0 cette \u00e9poque de ma vie, avoir un ami v\u00e9ritable \u00e7a ne pouvait \u00eatre qu’un animal et surtout un cheval.<\/p>\n

J’en apercevait partout sur les murs, dans la boue, dans la forme des nuages mais j’ai vite renonc\u00e9 \u00e0 le dire aux autres.<\/p>\n

A part \u00e0 mon jeune fr\u00e8re qui sans doute par fraternit\u00e9 daignait me croire tout simplement.<\/p>\n

Les ann\u00e9es ont pass\u00e9 par la suite et nous n’en avons jamais plus reparl\u00e9.<\/p>\n

D’ailleurs je me sentirais probablement g\u00ean\u00e9 de lui en reparler d\u00e9sormais \u00e0 plus de 60 ans pass\u00e9s. Ca ne voudrait plus rien dire du tout. D’ailleurs on ne se parle pas beaucoup. On se voit une fois l’an et on parle de choses sans importance v\u00e9ritable, de son job, de sa maison, de ses maladies et puis c’est tout. Des conversations comme on peut en avoir avec tout le monde en fait.<\/p>\n

Ce ph\u00e9nom\u00e8ne de voir des choses lorsqu’il n’y a rien pour la plupart des gens j’ai appris avec le temps qu’il portait un nom : la pareidolie. Ne dirait t’on pas le nom d’une maladie ?<\/p>\n

G\u00e9n\u00e9ralement on l’utilise pour des sortes d’hallucinations visuelles. Mais je crois que j’ai du en abuser et m’exercer \u00e9norm\u00e9ment \u00e0 le d\u00e9velopper \u00e0 l’aide du diable et je crois aussi que le but ultime recherch\u00e9 \u00e9tait par ce biais de tomber un jour sur le bon Dieu. C’\u00e9tait bien mon genre de logique.<\/p>\n

Il y a m\u00eame une p\u00e9riode o\u00f9 \u00e7a gazait tellement, vers la cinquantaine, que j’aurais pu entrer dans les ordres, tout l\u00e2cher pour devenir moine. Je m’\u00e9tais mis \u00e0 voir des anges un peu partout et lorsque je levais les yeux pour regarder les arbres et leurs feuillages j’avais le sentiment d’\u00eatre face aux vitraux des cath\u00e9drales \u00e0 lire toutes les histoires du monde.<\/p>\n

J’aurais pu sans doute continuer \u00e0 voir toutes ces choses si \u00e0 un moment quelqu’un \u00e0 la radio ou \u00e0 la t\u00e9l\u00e9 n’avait pas parl\u00e9 de cette facult\u00e9 qui peut se transformer en maladie.<\/p>\n

A un moment j’ai eu un peu d’espoir parce certains trouvent le moyen d’utiliser \u00e0 bon escient la pareidolie. Il deviennent artistes, et leurs visions sont accept\u00e9es comme \u00e9tant des \u0153uvres d’art que les gens ensuite ach\u00e8tent.<\/p>\n

C’est vraiment \u00e9patant.<\/p>\n

C’est simplement dommage de n’avoir pu y penser plus t\u00f4t , de ne pas m’\u00eatre renseign\u00e9 et de consid\u00e9rer ce ph\u00e9nom\u00e8ne comme une tare, un d\u00e9faut, l’\u0153uvre de ce diable collectivement plac\u00e9 tout au fond de moi.<\/p>", "content_text": "Je crois que tout a commenc\u00e9 apr\u00e8s la mort de Flip, le chien loup que mon p\u00e8re avait rapport\u00e9 \u00e0 la maison, un soir d'hiver 1965 ou 66. Mon fr\u00e8re et moi allions r\u00e9guli\u00e8rement au fond du jardin nous agenouiller devant le tas de fumier o\u00f9 il avait \u00e9t\u00e9 enterr\u00e9. Nous inventions des pri\u00e8res bizarres la plupart du temps car je n'\u00e9tais pas encore entr\u00e9 au cat\u00e9chisme.\n\nEnsuite on regardait en l'air pour tenter d'apercevoir le chien courir dans le ciel. Il suffisait de pas grand chose alors, un cumulus ou un nimbus et tout \u00e0 coup, en plissant bien les yeux, on le voyait comme je vous vois. \n\nIl avait l'air heureux et \u00e7a nous rassurait. Parce que c'est le v\u00e9t\u00e9rinaire qui avait tu\u00e9 Flip avec une piqure le jour o\u00f9 il avait presque crev\u00e9 un \u0153il \u00e0 mon fr\u00e8re.\n\nNous avions pleur\u00e9 comme des Madeleines, puis peu \u00e0 peu nous \u00e9tions pass\u00e9s \u00e0 autre chose. Mais on se r\u00e9servait toujours un petit quart d'heure par ci par l\u00e0 pour aller voir nos morts. \n\nSous le tas de fumier il y avait aussi la d\u00e9pouille de Poupougne un cocker qui avait fait long feu. A peine arriv\u00e9 qu'une maladie \u00e9trange l'avait emport\u00e9. Il y avait aussi des animaux sans nom que nous ramassions dans les all\u00e9es du jardin. Des insectes, des oiseaux, et m\u00eame quelques salamandres, l\u00e9zard et musaraignes.\n\nMon fr\u00e8re \u00e9tait beaucoup plus jeune que moi et nous avions un mal de chien \u00e0 jouer ensemble. S\u00e9rieusement, Il avait une concentration de poisson rouge si vous voyez ce que je veux dire. Au bout du compte on a finit par prendre de la distance lui et moi. A jouer chacun dans notre coin. Alors c'\u00e9tait aussi une fa\u00e7on de se r\u00e9unir une fois ou deux par semaine, on se recueillait dans tous les sens du terme.\n\nJe crois que nous pensions \u00e9norm\u00e9ment \u00e0 la mort, bien plus que ce qu'imaginent g\u00e9n\u00e9ralement les adultes lorsqu'ils consid\u00e8rent les pr\u00e9occupations des enfants.\n\nDe temps en temps notre m\u00e8re se rendait au fond du jardin pour tuer un lapin et, lorsqu'elle nous apercevait agenouill\u00e9s devant le tas de fumier , elle haussait les \u00e9paules en soupirant.\n\nPuis elle m'interpellait en disant : Louis ce sont des v\u00eatements propres n'allez pas vous salir je te d\u00e9signe responsable alors gare si tout est tach\u00e9 ce soir.\n\nEt le soir assez souvent comme elle \u00e9tait fatigu\u00e9e elle s'emportait un bon coup comme pour se vider de tout un tas de choses d\u00e9sagr\u00e9ables. J'avais fini par m'habituer au rythme de cette vie l\u00e0, de toutes fa\u00e7ons je n'avais pas vraiment le choix, je ne connaissais rien d'autre. Des ann\u00e9es lumi\u00e8res plus tard Bertrand un copain me fera rentrer chez lui et je d\u00e9couvrirai que toutes les familles n'\u00e9taient pas comme la mienne.\n\nJ'ai toujours tent\u00e9 de trouver des raisons, du sens \u00e0 tout, surtout lorsque de toute \u00e9vidence et pour tout le monde ce tout c'\u00e9tait l'insens\u00e9.\n\nOn me traitait de beaucoup de choses dans l'enfance sans doute parce que j'avais les \u00e9paules pour le supporter. Le bon Dieu ne t'en mettra pas plus sur le dos que tu ne peux en supporter disait grand-m\u00e8re et je crois qu'elle avait raison, m\u00eame si je doute que tout cela vienne du bon Dieu \u00e9videmment.\n\nOn me disait aussi que j'avais le diable dans la peau, je dis \"on\" pour ne pas prononcer le mot maman parce que \u00e7a ne va plus tellement bien ensemble dans mon id\u00e9e, une m\u00e8re qui rab\u00e2che \u00e7a \u00e0 son enfant vous voyez.\n\nJ'ai pass\u00e9 des heures cach\u00e9 dans les toilettes \u00e0 cause de cette phrase. Je me disais que tout de m\u00eame le diable, s'il existait, aurait un peu de respect, qu'il me laisserait un moment de r\u00e9pit aux cabinets avant de me retomber sur le paletot sit\u00f4t que j'aurai tir\u00e9 la chasse.\n\nEt puis finalement le diable est plus probablement \u00e0 l'int\u00e9rieur de chacun de nous que n'importe o\u00f9 ailleurs. \n\nIl faut s'y faire et discuter avec lui de temps \u00e0 autre parce qu'il n'y a rien de pire que l'ignorance en toutes choses disait mon arri\u00e8re grand p\u00e8re instituteur.\n\nSans doute est ce probablement ce que j'imaginais alors \u00eatre mon diable int\u00e9rieur qui me faisait voir des chiens courir dans le ciel, ou des chevaux. J'ai toujours r\u00eav\u00e9 d'avoir un cheval \u00e0 cette \u00e9poque de ma vie, avoir un ami v\u00e9ritable \u00e7a ne pouvait \u00eatre qu'un animal et surtout un cheval. \n\nJ'en apercevait partout sur les murs, dans la boue, dans la forme des nuages mais j'ai vite renonc\u00e9 \u00e0 le dire aux autres. \n\nA part \u00e0 mon jeune fr\u00e8re qui sans doute par fraternit\u00e9 daignait me croire tout simplement. \n\nLes ann\u00e9es ont pass\u00e9 par la suite et nous n'en avons jamais plus reparl\u00e9. \n\nD'ailleurs je me sentirais probablement g\u00ean\u00e9 de lui en reparler d\u00e9sormais \u00e0 plus de 60 ans pass\u00e9s. Ca ne voudrait plus rien dire du tout. D'ailleurs on ne se parle pas beaucoup. On se voit une fois l'an et on parle de choses sans importance v\u00e9ritable, de son job, de sa maison, de ses maladies et puis c'est tout. Des conversations comme on peut en avoir avec tout le monde en fait.\n\nCe ph\u00e9nom\u00e8ne de voir des choses lorsqu'il n'y a rien pour la plupart des gens j'ai appris avec le temps qu'il portait un nom : la pareidolie. Ne dirait t'on pas le nom d'une maladie ?\n\nG\u00e9n\u00e9ralement on l'utilise pour des sortes d'hallucinations visuelles. Mais je crois que j'ai du en abuser et m'exercer \u00e9norm\u00e9ment \u00e0 le d\u00e9velopper \u00e0 l'aide du diable et je crois aussi que le but ultime recherch\u00e9 \u00e9tait par ce biais de tomber un jour sur le bon Dieu. C'\u00e9tait bien mon genre de logique.\n\nIl y a m\u00eame une p\u00e9riode o\u00f9 \u00e7a gazait tellement, vers la cinquantaine, que j'aurais pu entrer dans les ordres, tout l\u00e2cher pour devenir moine. Je m'\u00e9tais mis \u00e0 voir des anges un peu partout et lorsque je levais les yeux pour regarder les arbres et leurs feuillages j'avais le sentiment d'\u00eatre face aux vitraux des cath\u00e9drales \u00e0 lire toutes les histoires du monde.\n\nJ'aurais pu sans doute continuer \u00e0 voir toutes ces choses si \u00e0 un moment quelqu'un \u00e0 la radio ou \u00e0 la t\u00e9l\u00e9 n'avait pas parl\u00e9 de cette facult\u00e9 qui peut se transformer en maladie.\n\nA un moment j'ai eu un peu d'espoir parce certains trouvent le moyen d'utiliser \u00e0 bon escient la pareidolie. Il deviennent artistes, et leurs visions sont accept\u00e9es comme \u00e9tant des \u0153uvres d'art que les gens ensuite ach\u00e8tent.\n\nC'est vraiment \u00e9patant.\n\nC'est simplement dommage de n'avoir pu y penser plus t\u00f4t , de ne pas m'\u00eatre renseign\u00e9 et de consid\u00e9rer ce ph\u00e9nom\u00e8ne comme une tare, un d\u00e9faut, l'\u0153uvre de ce diable collectivement plac\u00e9 tout au fond de moi.", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/pareidolie.webp?1762114216", "tags": [] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/les-iles-de-la-tranquillite.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/les-iles-de-la-tranquillite.html", "title": "Les iles de la Tranquillit\u00e9.", "date_published": "2021-10-06T05:54:01Z", "date_modified": "2025-11-03T15:12:29Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

Soudain je me penchai sur cet art qui consiste \u00e0 porter une attention particuli\u00e8re \u00e0 la plus petite peccadille afin de s’entrainer \u00e0 c\u00e9l\u00e9brer.<\/p>\n

On laisse filer tellement de choses par inattention. On les regarde sans les voir. Ou alors on les regarde pour en retenir quelque chose \u00e0 profit, avec int\u00e9r\u00eat dans un espoir d’en recevoir des dividendes.<\/p>\n

L’attention command\u00e9e par l’int\u00e9r\u00eat sans doute.<\/p>\n

Mais cette attention l\u00e0, celle dont je suis en ce moment m\u00eame en train de vous parler, elle n’enl\u00e8ve pas les doutes. Elle en fait une mati\u00e8re, que l’on peut d\u00e9poser dans un creuset.<\/p>\n

C’est au travers d’elle en la chauffant d’innombrables fois \u00e0 la flamme du doute, de l’h\u00e9sitation que l’on parvient enfin \u00e0 percer sa gangue confuse, boueuse. C’est alors que la croute se fendille, qu’elle laisse \u00e9chapper quelques \u00e9tincelles de clart\u00e9, et dont on ne sait la plupart du temps que faire tant qu’on est jeune et inexp\u00e9riment\u00e9 dans cet art.<\/p>\n

L’ultime \u00e9tape est donc d’installer une estrade, de la d\u00e9corer de lampions, voire de jolis bouquets, asperger le tout ensuite d’un brin de v\u00e9tiver, Enfin, mettez vos plus beaux atours et grimpez ensuite au beau milieu !<\/p>\n

Une fois tout cela effectu\u00e9 plus ou moins dans le bon ordre, essayez vous \u00e0 c\u00e9l\u00e9brer.<\/p>\n

Sans doute n’y parviendrez vous pas du premier coup, peut-\u00eatre aurez vous un ton trop perch\u00e9, des tremblements dans la glotte, des sueurs froides, ou serez vous pris d’ivresse et d\u00e9blat\u00e9rez des b\u00eatises aussi grosses que vous.<\/p>\n

Ce n’est pas grave du tout !<\/p>\n

Osez c\u00e9l\u00e9brer. Pour un oui et pour un non.<\/p>\n

C\u00e9l\u00e9brer un instant c’est tirer le fil t\u00e9nu de l’\u00e9tincelle pour extraire un soleil, une \u00e9toile.<\/p>\n

Il faut savoir le doute comme la nuit, ces nids.<\/p>\n

Et apr\u00e8s des ann\u00e9es, un jour sans doute, accepter<\/p>\n

que quelque chose prenne son envol, sans regret.<\/p>\n

l’accompagner ainsi \u00e0 l’aide d’une pierre blanche, marquer le coup.<\/p>\n

Oh on s’int\u00e9resse aux grands faits d’armes, \u00e0 l’extraordinaire invent\u00e9 par l’ennui pour se distraire de l’ordinaire.<\/p>\n

Essayer l’infime peut a\u00e9rer l’esprit.<\/p>\n

Et surtout am\u00e9liorer le ton le timbre des discours<\/p>\n

Et vous verrez, en c\u00e9l\u00e9brant ainsi mille petites choses que la magie existe, qu’elles vous le rendront mille fois !<\/p>\n

Vous croyez que c’est encore trop peu ? vous dites : temps perdu ...<\/p>\n

tout cela parce que vous croyez poss\u00e9der le temps alors que ce n’est que l’illusion qui souvent vous poss\u00e8de.<\/p>\n

Le r\u00e9sultat de cet art n’est pas visible \u00e0 l’\u0153il, il est sans tapage, ni fanfare.<\/p>\n

Cette estrade est \u00e9videmment int\u00e9rieure.<\/p>\n

C’est l\u00e0 qu’en tant que capitaine vous dirigerez au mieux le navire.<\/p>\n

Fendant l’ennui, la paresse, toute l’apparente m\u00e9diocrit\u00e9 des jours, pour atteindre de plus en plus souvent les \u00eeles de la Tranquillit\u00e9.<\/p>\n

Je ne dis pas que c’est facile, ni difficile.<\/p>\n

Je vous dis juste : essayez pers\u00e9v\u00e9rez et vous verrez !<\/p>", "content_text": "Soudain je me penchai sur cet art qui consiste \u00e0 porter une attention particuli\u00e8re \u00e0 la plus petite peccadille afin de s'entrainer \u00e0 c\u00e9l\u00e9brer.\n\nOn laisse filer tellement de choses par inattention. On les regarde sans les voir. Ou alors on les regarde pour en retenir quelque chose \u00e0 profit, avec int\u00e9r\u00eat dans un espoir d'en recevoir des dividendes.\n\nL'attention command\u00e9e par l'int\u00e9r\u00eat sans doute.\n\nMais cette attention l\u00e0, celle dont je suis en ce moment m\u00eame en train de vous parler, elle n'enl\u00e8ve pas les doutes. Elle en fait une mati\u00e8re, que l'on peut d\u00e9poser dans un creuset.\n\nC'est au travers d'elle en la chauffant d'innombrables fois \u00e0 la flamme du doute, de l'h\u00e9sitation que l'on parvient enfin \u00e0 percer sa gangue confuse, boueuse. C'est alors que la croute se fendille, qu'elle laisse \u00e9chapper quelques \u00e9tincelles de clart\u00e9, et dont on ne sait la plupart du temps que faire tant qu'on est jeune et inexp\u00e9riment\u00e9 dans cet art.\n\nL'ultime \u00e9tape est donc d'installer une estrade, de la d\u00e9corer de lampions, voire de jolis bouquets, asperger le tout ensuite d'un brin de v\u00e9tiver, Enfin, mettez vos plus beaux atours et grimpez ensuite au beau milieu !\n\nUne fois tout cela effectu\u00e9 plus ou moins dans le bon ordre, essayez vous \u00e0 c\u00e9l\u00e9brer.\n\nSans doute n'y parviendrez vous pas du premier coup, peut-\u00eatre aurez vous un ton trop perch\u00e9, des tremblements dans la glotte, des sueurs froides, ou serez vous pris d'ivresse et d\u00e9blat\u00e9rez des b\u00eatises aussi grosses que vous. \n\nCe n'est pas grave du tout !\n\nOsez c\u00e9l\u00e9brer. Pour un oui et pour un non. \n\nC\u00e9l\u00e9brer un instant c'est tirer le fil t\u00e9nu de l'\u00e9tincelle pour extraire un soleil, une \u00e9toile.\n\nIl faut savoir le doute comme la nuit, ces nids. \n\nEt apr\u00e8s des ann\u00e9es, un jour sans doute, accepter \n\nque quelque chose prenne son envol, sans regret.\n\nl'accompagner ainsi \u00e0 l'aide d'une pierre blanche, marquer le coup.\n\nOh on s'int\u00e9resse aux grands faits d'armes, \u00e0 l'extraordinaire invent\u00e9 par l'ennui pour se distraire de l'ordinaire.\n\nEssayer l'infime peut a\u00e9rer l'esprit.\n\nEt surtout am\u00e9liorer le ton le timbre des discours \n\nEt vous verrez, en c\u00e9l\u00e9brant ainsi mille petites choses que la magie existe, qu'elles vous le rendront mille fois !\n\nVous croyez que c'est encore trop peu ? vous dites : temps perdu ...\n\ntout cela parce que vous croyez poss\u00e9der le temps alors que ce n'est que l'illusion qui souvent vous poss\u00e8de.\n\nLe r\u00e9sultat de cet art n'est pas visible \u00e0 l'\u0153il, il est sans tapage, ni fanfare.\n\nCette estrade est \u00e9videmment int\u00e9rieure.\n\nC'est l\u00e0 qu'en tant que capitaine vous dirigerez au mieux le navire.\n\nFendant l'ennui, la paresse, toute l'apparente m\u00e9diocrit\u00e9 des jours, pour atteindre de plus en plus souvent les \u00eeles de la Tranquillit\u00e9.\n\nJe ne dis pas que c'est facile, ni difficile.\n\nJe vous dis juste : essayez pers\u00e9v\u00e9rez et vous verrez !", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/ile-de-pangkor-2.jpg?1762182749", "tags": ["carnet de fiction"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/encore-une-tentative-de-discours-note-pour-le-vernissage-de-l-exposition.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/encore-une-tentative-de-discours-note-pour-le-vernissage-de-l-exposition.html", "title": "Encore une tentative de discours. ( note pour le vernissage de l'exposition)", "date_published": "2021-10-04T00:12:00Z", "date_modified": "2025-11-03T14:55:29Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

En tant que peintre il faut que je me souvienne d’une chose importante, tout comme un commer\u00e7ant devrait encore s’en souvenir aujourd’hui : Le public comme le client est roi !<\/p>\n

C’est \u00e0 dire qu’il peut r\u00e9gner un instant sur ma notori\u00e9t\u00e9, mon prestige, et m\u00eame pour me le prouver parfois m’acheter quelques \u0153uvres comme cela s’est d\u00e9j\u00e0 produit , et j’esp\u00e8re bien que cela arrivera encore.<\/p>\n

Mais tout roi qu’il est il ne r\u00e8gne pas sur la source de cette peinture, j’ai mis un certain temps \u00e0 comprendre le mot libert\u00e9.<\/p>\n

Je ne suis pas obs\u00e9d\u00e9 par la notori\u00e9t\u00e9, pas plus que par le prestige, et mon travail de professeur me permettant de vivre je ne cours pas non plus outre mesure vers le \"chaland\"<\/p>\n

Ce qui me pr\u00e9occupe souvent en revanche c’est de trouver dans le particulier de ma propre vie, dans l’extraordinaire comme dans la banalit\u00e9 de ma propre vie quelque chose pouvant se d\u00e9cliner de fa\u00e7on universelle.<\/p>\n

Dans une \u00e9poque o\u00f9 l’humanisme n’a plus vraiment le vent en poupe c’est assez gonfl\u00e9 je vous l’accorde.<\/p>\n

Ce soir c’est le vernissage de cette exposition que j’ai voulu nommer \"voyage int\u00e9rieur\". Et si j’ai des doutes ils ne portent que sur la qualit\u00e9 de cette transmission du particulier vers l’universel, cet universel qui s’incarne en toi ( public ch\u00e9ri) venu malgr\u00e9 la pluie voir mes tableaux.<\/p>\n

Peut-\u00eatre parlera t’on d’esth\u00e9tique, de composition, de beau et de laid, de force ou de faiblesse, ce ne sera comme d’habitude que le brouhaha naturel accompagnant tout vernissage.<\/p>\n

Je ne me r\u00e9jouis pas plus que je ne m’offusque . .et certainement j’essaierai de faire attention \u00e0 la qualit\u00e9 de silence sous ce brouhaha, pour savoir si c’est un silence paisible ou autre chose. Car c’est \u00e0 partir de ce silence que la musique, l’harmonie, peut naitre ou pas.<\/p>\n

Que dire vraiment \u00e0 haute voix d’un tableau ? Comment dire l’intime ? C’est pour cela que la plupart d’entre nous utilisions les termes j’aime<\/em> ou je n’aime pas<\/em>, c’est beau<\/em>, c’est moche<\/em>. Quelque chose nous touche en bien ou en mal et nous avons souvent du mal \u00e0 l’exprimer autrement qu’ainsi.<\/p>\n

Il n’est pas question pour moi de juger ce brouhaha, ni de me l’approprier en bien ou en mal, c’est l’\u00e9manation de cet universel tel qu’il arrive au monde par l’interm\u00e9diaire des personnes r\u00e9unies dans une pi\u00e8ce face \u00e0 un \u00e9v\u00e9nement.<\/p>\n

Car c’est un \u00e9v\u00e9nement, en tous cas pour moi que de montrer mon travail ici, au centre culturel de Champvillard, \u00e0 Irigny. C’est un \u00e9v\u00e9nement pour moi de montrer quelques \u00e9tapes de ce voyage int\u00e9rieur qu’est ma vie de peintre, ma vie tout simplement.<\/p>\n

Je pr\u00e9pare cette exposition depuis longtemps et je l’imaginais exhaustive comme une esp\u00e8ce de r\u00e9trospective tant cela me tient \u00e0 c\u0153ur de partager enfin toutes ces d\u00e9couvertes , ces difficult\u00e9s, ces \u00e9cueils aussi. C’\u00e9tait \u00e9videmment exag\u00e9r\u00e9.<\/p>\n

C’est l\u00e0 un d\u00e9faut majeur de cette volont\u00e9 de partage et probablement aussi des mes doutes perp\u00e9tuels que de vouloir tout expliquer dans le menu.<\/p>\n

Ma compagne r\u00e9sume cela beaucoup plus simplement d’habitude , elle me donne un coup de coude discret accompagn\u00e9 d’un <\/em>\"arr\u00eate d’en faire des tonnes.\"<\/p>\n

J’ai r\u00e9dig\u00e9 de nombreux textes depuis plus de deux ans d\u00e9sormais autour de ce moment sans pour autant parvenir \u00e0 la satisfaction de toucher vraiment au but par les mots.<\/p>\n

Et c’est normal finalement puisque je passe plus de temps \u00e0 peindre qu’\u00e0 \u00e9crire.<\/p>\n

Parmi toutes ces tentatives qui forment \u00e0 elles seules un voyage int\u00e9rieur<\/em> du m\u00eame tonneau que ce travail de peinture, je retiens un moment tout particulier : les retrouvailles avec l’Estonie, les retrouvailles avec ma m\u00e8re, les retrouvailles avec cette branche de la famille, maternelle, que je tais parce que je sens, et je ne sais pas si c’est \u00e0 tort ou raison, que c’est une patate chaude qui arrive de tr\u00e8s loin, de bien avant ma naissance.<\/p>\n

Cette sensibilit\u00e9 exacerb\u00e9e, l’effusion tout comme la profusion d’amabilit\u00e9, de gentillesse, la gesticulation font partie de la culture de mes anc\u00eatres baltes tels que je les imagine pour le meilleur et le pire \u00e0 partir de bribes d’informations re\u00e7ues dans l’enfance.<\/p>\n

Sans doute auront ils exag\u00e9r\u00e9 en arrivant sur le sol fran\u00e7ais parce que l’exag\u00e9ration leur permettait \u00e0 ce moment l\u00e0 de mieux estimer la distance \u00e0 parcourir avec la langue fran\u00e7aise, tellement riche de sens, de subtilit\u00e9, de pr\u00e9cision pour accompagner la clart\u00e9 dans le mouvement de la pens\u00e9e.<\/p>\n

Sans doute qu’\u00e0 un moment donn\u00e9 en auront ils fait eux aussi des tonnes pour trouver leur place ici dans notre beau pays. Ce pays qui fait r\u00eaver tous ceux qui d\u00e9cident de voyager vers lui, de tout quitter pour aller vers lui. Ce pays qui se d\u00e9signe encore comme le pays des droits de l’homme<\/em> malgr\u00e9 tout ce que l’on peut en dire. Ce pays qui est une id\u00e9e formidable tellement forte encore malgr\u00e9 le marasme qu’il traverserait et que l’on ne cesse de nous d\u00e9crire.<\/p>\n

C’est en ayant \u00e0 nommer mes tableaux pour des raisons d’assurance, ici m\u00eame, au centre culturel d’Irigny, que j’ai eu cette id\u00e9e de trouver des titres en estonien.<\/p>\n

Car d’ordinaire les titres que je donne \u00e0 mes tableaux pour les classer sont arides, je n’\u00e9prouve pas la n\u00e9cessit\u00e9 d’orienter vers un sens par un titre. je voudrais toujours que le tableau se suffise \u00e0 lui-m\u00eame.<\/p>\n

Encore une vanit\u00e9 de peintre certainement.<\/p>\n

Mais je me suis pr\u00eat\u00e9 \u00e0 l’exercice de bonne volont\u00e9.<\/p>\n

Et d’ailleurs lorsqu’en fran\u00e7ais il faut parfois quatre mots, une phrase pour dire quelque chose, je me suis aper\u00e7u gr\u00e2ce au traducteur de Google qu’en Estonien il n’en n\u00e9cessitait que 1 ou 2.<\/p>\n

Autant dire que tout \u00e0 coup je suis tomb\u00e9 sur un paradoxe.<\/p>\n

Comment un peuple qui r\u00e9duit autant le nombre de mots pour dire une id\u00e9e peut il \u00eatre aussi extraverti ?<\/p>\n

Puis je me suis souvenu que la seule v\u00e9ritablement extravertie \u00e9tait ma m\u00e8re.<\/p>\n

Ma grand m\u00e8re que j’ai connue lorsque j’\u00e9tais enfant \u00e9tait une taiseuse, elle avait beaucoup de difficult\u00e9s \u00e0 s’exprimer en fran\u00e7ais.<\/p>\n

Par contre avait t’elle soudain l’occasion de s’exprimer en estonien elle poss\u00e9dait aussit\u00f4t le m\u00eame d\u00e9bit qu’une italienne.<\/p>\n

Elle devenait soudain intarissable. Une fois aussi je l’ai vue parler en allemand, et en russe, avec une aisance que je n’aurais jamais pu soup\u00e7onner.<\/p>\n

Ce fut une question importante autrefois de comprendre pourquoi une femme ayant autant d’aptitudes \u00e0 parler plusieurs langues \u00e9tait r\u00e9calcitrante \u00e0 s’exprimer dans la mienne. Je n’ai pas trouv\u00e9 de r\u00e9ponse satisfaisante \u00e0 cette question non plus. Peut-\u00eatre parce que la question se suffit \u00e0 elle-m\u00eame, parce qu’elle m’aura entrain\u00e9 \u00e0 m’interroger sur cette grand-m\u00e8re bizarre et c’est d\u00e9j\u00e0 formidable.<\/p>\n

Il ne faut pas que mon discours soit trop long pour r\u00e9pondre aux r\u00e8gles de l’\u00e9l\u00e9gance \u00e0 la fran\u00e7aise.<\/p>\n

il faut que je conserve cette contrainte dans un petit coin de ma t\u00eate.<\/p>\n

Mes tableaux parlent exactement de \u00e7a pour r\u00e9sumer, de cette question essentielle : comment dire quelque chose qui ne soit pas trop pesant, ou ridicule, ou qui ne soit pas seulement dans l’emphase, la s\u00e9duction. Je veux dire quelque chose qui parte du c\u0153ur pour rejoindre le c\u0153ur et si possible simplement.<\/p>\n

Il faudrait que je sois po\u00e8te pour y parvenir ce qui est loin d’\u00eatre le cas.<\/p>\n

Parfois je trouvais ma grand-m\u00e8re peu chaleureuse en comparaison de ma m\u00e8re. Elle n’exprimait pas ses sentiments et je crois que j’ai mis un certain temps \u00e0 saisir que ce n’\u00e9tait pas parce qu’elle n’en avait pas \u00e0 notre \u00e9gard mon fr\u00e8re et moi, mais parce que sans doute les dire en fran\u00e7ais, pour elle n’aurait pas signifi\u00e9 la m\u00eame chose qu’en estonien. il devait y avoir quelque chose de l’ordre de l’\u00e0 quoi bon<\/em> pour elle \u00e0 user du fran\u00e7ais pour parler de sentiment. Ce qui est aussi la preuve d’une grande intelligence de sa part envers notre langue.<\/p>\n

Je n’ai pas pu tout mettre, le hasard qui fait toujours tr\u00e8s bien les choses se sera servi d’une confusion pour que, dans l’urgence, j’ai encore \u00e0 tout retrier le jour de l’accrochage.<\/p>\n

Car une exposition c’est aussi un langage que l’on construit, c’est un choix de vocabulaire, de syntaxe, de conjugaison.<\/p>\n

Je n’ai pas pu tout dire tout montrer j’ai du refaire un choix dans l’urgence et lorsque j’y pense c’est une chance. Une centaine de tableaux aurait \u00e9t\u00e9 de trop, et m\u00eame aujourd’hui que je revisite en pens\u00e9e cette expo apr\u00e8s avoir \u00e9lagu\u00e9 la moiti\u00e9 c’est encore excessif. Je ne dis pas \u00e7a \u00e0 la l\u00e9g\u00e8re ou par effet de style.<\/p>\n

J’\u00e9cris ce discours comme je peins. D’une fa\u00e7on r\u00e9solument brouillonne pour me venger des annotations dans la marge d’autrefois aussi. <\/em><\/p>\n

El\u00e8ve brouillon.<\/em><\/p>\n

je peux bien en sourire aussi d\u00e9sormais que je comprends d’o\u00f9 provient la majeure partie de la confusion dans laquelle je r\u00e9sidais \u00e0 l’\u00e9cole, notamment en Fran\u00e7ais.<\/p>\n

J’ai donc r\u00e9sum\u00e9 un r\u00e9sum\u00e9. Exercice difficile de par le renoncement et l’humilit\u00e9 qu’il faut dans la h\u00e2te r\u00e9unir.<\/p>\n

Dans ce que j’avais pr\u00e9par\u00e9 je voulais montrer un parcours qui s’\u00e9tend depuis cette immense confusion, ce besoin d’amour, de reconnaissance, qui n’appartiennent pas qu’\u00e0 moi mais \u00e0 ceux qui un jour dans ma famille ont du tout quitter pour essayer de se faire accepter ici.<\/p>\n

Je voulais parler de mes d\u00e9buts, de mes errances en usant de la s\u00e9duction, de l’exag\u00e9ration comme de la performance en peinture, pour parvenir \u00e0 la fin \u00e0 quelque chose de plus brut mais de plus sinc\u00e8re. De plus humble aussi.<\/p>\n

Quelque chose qui m’appartienne vraiment. Ce voyage int\u00e9rieur<\/em> parle aussi d’identit\u00e9, pas seulement de la mienne, mais de ce que peut \u00eatre l’identit\u00e9 en g\u00e9n\u00e9ral, de fa\u00e7on universelle, et qui n’a rien \u00e0 voir avec l’identique.<\/p>\n

En m\u00eame temps cette exposition n’est pas la premi\u00e8re que je fais, j’allais sans doute refaire les m\u00eames erreurs qu’habituellement, parce qu’il est difficile d’exposer des \u0153uvres, de les d\u00e9fendre lorsqu’elles ont \u00e9t\u00e9 peintes il y a longtemps, que l’on est pass\u00e9 \u00e0 autre chose. Le d\u00e9dain ou la honte voil\u00e0 aussi ce qui fabrique certaines habitudes par facilit\u00e9.<\/p>\n

Mais l’accident a du bon et gr\u00e2ce \u00e0 celui-ci non seulement je renoue avec l’Estonie mais aussi je d\u00e9couvre toute une po\u00e9tique associ\u00e9e \u00e0 mon travail.<\/p>\n

Ce voyage de peintre au travers la peinture je crois que chacun le vit dans son travail quel qu’il soit, j’en suis persuad\u00e9 depuis toujours, depuis les murs que j’ai \u00e9lev\u00e9s sur les chantiers dans ma jeunesse, depuis la vie de bureau \u00e0 laquelle j’ai particip\u00e9. Mais tout cela s’\u00e9vanouit presque aussit\u00f4t que c’est v\u00e9cu, on en ressort souvent comme un \u00e9tranger comme si cela avait \u00e9t\u00e9 une sorte de r\u00eave.<\/p>\n

Le seul avantage c’est qu’avec la peinture on en garde une trace, on peut l’accrocher au mur.<\/p>\n

On peut sentir la justesse et l’\u00e9cart et avec l’exp\u00e9rience d\u00e9velopper un instinct, une intuition et pourquoi pas au final de l’inspiration.<\/p>\n

Ce n’est rien d’autre que cela ce voyage int\u00e9rieur<\/em> : un voyage qui d\u00e9marre dans le clich\u00e9, ce que j’appelle la s\u00e9duction, l’\u00e9gotisme de tout individu qui se perd dans un miroir aux alouettes par instinct gr\u00e9gaire le plus souvent.<\/p>\n

Puis qui fatigu\u00e9 se mettrait alors \u00e0 glisser vers l’insolite, \u00e0 s’\u00e9loigner des reflets pour parvenir \u00e0 cet ext\u00e9rieur, ce dehors souvent par maladresse, par accident.<\/p>\n

Le d\u00e9paysement.<\/p>\n

Dont l’attention \u00e0 la maladresse \u00e0 l’accident comme au banal s’aiguiserait au fil du temps.<\/p>\n

Ce voyage est un d\u00e9paysement finalement qui ram\u00e8ne au pays.<\/p>\n

J’avais d\u00e9j\u00e0 compris cela il y a longtemps lorsque jeune homme j’\u00e9tais parti avec mon appareil photo en Iran, puis au Pakistan, en Afghanistan, d\u00e9j\u00e0 en guerre \u00e0 l’\u00e9poque.<\/p>\n

Ma peinture parle de ce d\u00e9paysement de cet \u00e9cart par rapport au confort d’une habitude d’habiter de ce manque d’attention n\u00e9cessaire pour s’engouffrer dans ce confort qui finit par couter cher, qui coute m\u00eame parfois la vie toute enti\u00e8re.<\/p>\n

Et \u00e0 la fin j’ai de plus en plus la sensation que ce voyage int\u00e9rieur<\/em>, m\u00eame r\u00e9duit \u00e0 sa plus simple expression constitue un pays, Le d\u00e9paysement aura \u00e9t\u00e9 le ciment tout comme l’exploration de la maladresse de l’accident, et du hasard.<\/p>\n

C’est d\u00e9sormais un pays tranquille, bienveillant , un pays o\u00f9 nous avons d\u00e9cid\u00e9 qu’il faisait bon vivre.<\/p>", "content_text": "En tant que peintre il faut que je me souvienne d'une chose importante, tout comme un commer\u00e7ant devrait encore s'en souvenir aujourd'hui: Le public comme le client est roi !\n\nC'est \u00e0 dire qu'il peut r\u00e9gner un instant sur ma notori\u00e9t\u00e9, mon prestige, et m\u00eame pour me le prouver parfois m'acheter quelques \u0153uvres comme cela s'est d\u00e9j\u00e0 produit , et j'esp\u00e8re bien que cela arrivera encore.\n\nMais tout roi qu'il est il ne r\u00e8gne pas sur la source de cette peinture, j'ai mis un certain temps \u00e0 comprendre le mot libert\u00e9.\n\nJe ne suis pas obs\u00e9d\u00e9 par la notori\u00e9t\u00e9, pas plus que par le prestige, et mon travail de professeur me permettant de vivre je ne cours pas non plus outre mesure vers le \"chaland\"\n\nCe qui me pr\u00e9occupe souvent en revanche c'est de trouver dans le particulier de ma propre vie, dans l'extraordinaire comme dans la banalit\u00e9 de ma propre vie quelque chose pouvant se d\u00e9cliner de fa\u00e7on universelle.\n\nDans une \u00e9poque o\u00f9 l'humanisme n'a plus vraiment le vent en poupe c'est assez gonfl\u00e9 je vous l'accorde.\n\nCe soir c'est le vernissage de cette exposition que j'ai voulu nommer \"voyage int\u00e9rieur\". Et si j'ai des doutes ils ne portent que sur la qualit\u00e9 de cette transmission du particulier vers l'universel, cet universel qui s'incarne en toi ( public ch\u00e9ri) venu malgr\u00e9 la pluie voir mes tableaux.\n\nPeut-\u00eatre parlera t'on d'esth\u00e9tique, de composition, de beau et de laid, de force ou de faiblesse, ce ne sera comme d'habitude que le brouhaha naturel accompagnant tout vernissage. \n\nJe ne me r\u00e9jouis pas plus que je ne m'offusque . .et certainement j'essaierai de faire attention \u00e0 la qualit\u00e9 de silence sous ce brouhaha, pour savoir si c'est un silence paisible ou autre chose. Car c'est \u00e0 partir de ce silence que la musique, l'harmonie, peut naitre ou pas.\n\nQue dire vraiment \u00e0 haute voix d'un tableau ? Comment dire l'intime ? C'est pour cela que la plupart d'entre nous utilisions les termes j'aime ou je n'aime pas, c'est beau, c'est moche. Quelque chose nous touche en bien ou en mal et nous avons souvent du mal \u00e0 l'exprimer autrement qu'ainsi.\n\nIl n'est pas question pour moi de juger ce brouhaha, ni de me l'approprier en bien ou en mal, c'est l'\u00e9manation de cet universel tel qu'il arrive au monde par l'interm\u00e9diaire des personnes r\u00e9unies dans une pi\u00e8ce face \u00e0 un \u00e9v\u00e9nement.\n\nCar c'est un \u00e9v\u00e9nement, en tous cas pour moi que de montrer mon travail ici, au centre culturel de Champvillard, \u00e0 Irigny. C'est un \u00e9v\u00e9nement pour moi de montrer quelques \u00e9tapes de ce voyage int\u00e9rieur qu'est ma vie de peintre, ma vie tout simplement.\n\nJe pr\u00e9pare cette exposition depuis longtemps et je l'imaginais exhaustive comme une esp\u00e8ce de r\u00e9trospective tant cela me tient \u00e0 c\u0153ur de partager enfin toutes ces d\u00e9couvertes , ces difficult\u00e9s, ces \u00e9cueils aussi. C'\u00e9tait \u00e9videmment exag\u00e9r\u00e9.\n\nC'est l\u00e0 un d\u00e9faut majeur de cette volont\u00e9 de partage et probablement aussi des mes doutes perp\u00e9tuels que de vouloir tout expliquer dans le menu.\n\nMa compagne r\u00e9sume cela beaucoup plus simplement d'habitude , elle me donne un coup de coude discret accompagn\u00e9 d'un \"arr\u00eate d'en faire des tonnes.\"\n\nJ'ai r\u00e9dig\u00e9 de nombreux textes depuis plus de deux ans d\u00e9sormais autour de ce moment sans pour autant parvenir \u00e0 la satisfaction de toucher vraiment au but par les mots. \n\nEt c'est normal finalement puisque je passe plus de temps \u00e0 peindre qu'\u00e0 \u00e9crire.\n\nParmi toutes ces tentatives qui forment \u00e0 elles seules un voyage int\u00e9rieur du m\u00eame tonneau que ce travail de peinture, je retiens un moment tout particulier: les retrouvailles avec l'Estonie, les retrouvailles avec ma m\u00e8re, les retrouvailles avec cette branche de la famille, maternelle, que je tais parce que je sens, et je ne sais pas si c'est \u00e0 tort ou raison, que c'est une patate chaude qui arrive de tr\u00e8s loin, de bien avant ma naissance.\n\nCette sensibilit\u00e9 exacerb\u00e9e, l'effusion tout comme la profusion d'amabilit\u00e9, de gentillesse, la gesticulation font partie de la culture de mes anc\u00eatres baltes tels que je les imagine pour le meilleur et le pire \u00e0 partir de bribes d'informations re\u00e7ues dans l'enfance.\n\nSans doute auront ils exag\u00e9r\u00e9 en arrivant sur le sol fran\u00e7ais parce que l'exag\u00e9ration leur permettait \u00e0 ce moment l\u00e0 de mieux estimer la distance \u00e0 parcourir avec la langue fran\u00e7aise, tellement riche de sens, de subtilit\u00e9, de pr\u00e9cision pour accompagner la clart\u00e9 dans le mouvement de la pens\u00e9e. \n\nSans doute qu'\u00e0 un moment donn\u00e9 en auront ils fait eux aussi des tonnes pour trouver leur place ici dans notre beau pays. Ce pays qui fait r\u00eaver tous ceux qui d\u00e9cident de voyager vers lui, de tout quitter pour aller vers lui. Ce pays qui se d\u00e9signe encore comme le pays des droits de l'homme malgr\u00e9 tout ce que l'on peut en dire. Ce pays qui est une id\u00e9e formidable tellement forte encore malgr\u00e9 le marasme qu'il traverserait et que l'on ne cesse de nous d\u00e9crire.\n\nC'est en ayant \u00e0 nommer mes tableaux pour des raisons d'assurance, ici m\u00eame, au centre culturel d'Irigny, que j'ai eu cette id\u00e9e de trouver des titres en estonien.\n\nCar d'ordinaire les titres que je donne \u00e0 mes tableaux pour les classer sont arides, je n'\u00e9prouve pas la n\u00e9cessit\u00e9 d'orienter vers un sens par un titre. je voudrais toujours que le tableau se suffise \u00e0 lui-m\u00eame. \n\nEncore une vanit\u00e9 de peintre certainement.\n\nMais je me suis pr\u00eat\u00e9 \u00e0 l'exercice de bonne volont\u00e9.\n\nEt d'ailleurs lorsqu'en fran\u00e7ais il faut parfois quatre mots, une phrase pour dire quelque chose, je me suis aper\u00e7u gr\u00e2ce au traducteur de Google qu'en Estonien il n'en n\u00e9cessitait que 1 ou 2. \n\nAutant dire que tout \u00e0 coup je suis tomb\u00e9 sur un paradoxe.\n\nComment un peuple qui r\u00e9duit autant le nombre de mots pour dire une id\u00e9e peut il \u00eatre aussi extraverti ?\n\nPuis je me suis souvenu que la seule v\u00e9ritablement extravertie \u00e9tait ma m\u00e8re.\n\nMa grand m\u00e8re que j'ai connue lorsque j'\u00e9tais enfant \u00e9tait une taiseuse, elle avait beaucoup de difficult\u00e9s \u00e0 s'exprimer en fran\u00e7ais.\n\nPar contre avait t'elle soudain l'occasion de s'exprimer en estonien elle poss\u00e9dait aussit\u00f4t le m\u00eame d\u00e9bit qu'une italienne. \n\nElle devenait soudain intarissable. Une fois aussi je l'ai vue parler en allemand, et en russe, avec une aisance que je n'aurais jamais pu soup\u00e7onner.\n\nCe fut une question importante autrefois de comprendre pourquoi une femme ayant autant d'aptitudes \u00e0 parler plusieurs langues \u00e9tait r\u00e9calcitrante \u00e0 s'exprimer dans la mienne. Je n'ai pas trouv\u00e9 de r\u00e9ponse satisfaisante \u00e0 cette question non plus. Peut-\u00eatre parce que la question se suffit \u00e0 elle-m\u00eame, parce qu'elle m'aura entrain\u00e9 \u00e0 m'interroger sur cette grand-m\u00e8re bizarre et c'est d\u00e9j\u00e0 formidable.\n\nIl ne faut pas que mon discours soit trop long pour r\u00e9pondre aux r\u00e8gles de l'\u00e9l\u00e9gance \u00e0 la fran\u00e7aise.\n\nil faut que je conserve cette contrainte dans un petit coin de ma t\u00eate.\n\nMes tableaux parlent exactement de \u00e7a pour r\u00e9sumer, de cette question essentielle : comment dire quelque chose qui ne soit pas trop pesant, ou ridicule, ou qui ne soit pas seulement dans l'emphase, la s\u00e9duction. Je veux dire quelque chose qui parte du c\u0153ur pour rejoindre le c\u0153ur et si possible simplement.\n\nIl faudrait que je sois po\u00e8te pour y parvenir ce qui est loin d'\u00eatre le cas.\n\nParfois je trouvais ma grand-m\u00e8re peu chaleureuse en comparaison de ma m\u00e8re. Elle n'exprimait pas ses sentiments et je crois que j'ai mis un certain temps \u00e0 saisir que ce n'\u00e9tait pas parce qu'elle n'en avait pas \u00e0 notre \u00e9gard mon fr\u00e8re et moi, mais parce que sans doute les dire en fran\u00e7ais, pour elle n'aurait pas signifi\u00e9 la m\u00eame chose qu'en estonien. il devait y avoir quelque chose de l'ordre de l'\u00e0 quoi bon pour elle \u00e0 user du fran\u00e7ais pour parler de sentiment. Ce qui est aussi la preuve d'une grande intelligence de sa part envers notre langue.\n\nJe n'ai pas pu tout mettre, le hasard qui fait toujours tr\u00e8s bien les choses se sera servi d'une confusion pour que, dans l'urgence, j'ai encore \u00e0 tout retrier le jour de l'accrochage. \n\nCar une exposition c'est aussi un langage que l'on construit, c'est un choix de vocabulaire, de syntaxe, de conjugaison. \n\nJe n'ai pas pu tout dire tout montrer j'ai du refaire un choix dans l'urgence et lorsque j'y pense c'est une chance. Une centaine de tableaux aurait \u00e9t\u00e9 de trop, et m\u00eame aujourd'hui que je revisite en pens\u00e9e cette expo apr\u00e8s avoir \u00e9lagu\u00e9 la moiti\u00e9 c'est encore excessif. Je ne dis pas \u00e7a \u00e0 la l\u00e9g\u00e8re ou par effet de style. \n\nJ'\u00e9cris ce discours comme je peins. D'une fa\u00e7on r\u00e9solument brouillonne pour me venger des annotations dans la marge d'autrefois aussi. \n\nEl\u00e8ve brouillon. \n\nje peux bien en sourire aussi d\u00e9sormais que je comprends d'o\u00f9 provient la majeure partie de la confusion dans laquelle je r\u00e9sidais \u00e0 l'\u00e9cole, notamment en Fran\u00e7ais.\n\nJ'ai donc r\u00e9sum\u00e9 un r\u00e9sum\u00e9. Exercice difficile de par le renoncement et l'humilit\u00e9 qu'il faut dans la h\u00e2te r\u00e9unir.\n\nDans ce que j'avais pr\u00e9par\u00e9 je voulais montrer un parcours qui s'\u00e9tend depuis cette immense confusion, ce besoin d'amour, de reconnaissance, qui n'appartiennent pas qu'\u00e0 moi mais \u00e0 ceux qui un jour dans ma famille ont du tout quitter pour essayer de se faire accepter ici.\n\nJe voulais parler de mes d\u00e9buts, de mes errances en usant de la s\u00e9duction, de l'exag\u00e9ration comme de la performance en peinture, pour parvenir \u00e0 la fin \u00e0 quelque chose de plus brut mais de plus sinc\u00e8re. De plus humble aussi.\n\nQuelque chose qui m'appartienne vraiment. Ce voyage int\u00e9rieur parle aussi d'identit\u00e9, pas seulement de la mienne, mais de ce que peut \u00eatre l'identit\u00e9 en g\u00e9n\u00e9ral, de fa\u00e7on universelle, et qui n'a rien \u00e0 voir avec l'identique.\n\nEn m\u00eame temps cette exposition n'est pas la premi\u00e8re que je fais, j'allais sans doute refaire les m\u00eames erreurs qu'habituellement, parce qu'il est difficile d'exposer des \u0153uvres, de les d\u00e9fendre lorsqu'elles ont \u00e9t\u00e9 peintes il y a longtemps, que l'on est pass\u00e9 \u00e0 autre chose. Le d\u00e9dain ou la honte voil\u00e0 aussi ce qui fabrique certaines habitudes par facilit\u00e9.\n\nMais l'accident a du bon et gr\u00e2ce \u00e0 celui-ci non seulement je renoue avec l'Estonie mais aussi je d\u00e9couvre toute une po\u00e9tique associ\u00e9e \u00e0 mon travail.\n\nCe voyage de peintre au travers la peinture je crois que chacun le vit dans son travail quel qu'il soit, j'en suis persuad\u00e9 depuis toujours, depuis les murs que j'ai \u00e9lev\u00e9s sur les chantiers dans ma jeunesse, depuis la vie de bureau \u00e0 laquelle j'ai particip\u00e9. Mais tout cela s'\u00e9vanouit presque aussit\u00f4t que c'est v\u00e9cu, on en ressort souvent comme un \u00e9tranger comme si cela avait \u00e9t\u00e9 une sorte de r\u00eave.\n\nLe seul avantage c'est qu'avec la peinture on en garde une trace, on peut l'accrocher au mur.\n\nOn peut sentir la justesse et l'\u00e9cart et avec l'exp\u00e9rience d\u00e9velopper un instinct, une intuition et pourquoi pas au final de l'inspiration.\n\nCe n'est rien d'autre que cela ce voyage int\u00e9rieur: un voyage qui d\u00e9marre dans le clich\u00e9, ce que j'appelle la s\u00e9duction, l'\u00e9gotisme de tout individu qui se perd dans un miroir aux alouettes par instinct gr\u00e9gaire le plus souvent.\n\nPuis qui fatigu\u00e9 se mettrait alors \u00e0 glisser vers l'insolite, \u00e0 s'\u00e9loigner des reflets pour parvenir \u00e0 cet ext\u00e9rieur, ce dehors souvent par maladresse, par accident. \n\nLe d\u00e9paysement.\n\nDont l'attention \u00e0 la maladresse \u00e0 l'accident comme au banal s'aiguiserait au fil du temps.\n\nCe voyage est un d\u00e9paysement finalement qui ram\u00e8ne au pays.\n\nJ'avais d\u00e9j\u00e0 compris cela il y a longtemps lorsque jeune homme j'\u00e9tais parti avec mon appareil photo en Iran, puis au Pakistan, en Afghanistan, d\u00e9j\u00e0 en guerre \u00e0 l'\u00e9poque.\n\nMa peinture parle de ce d\u00e9paysement de cet \u00e9cart par rapport au confort d'une habitude d'habiter de ce manque d'attention n\u00e9cessaire pour s'engouffrer dans ce confort qui finit par couter cher, qui coute m\u00eame parfois la vie toute enti\u00e8re.\n\nEt \u00e0 la fin j'ai de plus en plus la sensation que ce voyage int\u00e9rieur, m\u00eame r\u00e9duit \u00e0 sa plus simple expression constitue un pays, Le d\u00e9paysement aura \u00e9t\u00e9 le ciment tout comme l'exploration de la maladresse de l'accident, et du hasard.\n\nC'est d\u00e9sormais un pays tranquille, bienveillant , un pays o\u00f9 nous avons d\u00e9cid\u00e9 qu'il faisait bon vivre.", "image": "", "tags": ["peinture"] } ,{ "id": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/les-temps-sont-en-train-de-changer.html", "url": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/les-temps-sont-en-train-de-changer.html", "title": "Les temps sont en train de changer.", "date_published": "2021-10-02T02:56:03Z", "date_modified": "2025-11-04T10:58:47Z", "author": {"name": "Auteur"}, "content_html": "

R\u00e9veil de bonne heure avec arri\u00e8re gout de splif. Une remont\u00e9e bizarre puisque cela fait bien 25 ans que je ne touche plus \u00e0 rien. Est-ce qu’on peut avoir des hallucinations aussi de ce cot\u00e9 l\u00e0\u2026 ? bizarre bizarre et cette chanson qui tourne en boucle pour accompagner l’odeur de cannabis comme il se doit :<\/p>\n

“The Times They Are A-Changin\" de Bob.<\/p>\n

Les temps sont en train de changer.<\/p>\n

Est ce le temps qui change ou bien les \u00eatres ?, on pourrait se poser la question.<\/p>\n

Si j’avais du temps \u00e0 perdre comme on dilapide un h\u00e9ritage.<\/p>\n

Mais non j’ai un tas de choses \"\u00e0 faire\", il faudrait que je m’y mette de toute urgence. Et c’est justement \u00e0 cause de \u00e7a que je m’installe devant mon clavier pour \u00e9crire ma bafouille matinale.<\/p>\n

C’est toujours comme \u00e7a, l’urgence cr\u00e9e la r\u00e9sistance.<\/p>\n

Sans urgence, sans menace, personnellement je ne ferais probablement pas grand chose en dehors des clous. Je crois que je vivrais \"au ralenti\" comme une marmotte sous la neige.<\/p>\n

Le danger m’oppresse et en m\u00eame temps m’inspire.<\/p>\n

Et \u00e9videmment tout cela influe terriblement sur la perception du temps, cela donne m\u00eame parfois l’impression de le contr\u00f4ler.<\/p>\n

Mais je n’ai pas envie de contr\u00f4ler le temps pas plus que d’\u00eatre contr\u00f4l\u00e9 par celui-ci.<\/p>\n

Alors si les temps doivent vraiment changer c’est justement sur la perception que nous en avons, pas vraiment sur quoi que ce soit d’autre.<\/p>\n

Je pense \u00e0 tout \u00e7a en triant des photos de mes tableaux, ce qui me plonge dans une multiplicit\u00e9 de moments justement \u00e0 chaque fois.<\/p>\n

Ces tableaux peints \u00e0 diff\u00e9rents moments de ma vie, je leur trouve une unit\u00e9 d\u00e9sormais alors qu’auparavant je cherchais cette notion d’unit\u00e9 \u00e0 l’ext\u00e9rieur de moi-m\u00eame.<\/p>\n

C’est \u00e0 dire que je ne me posais pas la question vraiment de savoir ce que pouvait repr\u00e9senter cette unit\u00e9 pour moi. Je faisais confiance \u00e0 la notion d’unit\u00e9 collective comme on faisait confiance \u00e0 un m\u00e9decin qui diagnostique un cancer.<\/p>\n

vous savez suivant le m\u00e9decin les chances de s’en sortir peuvent varier de 1 \u00e0 600... c’est dire comment on nous a pris et comment on nous prend encore pour des couillons.<\/p>\n

Rien qu’un exemple, ma m\u00e8re, son g\u00e9n\u00e9raliste lui avait dit d’avaler du charbon car elle se plaignait de flatulences \u00e0 r\u00e9p\u00e9titions. Cela a dur\u00e9 quelques ann\u00e9es comme \u00e7a jusqu’\u00e0 ce que finalement elle ose aller voir un autre toubib qui lui n’a pas l\u00e9sin\u00e9 sur les examens. Au final on lui a diagnostiqu\u00e9 un cancer du colon au stade 4. Autant dire qu’elle n’avait plus la moindre chance d’en sortir indemne.<\/p>\n

Au del\u00e0 de la col\u00e8re on peut r\u00e9fl\u00e9chir sur cette confiance aveugle que l’on accorde aux mots comme \u00e0 certains experts. C’est en cela que les temps sont en train de changer aussi je crois.<\/p>\n

Gr\u00e2ce \u00e0 internet notamment.<\/p>\n

Attention je ne parle pas des r\u00e9seaux sociaux et des mille et un avis de tout \u00e0 chacun sur une pand\u00e9mie. Non je parle d’un acc\u00e8s libre \u00e0 un savoir v\u00e9ritable.<\/p>\n

Doctissimo, Wikip\u00e9dia pour ne citer qu’eux voil\u00e0 ce qui va probablement provoquer des changements, qui les provoque d\u00e9j\u00e0. L’ordre des m\u00e9decins, comme tous les ordres du m\u00eame acabit, c’est \u00e0 dire les lobbies n’ont plus qu’\u00e0 bien se tenir.<\/p>\n

internet, c’est le dernier bastion de la d\u00e9mocratie. N’importe qui peut acc\u00e9der au savoir d\u00e9sormais quasiment gratuitement, n’importe qui peut prendre la parole et s’exprimer, donner son avis. Tout le monde est au m\u00eame niveau sur internet. Tu peux dire que ce restaurant est d\u00e9gueulasse dans un avis, que le pain de cette boulangerie est fabuleux, tu peux dire que ce m\u00e9decin est un charlatan ou qu’il est excellent. Ton avis compte au m\u00eame titre que n’importe quel compte d’entreprise.<\/p>\n

A condition de savoir comment faire \u00e9videmment, mais cela aussi s’apprend gratuitement.<\/p>\n

En France par contre donner son avis c’est souvent dire que \u00e7a ne va pas si on remarque bien.<\/p>\n

Parfois je me dis que je suis pareil, je vois les choses en noir, en n\u00e9gatif, mais ce n’est pas moi seul c’est toute la population fran\u00e7aise je crois qui adore se baigner dans la fange des critiques. On doit avoir \u00e7a dans le sang comme un cancer qui nous ronge petit \u00e0 petit.<\/p>\n

Du coup c’est ainsi qu’on a invent\u00e9 le minitel tandis que les autres pariaient sur internet.... Parce que des ing\u00e9nieurs avaient eu une id\u00e9e de g\u00e9nie, des experts en qui on faisait une confiance aveugle.<\/p>\n

3615 Domina \u00e9videmment y avait de quoi casser 3 pattes \u00e0 un canard.<\/p>\n

Du coup on a pris un peu de retard \u00e0 force de se regarder le nombril \u00e9videmment.<\/p>\n

Je suis descendu me resservir une tasse de caf\u00e9, machinalement je mets la radio.... Bla bla bla les \u00e9lections, le ch\u00f4mage, il faut cr\u00e9er des emplois, l’\u00e9cologie va tous nous sauver et caetera.<\/p>\n

Le boniment des camelots de la foire d’empoigne.<\/p>\n

Je ne crois plus vraiment \u00e0 l’emploi. Je crois qu’il va y en avoir de moins en moins des emplois. Quelqu’un a d\u00e9j\u00e0 invent\u00e9 l’aqueduc qui mettra un terme au m\u00e9tier de porteur d’eau. Comme Uber met un terme \u00e0 la profession de chauffeur de taxi. C’est comme \u00e7a c’est la vie.<\/p>\n

Les temps sont en train de changer. Les mentalit\u00e9s avec. Cela a toujours \u00e9t\u00e9 ainsi et on pousse des cris d’orfraie \u00e0 chaque fois.<\/p>\n

\u00e7a doit venir du cerveau pas de doute, tu sais , le truc qui existe entre les deux oreilles et qui ne sert \u00e0 rien pour la plupart des gens parce qu’ils l’ont remplac\u00e9 par l’habitude, la routine, le train train.<\/p>\n

Lorsque \u00e7a d\u00e9raille \u00e7a fait mal. T\u00f4le froiss\u00e9e, pleurs d’enfants, sans compter la clameur des camelots qui se fait d’autant plus forte que le silence apr\u00e8s l’accident est insupportable.<\/p>\n

https:\/\/youtu.be\/90WD_ats6eE<\/a><\/p>", "content_text": "R\u00e9veil de bonne heure avec arri\u00e8re gout de splif. Une remont\u00e9e bizarre puisque cela fait bien 25 ans que je ne touche plus \u00e0 rien. Est-ce qu'on peut avoir des hallucinations aussi de ce cot\u00e9 l\u00e0\u2026 ? bizarre bizarre et cette chanson qui tourne en boucle pour accompagner l'odeur de cannabis comme il se doit :\n\n\u201cThe Times They Are A-Changin\" de Bob.\n\nLes temps sont en train de changer.\n\nEst ce le temps qui change ou bien les \u00eatres ?, on pourrait se poser la question.\n\nSi j'avais du temps \u00e0 perdre comme on dilapide un h\u00e9ritage.\n\nMais non j'ai un tas de choses \"\u00e0 faire\", il faudrait que je m'y mette de toute urgence. Et c'est justement \u00e0 cause de \u00e7a que je m'installe devant mon clavier pour \u00e9crire ma bafouille matinale.\n\nC'est toujours comme \u00e7a, l'urgence cr\u00e9e la r\u00e9sistance.\n\nSans urgence, sans menace, personnellement je ne ferais probablement pas grand chose en dehors des clous. Je crois que je vivrais \"au ralenti\" comme une marmotte sous la neige.\n\nLe danger m'oppresse et en m\u00eame temps m'inspire.\n\nEt \u00e9videmment tout cela influe terriblement sur la perception du temps, cela donne m\u00eame parfois l'impression de le contr\u00f4ler. \n\nMais je n'ai pas envie de contr\u00f4ler le temps pas plus que d'\u00eatre contr\u00f4l\u00e9 par celui-ci.\n\nAlors si les temps doivent vraiment changer c'est justement sur la perception que nous en avons, pas vraiment sur quoi que ce soit d'autre.\n\nJe pense \u00e0 tout \u00e7a en triant des photos de mes tableaux, ce qui me plonge dans une multiplicit\u00e9 de moments justement \u00e0 chaque fois.\n\nCes tableaux peints \u00e0 diff\u00e9rents moments de ma vie, je leur trouve une unit\u00e9 d\u00e9sormais alors qu'auparavant je cherchais cette notion d'unit\u00e9 \u00e0 l'ext\u00e9rieur de moi-m\u00eame.\n\nC'est \u00e0 dire que je ne me posais pas la question vraiment de savoir ce que pouvait repr\u00e9senter cette unit\u00e9 pour moi. Je faisais confiance \u00e0 la notion d'unit\u00e9 collective comme on faisait confiance \u00e0 un m\u00e9decin qui diagnostique un cancer.\n\nvous savez suivant le m\u00e9decin les chances de s'en sortir peuvent varier de 1 \u00e0 600... c'est dire comment on nous a pris et comment on nous prend encore pour des couillons. \n\nRien qu'un exemple, ma m\u00e8re, son g\u00e9n\u00e9raliste lui avait dit d'avaler du charbon car elle se plaignait de flatulences \u00e0 r\u00e9p\u00e9titions. Cela a dur\u00e9 quelques ann\u00e9es comme \u00e7a jusqu'\u00e0 ce que finalement elle ose aller voir un autre toubib qui lui n'a pas l\u00e9sin\u00e9 sur les examens. Au final on lui a diagnostiqu\u00e9 un cancer du colon au stade 4. Autant dire qu'elle n'avait plus la moindre chance d'en sortir indemne.\n\nAu del\u00e0 de la col\u00e8re on peut r\u00e9fl\u00e9chir sur cette confiance aveugle que l'on accorde aux mots comme \u00e0 certains experts. C'est en cela que les temps sont en train de changer aussi je crois.\n\nGr\u00e2ce \u00e0 internet notamment. \n\nAttention je ne parle pas des r\u00e9seaux sociaux et des mille et un avis de tout \u00e0 chacun sur une pand\u00e9mie. Non je parle d'un acc\u00e8s libre \u00e0 un savoir v\u00e9ritable.\n\nDoctissimo, Wikip\u00e9dia pour ne citer qu'eux voil\u00e0 ce qui va probablement provoquer des changements, qui les provoque d\u00e9j\u00e0. L'ordre des m\u00e9decins, comme tous les ordres du m\u00eame acabit, c'est \u00e0 dire les lobbies n'ont plus qu'\u00e0 bien se tenir.\n\ninternet, c'est le dernier bastion de la d\u00e9mocratie. N'importe qui peut acc\u00e9der au savoir d\u00e9sormais quasiment gratuitement, n'importe qui peut prendre la parole et s'exprimer, donner son avis. Tout le monde est au m\u00eame niveau sur internet. Tu peux dire que ce restaurant est d\u00e9gueulasse dans un avis, que le pain de cette boulangerie est fabuleux, tu peux dire que ce m\u00e9decin est un charlatan ou qu'il est excellent. Ton avis compte au m\u00eame titre que n'importe quel compte d'entreprise.\n\nA condition de savoir comment faire \u00e9videmment, mais cela aussi s'apprend gratuitement.\n\nEn France par contre donner son avis c'est souvent dire que \u00e7a ne va pas si on remarque bien.\n\nParfois je me dis que je suis pareil, je vois les choses en noir, en n\u00e9gatif, mais ce n'est pas moi seul c'est toute la population fran\u00e7aise je crois qui adore se baigner dans la fange des critiques. On doit avoir \u00e7a dans le sang comme un cancer qui nous ronge petit \u00e0 petit.\n\nDu coup c'est ainsi qu'on a invent\u00e9 le minitel tandis que les autres pariaient sur internet.... Parce que des ing\u00e9nieurs avaient eu une id\u00e9e de g\u00e9nie, des experts en qui on faisait une confiance aveugle.\n\n3615 Domina \u00e9videmment y avait de quoi casser 3 pattes \u00e0 un canard. \n\nDu coup on a pris un peu de retard \u00e0 force de se regarder le nombril \u00e9videmment.\n\nJe suis descendu me resservir une tasse de caf\u00e9, machinalement je mets la radio.... Bla bla bla les \u00e9lections, le ch\u00f4mage, il faut cr\u00e9er des emplois, l'\u00e9cologie va tous nous sauver et caetera.\n\nLe boniment des camelots de la foire d'empoigne.\n\nJe ne crois plus vraiment \u00e0 l'emploi. Je crois qu'il va y en avoir de moins en moins des emplois. Quelqu'un a d\u00e9j\u00e0 invent\u00e9 l'aqueduc qui mettra un terme au m\u00e9tier de porteur d'eau. Comme Uber met un terme \u00e0 la profession de chauffeur de taxi. C'est comme \u00e7a c'est la vie.\n\nLes temps sont en train de changer. Les mentalit\u00e9s avec. Cela a toujours \u00e9t\u00e9 ainsi et on pousse des cris d'orfraie \u00e0 chaque fois.\n\n\u00e7a doit venir du cerveau pas de doute, tu sais , le truc qui existe entre les deux oreilles et qui ne sert \u00e0 rien pour la plupart des gens parce qu'ils l'ont remplac\u00e9 par l'habitude, la routine, le train train. \n\nLorsque \u00e7a d\u00e9raille \u00e7a fait mal. T\u00f4le froiss\u00e9e, pleurs d'enfants, sans compter la clameur des camelots qui se fait d'autant plus forte que le silence apr\u00e8s l'accident est insupportable.https:\/\/youtu.be\/90WD_ats6eE", "image": "https:\/\/www.ledibbouk.net\/IMG\/logo\/bob-dylan.jpg?1762253884", "tags": [] } ] }